AUGUSTE SÉRIEYX
( 1865-1949)
BIOGRAPHIE et APPROCHE
DE SON OEUVRE
Chantal BIGOT-TESTAZ
AUGUSTE SERIEYX (1865 - 1949 )
BIOGRAPHIE et APPROCHE DE SON OEUVRE.
Volume I
Université de Lyon II
Année universitaire 1984 - 1985.
Mémoire de maîtrise préparé sous la
direction de Monsieur le Professeur Daniel Paquette ,, Directeur du
Département d'éducation musicale et de musicologie de 1 ' UE R
des Sciences Historiques .
AVANT-PROPOS
Dès leur publication, en 1961 et en 1974, j'ai lu les
Lettres à Auguste Sérieyx de V. d'Indy, H.Duparc, et A.Roussel et
L'Inventaire du Fonds musical A S (cf. bibliographie, n° 4 et 5). Ces deux
ouvrages évoquaient pour moi le souvenir lointain de quelqu'un
d'intimidant, certes, mais dont le rayonnement bienveillant m'attirait chaque
fois que Madame Sérieyx envoyait la petite élève d'alors
quérir de la craie, une gomme ou un document dans le bureau du vieux
maître (privilège recherché lors des cours collectifs de
rythmique). Plus tard, l'élève, devenue chef de choeur, a
préparé à deux reprises son " Malborough", petite
opérette pour enfants, la seconde fois en 1984, à Amiens,
où elle a fait connaître le nom d'Auguste Sérieyx dans sa
ville natale.
Pourquoi, dès lors, ne pas essayer de lui redonner vie
dans son propre pays? Sérieyx, en effet, rappelé
régulièrement à la mémoire des Suisses, entre
autres occasions, lors des dixième et vingt-cinquième
anniversaires de sa mort, grâce à la fidélité
agissante de son épouse épaulée par des amis, souvent
anciens élèves, n'est connu, en France, que de quelques
spécialistes. I1 semble que ma tentative s'inscrive dans une
démarche fréquente aujourd'hui : redécouvrir ses
« grands-parents musicaux », élargir
l'éventail des quelques noms de cette époque devenus populaires,
en étudiant la vie et l'oeuvre des musiciens restés dans l'ombre,
pendant près d'un demi-siècle. Je pense aux thèses, aux
articles, à d'autres mémoires de maîtrise, à tous
les programmes de concerts où apparaissent de plus en plus souvent les
noms d'un Albéric Magnard, d'un Maurice Emmanuel, d'un Jean Cras ou d'un
Georges Migot pour n'en citer que quelques-uns.
Hormis les " monstres sacrés " (et encore...), les
créateurs, chercheurs, philosophes ne subissent-ils pas presque tous une
période de purgatoire ? Même lorsque la valeur de leur oeuvre est
indiscutable, ne tombent-ils pas le plus souvent dans un oubli relatif, au
moins la durée d'une génération ? Et pour qu'ils en
sortent, ne faut-il pas un concours déterminé de circonstances
favorables ?
Devant cet important Fonds Sérieyx à explorer,
j'ai repensé aux circonstances favorables m'ayant permis cette
première étude : la conservation soignée d'un ensemble
aussi riche par Madame M-L. Bouët-Sérieyx, recueilli au bon moment
par Monsieur J-L. Matthey. Celui-ci accepta d'en entreprendre le délicat
classement pour enrichir en 1972, la B.C.U. (Bibliothèque Cantonale
Universitaire) de Lausanne d'un nouveau fonds d'archives musicales. Je me
souviens aussi de Monsieur le Professeur D. Paquette, suggérant à
ses étudiants, entre autres propositions, de se pencher sur les
débuts de la Schola Cantorum. Les trois personnes que je viens de citer,
ont non seulement permis mon choix, mais elles ont guidé et
facilité mes efforts pour terminer, au moins la première
étape, d'une recherche que j'eusse peut-être renoncé
à poursuivre si j'en avais mesuré l'étendue. Ma profonde
reconnaissance leur est acquise.
Je tiens aussi à remercier de leur amabilité la
direction et le personnel de la B.C.U. et de la Radio lausannoises ainsi que
les éditeurs cités en fin de bibliographie. Ils m'ont
aidée, en m'autorisant à reproduire les extraits
nécessaires pour étayer et illustrer mon texte.
De Messieurs H. Gonnard, B. Lebel, M. Kelkel et G. Testaz,
j'ai apprécié les conseils, les commentaires judicieux et je leur
sais gré des services qu'ils m'ont rendus.
Un dernier merci, du fond du coeur, s'adresse à
Jacques, mon mari, Viviane, Emmanuelle, Damien et Violaine, nos enfants, pour
leur patience et leur collaboration. Ils ont assuré presque toute la
réalisation matérielle de ce mémoire.
AVERTISSEMENT AU LECTEUR
La plupart des documents cités ou reproduits dans ce
mémoire le sont avec l'accord de la BCU de Lausanne où ils sont
entreposés. Chaque fois que c'est possible, la référence
alphanumérique en est donnée. Le plus souvent, il s'agit de la
cote FONDS AUGUSTE SÉRIEYX suivie d'un numéro, parfois d'une
autre cote lorsque les pièces sont enregistrées dans d'autres
départements de la B.C.U.
Lorsqu'il n'y en a pas, il s'agit, soit de documents
privés, soit de ceux qui ont été entreposés
à la B.C.U. après l'inventaire et qui ne sont pas encore
classés. Nous précisons qu'il s'agit d'un fonds
« vivant » susceptible de s'enrichir encore.
Récemment, par exemple, il lui était adjoint l'ensemble des
documents laissés par la cantatrice Ysabelle Bard, collègue
d'Auguste Sérieyx à l'Institut de Ribeaupierre.
Quelques astérisques en cours de texte renvoient
à un glossaire fait de définitions dont Auguste Sérieyx
est l'auteur.
Les titres complets Cours de grammaire musicale et
Cours de syntaxe musicale sont souvent remplacés par
Grammaire et Syntaxe.
Voici enfin quelques abréviations non courantes:
B.C.U. Bibliothèque Cantonale Universitaire.
O.S.I.A. Orchestre Symphonique des Internés
Alliés.
S.I.M. Bulletin de la section française de la
Société Internationale de Musicologie.
INTRODUCTI0N
Qu'était Auguste Sérieyx ? Un compositeur, un
théoricien, un professeur, un musicologue ? Ce sont les qualificatifs
apposés à son nom dans les dictionnaires et encyclopédies.
Le présent mémoire propose de vérifier l'adéquation
de ces épithètes, d'en ajouter peut-être et de s'interroger
sur l'opportunité d'en privilégier l'un ou l'autre.
Seule la chronologie très soignée de Jean-Louis
Matthey figurant au début de l'Inventaire du FONDS AUGUSTE
SÉRIEYX remplaçait jusqu'ici une biographie que nous avons donc
essayé d'écrire et qui constitue la première partie. de
notre travail. Divisée en trois chapitres, elle présente trois
périodes d'inégale durée de la vie de Sérieyx.
La première (1865-1897) retrace sa longue
préparation à sa situation de musicien au plein sens du terme.
Nous entamons le dernier tiers du XIXème siècle
Albéric Magnard est né cinq jours avant
Sérieyx, Paul Dukas en octobre 1865 et tous trois se retrouveront en
1897, à la Schola Cantorum. La France de cette époque se
relève difficilement de la défaite de 1870, tout en faisant
preuve d'un réel dynamisme, entre autres domaines par ses progrès
techniques que Sérieyx saluera souvent au passage. Pour ces
années-ci, nous avons puisé un maximum de renseignements dans son
Livre de Raison (Fonds Auguste Sérieyx 501), rédigé
pendant sa vieillesse à partir de carnets journaliers tenus
ponctuellement et dont une partie est conservée à la B.C.U. de
Lausanne.
Le deuxième chapitre (1897-1914), le plus long des
trois, couvre la période la plus courte mais il s'agit des années
les plus denses de sa vie. Nous sommes en pleine « Belle
Époque » et Paris joue plus que jamais son rôle de
capitale artistique du monde entier. On y écoute et joue toujours plus
de musique, variant selon les milieux sociaux mais l'opérette attire
l'éventail de public le plus large. C'est la période où
Sérieyx étudie, puis enseigne à la Schola et accepte des
fonctions de critique musical. I1 se passionne pour les opéras de Wagner
qu'il a d'abord vus à Bayreuth puis à Paris, restant trop discret
peut-être à l'égard des « Ballets
russes » (un seul article à notre connaissance entre 1908 et
1912).
Pour rédiger ce second chapitre (et la fin du premier),
nous avons utilisé non seulement le Livre de Raison mais la
partie transcrite des notes en sténotypie d'entretiens datant de 1945.
Des notes détaillées de 1909 à 1913 et déjà
des dossiers de correspondance ont complété notre information.
Le Livre de Raison II terminé par Madame
Bouët-Sérieyx, sa seconde épouse, s'arrête en 1931 (la
suite étant encore en sa possession). Pour la rédaction du
troisième chapitre (1914-1949), nous avons donc recouru à des
témoignages directs ou à des documents dispersés sous
différentes rubriques du FONDS AUGUSTE SÉRIEYX. Nous n'avons pu,
jusqu'ici, dépouiller tous les dossiers de correspondance. Leur lecture,
plus particulièrement celle des échanges de lettres avec C.Chaix,
G.Pantillon et G. Martin Witkowski présentera sans doute un grand
intérêt pour compléter un jour la dernière partie de
cette biographie. Celle-ci aurait pu, certes, être
développée davantage, vu la masse d'informations encore non
exploitées, mais nous osons espérer qu'elle forme un tout
cohérent et provisoirement suffisant.
Dans notre essai, en seconde partie, d'approcher l'oeuvre de
Sérieyx, nous n'avons, en revanche, pas d'autre prétention que
celle d'entrouvrir quelques portes qu'il faudra bien franchir un jour. Nous
essayerons d'y conserver un parallélisme chronologique avec la
première partie pour mieux suivre l'évolution du compositeur et
du théoricien.
Le chapitre IV concerne le compositeur, à propos duquel
nous citerons quelques lignes d'un projet d'article de M-L. Sérieyx,
datant de 1974
I1 n'est que de comparer la Sonate pour violon et piano (1904)
à la série des 24 Motets sur des textes de l'Imitation de
Jésus-Christ, ou aux Trois pièces pour grand orgue pour constater
que l'harmoniste de formation traditionnelle qui arrivait chez d'Indy
s'était petit à petit transformé en un polyphoniste
convaincu. Attiré comme Koechlin, Migot et .d'autres, par les richesses
modales que l'époque classique avait quelque peu
négligées, il se laissa envoûter par la pureté et la
profondeur du chant grégorien. Adepte enthousiaste de la réforme
solesmienne approuvée et encouragée par Pie X, il s'attacha
à enrichir ses cantilènes d'harmonies respectueusement modulantes
et toujours modales.
Au chapitre V, nous proposons, avec un commentaire, les
indications utiles pour creuser plus avant quelques textes originaux, le plan
de ces deux ouvrages essentiels, des listes d'articles de conférences
etc. I1 a fallu encore nous limiter et nous avons, en règle
générale, sélectionné les documents datés en
laissant de côté les autres.
Nous souhaitons que-notre choix mette en évidence
l'évolution constante de Sérieyx vers plus de simplicité.
Au fil des ans, il n'a pas cherché comment atteindre le plus grand
nombre (cet objectif, pourtant légitime, n'entrait pas dans ses vues).
Mais à tous ceux « entrés en musique » et
désireux d'y avancer en ne cessant d'approfondir leurs connaissances, il
a proposé un cheminement.
PREMIERE PARTIE
BIOGRAPHIE
CHAPITRE I
1865-1897
A. UN ENFANT SANS TERROIR (1865-18885)
Auguste Sérieyx est né le mercredi 14 juin 1865
vers 7 heures moins le quart du soir à Amiens en Picardie. Il vient au
monde au 29 de la rue Saint-Louis, actuellement rue Delpech, dans le petit
hôtel particulier abritant les bureaux de la Direction de
l'Enregistrement des Domaines et du Timbre dont son père, Victor
Sérieyx était le Directeur. Amiens est une étape dans la
carrière de fonctionnaire des Finances de ce dernier, affecté
précédemment en Algérie.
La famille Sérieyx, citée dès le
XVIIème siècle comme appartenant à la
bourgeoisie du Limousin, est originaire de Donzenac, près de
Brive-la-Gaillarde. Victor Sérieyx a un frère
prénommé Eugène ; tous deux ont épousé
deux soeurs venues de Lorraine, Pauline et Mathilde Schueler. Issus de ces
unions arriveront à l'âge adulte quatre cousins germains que les
événements, s'ajoutant à leur double lien de
parenté, lieront profondément.
Ce bébé né ce 14 juin dut combler de joie
l'attente de ses parents déjà âgés (Pauline Schueler
a quarante ans en 1865) et déjà attristés par la perte de
plusieurs enfants en bas âge. A son baptême, le premier juillet, il
reçoit les prénoms de Jean, Marie, Charles, Camille et Auguste
qu'il commente un par un dans son Livre de Raison. On apprend ainsi que
l'usuel, celui d'Auguste, vient de sa marraine, dite tante Augustine et d'un
grand-oncle, l'abbé Auguste Nanche qui aurait dû être son
parrain, rôle finalement dévolu à Camille, le frère
aîné âgé de six ans. Ce dernier fit de son mieux pour
calligraphier sa signature sur l'acte de baptême1(*), ignorant, en ce jour de
fête, combien cette responsabilité deviendrait effective quelques
années plus tard. Parmi les souvenirs de la toute petite enfance, notons
les jours où son père revêtait sa grande tenue (entre
autres pour les visites impériales) et celui du grand-père
maternel lorrain, un peu effrayant avec sa barbe et sa chevelure noires
à soixante dix neuf ans.
En octobre 1869, la famille Sérieyx
déménage à Lyon, au 33 de la rue Sala. Le chef de famille
vient en effet d'être nommé conservateur des hypothèques de
cette ville. Les Sérieyx y resteront six ans, période riche en
souvenirs très divers parmi lesquels : l'incendie nocturne de
l'appartement de la rue Sala, les obsèques solennelles du cardinal de
Bonald avec la garnison disposée sur le parcours du convoi
funèbre et les illuminations de Fourvière aux fêtes de
l'Immaculée Conception.
C'est à Lyon que le jeune Auguste atteindra l'âge
de raison. Quatre thèmes figureront de plus en plus
régulièrement dans ses notes. Véritables pôles de
toute sa vie, on les retrouvera désormais tout au long du Livre de
Raison . un grand sens de la famille et des amis, un souci de
l'actualité au sens le plus large, un profond attachement à la
religion catholique, à sa liturgie, à l'ordre des Jésuites
auquel la famille Sérieyx confie traditionnellement la formation de ses
enfants et enfin, l'amour de la musique.
Sa mère, bonne pianiste, sera la première
à le guider dans cette découverte : elle l'emmènera aux
concerts de la place Bellecour et, dès l'âge de sept ans, lui fera
donner des leçons de piano2(*). Son goût pour l'aspect théorique de la
question apparaît très précocement. On en jugera par ces
lignes correspondant à sa onzième année
J'obtiens de me le faire prêter [un traité
d'harmonie ] et je n'y comprends pas grand chose, les exemples étant en
clé d'Ut. (...) Les compositions commencent à se succéder
rapidement. La fameuse Polka fait l'objet d'une discussion sur
l'écriture des degrés chromatiques SI, LA #, LA
, que je prétends devoir écrire SI, SI b ,
LA. Camille reçoit beaucoup de camarades et l'un d'eux, Joseph
Jaillard, bon musicien, m'apprend le principe des accords de septième
par tierces superposées et m'apprend les noms de la septième de
dominante et de la septième de sensible. 3(*)
Le 16 mars 1875, Victor Sérieyx meurt des suites d'une
double bronchite. La cérémonie funèbre a lieu en
l'église d'Ainay. Il reste un récit détaillé de ces
journées douloureuses prouvant combien elles ont marqué
l'orphelin d'à peine dix ans. Ce deuil, et l'annonce, peu après,
du « krach » bancaire qui absorbe le legs du
grand-père Schueler, décédé la même
année, vont restreindre le train de vie de la famille.
En été 1876, Camille part seul pour Paris
chercher un appartement pour y préparer l'installation que l'on croyait
alors définitive de Madame Sérieyx et ses deux fils. Ils y
retrouvent de proches parents, entre autres, l'oncle et la tante
Sérieyx-Schueler ainsi que leurs deux fils. L'aîné,
William, né en 1866, devient, durant ces années parisiennes,
l'ami intime d'Auguste qu'il restera toute sa vie. Les deux adolescents
construisent ensemble un monde imaginaire tiré des personnages de Jules
Verne en réussissant même à déchiffrer un
cryptogramme au deuxième degré introduisant l'un de ses romans
moins connu. : La Gandala.
Les deux cousins sont d'abord condisciples chez les
Jésuites de la rue de Madrid mais de graves ennuis de santé,
datant de Lyon déjà, compromettent de plus en plus le suivi de la
scolarité d'Auguste. Son père s'était soigné des
années durant par des cures à Allevard ; sa mère a
souffert de pleurésies dont la dernière lui sera fatale. C'est un
lourd héritage. I1 gardera toute sa vie une fragilité qui se
manifeste dès l'enfance par de graves bronchites et plus tard par des
crises d'asthme. Aussi, malgré tout l'intérêt de la vie
parisienne4(*),
l'impossibilité où se trouve Auguste de continuer la classe et la
nomination de Camille comme receveur de l'Enregistrement dans le
Tarn-et-Garonne, décident Madame Sérieyx à partir
s'installer à Pau. Son fils cadet est certainement atteint, à ce
moment là, d'un début de tuberculose et le climat du Sud-Ouest
est vivement recommandé par le médecin.
Auguste a seize ans à son arrivée à Pau
où il continue sa classe de rhétorique. Les séjours
à Paris, à la belle saison, lui permettent d'aller au concert et
à l'Opéra. " La musique tient une place de plus en plus grande
dans mes préoccupations "5(*) et il se lie de préférence avec des
musiciens susceptibles de l'aider à progresser. Parmi eux nous citerons
les frères Lahovary, Constantin et Alexandre, originaires de
Transylvanie, que le destin conduira à Montreux où Sérieyx
les retrouvera bien des années plus tard.
Le 17 février 1884, Pauline Emilie
Sérieyx-Schueler s'éteint à son tour. C'est une dure
épreuve, certes, mais peut-être aussi l'aube d'une nouvelle
tranche de vie plus libre pour Auguste. I1 relate au printemps de nombreuses
randonnées en montagne, à pied ou à cheval, d'où
cette constatation en juillet suivant : « Un échec au
baccalauréat de philosophie paraît être la
conséquence de ces méthodes de
préparation »6(*). Il obtiendra son laisser-passer pour
l'Université de Toulouse le 14 avril 1885, la veille du mariage de son
frère Camille. Le nouveau couple s'installe à Cahors avec Auguste
qui note pour la fin de cette année 1885, celle de ses vingt ans
A la fin des vacances, séjour à Paris au moment
de l'entrée de William à l'Ecole Saint-Cyr le 28 octobre.
(Première représentation de La nuit de Cléopâtre ).
Retour à Cahors en novembre et installation dans ma grande chambre
indépendante avec le nouveau piano Erard acheté à Pau (59
770 francs). Saison d'hiver très mondaine avec bals et
soirées7(*).
B. INCERTITUDE (1885 à 1897)
Pour le jeune bachelier de vingt ans, sonne l'heure d'un choix
grave et l'évocation des années qui viennent mettront en
évidence que celui-ci ne s'est fait ni en un jour, ni en un an.
En janvier 1888, les deux frères Sérieyx
s'inscrivent ensemble à la Faculté de droit de Toulouse. Camille
est à ce moment là receveur-rédacteur à Cahors et
Auguste y commence un stage dans les bureaux de l'Enregistrement en vue de
l'examen de surnuméraire. Malgré leur différence
d'âge, tous deux se réjouissent de cette perspective
d'étudier ensemble. " C'est la seule fois de notre vie que nous
étudions les mêmes matières en même temps et cette
considération a beaucoup contribué à me
décider"8(*). Qui
s'imaginait que la formation continue était issue de mai 1968 ?
Mais on lit aussi à la même page : " Entretien
avec le Docteur Lanteires sur la carrière musicale (relaté en
détail dans mes notes) ", première allusion aussi précise
à l'alternative musicien ou juriste9(*) (1). Ses études de droit sont cependant
conduites avec sérieux puisqu'il obtient sa licence, en
été 1888.
Début novembre, il s'inscrit à l'École
des Sciences Politiques, à Paris, où il prête serment
d'avocat le 14 du même mois.
Onze ans plus tôt, le 7 mai 1877, Ernest Chausson
était lui aussi « reçu au Serment d'avocat à la
Cour d'Appel de Paris »10(*), il était alors en pleine crise de conscience
concernant son avenir mais, âgé d'à peine vingt-trois ans,
il renonça au stage auquel il était admis pour se consacrer
entièrement à la musique.
Sérieyx, lui, dix années durant, essayera
d'équilibrer une vie professionnelle de juriste avec une vraie passion
pour la recherche musicale et un grand désir d'étudier à
fond les techniques de l'écriture.
Comment va-t-il concilier les deux, loin des structures
officielles parisiennes ? Nous allons tenter de décrire sa
démarche de travailleur acharné, profitant de chaque rencontre
pour en savoir davantage, de chaque occasion pour faire de la musique ou pour
en susciter autour de lui. Afin de cerner davantage son cheminement musical,
nous laisserons de côté nombre de faits intéressants,
reflets d'une vie intense, très ouverte, nous l'avons déjà
dit, sur les événements contemporains.
Nous renoncerons à le suivre dans ses multiples
déplacements facilités par sa situation de célibataire
indépendant, très attaché aux amis pour la plupart
fonctionnaires ou militaires, donc soumis à de fréquentes
mutations (quand ils n'étaient pas musiciens !). I1 avait la chance,
à cette époque là, de bénéficier d'une
« couverture de voyage », carte de libre circulation sur
les chemins de fer français.
Évoquons juste encore le souvenir de leçons de
bicyclette, et en vue d'un voyage d'affaires, de cours d'espagnol, pour traiter
une faillite en Espagne, avant de revenir à la musique pour
écouter Sérieyx parler de ses premières impressions
d'études systématiques de l'harmonie. C'était à
l'occasion d'une série d'entretiens qu'il accorda en 1946 à
Freddy Ruillier11(*),
ancienne secrétaire d'André Gide et de Jacques Copeau, alors en
séjour à Montreux
Un vieux maître de chapelle, parent par alliance de mon
frère, Emmanuel de Lascazes, s'était intéressé
à mes essais musicaux et tenta de m'initier à l'enseignement
traditionnel de l'harmonie sans succès notoire. J'étais
déjà décidé à m'évader d'une foule de
règles qui me paraissaient surannées, opinion qui n'a jamais
varié dans mon esprit. J'avais notamment composé une pièce
pour piano singulièrement modulante pour l'époque, qui faisait
autour de moi tantôt le scandale, tantôt l'admiration de mes amis.
Il s'agit d'Incertitude12(*). Après un demi-siècle, je
considère cette composition comme tout à fait
représentative de mes tendances musicales...
C'était en 1887. Les années suivantes, soit par
correspondance, soit lors de séjours parisiens, il prend une
série de cours avec Lucien Grandjany13(*) qui seront interrompues par la mort de ce dernier.
Le vieux maître de chapelle Lascazes mettra alors
Sérieyx en contact avec Adrien Barthe. professeur d'harmonie au
Conservatoire de Paris. Sérieyx, à cette époque, partage
sa vie entre Paris et le Sud-Ouest, Bayonne surtout, où la famille de
Camille s'est fixée, après y avoir acheté une étude
de notaire. Adrien Barthe fait de fréquents séjours à
Saint-Jean-de-Luz. Maître et élève peuvent se retrouver
régulièrement jusqu'en 1894 où Barthe, considérant
son enseignement comme terminé, confie Sérieyx à
André Gédalge pour le contrepoint.*
Ces cours se poursuivront soit par correspondance, soit de
façon traditionnelle jusqu'en 189614(*).
Au même moment, Albert Roussel étudie à
Paris dans une solitude choisie, avec l'organiste Eugène Gigout de
l'École Niedermayer. Sa démission d'officier de marine remonte
à 189415(*),
l'année de ses vingt-cinq ans. Sa route croisera bientôt celle de
Sérieyx et sans doute, écoutent-ils déjà ensemble,
mais sans se connaître, les improvisations de Gigout à l'orgue de
Saint Augustin.
Sérieyx évoque, dans ses entretiens avec Freddy
Ruillier, ce qu'il a reçu de Gédalge.
Je dois dire que, malgré certaines divergences
extérieures à la musique, j'ai eu les meilleurs rapports avec
Gédalge et qu'il me donnait l'enseignement élémentaire du
contrepoint sur d'excellentes bases dont je ne me suis écarté
depuis, qu'en croyant devoir expliquer des règles dont il ordonnait
l'application sans les comprendre16(*).
Et il écrit dans Le Livre de Raison pour
l'année 1895 : « En janvier, la pièce pour piano
Incertitude est récrite entièrement et la
prédiction de Barthe est réalisée ».17(*)
I1 ne reparlera plus, par contre, d'une opérette-bouffe
détruite plus tard, appelée Collectivisme, écrite
en 1895 sur un livret de son cher cousin, le capitaine William Sérieyx.
Le projet de représentation dans un théâtre parisien
faillit aboutir.
En parallèle avec ses études
systématiques d'harmonie et de contrepoint, Sérieyx, dès
1888, consacre beaucoup de temps aux ouvrages de Durutte et de Barbereau, point
de départ de sa longue élaboration mathématique pour le
cycle des quintes.
Entre la théorie et la pratique de la musique, il n'y a
pas de solution de continuité chez Sérieyx qui tient souvent
l'orgue du couvent des Dominicains de Biarritz. Il participe aussi à des
soirées de musique de chambre avec des amis, prend des leçons de
chant et s'occupe activement, en tant que vice-président. de la
réorganisation de la Société Philharmonique de Bayonne. Le
pianiste Francis Planté et le violoniste Henri Marteau y donneront
plusieurs récitals et c'est Planté qui, fin 1896, ménagera
une rencontre déterminante pour l'avenir entre Sérieyx et Charles
Bordes.
Ce dernier, maître de chapelle à l'église
Saint-Gervais de Paris, alliait une compétence et un dynamisme
exceptionnels à la tête d'une chorale qui allait faire parler
d'elle, bien au-delà de sa paroisse, dans la France entière.
Comme l'a dit Paul Dukas : « Bordes n'a découvert ni
Palestrina, ni Bach, ni Rameau, ni tant d'autres. Mais c'est à lui que
l'on doit leur retour effectif à la vie musicale. »18(*)
C'est au cours d'une des tournées des
« Chanteurs de Saint-Gervais » dans le Sud-Ouest que
Francis Planté misa sur Auguste Sérieyx pour organiser, à
Bayonne, un concert supplémentaire destiné à combler un
déficit compromettant le retour du choeur vers Paris.
Après quelques jours à Saint-Avit, pendant
lesquels Bordes me témoigna la plus vive sympathie, je rentrai à
Bayonne pour décider le Comité de la Philharmonique à
organiser un concert avec les chanteurs de Saint-Gervais. Cela n'alla pas tout
seul. On criait au scandale à l'idée d'un concert où il
n'y aurait que du chant choral et il fallut transiger avec Bordes en
intercalant entre les polyphonies et les madrigaux du XVIéme
siècle, l'air Vision fugitive d'Hérodiade de
Massenet chanté par un ténor des Chanteurs de Saint- Gervais.
Cette adjonction permettait à Bordes d'élever à 850 francs
le cachet de 800 francs que j'avais obtenu à grand peine de la
Société Philharmonique. Le concert eut lieu le 4 janvier 1897.
Le matin du même jour, Bordes avait donné une conférence
à l'Évêché sur la musique religieuse et le chant
grégorien au cours de laquelle il osa cette boutade : " Prenons par
exemple quelqu'un qui n'entend absolument rien à la musique
d'église Un chantre...19(*)
L'été suivant, Charles Bordes reçoit
Sérieyx à Saint-Jean-de-Luz et lui annonce la fondation de la
" Schola Cantorum " où il attend sa visite. Le dimanche 17 octobre
1897, Sérieyx, de retour à Paris, après avoir
assisté à la messe à Saint-Gervais, découvre pour
la première fois le 15 de la rue Stanislas et il aimera un
demi-siècle plus tard, se souvenir des détails de cette
après-midi là :
L'immeuble de la Schola faisait l'angle du boulevard Montparnasse
avec un seul étage au-dessus du rez-de-chaussée et contenait un
magasin de vente des éditions publiées par Charles Bordes, des
salles de classe, un orgue d'étude, un atelier de gravure et une salle
pour une maîtrise d'enfants, sans oublier le
« bureau » de Bordes. Naturellement, Bordes était
sorti. Je lui laissai ma carte avec mon regret de l'avoir manqué et mon
adresse à Paris. Le même soir, une carte-télégramme,
à 30 centimes, parvenait chez moi, rue de Constantinople. Elle
était libellée à peu près ainsi : " Cher Ami, vous
tombez bien. D'Indy commence son cours demain à quatre heures et je lui
ai annoncé que vous y seriez. Venez un peu avant. Je vous
présenterai. Bien à vous. Charles Bordes20(*).
Cet automne là, Sérieyx a trente-deux ans.
Malgré une santé qui restera toujours déficiente, il
mène une vie extrêmement active, sillonnant la France plusieurs
fois par an, à une époque où lire et écrire dans un
train devait être plus difficile que de nos jours, dans un T.G.V. En
quelques mois, on le retrouve à Brest pour raison de famille, dans le
Jura en tant que commandite et agent de la Société de
Saint-Claude où il a placé de l'argent. Puis le voilà de
retour à Paris où spectacles, concerts, expositions et contacts
nombreux avec l'élite intellectuelle lui permettent de participer
d'autant plus efficacement à l'organisation de la vie culturelle lors de
ses séjours à Bayonne. .
On peut relier ces nombreux déplacements, sans doute
souhaités, à son enfance et à son adolescence
itinérantes. A l'inverse d'un Bordes, d'un Ropartz, d'un Canteloube et
de bien d'autres de ses contemporains, il n'a pas de racines régionales,
celles qui permettent à un musicien d'être en harmonie avec les
gens de son terroir.
En 1897, Sérieyx a une belle allure sportive (I1 a
visité entre autres Bilbao et Loyola à bicyclette). L'oeil
très vif, toujours élégant, il est l'hôte
recherché des salons à la mode. S'il a très peu
publié jusque là, il a été reçu par
Carvalho, directeur de l'Opéra Comique, prêle à faire
représenter l'Opérette Collectivisme montrée à
Barthe et à Gédalge qui l'ont appréciée. Ses notes
au jour le jour continuent de prouver son ouverture au monde contemporain, la
variété de ses intérêts, son esprit
généreux. Tel est l'homme que surprendra la
carte-télégramme signée Charles Bordes, ce dimanche soir
dix-sept octobre 1897. Est-il prêt à mettre fin à ces
treize longues années d'incertitude ?
CHAPITRE II
1897-1914
LES ENGAGEMENTS
Les trente-deux premières années de la vie de
Sérieyx donnent l'impression d'un Prélude plutôt lent
pendant lequel il a toujours pris le temps de s'arrêter pour
étudier, se reposer, s'attarder sur ses premiers essais de composition.
La période qui. s'ouvre est caractérisée par un nouveau
tempo, cet accelerando cadrant bien avec la soudaineté du changement de
cap déterminé par la rencontre du dix-huit octobre. Nous
préférons en livrer aux lecteurs le récit laissé
par l'intéressé :
Bien qu'il n'ait jamais été question de suivre
ses cours, il me semblait utile de ne pas manquer cette occasion de
connaître Vincent d'Indy et je me suis présenté le lundi
dix-huit octobre cinq heures. Bordes, par extraordinaire, était
présent : il m'attendait et me présenta à d'Indy. L'aspect
extrêmement. jeune, arcades sourcilières enfoncées, cheveux
renversés noir de corbeau, vêtu d'une longue redingote
exagérant sa haute taille, accuei1 froid mais très aimable / . .
. / . J'assistai aux premiers cours et les explications
générales que donnait d'Indy pour la
révision du cours qu'i1 avait déjà commencé depuis
1e dix avri1 précédent jusqu'au dix juillet me donnèrent
immédiatement à penser que j'étais en présence du
seul musicien que j'aie jamais rencontré ayant une idée nette
et intelligente de son art et de 1'enseignement /. . . /. Les
premières leçons étaient consacrées au contrepoint
et à la fugue. Je ne tardai pas à prendre assez d ' assurance
pour montrer mes travaux avec Gédalge. D'Indy me demanda si je ne
faisais pas de fugue et comme je répondis que Gédalge m'avait
fait entrevoir que j'avais encore beaucoup de travail avant d'y arriver, le
maître renifla à son ordinaire et me donna l'ordre de faire une
exposition de fugue pour le cours suivant et comme je lui demandais, comment il
fallait m'y prendre, il me dit : « vous n'avez qu'à regarder
les fugues de Bach, avec ce que vous savez, ça ira très
bien ». Seulement mon séjour à Paris était en
contradiction formelle avec les ordres des médecins et les désirs
de ma famille ",' ... /.
Une amie parisienne, Jeannine d'Hauterive, fille d'Alexandre
Dumas, va aider Sérieyx à prendre la bonne décision en
l'envoyant chez un médecin qui autorisa l'hiver à Paris moyennant
certaines précautions, avis qui fit dire à Jeannine :
« Dans ce cas, écrivez à votre frère qu'il vous
envoie du linge et ne rentrez pas. » « Ce fut le meilleur
conseil qui m'ait été donné dans ma vie. » "
commentera Sérieyx en 1946 et il ajoute : « Je sus plus tard
que l'arrivée de la lettre qui notifiait cette décision à
mon frère avait fait éclater des orages fâcheux. Les cours
de d'Indy ont duré onze ans ; le nombre des leçons est de trois
cents et j'en ai manqué huit »21(*)
Peut-être y aura-t-il des anti-d'Indystes , pour jubiler
et suggérer : « I1 se libère de la chaîne
familiale pour se mettre une entrave plus lourde. » Ne vaut-il pas
mieux accepter la leçon de modestie que nous donne cette forte
personnalité qui, un demi-siècle plus tard, reconnaît avoir
rencontré et accepté son maître ?
Où en était la Schola Cantorum en 1897 ?
Charles Bordes avait fondé « Les Chanteurs de
Saint-Gervais » en 1892. Leur contribution aux offices attirait une
assistance choisie dans laquelle on pouvait remarquer Gounod, Debussy, d'Indy,
Chausson « et les musiciens qui n'étaient pas
wagnériens et les Wagnériens qui n'étaient pas
musiciens » note plaisamment Paul Dukas.22(*) Mais pour lutter contre
l'état de décadence où était tombée la
musique religieuse en France. Bordes veut étendre son champ d'action.
Reprenant les conceptions de Choron et de l'Ecole Niedermayer, il fonde avec
Vincent d'Indy et Alexandre Guilmant une « École de chant
liturgique et de musique religieuse » ouverte officiellement en 1896,
rue Stanislas, qui, très vite, s'agrandit en faisant entrer la musique
profane dans ses cours.
L'afflux des élèves (en particulier beaucoup
d'étrangers exclus du Conservatoire) est tel que l'École,
dès 1900 se transporte au 269 de la rue Saint Jacques, où elle
devient une ' »École supérieure de musique ».
La vitalité du choeur et de l'orchestre auxquels tous les.
élèves participent permet de remettre au jour nombre de grandes
oeuvres ignorées ou peu connues qui, publiées au bureau
d'édition de la Schola deviennent ainsi accessibles au public.
Lorsque le 19 Janvier 1898, d'Indy commence son cours de
deuxième année avec l'ensemble des é1èves
arrivés courant 1897, Sérieyx sait déjà que ses
recherches et sa formation solitaire vont désormais porter leurs fruits.
Très vite, d'Indy distingue en Sérieyx le collaborateur possible
et dès la fin de son cours de composition de troisième
année, (professé pour la première fois de novembre 1898
à juillet 1899) il lui propose d'assurer le cours de première
année aux nouveaux élèves, fonction que Sérieyx
remplira régulièrement jusqu'en 1914. Il n'y a pas de temps perdu
: la rencontre provoquée par Bordes date d'à peine deux ans !
Pendant l'été 1899, l'élève avait commencé
d'envoyer à son professeur, à la demande de celui-ci, une version
rédigée des notes prises en classe d'écriture,
première esquisse d'un cours de composition rédigé en
commun. La théorie harmonique, telle que la présentait d'Indy
dans son enseignement corroborait les recherches de Sérieyx sur le cycle
des quintes et celui-ci pouvait apporter dans ce domaine un enrichissement
indiscutable que d'Indy ne manqua pas de relever dans sa préface, lors
de la publication, en 1902, du premier livre du Cours de composition.
En terminant ce préambule, l'auteur tient à
remercier son élève et ami Auguste Sérieyx qui enseigne
actuellement les matières de ce Premier Livre à la Schola
Cantorum, de l'aide précieuse et intelligente qu'il lui a
apportée dans la rédaction et la coordination logique du cours de
composition. Il tient aussi à lui laisser la paternité, disons
même la responsabilité, de certaines démonstrations et de
certaines idées qui méritaient, en raison de leur valeur,
d'être recueillies dans cet ouvrage23(*).
Dès le début de cette fructueuse collaboration,
les renseignements abondent : notes détaillées complétant
Le Livre de Raison, tout le courrier conservé, la
totalité des articles de Sérieyx, critique musical, sans oublier
les notes de cours, textes de conférences etc. Nous essayerons d'en
extraire l'essentiel en relatant successivement l'élaboration du
Cours de Composition avec ses problèmes, comment Sérieyx
et ses amis de la Schola participaient à la vie musicale parisienne et
comment ce premier engagement de la Schola en engendra un autre.
Dans ses notes, Sérieyx nous donne beaucoup de
précisions tant administratives que musicales sur les premières
années de mise en place de cette « grande école
buissonnière de la musique » que fut la Schola (selon
l'expression de Charles Bordes au moment de la fondation). Parmi tous les
détails notés, voici ceux du Livre de Raison concernant
le Cours de Composition :
11 janvier 1900 : Reçu la réponse de d'Indy pour
la rédaction du Cours envoyée le 9 novembre. Reconnaissance de la
propriété du cycle des quintes et de la nécessité
de l'expliquer dans l'ouvrage rédigé : " Ce cours sera aussi le
vôtre que le mien24(*)
Réponse communiquée à Coindreau .25(*) Étudié
1'éventualité de continuer seul les cours de d'Indy à la
Schola dans quelques années : entretien entre Coindreau et d'Indy
du cinq février suivant sur cette question. /.../ Le cinq mai :
arrivée de Camille pour présentation à Durand.26(*)
On suppose déjà des difficultés avec
l'éditeur. C'est pourquoi le musicien-juriste qu'est Auguste
n'hésite pas à faire appel à Camille son
aîné, encore notaire à Bayonne à cette
époque.
1901. Du 10 au 24 juillet : Achevé la rédaction
du manuscrit du premier volume du Cours de Composition à Reims.
[où le cousin William est capitaine au cinquième Régiment
de Hussards.] 21 au 23 septembre : Voyage de Camille à Bilbao avec
Eugène et Jehanne. Paule [ seconde fille de Camille alors
âgée de quatorze ans ] reste à Pinatel
[propriété de la famille Serieyx à Anglet, près de
Biarritz] et copie le manuscrit du premier volume. 25 octobre : Entrevue
avec les Durand pour publication du premier volume. 12 décembre .
d'Indy transmet les propositions à Durand pour le premier volume. 14
décembre : Remise du manuscrit chez Durand. [et sur la même ligne,
on lit : ] le 19 Mariage Pierre Aubry. 22 au 28. Contestation de Durand
pour mon nom sur le titre. Démarche de Camille. 30 décembre :
Refusé l'argent de d'Indy n'ayant pas satisfaction [...] 1902. 9
janvier : Nouveau refus de recevoir l'argent de d'Indy pour premier volume
[...] 12 mars : Nouvelle épreuve du titre premier volume avec texte
modifié par Durand. Réponse par défense et menace de
procédure (préparée par Bérard )
et... enfin le dénouement prouvant que cela s'est
arrangé :
18 octobre : Reçu six exemplaires du Cours de composition
premier volume.27(*)
En fait, c'est avec l'éditeur que Sérieyx avait
engagé l'épreuve de force. Les deux coauteurs, eux, continuaient
à entretenir relations et courrier très cordiaux, se rencontrant
souvent dans l'intimité, comme cette fois où d'Indy, passant en
train par Bayonne, invita Sérieyx à déjeuner avec lui au
wagon-restaurant entre Bayonne et Irun.
Sérieyx n'était pas un homme d'argent et son
intégrité l'a conduit jusqu'à en manquer
sérieusement. Mais il a utilisé ses compétences juridiques
et celles de ses proches à défendre une cause juste. Le Cours
de Composition, si critiqué (comme émanation de la Schola et
peut-être aussi à cause de son titre), était à
l'époque, un ouvrage absolument neuf, promis à un succès
considérable. I1 reste une référence probablement plus
utilisée de nos jours que ce que les musiciens veulent bien le
reconnaître puisqu'il se vendait encore en 1984.
D'un écrit destiné à durer, revenons
maintenant au groupe d'hommes qui ont fait la Schola, véritable
équipe, avec tout ce que cela représente de heurts internes mais
aussi de cohésion pour faire face aux actions des jaloux. Un
demi-siècle d'anecdotes antischolistes a contribué à
perpétuer l'image d'un lieu austère où l'on ne savait pas
faire la fête. Cependant on y savait rire et on s'y prenait beaucoup
moins au sérieux qu'ailleurs, ainsi qu'en témoigne l'album de
caricatures du FONDS AUGUSTE SÉRIEYX 510 datant de 1903.28(*) Et les souvenirs d'agapes
paraissent presque aussi nombreux et importants que ceux des concerts !
Notons celui du dix mai 1900 :
Dîner à l'exposition Universelle avec d' Indy,
Bordes, Poujaud, Albeniz, Coindreau et Henri Lerolle (peintre)29(*).
Et quand c'est possible, on joint l'utile à
l'agréable
15 décembre : Dîner chez Pierre Aubry, 15 avenue
de Villiers avec Jules Combarieu et André Pirro (Gastoué
empêché) pour la préparation d'une histoire de la notation
dont je devais faire la préface.30(*)
Le nombre de concerts auxquels assistent Sérieyx et ses
amis est à peine croyable. Très souvent, on retourne
écouter une troisième fois ce que l'on a déjà
entendu en répétition et en exécution publique. C'est le
cas pour L'Or du Rhin, Fervaal ou L'Etranger de
d'Indy mais on lit aussi :
1902, 20 mai : Représentation de Pelléas et
Mélisande de Debussy .
ler juin : Nouvelle audition de Pelléas en
matinée.31(*)
On sait que Sérieyx rendit visite à Debussy, le
vingt-trois février 1904, au 58 de la rue Cardinet, mais aussi qu'aucun
courant de sympathie ne passa entre eux deux, ce qui n'empêcha pas
l'estime au plan musical !
Le noyau des
« professeurs-élèves » de la Schola prenait
également une part très active aux concerts et à
l'administration de la Société Nationale32(*) (souvent citée dans
le Livre de Raison " ) avec par exemple pour le 21 décembre
1902 : « Assemblée de la Société Nationale :
nomination au comité de Chevillard avec Cortot et
Ravel. »33(*)
Parmi les fortes amitiés de ces
années-là, celle avec Albert Roussel sera la plus riche de
conséquences. Ensemble, en août 1904, ils découvrent le
Tyrol, Prague et surtout Munich et Bayreuth où Sérieyx
approfondira sa connaissance de Richard Wagner. Voilà ce que Roussel en
écrit à l'une de ses amies, Mademoiselle Jeanne
Taravant,34(*), alors en
séjour comme chaque été en Suisse, dans la maison
Decollogny, .à Apples au dessus de Morges.
Nürenberg, 10 août 1904 /.../ Dimanche et lundi,
nous étions à Bayreuth pour entendre Parsifal. (Sérieyx
avait pu nous trouver des places). J'aurais regretté toute ma vie de
n'avoir pas entendu cela en cet endroit et avec le respect qui convient
à l'oeuvre. /.../ Puis-je, sans vous déranger (j'espère
que vous ne vous gêneriez pas pour me le dire), arriver à Apples
vers le 5 septembre ?35(*)
Dans sa lettre de remerciements après son séjour
dans le Pays de Vaud, il glissera à son hôtesse-
Sérieyx me quitte à l'instant; je lui ai
consacré tous les détails de mon séjour à Apples,
nos charmantes promenades en forêt et au signal de Bougy, à
Genève et à Chardonney, les séances pianistiques ou
littéraires (vaudoiseries) et j'ai ainsi cruellement
éveillé le regret qu'il a eu de ne pouvoir
m'accompagner.36(*)
L'été suivant, les deux amis se retrouveront
ensemble dans la propriété d'Apples mais depuis le premier mars
1905, « responsabilité » que Roussel évoquera
dans cette exquise dédicace au dos d'un portrait faisant partie du FONDS
AUGUSTE SÉRIEYX 506
A mes excellents amis Sérieyx-Taravant, avec la joie
d'avoir tenu pendant quelques instants, dans la grande Féerie de la vie,
le rôle à demi-inconscient du bienheureux génie qui a
rapproché-leurs deux existences.
En août 1905, Roussel et Sérieyx assistent
ensemble à la fête des Vignerons, à Vevey, après
avoir pris le temps, quelques jours auparavant, de lire la partition de Gustave
Doret, écrite pour la circonstance. Cette année-là
Sérieyx découvre la Suisse, en particulier l'Abbaye de
Saint-Maurice avec laquelle il établira plus tard des liens très
forts.
Au printemps, Sérieyx avait quitté sa pension de
la rue de Constantinople pour s'installer au 108 de la rue de Wagram. Jeanne
Taravant, très affranchie des préjugés étroits de
son milieu bourgeois y vivait déjà de façon
indépendante.
Dès le mariage, le couple prend l'habitude de
séjourner plusieurs mois dans l'année en Suisse. Ils y
accueilleront à maintes reprises les amis venus de France : Roussel et
son 'épouse évidemment, mais aussi Vincent d'Indy, le pianiste
Joachim Nin, Joseph Canteloube etc... Ils en retrouveront d'autres qui ont
quitté Paris : Francesco de Lacerda, élève, puis
professeur à la Schola, qui dirigea l'orchestre du Kursaal de Montreux
de 1908 à 1912, ainsi que Henryk Opienski, séjournant en Suisse,
lorsqu'il n'était pas en France ou en Pologne.
Le rythme des retours vers Paris est dicté par les
cours à assurer à la Schola et par la saison musicale, d'autant
plus suivie que les fonctions de critique musical de Sérieyx prennent
une importance accrue, ces années-là. Si on note, le 29 novembre
1902, une « Présentation à Diot, du Courrier
musical »37(*)
par l'éditeur Demets, l'activité journalistique de Sérieyx
remonte, en fait, à sa vingtième année. L'ensemble le plus
important dans ce domaine est constitué par le FONDS AUGUSTE
SÉRIEYX 161 bis : Les Chroniques musicales parues dans le journal
L'Action française, sur lesquelles nous aurons l'occasion de revenir.
38(*)
Sérieyx ( qui ne cacha jamais son engagement
franchement royaliste ) avait, en effet, adhéré au mouvement "
l'Action française " à sa fondation. Lorsque parut, dès le
vingt-huit mars 1908, le journal du même nom, il en devint le
correspondant musical régulier, ce qui lui valut, quatre ans plus tard,
l'une des plus cruelles désillusions de sa vie. Les échanges de
lettres précédant la rupture prouvent la mauvaise foi de'
certains. Dans l'impossibilité de relater dans le détail
l'épisode assez sordide de la démission imposée à
Sérieyx (qui relève de la petite histoire), nous nous
contenterons de citer ces quelques lignes des notes détaillées
conservées pour l'année 1912 :
Comme la question de ma démission à l'A.F.
s'était déjà présentée, j'eus l'occasion, au
Concours de l'Opéra, de raconter la chose à Pierre Lalo, mon
confrère, qui me dit textuellement ceci : « Je ne suis pas
surpris que vous ayez des difficultés à l'A.F. : Léon
Daudet m'a demandé si je prendrais cette rubrique-là et je lui ai
répondu : Certainement non, je ne rentrerai jamais dans ta
chiourme. » 39(*)
Par ses activités de critique et de
conférencier, il suit déjà de très près tous
les problèmes touchant au- chant sacré auxquels il consacrera
l'essentiel de son énergie pendant la seconde moitié de son
existence.
En 1899, déjà, il s'était rendu une
semaine à Solesmes avec les grégorianistes de la Schola, pour y
suivre les cours de Dom Mocquereau. En 1904, dans le Courrier musical n°
7, pp. 220-223, il publie un article intitulé :
Caractéristiques de la musique sacrée destinée
à la célébration du culte d'après l'instruction
Motu proprio de Sa Sainteté Pie X. Ce titre situe le souci premier
de Sérieyx de préserver la liturgie du « n'importe quoi
musical » qui s'y est infiltré par la suite. Sérieyx
fera allusion à cet article dans ses notes détaillées de
l'année 1910.
C'est le vingt-deux avril que fut prononcée la
conférence « La musique à l'église »
au cercle catholique, sur la demande de José Mihura. L'article, paru au
Courrier musical en avril 1904, est reproduit presque intégralement dans
cette conférence et fait connaître le principe de l'utilisation
des moyens contemporains aux mélodies grégoriennes que j'ai
toujours appliqué depuis.40(*)
Que Sérieyx ait toujours été un homme de
contact, extrêmement sociable paraît une évidence. I1 semble
que son mariage avec Jeanne Taravant ait rendu plus nombreuses encore et plus
riches les rencontres avec tant d'amis et collègues. Nous citerons un
dernier extrait de ses notes. datant de 1912, englobant en quelques lignes des
échanges avec ses confrères et la suite de son activité de
critique que la guerre de 1914-1918 interrompra
Notons également, le 20 novembre, une rencontre avec Eric
Satie et Roland Lévy dit Manuel qui devait suivre mes. cours à la
Schola, l'année suivante, très probablement sur le conseil d'Eric
Satie. Le 22, j'avais la visite d'Eric Satie qui me remettait, avec une
dédicace aimable, une fugue pour piano qu'il venait d'écrire,
intitulée : Fugue de papier.
A partir du mois de décembre, ma collaboration
régulière à la revue Bulletin de la section
française de la Société Internationale de Musicologie
avait été décidée par l'entremise de mon jeune ami
Legrand, cousin du Directeur Ecorcheville qui avait demandé à
d'Indy de remplir cette rubrique. D'Indy s'en était naturellement
déchargé sur moi et je me trouvais de quinzaine en quinzaine en
alternance avec Debussy qui s'occupait des Concerts Colonne tandis que je
rendais compte des Concerts Lamoureux. " 41(*) 42(*)
Sérieyx et son épouse se méfiaient des
gens intéressés qui ne cherchaient qu'à se faire des
connaissances pour arriver plus vite et plus haut. Les trois rencontres que
nous évoquerons encore ne relèvent pas de ce type de relations.
'
Voici d'abord Jean Cras à propos .duquel Sérieyx
fait une notable exception en lui décernant dans son récit de
l'année 1912, un compliment de taille : « Le 18 avril
1912, j'ai reçu, malheureusement pour une seule fois, le compositeur
Jean Cras, alors lieutenant de vaisseau et mort amiral, en laissant une oeuvre
magnifique. Il s'agissait de mélodies de lui que devait chanter sa
soeur. Madame de Fourcaud. »43(*)
Sérieyx sut apprécier d'emblée Ernest
Ansermet, « alors simplement professeur d'arithmétique au
Collège secondaire de Lausanne »44(*) à l'époque
où celui-ci profitait de ses instants de liberté pour venir
assister à Montreux, aux répétitions de Lacerda qu'il
considérait comme son maître. I1 encouragea les occasions de
suppléances et se réjouit lorsqu'au départ de Lacerda,
Ansermet fut nommé à son poste, le premier juillet 1912 45(*), point de départ de la
carrière que l'on connaît.
Nous parlerons enfin de cette délicate amitié,
pleine d'enseignement sur ses années helvétiques, avec Henri
Duparc, déjà fort malade et ne sortant presque plus. Les
Sérieyx se lient profondément avec le couple ; la correspondance
en témoigne mais aussi parmi d'autres souvenirs racontés, celui
de l'audition des Évocations de Roussel, donnée chez les
Duparc, à deux pianos, par Jeanne Taravant et Ernest Ansermet, à
Burier .46(*)
La vie de Sérieyx paraît tellement bien remplie
que l'on peut se demander quand il trouvait le temps de faire de la musique,
lui dont le métier devenait toujours plus d'en parler...
Et pourtant son fidèle journal laisse deviner l'effort
que représente la composition de la Sonate pour violon et
piano, parue en 1904 chez l'éditeur Demets, sur laquelle nous
reviendrons. Dès 1910, il travaille à La voie
lactée pour soprano et orchestre, sur un texte de Sully-Prud'homme
et il ne s'en tient pas là. I1 est cependant certain que Sérieyx
a davantage composé avant et surtout après cette période
surchargée.
De nouvelles et graves crises d'asthme, provoquées par
le climat rigoureux de Lausanne et de ses environs ont obligé les
Sérieyx à chercher, en 1911, un lieu plus clément : ce fut
Veytaux où le couple loua le jeudi vingt avril, le second étage
d'une jolie maison, la Tourelle, située face au lac Léman et bien
abritée par les montagnes. Le dimanche suivant, après la messe,
en l'église de Villeneuve, les Sérieyx proposent au curé
de la paroisse, l'Abbé Druetti, leurs services pour l'organisation du
chant à l'église. Le premier office aura lieu le trente juin, un
autre pour la fête de l'Assomption, le quinze août, avec Jeanne
Taravant à l'harmonium et un premier groupe choral composé d'une
dizaine de fillettes et de quatre garçons auquel se joindra
bientôt un ténor aveugle, doué d'une voix magnifique,
Theodori Augustale que Sérieyx formera complètement.
C'est de cette manifestation que date en réalité la
petite schola de Villeneuve qui, au moment où nous écrivons ces
lignes, trente-trois ans après, occupe toujours sa place avec certaines
chanteuses qui sont les mères et d'autres appartenant aux
générations subséquentes.47(*)
On reste pensifs devant cette modeste fondation par ces deux
êtres d'élite, faisant partie du « Tout-Paris
musical » qui peut-être ressentaient le besoin de jeter l'ancre
en un lieu dont la douceur permettrait de supporter la tempête
imminente.
En hommage à l'engagement de 1897, Sérieyx
publiait en 1913 son Vincent d'Indy. Duparc avait accepté d'en
être le dédicataire, juste avant de quitter brusquement et pour
toujours le pays de Vaud, au grand regret des Sérieyx qui
espéraient garder longtemps leurs amis près d'eux, lors de leurs
séjours helvétiques. Voici le merci de Duparc envoyé le 4
juin 1913 depuis les Pyrénées.: 48(*)
Très reconnaissant et très touché, cher
ami, de votre affectueuse pensée, très fier aussi de voir le nom
du pauvre vieux raté que je suis, uni par vous au nom du grand musicien
qu'est d'Indy. Je suis heureux, en la circonstance d'être le
« Burgrave » de la grande famille franckiste, et, quoi que
j'aime beaucoup les lentilles, je ne céderais à personne le droit
d'aînesse qui me vaut l' honneur que vous me faites. Vous me dites que
vous venez de mettre le « point final » à votre
travail : voilà quelque chose qui ne m'est jamais arrivé !
Comment fait-on ? "
L'ouvrage Vincent d'Indy est construit en sept
chapitres, sur le plan de son oeuvre, Le chant de la cloche
(opéra de concert écrit de 1880 à 1883 ) qu'admirait tant
Paul Dukas. Le héros en est Maître Wilhelm, fondeur de cloches de
son métier, auquel Sérieyx, assimile Vincent d'Indy, dans sa
monographie. On y trouve déjà l'anecdote racontée par Paul
Landormy dans La musique française de Franck à Debussy .
49(*)
Se souvient-on, par exemple, qu'il y a trois ans, le
Maître dirigeait à Rome tout un programme de musique
française où figuraient les délicieux
« Nocturnes » de Claude Debussy ? Sait-on que le public
romain, mal préparé aux subtiles manifestations de cet art si
personnel, accueillit tumultueusement Nuages et Fêtes ? Sait-on
enfin que notre moderne Maître Wilhelm, prenant littéralement
« par l'oreille » les récalcitrants, leur imposa le
bis de l'oeuvre incriminée et que ce bis fut un triomphe à la
fois pour l'auteur, pour le chef d'orchestre et pour l'art français
?50(*)
Ce livre sort de presse fin 1913. C'est l'époque du
dernier retour des Sérieyx vers Paris pour les cours à la Schola
et la saison musicale de l'année universitaire 1913-1914. Une
première étape s'achève, la plus importante de la
collaboration entre l'élève et celui qu'il ne cessera d'appeler
« le Maître » même si Sérieyx,
désormais, est souvent appelé ainsi à son tour.
CHAPITRE III
1914-1949
A. DE "VENITE AD ME " A "MEMENTO MEI ".
(1914-1934)
Le premier août, la Suisse célèbre sa
fête nationale. Mais en 1914, tous feux traditionnels et autres
réjouissances annulés, la population écoute l'annonce du
garde-champêtre décrétant la mobilisation
générale.
Arrivés le deux juillet à Veytaux, les
Sérieyx, à l'automne ne regagnent pas Paris où plus aucune
activité ne les attend. Ils prennent conscience qu'ils seront plus
utiles à leur patrie dans ce pays préservé où
blessés et internés français ne tardent pas affluer. Ils
ont chacun la cinquantaine et la santé de Jeanne Taravant
décline. Les compétences musicales et juridiques de
Sérieyx seront les bienvenues durant ces quatre années de guerre
puisqu'il se voit confier d'importantes missions administratives l'obligeant
à de fréquents déplacements à travers les deux
pays. Il représente la firme Schneider du Creusot et contrôle les
conditions d'internement des militaires français en Suisse.
La guerre avait sonné le glas des deux orchestres de
Lausanne et Montreux (les seuls, à l'époque, en Suisse
française, leurs membres, venus pour la plupart des pays voisins,
étant rappelés sous les drapeaux. Lorsque Sérieyx, en
1916, apprend la présence à Morgins, en Valais, de Marc de Ranse,
jusqu'alors professeur d'accompagnement à la Schola et maître de
chapelle à l'Église Saint-Louis d'Antin à Paris, il forme
le projet, avec l'appui des autorités consulaires et militaires
compétentes de lui confier la baguette d'un orchestre symphonique
formé d'internés. Ernest Ansermet se joint à eux deux pour
procéder, dès novembre 1916, à l'examen de recrutement des
candidats. L'hôtel Carlton, à Granchamp, est
réquisitionné pour loger les musiciens : quarante-six
Français et sept Belges à la fondation, mais l'orchestre comptera
jusqu'à soixante-quinze musiciens.
La lettre de l'Ambassade de France attribuant à
Sérieyx la fonction officielle d'Administrateur général de
l'O.S.I.A. est datée du 5 mars 1917 et ce même mois, une audition
privée a déjà eu lieu dans l'hôtel, en
présence de l'Ambassadeur de France venu de Berne, prélude au
premier concert public donné à Genève le premier avril. Il
sera suivi d'une cinquantaine d'autres dans tout le pays pendant ses dix-huit
mois d'existence, malgré toutes les difficultés,
prévisibles pour un tel ensemble à l'effectif fluctuant et d'un
niveau plutôt hétérogène. D'éminents solistes
belges, français et suisses ont prêté leur concours pour
présenter, en ce bref laps de temps, près de quatre-vingts
oeuvres différentes dont les programmes en annexe donnent un
aperçu.51(*)
Dès 1a fin de l'été 1918, les
rapatriements de plus en plus nombreux
compromettent l'existence de l'orchestre, officiellement dissous le 28
novembre. Les musiciens quittèrent Granchamp, ce jour
là, en cortège jusqu'à la gare de
Montreux. Tous ne partaient pas cependant, car le 14
octobre, Ernest Ansermet s'était présenté
au Carlton pour proposer aux volontaires de s'engager dans
l'Orchestre de la Suisse Romande, précisément en train de se
constituer.52(*)
Pendant toute la guerre, Sérieyx était
resté en contact régulier avec ses
collègues et amis parisiens (Il assista notamment, en
mars 1917, à Genève, à un concert
donné sous la direction de Vincent d'Indy par les
ensembles de la Schola Cantorum avec au programme
Orfeo de Monteverdi et le Jephté de
Carissimi) A l'armistice, il aurait dû, en toute logique, reprendre le
premier train pour la capitale. Mais l'état de santé de
son épouse devient de plus en plus alarmant et l'incite
à rester en Suisse. En 1919, le couple ne peut plus
envisager l'alternance rue de Wagram - Veytaux. Jeanne
Taravant joue encore du piano en février 1920 ; le dix
mai, elle se relève pour la dernière fois et elle
meurt le 11 juin 1920.
Le 12 juin, d'Indy écrit à
Sérieyx
Je sais ce qu'était pour vous cette compagne que vous
vous étiez choisie en pleine maturité de votre existence; je sais
quelle douce intimité régnait- entre vous deux et combien elle
semblait faite pour vous et vous pour elle...
Qu'allez-vous faire ? Resterez-vous en Suisse ou reviendrez-vous vers nous, vos
anciens amis qui ne demandent qu'à vous accueillir et à vous
entourer, de tout leur coeur53(*) ?
Obligation d'un nouveau choix ... incertitude encore qui
durera plusieurs années. Sérieyx, très accablé par
ce deuil, ne se résoudra que huit ans plus tard à vider
complètement l'appartement parisien occupé depuis 1905 et
à ramener en Suisse les caisses de documents qui constituent aujourd'hui
l'essentiel du Fonds Auguste Sérieyx. Pourtant, depuis 1915, il a
vécu à un rythme plus adapté aux forces de sa chère
malade et posé des jalons pour une intégration en terre vaudoise.
Il travaille à la suite du Cours de composition musicale ainsi
qu'à sa Grammaire parue en 1924, dont la suite, le Cours de
syntaxe, synthèse de tout une vie de recherches, restera
inédit. Il compose davantage, la proportion d'oeuvres liturgiques
croissant, au détriment de celle des profanes. De 1913 date son premier
motet Venite ad me dédié à Augustale Theodori, le
ténor aveugle de Villeneuve, pour lequel il transcrira en braille, au
fil des ans, d'innombrables partitions. C'est le premier motet d'un cycle de
vingt-quatre sur des textes tirés de l'Imitation de
Jésus-Christ (Le premier, Ego sum puritatis a
été composé en 1905 mais Sérieyx l'a
incorporé ensuite dans le cycle des vingt-quatre en lui attribuant le
numéro quatre).
Des années de guerre datent aussi les Trois
pièces d'orgue sur un thème de Robert le Pieux,
éditées plus tard chez Lemoine. Pendant cette période
d'épreuves, Sérieyx trouvera son plus grand réconfort dans
la méditation et la composition. Écrire de la musique
sacrée, pour un croyant, constitue un prolongement de la prière
allant jusqu'à se confondre avec elle. Il est à cette
époque, l'hôte familier de l'abbaye de Saint-Maurice comme son
père était jadis celui des Jésuites, à Lyon, et il
trouve maintes occasions d'entendre ses oeuvres entre l'abbaye et sa paroisse
de Villeneuve où la fidèle petite schola continue à
progresser.
Plusieurs pièces de musique de chambre voient
également le jour pendant ces années solitaires de
l'après-guerre. Solitude toute relative, du reste : à
côté de tous les contacts noués grâce à
l'O.S.I.A., on avait fait appel à Sérieyx en tant que professeur
d'écriture, dès la création du Conservatoire de Montreux,
en 1915, par la dynamique famille de Ribeaupierre, dynastie de musiciens qui
fondera deux autres écoles (plus un orchestre) à Vevey et
à Lausanne, sous le nom d'Institut de Ribeaupierre. Certains
élèves déjà formés viennent à lui
pour compléter leurs connaissances. Nous nous attarderons sur deux
d'entre eux dont Sérieyx parle fréquemment dans ses notes.
Le premier, Carlo Boller, né en 1896, avait
commencé une brillante carrière de violoniste. C'est à ce
titre qu'il rencontra Sérieyx, en 1914, pour travailler sous sa
direction, avec Jeanne Taravant, sa Sonate pour violon et piano.
Lorsqu'un rhumatisme à une main obligea Boller à renoncer
à son instrument, il partagea sa seconde formation entre Sérieyx
qui lui enseignait l'art de la fugue et la Schola Cantorum où il suivait
les cours de direction de chorale et d 'orchestre. Carlo Boller est mort
prématurément en 1952 mais il a beaucoup contribué entre
1920 et 1950 à donner un éclat durable à la vie chorale
romande, à renouveler son répertoire grâce à ses
oeuvres parmi lesquelles sa chanson la plus connue, Le vigneron monte
à sa vigne fait déjà partie du folklore.
Sérieyx avait rencontré le second, Aloïs
Fornerod, à Paris entre 1909 et 1911, lorsque celui-ci était
condisciple à la Schola d'Henri Gagnebin, futur directeur du
Conservatoire de Genève. Après ce bain de culture
française, Fornerod part pour Strasbourg (alors rattachée
à l'Allemagne) où il étudie une année au
Conservatoire de cette ville. Il paraît avoir vécu cette influence
germanique comme une parenthèse et fonde son oeuvre sur « la
tradition, le classicisme, la culture française et
latine »54(*)
Dès 1918, il choisit de retravailler durant plusieurs années avec
son maître d'antan qui fut aussi son parrain. Ils partagent
également un idéal politique commun, Sérieyx ayant
adhéré au mouvement fédéraliste vaudois
« Ordre et Tradition » défendant
l'indépendance des cantons, en particulier celle du pays de Vaud. Cette
régionalisation avant l'heure prend une importance accrue dans un pays
comptant trois langues nationales sur un si petit territoire, d'où le
commentaire de Jacques Viret, à propos d'un ouvrage de Fornerod La
Musique et le Pays paru en 1928 dans la collection « Les Cahiers
de la Renaissance Vaudoise » :
Ce n'est donc pas trahir sa patrie que de renoncer à
une esthétique "suisse". De même, Ramuz proclame hautement son
appartenance à la culture française, et sur le plan musical,
cette affinité se manifeste au travers du chant populaire - que la
Romandie emprunte à la France - ainsi que dans maintes oeuvres de
compositeurs romands évoquant par leur style Gounod, Massenet, Chabrier
ou Debussy. D'où la nécessité de maintenir le statut
fédéraliste de la Suisse, -le seul compatible avec
l'authenticité nationaliste de la musique actuelle. /.../ Toute
tentative d'hybridation ou de cosmopolitanisme musical apparaît ainsi
vouée à l'échec, et le mot de Cocteau demeure de nos jours
vrai comme par le passé. « Un oiseau ne chante jamais si bien
que dans son arbre généalogique »55(*)
Sérieyx, dont nous avons déjà dit qu'il
n'avait pas de terroir, s'est trouvé, lui, un arbre
généalogique supranational puisqu'il s'inspire du trésor
inépuisable du chant grégorien. Fornerod a souvent fait de
même, entre autres dans les premiers opus qu'il décide de
conserver : cinq motets écrits pendant la première guerre
mondiale. Gustave Doret les salua en termes enthousiastes dans son ouvrage
Pour notre indépendance musicale 56(*) lorsqu'ils furent
chantés en 1919 à Berthoud pour la fête annuelle de
l'Association des Musiciens Suisses par l'ensemble vocal « Motet et
Madrigal » qui fera connaître aussi certains motets de
Sérieyx. Ce choeur a été fondé et dirigé par
Henryk Opienski
Ce dernier, également ancien élève de la
Schola, vivait alors à Morges, non loin du pianiste Ignace Paderewski
avec lequel les Sérieyx se lièrent en 1918. On doit à la
plume d'Auguste la préface de l'ouvrage d'Opienski sur la musique
polonaise 57(*), paru
à Lausanne en 1918.
Pendant ces années d'après-guerre, la Riviera
vaudoise " continue donc à attirer les musiciens et même si
Sérieyx aime retourner à Paris pour des séjours, il peut,
sur place, vivre des échanges assez riches pour que la capitale ne
paraisse plus trop lui manquer. Notons en particulier les rencontres, autour du
Léman, avec Charles Chaix, Guy Ropartz, Paul Le Flem.
A l'automne 1923, il y eut aussi un récital
mémorable donné à Montreux par le pianiste Edouard Risler.
Sérieyx se retrouvant seul public à l'entracte, le
« bénéfice » du concert se convertit en
souper fin de l'interprète et de son auditeur. Celui-ci était,
à ce moment là, à la recherche d'un éditeur pour
son Cours de grammaire musicale et le conseil de Risler de s'adresser
à Heugel fut le bon puisqu'en décembre, ce dernier acceptait,
à condition qu'une version résumée, Les
éléments de grammaire musicale soient prêts pour
l'édition, peu de temps après.
D'autres pénibles épreuves attendaient cependant
Sérieyx. En 1921, il est contraint d'abandonner son enseignement
à l'Institut de Ribeaupierre, source pour lui d'un revenu
nécessaire. Il est ensuite privé de sa fonction
bénévole de maître de chapelle à Villeneuve, par le
nouveau curé « d'avant-garde liturgique » qui, en
1922, écarta Sérieyx. Son successeur, l'abbé Bord,
s'empressa de le rappeler dès son arrivée, cinq ans plus tard. De
cette nouvelle collaboration naîtra le projet d'un orgue pour la
chapelle. Il sera inauguré en 1930, grâce à la
générosité d'un immigré polonais fortuné, le
comte Dzierbicki. (Il nous souvient que les mauvaises langues racontaient,
pendant notre enfance au bord du Léman, qu'il rachetait les fredaines de
sa jeunesse par une piété exemplaire et des dons somptueux).
Pour la première répétition de
retrouvailles, en 1927, entre le maître de chapelle et sa schola avec son
fidèle chantre, c'est Marie-Louise Bouët qui tient l'harmonium.
Elle assurera seule la direction de l'office du dimanche suivant, le premier de
l'Avent. Sérieyx, en effet, est parti en voyage à Trèves,
via Strasbourg, pour donner une conférence sur Vincent d'Indy.
Marie-Louise Bouët est, née à Genève
le 22 février 1897. Diplômée en 1918 de l'Institut
Jaques-Dalcroze, elle commença sa carrière d'enseignante en
France, où elle fit connaître la rythmique à Nantes,
à Chalon-sur-Saône et à Paris. Chaque été, de
1920 à 1927, elle se rendait près de Brive où la pianiste
Blanche Selva, professeur à la Schola Cantorum, réunissait chez
elle, en juillet-août, élèves et professeurs
attachés à sa pédagogie. Selva tenait à ce que tous
ses « stagiaires » d'alors s'initient au solfège
dalcrozien et à la rythmique, compléments qu'elle jugeait
indispensables pour des instrumentistes et c'est à Marie-Louise
Bouët qu'elle avait confié cet enseignement. On parlait, à
ces cours d'été, d'une certaine Grammaire dont
Marie-Louise avait eu l'occasion d'apercevoir l'auteur en 1917 lors du concert
dirigé par d'Indy à Genève et de le rencontrer vraiment
ainsi que Jeanne Taravant, en lui rendant visite à La Tourelle en 1918.
Lorsque en 1925, de retour définitivement en Suisse, à Leysin
où résidait sa famille, elle apprend qu' Auguste Sérieyx
envisage d'y monter chaque semaine pour y donner des cours de contrepoint
à deux médecins de la station climatique, elle se joint au groupe
et découvre avec enthousiasme l'enseignement oral de celui dont elle
admirait les écrits. Marie-Louise Bouët s'efforcera dès
lors, de rendre complémentaires le message de son premier maître,
Jaques-Dalcroze, et celui de Sérieyx qu'elle approfondira tout à
loisir en devenant non seulement son disciple, mais bientôt sa
collaboratrice, puis son épouse le 29 juillet 1931. Ensemble, pendant
cet été-là, ils vont sur la Côte d'Azur, à
Agay, rendre à Vincent d'Indy une visite qui sera la dernière
puisque le Maître s'éteindra en décembre, de cette
année-là. Plutôt avare en compliments, il avait, lors de
cette ultime entrevue vivement encouragé Sérieyx dans la
poursuite de son cycle de motets qu'il qualifia de petits chefs-d'oeuvre.
Le numéro 13, Testis es tu mihi, datant de
1922, était écrit à la mémoire de Jeanne Taravant.
En 1927, Sérieyx dédicace à Marie-Louise Bouët le
vingtième de la série, Deus meus et omnia et lorsqu'en
1934, il met le point final (celui que Duparc enviait...) au numéro
vingt-quatre, il défend expressément à quiconque d'en
prendre connaissance avant sa mort.
Ce dernier motet, Memento mei, resté
malheureusement sans interprète jusqu'à ce jour, réunit
les thèmes de Testis es tu mihi et de Deus et
omnia.
Il permet la rencontre pour l'Éternité dans la
musique de celles qui, successivement, s'appelèrent Madame Auguste
Sérieyx.
B. JUSQUE "AUX HEURES SOLITAIRES". (1934-1949)
Lorsqu'il achève son cycle de motets, Sérieyx
approche des soixante-dix ans. Il mène cependant une vie encore
très active, ayant, par exemple, repris ses cours à l'Institut de
Ribeaupierre où Marie-Louise Bouët-Sérieyx assure ceux de
rythmique Jaques-Dalcroze. (Mais de 1959 à 1972, elle y poursuivra
l'oeuvre de son mari en acceptant d'y enseigner à son tour,
l'écriture). La seconde partie du deuxième livre du Cours de
composition musicale, qu'il a terminée seul, après la mort,
en 1931, de Vincent d'Indy, est éditée en 1933 et il peut se
consacrer, en 1934-35, à l'achèvement du Cours de syntaxe
musicale, annoncé dès la parution de la
Grammaire.
Il continue, à cette époque là, de
composer essentiellement de la musique sacrée entre autres oeuvres, en
1935, une Messe de Noël à deux voix avec accompagnement d'orgue
(bien concrètement adaptée à une schola de petite
paroisse). Il commence cette même année sa dernière oeuvre
religieuse importante : Nazareth, mystère en deux actes
pour soli, choeur et petit orchestre, achevée en 1937, dont il a
également écrit le texte . Elle est dédiée à
sa seconde épouse.
Malgré la distance, Sérieyx participe toujours
à la vie de la Schola Cantorum, ses voyages à Paris lui donnant
l'occasion de maintenir les liens avec ceux qui ont fait et gardé
l'esprit de la maison, mission rendue délicate par la disparition d'une
personnalité aussi forte que celle de Vincent d'Indy. C'est ainsi qu'il
siège depuis 1932 au « Comité artistique » de
la Schola, en compagnie de Pierre de Bréville, Paul Dukas, Gabriel
Pierné et Albert Roussel. Le 8 décembre 1934, c'est pour
l'assemblée générale annuelle à la rue
Saint-Jacques que Sérieyx s'est rendu à Paris. Ce jour là,
on ignore que la majorité des actions est passée aux mains d'une
minorité guère représentative mais dangereusement
agissante, grâce à la connivence d'un membre du conseil
d'administration. Sérieyx fait évidemment partie des dix-sept
personnes ayant voté contre la résolution de révocation
des administrateurs. A ses côtés, votent également contre :
Bréville, R. de Castéra, Estienne, A. Roussel et L. de Serres,
tous ouvriers de la première heure, d'une fidélité qui met
en évidence la valeur de la cause à défendre. Deux
professeurs seulement (comme par hasard, également membres du nouveau
collège d'administrateurs !) sur la cinquantaine d'enseignants de la
Schola restent à la rue Saint-Jacques, lorsque est annoncée, fin
décembre, l'ouverture imminente de « l'École
César Franck » où les trois quarts des
élèves suivront leurs maîtres. L'école ouvre ses
portes le 7 janvier 1935, Pierre de Bréville étant
président du conseil, Louis de Serres directeur, avec pour adjoints Guy
de Lioncourt et Marcel Labey.58(*)
Sérieyx soutiendra à distance les débuts
de la nouvelle Schola, en participant, entre autres, aux premiers
numéros de son journal Les échos de l'Ecole César
Franck qui paraît à partir de l'automne 1938.
Le début de la seconde guerre mondiale marque pour lui
la fin des grands voyages. « La vieille carcasse s'use et je dois la
ménager »59(*) écrit-il à Joseph Canteloube avec
lequel il entretient une correspondance suivie pendant toute la durée de
la guerre, d'autant plus intéressante qu'avec les lettres de Canteloube,
il conserve, le plus souvent, une copie carbone des siennes. Sérieyx lui
décrit ses difficultés pour présenter à
Radio-Genève une série d'émissions sur César
Franck, Vincent d'Indy et leurs disciples, faute de pouvoir obtenir pour
l'orchestre de la Suisse romande, le matériel nécessaire à
l'illustration de ses causeries. (Elles auront finalement lieu fin
1943-début 1944 et Sérieyx essaiera de se faire envoyer la
partition des Lauriers de Canteloube qu'il aime
particulièrement). Un peu plus tard en 1942, il évoque la
disparition d'un être cher et sa déception concernant
l'exécution à Radio-Genève de son Nazareth le 25
décembre 1941:
Notre cher vieil ami Opienski nous a quittés pour un
monde meilleur. C'est une belle figure et un noble coeur : sa mort est un vrai
chagrin pour moi. Je l'ai vu pour la dernière fois à la Radio,
où il était venu assister à la prétendue
« répétition générale » (la
seule où il y ait jamais eu presque tout le monde) de Nazareth,
le jour de Noël. 60(*)
Au fil des ans, Sérieyx a su rester l'ami chaleureux,
l'homme toujours ouvert à l'actualité, le chrétien
soucieux de nourrir sa foi sans perdre son sens de l'humour. Toujours à
Canteloube, auquel il a rendu le service, pendant la guerre, d'acheminer du
courrier, via la Suisse, vers son fils résidant à Rio de Janeiro,
il écrit le 14 mai 1943 :
C'est avec une joyeuse surprise que j'ai entendu nommer Thibon
parmi les conseillers nationaux - avec Massis -. Avez-vous lu de lui
L'échelle de Jacob ? La Revue universelle en a donné des
extraits, mais il faut tout lire : c'est un esprit de premier plan qui nous
dédommage de ce que Gounod appelait « les sucreries de la
piété ». Il y a terriblement à faire, là
aussi ! Allons! Je deviens grognon. Arrêtons-nous là. "
Quatrième et principal des pôles
d'intérêt évoqués au Chapitre I, la musique
accompagne plus que jamais ses années de vieillesse. Une fructueuse
collaboration avec Marie-Louise Bouët-Sérieyx lui permet de
reprendre plusieurs écrits antérieurs pour les mettre davantage
à la portée des lecteurs potentiels. Les vingt dernières
années de Sérieyx, l'oeuvre est vraiment commune, toujours
approfondie et Marie-Louise l'a continuée inlassablement dans le
même esprit, puisqu'elle achevait en mars 1982 ses Rudiments du
langage musical traditionnel.
Sérieyx découvre avec elle les problèmes
spécifiques de l'enseignement de la musique aux enfants et il se met
à écrire pour eux. Il harmonise, entre autres, des chansons
populaires, contribution depuis la Suisse à l'énorme travail
réalisé pendant et après la guerre par Canteloube, pour
que vivent et soient connues de tous les chansons du folklore. C'est ainsi que
trois "saynètes enfantines" voient le jour sous le titre commun de A
travers les chansons de France 61(*). La première, vraie petite opérette,
Les aventures de Madame de Malborough à la recherche de son
époux est écrite pour voix et orchestre, tandis que les deux
autres, Les entrevues du Prince charmant à la recherche d'une
épouse et La Mère Michel ont un accompagnement de
piano.
Sérieyx composera encore deux pièces pour piano
seul aux titres suggestifs. De 1947 date Aux heures solitaires : les
journées sont longues pour un vieillard dont l'épouse enseigne du
matin jusqu'au soir (et la musique, à cette époque, même en
Suisse, nourrissait mal ceux qui devaient en vivre...) et en 1948, Sonatine
sur de vieux modes délaissés. Cet intitulé est bien
en accord avec les dernières 'lignes rédigées par
Sérieyx quelques jours avant sa mort : Plain chant et bon sens.
62(*)
C'est à Montreux où le couple s'était
installé, deux ans auparavant, que Sérieyx s'éteint
paisiblement le 19 février 1949. L'ensevelissement a lieu le 22
février au cimetière de Veytaux.
Cette semaine-là, on prépare à
l'école César Franck un concert des oeuvres des premiers
élèves de Vincent d'Indy à la Schola Cantorum. Il sera
donné le samedi 25 février et son programme63(*) s'achève sur la
Sonate en sol pour violon et piano d'Auguste Sérieyx.
seconde partie
APPROCHE DE
SON 0EUVRE
CHAPITRE IV
LE COMPOSITEUR
A Jusqu'à la Sonate pour
violon et piano
Pour aborder Auguste Sérieyx
compositeur, nous avons choisi de remonter jusqu'à son enfance car nous
restons toujours stupéfiés par l'extrême rareté du
phénomène composition précoce. Parmi plusieurs milliers
d'enfants rencontrés dans la musique, une seule, en effet,
âgée aujourd'hui de quinze ans compose beaucoup et presque en
secret puisque l'exceptionnel dérange. Elle est parfaitement consciente
qu'elle ne peut pour l'instant, que « pasticher » ce
qu'elle connaît déjà, très impatiente, cet
été, d'avoir enfin le droit de commencer, à la
rentrée prochaine au Conservatoire, cette fameuse harmonie* qu'elle
pratique, par imitation, plutôt bien d'ailleurs.Ce n'est pas le lieu ici
de développer une réflexion sur ce sujet mais nous nous
attarderons quelques instants sur le jeune Auguste, dont le premier souci,
lorsqu'il prenait une leçon de piano ou de solfège (enseignement
très sporadique, on s'en souvient, rare même jusqu'à son
baccalauréat) était de récrire d'autres pièces sur
le modèle de celles qu'il venait de travailler. Sans doute, profitait-il
aussi de ce qu'il entendait puisque sa mère était bonne pianiste
et que l'on chantait des airs d'opérette en vogue en famille, surtout
pendant les vacances lorsqu'on retrouvait les cousins William et Maurice. A
partir d'un catalogue thématique trouvé dans le FONDS AUGUSTE
SÉRIEYX, il est possible d'avoir une idée précise de tous
ses essais de. composition jusqu'à son entrée la Schola, les
derniers thèmes, sous le numéro 172, étant ceux de
l'opérette Collectivisme de 1897. Ce catalogue ne porte pas la date de
sa rédaction, réalisée sans doute à posteriori et
en une fois (vu son unité d'écriture) à partir de
documents conservés.64(*) Voici un inventaire des thèmes des
années 1875 à 1885 : quatre polkas, huit mazurkas, quatorze
mélodies, sept valses plus trois « Suites 'de
valses », six marches (dont une béarnaise), deux habaneras
(souvenir d'un voyage à San Sebastian), une figure de quadrille, une
sadowa (?), et une gavotte, liste évocatrice du répertoire des
pianistes, dans les salons à l'époque... Il faut y ajouter deux
canons à quatre voix.
Le thème numéro 1, figurant ci-dessus, est celui
de la polka à laquelle faisait allusion la citation du au chapitre I,
p.16 avec la préférence bien justifiée de Sérieyx,
alors âgé de 11 ans, pour la solution SI SIb LA plutôt que
SI LA# LA .
L'intérêt de ce "Catalogue thématique"
repose notamment sur les nombreux commentaires notés à
côté des thèmes, permettant de recouper les informations du
Livre de Raison comme par exemple celui de la découverte des ouvrages
théoriques de Camille Durutte et d'Auguste Barbereau, à partir
desquels Sérieyx a élaboré la théorie du cycle des
quintes. Sérieyx a détruit la plupart des pièces
précitées, sauf sept d'entre elles portant les: numéros :
FONDS AUGUSTE SÉRIEYX 3 à 9. L'une d'elles figure
intégralement en annexe.65(*) C'est la mélodie "A ma
mère" (FONDS AUGUSTE SÉRIEYX 3) en sol b. majeur. . On y
remarque la rigueur de construction (quatre fragments deux fois huit, puis deux
fois six mesures), une reprise du premier fragment récrit à la
fin (avec quelques fautes de copie !) une "coda" un peu pompeuse et,
après la double barre, une série de clés
calligraphiées.
Arrive le temps des exercices de contrepoint* envoyés
à Gédalge, puis l'inscription à la Schola, fin des
incertitudes. Il est possible de parcourir, à la B.C.U. de Lausanne, le
gros volume des devoirs corrigés par V. d'Indy (ou, quand ce dernier
était en tournée, par P. DUKAS), Pendant ces années
laborieuses, le compositeur se tait presque, comme en témoignent les
tableaux synoptiques en annexe.66(*)
Si l'on excepte Prélude et fugue sur un sujet de
C.Franck (épreuve d'examen), il faut attendre de 1897 à 1904
pour que paraisse chez Demets la Sonate pour violon et piano.
B La Sonate pour violon et
piano
Par hasard, puisque nous la
possédions, nous avons emprunté à la B.C.U. de Lausanne un
exemplaire coté MUB 6418. Grande fut notre surprise de découvrir
qu'il avait appartenu à Sérieyx et que la partition était
annotée de sa main, analyse recopiée par nos soins et dont la
photocopie des quatre premiers feuillets se trouve en annexe.67(*) Mais de plus, les huit pages de
garde étaient entièrement recouvertes de sa fine écriture.
Voici la transcription des trois premières, concernant les esquisses
préalables de l'oeuvre et l'analyse du premier mouvement Prélude
et Fugue. Les pages non transcrites concernent le deuxième Lied et le
troisième mouvement Scherzo et Choral varié, ainsi que le journal
des répétitions et des exécutions publiques de
l'oeuvre.
Quelques mots de ce " journal ",
avant la transcription de l'analyse. C'est, semble-t-il la seule fois que
Sérieyx ait commenté l'une de ses oeuvres depuis sa gestation
jusqu'à son interprétation. il l'a probablement fait à
cause du souvenir désagréable laissé par la
première audition de la Sonate, le 9 avril 1904, lors d'un Concert de la
Société Nationale pour lequel il fallut remplacer Blanche Selva
trois jours avant, (elle était partie en vacances sans rendre le
manuscrit et n'était pas revenue le jour convenu).
La Sonate a été
souvent interprétée en Suisse pendant les années de
guerre, surtout après quelques remaniements apportés par
Sérieyx en vue de la seconde édition (chez Eschig). Carlo Boller
et Jeanne Taravant en furent les plus fidèles interprètes mais
Blanche Selva, à son tour, en 1917, racheta sa défection de 1904,
lors d'un séjour en Suisse.
Un rapide inventaire des sonates
de l'époque68(*) nous a
prouvé que la plupart étaient dédiées à un
interprète potentiel (surtout lorsque le compositeur était en
début de carrière). Il fallait s'appeler Auguste Sérieyx
pour avoir l'imprudence ou la délicate inconscience de l'offrir
à... Vincent d'Indy
Nous cédons, maintenant la
plume au compositeur pour l'analyse de son oeuvre.
TRANSCRIPTION
La première esquisse se rapportant à-cette oeuvre
est un thème de scherzo pour piano, noté à Cahors le 24
juin 1896, sous cette forme :
La transformation rythmique de ce thème et son
entrée en canon y étaient déjà p
révus sous cette forme :
Un essai de réemploi de ce scherzo fut tenté en
1894 pour quatuor à cordes, à la demande d'Adrien Barthe, puis
abandonné.
Les harmonies caractéristiques du thème du lied
sont esquissées au début de l'année 1892, sous cette forme
:
Ces deux esquisses sont les seules antérieures à la
première réalisation du mouvement initial (août 1898-mai
1899) comme travail d'examen pour la classe de Vincent d'Indy, -deuxième
année-.
C'est de cette première réalisation que date la
conception cyclique de l'oeuvre entière par la fixation du thème
général XY, déduit de la
première esquisse du scherzo de 1896 et adapté au thème
d'andante de 1892
Le thème, devenu sujet de la fugue, avait cette forme :
La seconde phrase de l'idée B était exposée
ainsi :
L'Andante était prévu avec son thème
à peu près tel quel, dans la réalisation
définitive, tirée du thème général
renversé Y. Le scherzo devait être fait avec le thème de
1886 et le final avec le retour du même thème en canon
(Thème général X).
D'importants fragments de cette première
réalisation ont été utilisés dans la
réalisation définitive, avec d'autres destinations le plus
souvent.
C'est de la conception synthétique du Prélude,
composé tel qu'il est, entre le 9 août et le 15 août 1903,
avec toutes les intentions thématiques qui y sont contenues, qu'est
sortie toute l'oeuvre, sous sa forme définitive, terminée le 20
janvier 1904 à minuit.
SONATE EN SOL
piano et violon
I Prélude et Fugue.
Prélude
Forme dite "lied" (A.B.A. bis) exposant en mouvement lent le
thème général sous son double aspect (X et Y) avec
esquisse des deux thèmes complémentaires (Z final et T
transition) soit toute la matière thématique de l'oeuvre.
Section A. en sol majeur vers la dominante de
ré. Imposition immédiate du thème X et Y au violon suivi
d'un bref développement avec deux entrées (au piano) du
thème final Z pour aboutir à la formule conclusive de l'oeuvre.
. . . . . . . . . . . .
Section B. en ré mineur revenant vers
sol majeur . Seconde exposition intégrale par le piano des thèmes
X (à l'aigu) et Y (au grave) sans développement
. . . . . . . . . . . . . .
Section A bis. Réexposition du
thème général X au violon en sol majeur; au lieu de Y
apparaît le thème de transition T, exposé deux fois et
amenant la conclusion. Une coda contient l'esquisse du thème Y avec les
harmonies et la forme rythmique qu'il revêtira dans le Lied
Transition- Après la fin du
Prélude, le dessin T reparaît sans tonalité
déterminée en accélérant peu à peu le
mouvement . . . . .
Fugue
Combinaison des entrées classiques de la forme fugue
avec la dualité thématique et la construction ternaire de la
forme sonate.
Exposition principale (forme
Sonate) sol min. à si b majeur.
Idée A,
représentée par une exposition de fugue à quatre
entrées. Sujet formé du thème x (sans sa note initiale
ré sous-entendue et complété par un dessin nouveau
destiné à former le thème de la section centrale du Lied)
Contre-sujet formé du thème y.
La modalité* mineure
intégrale de l'exposition entraîne la substitution
de la fonction de sous-dominante (ut) partout où les usages classiques
du mode mineur altéré appellent
l'emploi de la dominante * (ré).
L'exposition par les quatre entrées formant
l'idée A occupant . . . .
Pont conduisant de l'idée A
à l'idée B (en trois phrases) servant en même temps
d'épisode pour relier l'exposition principale de la Fugue à
l'exposition au Relatif (sans contre-exposition). Le thème de transition
T en forme très modulante constitue à lui seul tout cet
épisode qui aboutit à une fausse cadence vers Fa# Sol b
Idée B,
représentée par une première entrée au relatif
majeur (Si bémol) du Sujet par augmentation et mouvement contraire, avec
son contre-sujet modifié de la même manière de telle sorte
qu'il s'établit une équivoque entre le thème x direct et
le thème y inversé. Cette première entrée avec
l'amorce de sa réponse constitue la première phrase b' du grand
thème féminin B . . . . .
La deuxième phrase b' est un dessin nouveau (au violon)
provenant d'une amplification du thème X tandis que la réponse
inversée (à la basse) disparaît peu à peu et que la
tonalité s'éloigne pour aboutir à une fausse cadence en Fa
# majeur . . . . . . . . . . . .
La troisième phrase b"' est entièrement nouvelle
et forme un épisode destiné à aboutir à
l'exposition du sujet à la sous-dominante,
remplacée ici par la dominante (Ré) en
raison du mode. Une conclusion précise en Si b majeur annonce la fin de
l'exposition qui permettrait une reprise textuelle depuis le début
suivant l'usage . . .
Développement. Esquisse de
l'entrée en ré mineur du sujet et du contre-sujet interrompue par
le dessin b". - Première-étape du développement. . .
. . . . . . . . . . . . . .
Esquisse de l'entrée en la mineur du sujet et du
contre-sujet, comme une dernière réponse à la
précédente entrée esquissée : fin des
expositions: fuguées ; le dessin b" interrompt de nouveau et
élimine peu à peu la « tête du sujet ».
- Deuxième étape du développement.
Épisode central de la fugue, par l'entrée en mi
bémol (relatif de la sous-dominante du dessin b"') en forme
dialoguée, sans s'éloigner notablement. - Troisième
étape du développement . . . . .
Pédale d'ut (sous-dominante) remplaçant la
pédale de dominante (ré) en raison du mode et terminant le
développement par deux fausses entrées du sujet (en ut mineur et
en mi naturel mineur) . . . .
Réexposition, occupant la
place des strettes dans la forme fugue
Idée A.
représentée par une strette du sujet et de la réponse en
quatre entrées (à trois parties réelles) raccourcissant
l'exposition à . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . .
Pont, ou sorte d'épisode en
strette, tiré du dessin T reprenant peu à peu son mouvement et
son aspect de Prélude (plus lent) . .
Idée B. en sol majeur. Sa
première phrase B' est le sujet renversé et augmenté ,
mais au lieu du contre-sujet, c'est le thème général X du
Prélude qui l'accompagne . . . . . . . . . .
La deuxième phrase est une synthèse de
l'idée B'. Ces trois phrases b' b'' b"' sont entendues
simultanément en forme conclusives . . .
Conclusion : deux entrées du
sujet en canon sur la tonique* c tiennent lieu de Pédale de tonique*
pour la forme fugue ou de bref développement terminal pour la forme
sonate . . . . . . . .
total : 350 mesures
C A partir de « Venite ad
me »
Sérieyx écrit peu de 1904 jusqu'au moment de son
installation définitive en Suisse, où il se consacre
essentiellement à son Cycle de motets et, à partir de 1920,
à quelques oeuvres de musique de chambre. Dans la Sonate
apparaissait déjà son attrait pour la modalité*. Il
parlait dans son analyse de « mineur intégral »
appelant, lorsque le mineur altéré aurait demandé la
fonction de dominante*, le remplacement de celle-ci par la fonction de
sous-dominante. On retrouvera cette tendance désormais et son
évolution vers une écriture de plus en plus contrapuntique se
confirme au fil des ans.
Sélection en partie dictée par l'existence de
pièces enregistrées, nous commenterons encore l'une de ses
oeuvres instrumentales figurant sur la cassette en annexe et quelques
motets.
Des Trois petites pièces pour violon
composées en 1920-192169(*) et transcrites ensuite pour le piano, nous nous
arrêterons sur les thèmes des -trois parties : Prélude,
Fugue et Rondeau.
En nous inspirant de la démarche de Sérieyx pour
la " Sonate " et de ses conseils en analyse mélodique, nous observons
l'ostinato initial :
dont les notes essentielles, en tenant compte des
disjonctions, sont :
soit deux cellules génératrices, x et y, dont
sont issus tous les éléments thématiques de l'oeuvre sauf
le contre-sujet de la fugue (qui peut aussi être rapproché de x).
Ce contre-sujet est utilisé pour les refrains du rondeau avec diverses
variations rythmiques. Voici ces thèmes :
PRELUDE
. . .
FUGUE
sujet de x
contre-sujet
RONDEAU (R = Refrain A, B, C = Couplets
A de Y
|
|
R
|
|
A de x
|
|
R
|
|
B de x
|
|
R
|
|
C de y
et de x
|
|
R
|
|
B de y
|
|
La fréquence des mots "petit" ou "pièce" dans
les titres de musique profane de Sérieyx suggère une remarque :
si élaborée qu'elle soit, cette partie de son oeuvre devait
revêtir, à ses yeux, une importance moindre. La
redécouverte de sa musique sacrée reste entièrement
à faire et nous ne dirons que quelques mots des trois motets 13, 20 et
24 cités à la fin du troisième chapitre qui font donc
partie du cycle composé entre 1913 et 1934.
Le premier, Testis es tu mih70(*)i (1), date de 1922. Il
est dédié à la mémoire de sa première
épouse, Jeanne Taravant. Son thème initial
est repris du premier mouvement du quatuor pour piano,
violon, alto et violoncelle, commencé en 1907, lui aussi
dédié à Jeanne Taravant et resté inachevé
(Sérieyx en a tiré ultérieurement une pièce pour
violoncelle et piano : Cf. FONDS AUGUSTE SÉRIEYX 26). Le figuralisme du
mouvement descendant de ce thème est renforcé par le contraste
entre le saut de quarte initial et les lignes exclusivement conjointes du
reste, répétées à différentes hauteurs. La
dernière, la plus développée, exprime par ses aigus
soutenus, un espoir de consolation : la contemplation de l'Éternel.
Deus meus et omnia, dédié à
M.-L. Bouët-Sérieyx, commence ainsi :
La ressemblance de ce début et de celui du motet
numéro 13 est évidente, mais cette fois, la première
quarte est montante. Elle symbolise un élan retrouvé, une
espérance plus immédiate.
Au début du dernier motet Memento mei, des
quartes descendantes, en alternance avec des lignes très conjointes
ascendantes rappellent le motet numéro 13, Testis es tu mihi.
Puis quartes et quintes montantes s'imposent à plusieurs reprises comme
une évocation, une annonce des mots "Deus meus" prononcés pour la
première fois à la page 5. C'est alors qu'apparaît le
thème du vingtième motet, d'abord à la basse. Dans les
quatre dernières mesures, sur les mots In regnum tuum, revient
le thème de Jeanne.
Souhaitons à ces trois motets et à l'ensemble du
cycle les interprètes qu'ils méritent pour être mieux
connus.
En hommage au « Chevalier de la
mélodie » (c'est ainsi que J.-L. Matthey nous présente
Sérieyx dans l'avant-propos de son Inventaire du FONDS AUGUSTE
SÉRIEYX), nous proposons une dernière illustration de son oeuvre,
l'une de ses nombreuses monodies ! Composée en 1928, cette
Aulodie71(*) fait
partie d'un ensemble à but didactique, classé selon les modes
utilisés
Pour compléter cet aperçu de l'oeuvre de
Sérieyx, on se reportera aux tableaux synoptiques de l'annexe
numéro 2 qui reprend les divisions de la biographie. La
prépondérance des oeuvres profanes pour la période de vie
relatée aux deux premiers chapitres. La tendance s'inverse pour la
première partie du troisième, cependant qu'à partir de
1934, oeuvres profanes et sacrées s'équilibrent.
Nous laisserons la parole au chanoine Broquet, de l'Abbaye de
Saint-Maurice, compositeur et fidèle élève d'Auguste
Sérieyx, pour conclure cette approche de son oeuvre de compositeur.
C'était à l'occasion de son huitantième anniversaire,
célébré à Montreux, le 11 mars 1945 (Cf. FONDS
AUGUSTE SÉRIEYX 502)
Vous avez relativement peu composé et vos produits
n'encombrent pas le marché ; mais la qualité l'emporte sur le
nombre. Je me sens tout d'abord tenu d'attribuer un très haut prix
à votre science de la composition et de tout ce que ce terme implique.
Pour ceux qui, comme moi, tâtonnent dans les incertitudes du labyrinthe
où vous évoluez avec une suprême connaissance des lieux,
cette sûreté magistrale fait leur admiration. Vos oeuvres
témoignent que vous avez pénétré jusque dans les
détails les plus infimes, tous les secrets de la mélodie,,, du
contrepoint, de l'art du développement des thèmes, si
rigoureusement logique -même dans les surprises - et de celui de la
modulation, dont les hardiesses chez vous, sont celles de la bonne
santé..."
CHAPITRE V
LE THEORICIEN ET LE PROFESSEUR
A. VERS L'ENSEIGNEMENT
Sérieyx n'avait que onze ans lorsqu'il décida,
seul, de comprendre le comment et le pourquoi du "langage musical"72(*). Théoricien en herbe
d'abord, il ne cessera ensuite, de poursuivre et de réorienter ses
recherches, au fur et à mesure que sa culture musicale
s'étendra.
Sa première imprégnation, le répertoire
des salons français du 19ième siècle,
évoquée au chapitre précédent à propos de
ses premières compositions l'a naturellement porté vers la
relation dominante* -tonique*, le conduisant à l'explorer tellement
à fond qu'il élaborera progressivement la cycle des quintes de
1881 à 1897.
De sa rencontre avec Bordes et d'Indy datent sa connaissance
approfondie de la polyphonie de la Renaissance et sa pratique plus
fréquente du plain-chant. Il dira désormais comme ses
maîtres de la Schola « Tout vient de la
mélodie ».
En 1899, d'Indy l'appelle à ses côtés.
Sérieyx, pour la première fois, doit transmettre à
d'autres des notions que, lui, domine de haut, mais dont ses
élèves de première année n'ont qu'une vague
idée. Il évoque la difficulté qu'il y a, à
transmettre des connaissances (surtout celles de base) dans une lettre à
Guy de Lioncourt73(*),
envoyée le 30 avril 1937. Il qualifie lui-même ce long document de
« testament pédagogique ». Il dit notamment :
Le célèbre Discours-Programme du 2 novembre 1900
[Inauguration par Vincent- d'Indy des nouveaux locaux de la rue Saint-Jacques]
"déblaie" en quelque sorte tout ce qui est préalable à la
réalisation du magnifique cycle d'études minutieusement
décrit, par quelques mots dont le sens est celui-ci :
« L'élève, solidement instruit déjà des
notions du solfège, de la théorie et de
l'harmonie... »70
[La Phrase reste en suspens ].
Mais le professeur du Cours de première année
ayant découvert que l'élève n'est quasiment jamais
« solidement instruit », d'où qu'il arrive, exprime
son regret :
Supposant comme en géométrie le "problème
résolu", le Maître était allé de l'avant / ... / Il
avait magistralement construit l'édifice, mais sur des fondations qui
allaient chaque jour s'écroulant de plus en plus. Partout, il avait dit
ce qu'il fallait faire mais pour tout ce qui concernait cette partie
élémentaire (supposée résolue), il n'avait pas dit
COMMENT il fallait le faire..."70
Et le Maître de conseiller à
l'élève professeur qui se désolait de ne pas disposer du
livre adéquat "Faites-en un, vous, Sérieyx !"
Dès lors, inlassablement, il essaiera de définir
et d'expliquer. C'est l'oeuvre de tout une vie et nous nous limiterons dans ce
chapitre, à présenter ses deux ouvrages les plus importants,
à donner en annexe des listes de ses principaux écrits
brièvement commentés et à renvoyer le lecteur à
quelques textes-clefs.
Un cours par correspondance, demandé d'Amérique
à la Schola donnera à Sérieyx l'occasion d'envisager la
rédaction d'un ouvrage de base. Vincent d'Indy charge Sérieyx de
sa réalisation et de 1912 à 1914, un certain nombre de fascicules
paraissent, déjà sous le nom de Course of musical
syntax74(*). On peut
lire à ce propos dans les Notes détaillées de 1912
« le titre Teleschool dont j'étais l'auteur en ma
qualité d'ignorant complet de la langue anglaise fut adopté
à l'unanimité »
B LA " GRAMMAIRE
Paru en 1925 chez Heugel, le Cours de grammaire
musicale a été conçu dès sa rédaction
comme inséparable du Cours de syntaxe musicale achevé en
1935. Elle se compose de vingt-quatre notions préliminaires puis de cinq
parties Lecture et écriture, Éléments mélodiques,
Éléments harmoniques, Éléments rythmiques,
Fonctions musicales. Cette dernière partie empiétant
déjà sur la Syntaxe, au total 380 articles. C'est un
« monument », d'une approche que le degré
d'approfondissement de chaque notion présentée rend difficile.
Sérieyx a compris peu à peu à quel point l'accès de
son ouvrage était réservé à une élite et il
l'exprime dans cette même lettre à Guy de Lioncourt :
En extrayant, à la demande des éditeurs, les
Éléments75(*), j'avais cru me mettre réellement à la
portée des débutants : grave erreur, il fallait pour cela
descendre encore plus profondément et parler véritablement le
langage des enfants"76(*).
d'où son intérêt grandissant, pendant les
dernières années de sa vie, pour
les VOIES D'ACCES les plus humbles, celles qui laissent venir
à nous les petits enfants que Madame Sérieyx expérimente
quotidiennement jusqu'à la formule en apparence la plus
insignifiante(73).
La Grammaire n'a pas eu l'audience attendue, entre
autres à cause de la défection complète au moment de la
publication, d'appuis promis. Mais les connaisseurs surent en discerner la
valeur, tel Eugène Borrel dans un article d'août 1925 :
...Cet ensemble embrasse l'étude du solfège
ordinaire et des éléments de l'harmonie mais les dépasse
considérablement en traitant une foule de questions habituellement
laissées de côté, il ne s*agit pas ici d'ailleurs de vues
paradoxales mais d'une organisation nouvelle et complète,
appuyées sur des bases traditionnelles et par suite, pleines de
conséquences fécondes de toutes les notions éparses (et
souvent contradictoires) contenues dans les II Solfèges, Théories
"etc. qui sont ici étudiées à la lumière des
principes les plus évidents et par conséquent les plus
inaperçus. Cet ouvrage, vraiment monumental, réalise une
synthèse achevée de toute la théorie
élémentaire de la musique occidentale/ ... /77(*).
Toute classification est arbitraire mais en annexe, nous avons
essayé de dresser deux listes des écrits complémentaires
de Sérieyx en les regroupant autour de ses deux thèmes
privilégiés :
a) le cycle des quintes
b) la mélodie (avec la diaphonie) en nous souvenant
que " Grammaire " et " Syntaxe " concernent l'ensemble des
phénomènes musicaux.
C COMMENTAIRES DE LA PREMIERE LISTE ET DU CYCLE DES
QUINTES78(*)
Sérieyx a cherché en solitaire jusqu'en 1900,
année où Vincent d'Indy a souhaité incorporer sa
théorie du cycle des quintes au Cours de composition musicale. En
1934-35, dans un but pédagogique, Sérieyx met au point une
présentation sur disques mobiles en carton dont Marie-Louise Bouët
expliquera l'usage79(*).
Sérieyx est bien évidemment conscient qu'en fermant le cercle, il
évacue la notion de spirale infinie que ses calculs d'antan avaient mis
en valeur. Mais il s'agit avant tout d'un outil pédagogique
destiné à des élèves apprenant le plus souvent
à jouer d'un instrument tempéré.
Voici comment il considère avec humour ses travaux de
jeunesse80(*) dans une
note infrapaginale de la deuxième partie de son Cours de syntaxe
musicale
Ces écarts de calcul, et d'autres analogues, ont
donné lieu à d'inépuisables controverses sur le comma (dit
vulgaire ou pythagoricien, suivant les cas et les auteurs) et sur le choix de
la meilleure formule arithmétique applicable aux intervalles de la
gamme, etc. Quelqu'un - que nous connaissons bien -s'est passionné
dans son jeune temps pour ces "brûlantes questions" : il prit la peine de
calculer jusqu'à la sixième décimale à grand
renfort de logarithmes) les vibrations de tous les degrés de la gamme
dans tous les systèmes connus. C'est en pleine connaissance de cause
que ce " bon jeune homme ", revenu au bon sens au cours d'un demi-siècle
d'expériences diverses, peut proclamer ici la stérilité
radicale de ses laborieux travaux d'antan, et de tous autres pareils81(*).
et il affirme dans ce même article : « Le son
juste est celui qui convient à la fonction qu'il
occupe »82(*).
Nous proposons en annexe la copie d'un texte,
rédigé très probablement après 1940. Sérieyx
y propose, à partir de sa théorie du cycle des quintes, une
explication logique du diatonisme et du classement des intervalles83(*).
D COMMENTAIRE DE LA DEUXIEME LISTE ET PRESENTATION DE
LA SYNTAXE
Dans un texte non daté, Les Domaines respectifs de
la mélodie, de l'harmonie et du rythme dans le langage
musical84(*),
Sérieyx a développé son image favorite, identifiant la
musique à un langage, faisant correspondre aux éléments
constitutifs de la phrase : sujet, attribut et verbe, la mélodie,
l'harmonie et le rythme. Sérieyx n'acheva jamais la partie
« rythme » de sa Syntaxe. Peut-être faut-il
chercher la raison de ce choix dans le caractère infini du Verbe ? Il
avait donc terminé en 1935, les parties Mélodie et Harmonie selon
un plan qu'illustre la table des matières ci-jointe dont la
numérotation des articles continue celle de la
Grammaire85(*).
La Syntaxe étant restée inédite,
de petits fascicules intitulés Eléments de syntaxe
musicale (propriété de l'auteur) ont été
dactylographiés, pour la partie Théorie ou copiés à
la main pour la partie Exemples. Ils ont contribué à faire
connaître et à expérimenter le cheminement
pédagogique préconisé par Sérieyx :
l'élève doit d'abord étudier, soit par écrit, soit
au clavier, la monodie dépouillée des barres de mesure. Il doit y
consacrer le temps nécessaire pour être capable de moduler avec
aisance. Il abordera ensuite la diaphonie, improprement appelée
contrepoint (la Syntaxe est précédée d'un lexique
proposant des améliorations du vocabulaire musical).
Il franchira les étapes du contrepoint* traditionnel en
s'arrêtant sur des chants modulants, sur des diaphonies combinées,
vraies polyphonies. L'élève en écriture, après
cette progression retraçant l'évolution de la musique
elle-même, sera prêt à aborder l'harmonie.
Ce raccourci du cheminement proposé par Sérieyx
est dépourvu de toutes les nuances que l'étude
détaillée de ses écrits met en évidence. Il est
clair que le détour par la monodie et la diaphonie n'empêche pas
d'aborder simultanément l'analyse harmonique pour mieux comprendre les
oeuvres à interpréter. Cette proposition vise en fait à
étayer les bases de ceux qui veulent vraiment étudier
l'écriture afin de pouvoir dire ensuite avec lui "L'enseignement de
l'harmonie serait si simple si l'on supprimait tout ce qui n'aurait jamais
dû en faire partie"86(*)
La troisième liste, non exhaustive, comme les
précédentes, met en évidence la diversité des
sujets abordés par Sérieyx dans ses textes. Elle suggère
d'ajouter aux différents épithètes proposés par les
dictionnaires de la musique à côté de son nom, celui
d'humaniste.
CONCLUSION
De la troisième liste d'écrits d'Auguste
Sérieyx, la plus longue pourtant, nous ri-avons presque rien dit. Plus
que les autres encore, elle témoigne de la diversité de ses
pôles d'intérêt. Oserons-nous ajouter que même si nous
n'avons pas trouvé de textes importants centrés sur ce sujet,
nous savons qu'il était passionné d'astrologie ?
Repensant aux épithètes proposés pour
qualifier Sérieyx dans les dictionnaires et encyclopédies, nous
nous demandons si nous sommes prêts à en privilégier l'un
ou l'autre ou à en enrichir la liste. Nous venons de proposer celui
d'humaniste mais sa qualité d'ouverture aux sciences exactes, à
l'histoire, à la littérature, à la philosophie est
toujours en relation avec la musique. Il est donc possible de le qualifier de
musicologue, titre dont il se serait peut-être défendu.
Du compositeur, nous aimons les oeuvres,
particulièrement celles que nous avons pris le temps de découvrir
en profondeur. Les circonstances extérieures n'ont pas favorisé
leur audience et certaines difficultés rencontrées à une
époque où lui-même était critique et professeur de
composition ont probablement limité sa production ultérieure.
L'oeuvre du théoricien est certes La plus originale, la
plus importante quantitativement et nous regrettons de n'avoir pu en donner
qu'un sommaire aperçu. Mais elle est inséparable de sa
volonté de transmettre.
C'est pourquoi il a tellement investi dans sa mission de
professeur, tout en cherchant à faire progresser l'éducation
musicale en général. Il s'est efforcé de promouvoir un
enseignement reposant sur des piliers solides : maîtrise des termes
utilisés, des éléments rythmiques, mélodiques puis
polyphoniques, sans que jamais maître ni élève ne perdent
de vue que "tout vient de la mélodie".
Enseigner, Sérieyx s'y est -d'abord' longuement
préparé, puis il est devenu le professeur, celui qui
écrivait, encore plein d'espoir, en conclusion générale de
son " testament pédagogique en 1937, à Guy de Lioncourt :
Nous savons tous qu'aucune gloire ni profit humains n'en
peuvent résulter pour aucun de nous : mais de cela nul de nous n'en a
souci. Il faudra un demi-siècle, davantage peut-être, pour que
cette véritable RESTAURATION DE L'ENSEIGNEMENT MUSICAL porte ses fruits
; mais elle ne peut les porter qu'à la condition d'EXISTER.
Pauline Schueller-Sérieyx (FAS 505)
Victor Sérieyx et (FAS 505)
A. Sérieyx à Paris en 1879 (FAS 505)
A. Sérieyx avec V. d'Indy au piano (coll.
privée)
A. Sérieyx à Morges en 1904 (FAS 505)
Jeanne Taravant (FAS 505)
Photo souvenir de la soutenance des thèses de la
première promotion
de la Schola Cantorum le 19 juin 1907 (coll. privée)
Jury (assis sur le banc) : P. de Bréville, V.
d'Indy, P. Poujaud
Elèves debout : Sérieyx, Séverac,
Castéra, Coindreau, Alquier, Estienne
assis : Roussel, Labey
A. Sérieyx et Carlo Boller en 1915 (coll.
privée)
A. Sérieyx et M-L. Bouët-Sérieyx en
août 1931 _photo prise à Agay par V. d'Indy (coll. privée)
A. Sérieyx à l'âge de 80 ans (coll.
privée)
M-L Bouët-Sérieyx en 1961 (coll. privée)
BIBLIOGRAPHIE
I Ouvrages concernant directement AUGUSTE
SÉRIEYX ou écrits par lui .
(1) INDY (Vincent d'), Cours de Composition musicale,
Paris, Durand, 1912. Premier livre. Rédigé avec la collaboration
d'Auguste Sérieyx d'après les notes prises aux classes de
composition de la Schola Cantorum en 1897-1898.
(2) SERIEYX (A.), Vincent d'Indy, Paris, Ed. Albert
Messein, Coll. Société des Trente, 1913, 86~p.
(3) SERIEYX (A), Cours de grammaire musicale, Heugel,
1924, 312 p.
(4) INDY (V. d'), DUPARC (H.), ROUSSEL (A.), Lettres
à Auguste Sérieyx, Lausanne, Ed. du Cervin, 1961,79 p.
Lettres recueillies et publiées par M.L. Sérieyx.
(5) MATTHEY (J.-L.), Inventaire du Fonds musical Auguste
Sérieyx, Lausanne, B.C.U., 1974, 124 p.
II Ouvrages concernant la musique en Suisse de 1850
à 1950.
(6) DORET (G.), Pour notre indépendance
musicale, Genève, Henn, 1919, 194 p. - Cet ouvrage rend compte des
manifestations de la vie musicale de l'époque en Suisse et propose une
démarche pour former un peuple musicien d'où puissent sortir
davantage de compositeurs et d'interprètes-.
(7) BURDET (J.), L'Orchestre du Kursaal de Montreux
(1881-1914), Extrait de la Revue historique vaudoise ", s. l. ni éd.,
1969 et 1974, 60 p.
(8) Encyclopédie illustrée du Pays de
Vaud -7-, Les Arts de 1800 à nos jours, Lausanne, Ed. 24 heures,
1978. 335 p. - Articles les plus consultés : La Musique au XIXème
siècle - Le Temps des Fêtes (1900-1914) Ansermet et Strawinsky -
1918-1939 : La Vie Musicale, l'Art choral -.
(9) VIRET (J.), Aloÿs Fornerod ou Le Musicien et le
pays, Lausanne, Cahiers de la Renaissance vaudoise, 1982, 201 p. Ouvrage
concernant un musicien vaudois, ami et élève d'Auguste
Sérieyx, imprégné de l'esprit français de la
musique de son temps.
III Ouvrages concernant la musique en France de 1850
à 1950.
(10) TIERSOT (J.), Un demi-siècle de Musique
française (1870-1919), Paris, F.Alcan, 1924. - L'auteur y pose le
problème des mérites respectifs de la Schola Cantorum et du
Conservatoire -.
(11) DUKAS (P. ), Les écrits de Paul Dukas sur la
musique, Paris, Société d'éd. françaises et
internationales, 1948, Coll. Musique et Musiciens. - Nombreux
témoignages et réflexions, d'une lecture toujours
agréable, en particulier sur les fondateurs de la Schola Cantorum -.
(12.) ROBERT (F. ), La Musique française au
XIXème s. , Paris, P.U.F., 1963, Coll. Que sais-je ?
(13) COMBARIEU (J.) et DUMESNIL (R.), Histoire de la Musique,
tome ', "L'aube du 20ème siècle", Colin, 1958. - Renseignements
très précis sur la fondation de la Société des
Chanteurs de Saint-Gervais, de la Schola, de l'Ecole C. Franck -.
(14) GUT (S.) et PISTONE (D. ), La Musique de chambre en
France de 1870 à 1918, Paris, Champion, 1978, 239 p. - Ce volume
situe bien le contexte socio-culturel dans lequel se déroule
l'activité musicale de l'époque concernée. Ses nombreux
tableaux synoptiques facilitent les rapprochements entre les compositeurs
IV Ouvrages généraux.
Parmi les ouvrages consultés, nous avons utilisé
davantage
(15) Encyclopédie de la Pléïade,
Histoire de la musique II, " Du XVIIIème siècle à
nos jours ", Paris, Gallimard, 1963.
Les chapitres plus directement utiles à ce
mémoire furent :
Le renouveau français, pp. 831 à 909
Le XXème siècle, pp- 909 à 976 ;
Science et critique, pp. 1549 à 1631.
(16) Sous la direction de HONEGGER (M.), Dictionnaire de
la musique, "Les hommes et leurs oeuvres", Paris, Bordas, 1970 et Science
de la musique, "Formes, techniques et instruments", Paris, Bordas, 1976.
Remarque : pour les ouvrages le plus souvent
cités, les abréviations suivantes ont été
adoptées
(1) : Cours de C. (4) : Lettres à A.S.
(5) : L'inventaire du FAS (11) : Les écrits de
P.D.
Les tableaux synoptiques des oeuvres musicales d'Auguste
Sérieyx indiquent, entre parenthèses le nom des Éditeurs,
le cas échéant.
Nous remercions vivement les maisons Max ESCHIG, FOETISCH et
HEUGEL S.A. de leurs autorisations de reproduction d'extraits d'oeuvres ainsi
que les nouveaux copropriétaires suisses des EDITIONS DE LA SCHOLA
CANTORUM, 30 rue des Croix CH 2014 BOLE et à EPINASSEY 1890
SAINT-MAURICE.
"... Le langage musical n'est-il pas en définitive le
plus général de tous, puisqu'i1 s'adapte à la parole dans
le chant et qu'il commande le geste dans la danse ?...''
Auguste Sérieyx
Cours de grammaire musicale p. 1:3)
INDEX
des noms de personnes citées
Albeniz (I.)
|
31
|
Alquier (M.)
|
29
|
Ansermet (E.)
|
37, 42, 97
|
Aubry (P.)
|
30, 31
|
Bach (J-S.)
|
21, 26
|
Barbereau (A.)
|
20, 58
|
Bard (Y.)
|
6
|
Barthe (A.)
|
19, 20, 23
|
Bérard
|
30
|
Boller (C.)
|
45, 60
|
Bonald (Cardinal de)
|
13
|
Bord (Abbé)
|
48
|
Bordes (C.)
|
21, 22, 23, 25, 26, 27, 29, 31, 74
|
Borrel (E.)
|
77
|
Bouët (M-L.)
|
4, 8, 48, 49, 50, 53, 71, 78
|
Bréville (P.)
|
50, 51
|
Broquet (Chanoine)
|
73
|
Burdet (J.)
|
37, 42, 94
|
Canteloube (J.)
|
23, 34, 51,52,53
|
Carissimi (G.)
|
43
|
Carvalho
|
23
|
Castéra (R. de)
|
29, 51
|
Chabrier (E.)
|
46
|
Chaix (C.)
|
8, 47
|
Chausson (E.)
|
17, 26
|
Cherubini (L.)
|
36
|
Chevillard (C.)
|
32
|
Choron (A.)
|
27
|
Cocteau (J.)
|
46
|
Coindreau (P.)
|
29, 31
|
Combarieu (J.)
|
31
|
Copeau (J.)
|
18
|
Cortot (A.)
|
32
|
Cras (J.)
|
4, 36
|
Daudet (L)
|
35
|
Debussy (C.)
|
26, 31, 32, 36, 39, 46
|
Demets(E.)
|
34
|
Diot (A.)
|
34
|
Doret (G.)
|
33, 46, 96
|
Druetti (Abbé)
|
38
|
Dukas (P.)
|
7, 21, 27, 39, 50, 59, 95
|
Dumas (A.)
|
26
|
Duparc (H.)
|
3, 37, 38, 39, 49, 94
|
Durand (J.)
|
29, 30, 94
|
Durutte (C.)
|
20, 58
|
Dzierbicki (G.)
|
48
|
Ecorcheville (J.)
|
36
|
Emmanuel (M.)
|
4
|
Eschig (Ed.)
|
60, 97
|
Estienne (H.)
|
29, 51
|
Foetisch (Ed.)
|
97
|
Fornerod (A.)
|
45, 46
|
Fourcaud (Mme de)
|
36
|
Franck (C.)
|
39, 51,52, 54, 59, 75, 95
|
Gagnebin (H.)
|
45
|
Gastoué (A.)
|
31
|
Gédalge (A.)
|
19, 20, 23, 25, 59
|
Gide (A.)
|
18
|
Gigout (E.)
|
19
|
Gounod (C.)
|
26, 46, 52
|
Granjany (L.)
|
19
|
Groz (A.)
|
36
|
Guilmant (A.)
|
27
|
Hauterive (J. d')
|
26
|
Heller (S.)
|
32
|
Heugel (Ed.)
|
47, 76
|
Indy (V. d')
|
3, 9, 22, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 36, 38, 39, 43,
48, 49, 50, 52, 54, 59, 61, 63, 74, 75, 76, 78, 94
|
Jaques-Dalcroze (E.)
|
48, 49, 50
|
Jaillard (J.)
|
14
|
Koechlin (C.)
|
9
|
Labey (M.)
|
29, 51, 90
|
Lacerda (F. de)
|
34, 37
|
Lahovary (C. et A.)
|
15
|
Lalo (P.)
|
34
|
Landormy (P.)
|
39
|
Lanteires (Dr)
|
17
|
Lascazes (E. de)
|
18
|
Le Flem (P.)
|
47
|
Lemoine (Ed)
|
44
|
Lerolle (H.)
|
31
|
Lioncourt (G. de)
|
51, 75, 76, 84
|
Magnard (A.)
|
4, 7
|
Malherbes (C.)
|
36
|
Marteau (H.)
|
21
|
Massenet (J.)
|
21, 46
|
Matthey (J-L.)
|
4, 7, 72, 94
|
Migot (G.)
|
4, 9
|
Mihura (J.)
|
35
|
Mocquereau (Dom)
|
35
|
Monteverdi (C.)
|
43
|
Mouton (H.)
|
39
|
Nanche (Abbé)
|
12
|
Nidermayer (L.)
|
19, 27
|
Nin (J.)
|
34
|
Opienski (H.)
|
34, 47, 52
|
Paderewski (I.)
|
47
|
Palestrina (G.)
|
21
|
PIE X
|
9, 35
|
Pierné (G.)
|
50
|
Pirro (A.)
|
31
|
Planté (F.)
|
21
|
Poujaud (P.)
|
31
|
Rameau (J-P.)
|
21
|
Ramuz (C-F.)
|
46
|
Ranse (M. de)
|
41
|
Ravel
|
32
|
Ribeaupierre (de)
|
6, 44, 45, 47, 50
|
Riesler (E.)
|
47
|
Robert le Pieux
|
44
|
Ropartz (G.)
|
23, 47
|
Roland-Manuel
|
36
|
Roussel (A.)
|
3, 19, 29, 32, 33, 37, 50, 51, 90, 94
|
Ruillier (F.)
|
18, 20
|
Satie (E.)
|
36
|
Schneider (Maison)
|
41
|
Schueler-Sérieyx (P. M.)
|
12, 14, 16
|
Selva (B.)
|
48, 60
|
Sérieyx (C.)
|
16, 29
|
Sérieyx (E.)
|
12, 29
|
Sérieyx (Jehanne)
|
29
|
Sérieyx (P.)
|
14, 15, 16
|
Sérieyx (V.)
|
12, 14,
|
Sérieyx (W.)
|
14, 16, 29
|
Serres (L. de)
|
51
|
Séverac (D. de)
|
29
|
Sully-Prudhomme (A.)
|
37
|
Taravant (J.)
|
32, 33, 35, 37, 38, 41, 43, 45, 49, 60, 71, 89
|
Theodori (A.)
|
38, 44
|
Thibon (G.)
|
52
|
Verne (J.)
|
15
|
Viret (J.)
|
45, 46, 95
|
Wagner (R.)
|
8, 32
|
Witkowski (G. M.)
|
8
|
TABLE DES MATIERES
du volume I
Avant-propos 3
Avertissement au lecteur 6
Introduction 7
Première partie
Chapitre I. 1865 à 1897 A. Un enfant sans terroir
12 B. Incertitude 16
Chapitre II. 1897 à 1914 Les engagements 25
Chapitre III. 1914 à 1949 a. De Venite ad me
à Memento mei 41 b. Jusque Aux heures
solitaires 49
Deuxième partie
Chapitre IV. Le compositeur a. Jusqu'à la Sonate pour
violon et piano 57 b. La Sonate pour violon et piano
60 Transcription 62 c. A partir de Venite ad me
68
Chapitre V. Le théotricien et le professeur a. Vers
l'enseignement 73 b. La « Grammaire »
76 c. Commentaire de la première liste et du cycle des quintes
78 d. Commentaire de la seconde liste et présentation de la
« Syntaxe » 79
Conclusion 83
Illustrations 85
Bibliographie 94
Index des noms de personnes citées 98
Table des matières 102
* 1 Cf. vol II : document
n°1 p.5
* 2 Cf. Vol. II : Document
n° 2, p.6
* 3 Livre de Raison 1, pp. 19
et 21
* 4 On lit par exemple dans
le Livre de Raison I p. 29 pour l'année 1881 : " C'est le
moment où s'ouvre l'exposition d'électricité que je visite
assidûment avec Camille : premier essai du vrai téléphone
au Palais de l'Industrie et premier tramway électrique mû par
transmission de force : On va de la place de la Concorde au Palais ".
* 5 Livre de Raison I p. 35
* 6 Ibidem p. 39
* 7 Livre de Raison p. 43
* 8 Ibidem p. 43
* 9 L.de R. I p. 43 (notes non
retrouvées).
* 10 Gallois (Jean), Ernest
Chausson, Paris, Seghers, 1967, 192 p. Coll. : Musiciens de tous les temps, p.
16.
* 11 Ces notes biographiques
ont été prises en sténotypie par Freddy Ruillier qui n'en
a traduit qu'une partie (1886 à 1900), l'ensemble constituant le F. A.
S. 520
* 12 ) Incertitude, FONDS
AUGUSTE SÉRIEYX 10 et FONDS AUGUSTE SÉRIEYX 11.
* 13 Lucien Grandjany
(1862-1891), compositeur, organiste et professeur de solfège au
conservatoire de Paris. Il est l'oncle de Marcel Grandjany, né en 1891,
harpiste et compositeur.
* 14 Cf. Vol. Document n°
3 p.7
* 15 SURCHAMP (Dom
Angélico), Albert Roussel, Paris, Seghers, 1967, 190 p. Collection
Musiciens de tous les temps. pp. 22-23.
* 16 FONDS AUGUSTE
SÉRIEYX 520 p. 4.
* 17 Livre de Raison I p.63
* 18 Dukas (Paul ) (11) Les
écrits de Paul Dukas. . . Paris, Société d'éditions
françaises et internationales, 1948, p. 676.
* 19 FONDS AUGUSTE
SÉRIEYX 520 p. 5.
* 20 Ibidem p. 7
* 21 FONDS AUGUSTE
SÉRIEYX 520 p. 11
* 22 Dukas (Paul), (11), Les
écrits de Paul Dukas p. 676.
* 23 INDY (Vincent d') (1),
(Cours de composition musicale) p. 7.
* 24 Lettres à A. S.
(4) p. 12. (Lettre très élogieuse sur la rédaction du
Cours adressée de Nantes par d'Indy, le 9 janvier 1900).
* 25 Coindreau fait: partie
avec Alquier, Castéra, Estienne, Labey, Roussel, Séverac et
Sérieyx de la première promotion des élèves de
d'Indy qui soutinrent leur thèse en juin 1907
* 26 Livre de Raison I pp.
84-85 et 89.
* 27 L.de R. II pp. 11-14.
* 28 cf. Vol. II, document 4,
pp. 9 à 15
* 29 Livre de Raison I p.
89.
* 30 Livre de Raison II pp.
10-13
* 31 Livre de Raison II pp.
10-13
* 32 Surtout depuis
l'élection à la présidence de Vincent d'Indy le 16
décernbre 1900. (L . de R. II p. 10)
* 33 Livre de Raison I I p.
14.
* 34 Jeanne Taravant, (1860
-1920), pianiste, élève de Le Couppey et de Stephen Heller,
premier prix du Conservatoire de Paris en 1875.
* 35 Lettres à A.S (4)
p. 61
* 36 Ibidem pp. 62-63.
* 37 L.de R. II. p. 14.
* 38 cf. Vol. II document
n° 5, p. 16
* 39 F. A. S. 160.
* 40 F. A. S. 160.
* 41 FONDS AUGUSTE
SÉRIEYX 502. Notes détaillées.
* 42 Autre mission
confiée à AUGUSTE SÉRIEYX à la même
époque par d'Indy sur la demande de Charles Malherbes,
bibliothécaire de l'Opéra : trouver la solution du canon
énigmatique Non impedias musicam à huit voix de Cherubini. Ce
canon fut décrypté pour la première fois par
Sérieyx aidé d'Albert Groz, autre élève de d'Indy.
(FONDS AUGUSTE SÉRIEYX 501)
* 43 FONDS AUGUSTE
SÉRIEYX 502 Notes détaillées.
* 44 FONDS AUGUSTE
SÉRIEYX 502 Notes détaillées.
* 45 Burdet (Jacques) (.),
L'Orchestre du Kursaal...,p. 24.
* 46 FONDS AUGUSTE
SÉRIEYX 502_. Cf. Vol. II Document n° 6, p. 17
* 47 FONDS AUGUSTE
SÉRIEYX 502 Notes détaillées.
* 48 Lettres à A.S (4)
p. 43.
* 49 MOUTON (Henri) " Les
rapport d'Indy-Debussy ", in Revue musicale suisse, n° 4 Zürich, Ed.
Hug et Co, juillet août 1973, p. 210.
* 50 SERIEYX (Auguste) (2),
Vincent d'Indy. p. 55.
* 51 cf. Tome II, doc. n°
7 pp. 18 et 19
* 52 BURDET (Jacques),
"l'orchestre symphonique des Internés Alliés" in
Revue musicale de Suisse Romande, numéro 3 Eté
1978, pp. 146-151, passim.
* 53 Lettres à Auguste
Sérieyx (4) F). 27.
* 54 VIRET (Jacques). (9) A.
Fornerod p. 73. -A. Fornerod est né à Montet (Vaud) en 1890. Il
est mort en 1965, alors qu'il était encore directeur du Conservatoire de
Fribourg.
* 55 VIRET (Jacques) (9), A.
Fornerod pp. 92-93.
* 56 DORET (Gustave) (6). Pour
notre indépendance musicale pp- 109-110
* 57 OPIENSKI (Henryk) et
KOECKERT (Gustave) La musique polonaise, essai historique sur le
développement de l'art musical en Pologne Lausanne, Imprimerie des hoirs
Borgeaud, 1918.
* 58 Cf. FONDS AUGUSTE
SÉRIEYX 504. Dossier Ecole C. Franck. Cf. Vol. II Document n' 8 pp. 20
& 1
* 59 Cf. FONDS AUGUSTE
SÉRIEYX 479. Dossier Joseph Canteloube.
* 60 Cf. - F. A. S. 479 -
Opienski est mort à Lausanne, le 21 janvier 1942
* 61 Ed. Foetiscti, Lausanne.
Numéros 7357 à 7362
* 62 Article paru en 1951 dans
le " Bulletin du Conservatoire de musique de Fribourg " n° 5 p. 69-73.
* 63 Cf. Vol. II Document
n° 9 p. 22
* 64 Cf. Vol. II Doc.
n°10 pp. 23 et 24.
* 65 Cf. Vol. II Annexe n"l
pp.32 et 33
* 66 Cf. Vol. II Annexe
n°2 pp.34 à 37
* 67 Cf. Vol. II, Annexe
n° 3, pp.38 à45 et cassette, face A, première plage.
* 68 GUT
(Serge) et PISTONE (Danièle), (1~), La Musique de chambre en France de
1870 à 1918, passim.
* 69 Cf. cassette, face A,
plage 2.
* 70 Cf. Vol. II, Annexe n' 4,
pp.47 à 49 et cassette, face B. L'annexe n° 3 comprend les
traductions des trois motets, la partition intégrale du n° 13 et
des extraits du n° 24.
* 71 Cf. Vol. II, annexe
n° 5, p. 54
* 72 D'autres, avant
Sérieyx, ont sans doute défini la musique comme un "langage des
sons", mais cette comparaison engage tous ses écrits (cf. p.93)
* 73 Lettre à Guy de
Lioncourt - Guy de Lioncourt, directeur de l'Ecole. César Franck
à partir de 1942, a rédigé le dernier tome du Cours de
composition musicale (cop. 1950)
* 74 Cf. Vol. II Document n'
11 pp.25~à 1-7
* 75 Résumé de
la grammaire, paru également en 1925, comprenant 300 questions et
réponses.
* 76 Ibidem
* 77 BORREL (Eugène), "
Auguste Sérieyx, Cours de grammaire musicale " in Revue de musicologie
no 15 août 1925, p. 137
* 78 Cf. Cycle des quintes in
Sciences de la musique AK sous la direction de Marc Honegger, Paris, Bordas,
1976, p. 275. -Cf. Annexe no 6, pp. 55 à 57 : 3 listes
* 79 BOUET-SERIEYX
(MarieLouise) Le cycle des quintes, Zürich Leipzig, Hug Frères et
Cie, s.d., 15 p.
* 80 Cf. Vol. II Document
n° 12 pp. 28-30
* 81 Cf. Syntaxe in Article
Variabilité des rapports harmoniques p. 403
* 82 Ibidem p. 400.
* 83 Cf. Vol. II Annexe
n°7 P.58
* 84 Fonds AUGUSTE
SÉRIEYX 131
* 85 Cf. Vol. II Annexe
n°8 p. 62
* 86 FONDS AUGUSTE
SÉRIEYX 170 p. 7.
|
|