1
2
UNIVERSITE FELIX HOUPHOUET-BOIGNY
UFR : SCIENCES DE L'HOMME ET DE LA SOCIETE INSTITUT
D'ETHNOSOCIOLOGIE
ANNEE ACADEMIQUE
2013-2014
MEMOIRE DE MASTER
COMMERCIALISATION DE
L'ANACARDE ET LUTTE CONTRE
LA PAUVRETE EN CÔTE D'IVOIRE :
CAS DE LA COMMUNE DE KOUN FAO
OPTION : SOCIOLOGIE DE L'ECONOMIE ET DE
L'EMPLOI
Présenté par : Sous la Direction
de :
KOUAKOU Issouf BAHA BI Youzan Daniel
Maître ès-Science Sociale Professeur Titulaire
Kouakou Issouf
MEMOIRE DE Master
3
COMMERCIALISATION DE
L'ANACARDE ET LUTTE CONTRE LA
PAUVRETE EN CÔTE D'IVOIRE :
CAS DE LA COMMUNE DE KOUN FAO
Sous la Direction de :
BAHA BI Youzan Daniel
Professeur Titulaire
4
SOMMAIRE
AVANT PROPOS ...ii
REMERCIEMENTS iii
SIGLES UTILISES iv
LISTE DES FIGURES, SCHEMA ET TABLEAUX ..vi
INTRODUCTION ...1
PREMIERE PARTIE : CONSIDERATION
D'ORDRE
THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
CHAPITRE I : Cadre théorique 4
CHAPITRE II : Cadre méthodologique 24
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION,
PRODUCTION ET
EVOLUTION DE LA FILIERE ANACARDE
CHAPITRE I : Présentation de la
filière anacarde . 34
CHAPITRE II : Organisation et évolution de la
filière anacarde
en Côte d'Ivoire ...41
CHAPITREIII : Caractéristiques
générale de la région d'étude 52
TROISIEME PARTIE COMMERCIALISTION DE LA
NOIX
DE CAJOU FACTEURS
EXPLICATIFS DE LA VOLATILITÉ DES PRIX
CHAPITRE I : Contribution de la commercialisation de la
noix de cajou
à la lutte contre la Pauvreté .62
CHAPITREII : Facteurs explicatifs de la
volatilité des prix 67
CHAPITRE III : Analyse des contraintes et
perspectives liées à
la commercialisation de la noix de cajou 78
CONCLUSION 107
BIBLIOGRAPHIE 109
ANNEXES viii
TABLE DES MATIERES xvi
5
REMERCIEMENTS
Un travail de recherche n'est jamais une oeuvre solitaire.
Ainsi, cet élan de réflexion a-t-il été rendu
possible grâce à la collaboration et au soutien de certaines
personnes que nous voudrions remercier.
Nos remerciements s'adressent particulièrement à
notre Maître et Directeur de mémoire, Monsieur BAHA BI Youzan
Daniel, Professeur titulaire, pour avoir accepté malgré sa lourde
tâche de Doyen de l'UFR Science de l'Homme et de la Société
de suivre ce présent travail. Nous le remercions vivement et lui
exprimons notre gratitude pour sa rigueur intellectuelle, son souci du travail
bien fait et sa volonté d'assurer le bien-être des
étudiants sous sa tutelle.
Nous remercions également, les Docteurs KOUADIO Amani
Augustin et ZAMBLE BI Zou, pour leurs conseils et suggestions ainsi que tous
leurs collègues du Laboratoire d'Etude et de Recherche
Interdisciplinaire en Science Sociale (LERISS). Que cette étude qu'ils
ont dirigée, puisse être un témoignage de la formation que
nous recevons d'eux et du département d'Institut d'Ethnosociologie de
l'Université Félix Houphouët Boigny.
Nous exprimons notre profonde gratitude au Directeur du
Conseil du Coton et de l'Anacarde, sans oublier Monsieur MOUSSOU agent ANADER
à Koun Fao, le Maire de la commune de Koun Fao, Monsieur OULAYES Yao
François ainsi qu'au personnel pour leur soutien et collaboration.
Nous ne saurions terminer sans exprimer notre reconnaissance
et remerciement à l'endroit des camarades étudiants ; KEITA
Amara, KAMBOU Sié, OUATTARA Abdoulaziz et SAMAN Kouassi Alphonse pour
leur encouragement ainsi qu'aux producteurs des villages de la
6
commune de Koun Fao qui nous ont si bien accueillis. Que ce
travail soit l'expression de notre reconnaissance et respect pour eux, qui sont
les acteurs de la principale activité économique sur laquelle se
fonde l'économie de notre pays : l'Agriculture.
Que tous ceux qui ont contribué à
l'accomplissement de ce travail trouvent ici l'expression de notre profonde
gratitude.
7
SIGLES UTILISES
AICI : Anacar-Industrie de Côte
d'Ivoire.
ANADER ; Agence Nationale d'Appui pour le
Développement Rural ARECA: Autorité de
Régulation du Coton et de l'Anacarde.
CDFA : Comité pour le
Développement de la Filière Anacarde.
COSYNAPA CI : Collectif des syndicats et
associations des producteurs d'anacarde de Côte d'Ivoire.
CNRA : Centre National de Recherche Agronomique
DSRP : Document Stratégie de Réduction de la
Pauvreté. CSCA : Conseil Supérieur du Coton et
de l'Anacarde FMI : Fond Monétaire International
GIE : Groupement d'Intérêt
Economique.
INADES : Institut Africain pour le
Développement Economique et Social. IRFA : Institut de
Recherche sur les Fruits et Agrumes.
LERISS : Laboratoire d'Etude et de Recherche en
Science Sociale
MINAGRI : Ministère de l'Agriculture.
OIT : Organisation International du Travail
OPA : Organisation Professionnelle Agricole.
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
8
RONGEAD : Réseau d'ONG Européenne
sur l'Agro-alimentaire, le commerce, l'Environnement et le
Développement.
SATMACI : Société d'Assistance
Technique pour la Modernisation Agricole en Côte d'Ivoire.
SODEFOR : Société pour le
Développement des Plantations Forestières. SODIRO
: Société pour le Développement Industriel
d'Odienné. SOVANORD : Société de
Valorisation de l'Anacarde du Nord.
9
LISTE DES FIGURES ET SCHEMA
Figure 1 : Les zones favorables à la
culture de l'anacardier
|
25
|
Figure 2 : Fruit de l'anacardier (noix et
pomme)
|
35
|
Figure 3:Amandes grillées et
salées
|
36
|
Figure 4 : Carte du Gontougo
|
54
|
Figure 5 : Carte de Koun Fao
|
55
|
Schéma 1: Circuit de commercialisation de
l'anacarde
|
96
|
LISTE DES TABLEAUX
|
|
Tableau I : Quantités de production des
noix de cajou de 2000 à 2014
|
37
|
Tableau II : Evolution des exportations de la
noix de cajou de 2001à 2014
|
45
|
Tableau III : Sociétés et
coopératives de transformation en 2008.
|
47
|
Tableau IV : Evolution du nombre d'usines et
d'unités de décorticage
|
48
|
Tableau V : Evolution des exportations des
amandes de cajou de 2000 à 2014
|
50
|
Tableau VI : Répartition des
enquêtés selon le sexe et l'âge
|
62
|
Tableau VII : Répartition des
enquêtés en fonction du niveau d'instruction
|
63
|
Tableau VIII : Répartition des
enquêtés en fonction de leur situation matrimoniale
|
65
|
Tableau IX : Répartition des
enquêtés en fonction de la diversification des revenus
|
69
|
Tableau X : Répartition des
enquêtés en fonction de l'utilisation des revenus
|
70
|
Tableau XI : Répartition des
enquêtés en fonction des dépenses scolaires
|
72
|
Tableau XII : Répartition des
enquêtés en fonction de l'entretien du verger
|
73
|
Tableau XIII : Répartition des
enquêtés en fonction de la durée des revenus
|
74
|
Tableau XIV : Répartition des
enquêtés en fonction de leur lieu d'épargne
|
75
|
Tableau XV : Répartition des
enquêtés en fonction de leurs dépenses sanitaires et
alimentaires
|
76
|
Tableau XVI : Evolution du prix d'achat bord
champ de 2000 à 2014
|
79
|
Tableau XVII : Variation du prix d'achat bord
champ
|
80
|
Tableau XVIII : Répartition des
enquêtés en fonction des quantités et des prix
|
82
|
Tableau XIX : Barème de fixation du prix
d'achat bord champ
|
86
|
Tableau XX : Répartition des
enquêtés en fonction des personnes auprès desquelles ils
contractent des prêts
|
90
|
Tableau XXI : Appréciation des pisteurs
par les enquêtés
|
92
|
Tableau XXII : Structures auxquelles les
enquêtés vendent leurs produits
|
94
|
10
INTRODUCTION
L'économie de la Côte d'Ivoire repose sur
l'agriculture avec des cultures de rente telles que le café, le cacao
l'hévéa et le palmier à huile dans les zones
forestières, le coton et récemment l'anacarde dans les zones de
savane. La diversification des produits agricoles en milieu rural fait partie
des principales stratégies de développement adoptées par
les dirigeants ivoiriens pour faire face aux contraintes
agro-économiques en vue de réduire la paupérisation des
populations.
En général ces cultures de rente sont des
plantes non traditionnelles introduites par les colons. En ce qui concerne la
culture de l'anacarde, elle est une (sinon la seule) culture pérenne sur
laquelle les structures de développement ont le moins investi en
Côte d'Ivoire. Sa diffusion et son introduction dans les systèmes
de production ont été l'oeuvre des producteurs eux-mêmes,
dès lors qu'elle résolvait un de leurs problèmes majeurs
à savoir l'amélioration de la condition économique.
Aujourd'hui, l'anacarde est appelé « café des savanes »
(N'guessan, 1998) du nord. C'est donc l'espoir des populations du Nord de la
Côte d'Ivoire.
Pour cela, l'Etat a mis en place des mesures et des structures
de commercialisation. Les mesures prises visent à consolider la
libéralisation de la filière et à poursuivre la mise en
place d'un nouveau cadre institutionnel rencontrant l'adhésion des
acteurs de la filière. En 2002, le gouvernement a progressé de
manière significative en matière de réforme du secteur
agricole, en particulier dans la filière anacarde-coton. Cette
dernière a fait l'objet d'une attention particulière de la part
du gouvernement. Une nouvelle institution responsable de la gestion du secteur
dans un environnement libéralisé a été
créée. La structure mise en place pour accompagner la
libéralisation et améliorer le revenu payé aux planteurs
en tenant compte des
11
fluctuations du marché est l'Autorité de
Régulation du Coton et de l'anacarde (ARECA) qui est responsable des
activités de la filière anacarde-coton. Cet organisme fixe un
prix minimum bord-champ indicateur en fonction des conditions du marché
pour les planteurs. Depuis 2013, elle a été remplacée par
le Conseil du Coton et de l'Anacarde qui assure le respect de la
législation et des normes de régulation, y compris l'application
du prix minimum bord-champ garanti décidé par l'Etat. Cette
réorganisation fonctionnelle vise à améliorer les revenus
des populations agricoles.
Cependant la politique de commercialisation de l'anacarde
n'est pas efficace malgré la croissance de la production et les reformes
entreprises par différentes autorités gouvernementales qui se
sont succédées. La pauvreté prend du terrain au lieu de
reculer. Dès lors, L'importance que revêt l'agriculture en
général, la culture de l'anacardier en Côte d'Ivoire en
particulier et les enjeux économiques liés à celle-ci nous
préoccupe.
La présentation de cette étude s'articule autour
de trois grands axes. Le premier est consacré à la
présentation du cadre théorique et méthodologique qui
représente la phase de construction de l'objet d'étude. Le second
axe présente la filière anacarde dans sa structure, son
organisation et ses performances enfin le dernier à la
présentation et à l'analyse des données de
l'étude.
CADRE THEORIQUE
ET
METHODOLOGIQUE
PREMIERE PARTIE :
12
13
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE
1-Justification
Plusieurs raisons ont été à la base du
choix de ce sujet. Elles sont d'ordre pratique et scientifique.
1-1 la raison pratique
On a constaté un intérêt des populations
locales du Nord-est de la Côte d'Ivoire, pour la culture de l'anacarde.
En effet, cette aire géographique faisait autrefois partie des
régions productrices du binôme café-cacao. Avec la
déforestation, elle est aujourd'hui confrontée à un
problème de culture de rente pouvant faire appel à des devises
depuis le début des années 90. Ainsi, la noix de cajou s'est
présentée aux populations comme la culture de rente susceptible
de les remplacer. Du coup, cette culture est devenue la nouvelle richesse des
paysans de cette zone. Pour cela, chaque habitant désire réaliser
sa propre parcelle d'anacarde. Toutefois, la pauvreté est
présente et perdure malgré la présence et l'augmentation
de la production de l'anacarde. Il est donc question pour nous d'analyser le
choix de la culture de la noix de cajou sur la vie des populations.
1-2 la raison scientifique
On a constaté la rareté sinon l'insuffisance des
études approfondies sur la filière anacarde comme culture de
rente et surtout sur son système de commercialisation. En effet, la
plupart des réflexions dans ce domaine ont été
réalisées lors d'ateliers, de séminaires et symposiums.
C'est pourquoi cette étude apparaît comme une contribution. Elle
revêt nombre d'intérêts à
14
la fois économique et social.
Au plan social, une rémunération et
commercialisation rentable de la noix de cajou va, contribuer à
améliorer les conditions de vie des populations notamment, en
matière de cadre de vie, de besoins médicaux et de
scolarisation.
Au plan économique, une organisation rigoureuse de la
filière va augmenter non seulement les revenus des producteurs, mais
également injecter des devises dans les caisses de l'État
grâce à sa commercialisation et ses exportations.
2-Problématique
Depuis l'indépendance, la commercialisation des
produits d'exportation a toujours été au centre des politiques de
développement économique et social de tous les gouvernants. Cela
s'est traduit par la mise en place des structures telles que la CAISTAB pour le
café et le cacao aujourd'hui devenue le Conseil des Sages du café
et du cacao et l'ARECA pour la noix de cajou devenue le Conseil
Supérieur du Coton et de l'Anacarde.
Les mesures prises dans ces filières agricoles visent
à consolider la libéralisation de celles-ci et à
poursuivre la mise en place d'un nouveau cadre institutionnel rencontrant
l'adhésion des acteurs de ces filières. De nouvelles institutions
responsables de la gestion des secteurs dans un environnement
libéralisé ont été créées. Ces
structures sont mises en place pour accompagner la libéralisation et
améliorer le revenu payé aux planteurs en tenant compte des
fluctuations du marché.
Cependant, les efforts entrepris ont été
contrariés par les différentes
15
crises économiques qui se sont succédées.
Ces crises ont conduit à la détérioration des conditions
de vie des populations, malgré l'adoption et la mise en oeuvre des
différents programmes économiques et financiers sur la
période.
En Côte d'Ivoire, le monde rural ne demeure pas en marge
de cette réalité. L'industrialisation étant quasi-absente
dans la sphère économique et dans le monde rural, seuls les
produits agricoles offrent des revenus aux populations rurales pour sortir de
la pauvreté. C'est désormais ce nouvel état de
pauvreté que non seulement les gouvernants, mais également les
populations du nord s'attèlent à combattre.
Le Nord de la Côte d'Ivoire est
caractérisé par un taux élevé de pauvreté.
En effet selon le FMI, quatre personnes sur cinq (4 /5) sont pauvres. Pour
inverser la donne, les populations se tournent vers la culture et la
commercialisation de la noix de cajou pour suppléer la traditionnelle
culture industrielle (le coton).
L'État, dans sa politique de diversification des
produits agricoles en milieu rural en vue d'améliorer de façon
durable les revenus des populations, a décidé de s'y
intéresser résolument à partir de l'année 2002. Un
comité technique, est alors crée pour réfléchir,
avec les acteurs de la filière, à la définition d'une
stratégie de développement de la filière et à
trouver des solutions aux problèmes qui revêtent un
caractère urgent (MINAGRI, 2012). C'est ainsi qu'en 2013, l'on est
passé de la création de l'ARECA au Conseil Supérieur du
Coton et de l'Anacarde (CSCA) avec en point de mire la régulation de la
commercialisation intérieure et la fixation du prix d'achat bord
champ.
Cela a suscité « Une lueur d'espoir » pour
les populations, et a conduit très rapidement les paysans à se
consacrer à cette culture. Aujourd'hui la
16
production ivoirienne de noix de cajou excède cinq cent
mille (500.000) tonnes et fait vivre environ deux millions cinq cent mille
(2.500.000) de personnes (Gbangbo, 2014).
Malgré les efforts déployés par les
pouvoirs publics dans l'amélioration de la commercialisation de la
noix de cajou, force est d'affirmer que le constat sur le terrain est loin de
satisfaire les producteurs. En effet, le système de commercialisation
mis en place laisse à désirer. Les recettes tirées de la
culture de l'anacarde restent en deçà des bénéfices
escomptés. La filière anacarde est soumise à une
instabilité des prix, à la fois annuelle et interannuelle. Cela
provoque parfois la suspension voire l'arrêt de son achat. Les
producteurs, qui constituent le maillon principal de cette culture, sont les
premiers à le ressentir sur leur condition de vie. C'est d'ailleurs ce
qui sort des propos de cet auteur, « dans toute filière agricole,
le risque de prix, représente un coût considérable pour les
acteurs primaires de la chaine de production » (Konan, 2010, P 34).
Les producteurs qui espéraient une amélioration
de leurs conditions de vie, assistent presque impuissants à un
effritement de leur revenu. Dans le but de restaurer à l'anacarde sa
valeur marchande, l'on a constaté la création de
coopératives dans certaines localités productrices. Elles ont
pour priorité la conquête de l'autonomie paysanne dans la gestion
des affaires agricoles afin d'améliorer et de stabiliser les revenus
issus de la commercialisation de la noix de cajou avec pour enjeu la
réduction de la pauvreté (Dihyé, 2007).
La Banque mondiale ne dit pas le contraire, la noix de cajou
est d'une importance encore plus cruciale lorsqu'elle est
considérée dans un contexte régional de réduction
de la pauvreté (Banque mondiale, 2011). A ce niveau, des exemples ne
manquent pas, puisqu'en matière d'augmentation de devises, elle a permis
à l'État de procurer 120 milliards de FCFA en 2010
17
faisant d'elle le troisième plus important produit
d'exportation après le cacao et le caoutchouc (Lebailly, 2012).
Dans la région de Bondoukou, la noix de cajou constitue
la plus
importante source de revenu monétaire des populations.
Elle a sensiblement fait augmenter le revenu par tête, car ce revenu est
passé de 209 679 FCFA en 2002 à 238 341fCFA en 2007 (FMI,
2009).
Toutefois, bien que les devises au niveau national aient
augmenté suivi d'une amélioration des revenus au plan
régional, le taux de pauvreté n'a pas diminué. Au
contraire, l'on constate une croissance du taux de pauvreté tant au
niveau national que régional. Le taux de pauvreté est
respectivement passé de 38,4% en 2002 à 48,9% en 2008 au plan
national et de 57,4% à 66,7% dans le courant de la même
période à Bondoukou et 62,5% dans le monde rural (PND,
2012-2015).
La commune de Koun Fao dont la plupart des populations
dépendent de l'activité agricole n'échappe pas à
cette réalité. Actuellement, selon les autorités
municipales, sur les trois quarts de la population qui pratiquent
l'agriculture, près de la moitié ne s'intéressent
qu'à la culture de l'anacarde. Chaque année, dit-on de nombreux
paysans réalisent des bénéfices grâce à la
commercialisation de l'anacarde. L'anacarde jouerait alors un rôle
catalyseur à la lutte contre la pauvreté.
Cependant, malgré la croissance de la production et la
contribution de la noix de cajou à l'économie locale, la
population semble ne pas sortir de la pauvreté. Selon l'agence locale de
l'ANADER, le taux de pauvreté de la commune est passé de 50% en
2002 à 60% aujourd'hui. Dès lors, l'importance accordée
à la culture de la noix de cajou et l'état manifeste de
pauvreté dans lequel vit la population nous a intrigué et
suscité des interrogations.
18
Quels sont les facteurs explicatifs de la persistance de la
pauvreté en
dépit de la production de la noix de cajou dans la commune
de Koun Fao ? Quelle est la contribution de l'anacarde à la lutte contre
la pauvreté? Quel est le rapport entre l'instabilité du prix
d'achat et les conditions
de vie des populations ?
Quel est l'apport des retombées financières de la
commercialisation de l'anacarde sur la population ?
3-Objectifs de l'étude
3-1Objectif général
L'étude vise à analyser les facteurs explicatifs de
la persistance de la pauvreté en dépit de la production de
l'anacarde à Koun Fao.
3-2Objectifs spécifiques
Pour atteindre l'objectif général ci-dessus
défini, nous nous sommes fixés pour objectifs spécifiques
suivants :
-Montrer la contribution de l'anacarde à la lutte contre
la pauvreté -Déterminer le rapport entre l'instabilité du
prix d'achat et les conditions de vie des populations.
-Identifier l'apport des retombées financières de
la commercialisation de l'anacarde sur la population
4-Hypothèse de recherche
L'hypothèse de l'étude se présente comme
suite : la persistance de la pauvreté dépend du mode de gestion
des revenus par les populations.
5-Opérationnalisation des concepts
Cette partie consiste à rendre opératoire les
concepts essentiels de
19
l'hypothèse, de passer des concepts abstraits aux
phénomènes empiriques observables. Dans la présente
étude, l'hypothèse montre que la persistance de la
pauvreté dépend du mode de gestion des revenus par les
populations.
Cette hypothèse comporte deux variables qui sont :
La persistance de la pauvreté, la variable
dépendante et le mode de gestion des revenus, la variable
indépendante. Ainsi, la variable dépendante qui est la
persistance de la pauvreté comporte pour nous deux dimensions : La
dimension monétaire ; comme indicateur le revenu.
La dimension sociale relative aux conditions d'existence des
populations notamment à l'éducation; à la santé,
à la source d'approvisionnement en eau potable, au mode
d'éclairage au moyen de déplacement, au moyen de communication et
à l'habitat. Les indicateurs de cette dimension sont : niveau
d'instruction, nombre d'enfants scolarisés, le type de médecine
utilisé (traditionnelle ou moderne), la nature de l'eau et
l'énergie utilisée
Pour la variable explicative qui est le mode de gestion des
revenus. Nous avons aussi deux dimensions : dimension sociologique comme
indicateur le rapport population/institution bancaire et la dimension
organisationnelle ; comme indicateur : utilisation et répartition des
revenus, Dépenses (scolaire, de santé, Entretien du verger,
alimentation, Remboursements des dettes, communication, transport)
20
Tableau récapitulatif des variables de
l'hypothèses
Concepts ou variables de
l'hypothèse
|
VARIABLE DEPENDANTE La persistance de la
pauvreté
|
VARIABLE INDEPENDANTE le mode de gestion des
revenus par les populations
|
DIMENSION
|
Monétaire
|
sociale
|
sociologique
|
organisationnelle
|
|
|
niveau d'instruction des parents, nombre d'enfants
scolarisés, niveau des enfants)
|
rapport
population/institution
|
Utilisation des revenus
|
|
|
Santé (médecine traditionnelle,
médecine moderne)
|
bancaire
|
Répartition des revenus
|
|
|
Source
|
|
Dépenses
|
INDICATEURS
|
revenus
|
d'approvisionnement en eau (marigot, pompe,
puits, eau courante)
Mode d'éclairage (lampe, pile, groupe
électrogène, courant) Moyen de
déplacement
|
|
(scolaire, de santé,
Entretien du verger, alimentation remboursements des dettes,
communication, transport)
|
|
|
(à pied, vélo, moto, voiture)
|
|
|
|
|
Moyen de
communication
|
|
|
|
|
(radio, télé, téléphone, ordinateur,
internet)
|
|
|
|
|
Habitat (en dur, terre,
|
|
|
21
6-Définition des concepts
Dans le cadre de cette étude, trois (3) concepts
méritent d'être clarifiés. Il s'agit des concepts de :
pauvreté, commercialisation et de gestion
6-1 Pauvreté
D'étymologie gréco-latine, (du Latin Pauper et
du Grec Penes), le terme de pauvreté renvoie à deux notions: la
pénurie et un état d'esprit. La pauvreté est un concept
multidimensionnel et complexe, généralement
représenté sous trois dimensions : la dimension monétaire,
la dimension sociologique et la dimension psychologique.
La dimension monétaire est celle des économistes
en général. Ceux-ci la retiennent traditionnellement comme
critère, le niveau de revenu de l'individu. Elle renferme le manque ou
la non satisfaction des besoins vitaux et désigne la consommation par
tête ou niveau de revenu personnel dont une personne dispose. Le PNUD la
définit comme le manque de revenu adéquate le plus faible ou de
la capacité d'engager les dépenses correspondantes. A cet effet
le PNUD distingue deux grands types de pauvreté monétaire
à savoir la pauvreté relative et la pauvreté absolue.
La pauvreté relative désigne une situation dans
laquelle le mode de vie et le revenu de certaines personnes se situent
en-deçà du niveau général de vie dans le pays ou la
région où ces personnes vivent. La gravité du
problème varie d'un pays à un autre en fonction du niveau de vie
de la majorité des citoyens. Une personne est reconnue comme vivant dans
cette tranche de pauvreté si son revenu et ses ressources sont
insuffisants au point de l'empêcher d'avoir un niveau de vie
considéré comme acceptable pour la
22
société dans laquelle il vit (PNUD, 1998). En
Côte d'Ivoire est pauvre; celui qui a une dépense de consommation
inférieur à 241145 FCFA par an, soit 661 FCFA par jour (DSRP,
2009).
La pauvreté absolue est définie par rapport
à ce que l'on appelle le «minimum vital». En d'autres termes,
on considère qu'il y a des exigences minimales pour une vie
«décente», en deçà desquelles l'individu tombe
dans la catégorie des «pauvres». Dans ce domaine, l'un des
instruments les plus couramment utilisés est le niveau de revenus: si
les revenus d'un individu ou d'une famille se situent en dessous d'un certain
niveau considéré comme le niveau minimum pour un mode de vie
convenable, cette personne ou ce foyer est considéré comme
«pauvre». Elle est définie par une norme fixe, Par exemple, le
seuil international de pauvreté d'un Dollar (US) par jour.
La pauvreté sociologique est vécue du point de
vue collectif et s'exprime en termes de conditions d'existence, de capital
humain, d'exclusion sociale et perception générale. Elle
désigne un manque tel que le partage des formes de vie communes et la
coopération dans les activités habituelles de la
société dans laquelle l'on vit (Fragnière et Girod, 2002).
La non satisfaction des besoins jugés vitaux, les difficultés
financières, l'environnement épidémiologique, la
disponibilité de services sanitaires, la nature de la couverture sociale
et l'accès à l'éducation font partie des facteurs
déterminants à la qualité de vie (Sylla, 2004).
La pauvreté constitue un groupe homogène qui
partage à la fois des caractéristiques et un destin commun. Les
conséquences de cette dynamique de la pauvreté sont diverses.
D'abord elles signalent l'importance de considérer la pauvreté
sur la longue durée plutôt que de centrer l'attention
exclusivement sur un moment en particulier (Schecter et Paquet, 2000). La
pauvreté est la privation de possibilités de choix et d'occasions
qui
23
permettraient aux individus de mener une vie décente
(MESS, 2002). Pour Adam Smith, une personne pauvre est celle « qui n'a pas
le moyen de participer à la vie sociale » (Smith, 1776). Selon
Henry, le pauvre est soit un individu qui de par lui-même est incapable
de subvenir à ses besoins essentiels, soit une personne qui se satisfait
de peu, en ce sens, la pauvreté est une vertu (Henry, 1990).
Pour Simmel, la pauvreté est l'assistance qu'une
personne reçoit de la collectivité qui détermine son
statut de pauvre (Simmel, 1907). Il donne une définition de la
pauvreté, permet une compréhension des modes de constitution de
la catégorie des pauvres et le lien qui la rattache à la
société.
La pauvreté psychologique est vécue au plan
individuel. Elle n'est pas seulement l'insuffisance du revenu, mais elle
comporte aussi les « dimensions d'avoir, de savoir et de pouvoir, qui
limitent la possibilité de se développer et qui entravent le
bien-être individuel (MESS, 2002). Selon Robichaud, vivre dans la
pauvreté, c'est aussi : « [...] vivre les préoccupations qui
se rattachent aux privations, c'est se percevoir à travers ce que les
autres nous communiquent, c'est vivre avec l'image que l'on a de soi. C'est
aussi avoir une image très nette de la société qui nous
entoure, de ses structures et du rôle qu'on y joue... ou qu'on n'y joue
pas. C'est chercher au-delà des misères quotidiennes ce qui
permet de tenir le coup et de contrer ou de réduire les effets multiples
de manques tout aussi multiples... C'est également espérer qu'un
jour cette situation change » (Robichaud et al, 1994, P.18),
Dans cet ordre d'idées, l'Organisation de
coopération et de développement économique (OCDE) a fait
valoir qu'il faudrait considérer le concept de la pauvreté non
pas comme la privation des besoins absolument essentiels (nourriture,
habillement, logement), mais comme l'exclusion du
24
mode de vie auquel les autres ont largement accès dans
la même société. (OCDE (2001), dans CCDS, 2007).
L'Organisation Internationale du Travail (OIT) quant à elle, mesure la
pauvreté d'après le nombre d'heures de travail
rémunérées requis pour acheter certains biens. En passant
par de nombreux auteurs, on note que pour examiner la pauvreté on doit
tenir compte du contexte social, des valeurs et des pratiques culturelles de la
société et de l'environnement. Le paradoxe que relèvent
ces approches de la notion de pauvreté serait à la base des
diverses acceptions.
Dans le cas précis de notre recherche, le terme de
pauvreté désigne une personne ou un groupe de personnes disposant
des revenus adéquats pouvant faire face à ses besoins dont le
mode d'utilisation de ces revenus met la personne dans une situation où
elle se trouve dans l'incapacité de subvenir à ses besoins
essentiels tels que l'alimentation, la santé, le logement,
l'éducation.
6-2- Commercialisation
Selon la FAO, la commercialisation est «la série
de services nécessaires pour faire parvenir un produit brut ou
transformé du lieu de production au lieu de consommation» (FAO,
2010).
En matière de commercialisation, le client n'acceptera
de payer que si on lui offre une marchandise conforme à ses
désirs ou à ses besoins. Ensuite, elle est une activité
à but lucratif qui n'est viable que si elle rapporte des
bénéfices à tous les intervenants.
Au sens large, La commercialisation peut être vue comme
la série d'activités nécessaires pour fournir les services
et les informations propres à
25
ajuster la production aux besoins du marché et assurer
le transport du produit brut ou transformé du lieu de production au lieu
de consommation (FAO).
Elle englobe donc les services informations et conseils qui
permettent de : rassembler, évaluer et diffuser des informations sur le
marché; aider à planifier et programmer la production; aider les
producteurs à s'assurer des débouchés ; conseiller les
meilleures méthodes après-récolte.
Sur le plan agricole, la commercialisation des produits
comporte une série d'opérations successives: récolte,
classement et tri, conditionnement, transport, entreposage, transformation,
distribution et vente.
Dans cette étude, elle est une activité sociale,
un échange marchand de la noix de cajou qui met en relation deux ou
plusieurs échangistes (producteurs et acheteurs), rapportant des
bénéfices à ceux-ci, maximisant le revenu des acteurs en
interaction.
6-3-Gestion
Selon l'encycopediae universalis, gestion vient du mot latin
gestio : action de gérer, exécution, issu du verbe gerere :
exécuter, accomplir ; au départ pour le compte d'autrui,
d'où le gérant d'affaires qui est un mandataire. Cette
référence à la notion d'exécution et l'expression
« compte de gestion » montre que la gestion s'applique à
priori à l'activité courante et à un horizon
décisionnel relativement court. Cependant, le mot a pris un sens plus
ambitieux en devenant le synonyme des termes d'administration, de management,
de gouvernement et de direction (Bialès 2013).
En économie, la notion de gestion fait appel aux termes
de production, de répartition, de consommation, d'échange et de
régulation.
26
Dans le domaine des organisations, elle constitue l'ensemble
des savoirs et des savoir-faire qui s'applique au fonctionnement et au
gouvernement des organisations. Ici, la gestion est liée à un
groupe professionnel (les cadres, les consultants) dont il faut analyser la
genèse (livian, 1994).
Pour Livian (1994), la gestion un "fait social total", elle
est un bloc : il n'y a pas de bonne ou de mauvaise gestion, il n'y a pas de
gestion liée à la finance ou liée aux parties prenantes,
il n'y a pas de gestion recherchant la performance durable.
Une approche sociohistorique des sciences de gestion est
indispensable pour relativiser ses apports et s'interroger sur son
articulation, souvent excessive, aux détenteurs du pouvoir... De
même, souligner que la gestion est aussi un "logos" devenu parfois
hégémonique (Idem, 1994) est utile et peut permettre de remettre
à sa place certaines prétentions totalisantes.
En ce qui nous concerne, elle peut être vue comme la
manière dont les revenus des producteurs sont utilisés et
repartis selon les différents besoins auxquels ils doivent faire face en
ne tenant pas en compte des ressources disponibles.
7-Revue Critique de la littérature
La revue de la littérature est un élément
qui confère une pertinence scientifique au travail de recherche. Elle
est un texte ordonné, écrit à partir des lectures des
travaux antérieurs. Il est donc nécessaire qu'un chercheur prenne
connaissance de ces travaux (travaux antérieurs) qui portent sur des
objets d'études comparables. C'est dans ce sens que disait Bernard de
27
Chartres (2006) : « Nous sommes des nains juchés
sur des épaules de géants. Nous voyons ainsi davantage et plus
loin qu'eux, non parce que notre vue est plus aiguë ou notre taille plus
haute, mais parce qu'ils nous portent en l'air de toute leur hauteur
gigantesque... » Chartres (2006 P.10). Pour ce qui est de notre
étude, nous pouvons regrouper les écrits autour de deux
thèmes :
7-1-Contribution de l'anacarde à la lutte contre la
pauvreté
La culture de l'anacarde constitue une activité
économique majeure pour les populations du nord et du centre. Elle est
un indicateur pertinent dans le processus de réduction de la
pauvreté dans cette zone. Pour cela, il nous paraît judicieux et
objectif de présenter certaines idées d'auteurs traitant du
caractère économique de la filière.
En effet, dans le rapport de Koné (1995), la
commercialisation de la noix de cajou, permet aux producteurs de tirer un
meilleur profit de leurs efforts. Pour elle, la tournure économique qu'a
prise la filière anacarde, a poussé une multitude d'acteurs
à s'intéresser à cette culture, et chaque acteur y trouve
son compte. Alors qu'elle était seulement au départ l'affaire des
planteurs et des petits acheteurs. Elle a aussi mis en exergue la part des
pouvoirs publics dans la filière qui jouent parfois un rôle
d'arbitre.
Renchérissant Koné, N'guessan (1998) lui,
présente la dimension économique et financière de
l'anacarde. Pour lui l'anacarde procure aux paysans des revenus substantiels.
Il affirme que la culture de l'anacarde est en pleine expansion et permet aux
paysans d'avoir un peu d'argent pendant les périodes creuses. A titre
d'exemple, en 1998, l'anacarde a procuré aux populations des savanes
huit milliards de franc CFA. C'est pourquoi il le compare au café.
28
Ces auteurs, s'ils ont le mérite d'élucider les
retombées économiques liées à cette culture, ils
n'ont pourtant pas établi de rapport entre celle-ci et les
réalités inhérentes à la gestion des revenus et
celles de la pauvreté.
Aussi, nous avons eu recours au rapport de SARR sur
l'Analyse du secteur de l'anacarde, situation actuelle et perspective de
développement (SARR, juillet 2002). Le but général de
SARR était de montrer que la filière anacarde
Sénégalaise, regorge de grandes potentialités. C'est dans
ce sens qu'il a dit que «la filière anacarde même si elle
connait des problèmes très divers, constitue un volet très
sensible de l'économie mondiale en générale et celle du
Sénégal en particulier» (SARR, juillet 2002 P.10).
Selon l'auteur, la culture de l'anacarde répond
parfaitement dans les régions productives aux conditions de
rentabilité économique et a permis aux populations et à
l'économie sénégalaise de créer une richesse.
L'auteur a permis de comprendre la place de la filière anacarde dans
l'économie sénégalaise ainsi que son rapport sur les
conditions de vie des populations. Toutefois, le rapport entre les revenus des
producteurs et la manière dont ceux-ci les utilisent n'a pas
été établi. Donc ne permet pas de saisir la relation entre
la pauvreté et le mode de gestion des revenus de l'anacarde.
Dans cette même lancée, Tuo G, (2007) met en
relief la contribution de la culture de l'anacarde dans les stratégies
de luttes contre la pauvreté dans les zones de production. Pour lui,
cette culture est vite devenue la principale activité économique
des paysans des zones centre et nord à cause des avantages
sociaux-économiques liés à l'activité. Dans toutes
les zones favorables à celle-ci en terme de rendements en graine, les
paysans ont adopté sa culture, dès l'instant qu'elle offrait
plusieurs opportunités; celles
29
notamment liées à l'amélioration de la
condition de vie économique et l'offre d'un patrimoine durable.
En outre, l'auteur poursuit que « l'or brun » est un
élément qui contribue à la stabilité des migrations
et à la certification du bien être des producteurs.
Au delà de son apport financier, l'auteur a permis de
comprendre comment cette culture peut contribuer à réduire le
phénomène de l'exode rural. Par contre, il nous informe moins de
l'utilisation et de la répartition des revenus sur le plan local.
A la lumière de la revue de ces documents, nous sommes
à même d'affirmer que la question de la commercialisation de
l'anacarde a été à divers niveaux étudiée
par les chercheurs. Cependant, quel que soit l'angle sous lequel la
filière a été abordée, ces auteurs ont fait
ressortir la contribution de celle-ci à la lutte contre la
pauvreté.
7-2-Condition de commercialisation : rapport prix et
pauvreté
Hine et Ellis (1998) mettent en exergue l'impact des
coûts de transport sur le développement agricole. Ils montrent que
le prix de vente final auquel les producteurs vendent leurs produits agricoles
dépend de l'efficacité des systèmes de transport. Les
marges sur le prix de vente ainsi que les coûts de transports sont
retranchés du prix du marché. C'est en ce sens qu'ils
établissent une comparaison entre les producteurs africains et les
producteurs asiatiques. Les producteurs africains ne reçoivent que 30
à 50% du prix du marché alors que ceux de L'Asie reçoivent
70 à 85%. Pour eux, cette différence réside surtout dans
les coûts de transport.
30
Même si ces auteurs n'abordent pas la filière
anacarde proprement dite, ils apportent cependant un éclairage sur les
mécanismes et les logiques qui favorisent l'instabilité des prix
de vente des produits agricoles et sa corrélation sur les conditions de
vie des paysans.
Dans la même lancée, Quenum (2002) dans son
rapport, met l'accent sur les fluctuations brusques et les
caractéristiques auxquelles la production mondiale de l'anacarde est
soumise. En effet, les variations observées en Afrique, sont dues le
plus souvent aux récoltes abondantes ou faibles enregistrées dans
certains pays. En outre, la monopolisation de la destination américaine
n'est pas à négliger. C'est en ce sens qu'il affirme :
« Le marché des Etats-Unis joue un rôle
fondamental dans le commerce de l'anacarde et de l'amande de cajou. Ce
marché représente 50 % du total des importations mondiales »
Quenum (2002 P.5).De ce fait, il dicte les prix mondiaux.
L'auteur a permis de comprendre à certains
égards les facteurs explicatifs de l'instabilité du marché
de la noix de cajou à l'échelle mondiale. Par contre, il ne
permis pas d'apercevoir ou d'appréhender la relation commerciale de
l'anacarde et la pauvreté, à un degré moindre rapport mode
de gestion de revenus et lutte contre la pauvreté.
Pour leur part, Lothoré et Delmas (2004), après
avoir mis en exergue l'irrégularité des productions agricoles
à laquelle le continent africain fait face, parlent du non ajustement
spontané entre l'offre et la demande des produits agricoles. En outre,
l'asymétrie d'accès et de niveau d'information, les taxes
formelles et informelles génèrent des coûts
élevés et l'instabilité des prix. Ces facteurs traduisent
l'incertitude et la faiblesse des prix pour les producteurs et incitent peu
ceux-ci à risquer des investissements dans la production sur le moyen et
long terme. Ils poursuivent que cela a un impact
31
sur le pouvoir d'achat des populations.
De ce qui précède, nous pouvons dire que le
rapport de ces auteurs a permis de repérer la part des taxes sur le
prix. Ensuite, ils ont le mérite de montrer que ces facteurs amenuisent
les revenus des populations à cause de la réticence
d'investissements dans la production. Enfin, il convient de retenir de ce
rapport qu'il faut chercher des mesures coercitives afin que les populations
bénéficient de leurs récoltes. Mais, ces auteurs
n'abordent pas la contribution de la gestion des revenus sur la lutte contre la
pauvreté.
A la suite de ces auteurs, (Bukobero, 2013) relate les
difficultés d'écoulement des produits agricoles liées
faiblesse, à l'irrégularité et aux prix non
rémunérateurs. Pourtant, c'est avec les revenus issus de la vente
des produits que les producteurs arrivent à satisfaire leurs besoins
immédiats. Face à cet état de fait, Le paysan est souvent
obligé de recourir à la commercialisation de sa récolte
quel qu'en soit le prix. Et dans cette transaction, le producteur sort rarement
gagnant face à la concurrence des produits, le non ajustement de
l'offre, de la demande, et le faible accès au crédit.
En plus, la dispersion des producteurs les oblige à
avoir un accès limité à l'information sur les
marchés se retrouvant ainsi très souvent en situation non
compétitives face à des commerçants « aguerris »
en position dominante.
Ce travail de l'auteur contribue à la
compréhension du rapport entre le prix des produits agricoles et les
conditions de vie des producteurs burundais et au-delà, son rapport avec
la pauvreté. Toutefois, le cas échéant de la
commercialisation de la noix de cajou n'a pas été
évoqué.
A la lumière de tout ce qui précède, nous
attestons que ces auteurs, à leurs différents niveaux, nous
édifient clairement sur le rapport entre
32
l'instabilité des prix et les conditions de vie des
producteurs et reconnaissent que ceux-ci ne sont pas
rémunérés à la hauteur de leurs efforts fournis.
Les auteurs, s'ils ont le mérite de nous amener
à s'imprégner de la dimension économique de la
filière, leurs analyses n'établissent aucun rapport entre la
gestion des revenus et la pauvreté.
Conséquemment, leurs études ne nous permettent
pas de saisir à un degré moindre, les raisons explicatives de la
pauvreté, son rapport avec le mode de gestion des revenus dans la
commercialisation de la filière anacarde.
Cette phase de lecture nous a permis de mieux cerner les
contours du problème, de savoir à quel point le thème de
la recherche s'inscrit dans le champ des connaissances scientifiques.
33
CHAPITRE II: CADRE METHODOLOGIQUE
1- Délimitation du champ d'étude
1-1- Champs géographiques
Notre étude se porte sur la commune de Koun Fao au sud
du district du Zanzan, bien que la production de la noix de cajou
s'étende sur tout le nord de la côte d'ivoire. Elle se trouve dans
une zone de transition entre la forêt et la savane.
Réfléchir sur la commercialisation de l'anacarde et lutte contre
la pauvreté dans ladite commune suppose la saisie du
phénomène dans chacune des localités constitutives du
district. La commune de Koun Fao a une superficie de 50 Km2. Elle
est la porte d'entrée de la région du Gontougo à l'est de
la Côte d'Ivoire. Elle est limitée au nord par le village de
Kotogouanda (Sous-préfecture de koun-Fao), au sud par la
sous-préfecture de Tankessé, à l'ouest par les villages de
Yobouakro et d'Abokro, et à l'est par le village de Krakro
(Sous-Préfecture de Transua). Elle compte cinq (05) quartiers, neuf (09)
villages et trois (03) campements dont koun Fao le chef lieu de la commune.
Pour les besoins de notre travail nous avons parcouru sept villages dont ; Koun
fao, Méme , Kouakoukrakro, Dodassué, Attakouassikro, Yobouakro,
Tienkouassikro et Assindi. Toutes ces localités se situent dans un rayon
de douze (12) Km de koun Fao (zones de production voir figure I, page
suivante).
34
Figure 1 : Les zones favorables à la
culture de l'anacardier.
Source: ARECA
1-2-Champ social
Les personnes auxquelles cette étude s'intéresse
sont les acteurs impliqués dans la commercialisation de la
filière anacarde, c'est à dire les individus qui interviennent
d'une manière directe ou indirecte à l'activité
commerciale de la noix de cajou. La population cible reste les producteurs de
l'anacarde. Mais en dehors de cette catégorie, quelques entretiens vont
être faits auprès des personnes ressources. Il s'agit notamment
des structures comme le mairie, le conseil du coton et de l'anacarde et
l'agence locale
35
d'ANADER du fait que la première constitue la
première autorité de la commune et la seconde apporte son
concours à la gestion de la production d'anacarde. Notre attention
portera aussi sur les pisteurs qui sillonnent les villages à chaque
campagne d'anacarde pour y acheter et collecter les noix de cajou
destinées aux exportateurs et aux grands commerçants. Ils sont
également des intermédiaires entre les producteurs et les
exportateurs locaux.
2-Techniques de collecte des données
La collecte des informations s'est effectuée au moyen
de l'observation directe, du questionnaire et du guide
d'entretien.
2-1 L'observation
Parmi les différentes méthodes d'enquêtes
mises à la disposition de la sociologie pour connaître les
pratiques sociales, l'observation directe par le chercheur présent dans
la situation étudiée est celle qui, à priori permet de
saisir le mieux la réalité et ses pratiques. Cette technique nous
permet sans aucun doute de recueillir des comportements au moment où ils
se produisent. Cette méthode est basée sur un regard intentionnel
porté sur un champ précis de recherche ou une visualisation des
manières d'agir ou de pensées d'un groupe ou d'une
collectivité. Par cette technique nous avons observé les faits
autour de l'utilisation des revenus. Pour mieux cerner ce
phénomène nous avons complété nos informations
livresques avec les éléments provenant de la
réalité sociale. Il a donc fallu établir un guide
d'entretien.
2-2 Les entretiens
Instrument de recherche en sciences sociales, les entretiens sont
des
36
procédés d'investigation scientifiques qui
permettent de recueillir de façon orale des informations en relation
avec le but visé. Pour notre étude, nous avons opté pour
l'entretien semi-directif. Nous avons porté notre choix sur ce type
d'entretien parce qu'il s'agit pour nous de vérifier certaines
informations recueillies ailleurs et d'approfondir nos connaissances par
rapport à des domaines précis. Il permet à
l'enquêté de répondre librement aux questions selon son
inspiration en laissant toutefois à l'enquêteur la
possibilité au cours de l'entretien, de recentrer le débat et de
poser des questions de clarification lorsqu'il le juge nécessaire. Nous
avons donc élaboré un guide adressé respectivement au
conseil du coton et de l'anacarde à l'ANADER et aux autorités
municipales.
2-3 Questionnaire
Le questionnaire est l'instrument de base qui nous a permis de
collecter les données nécessaires pour la vérification de
notre hypothèse. En tenant compte de la composition de notre
échantillon, nous avons élaboré un questionnaire que nous
avons administré à la population cible, à savoir les
producteurs. Cette série de questions administrées
individuellement aux producteurs d'anacarde était relative:
-à la contribution de la noix de cajou à la lutte
contre la pauvreté,
-au rapport entre le prix d'achats et les conditions de vie des
populations.
-à la comparaison entre l'anacarde, les cultures
passées,
-à la commercialisation de la noix de cajou,
-à la répartition de leurs revenus.
37
3-Etapes de la recherche
3-1 Enquête exploratoire
Afin de nous imprégner de la situation de la
filière anacarde et de la pauvreté, nous nous sommes rendus au
siège de certains organes de gestion de la filière tels que le
MINAGRI, le Ministère de l'Economie et des Finances et dans la
région de Gontougo (Bondoukou), plus particulièrement dans la
commune de Koun Fao. Ces différentes visites avaient pour but de
rechercher les problèmes qui existent et le niveau d'information de
chacune des parties. Cette technique de collecte d'informations nous a permis
d'avoir une idée générale sur la situation de la gestion
de la filière, des conditions de vie des populations et aussi
d'élaborer définitivement notre échantillon.
3-2 L'enquête
L'enquête s'est réalisée du 11 au 31
Août 2014 dans la région de Gontougo, plus
précisément dans la commune de Koun Fao. Elle s'est
étendue à sept villages de ladite commune. Celle-ci compte treize
(13) villages selon la municipalité de la localité. Nous avons
choisi de parcourir 50% des villages pour la collecte des informations.
L'enquête menée dans ces différents villages nous a permis
de recenser les données communes à tous les producteurs.
3-3 La documentation
Consistant en la lecture de rapports, de mémoires, de
thèses, de revues, et de livres, elle a permis de faire un tour
d'horizon théorique du sujet. Tout travail scientifique s'inscrivant
dans la continuité, La documentation constitue la matière
première de la recherche, elle représente l'ensemble des
données qui permettent objectivement d'apprécier la
capacité
38
de la recherche et la valeur de l'argumentation à
travers la description et l'analyse. Cette recherche nous a permis de savoir
que du point de vue socioéconomique, la vente des noix de cajou procure
des revenus substantiels aux paysans producteurs d'anacarde. Au plan
écologique, la faible exigence climatique et pédologique de
l'anacarde, contribue à la régénération des sols,
luttant ainsi contre l'érosion et la déforestation.
Dans le souci de renforcer nos connaissances
méthodologiques, nous avons eu recours à certains ouvrages de
méthodologie. Le recours à ces ouvrages nous a permis de
consolider et de renforcer nos acquis méthodologiques. Pour mieux
appréhender notre étude, il a fallu établir un
modèle réduit de la population cible en utilisant une technique
particulière : l'échantillonnage.
3-4 L'échantillonnage
Notre échantillon est subdivisé en deux
rubriques à savoir le critère de choix et la taille de
l'échantillon.
3-4-1 Critère de choix de
l'échantillon
La population mère de notre étude est
composée essentiellement des producteurs de l'anacarde et des organismes
de gestion de la filière. Les organismes de gestion de la filière
ont été choisis comme population sur laquelle doit porter la
collecte des informations du fait que, ce sont eux les gestionnaires de la
filière. Le conseil du coton et l'anacarde est la seule structure de
l'Etat chargée de gérer la filière anacarde.
L'objectif principal de l'étude étant d'analyser
les raisons de la pauvreté afin de déterminer le rapport de la
commercialisation de l'anacarde sur les conditions de vie des populations. Il
est important que les producteurs constituent la population mère, car ce
sont eux les premiers
39
responsables de filières, ils sont donc une
véritable source d'information. Cependant, tous les producteurs
d'anacarde n'ont pas pu faire partie de l'échantillon.
3-4-2 Taille de l'échantillon
Nous avons constitué un échantillon
représentatif et caractéristique de la population mère de
cinquante deux (52) personnes sur la base du fait que nous n'avons pas assez de
moyens pour interroger plus d'individus. Ce sont des personnes ressources dans
les villages lors de notre passage. L'échantillon a été
constitué à partir des techniques d'échantillonnage par
quotas qui consiste à reproduire dans l'échantillon les
caractéristiques de la population- mère et par choix
raisonné simple qui repose sur le jugement du chercheur.
Ainsi, eu égard à la problématique de la
présente étude, les critères de sélection des
éléments constitutifs de notre échantillon ont
été :
- Etre un producteur d'anacarde,
-vivre dans la sphère géographique de la commune
de Koun Fao, soit dans un rayon de 12 Km tout sexe confondu. Nous avons sept
(7) personnes par village dont seize (10) à Koun Fao chef lieu de la
commune.
4-Méthode d'analyse
Toute étude qui se veut scientifique doit être
conduite en fonction de méthodes scientifiques données. La
méthode permet au chercheur d'atteindre un aspect de la
vérité qu'il poursuit. Il s'agit d'opérations
intellectuelles mises en oeuvre pour vérifier les hypothèses et
atteindre les objectifs de la recherche. Ainsi, pour les besoins de
l'étude la méthode systémique, et la méthode
comparative ont été utilisées.
40
4-1 La méthode systémique
Considérant le milieu de l'anacarde comme un
système dans lequel plusieurs structures interagissent, il convient dans
ce cas d'adopter la méthode systémique. Celle-ci consiste
à entrevoir les acteurs qui participent directement ou non au processus
de vente de la filière comme des parties d'un tout dont la
coopération est nécessaire au maintien et au fonctionnement de
l'ensemble. Ces parties s'influencent mutuellement et mettent ainsi en
lumière la trame de la vie sociale des différents acteurs
engagés ou impliqués dans la filière. Qu'en est-il de la
méthode comparative ?
4-2 La méthode comparative
Cette méthode conduit à un rapprochement de
faits ou d'événements et à analyser leurs ressemblances et
/ou dissemblances de manière à pouvoir dégager des
éléments de constats généraux. Cette méthode
va nous permettre de comprendre les différentes étapes de la
production et de la commercialisation des produits issus de l'anacardier d'une
période à une autre, de nous référer à des
exemples pratiques des cultures passées et de certains pays producteurs
de l'anacarde.
4-3 Dépouillement des données
Le dépouillement des questionnaires consiste en la
codification des données collectées et en leur saisie dans un
logiciel (Word, Excel, SPSS, SPHINX, CSPRO...). Dans le cadre de cette
étude, la saisie et le traitement des données quantitatives ont
été faits à l'aide des logiciels SPHINX et CSPRO. Les
données qualitatives quant à elles ont fait l'objet d'un
traitement manuel : traitement qui s'est fait en une lecture de l'ensemble
des
41
retranscriptions des entretiens, par le repérage des
mots-clés retenus puis la classification des discours en fonction des
niveaux explicatifs de la problématique. Le document final a
été saisi à l'aide du logiciel Word.
4-4 Difficultés rencontrées
Toute recherche, toute investigation contient des
difficultés. Ainsi, arrêter la recherche pour cause de
difficultés, c'est faire preuve de non-esprit scientifique, car c'est
face aux difficultés que la science découvre et fait des bonds en
avant. A cet effet, nos difficultés se situent à deux niveaux :
au niveau de la documentation et des moyens financiers. La documentation
écrite était difficile d'accès. Après avoir
parcouru plusieurs bibliothèques à savoir : l'Institut Africain
pour le Développement Economique et Social (INADES), le Centre de
documentation du ministère de l'agriculture et les bibliothèques
de l'Université qui sont toutes fermées pour
réhabilitation (pour ne citer que ceux-là). Nous avons
constaté un manque crucial d'ouvrages traitant de l'anacarde en
général et de façon particulière, aucun document ne
se rapportait au sujet.
Le manque de moyens financiers ne nous a pas permis
d'accomplir ce travail dans les délais requis. En plus, compte tenu de
l'état de dégradation des pistes villageoises, nous avions
dû relier certains villages à bicyclette et maintes fois nous
étions battus par la pluie ralentissant ainsi notre enquête. Nous
étions obligés de repasser à une date ultérieure
dans le but de pouvoir les joindre. L'enquête a été faite
après la période de commercialisation donc il a été
difficile pour nous de constater simultanément certains faits
liés à la commercialisation.
PRESENTATION, PRODUCTION,
EVOLUTION DE LA FILIERE
ANACARDE ET PRESENTATION
DE LA ZONE D'ETUDE
DEUXIEME PARTIE :
42
43
CHAPITRE I : PRESENTATION DE LA FILIERE ANACARDE
1-Historique
En Côte d'Ivoire, l'introduction de l'anacardier date de
l'indépendance. Elle s'est opérée en deux phases
essentielles: une phase de reboisement (1959- 1960) et une phase de production
fruitière (de 1960 à nos jours). La première phase
s'inscrivait dans la politique gouvernementale de lutte contre la
dégradation des sols et la déforestation. La SODEFOR et la
SATMACI avaient aménagé respectivement 1401 et 820 hectares de
forêts classées. Pendant cette période de reforestation, la
part commercialisée de noix de cajou a été
marginalisée: elle n'était que de 300 tonnes de 1959 à
1970. (MINAGRI, 1999).
2-Présentation de l'anacarde
L'anacardier (Anacardium occidentale, Anacardiacées)
est un arbre originaire des régions tropicales, résistant aux
fortes chaleurs mais très sensible aux basses températures. C'est
un arbre d'une dizaine de mètres de hauteur originaire du Brésil.
L'anacardier est une espèce spontanée, utilisée pour le
reboisement et de plus en plus cultivée pour son fruit. Ce fruit est
composé d'une noix de cajou, et d'une pomme de cajou (voir figure 2).
44
Figure 2: Fruits d'anacardier de
différentes variétés
Source ; CNRA
- La noix de cajou est un fruit akène (fruit
sec qui ne s'ouvre pas, mais se détache entièrement de la plante
mère) qui atteint son plein développement en un mois environ.
D'une dimension de trois à cinq centimètres, de couleur grise et
brunâtre, elle est constituée d'un péricarpe dont la partie
intérieure est très dure et la partie extérieure,
spongieuse. Entre ces deux structures, on découvre une partie plus molle
en nid d'abeilles contenant un liquide visqueux brun foncé qui rend
assez difficile l'extraction ultérieure de la noix du fait de sa
toxicité et de sa haute causticité. Cette substance est notamment
utilisée dans des applications d'ordre industriel telles que la
fabrication d'éléments de frictions de freins, d'embrayages,
comme matériaux isolant et imperméable dans l'aviation ou comme
intrant dans des peintures, des vernis, voire dans l'industrie du plastique.
45
En Asie, elle est utilisée pour la fabrication d'encre
indélébile. La noix de cajou est une graine oléagineuse.
Elle renferme environ une huile qui après traitement est assez proche de
celle de l'amande douce. Cette seconde huile est, en effet, principalement
destinée à la pharmacologie et à l'industrie des
cosmétiques du fait de son prix de revient assez élevé
(Lacroix, 2003).
A l'intérieur de la noix, adhérant fortement
à la coque, se trouve le vrai fruit. C'est une amande réniforme
dont la dimension varie entre deux et trois centimètres selon les
catégories, elle est blanchâtre et offre une saveur
agréable. Elle peut être utilisée nature, grillée et
salée, en cuisine ou en confiserie dans l'industrie chocolatière
par exemple. (voir figure 3)
Figure 3 : amandes grillées
Source : CNRA
- La pomme de cajou (ou faux fruit de
l'anacardier) - lorsque la noix atteint sa taille définitive, le
pédoncule qui jusque là ne s'était pas
développé, grossit rapidement pour prendre la forme d'une poire
de cinq à dix centimètres de longueur et d'une couleur pouvant
s'étaler du jaune vif au rouge écarlate selon la
variété. «Ce fruit est également comestible, sa
chair
46
est acidulée et sa saveur aigre-douce. Il
possède de grandes qualités antiscorbutiques en raison de sa
teneur en vitamine C qui est environ cinq à neuf fois plus
élevée que celle d'une orange. On peut aussi le transformer pour
obtenir des confitures, des gelées ou des compotes, le presser pour
donner un jus sucré, parfumé, dont la macération ou la
distillation permettra de tirer du vinaigre, du vin ou de l'alcool) »
(Lacroix, 2003, Id).
3-Technique culturale
Les variétés d'anacarde cultivées en
Côte d'Ivoire ne sont pas clairement identifiées. Il s'agit dans
la quasi-totalité des cas de variétés
non-améliorées. La sélection des semences d'anacarde est
très majoritairement faite par les agriculteurs eux même à
partir de noix qu'ils ont produites. Ils choisissent leurs noix principalement
en fonction de la taille et de l'aspect visuel. Les producteurs ont une
tendance générale à planter de grandes densités
d'anacardiers de façon à limiter l'enherbement du sous-bois. En
serrant les arbres, ils créent un épais feuillage qui ne laisse
passer que peu de lumière et limite la croissance d'adventices et en
conséquence le travail d'entretien du verger. Cette pratique a le
désavantage de limiter fortement les rendements à l'hectare car
elle réduit la surface foliaire productive et la croissance des racines
de chaque arbre.
Cependant, de plus en plus de producteurs procèdent
à l'éclaircissement de leurs vergers au fur et à mesure de
la croissance des arbres en abattant les moins productifs. On peut estimer que
cette bonne pratique est en train de se diffuser rapidement, notamment parmi
les jeunes planteurs, bien qu'elle reste encore trop modérée au
niveau du nombre d'arbre abattus. De façon comparable la grande
majorité des producteurs semble être consciente de l'importance de
ramasser les noix tombées au sol
47
de façon régulière. Mais la
qualité n'ayant pas d'impact direct sur le prix d'achat bord-champ, dans
la pratique très peu de producteurs assurent un passage tous les deux
jours. Cela serait nécessaire pour une meilleure préservation de
la qualité.
Les feux de brousse sont l'une des principales menaces qui
pèsent sur les parcelles d'anacarde. On peut estimer que chaque
année ce sont plusieurs milliers d'hectares de vergers qui partent en
fumée. La construction de pare-feux autour des parcelles reste
très limitée, là encore en raison de la charges de travail
qu'elle représente. Très peu d'intrants sont utilisés pour
cultiver l'anacarde. Seule une petite partie des producteurs utilise des
insecticides. L'utilité et la rentabilité économique de
l'usage de produits phytosanitaires sont d'ailleurs jugées très
faibles par la majorité des spécialistes de la filière.
4-La culture de la noix de cajou
L'anacardier, rappelons-le a été introduit en
Côte d'Ivoire pour le reboisement et pour lutter contre l'érosion.
Aujourd'hui, les plantations couvrent toutes les régions centre et nord
du pays. Par vagues successives, ces populations adoptent la culture de
l'anacardier.
Les populations ont adopté cette culture pérenne
pour un intérêt particulier, celui lié aux revenus, dans la
mesure où les revenus tirés de celle-ci leur permettent de faire
face à certains besoins essentiels.
L'adoption de cette culture est aussi liée au fait
qu'elle nécessite très peu de moyens financiers que physiques par
rapport à d'autres cultures comme celles du café, cacao et de
l'hévéa.
48
5-Techniques de récolte
L'anacardier commence à produire des fruits à
partir de la troisième ou la quatrième année. La
production devient abondante à partir de la sixième ou
septième année. La noix se développe avant la pomme et
atteint pratiquement sa taille maximale, puis le pédoncule du fruit
grossit et devient la pomme. Le fruit tombe de l'arbre lorsque la pomme a
atteint sa pleine maturité et prend la couleur caractéristique
rouge, violet, orange ou jaune, selon la variété. Il est
conseillé de ramasser les noix sous l'arbre chaque jour pour les
préserver des parasites du sol, des insectes ou de l'ingestion par le
bétail. Ce qui n'est pas très souvent le cas, car parfois elles
vont quelques jours avant d'être ramassées.
Lorsque la pomme doit aussi être valorisée, il
faut éviter de la
ramasser au sol. Dans ce cas, attendre qu'elle soit bien
mûre sur l'arbre. Détacher le fruit de l'arbre par une petite
secousse et séparer la pomme de la noix par une simple torsion.
6-Stockage et qualité des noix
La plupart des producteurs semblent conscients de l'importance
de la qualité mais ne sont pas capables de l'estimer et n'ont pas les
moyens de la préserver correctement. Ils observent juste une
différence entre un "premier choix" en début de campagne et un
"deuxième choix" en fin de campagne due à l'arrivée des
pluies qui dégradent les noix. Le temps de séchage de trois jours
recommandé pour les noix fraichement ramassées n'est que rarement
respecté et les conditions de conservation restent très
précaires. Les sacs en jute nécessaires à un bon stockage
ont un coût trop élevé pour les producteurs qui stockent
l'anacarde dans des paniers ou des sacs en plastique. Au mieux certains
producteurs, conscients de la nécessité de ne
49
pas laisser pourrir les noix lorsqu'ils les stockent plusieurs
jours, perforent leurs sacs en plastique.
Dans la majorité des cas les producteurs n'ont qu'une
faible capacité de stockage, à l'intérieur de leurs
habitations, et n'ont pas tendance à stocker plus de quelques semaines.
Ils se focalisent sur le risque qu'à partir d'avril la baisse de la
qualité se répercute sur les prix. Cependant, lorsque les prix
proposés sont estimés trop bas pour couvrir les coûts de
production, comme cela est régulièrement le cas, beaucoup de
producteurs qui ont eu recours à une main d'oeuvre salariée
stockent une partie de leur production en espérant une montée des
prix en fin de campagne et dans le cas où elle n'interviendrait pas
stockent jusqu'à la campagne suivante. Une grande partie des producteurs
vend sa production en remplissant directement des sacs amenés par les
pisteurs.
50
CHAPITRE II : ORGANISATION ET EVOLUTION DE LA
FILIÈRE ANACARDE EN COTE D'IVOIRE
1- Organisation de la filière
C'est en 1960 que la culture de l'anacarde fait son
entrée en Côte d'Ivoire; avec la réalisation des
premières plantations administratives. Environ 8.000 hectares
d'anacardiers sont alors encadrés par la SATMACI (Société
d'assistance et de modernisation de l'agriculture). Puis, à partir de
1972 par la SODEFOR (Société de développement des
forêts) qui est allée au-delà des objectifs de protection
et de reboisement qui lui a été assignés. La même
année est créée la SOVANORD (Société de
valorisation de l'anacarde du nord) pour en assurer la commercialisation. Puis,
suit la création de l'AICI (Anacarde Industrie Côte d'Ivoire) pour
le décorticage. Ces structures n'ont malheureusement pu sortir
l'anacarde de l'ombre. Elles disparaîtront donc à partir des
années 80. Alors même que la culture de l'anacarde, avait
déjà gagné le coeur des paysans.
C'est à partir des années 90, que la culture de
l'anacardier commence à prendre véritablement racine dans les
régions des savanes du nord. Ces dernières années, elle a
atteint les régions des savanes du centre de la Côte d'Ivoire;
où elle est en passe de devenir une culture de sédentarisation
des populations jadis promptes à migrer vers les régions de
forêts pour la culture du cacao et du café. Sur plan
organisationnel, la culture de l'anacarde est une filière jeune. Ce
n'est qu'à partir de 2000 que les pouvoirs publics ont
véritablement commencé à s'intéresser à son
organisation. En ce qui concerne l'après 2000, nous le verrons dans la
partie qui suit.
51
2- Production et évolution de l'anacarde
Aujourd'hui, la Côte d'Ivoire occupe une place
stratégique dans la production mondiale de la noix de cajou.
Classé à « la 3ème place en 2007, elle est
passée au 2eme rang mondial en 2012, avec près de
500.000 tonnes produites » (Gbangbo, 2014).
2-1 Evolution de la production nationale de 2000 à
2014
L'enquête de terrain, la recherche documentaire et la
revue des statistiques à jour ont montré une insuffisance sur les
données de la production des noix de cajou dans toutes les
régions où il existe des potentialités. Il n'y a aucune
institution qui récence des informations exactes sur ce sujet.
Toutefois, deux méthodes d'estimations peuvent être
appliquées afin d'aboutir au volume de la production nationale. Soit
à travers les données statistiques des exportations, auxquelles
s'ajoute un certain pourcentage représentant la consommation locale et
les contrebandes ou exportations illégales. Selon une mission
d'information de l'ex- ARECA qui a eu lieu dans les zones de productions, en
2012 près de 100.000 tonnes ont été escortées vers
le Ghana. Cela s'est produit parce que les producteurs ont trouvé un
meilleur prix d'achat bord-champ au Ghana. Ainsi pour les statistiques de la
production, nous avons retenu les données suivantes (tableau I).
52
Tableau I: Quantités de production des
noix de cajou de 2001 à 2014.
Années
|
Production (tonne)
|
2001
|
87573
|
2002
|
104984
|
2003
|
84830
|
2004
|
167000
|
2005
|
185000
|
2006
|
235000
|
2007
|
280000
|
2008
|
330000
|
2009
|
350000
|
2010
|
380000
|
2011
|
400000
|
2012
|
450000
|
2013
|
Non déclaré
|
2014
|
500000
|
Source : ARECA.
53
De 1990 à 2008, la production nationale a
augmentée de 323.599 tonnes, soit un peu plus de 51,55%. Le tableau
montre que la production nationale a connue une évolution importante de
2001 (87.573 tonnes) à 2002 (104.984 tonnes) avec une baisse
considérable en 2003 soit 84830 tonnes. Cela est en majeure partie
dû à la crise militaro-politique de 2002. Malgré la crise
que traverse le pays, on constate que de 2004 à 2008, la production a
augmenté considérable et continue d'augmenter sans cesse. De
167.000 tonnes en 2004 à 450.000 tonnes pour l'année 2012. Cela
montre également que les populations adoptent progressivement la culture
de l'anacarde positionnant ainsi, la Côte d'Ivoire au
2ème rang mondial de producteur d'anacarde depuis 2012 avec
près de 450.000 tonnes. Aujourd'hui, la production a atteint 500000
tonnes.
2-2 Analyse des exportations des noix de cajou
Comme pour la production, l'évolution des exportations
a été très forte ces dernières années. De
1990 à 2014, le taux d'exportation nationale de noix brutes s'est
multiplié par 54,31% en 22 années, avec 6,401 tonnes en 1990 et
500.000 tonnes en 2014. L'évolution des exportations des 14
dernières années sont dans le (tableau II).
54
Tableau II: Evolution des exportations de la
noix de cajou de 2000 à 2014.
Années
|
Exportation de noix (tonne)
|
Evolution (en %)
|
2000
|
61696
|
-15%
|
2001
|
85111
|
-38%
|
2002
|
103980
|
20%
|
2003
|
84740
|
-19%
|
2004
|
140643
|
66%
|
2005
|
167000
|
17%
|
2006
|
210240
|
20%
|
2007
|
250000
|
19%
|
2008
|
312000
|
24%
|
2009
|
340000
|
27%
|
2010
|
350000
|
28%
|
2011
|
176195
|
-15%
|
2012
|
430000
|
37%
|
2013
|
Non déclaré
|
|
2014
|
Non déclaré
|
|
Source: ARECA
55
L'observation du tableau montre que depuis 2004, les
exportations de noix n'ont cessé d'augmenter. De 2004 à 2010 les
exportations ont évolué de plus de 200%. Cette augmentation
dépend de la superficie accordée à sa culture et à
la capacité de production de l'anacarde. En 2011, la réduction
des exportations s'explique par la crise postélectorale. Depuis 2012, la
Côte d'Ivoire est le 1er exportateur mondial de noix brute de
cajou. Ainsi la filière anacarde joue un rôle de plus en
plus important dans l'économie de la Côte d'Ivoire. Ces
résultats peuvent être considérés aujourd'hui comme
remarquables contrairement à ceux obtenus il y a quelques années.
Mais compte tenu des difficultés que connaît l'exportation
exclusive de la noix brute, il est impératif d'amorcer la phase de la
transformation.
2-3 Les entreprises nationales de transformation
Utilisée au début à des fins de
reboisement, cette plante va se démarquer de son rôle
écologique pour épouser le statut de culture de rente au plan
socio-économique. Ainsi, il s'est avéré nécessaire
la mise en place d'instituts, de recherches comme l'institut de recherches des
fruits et agrumes (IRFA), les structures de développement de
façon générale. «La société de
valorisation de l'anacardier du Nord (SOVANORD) créée en Mars
1972 et l'Anacarde Industrie de Côte d'Ivoire (AICI) en Novembre 1976
avait pour tâche de transformer la noix de cajou en amande, afin de
l'exporter directement sur les marchés Européens » (Tuo,
2009).
Avec des objectifs de développement, quelques
unités industrielles se sont installées en Côte d'Ivoire
afin de procéder à la transformation de la noix entre autre
SODIRO, CAJOU-CI, AFRECO, toutes ces initiatives se sont soldées par des
échecs. Malgré la situation de crise qu'a traversé la
Côte
56
d'Ivoire, force est de constater que le processus de
transformation connaît tant bien que mal un progrès, mais reste
toujours négligeable face à l'évolution de la production.
Pour l'année 2008, nous avons enregistré 3 grandes
sociétés de transformation et deux coopératives
transformatrices (Tableaux III)
Tableau III: Sociétés et
coopératives de transformation en 2008.
Sociétés et
coopératives de
transformation
|
Capacité potentielle
(tonne)
|
Quantité transformée
de noix brute en (tonne)
|
Olam Ivoire
|
5000
|
3909
|
SITA
|
2500
|
1473,347
|
Cajou de Fassou
|
1500
|
55
|
COOPABO
|
285
|
90
|
COOGES
|
4000
|
100
|
Source: ARECA
Les tableaux III montre qu'aucune société ni
coopérative n'a pu transformer la capacité potentielle dont elle
est capable. Cela est dû à un certain nombre de problèmes
parmi lesquels on peut citer le manque de moyen financier pour employer le
personnel nécessaire auquel on peut ajouter le manque de matériel
de pointe. Au titre de l'année 2014, le processus de transformation a
connu une évolution considérable avec le nombre d'unités
de décorticage qui s'est vu accroître (tableau IV).
57
Tableau IV : Evolution du nombre d'usines et
d'unités de décorticage
nom
|
Capacité (tonnes)
|
Localisation
|
Olam Ivoire
|
5000
|
Abidjan
|
COOGES
|
4000
|
Sépingo
|
PAMO
|
2500
|
Bondoukou
|
SITA
|
2000
|
Odienné
|
Cajou de Fassou
|
1500
|
Yamoussoukro
|
COOPRAG
|
300
|
Katiola
|
RAMOF Cajou
|
300
|
Bouaké
|
SARAYA
|
300
|
Bouaké
|
COOPABO
|
100
|
Bondoukou
|
VTRAD
|
Essai
|
Tieningboué
|
Chiongagnigui
|
,, ,,
|
Karakoro
|
COSEME
|
,, ,,
|
Odienné
|
Klognomo
|
,, ,,
|
`' Ferké
|
Anacarde Doré
|
,, ,,
|
Kouassi
Kouassikro
|
Source : ARECA
58
Le nombre d'usines de transformation et d'unités de
décorticage s'est accru grâce à certaines
coopératives qui ont vu le jour et aussi avec l'appui de certains
organismes non gouvernementaux qui ont apporté aide et assistance
à des coopératives de producteurs.
2-4 Analyse des exportations des amandes
Après les premières tentatives de
transformations qui se sont soldées par des échecs, c'est
véritablement en 1997 que la Côte d'Ivoire a repris le processus
de transformation. Aussi faible qu'elle soit, elle mérite un
encouragement au vu de son évolution ces dernières années.
Le tableau V montre l'évolution des exportations d'amandes de cajou.
59
Tableau V: Evolution des exportations des
amandes de cajou de 2000 à 2014.
Années
|
Amandes exportée
(tonne)
|
Evolution (en %)
|
2000
|
353,35
|
-52%
|
2001
|
517,05
|
46%
|
2002
|
210,77
|
-59%
|
2003
|
18,94
|
-1012%
|
2004
|
7,16
|
-62%
|
2005
|
133
|
1757%
|
2006
|
457
|
231%
|
2007
|
1139,67
|
150%
|
2008
|
Non déclarée
|
-
|
2009
|
Non déclaré
|
-
|
2010
|
1406,12
|
185%
|
2011
|
2291
|
301%
|
2012 à 2014
|
Non déclaré
|
-
|
Source : ARECA
60
En 2003, la production d'amande a baissé
considérablement, soit de - 1012%. Cette baisse est la
conséquence directe de la crise militaro-politique de 2002 avec pour
corollaire la délocalisation voire la fermeture de certaines
entreprises. C'est seulement à partir de 2005 que la production d'amande
va connaître une autre évolution avec un dénouement de la
crise qui s'annonçait.
CHAPITRE III : CARACTERISTIQUES GENERALE DE LA REGION
D'ETUDE
I-Présentation de la région
d'étude
La région du Gontougo, cadre où se déroule
notre étude est située au nord-est de la Côte d'Ivoire. Ses
limites géographiques correspondent aux limites administratives
suivantes (voir figure 4)
- Au nord par la région du Boukani (avec le
département de Bouna),
- Au sud par la région de l'Idenié -Djuablin (avec
le département d'Agnibilekro),
- A l'ouest par la région d'Iffou (avec le
département de Prikro) et la région du Hambol (avec le
département de Dabakala)
- A l'est par le Ghana.
Actuellement, elle comprend cinq (5) départements et dix
huit (18) sous préfectures dont :
-Département de Bondoukou (S/P de Bondoukou, Appimadoum,
Pinda-Boroko, Bondo Laoudi Ba, Sapli-Sepingo,Taoudi,yezimala, Goumeré et
Tabagne, Sorobango et Tagadi)
-Département de Koun Fao (S/P koun Fao, Boahia,
kouassi-Datékro, Kokomian, Tankessé et Tienkoikro)
-Département de Sandegué (S/P Bandakagni-Tomora,
Diamandougou, Sandegué, et Yorobodi),
61
- Département de Tanda (S/P Amanvi, Diamba, Tanda, et
Tchedio)
62
-Département de Transua (S/P Assuefry, Kouassia-Niaguini
et Transua)
Cependant pour les besoins de notre étude, nous sommes
limités au département de Koun Fao qui se situe dans la partie
sud de la Région du Gontougo (voir Figure 5)
63
Figure 4 : Carte du GONTOUGO
Source : Mairie de Koun-Fao
Figure 5 : Carte de Koun-Fao
64
Source : Mairie de Koun-Fao
65
I-1 Hydrographie
Le principal cours d'eau de la région est le fleuve
Comoé à l'est. La Comoé prend sa source au Burkina Faso au
nord de la Côte d'Ivoire, dans la région de Banfora. C'est le plus
long fleuve de Côte d'Ivoire (1160 km). Il n'a pas d'affluents
importants, ses crues très modestes à cause de son bassin
allongé et relativement peu arrosé.
A ce cours d'eau, il faut ajouter un réseau de petits
cours d'eau généralement saisonniers
I-2 Climat
Il existe quatre (4) saisons : une grande saison des pluies de
mars en juin suivie d'une petite saison sèche de juillet en août ;
puis la petite saison pluvieuse de septembre en octobre suivie d'une grande
saison sèche de novembre en février.
En outre, signalons que les dates de début et de fin
des saisons varient d'une année à une autre en fonction des
localités, rendant les généralisations assez
risquées. Par ailleurs, la température est assez
élevée et relativement constante durant l'année.
I-3 Végétation
La région se caractérise essentiellement par une
zone de savane dans sa partie nord et une zone pré-forestière
dans sa partie sud.
La zone de savane couvre la grande partie de la région.
Elle se caractérise par des savanes arborées et arbustives avec
une dominance de rôniers à Bondoukou. Du fait des feux de brousse
et de la sécheresse de plus en plus marquée, on assiste à
une avancée de la savane.
La zone pré-forestière est largement
perturbée par les exploitations
66
forestières et les activités agricoles. Il en
résulte une végétation dominée par des
jachères et des forêts secondaires (sorte de forêts
où il y a peu de liane, de feuillage, où les arbres ne
dépassent guère de 15 à 20 mètres de haut).
I-4 Peuplement
La commune de Koun Fao est majoritairement peuplée
d'autochtones Agni et Abron venus vers la fin du 18ème
siècle du Ghana et d'allochtones Koulango. Ces peuples ont
conservé, malgré les influences extérieures, les traits
fondamentaux de leur civilisation : système matrilinéaire,
importance de l'or etc. A ces trois ethnies, il faut ajouter une forte colonie
d'immigrants venus des autres pays de la CEDEAO dont des burkinabés et
des maliens.
Ces immigrants ont été attirés dans la
région par les cultures pérennes (café et cacao) à
l'époque où la commune était praticable à ces deux
cultures. En raison de la raréfaction des terres propices au café
et au cacao et de la dégradation des conditions agro-climatiques, cette
immigration s'est ralentie. Par ailleurs, ces facteurs provoquent
également le départ massif des populations vers les zones
forestières du sud et de l'ouest de la Côte d'Ivoire.
I-5 Cultures pratiquées
Cultures vivrières : Dans toute la
commune, l'alimentation repose fondamentalement sur l'igname (pour les Koulango
et les Abron) et sur le plantain (pour les Agni), le taro et le manioc
constituent les principaux aliments de soudure traditionnels. Toutefois
à cause des aléas agro-climatiques, certaines de ces cultures ont
connu un recul. Parallèlement, le maïs occupe une place de plus en
plus importante dans l'alimentation des populations.
67
Cultures légumineuses : Jadis
produites en petites quantités, soit en association avec d'autres
cultures, soit sur une petite parcelle contigüe au champ principal, les
légumineuses sont demeurées sous la responsabilité
exclusive des femmes jusqu'à une époque récente.
Actuellement, force est de reconnaître que les hommes s'y
intéressent de plus en plus. Aussi observe t-on des champs purs de
gombo, de piment, d'aubergine, de tomate, de gingembre et d'arachide.
Malgré des prix non garantis aux producteurs, les cultures
légumières deviennent globalement une source de revenus assez
sure pour les populations.
Culture industrielles : Jadis, la
prospérité de cette commune reposait essentiellement sur la
production et la commercialisation du café et du cacao. Toutefois, la
production de ces cultures de base est en baisse dans la commune à cause
de la dégradation des forêts. Aujourd'hui la commercialisation de
la noix de cajou domine toute les autres cultures.
Fruitiers : Bien que la commune paraisse
propice aux cultures fruitières, celles-ci font l'objet de plantations
pures que de façon exceptionnelle. On rencontre dans la plupart des
plantations des pieds d'orangers, de
mandariniers, de pamplemoussiers, de colatiers, d'avocatiers
et de manguiers.
II-Caractéristiques socio-économiques
Du fait de la détérioration des sources
traditionnelles de revenu que sont le café et le cacao, la commune
présente un certain nombre de caractéristiques
socio-économiques dont certains traits font l'objet de notre
attention.
68
II-1 Situation foncière
Comme dans toute la région, les populations de la commune
exercent un droit coutumier sur les terres de leurs villages. Ainsi, à
l'exception des terres faisant partie du domaine de l'Etat, toutes les terres
sont la propriété de groupes sociaux locaux. Elles peuvent
être accordées à toute personne étrangère qui
en fait la demande. Même si elle est dite gratuite, cette cession
engendre de plus en plus d'importants frais indirects (cadeaux,
récoltes....). Dans cette partie du territoire national, il y a peu de
«problème de terre» même si on en rencontre ça et
là, marqué par des conflits entre propriétaires terriens.
La vente de terre prend de plus en plus de l'ampleur.
II-2 Migration et exode rural
Face à la détérioration des conditions
agro-écologiques défavorables au café et au cacao, les
paysans ont à choisir entre deux positions fondamentales:
-rester sur place et s'adapter à d'autres cultures,
-aller vers d'autres horizons où il est encore possible
de produire du café et du cacao.
Devant un choix si délicat, les jeunes beaucoup plus
aptes à l'aventure, choisissent souvent la deuxième solution soit
de façon saisonnière, soit de façon définitive
abandonnant sur place les vielles personnes dont la capacité
d'adaptation à d'autres cultures laisse à désirer.
. Conclusion partielle.
Comme on peut le remarquer, la culture de l'anacardier est une
pratique agricole qui a été massivement adoptée par les
paysans sans un réel appui technique parce qu'elle permet, non seulement
d'améliorer la condition
69
socioéconomique, mais aussi de se constituer un patrimoine
familial durable.
Aujourd'hui, la filière regorge un certain nombre de
performance lesquelles on devrait tirer un meilleur profit en la
réorganisant. Cette réorganisation qui doit prendre en compte,
l'enseignement des techniques culturales et d'entretien gratuit aux
producteurs, la bonne gestion de la filière et une meilleure
collaboration de la classe dirigeante. Aujourd'hui, on parle de plus en plus
développement participatif, ceci dit, les paysans doivent
eux-mêmes prendre conscience de la situation.
Après avoir traité de la deuxième partie
de cette étude, notamment la présentation de la filière
anacarde, l'évolution et l'organisation de la filière anacarde
ainsi que la présentation de la zone d'étude, il s'avère
primordial d'aborder la troisième et dernière grande partie de ce
travail, qui est l'analyse des données d'enquêtes. A cet effet,
nous commencerons par la présentation des caractéristiques
sociodémographiques des enquêtés, ensuite la contribution
de la noix de cajou à la lutte contre la pauvreté, enfin, les
facteurs justifiant l'instabilité du prix d'achat ainsi que les
perspectives
CONTRIBUTION DE LA NOIX DE
CAJOU A LA LUTTE CONTRE LA
TROISIEME PARTIE :
70
71
CHAPITRE I: CARACTERISTIQUES SOCIOLOGIQUUES DES
ENQUETES
1-Sexe et âge
Tableau VI : Répartition des
enquêtés selon le sexe et l'âge
Masculin
|
|
|
|
100 (42)
|
Feminin
|
|
26,2 (11)
|
73,8 (31)
|
100 (10)
|
TOTAL
|
|
20,0 ( 2)
|
80,0 ( 8)
|
100 (52)
|
|
|
25,0 (13)
|
75,0 (39)
|
|
Sexe
TOTAL
Source : données
d'enquête
Sur les 52 enquêtes, nous avons 42 hommes et 12 femmes.
En ce qui concerne la tranche d'âge où l'on observe l'effectif le
plus élevé, c'est celle de plus de 30 ans avec 31 hommes et 8
femmes soit un total de 39 (soit 75%)
Nos enquêtés dans leur majeure partie sont
adultes, car trois (3) personnes sur quatre (4) ont plus de 30 ans. Ce qui
signifie que les personnes adultes ne sont pas réfractaires à la
culture de la noix de cajou. Toutefois cet état de fait observé
au sein de cette population pourrait se justifier par le déplacement des
plus jeunes vers les villes ; soit pour des raisons de scolarité, soit
pour recherche d'un bien être qu'ils ne pensent pas trouver sur place ;
soit se sont déplacés vers des zones plus favorables à la
culture du café et du cacao.
Dans cette société, les cultures industrielles
étaient le propre des hommes ; et les cultures vivrières le
propre des femmes. Cependant, nous avons observé au sein de notre
population une présence féminine avec un taux de 10%, soit une
personne sur 10 (1/10) de la population productrice de la noix de cajou est
féminine. Ainsi pouvons-nous souligner une évolution dans la
division sociale du travail. A cet effet, le faible taux des femmes
72
observé pourrait se justifier par le fait que la noix
de cajou se conçoit comme une culture d'exportation et donc masculine.
Aussi, ce taux serait lié au mode d'accès des femmes à la
terre.
2-Niveau d'instruction nombre d'enfants en charge
Tableau VII : Répartition des
enquêtes en fonction de leur niveau d'instruction et du nombre de
personnes en charge
Niveau d'instruction
Nombre de personnes en charge
|
Analphabèt
|
Primaire
|
Secondaire
|
Supérieur
|
|
Autre
|
|
TOTAL
|
|
Moins de 5
|
51,9
|
(14)
|
18,5
|
( 5)
|
14,8 (
|
4)
|
0,0 (
|
0)
|
14,8 (
|
4)
|
100
|
(27)
|
De 5 à 10
|
47,1
|
( 8)
|
23,5
|
( 4)
|
17,7 (
|
3)
|
5,9 (
|
1)
|
5,9 (
|
1)
|
100
|
(17)
|
Plus de 10
|
62,5
|
( 5)
|
25,0
|
( 2)
|
12,5 (
|
1)
|
0,0 (
|
0)
|
0,0 (
|
0)
|
100
|
( 8)
|
TOTAL
|
51,9
|
(27)
|
21,2
|
(11)
|
15,4 (
|
8)
|
1,9 (
|
1)
|
9,6 (
|
5)
|
100
|
(52)
|
|
Source : données
d'enquête
La lecture du tableau nous donne les données suivantes
:
- 51,9% (27) des enquêtés disent avoir moins de 5
personnes en charge, soit, qui se repartissent comme suit : 51,9%
d'analphabètes (14), 18,5% (5) de niveau primaire, 14,8% (4) de niveau
secondaire et 14,8% (4) personnes ayant fait l'école confessionnelle
islamique et l'alphabétisation ;
- sur 32,7% (17) enquêtés ayant 5 à 10
personnes en charge, nous avons 47,1% (8) d'analphabètes, 23,5% (4) qui
ont fait le primaire, 17,7% (3) ont le secondaire et une personne pour le
supérieur ;
-Sur les 8 personnes affirmant avoir plus de 10 personnes en
charge, soit 15,4% nous avons 62,5% ( 5) analphabètes, 25% (2) du
primaire et 12,5 (1) du secondaire.
73
Autrement dit, près d'une personne sur deux de nos
enquêtés sont analphabètes, tandis qu'au fur et mesure que
le niveau augmente, les proportions diminuent.
Au regard de ces chiffres, nous pouvons dire que le niveau
d'instruction influence dans une certaine mesure le nombre de personnes et le
nombre d'enfants en charge. Autrement dit, les analphabètes font plus
d'enfants, sans doute du fait des travaux champêtres qui
nécessitent une main d'oeuvre abondante. Notons également que
dans ces sociétés, les enfants sont signe de richesse et de
prestige. Aussi, le faible taux d'enfants observés au niveau de ceux
ayant fait le primaire et le secondaire se justifie par la connaissance de
certaines méthodes contraceptives.
Les étrangers servaient de main d'oeuvre dans la
région, cependant du fait de la situation qui prévalait qui
n'était pas, plus propice aux cultures de rente (café et cacao),
alors ceux-ci (les étrangers) ont migré pour la plupart.
Toutefois, ceux restés sur place travaillent pour eux-mêmes, sur
des terres qui leur avaient été léguées par leur
tuteur en vue de produire ce dont ils avaient besoin afin de leur éviter
une trop grande dépendance. Vu cet état de fait, l'on assiste
à une perte de la main d'oeuvre étrangère. Ce qui
constitue un facteur justifiant le fait que les populations analphabètes
aient beaucoup d'enfants à charge afin de disposer de main d'oeuvre.
74
3-Situation matrimoniale
Tableau VIII : Répartition des
enquêtés en fonction de leur situation
matrimoniale
|
|
|
|
|
83,3 (10)
|
16,7 ( 2)
|
|
|
88,6 (31)
|
11,4 ( 4)
|
|
|
0,0 ( 0)
|
0,0 ( 0)
|
|
|
20,0 ( 1)
|
80,0 ( 4)
|
|
Sexe
|
Masculin
0,0 ( 0)
|
Feminin
0,0 ( 0)
|
|
|
80,8 (42)
|
19,2 (10)
|
|
Situation matrimonial
TOTAL
Célibataire
100 (12)
Marié(e)
100 (35)
Divorcé(e)
0,0 (
0)
Veuf(ve)
100 (
5)
Autre
0,0 (
0)
TOTAL
100 (52)
Source : données
d'enquête
Le tableau révèle que sur les 52
enquêtés, les 42 de sexe masculin se
repartissent comme suit : 31mariés soit (67,30%) ; 10
célibataires soit
23,07%, et un veuf soit 2%. En ce qui concerne les femmes, au
nombre de
10, elles se repartissent comme suit : 4 mariées, 2
célibataires et 4 veuves.
IL ressort de ce fait, que la plupart de nos
enquêtés de sexe masculin
sont mariés soit près de 70%. Ce qui souligne qu'en
milieu rural les hommes
sont portés à vivre en couples, pour non seulement
se procréer, mais aussi
disposer de force productive ou de force de travail ( main
d'oeuvres) pour
leurs activités agricoles.
Notons toutefois, que les femmes qui s'adonnent à cette
activité (la noix
de cajou) sont de statuts différents. Ce qui souligne le
fait que les femmes
dans leur ensemble ne sont pas réfractaires aux cultures
industrielles ; et
peuvent de ce fait entreprendre les mêmes activités
que les hommes. Ainsi,
nous observons une évolution au niveau du rôle de la
femme. Elles se
révèlent être un groupe cible, sur lequel
l'on peut compter pour entreprendre
des actions de développement en milieu rural. La faible
présence des
75
célibataires atteste du fait que la région
n'étant plus propice aux activités ou cultures pérennes
que sont le café et le cacao donc la plupart des jeunes auraient
migré.
76
CHAPITRE II : CONTRIBUTION DE LA
COMMERCIALISATION DE LA NOIX DE CAJOU A LA LUTTE CONTRE LA PAUVRETE
1- La pertinence de la filière pour le
développement agricole de la Côte d'Ivoire et la lutte contre la
pauvreté
Il convient en guise de préambule de rappeler
l'importance de la noix de cajou pour la Côte d'Ivoire et du rôle
moteur qu'elle joue dans le développement rural des différentes
régions où les vergers d'anacardiers sont présents :
l'arbre génère des revenus pour les populations rurales et
représente un facteur de lutte contre la pauvreté. L'anacardier
est cultivé dans les régions du Nord, du Nord Ouest et du Nord
Est de la Côte d'Ivoire où il constitue la principale culture de
rente.
La production est passée de 6 300 tonnes en 1990
à 400 000 tonnes en 2010 et à 500 000 tonnes aujourd'hui. La
Côte d'Ivoire est le premier exportateur mondial de noix brute de cajou
(Gbangbo, 2014).
La valeur des exportations de noix de cajou (ou anacarde) est
estimée en 2010 à environ 120 milliards de FCFA, ce qui en fait
le troisième plus important produit de base d'exportation après
le cacao et le caoutchouc, et avant l'huile de palme, le café et le
coton.
La noix de cajou est d'une importance encore plus cruciale
lorsqu'elle est considérée dans un contexte régional et de
réduction de la pauvreté. Il est devenu la plus importante source
de revenu monétaire en milieu rural dans les zones productrices. Selon
une étude récente de la Banque mondiale publiée en 2011,
les recettes brutes des planteurs sont estimées à environ 34
milliards de FCFA, soit un montant supérieur à celui du coton, la
culture de rente traditionnelle du Nord.
77
Les productions restent toutefois très
complémentaires comme le souligne très bien l'étude
réalisée par l'AFD qui paraphrase comme suit les propos tenus par
les paysans : « l'anacarde nous apporte le cash et le coton nous donne
l'engrais. » (AFD, 2010, P.71)
En outre, il existe des différences zonales dans les
systèmes de production de l'anacarde qui résultent de la
présence antérieure d'autres cultures de rentes et de la
disponibilité de la terre.
Le verger d'anacardiers concerne environ 250 000 planteurs
(subvenant aux besoins de plus de 2,5 millions de personnes), qui sont en
grande majorité de petits exploitants dont les systèmes
d'exploitation et les caractéristiques du verger gagneraient à
être mieux connus (Op.cit, 2014) La production de noix de cajou a connu
un développement soutenu au cours des dix dernières années
(plus de 20% par an) et les perspectives de croissance à l'avenir sont
très positives.
2-L'apport économique
L'analyse du développement de la Côte d'Ivoire,
surtout au niveau agricole montre que le choix de stratégie d'ensemble
du développement s'est longtemps inscrit dans une stratégie de
mise en valeur coloniale. En ayant opté pour un système
capitaliste en milieu rural l'on observe une préférence pour les
cultures de rente ou pérennes qu'aux cultures vivrières
intensives. Cette attitude se justifie par le fait que `'le capital
étranger» n'est pas intéressé par un
développement autocentré.
Ainsi, l'adoption de ce système a permis au monde
paysan de disposer de ressources ou de capitaux importants. Ce qui a pour effet
ou pour conséquence de faire face à certains besoins familiaux et
bouleversant ainsi le concept de richesse.
78
En milieu rural traditionnel, deux conceptions de la richesse
se heurtent. L'une est rattachée au statut et se compte en Hommes
(nombre d'individus) et l'autre est associée à l'utilité
et se compte en biens (billets de banque).
Aujourd'hui, cette seconde conception de la richesse a pris
des proportions importantes au point de sur planter la première. A ce
niveau, l'acquisition de billets de banque se révèle capital.
Ainsi, la seule motivation du paysan est d'optimiser ses gains
économiques. A ce propos, les cultures à forte
potentialité commerciale ou pérennes (qui se caractérise
par la pérennité de l'occupation du sol ou par la
supériorité de leur rapport monétaire) se
révèlent adapter aux nouvelles préoccupations ou nouveaux
besoins du monde rural.
Ainsi, vu l'enjeu économique que pourrait
représenter la culture de la noix de cajou, les paysans n'ont pas eu du
mal à s'adonner à celle-ci. Elle leur permet de satisfaire
certains besoins primordiaux tout en diversifiant leurs sources de revenus.
(Voir tableau IX)
Tableau IX : Répartition des
enquêtés en fonction de la
diversification des activités.
Menez vous autre activité à part
l'agric
|
Nb.cit.
|
Fréq.
|
Oui
|
24
|
46,2%
|
Non
|
28
|
53,9%
|
TOTAL OBS.
|
52
|
100%
|
Source : données
d'enquête
A la question menez- vous une autre activité à
part l'agriculture ?
24 ont répondu par l'affirmative tandis que 28 ont
répondu par la négative. Près de la moitié des
enquêtés exercent une autre activité à part la
culture de
79
la noix de cajou soit 46,2%. Cette diversification est
liée au fait que ceux-ci ne voient pas toujours leurs efforts
couronnés de succès. Autrement dit, les efforts fournis ne sont
pas toujours proportionnels au revenu escompté.
D'autres, au nombre de 28 soit 53,9%, par contre
préfèrent se consacrer à la seule culture de la noix de
cajou dans l'optique d'obtenir un lendemain prometteur.
Ainsi, dans ce processus de diversification de leur
activité économique, certains adoptent des activités comme
le commerce, la menuiserie, la maçonnerie etc.
En ce qui concerne de la répartition des revenus voir
le tableau suivant. (Tableau X)
Tableau X : Répartition des
enquêtés en fonction de l'utilisation des revenus.
|
|
|
|
|
58,3 ( 7)
|
41,7 ( 5)
|
|
Menez vous autre activité à part
l'agric
|
Oui
30,0 ( 6)
|
Non
70,0 (14)
|
TOTAL
|
Utilisation des revenus
|
57,9 (11)
|
42,1 ( 8)
|
|
Entretien du verger
|
0,0 ( 0)
|
0,0 ( 0)
|
100 (12)
|
Nourrir la famille
|
0,0 ( 0)
|
100 ( 1)
|
100 (20)
|
Scolarisation
|
0,0 ( 0)
|
0,0 ( 0)
|
100 (19)
|
Soins de santé
|
46,2 (24)
|
53,9 (28)
|
0,0 (
0)
|
remboursement des dettes
Autre
TOTAL
Source : données
d'enquête
100 (52)
Nous retenons de ce tableau, que pour la finalité
accordée à l'utilisation de leur revenu, 20 soit 38,5% des
enquêtés affirment que leurs revenus sont dédiés
pour nourrir la famille ; 19 soit 36,5% affirment dédier leurs
revenus
80
pour la scolarisation et 12 soit 23,1% affirment dédier
leurs revenus à l'entretien du verger.
Près d'une personne sur trois (1/3) de la population
enquêtée, dédie ses revenus à nourrir la famille et
à la scolarisation des enfants. Par contre peu de personnes consacrent
leurs revenus à l'entretien du verger car les travaux effectués
occasionnent une main d'oeuvre moins importante, sans toutefois oublier que
cette main d'oeuvre n'est pas gratuite.
3-L'apport social
Comme nous l'avons souligné plus haut, il existe deux
conceptions de la richesse : le statut d'un individu se compte en hommes ;
c'est-à-dire en nombre de descendants tandis que l'autre conception
associé à l'utilité, se compte en biens. Autrement dit,
l'homme avait une grande valeur et ne pouvait en aucun cas être
comparable aux biens.
Or, nous observons un bouleversement de ces échelles de
valeurs, car aujourd'hui l'homme est placé sur les mêmes pieds
d'égalité que la richesse voire relégué en
arrière plan. En d'autres termes, aujourd'hui le statut d'un individu ne
se compte plus en hommes, mais en biens, car le statut d'une personne est
défini par son pouvoir économique. Ce pouvoir économique
permet non seulement de définir le statut d'une personne, mais
également la satisfaction de besoins fondamentaux tels que la
construction de maison en dur (l'amélioration de l'habitat), le paiement
de factures d'eau et d'électricité pour ceux qui en disposent,
l'alimentation, la scolarisation des enfants, le remboursement des dettes pour
ceux qui en contractent, l'entretien du verger ainsi les dépenses
sanitaires. En sommes, l'utilisation ou les utilisations possibles des revenus
se repartissent comme suit :
81
3-1 Les frais de scolarisation
Les frais de scolarisation occupent une place importante dans
le budget des planteurs dont les enfants sont à la fois dans le
primaire, le secondaire et le supérieur, (Fournitures scolaires, et
habillement des élèves pour ceux dont les enfants sont aux
publics) et au delà les frais de scolarités à ceux dont
les enfants ont été renvoyés des établissements
publics.
Tableau XI : Répartition des
enquêtés en fonction des dépenses scolaires.
Depenses scolaires en FCFA
Nombre de personnes en charge
|
Moinsde50000
|
|
De50000à100000De100000à200000De200000à50000Plusde500000
|
|
|
TOTAL
|
|
Moins de 5
|
51,9
|
(14)
|
33,3
|
( 9)
|
14,8
|
( 4)
|
0,0 (
|
0)
|
0,0 (
|
0)
|
100
|
(27)
|
De 5 à 10
|
17,7
|
( 3)
|
41,2
|
( 7)
|
23,5
|
( 4)
|
17,7 (
|
3)
|
0,0 (
|
0)
|
100
|
(17)
|
Plus de 10
|
25,0
|
( 2)
|
12,5
|
( 1)
|
50,0
|
( 4)
|
12,5 (
|
1)
|
0,0 (
|
0)
|
100
|
( 8)
|
TOTAL
|
36,5
|
(19)
|
32,7
|
(17)
|
23,1
|
(12)
|
7,7 (
|
4)
|
0,0 (
|
0)
|
100
|
(52)
|
|
Source : données
d'enquête
Le tableau souligne que sur les 52 enquêtés, 19
soit 36,5% dépensent moins de 50 000 ; 17 soit 32,7% dépensent
entre 50 000 et 100 000 ; 12 soit 23,1% dépensent entre 100 000 et 200
000 ; et 4 soit 7,7% dépensent entre 200 000 et 500 000.
Une personne sur trois (1/3) dépensent moins de 50 000
FCFA. Ils ont pour l'essentiel leurs enfants dans le primaire. En ce qui
concerne ceux qui dépensent entre 50 000 et 200 000 FCFA disposent des
enfants au secondaire pour certains et au supérieur pour d'autres.
3-2 Dépenses de l'exploitation
La logique économique voudrait que les revenus
tirés des plantations servent d'abord à l'amélioration des
rendements, à l'équipement de l'exploitation agricole, à
l'augmentation de leur rentabilité.
82
Tableau XII: Répartition des
enquêtés en fonction de l'entretien du verger
|
|
|
|
|
|
|
Depenses liées à l'entretien du
verger e
|
De50000
81,5 (22)
|
14,8 (
|
4)
|
e100000à200000De200000à50000
3,7 (
|
1)
|
Plus500000
0,0 (
|
0)
|
TOTAL
100
|
|
Nombre de personnes en charge
|
47,1 ( 8)
|
47,1 (
|
8)
|
5,9 (
|
1)
|
0,0 (
|
0)
|
100
|
|
Moins de 5
|
12,5 ( 1)
|
50,0 (
|
4)
|
25,0 (
|
2)
|
12,5 (
|
1)
|
100
|
(27)
|
|
De 5 à 10
|
59,6 (31)
|
30,8 (16)
|
7,7 (
|
4)
|
1,9 (
|
1)
|
100
|
(17)
|
Plus de 10
TOTAL
Source : données
d'enquête
A la lecture de ce tableau, il convient de noter que les
dépenses liées à l'entretien du verger sont moins faibles
par rapport aux dépenses scolaires. Dans plus de 59.6% des cas, les
producteurs dédient peu de revenus aux entretiens. Par contre, 30,8%
dépensent en deçà de 100 000 FCFA contre 7,7% entre 100
000 et 200 000 FCFA. Les dépenses effectuées concernent
généralement les frais de la main d'oeuvre. Seuls les planteurs
aisés peuvent réaliser de gros investissement destinés
à améliorer les conditions d'exploitation. Il en est de
même de l'épargne.
4-L'épargne
Les planteurs dépensent souvent sans compter à
cause des sommes importantes qu'ils perçoivent en une seule
récolte. Ils se croient riches et distribuent de nombreux cadeaux
(obsèques, dépenses somptuaires), même s'il s'agit de
planteurs modestes.
A cette allure, les revenus sont vite épuisés et
le planteur est souvent obligé de faire appel, soit aux planteurs
aisés et plus économes qui leur consentent des prêts
à des taux usuraires très élevés (50 ou 100%), soit
aux commerçants ou acheteurs auprès desquels ils
hypothèquent la future
83
récolte.
Tableau XIII: Répartition des
enquêtés en fonction de la durée des revenus
et des personnes qui contractent des prêts
Quelle est la durée de vos
revenus?
Moinsde3mois
De3à6mois
De6à9moins
De9mois.
Oui
|
|
|
|
|
100 (26)
|
Non
|
7,7 ( 2)
|
30,8 ( 8)
|
30,8 ( 8)
|
30,8 ( 8)
|
100 (26)
|
TOTAL
|
23,1 ( 6)
|
42,3 (11)
|
30,8 ( 8)
|
3,9 ( 1)
|
100 (52)
|
|
15,4 (
8)
|
36,5 (19)
|
30,8 (16)
|
17,3 (
9)
|
|
Contractez-vous des prèts?
Source : données
d'enquête
-Sur les 52 enquêtés, 26 soit 50% contractent des
prêts tandis que les 26 autres ne contractent pas de prêts,-36,5%
soit 19 ont une durée de leurs revenus comprise entre 3 et 6 mois ;
-30,8% soit 16 ont une durée de leurs revenus comprise entre 6 et 9 mois
;-15,4 soit 8 et 17,3 soit 9 ont respectivement la durée de leurs
revenus comprise en deçà de 3mois et au delà de 9 mois.
Autrement dit près d'une personne sur 3 (1/3) a une comprise entre 3 et
9 mois.
La vente se faisant sur une courte durée,
généralement de Janvier ou Février à Avril, le
planteur a ainsi l'illusion d'être riche lorsqu'il perçoit en une
seule fois le montant total de ses ventes et ne programme pas ses
dépenses.
Dans cette configuration, Ils attendent parfois le concours de
certains pisteurs pour faire face aux frais de scolarité. Ce sont les
fameux « prêts de soudure ». Seuls les planteurs aisés
épargnent une part de leurs revenus annuels. La plus part des planteurs
conservent leurs avoirs dans des coffres personnels bien camouflés dans
leurs chambres. Ils ne font confiance qu'à eux-mêmes.
84
Tableau XIV: Répartition des
enquêtés en fonction de leurs lieux d'épargne
Si non,où gardez-vous votre
revenus?
Nonréponse
Mobilemoney
Alamaison
Autre
Oui
|
|
|
|
|
100 (
6)
|
Non
|
83,3 ( 5)
|
16,7 ( 1)
|
0,0 ( 0)
|
0,0 ( 0)
|
100 (46)
|
TOTAL
|
13,0 ( 6)
|
4,4 ( 2)
|
82,6 (38)
|
0,0 ( 0)
|
100 (52)
|
|
21,2 (11)
|
5,8 (
3)
|
73,1 (38)
|
0,0 (
0)
|
|
Avez-vous un compte bancaire?
Source : données
d'enquête
Selon ce tableau, A la question avez- vous un compte bancaire,
88,5% ont répondu par la négative tandis que 11,5% ont
répondu par l'affirmative. 73,1% gardent leurs avoirs à la maison
contre 5,8% dans les services mobiles money.
Les avoirs gardés à la maison, restent
très souvent improductifs au lieu d'être injectés dans les
circuits économiques. Il en résulte de ce qui
précède que la pression sociale est peu favorable à
l'épargne. Le problème des dépenses varie selon la
catégorie de planteur (riche ou modeste). Il existe cependant des points
communs aux différentes catégories de planteurs : les
dépenses familiales.
5-Les dépenses familiales
Elles sont constituées de dépenses obligatoires
et de dépenses occasionnelles.
5-1 Les dépenses obligatoires
Ce sont les dépenses régulières à
savoir se soigner, se nourrir, et se vêtir. Ils dépensent moins en
nourriture car disposant des champs vivriers. Il
85
en est de même pour la santé où les
dépenses sont moindres car les planteurs ont recours souvent à la
médecine traditionnelle.
Tableau XV: Répartition des
enquêtés en fonction de leurs dépenses sanitaires et
alimentaires
Depense alimentaire en FCFA
|
|
|
De50000à100000De100000à200000De200000à50000
|
|
Plus500000
|
TOTAL
|
|
Moins de 50000
|
55,6 (15)
|
37,0 (10)
|
7,4 (
|
2)
|
0,0 (
|
0)
|
0,0 (
|
0)
|
100
|
(27)
|
De 50 000 à 100 000
|
27,3 (
|
6)
|
36,4 (
|
8)
|
27,3 (
|
6)
|
9,1 (
|
2)
|
0,0 (
|
0)
|
100
|
(22)
|
Depenses sanitaires en FCFA
De 100 000 à 200
|
000
|
Moinsde50000
0,0 (
|
0)
|
0,0 (
|
0)
|
0,0 (
|
0)
|
100 (
|
3)
|
0,0 (
|
0)
|
100
|
( 3)
|
|
De 200 000 à 500
|
000
|
0,0 (
|
0)
|
0,0 (
|
0)
|
0,0 (
|
0)
|
0,0 (
|
0)
|
0,0 (
|
0)
|
0,0
|
( 0)
|
Plus de 500 000
|
|
0,0 (
|
0)
|
0,0 (
|
0)
|
0,0 (
|
0)
|
0,0 (
|
0)
|
0,0 (
|
0)
|
0,0
|
( 0)
|
TOTAL
|
|
40,4 (21)
|
34,6 (18)
|
15,4 (
|
8)
|
9,6 (
|
5)
|
0,0 (
|
0)
|
100
|
(52)
|
Source : données
d'enquête
Le tableau ci-après montre clairement que les
populations dépensent moins à la fois dans la nourriture et dans
les frais de santé. L'observation du tableau montre que 21 personnes,
soit 40,4% de la population dépensent en deçà de 50
000FCFA pour les soins sanitaires. 27/52, soit 51,92% ont reconnu avoir
dépensé moins de 50 000FCFA. Autrement dit une personne sur deux
(1/2) utilisent en dessous de 50 000FCFA pour leurs besoins alimentaires et
sanitaires.
Ces moindres dépenses sont dues à la disposition
des champs vivriers pour ce qui concerne la nourriture et le recours
très souvent à la médecine traditionnelle pour ce qui est
des frais de santé.
5-2 les dépenses occasionnelles
La production de la noix de cajou coïncide
généralement avec la fête de pâques donc c'est une
occasion exceptionnelle pour les producteurs d'étaler leur richesse, de
montrer aux autres que la récolte a été bonne et
86
d'effectuer des dépenses inattendues. Les
dépenses rituelles (obsèques, cérémonies
funéraires) ne sont pas à négliger car dans les
sociétés africaines les cérémonies
funéraires occupent une place importante.
Notons que même si l'utilisation des revenus constitue
pour beaucoup un des facteurs non négligeables à la
réduction de la pauvreté, cependant le prix d'achat ou de vente
relève d'une certaine influence capitale.
87
CHAPITRE III : FACTEURS EXPLICATIFS DE
L'INSTABILITÉ DES PRIX
1-Le Prix de vente bord-champ
Le prix planché bord-champ fixé par les
autorités en charge de la filière est jusqu'à
présent mal compris aussi bien par les acheteurs que par les
producteurs. Il est parfois appliqué par les acheteurs pendant les jours
qui suivent sa publication mais est rapidement réduit en fonction des
conditions du marché local, national et international.
En outre, ce prix minimum est fixé lors du lancement de
la campagne officielle qui varie selon les années. Malgré
l'interdiction légale pour les exportateurs de collecter des noix avant
cette date de nombreux intermédiaires sillonnent les campagnes et
achètent de l'anacarde dès le mois de janvier. Les producteurs
rencontrés nous ont indiqué qu'à la date où le prix
est promulgué ils ont déjà commercialisé au minimum
le quart de leur récolte. Le prix de vente bord-champ varient de
façon importante selon les villages et les périodes de la
campagne d'un acheteur à un autre. (Voir tableau
XVI)
88
Tableau XVI : Evolution du prix d'achat
bord-champs de 2000 à 2014.
Années
|
Prix de la noix brute en ( f CFA/kg)
|
2001
|
100 à 175
|
2002
|
110 à 200
|
2003
|
85 à 500
|
2004
|
75 à 175
|
2005
|
150* à 200
|
2006
|
150* à 300
|
2007
|
25 à 170*
|
2008
|
200*/50 à 250
|
2009
|
200*
|
2010
|
170* à 250
|
2011
|
300* à 450
|
2012
|
310*
|
2013
|
200*
|
2014
|
225
|
Source: ARECA
89
L'observation du tableau montre clairement que le prix d'achat
de la noix brute varie d'une année à une autre et d'une
période à une autre pendant toute une saison. Pour le cas typique
de 2008, le prix des noix est descendu jusqu'à 50 FCFA. Contrairement
à l'année 2008, le prix moyen de la noix brute à partir de
2009 tourne autour de 200 FCFA. Au même moment dans des pays comme le
Ghana, la Guinée Bissau et le Sénégal, les prix variaient
entre 300 et 400 FCFA le kg de noix brute. Pour l'année 2014, le prix a
subi plusieurs variations (voir tableau XVII).
Tableau XVII: variation du prix d'achat
bord-champs auquel le produit a été acheté pour
l'année 2014.
|
Nb.cit.
|
Fréq.
|
A combien avez-vous vendu le
kilogramme
|
10
|
|
Moins de 225
|
39
|
19,2%
|
225
|
3
|
75,0%
|
Plus de 225
|
52
|
5,8%
|
TOTAL OBS.
Source : Données d'enquêtes
Pour rappel, le prix officiel garanti fixé par le
Conseil de l'Anacarde et du Coton pour La campagne 2013-2014 est de 225
FCFA/kg. Ce sont 75% des producteurs qui ont pu bénéficier de ce
prix. Cela est dû au nouveau dispositif mis en place par les nouvelles
autorités de la filière. 19,2% ont vendu leurs produits en
deçà de 225 FCFA/kg. N'ayant pas pu collecter leurs produits
à temps et espérant un prix plus rémunérateur en
fin de campagne, c'est ainsi que les prix se sont stagnés autour de 200
FCFA. « Ne pouvant pas manger nos noix, nous étions
obligés de les vendre à ce prix », disent-ils. Par
contre 5.80% ont bénéficié d'un prix plus
rémunérateur dans la mesure où ceux-ci n'ont pas attendu
longtemps avant de vendre leurs
90
produits les mois qui suivent la fixation officielle du prix.
2-Facteurs locaux et nationaux des variations
Les facteurs les plus souvent mis en avant par les producteurs
et les acheteurs pour expliquer les différences et les variations de
prix entre localités, entre dates d'achat et entre campagnes sont la
qualité et l'accessibilité. Or, si ces éléments
peuvent en effet peser sur le prix proposé au producteur, dans les faits
ils n'en sont pas les principaux facteurs explicatifs.
En effet, seuls les exportateurs étrangers et quelques
coopératives maitrisent et pratiquent le calcul de la qualité.
Celle-ci n'est donc généralement évaluée que lors
de la livraison au port d'Abidjan. Du coup, les différences de
qualité ne sont répercutées sur les prix proposés
qu'au niveau des régions entières en fonction du montant des
préfinancements que vont accorder les exportateurs à partir des
qualités moyennes de chaque zone de collecte. D'autre part, nous avons
pu constater que les producteurs de certains villages moins accessibles que
d'autres avaient obtenus de meilleurs prix.
Il faut donc prendre en compte mais relativiser les
éléments qualité et distance. Le nombre de barrages
routiers entre le village et le chef-lieu de la commune est aussi souvent
évoqué. Pourtant, comme expliqué plus haut, les taxes
appliquées à ces barrages concernent principalement les gros
volumes et ne pèsent donc pas énormément sur les prix
proposés aux producteurs individuels.
De façon plus générale, le prix du
transport peut fortement varier au cours d'une campagne ou d'une année
sur l'autre mais la part qu'il occupe dans la chaine de valeur réduit
cet impact à une variation maximum de
91
l'ordre de plus ou moins 20 CFA/kg. On peut considérer
que l'organisation villageoise : notamment la présence d'une section de
coopérative fonctionnelle ou d'un regroupement de producteur informel a
un impact beaucoup plus notable sur les différences de prix
pratiqués entre les villages.
Dans les villages les mieux organisés, le regroupement
ne serait-ce qu'une partie de la production dont la vente est
négociée à un bon prix va automatiquement tirer les prix
de l'ensemble du village vers le haut. Sur le même principe, si le volume
vendu par un producteur ne semble pas avoir d'effets conséquents sur le
prix qui lui est proposé, le volume total de production d'un village est
un élément à retenir (quantité produite, voir
tableau suivant XVIII).
Tableau XVIII: Répartition des
enquêtés en fonction des quantités produites
et des prix
|
|
|
|
|
A combien avez-vous vendu le
kilogramme
|
Moinsde225
12,5 ( 2)
|
225
75,0 (12)
|
Plusde225
12,5 ( 2)
|
TOTAL
|
Quantité produite
|
26,9 ( 7)
|
69,2 (18)
|
3,9 ( 1)
|
|
Moins de 500 kg
|
11,1 ( 1)
|
88,9 ( 8)
|
0,0 ( 0)
|
100 (16)
|
De 500 à 1 tonne
|
0,0 ( 0)
|
100 ( 1)
|
0,0 ( 0)
|
100 (26)
|
De 1 à 5 tonnes
|
0,0 ( 0)
|
0,0 ( 0)
|
0,0 ( 0)
|
100 (
9)
|
De 5 à 10 tonnes
|
19,2 (10)
|
75,0 (39)
|
5,8 (
3)
|
100 (
1)
|
Plus de 1O tonnes
TOTAL
Source : Données d'enquêtes
A la lecture de ce tableau, nous avons constaté que
69,2% des producteurs qui ont une quantité comprise entre 500 Kg et une
tonne ont bénéficié du prix garanti. 88,9% des producteurs
qui ont une quantité comprise entre une tonne et 5 tonnes ont
également bénéficie du prix
92
garanti. Et 100% de ceux qui ont plus de 5 tonnes ont
profité du prix garanti.
Comme nous l'avons signifié plus haut, plus la
quantité du producteur est importante, plus sa chance d'avoir un prix
rémunérateur est encore grande. Autrement dit, la quantité
est un facteur important de négociation.
Les prix de vente bord-champs varient donc localement surtout
en fonction de la capacité de négociation des producteurs.
Celle-ci dépend de leur information, de leur niveau d'endettement
vis-à-vis des acheteurs, de leur urgence à vendre, de la
concurrence entre les acheteurs et de l'organisation paysanne locale.
Toutefois, une fois la campagne officielle commencée, l'impact de ces
facteurs se limite à de variations ne dépassant pas une amplitude
de 50 CFA/kg. Les variations liées au taux de change du Franc CFA et aux
évolutions du marché international vont jouer un rôle
beaucoup plus important sur la composition des prix bord-champ, entrainant des
variations d'une amplitude de plus de 300 CFA/kg (Konan ; 2010).
3- Facteurs de variation internationaux.
Les variations que connaissent les cours internationaux de la
noix de cajou brute sont donc considérables. Quand bien même, les
productions n'interviennent pas au même moment dans les
différentes régions du monde, ces prix ont connu une
évolution différente. Entre 2000 et 2014, pour une qualité
moyenne et toutes origines confondues, les prix internationaux de la noix brute
au niveau des ports indiens ont varié entre :
- Un maximum d'environ 1 100 USD/Tonne atteint pendant la
campagne 1999 et la campagne 2014.
- Et un minimum d'environ 500 USD/Tonne atteint pendant les
campagnes 2001 et 2006.
93
Sur la même période les Taux de conversion moyens
mensuels du Franc CFA en Dollar ont varié entre 1 USD = 758,62 CFA en
Juin 2001 et 1 USD = 410, 66 CFA en juillet 2008, Soit une variation de 185%
L'impact sur les revenus des producteurs d'anacarde ivoiriens
du taux de change entre le Dollar américain et le Franc CFA a donc
été considérable mais également de l'Euro. Etant
donné que le Franc CFA est indexé à parité fixe
avec l'Euro, on peut même remarquer que les revenus des producteurs
d'anacarde sont très fortement reliés à l'économie
et à la politique monétaire européenne. En estimant que
les coûts et marges de commercialisation soient restés
sensiblement inchangés depuis cette période, le renforcement
artificiel du Franc CFA entre 2000 et 2014 serait responsable d'une chute de
96,8 % des prix bord-champ théoriques avec le passage du prix bord-champ
moyen de 406 CFA/kg à 206 CFA/kg pour des prix internationaux identiques
(Konan ;2010 Id).
La filière anacarde en Côte d'Ivoire est donc
soumise à une très grande volatilité des prix, à la
fois annuelle et interannuelle. Cette situation favorise l'endettement et la
dépendance des producteurs au profit des intermédiaires, en
rendant les stratégies d'épargne et de spéculation
extrêmement difficiles pour les producteurs.
4- Barème de fixation du prix
La fixation du prix du kilogramme de la noix de cajou continue
de faire l'objet de confusion chez les acteurs de la filière. Les prix
ont été fixés,
pour l'année 2012, par un comité scientifique
comprenant cinq représentants des producteurs, deux des acheteurs,
trois des exportateurs, deux des transformateurs, quatre issus de structures
techniques (ACE, RONGEAD, ARECA), mis en place pour la détermination du
prix bord
94
champs des noix de cajou au titre de cette campagne. Les travaux
de ce comité ont abouti à l'élaboration du barème
obligatoire indiqué dans le tableau suivant en tenant compte des
différents facteurs sus mentionnés : (TABLEAU XIX
: Barème de fixation du prix de l'anacarde brute du bord champ
jusqu'à l'exportation pour l'année 2012)
95
Structure des coûts au : 1 US$ = 485
FCFA
|
Structure de prix de noix brute de cajou
|
Unité (kg)
|
US$/Tonne
|
FCFA/Tonne
|
FCF/Kg
|
FOB Abidjan
|
1155.22
|
520 657.40
|
520.66
|
|
Total charge mise à FOB
|
kg
|
256.49
|
115 600
|
115.60
|
Magasinage+ mise à FOB
|
kg
|
77.88
|
35 100
|
35.10
|
Sacherie + contrôle qualité
|
Kg
|
25.52
|
11 500
|
11.50
|
INTERCAJOU
|
Kg
|
4.44
|
2 000
|
2
|
Redevanc ARECA+FIRCA
|
Kg
|
6.66
|
3 000
|
4
|
Frais financiers
|
Kg
|
24.41
|
11 000
|
11
|
Frais de gestion + DUS
|
Kg
|
79.88
|
36 000
|
36
|
Marge exportateur
|
kg
|
22.19
|
10 000
|
10
|
Risque de qualité internatio
|
kg
|
6.66
|
3 000
|
3
|
Risque de change ($/CFA)
|
kg
|
6.66
|
3 000
|
3
|
MAGASIN PORTUAIRE E= C-D
|
898.73
|
405 057.40
|
405.6
|
|
Total charge magasin F
|
kg
|
97.63
|
44 000
|
44
|
transport
|
kg
|
88.75
|
40 000
|
40
|
stockage
|
kg
|
0.55
|
250
|
0.25
|
Contrôle qualité
|
kg
|
00
|
00
|
00
|
Pesage /manutention
|
kg
|
8.32
|
3 750
|
3.75
|
|
MAGASIN INTERIEUR G= E-F
|
801.10
|
361 057.40
|
361.06
|
|
Total charge bord champ H
|
Kg
|
110.94
|
50 000
|
50
|
Coopérative /acheteur
|
Kg
|
66.56
|
30 000
|
30
|
Frais de collecte
|
kg
|
44.38
|
20 000
|
20
|
BORD CHAMP I= G-H
|
690.17
|
311 057.40
|
311.06
|
Source: ARECA
96
Ce barème est valable pour toutes les années,
pourvue qu'on modifie le prix indicateur ou garanti selon les variations du
marché. Les différentes rubriques peuvent faire l'objet de
modification selon le prix des amandes sur le marché international. Les
prix fixés sont garantis depuis la campagne 2013-2014, mais
malgré cela, les prix continuent de ne pas être appliqués.
On constate plus les producteurs s'organisent, plus le prix devient
rémunérateur.
5- Impact socio-économique du prix sur la vie
des producteurs
Pour les populations des zones favorables, l'un des grands
intérêts de la culture de l'anacardier réside dans sa
rentabilité économique. Selon les paysans, la vente de la noix de
cajou constitue une importante source de revenus. Ces revenus leurs permettent
de subvenir à leurs besoins essentiels et de faire face à
certains problèmes. Toutefois, les réalités liées
au non respect du prix et l'arrêt des achats font qu'il devient de plus
en plus difficile de faire des prévisions en y incluant les revenus de
l'anacarde. Cela rend très difficile la satisfaction de certains besoins
primordiaux. Et d'autres regrettent d'avoir dédié à
l'anacarde une grande surface de leur parcelle d'où l'arrêt
parfois du désherbage et de l'entretien des vergers. Espérant un
lendemain meilleur, ils continuent d'agrandir leurs plantations. Outre ces
facteurs, d'autres contraintes sont liés au développement de la
filière.
6-Rôle et impact des acteurs sur la
commercialisation de l'anacarde
Les acteurs engagés dans le processus commercialisation
limités aux planteurs et aux petits acheteurs au départ, se sont
rapidement multipliés
97
avec le développement de cette culture devenue la
culture de rente des régions du nord et du centre. De nouveaux acteurs
sont venus ainsi renforcer le secteur avec des intérêts qui sont
parfois divergents. Loin de faire une
typologie exhaustive des acteurs, ils influencent directement
ou indirectement la commercialisation de la noix de cajou. Au nombre de
ceux-ci figurent les principaux acteurs suivant : les pouvoirs publics, les
pisteurs, les grossistes et les exportateurs.
6-1 L'Etat
Jusqu'en 1970, les pommes consommées sous forme de
fruits frais par les populations étaient beaucoup plus importantes que
les noix. Elles subissaient une très faible transformation primaire avec
une productivité très faible eu égard aux
méconnaissances des technologies de transformations adaptées en
la matière. Par conséquent, le système de production et de
commercialisation de la noix de cajou était très peu
organisé, sinon même pas organisé au moment où des
pays comme le Mozambique et la Tanzanie avaient déjà
commencé à pénétrer le marché
international.
C'est seulement vers la fin des années 70 qu'on a
assisté à l'émergence d'une production nationale un peu
structurée et encadrée par les sociétés SODEFOR et
SATMACI. En 1997, l'Etat tente d'organiser la filière en créant
le « (Comite pour le Développement de la Filière Anacarde)
CDFA par l'arrêté ministériel no 101 du 23 mai
1997 qui ne sera malheureusement jamais mise en oeuvre » (Tuo, 2009).
C'est seulement en 2002 que la filière anacarde va
commencer à s'organiser avec la création de l'ARECA par le «
Décret no 2002-449 du 16 septembre 2002 portant
création de la société d'Etat dénommée
?Autorité de
98
Régulation du Coton et de l'Anacarde? (ARECA)»,
puis celle de l'INTERCAJOU « créé le 12 décembre 2007
en application de l'article 20 de l'ordonnance 2002-448 du 16 septembre 2002
portant cadre organisationnel des filières coton et anacarde »
(MINAGRI, 2012) et aujourd'hui le Conseil du Coton et l'anacarde. Bien que la
mise en place de ces différents organes ait produit des effets positifs,
la filière continue de souffrir de plusieurs maux que nous
relèverons au fur et à mesure dans notre développement.
6-2 Les pisteurs
L'élément central qui fonde cette qualification
est le fait d'aller « sur le terrain » c'est-à-dire de
procéder à la collecte directement auprès des producteurs.
Le terme de pisteur reflète dans les faits une grande diversité
d'acteurs. De façon synthétique nous avons pu distinguer trois
catégories de pisteurs : les « pisteurs mobiles », les «
pisteurs résidents » et les « Grand Pisteurs ». Ici, nous
allons nous attarder sur les services des premiers.
6-2-1 Les pisteurs mobiles
Situés dans les villes ou les villages, ils travaillent
en général pour un grossiste particulier qui les
préfinance. Leur objectif premier est de repérer dans une zone
des quantités de plusieurs tonnes d'anacarde de manière à
ce qu'un groupe d'une dizaine de pisteurs puisse rapidement remplir un camion
de 40 Tonnes. Pour cette tâche, ils circulent à moto de village en
village et rentrent dans les zones de culture pour rencontrer les producteurs
dans les champs. Dès qu'ils ont repéré des
quantités suffisantes dans plusieurs villages ils vont
récupérer le préfinancement du grossiste puis passent
collecter les volumes repérés avec des camionnettes de 3 à
5 Tonnes communément appelées « Kia ». Pendant cette
courte période ils
99
rassemblent dans un village ou une ville centrale le fruit de
leur collecte, stocké en général dans des magasins de
particuliers voire dans des maisons. Ils font ensuite venir un camion de 40
Tonnes qui, une fois chargé partira directement pour Abidjan.
6-2-2 Rôle des pisteurs dans la
filière
Les pisteurs sont donc les intermédiaires qui assurent
le regroupement de la noix produite sur de vastes superficies. Certains
grossistes qui travaillent directement sur le terrain au contact des
producteurs se considèrent même comme pisteurs bien qu'ils soient
préfinancés par des exportateurs. Les marges que réalisent
les pisteurs semblent variables selon les périodes de l'année et
la concurrence. Comme ils jouent souvent un rôle de créancier au
sein des communautés villageoises et accordent des prêts de
soudure ou d'urgence aux producteurs les plus nécessiteux, ils
commencent leur collecte tout en se faisant rembourser les prêts
accordés.
Tableau XX: Répartition des
enquêtés en fonction des personnes auprès desquelles ils
contractent des prêts
Si oui auprès de qui?
Nonréponse
Pisteurs
banque
Amis
Parents
Autre
Oui
Non
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
100 (26)
100 (26)
|
TOTAL
|
0,0 ( 0)
|
61,5 (16)
|
3,9 (
|
1)
|
23,1
|
( 6)
|
3,9 (
|
1)
|
7,7
|
( 2)
|
100 (52)
|
|
96,2 (25)
|
0,0 ( 0)
|
0,0 (
|
0)
|
3,9
|
( 1)
|
0,0 (
|
0)
|
0,0
|
( 0)
|
|
|
48,1 (25)
|
30,8 (16)
|
1,9 (
|
1)
|
13,5
|
( 7)
|
1,9 (
|
1)
|
3,9
|
( 2)
|
|
|
Contractez-vous des prèts?
Source : Données d'enquête
Ce tableau montre que 61,5% des enquêtés qui
contractent des prêts le font auprès des pisteurs. Cela est
dû à un certain nombre de problèmes parmi lesquels on peut
citer la moindre organisation des producteurs et la difficulté
d'accès aux structures formelles d'épargne.
100
Ce phénomène de recouvrement de créance,
associé à l'empressement de nombreux producteurs d'accéder
à de la liquidité permet aux pisteurs d'acheter pour leur compte
ou celui des grossistes des volumes importants d'anacarde à des prix
très bas à l'ouverture de la campagne. Ce n'est que lorsque les
exportateurs d'anacarde commencent à se manifester et à
générer une forte concurrence entre les acheteurs en apportant
des liquidités dans la filière et en indiquant les prix auxquels
ils sont prêts à acheter la marchandise à Abidjan que les
prix amorce une réelle augmentation jusqu'à s'aligner sur ceux du
marché international.
Dans la majorité des cas des marges plus raisonnables
vont se situer entre 5 et 20 CFA/kg. Les pisteurs peuvent accroître leur
marge lorsque les prix sont en hausse principalement en jouant sur les retards
d'information entre les zones de regroupement de la collecte et les villages.
Lorsque les prix baissent, ils sont protégés par le
préfinancement du grossiste et ont leur marge minimum en
général de 10 CFA garantie
Les pisteurs n'ont pas une grande notion de la qualité,
leur rôle étant principalement la collecte des plus gros volumes
possibles dans un laps de temps limité. Ils ne valorisent donc pas la
qualité auprès des paysans et ne font majoritairement qu'acheter
en fonction du prix qui leur a été fixé par le grossiste
qui les a préfinancés. Aujourd'hui, les pisteurs sont devenus
pour la plus part des petits commerçants. Nous avons interrogé
nos enquêtés sur l'appréciation qu'ils ont sur le
rôle des pisteurs (Tableau XXI).
101
Tableau XXI: Appréciations des pisteurs
par les enquêtés.
Appréciation
|
Effectif (n)
|
Fréquence (%)
|
Aide importante
|
3
|
5.80
|
Escroc
|
49
|
94.20
|
Total
|
52
|
100
|
Source : Données d'enquête
Le tableau ci-après montre clairement que les pisteurs
se sont détournés complètement de leurs objectifs. Du
rôle social qui leur est assigné, ils jouent aujourd'hui un
rôle d'escrocs (ils sont traités d'escrocs parce qu'ils ne
respectent pas les prix fixés par l'Etat). L'observation du tableau
montre que 49/52 personnes, soit 94,20% de la population n'apprécie pas
leur travail sur le terrain. Seulement 3/52, soit 5,80% a reconnu le rôle
important que devrait jouer ces personnes.
6-3 Les Groupements paysans
Les Groupements paysans sont des modes d'organisation qui
tendent à se développer dans les zones productrices d'anacarde.
Ils sont d'une certaine façon le point de départ d'un réel
mouvement coopératif qui émerge directement de la volonté
des communautés rurales. Conscients du manque à gagner qui
résulte de leur non-organisation, certains groupes de producteurs et
certains chefs traditionnels organisent la vente de la production de l'ensemble
du village, en effectuant un contrôle sur les acheteurs qui interviennent
dans le village et sur les prix qu'ils proposent aux producteurs.
102
Ces organisations sont souvent encore précaires et
n'ont parfois pas un effet considérable sur les prix, mais elles ont le
mérite d'émerger de la base et d'avoir une forte
légitimité auprès des producteurs. Certains groupements
finissent par se transformer en coopérative mais le processus est
long.
7- Producteurs et coopératives
Les producteurs d'anacarde de Côte d'Ivoire ont
été jusqu'à présent très peu
organisés même si l'on constate quelques coopératives
à travers les zones de production dans certaines localités du
pays. Les coopératives se positionnement comme des intermédiaires
assurant une collecte primaire de la production pour le compte d'exportateurs
au même titre que les collecteurs traditionnels. D'après les
données de l'ARECA, les coopératives ne contrôlent que 9.5%
des exportations.
le manque de regroupement est D'une part, dû à
certaines mauvaises expériences passées avec les
coopératives de la filière coton pour ce qui est du nord et du
café et du cacao pour ce qui est des ex-zones productrices de ces deux
cultures. Ces faits ont fortement réduit l'esprit coopératif dans
les zones de production. D'autre part, les producteurs hésitent et
peinent à se regrouper dans une filière où l'abondance
d'acheteurs garantit une commercialisation sans effort et où les faibles
besoins en intrants ne rendent pas nécessaire les commandes et achats
groupés. Pourtant l'absence de compétence des organisations
paysannes est l'un des principaux facteurs qui expliquent les prix auxquels les
producteurs vendent leur production. Tout d'abord, parce que l'isolement des
producteurs les rend moins apte à être informé et à
négocier la vente de leur production avec les pisteurs. Ensuite, parce
qu'une énorme énergie doit être dépensée par
les pisteurs et les
103
grossistes pour organiser la collecte du produit à
travers les zones de culture et que ses coûts se répercutent sur
les prix bord-champ. Nous verrons cela plus loin.
Cependant, force est de reconnaître que les
coopératives existantes n'ont dans la quasi-totalité des cas pas
un réellement fonctionnement coopératif. Elles opèrent
principalement comme des intermédiaires, elles ne procèdent pas
au regroupement mais à l'achat de la production grâce à des
préfinancements semblables à ceux que reçoivent les autres
acheteurs. La raison de ce fonctionnement est simple. La plupart des
coopératives de la filière anacarde sont le fruit d'initiatives
extérieures aux communautés de producteurs. Elles sont le plus
souvent fondées par des citadins originaires du village ou par quelques
gros producteurs et d'avantage intéressés par les conditions de
la commercialisation. Nous avons interrogé nos enquêtés sur
les structures auxquelles ils vendent leurs produits (voir tableau
XXII)
Tableau XXII : structures auxquelles les
enquêtés vendent leurs produits
|
|
|
A qui vendez-vous vos produits?
|
Nb.cit.
32
|
Fréq.
|
|
16
|
|
Pisteurs
|
3
|
61,5%
|
Coopérative
|
1
|
30,8%
|
Commerçants
|
52
|
5,8%
|
Autre
1,9%
TOTAL OBS.
100%
Source : Données d'enquête
A la lecture de ce tableau, il convient de noter que la vente se
fait de
façon individuelle, dans plus de 61.5% des cas les
producteurs se tournent
vers les pisteurs car ces derniers disposent de la
liquidité. Par contre,
seulement 30,8% écoulent leurs produits par le canal des
coopératives. Cela
104
est dû au manque de financement des coopératives
et à certaines expériences vécues du passé. En
effet dans le cadre du binôme café -cacao certaines
coopératives ou GVC se sont soldées par des détournements
de fond.
8-Les Exportateurs
Deux types de structures sont habilités à
exporter l'anacarde en Côte d'Ivoire. D'un côté, des
sociétés commerciales, qui sont jusqu'à présent des
sociétés ivoiriennes ou les filiales ivoiriennes de
sociétés indiennes. De l'autre, des coopératives de
producteurs suffisamment grandes et organisées, théoriquement
capables de négocier la vente de la production de leurs membres
directement avec des acheteurs internationaux. Pour pouvoir exporter, ces
structures doivent préalablement demander un agrément
d'exportation auprès des autorités publiques.
En 2008, selon l'ARECA, 22 agréments ont
été octroyés à des sociétés
commerciales et 10 à des coopératives. En 2010, une quarantaine
de structures ont été agrées pour l'exportation. Les
sociétés commerciales exportent les plus gros volumes. En 2008,
trois d'entre-elles ont exporté sur la campagne des volumes
supérieurs à 20 000 Tonnes, neuf autres des volumes
supérieurs à 10 000 Tonnes. Les coopératives ont
réunie de leur côté près de 20% des exportations et
trois d'entre-elles ont exporté des volumes excédant les 10 000
Tonnes (Konan, 2010). Leur part de marché a eu tendance à
s'accroitre sur les dernières années. Même si une forte
concurrence peut se développer entre les exportateurs en fonction de la
conjoncture internationale, leur concentration et la domination d'un petit
nombre d'entre eux sur le marché ivoirien en font les acteurs dominants
de la filière. En général, le processus de
commercialisation de se résume
comme suit (schéma I):
Circuit de commercialisation de la filière
anacarde
Commerçant
Acheteur
Pisteurs
-sociétés commerciales -industries de
transformation
e : Auteur ( Coopératives
Planteurs Producteu rs (Hommes , femmes et jeunes)
Exportation
105
Source : l'auteur (nous même)
A la lecture de ce schéma, nous pouvons affirmer que le
circuit de commercialisation de la filière anacarde est long et
complexe. Il se fait en l'absence de l'autorité de l'état
chargé de l'arbitrage entre producteurs et exportateurs, et de
régulation des relations. Les producteurs, qui occupent le maillon
essentiel de la filière subissent toujours la loi des
intermédiaires spéculateurs et des exportateurs malgré la
reforme de la filière.
106
CHAPITRE IV : ANALYSE DES CONTRAINTES ET PERSPECTIVES
LIEES AU DEVELOPPEMENT DE LA FILIERE
ANACARDE
I: contraintes liées au développement de
la filière anacarde
Plusieurs contraintes entravent le développement de la
production et de la commercialisation de la noix de cajou. L'éradication
de ces contraintes devrait permettre aux producteurs de produire plus et
renforcer leur pouvoir économique. Ces contraintes sont nombreuses. On
peut citer entre autres, le faible et le non respect du prix d'achat des noix,
le manque d'itinéraire agronomique et d'encadrement des producteurs, le
faible taux de transformation, l'absence de Politique nationale de production
et de commercialisation, l'entretien des vergers.
1-1 Faiblesse du prix des noix
Le facteur de contrainte le plus important est le faible prix
d'achat bord champ pour les producteurs de noix de cajou. La chute du prix a un
impact négatif sur la production. Lorsque le prix baisse, certains
producteurs qui avaient l'intension d'agrandir leur plantation attendent
l'évolution positive de la situation. D'autres préoccupés
par le futur incertain du prix de la noix, montrent des signes de regret pour
avoir dédié une grande surface pour la culture de
l'anacardier.
1-2 Itinéraire agronomique
Aucun itinéraire agronomique de production n'est
recommandé aux producteurs en particulier en termes de densité
des plantations, d'entretien
107
des arbres (taille) et du verger. Il y a une absence de
programme de lutte contre les maladies. Les plantations d'anacarde sont
menacées par les maladies, par les insectes et les feux de brousse
(brûlis).
1-3 Encadrement des producteurs
L'intérêt économique de l'anacardier a
pris une ascension particulière ces dernières années. Au
vu de cette nécessité, les producteurs d'anacarde devraient
être l'objet d'une attention particulière allant dans le sens
d'une assistance et d'un encadrement subséquent, surtout lorsqu'il
s'agit de paysans très peu formés aux techniques culturales.
L'ANADER, est la seule structure de l'Etat chargée de
l'encadrement des paysans. Par le passé, les prestations de cette
structure étaient quasiment gratuites. Aujourd'hui, les choses ont
changé. Toutes les prestations de l'ANADER allant dans le sens de
l'encadrement d'un paysan nécessitent des coûts parfois trop
élevés pour celui-ci. Cette situation n'est pas favorable aux
paysans qui sont déjà très affaiblies
financièrement. Il est donc difficile pour eux de pouvoir se payer des
prestations d'encadrement.
1-4 Contraintes de la transformation
Plusieurs contraintes entravent le processus de transformation
:
-le manque d'équipements adaptés à la
transformation. Les coûts élevés des équipements
destinés à la transformation et surtout l'absence de mesures
incitatives, le matériel de transformation de noix de cajou n'est pas
fabriqué ou disponible sur le marché local ;
-difficultés d'approvisionnement des industriels
ivoiriens (cette difficulté est liée aux pratiques de
commercialisation interne de la noix de cajou), la
108
limitation de la demande locale (limitation due à la
méconnaissance au plan national des produits issus de l'anacarde).
L'amande de cajou est un produit cher, et le pouvoir d'achat des consommateurs
locaux est bien limité. En conséquence, les transformateurs sont
confrontés à l'impossibilité d'écouler leurs
productions sur le marché local ;
-Les transformateurs ivoiriens sont confrontés à
un problème d'accès au marché d'exportation.
L'Inde, le Brésil et le Vietnam sont les pays les mieux
connus pour le marché de l'anacarde, l'origine Côte d'Ivoire n'est
pas toujours affichée, les quantités produites sont relativement
petites pour satisfaire les quantités minimum à l'exportation
exigées par les exportateurs. Le manque d'un cadre financier
adapté à l'exportation. Les entrepreneurs qui veulent embrasser
le métier de transformateurs de la noix de cajou sont confrontés
à un manque de ressources financières afin d'être à
mesure d'acheter des équipements performants en la matière.
1-5 Contraintes de l'exportation
Le système financier est inadéquat. Un
système de financement capable de garantir un bon fonctionnement des
opérateurs commerciaux et d'exportation n'est pas mis en place. Ceci
constitue un des problèmes majeurs pour les Organisations
Professionnelles Agricoles (OPA) ivoiriennes. Le système portuaire n'est
pas favorable pour les exportateurs. Ceux-ci dénoncent la cherté
des frais de transport au port autonome d'Abidjan. Les taxes douanières
qui restent encore élevés ne facilitent pas le système
d'exportation.
109
1-6 Au niveau des organisations de producteurs
Les organisations paysannes existantes sont coupées de
la base et n'ont aucune représentativité. Elles n'ont pas les
moyens techniques et financiers d'accompagner le processus de renforcement des
capacités organisationnelles des groupements de base des producteurs et
des coopératives. Elles ne peuvent donc exercer aucune pression pour la
défense des producteurs au niveau des cadres nationaux de gestion de la
filière et collecte une faible quantité de produits.
Face à la déconnexion des organisations
paysannes de la réalité des groupements de base, la dispersion
actuelle des coopératives ne favorise pas les intérêts des
producteurs. On assiste plutôt à un éclatement des
coopératives : de nombreux leaders créent leur propre
coopérative qui « travaille pour eux ».
1-7 Autres contraintes
D'autres contraintes entravent le processus de
développement de la filière entre autres :
-Les difficultés que rencontre le monde rural, ne
laissent aucun choix aux producteurs qui sont dans les zones non
organisés ; les prix dérisoires proposés sont
acceptés par ceux-ci ;
-L'état de dégradation très avancé
du réseau routier en Côte d'Ivoire et surtout dans le monde rural,
n'est pas déterminant dans la performance de la filière.
110
2- perspectives
Face aux problèmes sus mentionnés et aux
défis à relever, nous avons proposé quelques pistes de
réflexion et des résolutions dans le but général
d'augmenter le revenu des producteurs, les devises de l'Etat et de renforcer
l'organisation de la filière à partir des structures de
commercialisation existantes, plus précisément sur les points
suivants :
2-1 Lutte contre la faible capacité de
négociation des producteurs
La diffusion d'information sur les prix de marché,
précédée par des formations sur la filière doit
permettre aux agriculteurs de faire baisser les marges excessives des acheteurs
en refusant des prix déconnectés de ceux du marché.
2-2 Renforcement de l'organisation de la
filière
Le partage d'information doit restaurer la confiance entre les
acteurs et fluidifier la chaine logistique. La compréhension de la
filière et des écarts entre prix au port, prix grossistes et prix
bord-champ pourra servir la réalisation de ventes groupées,
premiers pas vers des regroupements coopératifs effectifs et efficaces.
L'accompagnement des responsables de groupements et de coopératives dans
leurs stratégies de commercialisation visera aussi à les
renforcer en augmentant les surplus de revenus qu'elles apportent aux
producteurs par rapport à des ventes isolées.
2-3 Protection des producteurs, commerçants et
transformateurs ivoiriens contre le risque de prix
L'information sur les prix et l'analyse de marché
doivent garantir aux acteurs une prise de risque limitée lorsqu'ils
mettent en place des stratégies
111
de stockages ou lorsque les acheteurs et les transformateurs
fixent leurs prix d'achat. Des ventes contractualisées entre certaines
coopératives et des exportateurs ou des importateurs étrangers
permettront aussi de réduire les risques de variation pour les deux
parties et d'assurer le préfinancement des coopératives.
-réduire le circuit de commercialisation qui est long
et qui réduit considérablement le prix d'achat bord-champ. En se
proposant d'éliminer la voix des pisteurs, les producteurs doivent se
réunir en coopératives afin de pouvoir mieux vendre leur
production;
-mettre en place et renforcé le comité de
surveillance des prix fixés par l'Etat;
-mettre en place un système d'informations sur les
marchés dans toutes les zones de productions;
2-4 Production et collecte des noix
Il existe plusieurs zones de production (voir carte) propices
se présentant à cette culture. Il est nécessaire que les
producteurs s'organisent entre eux pour défendre leurs
intérêts. La réussite de cette activité de
regroupement conduira nécessairement à une production plus
grande.
Pour la récolte des noix, il faut instaurer des
services de qualités en amont et non en aval. Il faut mettre en place un
système pour sensibiliser les producteurs sur certaines règles de
récolte à savoir, ramasser les noix une fois qu'elles tombent
à terre, éviter la collecte précoce des noix, ne jamais
les cueillir sur les arbres ou faire tomber les noix en secouant les arbres.
112
2-5 Transformation des noix
Aujourd'hui, la problématique de la transformation
s'impose comme une priorité pour une meilleure valorisation de
l'anacarde afin d'éviter une trop grande dépendance de
l'extérieur. Pour répondre donc au besoin imminent de la
transformation, il faut réglementer les conditions d'installation des
unités de transformation aux fins du développement de cette
branche d'activité de la filière anacarde ; il faut et de
façon spéciale qu'une volonté politique s'exprime à
ce niveau pour encourager surtout les nationaux à embrasser le processus
d'industrialisation de la filière. Ces dernières années,
le nombre d'unités de transformation a augmenté. Il s'agit
là d'un apport très important pour la lutte contre la
pauvreté. Mais l'effectif du nombre d'unités qui s'est vu
augmenter, reste très négligeable face à l'augmentation de
la production. Jusqu'à ce jour, le taux de produits transformés
reste très faible. Il est donc important qu'un effort soit fait à
ce niveau surtout quant on sait que le marché de la noix brute n'est pas
connu sur le marché international.
Avec une organisation de producteurs forte, accompagnée
d'une véritable politique nationale d'allègement des taxes pour
la transformation, toutes les zones de production pourraient alors avoir un
tissu industriel se développer progressivement autour de la
filière anacarde. Certains exportateurs pourraient se spécialiser
pour l'exploitation de l'amande blanche. Ainsi, la Côte d'Ivoire pourrait
pleinement développer sa filière de cajou et contribuer à
la reconstruction et à la relance post-crise en s'engageant
résolument dans l'exploitation de son potentiel de transformation
à l'instar des pays comme l'inde, le Brésil et le Vietnam. Les
autorités politiques ont accordé une importance dans ce domaine,
car elles prévoient
113
organiser un salon en la matière du 26 au 28 novembre
2014 dénommé SIETTA 2014 Salon International des Equipements et
des Technologies de Transformation de l'Anacarde.
2-6 Commercialisation et promotion des exportations
La filière anacarde est marquée par une
désorganisation des acteurs et une exploitation des producteurs par les
acheteurs. Les organisations existantes fonctionnent timidement. C'est pourquoi
nous préconisons l'organisation des producteurs au niveau des
différentes localités de production. Les producteurs doivent
ainsi s'organiser en Groupement d'Intérêt Economique (GIE) ou
union au niveau des villages, des départements et des régions
pour défendre leurs intérêts économiques. Ces unions
devront être fédérées en association nationale forte
qui devra porter les revendications de toute la corporation.
La commercialisation et la promotion des exportations de la
noix de cajou et surtout de l'amande doit être soutenue dans le contexte
actuel. La filière anacarde peut constituer un rempart et une juste
réponse à l'équation de la pauvreté et à
l'exigence de création des projets générateurs de revenus
et de l'emploi en milieu rural. C'est pourquoi, il faut qu'une initiative soit
prise pour la promotion du décorticage nationale et ainsi le
développement du marché local. Pour une meilleure promotion, il
faut élaborer un plan et une stratégie marketing adaptés
au développement commercial des produits issus de l'anacarde par les
dirigeants de la filière à savoir le Conseil du coton et de
l'Anacarde, Afin d'accroître la consommation nationale de l'amande de
cajou, il faut définir une politique de promotion pour informer le
public sur
114
les vertus de ces produits qui sont très
énormes.
2-7 Stratégies et politiques nationales favorisant
le développement de la filière
Aujourd'hui, il faut saluer l'avènement de la reforme
et bien plus la gestion du Conseil du Coton et de l'Anacarde qui manque encore
d'une certaine autorité. Mais il faut aller au-delà en
élaborant et appliquant d'autres modèles qui puissent assurer le
développement capacitaire de tous les aspects de la filière et
par la même occasion, éliminer tous les dysfonctionnements.
En attendant que le processus de transformation rentre dans
une phase de croisière, il faut bien gérer dans l'immédiat
et à court terme la filière de production et d'exportation
exclusive des noix brutes et optimiser les revenus des opérateurs
impliqués à ce niveau. Il s'agit surtout ici des producteurs et
par la suite des autres intervenants. L'Etat doit créer un environnement
propice (favorable), c'est-à-dire :
-créer un cadre réglementaire efficient de la
filière anacarde ;
-faire en sorte que les producteurs puissent évacuer
leur production (en créant des voies d'accès) ;
-stimuler les recherches dans la filière anacarde ;
-améliorer la compétitivité de la
filière dans le cadre d'une bonne gestion des ressources humaines. Pour
tout cela, il est souhaitable que l'Etat cède une partie de ses droits
intervenants dans la fixation du prix pour la constitution d'un fond devant
servir aux activités de production, de commercialisation et de
transformation de l'anacarde afin de lever les obstacles éventuels
liés aux
115
structures portuaires.
2-8 Amélioration et garantie de la qualité
des exportations
La promotion et l'assurance de la qualité de la noix et
des produits dérivés permettent aux producteurs et aux
transformateurs de tirer le meilleur profit et avantage possible de la
filière. Il faut donc recommander l'adoption d'une norme de
qualité ivoirienne de la noix susceptible d'aider à la promotion
du label ivoirien; ce qui devrait conduire à l'ouverture d'un service de
contrôle en amont.
La qualité des produits issus de l'anacarde doit
être certifiée et en conformité avec les normes de
références. En dehors du district du Zanzan où la
qualité des noix est très bonne (l'outturn varie de 47 à
50 avec un taux de grainage oscillant entre 180 et 185), dans les autres
régions cette qualité est moyenne; l'outturn y varie de 40
à 48). Il est par conséquent nécessaire de poursuivre la
sensibilisation sur la qualité pour que cette pratique fasse partie des
priorités des producteurs dans la conduite de l'itinéraire
technique.
Conclusion partielle
Le développement de la filière à travers le
processus de
commercialisation et de transformation est une
opportunité importante de création d'emploi à court et
à long terme à saisir. Elle permettra de réduire le taux
de chômage des jeunes en général et en particulier celui
des femmes avec pour finalité la réduction du taux de
pauvreté dans toutes les zones de culture. Pour y parvenir, il faut
arriver à contourner un certain nombre de contraintes qui entravent les
efforts déjà consentis.
116
CONCLUSION
Bien que la filière anacarde connaisse des
problèmes très divers, elle constitue un volet très
sensible pour l'économie ivoirienne. Elle fait vivre plus de deux
millions cinq cent mille personnes et occupe la troisième place en terme
des produits d'exportation, elle nécessite plus d'attention de la part
des pouvoirs politiques.
En effet, « l'or brun » est un élément
qui contribue à la stabilité des migrations, à la lutte
contre la pauvreté et à la certification du bien être des
producteurs. Même si l'exploitation se localise seulement dans les zones
centre et nord du pays, on note que les potentialités sont
énormes. L'étude montre qu'elle nécessite une
véritable organisation malgré les reformes effectuées si
l'on veut prétendre à un meilleur développement dans les
zones de production.
La formation des producteurs est une nécessité
capitale pour un développement harmonieux et durable de la
filière. L'opportunité qu'offre le processus de transformation
(lutte contre la pauvreté) doit être saisie aussi bien par les
producteurs que par l'Etat. Aujourd'hui, la redéfinition du rôle
de chaque acteur impliqué dans la commercialisation de la filière
est plus que jamais nécessaire. Car, il y va de l'intérêt
de tous, mais plus de l'économie ivoirienne. Ce sont là des
contraintes qui apparaissent le plus souvent au sein de la filière
marquée par la désorganisation, le manque de coordination et de
contrôle.
La filière anacarde est cependant confrontée
à de nombreuses questions qui ont été explicitées
et face à cette situation, des changements profonds et durables
s'imposent pour consolider la filière et en faire un moteur pour le
développement rural du Nord de la Côte d'Ivoire. La
117
nécessité de définir une stratégie
sectorielle à moyen et long terme pour l'anacarde est cruciale.
Notons toutefois que l'efficacité d'un système
économique, quelle que soit la qualité, se mesure à
travers sa capacité à lever les contraintes qui pèsent sur
le développement des filières agricoles et à
transférer aux moindres coûts les innovations technologiques
capables d'assurer aux paysans un revenu satisfaisant. Malgré ces
contraintes, les populations continuent de croire aux réelles
potentialités d'une filière qui cherche toujours ses
repères.
Dans un souci de cohérence et de pertinence, l'objectif
global de cette étude se situe dans le cadre de la réduction de
la pauvreté des zones productrices de la Côte d'Ivoire et bien
sûr, de manière plus large, de l'ensemble de la Côte
d'Ivoire. Cela a conduit à formuler l'hypothèse de l'étude
suit après : la persistance de la pauvreté dépend du mode
d'utilisation des revenus par les paysans. Cela devra permettre d'augmenter et
sécuriser de façon durable les revenus des producteurs
d'anacarde. Ainsi, la méthode comparative et la méthode
systémique ont été mobilisées. Nous avons
constaté que les résultats observés et les
résultats attendus sont en phase. Notre Hypothèse est
vérifiée donc confirmée.
La filière anacarde nécessite une mobilisation
de tous les acteurs autour d'une stratégie de développement,
soutenue par les pouvoirs publics, les organismes non gouvernementaux et
internationaux afin de faire bénéficier aux producteurs les
retombées de la reforme. Cela permettra de donner à la
filière l'éclat tant attendu de tous avec la création de
milliers d'emplois, ayant pour conséquence l'amélioration du
pouvoir d'achat des producteurs.
118
BIBLIOGRAPHIE
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ANNEXES
122
123
GUIDES D'ENTRETIEN
Guide d'entretien à l'adresse du conseil de
l'anacarde
1- Quelles sont les composantes qui interviennent dans la
fixation du prix bord champ ?
2- Quel rôle joue le Conseil dans la
gestion de la filière anacarde ?
3- Quelles sont les différentes structures d'encadrement
des paysans producteurs d'anacarde ?
4- Quelles sont les différentes unités et usines
de transformation de la noix de cajou en Côte d'Ivoire ?
5- Quels sont les rôles joués par les pisteurs dans
la commercialisation de la noix de cajou ?
6- Quels sont les différents prix d'achat bord champ de
2013 et 20014 ?
7- Quelles sont les différentes quantités de noix
brute et d'amande blanche exportées de 2010-2014 ?
8- Y a-t-il un laboratoire national de contrôle et de
certification de la quantité à l'exportation ?
9- Quelles stratégies doit-on mettre en place pour lutter
contre le manque d'organisation des paysans producteurs d'anacarde ?
10-quels sont les organes qui composent votre
structure ?
124
11- Existe-t-il des structures de contrôle
des prix ?
12-Combien de coopératives sont- elles
membre de votre institution ? 13-quels les obstacles auxquels
vous êtes confrontés sur le terrain ? 14 Comment
suivez-vous l'évolution du prix sur le terrain ?
15-les pisteurs disposent-ils d'un permis
d'achat ?
125
Guide d'entretien à l'adresse de l'agent
ANADER de Koun Fao
1-Quelle est la part de l'anacarde dans l'économie dans la
commune ? 2-Quel est le taux de pauvreté dans de la commune ? 3-Combien
de coopératives comprend la commune ?
4-Quelles sont les mesures mises en place pour venir en aide aux
producteurs ?
5-Quelles sont les structures d'épargné de la
commune ?
6-Quels sont les moyens de contrôle que vous disposez pour
le prix ? 7- Quels objectifs visez-vous dans l'encadrement des producteurs ?
8-Avez-vous constaté une amélioration dans vos actions
d'encadrement ?
9-comment pouvez-vous expliquer le fait que malgré la
croissance de la production agricole, l'on puisse parler pauvreté ?
10-Qu'est-ce qui détermine selon vous le choix de cette
culture par les paysans ?
126
QUESTIONNAIRE A L'ADRESSE DES
PRODUCTEURS
3. Origine ethnique -
Origine ethnique 1.Autochtone
2.Allochtone
3.Allogène
4. Situation matrimonial -
Situation matrimonial
|
1.Célibataire 2.Marié(e)
3.Divorcé(e) 4.Veuf(ve) 5.Autre
|
|
5. Niveau d'instruction -
Niveau d'instruction
|
1.Analphabèt 2.Primaire
3.Secondaire 4.Supérieur 5.Autre
|
6. Nombre de personnes en
charge - Nombre de
personnes
en charge
|
1.Moins
de 5
2.De 5
à 10
3.Plus
de 10
|
7. Utilisation des revenus -
Utilisation des
revenus
|
1.Entretien du
verger
2.Nourrir la
famille
3.Scolarisation
4.Soins de santé
5.remboursement
des dettes
6.Autre
|
12. Quels types
de medicine utisez-vous?
|
1.Traditionnel
2.Medicaments
par terre
3.Medicaments
chinois
4.Medicaments
d'hôptaux
5.Autre
|
|
Si oui, lequel? - Si oui, lequel?
1.Vélo 2.Moto 3.Voiture 4.Autre
|
|
10. Source d'energie
utilisée - Source d'energie
utilisée
|
1.Lampe
tempête
2.pile/batterie
3.courant
électrique
4.Groupe
électrique
5.Energie
6.Autre
|
|
11. Source
d'approvisionnement
en Eau
|
1.Marigot
2.puits
3.Pompe
4.L'eau
de
robinet
5.Autre
|
127
|
1.Moins
de 3
|
|
|
|
|
14. Menez vous
autre activité à part
l'agriculture?
|
1.Oui
|
|
4.Autre
|
16.
Principal
|
1.Brique
en dur
2.Brique
en terre
3.terre
battue
|
|
|
|
19. A combien
avez-vous vendu le kilogramme en
FCFA?
|
1.Moins
de 225
2.225
3.Plus
de 225
|
|
|
|
|
17.
Quantité
produite
1.Moins
de 500
kg
2.De
500 à 1
tonne
3.De 1
à 5
tonnes
4.De 5
à 10
tonnes
5.Plus
de 1O
tonnes
20. Par quelle
voie informez-vous sur le prix?
18. A qui
vendez-vous vos produits?
1.Pisteurs 2.Radio
3.Télévision 4.Autre
1.Pisteurs 2.Coopérative
3.Commerçants 4.Autre
21.
Avez-vous
un compte
bancaire?
1.Oui
2.Non
22. Si non,
où gardez-vous votre
revenus?
|
1.Mobile
money
2.A la
maison
3.Autre
|
128
129
1.Moins
de
50000
2.De 50 000 à 100
000
3.De 100 000 à
200 000
4.De 200 000 à
500 000
5.Plus
de 500
000
24. Depense
alimentaire en FCFA
1.Moins
de 5
2.De 5
à 10
3.Plus
de 10
26. Nombre
d'enfants solarisés
1.Moins
de 50
000
2.De 50 000 à 100
000
3.De 100 000 à
200 000
4.De 200 000 à
500 000
5.Plus
de 500
000
27. Depenses
scolaires en FCFA
1.Moins
de 50
000
2.De 50 000 à 100
000
3.De 100 000 à
200 000
4.De 200 000 à
500 000
5.Plus
500
000
28. Depenses
sanitaires en FCFA
1.Moins
50 000
2.100 à
200
000
3.De 200 000 à
500 000
4.Plus
500
000
30. Depenses
liées au remboursement des dettes en
FCFA
23.
Contractez-vous
des prèts?
1.Oui
2.Non
29. Depenses
liées à l'entretien du verger
en FCFA
3.De 200 000 à
500 000
4.Plus
500
000
1.De
50
000
2.De 100 000 à
200 000
25. Si oui
auprès de qui?
1.Pisteurs 2.banque 3.Amis
4.Parents 5.Autre
130
TABLE DES MATIERES
AVANT PROPOS ii
REMERCIEMENTS iii
SIGLES UTILISES iv
LISTE DES FIGURES, SCHEMA ET TABLEAUX vi
INTRODUCTION .1
PREMIERE PARTIE : CONSIDERATION
D'ORDRE
THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
CHAPITRE I : Cadre théorique
1-Justification
1-1 la raison pratique
1-2 la raison scientifique
2-Problématique 3-Objectif
général
|
4
.4
4
4
5
9
|
4-Hypothèse de recherche
|
9
|
5-Opérationnalisation des concepts
|
...9
|
6-Définition des concepts
|
12
|
6-1 Pauvreté
|
12
|
6-2- Commercialisation
|
15
|
6-3-Gestion
|
16
|
7-Revue Critique de la littérature
|
..17
|
7-1-Contribution de l'anacarde à la lutte contre la
pauvreté.... ...18
7-2-Rapport prix et pauvreté ...20
CHAPITRE II : Cadre
méthodologique .24
1- Délimitation du champ d'étude 24
1-1- champs géographiques
|
.24
|
1-2-champs sociologiques
|
25
|
2-Techniques de collecte des données
|
....26
|
2-1 L'observation
|
...26
|
2-2 Le guide d'entretien
|
27
|
2-3 Questionnaire
|
.27
|
3-Etapes de la recherche
|
28
|
3-1 Enquête exploratoire
|
28
|
3-2 L'enquête
3-3 La documentation
3-4 L'échantillonnage
|
.28
28
29
|
3-4-1 Critère de choix de l'échantillon
|
.29
|
3-4-2 tailles de l'échantillon
|
.30
|
4-Méthode d'analyse
|
30
|
4-1 La méthode systémique
|
.31
|
4-2 La méthode comparative
|
31
|
4-3 Dépouillement des données
|
31
|
4-4 Difficultés rencontrées
|
.32
|
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION, PRODUCTION ET
EVOLUTION DE LA FILIERE ANACARDE
CHAPITRE I : Présentation de la
filière anacarde .
|
34
|
1-Historique
|
34
|
2-Présentation de l'anacarde
|
.34
|
131
3-Technique culturale 37
132
4-La culture de la noix de cajou ..38
5-Techniques de récolte ..39
6-Stockage et qualité des noix
CHAPITRE II : Organisation et
évolution de la filière anacarde
|
..39
|
en cote d'ivoire
|
41
|
1-Organisation de la filière
|
41
|
2- Production et évolution de l'anacarde
|
.42
|
2-1 Evolution de la production nationale de 2000 à 2014
|
42
|
2-2 Analyse des exportations des noix de cajou
|
44
|
2-3 Les entreprises nationales de transformation
|
46
|
2-4 Analyse des exportations des amandes
|
.49
|
CHAPITREIII : Caractéristiques
générale de la région d'étude
|
52
|
I-Présentation de la région d'étude
|
..52
|
I-1 Hydrographie
|
..56
|
I-2 Climat
|
.56
|
I-3 Végétation
|
56
|
I-4 Peuplement
|
.57
|
I-5 Cultures pratiquées .57
II-Caractéristiques socio-économiques 58
II-1 Situation foncière ...59
II-2 Migration et exode rural ..59
Conclusion partielle 59
133
TROISIEME PARTIE : COMMERCIALISTION DE LA NOIX DE
CAJOU FACTEURS
EXPLICATIFS DE LA VOLATILITÉ DES PRIX
|
CHAPITRE I: Caractéristiques sociologiques des
enquêtes
|
.62
|
1-Sexe et âge
|
62
|
2-Niveau d'instruction nombre d'enfants en charge
|
..63
|
3-Situation matrimoniale
|
.65
|
CHAPITRE II : Contribution de la
commercialisation de la noix
de cajou à la lutte contre la Pauvreté
|
67
|
1-La pertinence de la filière pour le
développement agricole de la
Côte d'Ivoire et la lutte contre la pauvreté
|
|
67
|
2-L'apport économique
|
68
|
|
3-L'apport social
|
|
.71
|
3-1 Les frais de scolarisation
|
|
72
|
3-2 Dépenses de l'exploitation
|
|
.72
|
4-L'épargne
|
|
73
|
5-Les dépenses familiales
|
|
..75
|
5-1 Les dépenses obligatoires
|
|
75
|
5-2 les dépenses occasionnelles
|
|
76
|
CHAPITRE III: Facteurs explicatifs de
l'instabilité des prix.78
1-Le Prix de vente bord-champ
|
78
|
2-Facteurs locaux et nationaux des variations
|
.81
|
3- Facteurs de variation internationaux
|
. 83
|
4- Barème de fixation du prix
|
84
|
|
134
5- Impact socio-économique du prix sur la vie des
producteurs .87
6-Rôle et impact des acteurs sur la commercialisation de
l'anacarde..88
6-1 L'Etat 88
6-2 Les pisteurs 89
6-2-1 Les pisteurs mobiles .89
6-2-2 Rôle des pisteurs dans la filière 90
6-3 Les Groupements paysans ..92
7- Producteurs et coopératives .93
8-Les Exportateurs .95 CHAPITRE IV:
Analyse des contraintes et perspectives liées
à
la commercialisation de la noix de cajou 97
I: contraintes liées au développement de la
filière anacarde 97
1-1 Faiblesse du prix des noix 97
1-2 Itinéraire agronomique 97
1-3 Encadrement des producteurs .98
1-4 Contraintes de la transformation 98
1-5 Contraintes de l'exportation ..99
1-6 Au niveau des organisations de producteurs 100
1-7 Autres contraintes 100
2- perspectives 101
2-1 Lutte contre la faible capacité de
négociation des producteurs...101
2-2 Renforcement de l'organisation de la filière 101
135
2-3 Protection des producteurs, commerçants et
transformateurs
ivoiriens contre le risque de prix 101
2-4 Production et collecte des noix 102
2-5 Transformation des noix 103
2-6 Commercialisation et promotion des exportations 104
2-7 Stratégies et politiques nationales favorisant le
développement de
la filière 105
2-8 Amélioration et garantie de la qualité des
exportations 106
Conclusion partielle .106
CONCLUSION 107
BIBLIOGRAPHIE .109
ANNEXES ..viii
TABLE DES MATIERES ..xvi
|