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Commercialisation de l'anacarde et lutte contre la pauvreté en Cote d'Ivoire. Cas de la commune de Koun Fao.

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par Issouf kouakou
Université Felix Houphouet Boigny - Master 2014
  

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2-Problématique

Depuis l'indépendance, la commercialisation des produits d'exportation a toujours été au centre des politiques de développement économique et social de tous les gouvernants. Cela s'est traduit par la mise en place des structures telles que la CAISTAB pour le café et le cacao aujourd'hui devenue le Conseil des Sages du café et du cacao et l'ARECA pour la noix de cajou devenue le Conseil Supérieur du Coton et de l'Anacarde.

Les mesures prises dans ces filières agricoles visent à consolider la libéralisation de celles-ci et à poursuivre la mise en place d'un nouveau cadre institutionnel rencontrant l'adhésion des acteurs de ces filières. De nouvelles institutions responsables de la gestion des secteurs dans un environnement libéralisé ont été créées. Ces structures sont mises en place pour accompagner la libéralisation et améliorer le revenu payé aux planteurs en tenant compte des fluctuations du marché.

Cependant, les efforts entrepris ont été contrariés par les différentes

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crises économiques qui se sont succédées. Ces crises ont conduit à la détérioration des conditions de vie des populations, malgré l'adoption et la mise en oeuvre des différents programmes économiques et financiers sur la période.

En Côte d'Ivoire, le monde rural ne demeure pas en marge de cette réalité. L'industrialisation étant quasi-absente dans la sphère économique et dans le monde rural, seuls les produits agricoles offrent des revenus aux populations rurales pour sortir de la pauvreté. C'est désormais ce nouvel état de pauvreté que non seulement les gouvernants, mais également les populations du nord s'attèlent à combattre.

Le Nord de la Côte d'Ivoire est caractérisé par un taux élevé de pauvreté. En effet selon le FMI, quatre personnes sur cinq (4 /5) sont pauvres. Pour inverser la donne, les populations se tournent vers la culture et la commercialisation de la noix de cajou pour suppléer la traditionnelle culture industrielle (le coton).

L'État, dans sa politique de diversification des produits agricoles en milieu rural en vue d'améliorer de façon durable les revenus des populations, a décidé de s'y intéresser résolument à partir de l'année 2002. Un comité technique, est alors crée pour réfléchir, avec les acteurs de la filière, à la définition d'une stratégie de développement de la filière et à trouver des solutions aux problèmes qui revêtent un caractère urgent (MINAGRI, 2012). C'est ainsi qu'en 2013, l'on est passé de la création de l'ARECA au Conseil Supérieur du Coton et de l'Anacarde (CSCA) avec en point de mire la régulation de la commercialisation intérieure et la fixation du prix d'achat bord champ.

Cela a suscité « Une lueur d'espoir » pour les populations, et a conduit très rapidement les paysans à se consacrer à cette culture. Aujourd'hui la

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production ivoirienne de noix de cajou excède cinq cent mille (500.000) tonnes et fait vivre environ deux millions cinq cent mille (2.500.000) de personnes (Gbangbo, 2014).

Malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics dans
l'amélioration de la commercialisation de la noix de cajou, force est d'affirmer que le constat sur le terrain est loin de satisfaire les producteurs. En effet, le système de commercialisation mis en place laisse à désirer. Les recettes tirées de la culture de l'anacarde restent en deçà des bénéfices escomptés. La filière anacarde est soumise à une instabilité des prix, à la fois annuelle et interannuelle. Cela provoque parfois la suspension voire l'arrêt de son achat. Les producteurs, qui constituent le maillon principal de cette culture, sont les premiers à le ressentir sur leur condition de vie. C'est d'ailleurs ce qui sort des propos de cet auteur, « dans toute filière agricole, le risque de prix, représente un coût considérable pour les acteurs primaires de la chaine de production » (Konan, 2010, P 34).

Les producteurs qui espéraient une amélioration de leurs conditions de vie, assistent presque impuissants à un effritement de leur revenu. Dans le but de restaurer à l'anacarde sa valeur marchande, l'on a constaté la création de coopératives dans certaines localités productrices. Elles ont pour priorité la conquête de l'autonomie paysanne dans la gestion des affaires agricoles afin d'améliorer et de stabiliser les revenus issus de la commercialisation de la noix de cajou avec pour enjeu la réduction de la pauvreté (Dihyé, 2007).

La Banque mondiale ne dit pas le contraire, la noix de cajou est d'une importance encore plus cruciale lorsqu'elle est considérée dans un contexte régional de réduction de la pauvreté (Banque mondiale, 2011). A ce niveau, des exemples ne manquent pas, puisqu'en matière d'augmentation de devises, elle a permis à l'État de procurer 120 milliards de FCFA en 2010

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faisant d'elle le troisième plus important produit d'exportation après le cacao et le caoutchouc (Lebailly, 2012).

Dans la région de Bondoukou, la noix de cajou constitue la plus

importante source de revenu monétaire des populations. Elle a sensiblement fait augmenter le revenu par tête, car ce revenu est passé de 209 679 FCFA en 2002 à 238 341fCFA en 2007 (FMI, 2009).

Toutefois, bien que les devises au niveau national aient augmenté suivi d'une amélioration des revenus au plan régional, le taux de pauvreté n'a pas diminué. Au contraire, l'on constate une croissance du taux de pauvreté tant au niveau national que régional. Le taux de pauvreté est respectivement passé de 38,4% en 2002 à 48,9% en 2008 au plan national et de 57,4% à 66,7% dans le courant de la même période à Bondoukou et 62,5% dans le monde rural (PND, 2012-2015).

La commune de Koun Fao dont la plupart des populations dépendent de l'activité agricole n'échappe pas à cette réalité. Actuellement, selon les autorités municipales, sur les trois quarts de la population qui pratiquent l'agriculture, près de la moitié ne s'intéressent qu'à la culture de l'anacarde. Chaque année, dit-on de nombreux paysans réalisent des bénéfices grâce à la commercialisation de l'anacarde. L'anacarde jouerait alors un rôle catalyseur à la lutte contre la pauvreté.

Cependant, malgré la croissance de la production et la contribution de la noix de cajou à l'économie locale, la population semble ne pas sortir de la pauvreté. Selon l'agence locale de l'ANADER, le taux de pauvreté de la commune est passé de 50% en 2002 à 60% aujourd'hui. Dès lors, l'importance accordée à la culture de la noix de cajou et l'état manifeste de pauvreté dans lequel vit la population nous a intrigué et suscité des interrogations.

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Quels sont les facteurs explicatifs de la persistance de la pauvreté en

dépit de la production de la noix de cajou dans la commune de Koun Fao ? Quelle est la contribution de l'anacarde à la lutte contre la pauvreté? Quel est le rapport entre l'instabilité du prix d'achat et les conditions

de vie des populations ?

Quel est l'apport des retombées financières de la commercialisation de l'anacarde sur la population ?

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway