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MASTER 2 ADMINISTRATION ET DROIT DE L'ACTION
PUBLIQUE parcours
Les enjeux juridiques et institutionnels de la
transformation en métropole de la Communauté
d'agglomération de Grenoble-Alpes Métropole
Administration Publique et
Territoires
Mémoire soutenu par :
Komi Dodji AKPATCHA
Sous la direction de :
Nicolas KADA, professeur de droit public
Septembre 2014
DEDICACE
A mes amours Ornella et Aymeric-Lionel
A maman Bernadette
A feu papa Louis
REMERCIEMENTS
J'adresse mes remerciements aux personnes qui m'ont
aidé de près ou de loin à la réalisation de ce
mémoire.
En premier lieu, le professeur Nicolas KADA, qui a bien voulu
me diriger et qui m'a guidé dès les premiers instants où
j'ai été inspiré par ce sujet en me montrant les pistes
à explorer pour trouver les informations nécessaires.
Je remercie également les personnes dont les noms
suivent, qui malgré leur agenda très chargé, n'ont pas
hésité à répondre favorablement à mes
demandes d'entretien et qui m'ont donné les informations
nécessaires à la réalisation de ce mémoire :
- MM. Thierry VIGNON, Directeur général des
services du conseil général de l'Isère ;
- Cyril DUFRESNE, Chargé de mission à La
Métro
- Pierre-Yves DROGUE, Directeur général des
services de la Commune de Seyssinet-Pariset
- Dominique ESCARON, Maire de la Commune du
Sappey-en-Chartreuse
- Mme Catherine POUYET, Présidente du Conseil de
développement de La Métro
SOMMAIRE
Page
INTRODUCTION
............................................................................
.......... ..6
PREMIERE PARTIE : D'UNE COMMUNAUTE
D'AGGLOMERATION, EPCI FAIBLEMENT INTEGRE, A UNE METROPOLE « DE DROIT
COMMUN » : ENJEUX D'EQUILIBRE TERRITORIAL ET DE COHERENCE
INSTITUTIONNELLE.................................................................................19
Chapitre 1er : L'héritage du territoire
de la Communauté d'agglomération par la métropole : un
territoire aux multiples facettes
........................................................20
Section 1ère : La fixation du
périmètre de la métropole : Vers une confirmation du
périmètre de l'actuelle communauté d'agglomération
..............................................................20
Section II : La constitution d'un territoire
métropolitain hétérogène
...............................30
Chapitre 2 : La métropole de Grenoble :
une Communauté urbaine améliorée ?
..........41
Section 1ère : Une évolution
institutionnelle marquée
...............................................41
Section II : Une évolution institutionnelle
atténuée..................................................55
DEUXIEME PARTIE : LA MISE EN OEUVRE DES
COMPETENCES METROPOLITAINES : ENJEUX DE SIMPLIFICATION DE L'ACTION PUBLIQUE
LOCALE ET DE PROXIMITE AVEC LES ADMINISTRES
.............................. 72
Chapitre 1er : La métropole,
outil de simplification de l'action publique locale dans l'agglomération
grenobloise
?.................................................................................................73
Section 1ère : Le recours à la
mutualisation des services par la métropole
........................73
Section 2 : Une action publique métropolitaine
efficace garantie par la proximité de sa mise en oeuvre avec les
citoyens....................................................................................84
Chapitre 2 : Vers un renouveau de la
démocratie participative dans l'agglomération grenobloise avec
l'institution de la métropole
?...................................................................94
Section 1ère: Rôles et nouveaux
défis du conseil de développement grenoblois ...............95
Section 2 : La participation citoyenne à la
construction et aux choix métropolitains..........104
CONCLUSION
.........................................................................................116
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ADCF : Association des
communautés de France
ADF : Association des
départements de France
ADIS : Agir pour un développement
intercommunal solidaire
AURG : Agence d'urbanisme de
l'agglomération grenobloise
D : Conseil de développement de
La Métro
CCBSC : Communauté de Communes du
Balcon Sud de la Chartreuse
CDCI : Commission Départementale
de Coopération Intercommunale
CGCT : Code Général des
Collectivités Territoriales
CM : Conférence
métropolitaine
CNCD : Coordination nationale des
Conseils de développement
CREA : Collectif de réflexion sur
l'évolution de l'architecture en Chartreuse
CSCG : Communauté de Communes du
Sud Grenoblois
CTAP : Conférence territoriale de
l'action publique
EPCI : Etablissement Public de
Coopération Intercommunale
INET : Institut national d'études
territoriales
La Métro : Communauté
d'agglomération de Grenoble-Alpes Métropole
Loi ATR : Loi relative à
l'Administration Territoriale de la République
Loi mapam : Loi de modernisation de
l'action publique et d'affirmation des métropoles
MAP : Modernisation de l'Action
Publique
PAREC : Plan d'accompagnement à
la réussite éducative et citoyenne
RGPP : Révision
Générale des Politiques Publiques
RUG : Région urbaine
grenobloise
SCOT : Schéma de cohérence
territoriale
SDCI : Schéma
Départemental de Coopération Intercommunale
SIEPARG : Syndicat Intercommunal
d'Études, de Programmation et d'Aménagement de la Région
Grenobloise
SIEPURG : Syndicat Intercommunal
d'Études des Problèmes d'Urbanisme de la Région
Grenobloise
SIRG : Syndicat Intercommunal de
Réalisation de la Région Grenobloise
SIVOM : Syndicat Intercommunal à
Vocation Multiple
SIVU : Syndicat Intercommunal à
Vocation Unique
Vega : Syndicat mixte de Grenoble-Alpes
métropole et du Pays voironnais
INTRODUCTION
« La France n'a pas suffisamment de grandes
villes et elle le paie très cher 1(*)», disait Pierre Mauroy. Il
est vrai dans un monde globalisé où les espaces urbains sont
devenus les principaux acteurs de développement économique,
social et culturel, il incombe à la France de rattraper son retard en
terme de politique urbaine. Pour mettre en évidence la place des
métropoles dans la gouvernance mondiale, Gilles Antier considère
que « les villes en général sont désormais
reconnues comme les agents premiers du développement dans le cadre de la
mondialisation, les grandes métropoles y deviennent en
conséquence des relais fondamentaux de cette évolution
planétaire 2(*)».
A l'exception notable de la capitale Paris, les villes
françaises n'apparaissent pas dans le hit-parade des grandes villes
européennes. Cette faiblesse française par rapport à la
constitution de pôles urbains peut s'expliquer à la fois par
l'organisation administrative et territoriale initiale de la France. Sur le
premier point la centralisation du pouvoir à Paris n'a pas
favorisé la prise en compte du développement des pôles
urbains provinciaux par les pouvoirs publics. Sur le second point, il faut
noter que l'organisation territoriale de la France est marquée
historiquement par un territoire fragmenté en entités communales
de tailles différentes, des plus petites ayant moins de 100 habitants
aux grandes communes comptant plus de 500.000 habitants. S'il ne s'agit pas
d'une originalité française dans le monde, comme l'a
expliqué Christian Lefèvre3(*) en évoquant les exemples des Etats Unis et de
la Suisse, cet émiettement communal propulse la France au premier rang
des Etats de l'Union européenne en matière d'entités
communales dont le nombre est estimé aujourd'hui à plus de 36000
dont la majorité compte moins de 1000 habitants, soit près de 40%
de l'ensemble des communes de l'Union européenne. S'ajoute à ce
fait, « le principe de l'uniformité statutaire des
communes 4(*)» avec pour conséquence « la
difficile émergence des villes 5(*)». Jacques Caillosse affirmait en ce sens qu'
« en ne permettant pas à la ville de devenir autre chose
qu'une commune ou qu'une addition de communes, l'ordre juridique en perturbe le
développement. Non seulement il l'a fait prisonnière de vieux
découpages administratifs désormais privés de sens, mais
il retarde encore l'institutionnalisation des territoires fonctionnels que les
pratiques urbaines génèrent 6(*)».
L'autre conséquence de l'émiettement communal
français réside dans le fait que depuis donc près d'un
siècle, les communes françaises, conscients de leurs faiblesses
en termes de gestion des services publiques et de conduite de projets locaux
ambitieux, ont mis en place des structures de coopération intercommunale
pour mieux gérer les services de proximité. Plusieurs formules de
regroupements intercommunaux ont donc été progressivement
institués en France à partir de18907(*), dont celle de l'intercommunalité dite de
gestion, relative au regroupement de plusieurs communes de proximité
« pour travailler en commun à la création et la
gestion de services d'équipements, d'infrastructures ou à la
délivrance de prestations afin de mieux répondre aux besoins de
leurs administrés et dans un but de développement
local8(*)». Il
s'agissait sur le plan institutionnel de la mise en place des syndicats
à vocation unique (SIVU) créées pour permettre aux
communes de répondre aux besoins d'équipement des territoires,
notamment en matière d'eau, d'électricité ou
d'assainissement.
L'après-guerre sera marqué par le
développement de l'urbanisation et la prise en compte du fait urbain en
France par les politiques à partir de la fin des années 50 et du
début des années 60 va donc se réaliser sur le fondement
du renforcement de l'intercommunalité. En effet,
« l'intercommunalité ou la coopération intercommunale
s'est introduite dans le débat politique et économique (...)
comme une des meilleures solutions d'organisation des territoires urbains mais
aussi ruraux et comme assurant une transversalité dans la gestion de
services 9(*)». A partir de ce moment,
l'intercommunalité change de vocation pour constituer à la fois
un outil de gestion en commun des services communaux, mais aussi un vecteur de
développement des pôles urbains par sa vocation à conduire
des projets de développement urbain. Cette phase est
caractérisée sur le plan juridique par la création des
syndicats intercommunaux à vocation multiple (SIVOM) et des districts
urbains par l'ordonnance de 195910(*). Ces districts urbains constituaient à
l'époque la première forme la plus intégrée
d'intercommunalité prenant en compte le fait urbain, parce
qu'étant dotés de compétences obligatoires11(*), complétées le
cas échéant par des compétences facultatives.
Mais la meilleure réponse des pouvoirs publics
français au développement du fait urbain était
marquée dans les années 60 ans par deux faits : Dans un
premier temps, Paris est doté d'un statut spécial12(*) et ensuite la constitution des
métropoles d'équilibre par la loi du 31 décembre
196613(*). Cette loi
crée en effet d'office les communautés urbaines de Bordeaux,
Lille, Lyon et Strasbourg et cinq14(*) autres se constitueront volontairement dans les
années qui suivirent. Toujours dans la perspective de résoudre
« le problème urgent du statut des grandes
agglomérations « muticommunales » de la province
française 15(*)», d'autres formules avaient été
instituées par la loi dans la continuité de la création
des métropoles d'équilibre. Il s'agit notamment du dispositif de
la loi Boscher du 10 juillet 197016(*) relative à la création des
agglomérations nouvelles, complété par la loi du 13
juillet 198317(*) sur la
création des syndicats d'agglomération nouvelle.
Il faut signaler qu'entre temps, plus
précisément en 1976, le rapport Guichard18(*) intitulé «
Vivre ensemble », préconisait la constitution de
communautés d'agglomération dans les villes de plus de 30.000
habitants et de communautés urbaines dans celles de plus de 200.000.
Mais suite à une fronde des maires, soucieux de sauvegarder leur espace
communal et inquiets pour leurs fauteuils de maire, ce rapport n'a pas
été suivi d'effet. En fait, la mise en place d'une telle
commission dont les propositions auraient pu servir au renforcement de
l'intercommunalité et du développement urbain en France
était justifiée par le souci de mettre fin à
« l'atomisation communale 19(*)» de la France à
laquelle même le recours à la fusion autoritaire des communes
décidée par la loi Marcellin n'a pas pu remédier.
Dès lors il était admis que seule une approche favorisant la
coopération volontaire des communes pourrait permettre à la
France de mieux organiser sa carte communale et appréhender le
développement du fait urbain.
Mais après ces échecs successifs20(*), les questions intercommunales
et métropolitaines ont disparu du débat politique après
l'adoption de l'Acte I de la décentralisation21(*) qui renforce l'ancrage
territorial des communes et leur légitimité en leur
déléguant de nombreuses compétences faisant d'elles les
cellules de base de la démocratie locale. Pour Christian Lefèvre,
il s'agissait là d' « un rendez-vous manqué
entre décentralisation et métropole 22(*)» et il en déduit
une « hostilité des deux principaux protagonistes
politiques, l'Etat et les collectivités locales, qui ne souhaitent pas
voir les métropoles devenir de nouveaux territoires
politiques 23(*)». Il considère en outre que «
les processus de décentralisation, quelles que soient leurs formes,
ne semblent donc pas déboucher sur un ordre institutionnel qui consacre
politiquement le fait métropolitain. Les trente ou quarante
dernières années illustrent les vicissitudes en la matière
et la France présente une situation qui est dans la moyenne
européenne, avec un Etat et des collectivités locales jaloux de
leurs prérogatives et peu disposés à réorganiser le
système politico-institutionnel 24(*)».
La remise à l'agenda politique de la question
métropolitaine n'interviendra qu'au début des années 90,
soit une décennie après l'adoption des lois de la
décentralisation qui ont montré leurs forces et faiblesses en ce
qui concerne la gestion des grandes aires urbaines et la capacité des
communes, surtout de petite taille avec des ressources faibles à faire
face au coût important de la gestion des services publics et
équipements locaux et de la mise en place de projets de
développements locaux efficients. Cette période, qui peut
être considérée comme « l'âge
d'or » de l'intercommunalité en France, sera
caractérisée par des réformes qui s'étaleront
jusqu'à la fin des années 90 pour à la fois accompagner le
processus d'urbanisation en forte croissance et simplifier
l'intercommunalité afin d'inciter les communes à adhérer
aux structures de coopération intercommunale.
La première étape de cette évolution sera
marquée par l'adoption de la loi « administration
territoriale de la République 25(*)», dite loi ATR, par laquelle l'Etat
réaffirme « des velléités de politiques
métropolitaines 26(*)». Cette loi votée en 1992, à la
fin de la première décennie de l'Acte I de la
décentralisation, innove sur le plan intercommunal et urbain, en
créant de nouvelles structures de coopération intercommunale
prenant en compte justement le fait urbain. Les communautés de villes et
les communautés de communes issues de cette loi constituent un tournant
dans la vocation originelle de l'intercommunalité en la transformant
« en une intercommunalité dite de projet parce que les
compétences alloués à ces deux types de structures exigent
que les municipalités coopèrent afin de définir en commun
des projets engageant l'avenir de leurs territoires 27(*)». L'enjeu principal de
cette loi sur le plan institutionnel est relatif à la dissociation du
fait urbain et du fait rural par la création de ces deux
structures ; les communautés de communes étant
réservées au monde rural et aux agglomérations de moins de
20.000 habitants, et les communautés de villes aux agglomérations
de plus grande envergure. Cependant, ce nouvel outil institué pour
accompagner le développement urbain subira un
« échec cuisant 28(*)», marqué par le fait que seulement cinq
(05) communautés de ville verront le jour, et pis encore, dans des
agglomérations de taille très moyenne. Tout le contraire des
communautés de communes, qui elles, rencontrèrent plus de
succès dans les zones rurales.
Prenant donc la mesure de cet échec, le
législateur a poursuivi son oeuvre d'institutionnalisation de
l'intercommunalité urbaine, vers la fin des années 90, avec
notamment deux lois qui constitueront un tournant majeur dans le
développement institutionnel de l'intercommunalité et du fait
métropolitain en France. Il s'agit notamment de la Loi
d'orientation et du développement durable du territoire 29(*) dite « loi
Voynet » et surtout de la loi sur le renforcement et la
simplification de la coopération intercommunale dite « loi
Chevènement 30(*)» qui retiendra plus notre attention. En effet,
cette loi comme son nom l'indique, va opérer une véritable
refonte du paysage intercommunal, dont on critiquait la complexité et le
manque de lisibilité en ne retenant que trois (03) formules31(*) d'Etablissement public de
coopération intercommunale (EPCI) destinées à
« devenir le référent fonctionnel de la
métropole », en englobant les aires urbaines32(*).
Les communautés urbaines,33(*) dont le statut a
été modifié, et les communautés
d'agglomération34(*) issues de cette loi se substituent aux
communautés de ville et districts urbains et s'adressent au monde urbain
avec des compétences renforcées notamment en matière
d'aménagement de l'espace. On vante souvent le succès de la loi
Chevènement, du fait qu' elle avait permis d'instituer un cadre
adapté au développement urbain, et surtout quantitativement elle
a permis de couvrir presque la totalité des aires urbaines
françaises d'EPCI à fiscalité propre. Cependant, le
succès qualitatif de cette loi est souvent présenté comme
mitigé, du fait que la plupart des EPCI créées ne
présentaient pas un bon niveau d'intégration, du fait des
réticences des communes à leur transférer les
compétences nécessaires. Il était même
dénoncé sur le plan de l'équilibre territorial
« un émiettement de l'intercommunalité à
fiscalité propre, voire un nouveau désordre intercommunal qui
succède au précédent, mais sous une autre
forme 35(*)».
En ce qui concerne la prise en compte du fait
métropolitain, on considérait quelques années plus tard
que si l'ensemble des dispositifs législatifs mis en place a
« permis la constitution d'un réseau de villes moyennes et
de métropoles régionales (...) 36(*)», ils n'ont pas permis
aux villes françaises de combler leur retard afin de
« peser dans la concurrence européenne et mondiale
à laquelle se livrent aujourd'hui les grandes
agglomérations37(*) ». Une nouvelle refonte du
système s'imposait dès lors pour créer un nouveau cadre
institutionnel plus adapté aux grandes villes.
Dès lors, les commissions et comité
d'études vont naître aussi bien du côté
gouvernemental que du côté des élus nationaux pour se
pencher sur les nouveaux enjeux de l'organisation territoriale
française, devant déboucher sur une réforme des
collectivités territoriales prenant justement en compte la
problématique métropolitaine. Les rapports38(*) produits par ces
différents commissions et comités ont souligné entre
autres l'illisibilité de l'organisation territoriale française du
fait de la multiplicité des acteurs de gestion des services publics
locaux, l'enchevêtrement des compétences entre les
différents niveaux de collectivités et les groupements communaux,
mais aussi l'éternel problème de compétitivité des
villes françaises et du manque de pertinence des
périmètres des EPCI pour répondre au principal enjeu
d'élaboration « des projets communs de
développement au sein des périmètres de
solidarité 39(*)». Sur la base de ces différents
rapports, et surtout du rapport du « Comité
Balladur40(*)»
mis en place par le gouvernement, une réforme d'ensemble des
collectivités territoriales va être engagée avec comme axes
principaux l'achèvement de la carte intercommunale en vue de
rationaliser les périmètres allant toujours dans le sens de la
simplification du paysage intercommunal et la création d'un cadre
institutionnel adapté aux grandes aires urbaines.
La loi de réforme des collectivités
territoriales du 16 décembre 2010 qui concrétisa cette
réforme sur le plan législatif va donc consacrer
l'institutionnalisation de la métropole envisagée dans les
différents rapports notamment dans le rapport du Comité Balladur.
Le débat tournait autour du mode de création, du statut à
conférer à cette nouvelle entité métropolitaine
ainsi que du sort des communes membres. Le Comité Balladur
proposait une réforme ambitieuse basée sur la création par
la loi de onze (11) métropoles41(*) érigées en
« collectivité locale de plein exercice, dotée de
la clause de compétence générale et de l'autonomie
financière, au sein desquelles les actuelles communes membres
continueraient d'exister sous la forme de personnes morales de droit
public 42(*)» auxquelles seraient
« dévolues telle ou telle compétence de
proximité... 43(*)». Cependant, les propositions de ce
comité, qui auraient pu constituer une grande révolution dans la
politique urbaine de l'Etat et dans l'organisation territoriale de la France,
n'ont que très partiellement inspiré le gouvernement et le
législateur. En effet, si la loi du 16 décembre 2010 consacre la
« spécificité institutionnelle » des
grandes agglomérations françaises, elle se montra très
frileuse en ce qui concerne le statut et le mode de création des
métropoles. Suite à de nombreuses frondes des élus et des
associations d'élus tant nationaux que locaux, la loi n'ira pas dans le
sens des propositions du comité. Elle dispose en substance que
« la métropole est un établissement public de
coopération intercommunal regroupant plusieurs communes d'un seul tenant
et sans enclave et qui s'associent au sein d'un espace de solidarité
pour élaborer et conduire ensemble un projet d'aménagement et de
développement économique, écologique, éducatif,
culturel et social de leur territoire afin d'en améliorer la
compétitivité et la cohésion (...)44(*) ».
Au-delà de cette définition qui consacre le statut d'EPCI de la
métropole, la loi fixe le seuil démographique requis pour
constituer une métropole à 500.000 habitants selon le mode de
création classique des EPCI, à savoir le volontariat des
communes.
A l'analyse, on considérait que la frilosité du
législateur faisait de « la métropole de 2010, un
EPCI à fiscalité propre voué à
l'échec 45(*)». Ces craintes d'échec, dont le
professeur Gérard Marcou46(*) a largement fait cas seront confirmées par le
fait qu'on s'est rendu compte à l'heure du bilan que seule une
métropole a pu voir le jour, en l'occurrence celle de Nice47(*), alors que le gouvernement en
espérait au moins une dizaine.
Face à cet échec de la métropole de 2010
il s'avérait nécessaire de changer de logique par rapport
à l'institution des métropoles en France. Avec l'alternance
politique de 2012 au sommet de l'Etat, le nouveau gouvernement a inscrit la
réforme des territoires pour passer à « l'Acte III de la
décentralisation48(*)» parmi les axes prioritaires de son programme de
modernisation de l'action publique (MAP) qui succéda à la
défunte révision générale des politiques publiques
(RGPP) du précédent gouvernement. Ce nouveau projet de
réforme territorial dont les régions et les métropoles
constituent les deux principaux piliers évoqués par le
gouvernement, repose sur un triple défi à savoir : «
simplifier l'action publique territoriale, la rendre plus efficace et moins
coûteuse 49(*)».
Ce projet s'est matérialisé avec l'adoption par
l'Assemblée nationale le 19 décembre 2013, de la loi sur la
modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des
métropoles, dite « loi mapam », promulguée par
le Président de la République le 27 janvier 2014, après
une décision favorable du Conseil Constitutionnel saisi par les
députés de l'opposition. Cette loi, qui intervient après
l'échec retentissant de celle du 16 décembre 2010 en ce qui
concerne l'institution des métropoles, et dans un contexte politique
différent, a voulu tirer les leçons des échecs
précédents pour donner aux métropoles un statut juridique
à la hauteur des enjeux auxquels elles sont appelées à
répondre.
Au-delà de l'intitulé autoritaire et
retentissant de son titre II, « l'affirmation des
métropoles » qui constitue pour le professeur Michel
Verpeaux « le morceau de bravoure de la loi 50(*)», elle innove en
instituant quatre types de métropoles avec des statuts différents
à savoir la métropole de Lyon,
« collectivité territoriale à statut
particulier au sens de l'article 72 de la Constitution51(*)» ; la
métropole de Paris52(*) ; la métropole d'Aix-Marseille53(*) et les
métropoles54(*)
dites de « droit commun55(*)». S'agissant de cette dernière
catégorie qui retiendra particulièrement notre attention, la loi
mapam a comblé l'une des lacunes de la loi du 16 décembre 2010 en
décidant par « voie d'autorité », comme le
proposait d'ailleurs le Comité Balladur, de la transformation
« à compter du 1er janvier 2015 en
métropole « des établissements publics de coopération
intercommunale à fiscalité propre qui forment un ensemble de plus
de 400 000 habitants dans une aire urbaine au sens de l'Institut national de la
statistique et des études économiques de plus de 500 000
habitants56(*)».
Mais, dès lors qu'on se souvient du
précédent créé sur ce plan avec l'institution des
métropoles d'équilibre par la loi du 31 décembre 1966,
sans que cela ait eu le succès escompté, peut-on vraiment
considérer le seul fait d'affirmer les métropoles par la loi
comme un acte de bravoure dans la mesure où il ne s'agit pas d'une
originalité en ce sens ? Exit le statut de collectivité
territoriale, les métropoles de 2014 demeurent donc des EPCI à
l'instar de la métropole de 2010, et viennent alourdir une organisation
territoriale déjà très complexe et un paysage
intercommunal hétéroclite. Neuf (09) EPCI 57(*) seront transformés par
décret en métropole à partir du 1er janvier
2015 au regard des dispositions de l'article 5217-1 CGCT, qui par ailleurs,
complète la définition de la métropole issue de la loi du
16 décembre 2010. La nouvelle définition consacrée par la
loi mapam considère la métropole comme « un
établissement public de coopération intercommunale à
fiscalité propre regroupant plusieurs communes d'un seul tenant et sans
enclave au sein d'un espace de solidarité pour élaborer et
conduire ensemble un projet d'aménagement et de développement
économique, écologique, éducatif, culturel et social de
leur territoire afin d'en améliorer la compétitivité et la
cohésion. Elle valorise les fonctions économiques
métropolitaines, ses réseaux de transport et ses ressources
universitaires, de recherche et d'innovation ».
Nous nous proposons donc d'analyser cette loi à la
lumière d'une des communautés visées à savoir la
communauté d'agglomération de Grenoble-Alpes Métropole,
dite « La Métro ». Le but de nos recherches
consiste à analyser l'impact de la loi mapam sur cette communauté
et les conditions de mise en oeuvre de cette loi sur son territoire à
partir du 1er janvier 2015. Nous nous intéresserons donc
principalement aux enjeux juridiques et institutionnels de la transformation de
cette communauté d'agglomération en métropole. Cette
transformation constitue un nouveau tournant dans l'histoire de cette
communauté qui aura gravi tous les échelons de
l'intégration intercommunale, hormis celui de communauté urbaine,
du moins officiellement. En effet, ses prémices remontent en 1966 avec
la création du Syndicat Intercommunal d'Études des
Problèmes d'Urbanisme de la Région Grenobloise (SIEPURG) par
vingt-et-trois (23) communes58(*). Le SIEPURG s'est doté en 1968 d'un organe de
réalisation d'équipements lourds à savoir le Syndicat
Intercommunal de Réalisation de la Région Grenobloise (SIRG). Ces
deux institutions seront refondues en une seule en 1973 avec la création
du Syndicat Intercommunal d'Études, de programmation et
d'aménagement de la Région Grenobloise (SIEPARG) avec les 23
mêmes communes couvrant une population de 360?000 habitants59(*). La communauté des
communes60(*), qui prendra
en 1996 le nom de « Grenoble-Alpes
Métropole » se substitua en 1994 au SIEPARG dans la
dynamique de la loi ATR. L'actuelle communauté
d'agglomération61(*) qui se transformera en métropole à
partir du 1er janvier 2015 avait succédé à
la communauté de communes en 2000 sur la base de la Loi
Chevènement. La transformation en métropole, qui n'était
d'ailleurs pas envisagée en 2010 à cause du seuil
démographique élevé a été rendu possible par
l'abaissement de ce seuil issu de la loi mapam, et constituera donc une
évolution majeure pour La Métro. Cette évolution sera
marquée par plusieurs changements dont la rationalisation de la carte
intercommunale qui a débouché déjà au
1er janvier 2014 sur la constitution d'un nouveau territoire
métropolitain62(*)
dont nous parlerons un peu plus loin dans ce document.
Dès lors, il s'avère important de s'interroger
sur les nouveaux enjeux qui se présentent à La Métro avec
ce changement de statut. Il s'agit concrètement de se demander :
Quelle est la pertinence du périmètre du nouveau territoire
métropolitain ? Quelle est la portée réelle du statut
de métropole « de droit commun » en ce qui concerne
les compétences et le régime juridique conférés
à La Métro et de façon générale aux autres
communautés ? Quel sera l'impact de la loi mapam sur l'organisation
et le fonctionnement de La Métro à partir du 1er janvier 2015 ?
Quels changements apportera le passage au statut de métropole dans la
mise en oeuvre de l'action publique locale sur le territoire de
l'agglomération grenobloise dans une logique de proximité avec
les citoyens ? Il se pose en gros le problème de l'application de la loi
mapam dans l'agglomération grenobloise.
En effet, forte de ce nouveau statut de métropole, La
Métro s'est vue conférer par la loi, de nouvelles
compétences obligatoires transférées des communes, ainsi
que du département et des compétences en matière
économique transférées de la Région et qui viennent
compléter la liste des compétences qu'elle exerçait avant
et qui lui seront acquises à la date de la transformation en
métropole. De même, la loi prévoit la possibilité
pour La Métro de solliciter des transferts de compétences de la
part des autres collectivités territoriales à savoir le
département et la Région ainsi que de l'Etat et ces nouveaux
transferts devront intervenir par convention avec les collectivités
concernées. Ce nouveau statut implique donc pour La métro,
beaucoup de changements relatifs notamment à la manière
d'administrer son nouveau territoire qui, par ailleurs, s'est élargi
depuis le 1er janvier 2014 avec la fusion de La métro avec les
Communautés de communes du Sud-grenoblois63(*) et du Balcon sud
Chartreuse64(*)
conformément au schéma départemental de coopération
intercommunale (SDCI) et en prélude à la détermination par
l'Etat du périmètre de la nouvelle métropole. Cet
élargissement du périmètre de La métro suscite donc
beaucoup d'interrogations quant à la manière dont les nouveaux
territoires intégrés, pour la plupart des communes rurales et
montagnardes, se sentiront concernés par les enjeux
métropolitains et comment leurs spécificités territoriales
pourront être prises en compte dans l'élaboration et la mise en
oeuvre de l'action publique métropolitaine. De
même, la nouvelle métropole de Grenoble sera avec ses homologues
de Rennes et de Rouen, les seules communautés d'agglomération
à acquérir ce statut de métropole, les autres étant
toutes des communautés urbaines, exerçant déjà la
majeure partie des compétences métropolitaines, ce qui
amène à s'interroger sur la portée des nouvelles
compétences que cette métropole aura à exercer par rapport
à celles exercées par une communauté urbaine et sur ces
relations avec les autres collectivités territoriales en ce qui concerne
l'articulation et la mise en oeuvre des compétences. Ensuite,
l'acquisition du statut de métropole aura des impacts sur la mise en
oeuvre de l'action publique locale sur le territoire de la métropole et
appellera à une réorganisation de l'administration dans une
optique de simplification avec la coordination des politiques publiques et de
mutualisation des moyens et des services des communes membres. Elle devra donc
développer des pôles d'activité plus proches des
administrés et associer ces derniers à l'élaboration des
politiques publiques à travers un renouveau de la démocratie
participative.
Il s'agira de partir de l'existant, dans la mesure où
la transformation en métropole ne fait pas table-rase des acquis de la
communauté d'agglomération, mais consolide plutôt ses
acquis en les renforçant notamment, comme nous le verrons. En partant
donc de l'existant, nous nous projetteront dans le futur très proche
à la lumière des dispositions de la loi mapam et des propos
recueillis dans le cadre d'une série d'entretien que nous avons
mené avec certains acteurs locaux ainsi que des analyses faites par la
doctrine par rapport à la loi mapam et au statut des métropoles
en France. Grosso modo, ces analyses qui s'appuient sur les
échecs répétés des anciennes formules
d'institutionnalisation du fait métropolitain, notamment sur
l'échec de la loi du 16 décembre 2010, soulignent que la loi
mapam constitue une avancée majeure en ce qui concerne l'institution des
métropoles mais restent très peu convaincues par le statut et le
régime juridique de ces dernières. En effet, si la loi mapam
s'est montrée plus ambitieuse que sa devancière en allant dans le
sens de la proposition n°8 du rapport du comité Balladur, avec la
création d'office des premières métropoles, elle n'a pas
poussé trop loin cette ambition, se contentant de reconduire le statut
d'EPCI à l'exception notable de la métropole de Lyon
qualifiée expressément de « collectivité
locale à statut particulier ». S'agit-il d'une
expérimentation préalable à l'évolution du statut
des métropoles ? Dans un contexte permanent de réforme
territoriale, cette hypothèse paraît plausible, d'autant plus que
le gouvernement a manifesté son intention de recentrer l'action publique
locale sur le couple métropoles/Régions, identifié comme
échelon pertinent de conduite des politiques publiques locales. Il est
donc souvent évoqué la question de la survie de l'échelon
communal mais surtout du département sur le territoire de la
métropole.
Quel ancrage pourra avoir la métropole sur un
territoire local où les collectivités locales existantes restent
sur la défensive ? Quel rôle jouera l'échelon communal
à l'intérieur de la métropole ? Le département
et la Région pourront-ils s'entendre avec la métropole pour
opérer les transferts de compétences nécessaires à
l'effectivité du statut de métropole ? Quelle forme prendra
l'administration métropolitaine pour être plus proche des
administrés ? Quelle sera la place des citoyens dans la gouvernance
métropolitaine ? Il s'agit là de la synthèse des
questions que nous avons abordées avec nos interlocuteurs et dont les
réponses nous ont permis d'orienter l'objet de nos recherches.
Nous avions voulu dans notre démarche, rencontrer le
plus d'acteurs possible, mais nous nous sommes heurtés à l'agenda
local très chargé du premier semestre 2014, marqué par les
échéances électorales du mois de mars 2014 dont la
préparation a mobilisé les acteurs pendant le premier trimestre
de cette année, puis l'installation des conseils municipaux et
communautaire au cours du second trimestre. Nous avons donc pu rencontrer des
techniciens65(*), un
élu66(*) et une
personnalité de la société de la société
civile organisée67(*), dont les propos, que nous avons fidèlement
transcris et joints en annexe nous ont servi de cadre d'analyse dans ce
document.
Des résultats de notre démarche, destinée
à trouver des éléments qui nous permettront de
répondre aux interrogations posées, il ressort que les enjeux qui
se présentent à La Métro à l'heure de sa
transformation en métropole sont relatifs à la recherche de
l'équilibre territorial et de cohérence institutionnelle
(Ière partie) pour la mise en oeuvre des
compétences, qui doit être simplifiée et menée dans
une logique de proximité avec les citoyens (IIème
partie) pour plus d'efficacité.
PREMIERE PARTIE
D'UNE COMMUNAUTE D'AGGLOMERATION, EPCI FAIBLEMENT
INTEGRE, A UNE METROPOLE « DE DROIT COMMUN » : ENJEUX D'EQUILIBRE
TERRITORIAL ET DE COHERENCE INSTITUTIONNELLE
Passer d'une forme d'EPCI peu intégrée à
la forme la plus intégrée d'EPCI avec toutes ces implications,
tel sera le défi qui se présente à La Métro. En
effet, l'enjeu métropolitain est beaucoup plus important pour La
Métro et les deux autres communautés d'agglomération qui
figurent sur la liste des futures métropoles, que pour les
communautés urbaines dont le statut est peu différent, voire,
comme nous le verrons, similaire à celui des métropoles dites de
« droit commun ».
Il faut rappeler que La Métro se préparait
à se transformer en communauté urbaine avant qu'apparaissent les
prémices de la préparation de la loi mapam, qui en diminuant le
seuil d'habitants requis pour la création des métropoles à
400.000 habitants, a obligé La Métro à changer de fusil
d'épaule et à se battre pour obtenir le statut de
métropole.
Ce statut désormais acquis avec la loi mapam,
même s'il faudra attendre le décret prononçant la
transformation, La Métro doit désormais faire face aux enjeux
d'équilibre territorial à la suite de l'agrandissement de son
territoire qui présente de multiples facettes (Chapitre
1er). Toutefois, le manque de cohérence
institutionnelle entre le statut de métropole et celui de
communauté urbaine et les réalités locales, nous
conduisent à nous interroger sur la portée réelle de ce
statut de métropole de La Métro, qui ne serait en pratique qu'une
communauté urbaine améliorée (Chapitre
2).
CHAPITRE 1er :
L'HERITAGE DU TERRITOIRE DE LA COMMUNAUTE
D'AGGLOMERATION PAR LA METROPOLE : UN TERRITOIRE AUX MULTIPLES
FACETTES
Le statut de métropole étant juridiquement
acquis par la communauté d'agglomération de Grenoble
Alpes-Métropole, il restera à déterminer le
périmètre qui sera couvert par la future métropole, soit
le nouveau territoire métropolitain. La définition de ce
périmètre incombe au gouvernement à travers le
décret qui instituera officiellement la métropole. Il faut
souligner que même si la loi donne au gouvernement l'initiative de
définir le contour territorial de la métropole, il' y a
déjà en amont des travaux qui ont été
effectués au plan local, sous la direction du représentant de
l'Etat pour rationaliser la carte intercommunale au sein du département
comme le voulait la loi du 16 décembre 2010. On s'oriente donc vers une
confirmation du périmètre de l'actuelle communauté
d'agglomération (Section
1ère), dont les disparités entre les
différentes communes révèlent la constitution d'un
territoire hétérogène (Section
2)
SECTION
1ère : LA FIXATION DU
PERIMETRE DE LA METROPOLE : VERS UNE CONFIRMATION DU PERIMETRE DE L'ACTUELLE
COMMUNAUTE D'AGGLOMERATION
Conformément aux dispositions de l'article L.5217-1 du
CGCT issu de la loi du 27 janvier 2014, la fixation du périmètre
de la métropole résulte d'un décret du Président de
la République. Il s'agit donc d'une initiative gouvernementale mais qui,
se basera sans doute sur ce qui existe déjà, à savoir les
périmètres des communautés d'agglomération et
communautés urbaines concernées par la transformation en
métropole. Ces périmètres, qui ont été
arrêtés par les représentants de l'Etat dans les
départements concernés, devront purement et simplement être
confirmés par le décret à venir. Ainsi, la
métropole de Grenoble héritera du périmètre actuel
de la communauté d'agglomération, qui a été
étendu depuis le 1er janvier 2014, à l'orée de
la métropolisation (§1), même s'il
s'agissait d'une démarche indépendante de la transformation en
métropole (§2)
§ 1 : L'extension du
périmètre de l'agglomération grenobloise à
l'orée de la métropolisation
La communauté d'agglomération de Grenoble
Alpes-Métropole a vu son périmètre étendu depuis le
1er janvier 2014 suite à sa fusion avec les
communautés de communes du balcon sud Chartreuse et du Sud grenoblois.
Cette extension de périmètre qui intervenait à exactement
un an de la transformation en métropole de cette communauté
d'agglomération est une démarche qui répond au
schéma départemental de coopération intercommunale de
l'Isère issu de l'arrêté préfectoral
N°2011356-0003 du 22 décembre 2011 (A). Toutefois, cette fusion,
qui était liée au vote favorable des conseils municipaux des
communes concernées n'avait pas reçu l'assentiment de tous les
acteurs, et a donc été source de controverses (B).
A. Une démarche basée sur le schéma
départemental de coopération intercommunale (SDCI)
Le SDCI est un document, établi dans chaque
département, servant de cadre de référence à
l'évolution de la carte intercommunale. Il est prévu par
l'article L.5210-1 CGCT68(*) pour rationaliser la carte intercommunale au niveau
des départements en couvrant intégralement le territoire d'EPCI
à fiscalité propre et en supprimant les enclaves et
discontinuités territoriales69(*). L'objectif poursuivi est de rendre obligatoire au
plus tard le 1er janvier 2014, l'adhésion de toutes les
communes françaises à une structure de coopération
intercommunale.
Une Commission départementale de coopération
intercommunale70(*)
(CDCI), composée d'élus locaux, et ayant vocation à
formuler des propositions visant à renforcer la coopération
intercommunale, est donc instituée dans chaque département
conformément aux dispositions de la loi du 06 février 1992. Le
rôle de la CDCI a été renforcé par la loi du 16
décembre 201071(*)
qui prévoyait qu'elle devrait obligatoirement être
consultée à propos de tout projet de modification de
périmètre d'un EPCI.
Cette commission est présidée par le
Préfet du département concerné. Elle est en outre
composée des représentants des conseils municipaux, des EPCI
ayant leur siège dans le département, du conseil
général et du conseil régional. On considère que
« la commission est appelée à jouer un rôle
important dans la création d'EPCI, mais les pouvoirs de cette commission
peuvent sembler résiduels si on les compare aux pouvoirs du
Préfet72(*) ». En effet, la loi du 16
décembre 201073(*)
a renforcé considérablement les pouvoirs du préfet en ce
qui concerne la fixation du périmètre des EPCI. Ce dernier
dispose désormais d'un « pouvoir de
contrainte 74(*)» qui lui confère la faculté de
contourner les réticences des communes pour les inclure dans le
périmètre d'un EPCI. Ces prérogatives du Préfet
peuvent s'analyser en des pouvoirs exceptionnels restreignant le principe de la
libre administration des communes, même si le Conseil constitutionnel s'y
est montré favorable « en raison de l'intérêt
général qui s'attache à l'achèvement et à la
rationalisation de la carte de l'intercommunalité75(*) ».
Le SDCI est donc élaboré par la commission
départementale et arrêté par le Préfet. Dans le
contexte grenoblois, dans un premier temps, en avril 2011, la CDCI avait
élaboré un projet de SDCI de l'Isère, prescrivant
notamment la « fusion-extension » de La
Métro avec les communautés de communes du Sud grenoblois et du
Balcon Sud de la Chartreuse, ainsi que le rattachement des communes de
Miribel-Lanchâtre, de Chamrousse et de Saint-Martin-d'Uriage. Ce projet
sera amendé en plénière du CDCI du 12 décembre 2011
qui n'a finalement retenu que la fusion-extension de La Métro, de la
Communauté des communes du Balcon Sud de la Chartreuse et de la commune
de Miribel-Lanchâtre excluant donc la communauté des communes du
Sud grenoblois et les communes de Chamrousse et de Saint-Martin-d'Uriage.
C'est ainsi qu'après l'adoption le 12 décembre
2011 par la Commission Départementale de Coopération
Intercommunale (CDCI) de l'Isère du projet de SDCI du
département, le Préfet de l'époque, Eric Le Douaron avait,
par arrêté du 22 décembre 2011, confirmé la
prescription du CDCI en ce qui concerne l'agglomération
grenobloise76(*). Ensuite,
par arrêté en date du 24 mai 2013, le Préfet de
l'Isère a défini un projet de périmètre du nouvel
Établissement Public de Coopération Intercommunale (EPCI) issu de
la fusion de la communauté d'agglomération Grenoble Alpes
Métropole (Métro), de la Communauté de communes du Balcon
Sud de la Chartreuse (CCBSC) et de la Communauté de communes du Sud
Grenoblois (CCSG).
Finalement, après le vote favorable de la
majorité des 49 conseils municipaux dont les communes sont
concernées par la fusion, notamment celui de Grenoble, tel
qu'envisagé par la loi du 16 décembre 201077(*), et l'avis favorable de la
CDCI en date du 14 octobre 2013, la fusion est devenue effective à
compter du 1er janvier 2014, à la suite de
l'arrêté n° 2013296-009 du 23 octobre 2013
« portant fusion de la communauté d'agglomération
de Grenoble-Alpes Métropole, de la communauté des communes du
Balcon Sud de Chartreuse et de la communauté des communes du Sud
Grenoblois ». La nouveauté de cet arrêté
par rapport au projet de périmètre prescrit par
l'arrêté du 12 décembre 2011 concerne l'intégration
de la Communauté des communes du sud grenoblois. Le nouveau territoire
de l'agglomération grenobloise s'étend donc désormais sur
un bassin de vie de 50.000 hectares avec plus de 400.000 habitants.
Selon Marc Baïetto, Président de la
communauté d'agglomération en poste au moment de la fusion,
« ce qui motive à créer cette nouvelle
intercommunalité c'est de répondre aux besoins fondamentaux de la
population, à savoir l'emploi, l'habitat et les déplacements.
Nous allons pouvoir les gérer de manière plus cohérente et
nous pourrons être économiquement plus efficaces à cette
échelle. Nous sommes présents là où se joue
l'essentiel de la vie des habitants78(*) ».
Pour certains observateurs, ce nouveau périmètre
correspond à la définition du bassin de vie grenoblois et
intègre donc beaucoup de territoires ruraux entourant la commune
grenobloise. L'élargissement correspondrait donc à la
volonté de créer une entité administrative en
cohérence avec le bassin de vie grenoblois et reflète le
quotidien des habitants des territoires concernés. Il s'agissait d'une
manière de mettre en adéquation le territoire institutionnel et
le territoire fonctionnel. Le nouveau territoire métropolitain voit sa
superficie augmenter de près de 60 % en gagnant en espaces montagnards
et en ruralité.
Néanmoins, la mise en oeuvre du SDCI n'a eu qu'un
impact très négligeable sur la démographie de la nouvelle
métropole malgré l'adjonction de 21 nouvelles communes qui ne
sont que très moyennement habitées. Cette faible influence de la
fusion sur la démographie de la métropole nous amène donc
à nous demander, comme nous le verrons plus loin, si la fusion
était une condition sine qua non à l'acquisition par la
communauté d'agglomération du statut de métropole.
Si l'extension du périmètre de La Métro
est belle et bien effective aujourd'hui, le chemin pour y arriver n'a pas du
tout été clairsemé. Il a été parsemé
d'embuches, dues notamment aux réserves émises par certaines
communes quant à la mise en oeuvre du SDCI.
B. Une démarche controversée
Alors que La métro a vu le nombre de ses communes
s'élargir à 49 depuis le 1er janvier 2014
conformément au SDCI, certains observateurs considèrent qu'il
s'agissait d'un « mariage forcé voulu par l'Etat depuis
2011 79(*)»
et que le « passage de la bague au doigt se fait parfois dans la
douleur »80(*). En effet, les votes des délibérations
dans les conseils municipaux concernés par cette fusion ont fait l'objet
de beaucoup de réticences. Au total, 19 conseils municipaux sur les 49
concernés avaient voté contre la fusion, en majorité des
communes rurales, et des conseils municipaux de couleur politique
majoritairement communiste, dits de « la couronne
rouge » comme ceux d'Echirolles et de Fontaine avaient
émis des réserves quant à la fusion, même si ils ont
fini par y émettre un vote favorable. Ainsi, selon Yannick Boulard,
ex-maire de Fontaine et en poste au moment de la fusion, « c'est
un coup de force précipité, avant les municipales, qui semble
voué à l'échec, contraire à toute notion de
démocratie » car « sans aucune discussion au sein du
conseil d'agglomération, sur le projet, sur les
compétences 81(*)». Son homologue d'Echirolles, Renzo Sulli,
sceptique sur les enjeux de la future métropole relatifs à la
mutualisation des services et à la réalisation d'économies
d'échelle, avait quant à lui tenu à mettre les choses au
clair, après le vote favorable des élus de sa commune, en ces
termes : « Notre vote de ce soir, ce n'est pas un
blanc-seing pour la métropole. Et attention, la mutualisation n'est pas
toujours synonyme d'amélioration, on l'a bien vu avec le transfert de la
collecte des ordures à La Métro : ça a
coûté plus cher mais sans améliorer le service82(*) ».
En effet, certains conseils municipaux estimaient pour
motiver leur refus de voter la délibération en faveur de la
fusion, qu'ils n'étaient pas mandatés par leur population pour se
prononcer sur une telle fusion et qu'il faudrait plutôt attendre les
prochaines élections municipales83(*) qui seront couplées avec la désignation
des conseillers communautaires pour mettre cette question en débat.
D'autres, évoquent notamment les spécificités de leurs
territoires, la plupart ruraux et montagnards pour expliquer leurs
réticences par rapport à leur inclusion dans la nouvelle
communauté d'agglomération dont les orientations seraient
beaucoup plus urbaines.
Ainsi, selon Dominique Escaron, actuel maire de la commune du
Sappey-en-chartreuse, qui se situait dans la communauté des communes du
balcon sud chartreuse, sa commune, n'a rien à avoir avec une
métropole, qui ne ferait qu'éloigner le centre de décision
des citoyens, et avait donc voté contre le projet de fusion mais ils ont
été finalement rattachés d'office à la
métropole parce qu' « il y a des gens qui veulent
faire augmenter des effectifs et ils cherchaient partout des communes à
rattacher, donc c'est juste pour faire monter des chiffres84(*)» . Il assure
comprendre que dans le contexte actuel il est judicieux que les communes
mettent en commun les moyens et mutualisent leurs services pour être plus
efficace et à moindre coût mais préfère plutôt
la formule des syndicats pour la gestion de services spécifiques
plutôt qu'intégrer le tout dans un grand ensemble qui ne prenne
pas en compte les spécificités des territoires. Par contre les
quatre (4)85(*) autres
communes de cette communauté avaient voté pour la fusion.
Même son de cloche dans la communauté des
communes du Sud grenoblois où non seulement le conseil communautaire
s'était prononcé contre86(*) le projet de SDCI, mais aussi huit (08)87(*)des seize (16) communes
concernées par la fusion avaient émis un vote défavorable,
soit la moitié. Les raisons évoquées par les communes
réticentes à la fusion étaient relatives notamment au
manque de concertation sur la procédure de prescription du Préfet
et sur le manque de visibilité des chiffres de la Métro. Ces
communes avaient également évoqué les motifs
d'éloignement du centre de décision, de perte de
représentativité et de pouvoir décision, de perte de la
maitrise de certains projets ainsi que des risques de fiscalité
complémentaire pour s'opposer à la fusion de leur structure
intercommunale avec La Métro. Les huit maires des communes du Sud
grenoblois réticentes à la fusion, dans une lettre
adressée à leurs confrères des autres communes
concernées par la fusion, le 13 juin 2013, avaient affirmé
l'aptitude de leur communauté de communes à répondre
« aux enjeux d'aménagement, de développement
économique et social, de l'habitat, de préservation de
l'environnement, pour ses 32 000 habitants », fustigeant
également l'absence de consultation de leurs administrés sur le
projet de périmètre arrêté par le Préfet et
approuvé par le CDCI, se prononçant par la même occasion
ouvertement contre la « métropolisation du
territoire ».
Mais malgré toutes ces contestations et controverses,
la fusion est belle et bien effective désormais, et la nouvelle
communauté d'agglomération a été
créée depuis le 1er janvier 2014 à un an de sa
transformation en métropole, conformément à la loi du 27
janvier 2014. On considère toutefois que cette fusion ne constituait pas
une condition sine qua non pour passer en métropole.
§ 2 : Une démarche
indépendante de la transformation en métropole mais
favorisée par la perspective métropolitaine
L'extension du périmètre de La métro
à partir du 1er janvier 2014 a-t-elle un lien avec la
transformation de cette dernière en métropole à partir du
1er janvier 2014 ? Pour Cyril Dufresne88(*), Chargé de Mission
Métropole à La Métro et ex-Directeur Général
des Services de la Communauté des communes du Sud grenoblois, il s'agit
de deux démarches complètement différentes, dans la mesure
où par rapport au seuil de population défini par la loi du 27
janvier 2014 pour l'acquisition du statut de métropole par les
communautés d'agglomération, cette extension a eu un impact
négligeable sur la transformation de Grenoble-Alpes Métropole
(A). Il estime toutefois que l'enjeu métropolitain a quand même
favorisé cette extension (B).
A. L'impact négligeable de l'extension sur
l'attribution du statut de métropole
A voir de loin, on penserait que la constitution de la
nouvelle communauté d'agglomération de Grenoble-Alpes
Métropole depuis le 1er janvier 2014 avec la fusion de La
métro et des communautés de communes du sud grenoblois et du
balcon sud chartreuse, était une condition sine qua non pour
acquérir le statut de métropole conformément à la
loi du 27 janvier 2014. Mais à voir de plus près, on constaterait
que cette fusion n'a qu'un impact négligeable sur cette nouvelle donne.
En effet, par rapport au seuil d'habitants requis pour
l'acquisition du statut de métropole, la loi sus-mentionnée
dispose que « sont transformés en métropoles les
établissements publics de coopération intercommunale à
fiscalité propre qui forment un ensemble de plus de 400 000 habitants
dans une aire urbaine au sens de l'Institut national de la statistique et des
études économiques de plus de 500 000
habitants »89(*). Si l'on se réfère ainsi à la
situation de La métro avant l'élargissement de son
périmètre aux communautés de communes sus-visées,
on se rend compte qu'elle remplissait déjà cette condition car
elle comptait déjà plus de 400.000 habitants avant l'adjonction
de ces nouveaux territoires. Il faut également rappeler qu'en termes de
population, ces nouveaux territoires sont très faiblement peuplés
avec les 31.771 habitants du Sud grenoblois et les 2829 habitants du balcon sud
chartreuse tel qu'indiqué dans le schéma départemental de
coopération intercommunale de 2011. Il en ressort que La métro
aurait pu faire toute seule métropole sans ces nouveaux territoires, en
ce qui concerne le seuil de population requis par la loi, mais dispose avec cet
élargissement d'un territoire métropolitain plus grand et plus
diversifié et adapté à l'enjeu métropolitain.
En fait, pour Cyril Dufresne, l'objectif initial de cette
fusion, était de constituer une communauté urbaine, sur la base
du seuil de 450.000 habitants requis par la loi du 16 décembre 2010,
d'autant plus que La Métro était une communauté
d'agglomération très peu intégrée. Et donc,
l'arrivée des communautés des communes du sud grenoblois et du
Balcon sud Chartreuse devrait permettre de tendre vers ce seuil de 450.000
habitants avant de chercher à s'étendre vers les autres
territoires voisins. Il faut également signaler que cette la
procédure de fusion avait été menée sous l'empire
de la loi du 16 décembre 2010, qui avait fixé le seuil
démographique des métropoles à 500.000 habitants, avant
qu'il ne soit ramené à 400.000 par la loi mapam. Il était
donc normal que seul le statut de communauté urbaine était
accessible à La Métro et les ambitions métropolitaines ne
sont nées que plus tard, avec l'amorce des ébauches de la loi
mapam. Il estime que « de toutes les façons, le
préfet, c'est à dire l'Etat dans le cadre de la métropole
avait la capacité de rattacher des territoires voisins pour plus de
rationalisation, d'ailleurs c'est le décret qui fixe le
périmètre, donc s'il n'y avait pas eu fusion, comme cela faisait
partie du schéma départemental de coopération
intercommunal, il y a fort à parier que d'autorité dans le cadre
du décret, il rattache le sud grenoblois et le balcon sud Chartreuse qui
faisaient partie du SDCI 90(*)».
Dans cette optique, on considère que même si la
fusion des intercommunalités au 1er janvier 2014 et la
transformation en métropole sont deux démarches qui
n'étaient pas intimement liées, la perspective
métropolitaine, qui était née pendant le processus
d'élaboration du SDCI, a quand même favorisé d'une
manière ou d'une autre cette fusion.
B. Une extension favorisée par la perspective
métropolitaine
La future métropole de Grenoble héritera sans
aucun doute du territoire de l'actuelle communauté
d'agglomération. Ce faisant, elle héritera d'un territoire
reconstitué par le SDCI et matérialisé depuis le
1er janvier 2014 à la suite de la fusion des trois
intercommunalités. Si comme, nous l'avons démontré plus
haut, cette fusion avait un impact négligeable juridiquement sur
l'acquisition du statut de métropole, il est pourtant vrai que la
perspective métropolitaine a fortement favorisé d'une
manière ou d'une autre, le vote favorable des élus des
différentes communes concernés.
D'ailleurs, la position exprimée par le Préfet
par rapport à la nécessité d'opérer cette fusion
faisait déjà une projection sur la transformation en
métropole. Pour lui en effet, « ce projet vise à
constituer un espace de solidarité apte à répondre en
temps opportun aux enjeux d'aménagement et de développement
économique, écologique, éducatif, culturel et social que
comportera la métropole grenobloise, susceptible de succéder
à la communauté d'agglomération résultant du
regroupement des trois EPCI 91(*)».
Certaines communes qui s'interrogeaient encore sur
l'opportunité de voter favorablement ou non pour la fusion, ont dû
considérer les effets de la nouvelle métropole pour se laisser
aller à la fusion. Ils considéraient donc que la loi du 27
janvier 2014 ayant laissé à un décret ultérieur la
fixation du périmètre de la future métropole, et donc
à une décision d'autorité de l'Etat, qui sans aucun doute
se basera sur le SDCI, il serait préférable pour elles de faire
le pas vers la fusion plutôt que de se voir forcer la main par le
décret à venir. Il s'agissait pour elles de faire partir des
négociations relatives à la métropole plutôt que
d'attendre que tout soit décidé par les autres et qu'elles soient
mises devant le fait accompli avec le décret qui les rattachera
autoritairement à la métropole. C'est notamment ce qui ressort
des propos de Cyril Dufresne, parlant du contexte qui prévalait dans le
sud grenoblois où il était Directeur Général des
services : « Il y avait à cet effet deux positions
qui s'opposait au niveau de la communauté du Sud-grenoblois, il y avait
ceux qui disaient que la loi sur les métropoles n'est pas encore faite,
on ne sait pas si on va se faire manger dans ce cadre-là donc il ne faut
pas y aller maintenant et il y avait d'autres qui disaient que la
métropole va arriver et c'est clair que dans ce cadre-là on va
être mangé et mieux vaut se faire manger qu'être
mangé, autrement dit il vaut mieux négocier les conditions
d'arrivée, plutôt que d'arriver en cours de
route 92(*)». Ce dernier estime donc que l'avènement
de la métropole a pesé dans la fusion mais néanmoins sur
un plan strictement juridique il n'y avait pas besoin pour la communauté
d'agglomération de fusionner pour aller en métropole et qu'il
pense même que le Préfet aurait proposé à l'Etat de
fusionner dans le cadre de la constitution de la métropole les
territoires voisins qui étaient en terme de bassin de vie très
liés avec l'agglomération grenobloise.
Tout compte fait, même si le nouveau territoire de
l'agglomération grenobloise reflète le bassin de vie grenoblois,
il n'en demeure pas moins que le territoire ainsi constitué paraît
très hétérogène.
SECTION 2 : LA CONSTITUTION D'UN
TERRITOIRE METROPOLITAIN HETEROGENE
Le périmètre de la communauté
d'agglomération de Grenoble-Alpes Métropole défini par le
SDCI de 2011 et matérialisé par la fusion avec le sud-grenoblois
et le balcon sud chartreuse, et qui sera sans aucun doute le territoire de la
future métropole à partir du 1er janvier 2015 est loin
de refléter un territoire homogène. En effet, il existe de fortes
disparités entre les 49 communes qui composeront le territoire
métropolitain, chacune ayant des spécificités
(§ 1) qu'il faudra prendre en compte dans
l'élaboration et la mise en oeuvre de l'action publique
métropolitaine (§ 2).
§ 1 : Une métropole
intégrant des territoires aux enjeux spécifiques
Un regard sur la carte du territoire de l'agglomération
grenobloise nous montre qu'il s'agit d'un territoire très
hétérogène marqué par l'intégration dans la
métropole de territoires ruraux (A) qui possèdent des atouts dont
pourra bénéficier la future métropole pour son
attractivité et son rayonnement économique. De même, ce
territoire hétérogène, pour certains observateurs, est
complètement inadapté aux enjeux métropolitains (B), non
pas à cause de son hétérogénéité,
mais plutôt en terme de bassin de vie.
A. La fragmentation du territoire métropolitain
en espaces urbains et ruraux
Les métropoles issues de la loi mapam, notamment la
métropole de Grenoble doivent avant tout constituer des espaces de
solidarité destinées à réduire les
inégalités sociales sur leur territoire afin d'assurer un
développement territorial équilibré. En effet, la
métropole de Grenoble doit composer avec en majorité des
territoires ruraux qui n'ont pas nécessairement la même vision
économique de la métropole, mais plutôt une vision
solidaire qui leur permettra de gagner en efficacité de l'action
publique et de mutualisation de leurs services afin de faire des
économies d'échelle.
Ces territoires ruraux, situés pour la plupart sur les
massifs entourant la ville de Grenoble, présentent également des
spécificités sur le plan de leur situation géographique
par rapport à la commune de Grenoble et ses communes
périphériques. Romain Lajarge peint ainsi
l'hétérogénéité du territoire
grenoblois : « la fragmentation de son aire
métropolitaine (Grenoble) sur ses marges avec des communes de montagne
de faible densité, pourtant à proximité immédiate
de l'hypercentre, rend le travail de recomposition territoriale délicat.
En tant que villages ou petites villes de montagnes, ces bords ou
périphéries ne ressemblent pas à de l'espace urbain. Peu
d'habitats collectifs, une densité contrainte par le relief, une
quasi-absence d'activités économiques visibles, la
préservation d'un cadre de vie tranquille, le tout dans des paysages
remarquables avec vue sur la ville93(*) ».
Mais ces territoires ruraux, loin de constituer une entrave
pour l'attractivité de la métropole grenobloise, possèdent
néanmoins des caractéristiques qui pourront constituer de
véritables atouts pour le rayonnement de la métropole. Il s'agit
notamment d'attractions touristiques comme le château de Vizille ou les
stations de ski sur les massifs qui attirent bon nombre de visiteurs
extérieurs à la métropole. Il s'agit là de la
position de Dominique Escaron qui pense que sa commune du Sappey-en-Chartreuse,
malgré sa ruralité, possède de nombreux atouts qu'elle du
mal à rendre cohérent à cause de sa faiblesse
économique, et qui pourront être développé par la
métropole dans le but d'accroitre son attractivité.
Il faut noter aussi que malgré leur ruralité,
ces territoires entretiennent de liens très forts avec le territoire
urbain de la ville de Grenoble qui constitue un pôle économique et
d'emploi où descendent les résidents de ces territoires ruraux
pour mener leurs activités. De même, les territoires montagnards
constituent de fortes attractions pour les habitants de la ville et des
personnes extérieures à la métropole, car
« l'identité grenobloise n'est pas seulement
liée...au développement économique, le sport et la
montagne sont inscrits dans son ADN 94(*)». En effet, les territoires ruraux offrent
à la métropole grenobloise une diversité qui est en
même temps liée à l'identité de la métropole.
La montagne et le sport qui s'y pratique par exemple, peuvent constituer des
moteurs du développement économique de la métropole,
Grenoble s'étant d'ailleurs fait connaître au monde entier en 1968
avec l'organisation des jeux olympiques d'hiver, dont la plupart des sites
d'activité était située sur les hauteurs des massifs.
Pierre Arnaud caricature cette identité montagnarde de la
métropole grenobloise en ces termes : « Quand on
regarde Grenoble, quand on y vient ou on y revient, l'image est souvent celle
d'un écrin composé de trois massifs montagneux, Belledonne,
Chartreuse, Vercors, enveloppant une ville à taille humaine mise en
valeur par ce cadre exceptionnel 95(*)». L'auteur estime que cette identité
montagnarde constitue la marque de fabrique de la métropole
grenobloise et que d'ailleurs cette image est soignée et diffusée
par les responsables locaux « dans la perspective de montrer
Grenoble comme une ville de montagnes 96(*)».
Il ressort de ces observations sur l'identité
montagnarde avérée de la métropole grenobloise que
l'intégration des communes présentant l'aspect rural et
montagnard dans le périmètre de la métropole à
partir du 1er janvier 2015 n'est que l'institutionnalisation du
territoire fonctionnel de la métropole et révélateur du
bassin de vie grenoblois. Christian Lefèvre considérait
déjà il' y a quelques années que La
métropolisation en France est « complètement
marquée du sceau de la mise en adéquation entre territoire
fonctionnel et territoire institutionnel 97(*)».
Certains observateurs estiment néanmoins, toujours dans
le sens de la prise en compte par le territoire métropolitain des
territoires environnants, que le périmètre défini par le
SDCI et entériné par la fusion du 1er janvier 2014,
est inadapté aux enjeux métropolitains.
B. Le débat autour de la pertinence du territoire
et de son adaptation aux enjeux métropolitains
Malgré son
hétérogénéité avec la coexistence de
territoires possédant des caractéristiques diverses, certains
observateurs considèrent que le périmètre de la future
métropoleserait inadapté à l'enjeu métropolitain du
fait de son étroitesse en terme de superficie dû au fait que le
SDCI ne prenne pas en compte tous les massifs entourant l'agglomération
grenobloise.
C'est notamment la position du Conseil de développement
de La Métro, saisi par le Président de l'époque pour
donner son avis sur les prescriptions du Préfet de l'Isère dans
le cadre du SDCI. Dans son avis98(*), le conseil de développement s'est
déclaré défavorable au projet de SDCI prescrivant la
fusion de La Métro et des communautés des communes du sud
grenoblois et du balcon sud Chartreuse, au motif qu'il « n'est
pas adapté aux enjeux métropolitains » et proposa
donc l'alternative selon laquelle il faudrait construire « une
métropole des hauteurs, réconciliée avec ses montagnes et
enchanteresse pour ses métropolitains, un projet ambitieux,
pédagogique, conciliant réalisme et utopie et qui raconte aux
métropolitains leur identité et leur
ouverture ».
Si l'on suit bien la position du conseil de
développement exprimé dans cet avis, il s'agirait d'inclure dans
le périmètre de la future métropole, les territoires
voisins aux aspects montagnards et plus ruraux mais qui reflèterait
beaucoup plus la réalité du bassin de vie grenoblois que le
périmètre défini par le Préfet dans le SDCI. Cette
position est également partagée par des analystes de la
métropole grenobloise pour qui « le
périmètre de la métropole souffre trop de sa petitesse
pour pouvoir raisonnablement oeuvrer en matière de cohésion
sociale. Un tel périmètre oblige à construire des liens
forts avec les territoires immédiatement voisins 99(*)».
De ces analyses, il en ressort que la métropole
grenobloise gagnerait beaucoup plus en s'ouvrant aux territoires juchant sur
les massifs de Belledonne, du Vercors et de la Chartreuse qui entourent
l'agglomération grenobloise et qui constituent de véritables
attractions notamment pendant la saison hivernale pour les amoureux de sports
d'hiver qui viennent d'un peu partout. De plus, certains acteurs auraient
souhaité une réalité de la cohérence territoriale
envisagée par le SDCI en tenant compte de certains territoires qui
reflètent la réalité quotidienne des habitants de
l'agglomération grenobloise. C'est notamment le cas d'Eléonore
Perrier100(*),
conseillère municipale de la commune de Grenoble et conseillère
communautaire de La Métro à l'époque de la fusion, qui
estimait que certaines communes du Grésivaudan, notamment Montbonnot,
Saint Ismier, Biviers et Chamrousse devraient être
intégrées dans le périmètre de La Métro pour
rendre réelle la cohérence territoriale et tenir compte ainsi du
bassin de vie.
Il faut cependant souligner qu'avec les controverses qu'ont
suscitées l'inclusion des communautés de communes du Sud
grenoblois et du balcon sud chartreuse dans la métropole, en raison des
réticences de certaines communes, une démarche voulant englober
d'un seul coup tous les territoires environnant aurait occasionné
beaucoup plus frictions entre les différents territoires composant la
métropole. La métropole gagnerait plus en harmonie en se
rapprochant progressivement des territoires voisins par le développement
d'une politique de bon voisinage pouvant déboucher, non sur une annexion
d'office de ces territoires, mais sur un élargissement consensuel du
périmètre de la métropole, plus profitable à tous
les territoires. Comme l'affirme Pierre Arnaud, donnant l'exemple des
diversités d'interprétation des uns et des autres par rapport aux
objectifs du projet de câble destiné à relier
l'agglomération grenobloise au plateau du Vercors, « il
faudra de la patience et plus encore un projet véritablement commun pour
sortir des antagonismes et co-construire un nouveau
territoire 101(*)».
La perspective d'un élargissement ultérieur du
périmètre de La Métro aux intercommunalités
voisines est envisageable donc par le biais des coopérations avec ces
territoires sur la base de la constitution de syndicats mixtes pour la gestion
de certains équipements ou la réalisation de projets communs.
Cette politique de bon voisinage, comme nous l'avons dit plus haut, peut
constituer un préalable à l'intégration future de ces
territoires dans la métropole, surtout dans un contexte de
réforme territoriale où est évoquée de plus en plus
la suppression de l'échelon départemental au profit
d'intercommunalités plus intégrées. On peut donner
l'exemple de la « Vega », syndicat mixte
réunissant La Métro et le Pays voironnais dont l'objectif
annoncé est d'être « un nouvel outil entre les mains
de La Métro et du Pays voironnais pour décupler le
développement économique de la région urbaine à
travers des projets et des réalisations communes102(*) ». Certains
considèrent déjà cette alliance comme
une « extension administrative de la
métropole 103(*)» qui risquerait d'englober à l'avenir
tous les territoires présents dans le schéma de cohérence
territoriale (SCOT) de Grenoble, dirigé par le Président de La
Métro. Les territoires ainsi visés sont le Grésivaudan, le
Trièves, la Bièvre-Valloire et le Sud-Grésivaudan.
D'ailleurs, il est révélé que « les
élus du Trièves, comme les habitants, craignent que La
Métro cherche à exercer une mainmise sur la
région 104(*)».
L'analyse de ces penchants
« expansionnistes » présumés de La
Métro nous amène donc à considérer
l'hypothèse selon laquelle le territoire actuel ne serait pas
adapté aux enjeux métropolitains et ne refléterait pas la
réalité du bassin de vie grenoblois ; il faudrait donc
tendre la main aux voisins de la région urbaine grenobloise (RUG). Cette
expression, employée pour désigner le périmètre de
La Métro et des territoires du SCOT, et qui de ce fait est d'acception
plus large que celle de métropole, limitée aux territoires
administrés par La Métro conviendrait alors à l'enjeu
métropolitain et au bassin de vie grenoblois. Cette position est
notamment celle défendue par le Conseil de développement qui
proposait de faire coïncider le périmètre de La Métro
avec celui de la région urbaine grenobloise en se basant sur le SCOT en
construisant « une métropole multi-polaire dotée de
compétences élargies 105(*)»
On estime donc que le périmètre actuel de La
Métro, même s'il sera confirmé par le décret du
Président de la République, est loin d'être
stabilisé, ce qui ne ferait qu'étendre encore plus
l'hétérogénéité du territoire
métropolitain.
Quoiqu'il en soit, le territoire métropolitain, en
l'état actuel est déjà fort d'une grande dose
d'hétérogénéité marquée par des
territoires différents d'une commune à une autre sur les plans
économique, géographique, démographiques ou même
identitaire. La réussite du projet métropolitain dépendra
donc de la prise en compte par les politiques publiques métropolitaines
de toutes ces spécificités pour assurer la cohésion
territoriale d'une métropole fragmentée.
§ 2 : La
nécessité d'une prise en compte des spécificités
territoriales dans l'élaboration et la mise en oeuvre des politiques
publiques métropolitaines
L'hétérogénéité du nouveau
territoire de la métropole grenobloise ne faisant plus aucun doute, la
prise en compte les spécificités des territoires dans
l'élaboration et la mise en oeuvre de l'action publique locale à
l'échelle devient une nécessité pour l'administration
métropolitaine. D'ailleurs, c'est ce qui ressort des propos de Pierre
Tonneau, Directeur Général des services de La Métro au
moment de l'élargissement du périmètre qui affirmait
qu' « il faut que les nouveaux territoires se sentent
concernés et que l'on prenne en compte leurs
spécificités 106(*)». Cette prise en compte des
spécificités territoriales passera donc par la recherche d'une
cohésion entre les différents territoires (A) et la conciliation
des intérêts ruraux et urbains (B)
A. La recherche de la cohésion territoriale et
sociale
De la plus grande, Grenoble avec ses 160.000 habitants,
à la plus petite, Mont-saint-Martin et ses 90 habitants, les communes de
l'agglomération grenobloise ne sont pas toutes logées à la
même enseigne. Les disparités entre ces entités communales
concernent autant leur démographie, leur niveau de développement,
leurs moyens financiers, leur situation géographique et leurs
intérêts. Pour Pierre Tonneau, il y a bien « un
point d'équilibre à trouver 107(*)» entre tous les
territoires suite à l'élargissement du périmètre de
La Métro.
L'accession à ce point d'équilibre entre ces
territoires hétérogènes regroupés dans une
même structure administrative, passe donc par le renforcement de la
coopération entre eux, et un développement harmonieux en synergie
les uns avec les autres. Il s'agit bien là de l'un des enjeux de
l'intercommunalité en France et qui devra guider le fonctionnement des
futures métropoles.
S'agissant de la future métropole grenobloise, Romain
Lajarge estime que la cohésion sociale et territoriale est un
« objectif et un impérieux besoin108(*) ». Il pense
que « quels que soient les périmètres avec lesquels
on pense Grenoble, la ville, la métropole, la région urbaine, son
sillon, les montagnes et les plaines qui l'environnent, l'un des enjeux est de
comprendre comment cette diversité peut faire tenir-ensemble
le territoire grenoblois109(*) ». L'analyse de Romain Lajarge fait
ressortir clairement les différentes composantes de la métropole
grenobloise en termes de diversité. En effet, il s'agit d'un territoire
où se croisent une zone urbaine construite autour de la ville de
Grenoble avec ses communes périphériques et une zone plus rurale
et montagnarde représentant la plupart des nouvelles communes
intégrés au 1er janvier 2014. Dès lors, la
question de la recherche d'une cohésion territoriale et sociale se pose
avec beaucoup plus d'acuité. Observant le territoire de
l'agglomération grenobloise à l'orée de la
métropolisation, l'auteur constate que « si la
première couronne de l'agglomération ressemble de plus en plus
à ce qu'est le tissu urbain de la ville-centre, les autres communes
périphériques ont préservé leurs noyaux villageois,
leurs formes, leurs structurations et finalement leurs statuts. Mû par
une recherche permanente de sa propre particularité, chaque fragment
s'efforce de garder sa spécificité. Recoudre le tissu urbain,
amoindrir les frontières intérieures, gommer les
principalesdiscontinuités internes constitue une étape
incontournable pour fabriquer ce surplus de cohésion territoriale
à partir de laquelle l'amélioration de la cohésion sociale
sera envisageable110(*) ».
L'obtention de cette cohésion territoriale et sociale
à l'échelle métropolitaine passe également par la
constitution non d'une métropole où les territoires seraient en
concurrence entre eux, mais d'une métropole solidaire. Cette
solidarité entre territoires qui constitue l'une des bases de
l'intercommunalité est également l'un des piliers de la
réussite du projet métropolitain. Pour illustrer cette exigence
de solidarité entre les territoires de la métropole, le Conseil
de développement utilise une formule très évocatrice,
« réunir les gens d'en haut et les gens d'en
bas 111(*)», qui lui permet de promouvoir également
son idée de construction d'une métropole de montagnes, que nous
avons développée plus haut. Pour le Conseil de
développement, la métropole permettra de
« construire une politique et des projets à plus large
échelle 112(*)» et « serait l'occasion de
développer un esprit de solidarité entre communes et entre
citoyens qui sera nécessaire à la mise en place d'une part, d'une
identification des habitants à leur territoire et d'autre part, à
la mise en place de politiques ambitieuses sur le
périmètre.... 113(*)». Du côté des élus, les
expressions de « cohésion territoriale » et
de « métropole solidaire » apparaissent
pratiquement dans tous les discours sur l'orientation de la future
métropole grenobloise. Déjà dans son discours
d'investiture, le nouvel exécutif114(*) de La Métro en appelait au rassemblement de
toutes les composantes territoriales pour la construction
d' « une métropole de progrès, de projets, une
métropole solidaire 115(*)», ce qui a été repris par le
conseil communautaire dans sa délibération du 04 juillet
2014116(*) sur la future
métropole. Même son de cloche chez les élus du groupe
communautaire « ADIS 117(*)», qui estiment que le respect de toutes les
sensibilités qui composent le territoire et de la diversité doit
permettre de construire une métropole solidaire qui se décline en
« solidarité entre les grandes et les petites communes,
entre les territoires...118(*) »
L'inauguration de la ligne E du réseau de tramway de
l'agglomération grenobloise le 28 juin 2014 a été encore
l'occasion de rappeler que l'élargissement du périmètre de
La Métro nécessite pour cela d'orienter les politiques publiques
de La Métro vers la recherche d'une cohésion territoriale, en
donnant l'exemple des réseaux de transport qui vont connaître un
bouleversement au 1er septembre 2014, afin de mieux intégrer
les nouveaux territoires. Le Président de La Métro
déclarait en ce sens que de telles initiatives vont dans le sens de
« la cohésion territoriale avec la nécessité
de déployer un service public performant en direction et au sein des
territoires des anciennes communautés de communes du Sud grenoblois et
du Balcon Sud de Chartreuse 119(*)».
Au regard de toutes les controverses ayant entouré la
question de la définition du périmètre de la
métropole, la cohésion ne saurait être obtenue que par une
conciliation des intérêts de tous les territoires qui composent ce
périmètre.
B. La conciliation difficile mais nécessaire des
intérêts ruraux et urbains pour une cohésion
métropolitaine
Si l'intercommunalité est un espace de
solidarité, où les différentes composantes oeuvrent pour
la réalisation de projets et d'objectifs communs, il n'en demeure pas
moins que dans une structure composée de territoires aussi
diversifiés, comme La Métro, les intérêts des
territoires divergent aussi. Dès lors, l'un des défis majeurs que
doit relever la future métropole sera de réussir à
concilier les intérêts des territoires qui la composent afin de
faire participer toutes les composantes à l'élaboration de
l'action publique métropolitaine et de faire bénéficier
à tous les territoires des retombées de la
métropolisation. Pour Cyril Dufresne, la prise en compte des
spécificités territoriales au sein de la métropole passe
par une approche diversifiée dans les interventions, tous les
territoires ne présentant pas les mêmes caractéristiques.
Pour lui, « il y a bien sûr des modalités
d'intervention qui vont différer d'un territoire à un autre.
Certaines politiques menées par la métropole seront plus utiles
dans certaines communes et plus utiles dans d'autres et
inversement 120(*)».
En effet, la fragmentation du périmètre de la
métropole grenobloise avec des communes de montagne de faible
densité due au relief, pourtant à proximité
immédiate de la ville-centre, rend le travail de recomposition
territoriale délicat. Les communes périphériques
représentent de villages ou petites villes de montagnes et ne
ressemblent pas à de l'espace urbain. Ils disposent malgré tout
de paysages remarquables avec vue sur la ville de Grenoble mais sont
marqués par une quasi-absence d'activités économiques pour
certains, voire même d'écoles pour d'autres.
Ces communes rurales ont sans doute des préoccupations
qui ne sont pas les mêmes que celles de la ville-centre, et le fait pour
elles de faire métropole avec cette dernière les amènerait
à se pencher également sur les problématiques urbaines qui
ne touchent pas directement à leurs territoires. Inversement, la
ville-centre serait enclin à prendre part à l'élaboration
de politiques publiques intéressant les communes rurales, notamment en
matière environnementale et de développement durable. Pour que
tout le monde se sente concerné, comme le souhaitait Pierre
Tonneau121(*), il
faudrait réussir donc à concilier l'intérêt des uns
et des autres pour fabriquer « l'intérêt
métropolitain ».
Du côté du balcon sud de la chartreuse par
exemple, on estime que le rattachement de ce territoire à La
Métro peut avoir des conséquences néfastes sur le parc
naturel de Chartreuse dont le territoire se retrouve aujourd'hui divisé
entre La Métro auquel est rattachée la partie sud, et la
communauté des communes du « coeur de
Chartreuse » dont fait partie le côté nord du parc.
L'association du Collectif de réflexion sur l'évolution de
l'architecture en Chartreuse (CREA) s'interroge sur l'opportunité d'une
telle scission entre des territoires qui gagnerait à être ensemble
pour développer le parc plutôt que d'inclure une partie dans une
métropole, faisant ainsi cohabiter les intérêts d'un parc
naturel et d'une métropole. Cette association fustige l'attitude des
élus de la communauté des communes du balcon sud de la Chartreuse
qui n'ont pas osé s'opposer à la fusion, au contraire de ceux du
Vercors qui ont su dire non à La Métro et à la
« mamouthisation », « parce qu'ils
ont un territoire uni et des élus, comme l'ancien sénateur Jean
Faure, qui se préoccupent de l'avenir du territoire 122(*)». En effet, pour
justifier l'opposition des territoires du Vercors à rejoindre la
métropole, Franck Girard, à l'époque maire de la commune
de Saint-Nizier-du-Moucherotte, déclarait : « c'est
une évidence absolue que nos problématiques rurales, de montagne,
ne sont pas celles d'un terrain urbain 123(*)».
Le grand défi de la future métropole serait
alors de concilier les intérêts de la métropole avec ceux
du parc naturel dont elle a désormais la charge d'une partie du
territoire. Le CREA ne croit pas du tout à cette perspective et estime
que les ambitions d'un parc orienté vers le développement de
l'agriculture et la protection de l'environnement ne sont pas
nécessairement celle d'une métropole plutôt tourné
vers le développement urbain. Il dénonce plutôt
« une logique opportuniste, pour les besoins de La Métro
de s'agrandir 124(*)» qui « ne correspond pas du tout
à la logique d'un parc naturel 125(*)». Il considère en effet que
« le transfert des compétences, notamment de
l'aménagement du territoire, à Grenoble-Alpes Métropole
orientée principalement sur le développement urbain est en
opposition avec les axes de développement édictées par la
charte du parc 126(*)». On retrouve ici les antagonismes territoriaux
qu'évoquait Pierre Arnaud127(*) au sujet de la construction du territoire
métropolitain, et qu'il faudra vaincre pour conduire ensemble des
projets communs comme cela est de l'essence d'une métropole. Il ne
s'agit sans doute pas d'une partie gagnée d'avance et qui
nécessitera le développement d'une politique
métropolitaine prenant réellement en compte les
spécificités des territoires.
***
Plus que la construction du territoire métropolitain
qui est source de débat entre les différents acteurs sur la
pertinence ou non du périmètre actuel et les antagonismes
d'intérêts entre les différents territoires qui constituent
la métropole, on peut également s'interroger sur le statut
juridique réel de la métropole de Grenoble. Visée par la
loi pour devenir au 1er janvier 2015 l'une des neuf (09)
métropoles instituées par ladite loi, La Métro ferait
ainsi un grand saut et brulerait ainsi une étape dans son
intégration communautaire en passant du statut de communauté
d'agglomération à celui de métropole. L'étape de
communauté urbaine brûlée, on s'interroge sur la
portée réelle du statut de métropole de La Métro,
d'autant plus que de façon générale, on remarque de
très fortes similitudes entre les statuts de métropole et de
communauté urbaine. La future métropole grenobloise ne
serait-elle donc réellement qu'une communauté urbaine
améliorée ?
CHAPITRE II :
LA METROPOLE DE GRENOBLE : UNE COMMUNAUTE URBAINE
AMELIOREE ?
En décidant de la transformation par voie
d'autorité des communautés d'agglomération de plus de
400000 habitants à compter du 1er janvier 2015, la loi mapam
opère une véritable révolution sur le plan intercommunal,
en érigeant des communautés d'agglomération, qui
étaient jusqu'alors une forme d'intercommunalités peu
intégrées en métropole avec des prérogatives
très importantes. C'est notamment le cas de La Métro et de ses
homologues de Rennes et de Rouen qui feront le grand saut à partir du
1er janvier 2015 contrairement aux neuf (09) autres futures
métropoles (si on ajoute celles à statut particulier) qui avaient
déjà une longueur d'avance en termes d'intégration parce
qu'étant des communautés urbaines. Cette évolution
institutionnelle à grands pas, eu égard à l'étendue
des compétences que les nouvelles métropoles sont appelés
à exercer et aux nouveaux enjeux qu'induit ce statut de
métropole, nous amène à nous interroger sur la
portée réelle de ce nouveau statut en ce qui concerne les
communes d'agglomération, et en particulier La Métro. Ces
interrogations aboutissent au constat que même si l'évolution
institutionnelle est belle et bien marquée (Section
1ère) du point de vue du régime
juridique, cette évolution paraît bien atténuée dans
la pratique (Section II), La Métro devant
passer par la case communauté urbaine en réalité.
SECTION I : UNE EVOLUTION INSTITUTIONNELLE
MARQUEE
Plus aucun doute, La Métro portera le costume de
métropole à compter du 1er janvier 2015. Cette
évolution institutionnelle bien marquée par la loi mapam se
révèle à travers l'étendue des compétences
dont bénéficie la nouvelle métropole par rapport à
la faiblesse des compétences qu'elle exerçait initialement sous
le statut de communauté d'agglomération (§
I). Ce nouveau costume changera également l'organisation
institutionnelle de La Métro qui se voit dotée par la loi de
nouveaux organes métropolitains (§ II) qui se
substitueront aux organes de la communauté d'agglomération.
§ I : Le renforcement significatif
des compétences de La Métro
Passer d'une communauté d'agglomération à
une métropole, constitue une ascension fulgurante pour La Métro
du point de vue institutionnel. L'ampleur de ce changement institutionnel se
mesure d'abord au niveau des compétences dévolues à la
nouvelle structure intercommunale. En effet, la loi a considérablement
étendu le champ d'intervention des futures métropoles qu'elle a
créées en leur octroyant d'office de compétences
obligatoires plus étendues, qu'elles sont appelées à
exercer en lieu et place des communes. Le bloc de compétences des
métropoles est donc constitué principalement par des
compétences communales (A) qui lui sont transférées de
plein droit et qui viennent s'ajouter aux compétences initiales de
l'EPCI avant sa transformation en métropole. Mais le véritable
enjeu de la métropole consiste dans la possibilité
d'élargir ce champ de compétences, par la faculté que lui
reconnait la loi de pouvoir solliciter et exercer des compétences
transférées conventionnellement par l'Etat et des autres
collectivités territoriales (B).
A. L'effectivité du transfert des
compétences communales à la métropole
La réalité de l'extension des compétences
des métropoles issues de la loi mapam résulte dans le bloc des
compétences obligatoires définies par la loi. En effet, en
passant d'une communauté d'agglomération avec des
compétences très réduites à une métropole,
La Métro sera emmenée à exercer de nouvelles
compétences transférées des communes par la loi et qui
viendront étoffer les compétences qu'elle exerçait
initialement sous le statut de communauté d'agglomération. Sous
ce statut initial, La Métro, comme toute communauté
d'agglomération exerçait trois types de compétences
conformément au CGCT. Il s'agit de compétences
obligatoires128(*)
définies par la loi, que la communauté d'agglomération est
appelée à exercer en lieu et place des communes, de
compétences optionnelles129(*) à choisir dans une liste de
compétences établie par la loi, et de compétences
facultatives issues de conventions passées avec des communes. Ainsi, si
les compétences obligatoires, à savoir le développement
économique130(*),
l'aménagement de l'espace communautaire131(*), l'habitat et le logement
132(*)et la politique de
la ville133(*) sont
identiques à toutes les communautés d'agglomération,
celles optionnelles et facultatives dépendaient d'une communauté
d'agglomération à une autre. Au plan des compétences
optionnelles, les communautés d'agglomération ont à
choisir trois champs d'intervention parmi une liste de six compétences.
La Métro avait donc opté à ce jour, à l'heure de sa
transformation en métropole pour les compétences en
matière de voirie urbaine et parcs de stationnement, l'assainissement,
mis en en oeuvre à travers la collecte et le traitement des ordures
ménagères et la protection de l'environnement. Les statuts de la
nouvelle communauté d'agglomération issue de la fusion des
intercommunalités avaient rajouté au bloc de compétence de
la Métro, des compétences que les communautés des communes
du Sud grenoblois et du balcon sud de la Chartreuse exerçaient avant et
qui sont d'intérêt communautaire.
L'évolution marquante de la loi mapam en ce qui
concerne les compétences de La Métro se situe sur le plan des
compétences obligatoires qu'elle est appelée à exercer. En
effet, reprenant les compétences obligatoires exercées
jusqu'alors par les communautés d'agglomération, la loi y ajoute
la gestion des services collectifs et la mise en valeur de l'environnement et
de politique du cadre de vie. Ces nouvelles compétences viendraient
s'ajouter à celles déjà exercées par La
Métro qui lui sont acquises à la date de la transformation en
métropole conformément aux dispositions de l'article L. 5217-1
CGCT selon lesquelles toutes les compétences acquises par un EPCI avant
que celui-ci ne se transforme en métropole sont
transférées de plein droit à la métropole. La loi
prévoit également la possibilité pour les
métropoles de se doter de compétences supplémentaires
transférées par les communes membres si une majorité de
communes le souhaite. Par rapport à tout cela, le professeur Kada
conclut que « l'extension des compétences est donc une
réalité134(*) ».
Lors de l'entretien135(*) qu'il nous a accordé, Thierry Vignon,
Directeur général des services du Conseil général
de l'Isère considère que l'enjeu majeur de la loi mapam en ce qui
concerne la Métropole de Grenoble sera à l'échéance
2015, l'intégration des compétences communales dans la
métropole, ce qui n'avait pas toujours été le cas
auparavant compte tenu du contexte grenoblois marqué par des jeux de
couleurs politiques qui avaient créé des incohérences dans
le système des compétences exercées par La Métro.
Il pense que « la loi mapam, elle, aura permis à
l'agglomération grenobloise de faire ce qu'elle n'a jamais réussi
à faire, c'est à dire imposer une forte délégation
de compétences des communes vers la métropole, parce que pour des
raisons historiques et politiques liées aux couleurs politiques des uns
et des autres on a jamais eu de tels transferts de
compétences 136(*)».
Si la réalité du transfert des
compétences communales à la métropole est admise
aujourd'hui, certains spécialistes pensent qu'il ne s'agit pas là
d'une victoire pour la loi mapam dans la mesure où
« historiquement l'intercommunalité s'est bâtie sur
le transfert librement consenti des compétences communales et ce n'est
que peu à peu que les transferts imposés par la loi se sont
multipliés 137(*)» et « il n'est pas certain
que l'aménagement des compétences au sein des EPCI en soit devenu
plus rationnel et opérant 138(*)».
Toutefois, il ne faut pas éluder le fait que la
portée de l'élargissement des compétences de la
métropole au détriment des communes peut être
atténuée par la notion de
« l'intérêt métropolitain »
dont la loi impose la reconnaissance pour l'exercice de certaines
compétences obligatoires de la métropole. Il s'agit en
réalité d'une résurgence de la notion
d'« intérêt communautaire » qui
déterminait l'intervention ou non des communautés dans les champs
de compétence des communes. Cette obligation est posée par les
dispositions de l'article L.5217-2 I CGCT139(*), « mais la portée de
l'intérêt métropolitain est réduite, sa
reconnaissance n'étant requise que pour un seul domaine
(équipements culturels, socioculturels, socio- éducatifs et
sportifs) 140(*)». De même, la loi oblige les
élus à déterminer cet intérêt
métropolitain dans un délai de deux ans après la
transformation en métropole, soit au plus tard, le 1er
janvier 2015, et à défaut « la métropole
exerce l'intégralité des compétences
transférées 141(*)». L'atténuation par la loi de la notion
de l'intérêt métropolitain peut être
considérée comme une manière d'élargir tacitement
le champ de compétences de la métropole, par rapport aux effets
pervers de l'intérêt communautaire qui avait sensiblement
limité les interventions de la communauté
d'agglomération qui n'exerçait que des compétences
résiduelles transférés volontairement par les communes.
Sur ce plan, la métropole peut être considérée comme
une EPCI particulière, dans la mesure où si les EPCI classiques
sont fondés sur les transferts librement consentis par les communes, la
métropole, elle, est fondée sur des transferts obligatoirement
transférés, d'où les craintes d'une
supra-communalité qui remettrait en cause le principe légendaire
de l'autonomie locale.
Il en ressort qu'entre la réalité du transfert
des compétences et celle de leur exercice il y a encore du chemin
à faire pour les métropoles qui peuvent cependant élargir
leur champ d'intervention en sollicitant des transferts des compétences
exercées par l'Etat et les autres collectivités territoriales.
B. Un bloc de compétences susceptible
d'être renforcé par des transferts de compétences
conventionnels de l'Etat et des autres collectivités
territoriales
Le renforcement des compétences des métropoles
par le transfert des compétences communales étant une
réalité, l'autre enjeu de la loi mapam résulte dans la
possibilité qu'elle offre aux métropoles d'obtenir par convention
des compétences de l'Etat, de la région et des
départements. En effet, c'est là où réside l'enjeu
majeur des futures métropoles.
S'agissant de l'Etat, la loi prévoit la
possibilité de transferts conventionnels142(*) à la métropole
qui en fait la demande dans les domaines de construction et de gestion de
logements, notamment en ce qui concerne l'attribution des aides au logement
social, l'attribution des aides en faveur de l'habitat et la mise en oeuvre de
la procédure de réquisition. La convention prévue à
cet effet entre l'Etat et la métropole est conclue pour une durée
de six ans renouvelable et l'exercice des compétences concernées
fait l'objet d'un suivi du représentant de l'Etat dans le
département. Il en est également ainsi des compétences
relatives à « la propriété,
l'aménagement, l'entretien et la gestion des grands équipements
et infrastructures 143(*)».
Outre l'Etat, la métropole pourra se voir
transférer des compétences des autres collectivités
territoriales sous le territoire desquelles elle se situe. Cette
possibilité est retenue par le législateur en vue de faire des
métropoles de véritables outils de proximité que ne sont
forcément pas les départements et les régions, du fait de
l'éloignement de leur siège des lieux de mise en oeuvre de
l'action publique locale. La métropole apparait sur ce plan donc, comme
le niveau le plus pertinent de mise en oeuvre des compétences
départementales et régionales dans une logique de
proximité avec les administrés, sur laquelle se fonde la
décentralisation.
Le couple région/métropoles sur lequel l'Etat
veut désormais fonder l'efficacité de l'action publique locale
peut déjà se mettre en route par des compétences
transférées de la région à la métropole. La
loi prévoit donc cette possibilité aux articles
4221-1-1144(*) et
5217-2-VI145(*) CGCT
pour des compétences limitativement énumérées. Il
ressort de ces dispositions que l'initiative du transfert peut provenir aussi
bien de la région que de la métropole. Il s'agit essentiellement
des compétences en matière de développement
économique, d'aménagement et de fonctionnement des
Lycées...Le développement économique étant l'un des
vecteurs de rayonnement de la métropole à l'international et la
gestion des lycées nécessitant plus de proximité avec les
établissements scolaires, on peut donc considérer que ces deux
compétences gagneraient beaucoup plus à être
transférées par la région à la métropole.
Par sa situation, la métropole de Grenoble est implantée sur le
même territoire régional que la métropole de Lyon, ce qui
fait par ailleurs de la région Rhône-Alpes, la seule à
disposer pour le moment de deux institutions métropolitaines sur son
territoire, même si la métropole lyonnaise est officiellement une
collectivité locale à statut particulier. On considère
donc que la région bénéficierait sans doute du rayonnement
économique de ces deux moteurs métropolitains, et pourrait
optimiser le rendement de ces lycées en confiant la gestion à des
entités plus proches des établissements. Cette analyse est
partagée notamment par Thierry Vignon, qui, tout en affirmant ne pas
connaître les intentions actuelles de la région et restant
évasif sur la possibilité de transferts de compétences de
la région à la métropole grenobloise, considère
néanmoins, d'un point de vue personnel, que la région est
très lointaine et qu'elle est mal placée pour gérer les
Lycées. Il estime donc que « c'est vraiment eu erreur
d'avoir confié la gestion des lycées aux régions et c'est
l'occasion de redonner ça aux métropoles qui sont beaucoup plus
proches et plus capables de le faire 146(*)».
S'agissant du département, La possibilité pour
la métropole d'exercer ses compétences est donc envisagée
par la loi mapam147(*),
qui n'a pas voulu aller dans le sens d'une attribution d'office des
compétences départementales à la métropole, comme
l'envisageait notamment le rapport du comité Balladur, mais a
préféré la voie conventionnelle. En effet, il faut
distinguer à ce niveau deux situations :
D'abord le cas de la voirie départementale148(*) dont la loi prévoit
de plein droit le transfert à la métropole au 1er
janvier 2017 dans le cas où il n'y aurait pas d'accord entre la
métropole et le département sur le transfert. Sur ce point, il
s'agira d'une avancée pour La Métro dans la mesure où elle
aura à s'occuper désormais de la gestion des routes
départementales qui de ce fait seront transférées dans le
domaine public de la métropole. Thierry Vignon relativise d'ailleurs
cette avancée fustigeant les incohérences de la loi sur ce point
en estimant que concrètement cela aboutirait en Isère à
« un peu moins de 400 km de route sur les 5100 km que compte le
département, donc ce n'est pas énorme à l'échelle
des compétences départementales 149(*)». On comprend donc que
sur ce point, il ne s'agira que des compétences très
résiduelles, le département gardant toujours la main sur
l'essentiel de la compétence de voirie.
Ensuite, s'agissant des autres compétences, la loi ne
prévoit aucune autre alternative que le mode de transferts par
convention. Il s'agit grosso modo de toutes les compétences
exercées par le département notamment dans le domaine de l'action
sociale, du transport scolaire, du développement économique
etc... Il s'agit là de compétences vraiment très
importantes de par leur nature qui renforcerait le statut de la
métropole si elle parvenait à les exercer. Ces compétences
pourraient également donner plus de visibilité à la
métropole vis-a-vis des citoyens car elles touchent à des couches
très importantes de la population métropolitaine. Sur ce plan
Pierre-Yves Drogue, Directeur général des services de la commune
de Seyssinet-Pariset estime qu'« hormis la voirie qui est
assurée d'être transférée, les choses se compliquent
au niveau des autres compétences comme l'action sociale, ça
demandera beaucoup de réflexions 150(*)», ce qui nous
amène à considérer que l'exercice de ces
compétences par La Métro n'est pas pour demain.
Dans le contexte local grenoblois et isérois, le
Directeur Général des services du Conseil Général
de l'Isère semble même très pessimiste sur la
possibilité de ces transferts du département à la
métropole, forgeant son argumentation à la fois sur des mobiles
d'ordre technique et politique. En effet, sur le plan technique, il estime par
rapport au transfert de la voirie départementale que le
département « n' est pas sûr de tout
transférer par ce qu'il y a des problèmes de continuité
d'itinéraires notamment pour l'accès aux
stations », en se basant sur l'exemple selon lequel
« si on veut aller à l'Alpe-d'-Huez, on a une route
nationale avec l'autoroute puis une route nationale jusqu'à Vizille,
ensuite une départementale qui monte vers l'Alpe-d'-Huez, les Deux-Alpes
etc.. En toute rigueur, si j'applique le transfert à la Métro
trois kilomètres entre Vizille et
Saint-Barthélémy-de-Séchilienne, c'est ridicule, on aurait
trois kilomètres de route métropolitaine sur un itinéraire
entre Paris et l'Alpe-d'-Huez, donc vraisemblablement que ces petits
bouts-là ne seront pas transférer et que le Conseil
Général les gardera, mais tout le reste et les autres routes
départementales seront transférées 151(*)». Sur le plan des
autres compétences, il estime qu'il n'y aurait de transfert de
compétences que si le département le veut bien et affirme qu'il
ne se passera rien à l'échéance 2015. Ici, il se base sur
des arguments de nature politique pour justifier sa perception évoquant
notamment le cas de la loi de redécoupage cantonal de 2013152(*) qui a renforcé le
nombre de conseillers urbains : « Au moment où on dit
aux conseillers généraux qu'ils seront plus nombreux, on est en
même temps entrain de leur suggérer qu'ils pourront ne plus avoir
de compétences sur la métropole, alors là ça
devient surréaliste 153(*)». Il considère qu'
« à l'échéance 2015, la métropole de
Grenoble, ce sera ni plus ni moins qu'une communauté urbaine et qu'on
transfèrera uniquement la voirie départementale, et il ne se
passera rien d'autre, parce que les gens qu'on va élire en mars 2015 au
Conseil général ils auront envie d'exister et ils n'accepteront
pas qu'ils n'aient plus de compétence sur le territoire qui les a
élus 154(*)». Le pessimisme de Thierry Vignon quant au fait
de voir la future métropole grenobloise exercer des compétences
départementales se recoupe avec les propos de Cyril Dufresne, selon
lesquels La Métro part de tellement loin en termes de compétences
en partant d'une communauté d'agglomération faiblement
intégrée à une métropole, et donc, hormis la voirie
départementale qui va basculer à la métropole,
« les autres transferts conventionnelles ne sont pas à
l'ordre du jour 155(*)». Plutôt qu'un pessimisme, les propos de
Cyril Dufresne sonnent comme une mise au point sur la réalité des
choses au niveau de La Métro, qui ne favorisent pas à l'heure
actuelle qu'elle soit dotée, d'un seul coup, d'une ribambelle de
compétences. La métropole grenobloise se construira donc dans un
premier temps autour des compétences obligatoires, notamment celles qui
lui ont été ajoutées par la loi. C'est aussi la position
des élus métropolitains qui citent « l'eau,
l'énergie et la voirie 156(*)» comme champs d'intervention prioritaires,
estimant que « le débat relatif à
d'éventuelles compétences conventionnelles qui pourraient
être déléguées par l'Etat, la Région et le
département seront conditionnées à leur pleine
intégration 157(*)».
Il en ressort que dans la pratique le statut de
métropole ne sera pour La Métro qu'un label pour mener des
actions extérieures et pour renforcer son ancrage territorial. Dans son
fonctionnement et dans la mise en oeuvre de ses compétences elle restera
une communauté urbaine, du moins pour le moment. Outre
l'élargissement de ses compétences, l'évolution
institutionnelle de La Métro à compter du 1er janvier
2015 est marquée par l'institution de nouveaux organes, certes
issus de la loi mapam, mais qui ne seront que des prolongements des
institutions existantes sous la communauté d'agglomération, mais
avec des prérogatives renforcées.
§ II : L'institution de nouveaux
organes métropolitains
Les compétences élargies qui sont
attribuées à la métropole nécessitent pour
d'être exercées par des institutions ou des organes à la
hauteur des nouveaux enjeux. Ainsi, la loi mapam a voulu marquer la
création des métropoles du sceau de nouveaux organes qui,
symétriquement il est vrai, ne constitueront que des prolongements des
organes communautaires existants. Ainsi, le conseil communautaire en place
actuellement et élu pour la première fois au suffrage universel
les 23 et 30 mars 2014, va « laisser sa place » dans la
continuité, au conseil de la métropole qui règlera par ses
délibérations, les affaires de la métropole (A). Ce
conseil, qui jouit désormais d'une légitimité
démocratique, même s'il n'est que l'émanation des conseils
municipaux en raison du système de vote, sera dirigé par un
Président qui bénéficiera de nouvelles prérogatives
(B)
A. La substitution du Conseil de la métropole au
conseil communautaire à partir du 1er janvier
2015
En substituant la métropole à la
communauté d'agglomération tout en élargissant son champ
d'intervention, la loi mapam a également doté les nouvelles
institutions métropolitaines de nouveaux organes en remplacement des
organes existants. C'est le cas du conseil de métropole a qui incombera
la gestion des affaires de la métropole par des
délibérations. Il s'agira donc de l'organe
délibérant de la métropole. Cette institution qui prendra
la suite des conseils communautaires à compter du 1er janvier
2015 n'en sera pas pour autant différente, sur le plan de la
composition, des conseils communautaires existants qui sont issus des
élections municipales de mars 2014 et qui n'auront qu'à changer
de dénomination à l'heure de la transformation en
métropole. Ainsi, au niveau de La Métro, les conseillers
communautaires élus les 23 et 30 mars derniers et dont le nombre a
augmenté du fait de l'élargissement du périmètre au
1er janvier 2014, auront à changer de statut au 1er janvier
2015 pour devenir des conseillers métropolitains régis par les
dispositions de la loi mapam.
La question qui se pose à ce niveau concerne sans doute
les innovations introduites par la loi mapam en ce qui concerne les
prérogatives de l'organe délibérant de La Métro,
outre son changement de vocable.
S'il est vrai que les conseillers métropolitains
grenoblois au 1er janvier 2015 seront physiquement les mêmes
que les conseillers communautaires de l'actuelle communauté
d'agglomération, il faut aussi souligner que le changement de statut de
l'institution intercommunale aura aussi des effets sur le statut de son organe
délibérant. En effet, le premier impact de la métropole
sur l'organe délibérant consiste dans son statut juridique. En
passant du statut de conseillers communautaires à celui de conseillers
métropolitains, les élus de l'agglomération grenobloise ne
seront plus régis par les dispositions communes qui régissaient
les élus communautaires dans le CGCT. Malgré le statut d'EPCI de
la métropole, Ils sont régis par des dispositions
spécifiques, ce qui en fait en quelque sorte des conseillers
communautaires particuliers.
Premièrement la fusion des intercommunalités en
prélude la transformation en métropole a fait évoluer la
composition du conseil communautaire faisant passer le nombre des élus
communautaires de 89 à 142 avec le transfert automatique des élus
des communautés de communes du Sud grenoblois et du Balcon Sud
Chartreuse à La Métro. Toutefois, dans l'optique de la
transformation en métropole et dans le cadre des élections
municipales de mars 2014 qui verront désormais les conseillers
communautaires élus158(*) au suffrage universel direct en même temps que
les conseillers municipaux par un système de fléchage, ce nombre
a été revu à la baisse, à 124 par les statuts de La
Métro. Ces nouveaux représentants de l'agglomération
grenobloise auront la lourde mission de préparer la transformation en
métropole et se trouvent donc à une période
charnière de l'histoire de l'agglomération. C'est en prenant la
mesure de la tâche qui leur incombe qu'ils ont adopté en
séance plénière du 04 juillet 2014, deux
délibérations-cadres, l'une relative au nom de la future
métropole, et l'autre sur les « étapes du projet,
le calendrier et la méthode » de la transformation de La
Métro en métropole, qui servira en quelque sorte de feuille de
route pour la préparation du changement de statut.
Concernant la première délibération, il
est vrai qu'il appartient au décret de transformation en
métropole d'attribuer un nom à la future métropole, mais
dans le cadre de la rédaction du projet dudit décret, le
Préfet de l'Isère voudrait sonder les futurs conseillers
métropolitains sur le sujet. C'est ainsi qu'à l'unanimité
les élus métropolitains se sont accordés à
conserver l'actuelle appellation de « Grenoble-Alpes
Métropole » pour des raisons historiques, communicationnelles
et économiques. Il s'agit là du premier grand fait d'arme des
nouveaux élus métropolitains dans le cadre du projet de
métropole. Reste à savoir si cette délibération
sera suivie par l'autorité compétente pour attribuer un nom
à la future métropole.
La plus importante délibération dans le cadre de
ce projet et qui engage beaucoup plus la responsabilité des élus
métropolitains, concerne notamment la démarche à suivre
pour aboutir à la transformation en métropole au 1er
janvier 2015. Par cette délibération, au demeurant très
prolixe, les futurs conseillers métropolitains s'approprient le projet
métropolitain dans toute sa dimension en développant un
calendrier des différentes étapes et la méthode du
processus.
La loi attribue également au conseil de
métropole des prérogatives relatives notamment à la
détermination de l'intérêt métropolitain pour
l'exercice de certaines compétences de la métropole. Il s'agit
des compétences transférées159(*) que la métropole va
exercer en lieu et place des communes notamment de la compétence
relative à la « construction, aménagement,
entretien et fonctionnement d'équipements culturels, socioculturels,
socio-éducatifs et sportifs ». Il s'agira donc de l'une
des premières initiatives du conseil de métropole, dans la mesure
où la loi donne un délai de deux ans pour la détermination
de l'intérêt métropolitain qui doit recueillir
« la majorité des deux tiers » des membres
du conseil.
Bien entendu, tout ce processus sera mené sous la
conduite du Président du conseil, exécutif de la métropole
dont le statut est aussi impacté par la métropole.
B. Le renforcement des attributions du Président
du conseil de la métropole par la loi mapam
Comme pour tout EPCI, l'organe délibérant de la
métropole est dirigé par un Président160(*) issu de cet organe,
désigné par les conseillers et chargé de la
préparation et de l'exécution des délibérations du
conseil de métropole. Il s'agit donc de l'exécutif de la
métropole. C'est ainsi qu'après les élections municipales
des 23 et 30 mars derniers qui ont dégagé les 124 élus de
La Métro, ces derniers s'étaient retrouvés le 25 avril
2014 pour désigner leur Président161(*).
Conformément à la loi mapam, les conseillers
métropolitains et donc le Président du conseil de
métropole seront élus à partir de 2020 au suffrage
universel direct par les citoyens de la métropole, ce qui lui donnera un
pouvoir politique plus fort, ce qui lui permettra d'accroître la
légitimité de ses actions.
C'est ce qui ressort par ailleurs des propos de Thierry
Vignon, « le vrai changement ce sera l'élection au
suffrage universel direct du Président de la
métropole 162(*)», car selon lui, avec les dispositions
actuelles, « le Président n'est que l'élu des
maires 163(*)». Il estime que l'enjeu de l'intégration
de la future métropole se situe également à ce niveau car
« comme il est élu par ses pairs, s'il veut enlever des
compétences à ses pairs il est foutu, ce qui changera
profondément en 2020. Comme il sera élu au suffrage universel
direct, si dans son programme il dit qu'il veut plus de transfert de
compétences il sera légitime et ça ne l'empêchera
pas d'être élu, c'est le peuple qui l'aura
voulu 164(*)».
En attendant 2020, la loi a attribué de
prérogatives importantes au Président du conseil sur le
territoire de la métropole. En effet, hormis les faits qu'il dirige les
séances du conseil de la métropole, qu'il est chargé
d'exécuter les délibérations de ce dernier et qu'il est
l'ordonnateur des dépenses et prescripteurs de
l'exécution165(*)
des recettes de la métropole, comme tout Président d'EPCI, la loi
lui a attribué des pouvoirs propres en tant qu'exécutif de la
métropole. En plus des délégations que lui donnent les
maires des communes membres de la métropole relatives aux
compétences qui lui sont transférées notamment en ce qui
concerne les gens du voyage, la voirie et l'habitat, l'évolution de la
loi mapam en ce qui concerne les pouvoirs du Président de la
métropole réside dans le fait qu'elle comporte un article 35
qui complète le premier alinéa du I de l'article L.5211-9-2
CGCT166(*) en ce qui
concerne les pouvoirs de police spéciale du Président de la
métropole. En effet, l'article 35 indique que « le pouvoir
de police spéciale transférée au Président de
l'EPCI à fiscalité propre recouvre, d'une part les
prérogatives mentionnées à l'article L.1311-2 du code de
la santé publique, d'autre part, les prérogatives
mentionnées au deuxième alinéa de l'article L.1331-1 du
code de la santé publique 167(*)». Il s'agit concrètement du pouvoir de
police en matière d'assainissement et de collecte des déchets
ménagers. Dans l'exposé des motifs de la loi, le gouvernement
considère que cette nouvelle rédaction de l'article L.5211-9-2 I
CGCT revêt un double intérêt. D'une part, elle
« permet de rendre plus cohérent le
périmètre du pouvoir de police spéciale
transféré en liant le transfert de la réglementation
stricto sensu de l'assainissement à celui de la délivrance des
dérogations au raccordement aux réseaux publics »,
et d'autre part, elle précise de « manière expresse
que le pouvoir de policeen matière de réglementation de la
collecte des déchets ménagers est transféré lorsque
le groupement de collectivités territoriales est compétent en
matière de collecte des déchets ménagers »,
ce qui est biensur le cas de La Métro.
Hormis le pouvoir de police spéciale en matière
d'assainissement et de collecte des déchets, le Président du
conseil de métropole bénéficie également de deux
autres pouvoirs de police en matière de voirie. Il s'agit des pouvoirs
de police spéciale recouvrant les domaines de la circulation sur les
voies communales et intercommunales à l'extérieur de
l'agglomération168(*), et la délivrance des autorisations de
stationnement aux exploitants de taxi169(*). Ces pouvoirs appartiennent aux maires qui
disposaient de la faculté de le transférer ou non au
Président de l'EPCI. Mais la loi mapam a innové en rendant le
transfert automatique170(*), dessaisissant d'une manière les maires au
profit du Président de la métropole, notamment en raison du
transfert de plein droit de la compétence de voirie opérée
par la loi vers la métropole.
Mais l'ampleur de cette disposition est immédiatement
atténuée par le législateur au premier alinéa du I
de l'article 37 en autorisant l'opposition des maires au transfert des pouvoirs
de police de l'article 36, ce qui pourrait permettre aux maires en question de
conserver leur pouvoir de police au détriment du Président du
conseil de la métropole. Ce dernier peut également renoncer
volontairement au transfert du pouvoir de police en cas d'opposition des maires
conformément aux dispositions de l'alinéa 3 du I de l'article 37
précité.
Dans le cas où dans une métropole, les maires
s'opposeraient au transfert de leur pouvoir de police spéciale au
Président du conseil de métropole, ce dernier en tant
qu'exécutif de la métropole exercerait toujours les
compétences de voirie alors que le pouvoir de police de la circulation
et du stationnement des taxis resterait entre les mains des maires ; ce
qui ne permettrait pas de « mener une politique plus
cohérente 171(*)» dans le domaine de la voirie telle que voulue
par le gouvernement. La loi faisant obligation aux acteurs concernés de
régler les questions du transfert ou non de ce pouvoir
« le premier jour du douzième mois qui
suit 172(*)» sa publication, soit à la fin du mois
de janvier 2015, alors que la transformation en métropole est
prévue pour le 1er janvier 2015, il s'agira sans doute du
premier « dossier chaud » à régler entre le
Président de la métropole et les maires des communes qu'il
administre.
S'agissant de La Métro, la
délibération-cadre du 04 juillet 2014, qui sert de document de
référence à la transition métropolitaine, a
d'ailleurs mis le point sur le transfert des pouvoirs de police parmi les
« échéances importantes qui jalonneront la
construction de la future métropole ».
Comme nous venons de le voir, l'affirmation des
métropoles est belle et bien effective en ce qui concerne les
compétences que sont appelées à exercer les futures
métropoles et produira beaucoup de changement dans le fonctionnement de
La Métro qui fait le grand saut en passant du statut de
communauté d'agglomération à celui de métropole. La
transformation et le renforcement des prérogatives des organes
appelés à diriger la future métropole constituent
également une évolution institutionnelle qui se trouve toutefois
atténuée par le fait qu'en réalité, le statut de
« métropole de droit commun » n'est qu'un doublon de
celui de communauté d'agglomération.
SECTION II : UNE EVOLUTION INSTITUTIONNELLE
ATTENUEE
Si la question de l'institutionnalisation de la
métropolisation a longtemps été plus ou moins
occultée en France, celle-ci est belle et bien effective aujourd'hui, du
moins juridiquement, avec la loi mapam qui a doté les villes
françaises d'un statut leur permettant de revendiquer une assise
territoriale et une attractivité nationale et internationale. Il s'agit
également pour les villes françaises d'un blanc-seing de l'Etat
pour se lancer dans la compétition des villes sur le plan international
dans un contexte de mondialisation et de globalisation. Toutefois, de
véritables interrogations subsistent quant à la portée
réelle du statut des métropoles françaises. Si la
situation de la métropole lyonnaise paraît plus clair avec le
statut de collectivité territoriale à statut particulier, celle
des autres métropoles, surtout celles dites « de droit
commun », dont la métropole de Grenoble, objet de notre
étude, paraît encore très obscure. Certes, il est encore
trop tôt de se prononcer sur la portée réelle de ce statut,
étant donné que les métropoles ne sont pas encore
fonctionnelles, mais il apparaît a priori à l'évidence que
le statut de métropole a une portée réduite
(§ 1) parce qu'il ne semble pas se détacher de
celui d'une communauté urbaine, surtout pour le cas de La Métro
qui passe du statut de communauté d'agglomération à celui
de métropole. Cette situation atténue donc l'évolution
institutionnelle qu'est censé être la métropole, surtout
qu'elle n'a pas permis de rationaliser les compétences entre les
collectivités territoriales (§ 2) telle
qu'imaginée.
§1 : Un statut de
métropole de droit commun à portée
réduite
Si la loi mapam a frappé un grand coup sur le plan
institutionnel en affirmant les métropoles de droit commun par une
création législative, le grand enjeu reste la portée du
statut qu'il attribue à ces métropoles. On a vu que des
compétences de plein droit ont été attribués
à ces métropoles, mais on est encore loin de la proposition du
comité Balladur173(*) qui requerrait la clause générale de
compétences pour les métropoles, ce qui en ferait des
collectivités territoriales de plein exercice. La loi s'est
contentée de qualifier les métropoles d'EPCI, qui à
l'analyse présentent une similarité statutaire avec les
communautés urbaines (A). En outre, les futures métropoles,
notamment celle de Grenoble, doivent cohabiter avec des collectivités
locales très méfiantes, et qui ne leur rendront pas la
tâche facile pour un ancrage territorial (B).
A. Une similarité statutaire avec les
communautés urbaines
L'institution du statut de métropole dans le paysage
intercommunal français dont on dénonce le plus souvent
l'illisibilité vient alourdir la liste des catégories
d'EPCI174(*) existant en
France, d'autant plus que même toutes les métropoles
créées ne sont pas soumis au même régime juridique.
Pour certains spécialistes, le statut des métropoles de droit
commun présente beaucoup de similitudes avec celui des
communautés urbaines qui représentaient jusqu'en 2010 et
l'institut des métropoles, la forme la plus intégrée
d'EPCI en France. En effet, la loi du 16 décembre 2010 définit
une communauté urbaine comme étant « un EPCI
regroupant plusieurs communes d'un seul tenant et sans enclave qui forment,
à la date de sa création, un ensemble de plus de 450.000
habitants et qui s'associent au sein d'un espace de solidarité, pour
élaborer et conduire ensemble un projet commun de développement
urbain et d'aménagement de leur territoire ». Cependant
le seuil de 450.000 habitants sera abaissé à 400.000 par la loi
mapam à la suite de l'institution des métropoles pour lesquelles
le seuil est fixé à 250.000 habitants175(*).
La principale similitude entre la métropole et la
communauté urbaine se situe au niveau des compétences
dévolues à ces deux entités intercommunales. En effet, les
métropoles reçoivent toutes les compétences obligatoires
exercées par les communautés urbaines. Pour Emilie Marcovici,
« l'originalité de la métropole réside dans
sa vocation à exercer des compétences du département, de
la région et de l'Etat 176(*)». Elle constate à cet effet
« qu'en pratique, les compétences des métropoles
peuvent rester relativement proches de celles des communautés
urbaines 177(*)».
S'agissant de la future métropole grenobloise, Thierry
Vignon, considère même sans détour qu'elle ne sera ni plus,
ni moins au 1er janvier 2015 qu'une communauté urbaine parce
qu'à part la voirie départementale qui sera
transférée d'office, et dont la compétence est
déjà exercée par la plupart des communautés
urbaines, il ne se passera rien entre la métropole et le
département.
Si l'on excepte donc le fait qu'elle portera le
« costume de métropole » que lui enfile de
jure la loi mapam, la future métropole de Grenoble ne sera dans la
pratique qu'une communauté urbaine, du moins à ses débuts.
D'ailleurs, l'idée originaire des élus de La Métro
était de transformer la future défunte communauté
d'agglomération en communauté urbaine, comme l'affirme Cyril
Dufresne, ce qui était même initialement à l'origine du
projet d'extension du périmètre.
Le statut de métropole ne sera donc qu'une couverture
pour La Métro à partir du 1er janvier 2015, qui lui
permettra malgré tout de renforcer son assise territoriale et une
légitimité pour pouvoir négocier de nouveaux transferts de
compétences. A l'inverse de ses homologues qui étaient presque
toutes des communautés des communautés urbaines hormis Rennes et
Rouen comme nous l'avions évoqué, et qui exerçaient
déjà la plupart des compétences dévolues aux
métropoles, La Métro part de loin et doit donc également
passer par la « casecommunauté urbaine » en
réalité.
S'agissant des communautés urbaines susceptibles
d'être transformés en métropole, on s'accorde sur le fait
que ce changement de statut n'aura « pour réel effet qu'un
changement de nom 178(*)», le statut des métropoles étant
considéré assimilé à « un
décalque de celui des communautés urbaines ».
Par ailleurs, la loi elle-même confirme cette similitude
entre les deux catégories d'EPCI en renvoyant expressément aux
dispositions du CGCT179(*) en ce qui concerne le transfert des
compétences des syndicats intercommunaux aux métropoles,
notamment en prévoyant « le retrait des communes des
syndicats dont le périmètre inclut en tout ou partie le
périmètre de la métropole en ce qui concerne leurs
compétences obligatoires ». Par rapport à cette
disposition, le professeur Kada qui reconnait à
« l'analyse des institutions métropolitaines et des
compétences qu'il leur revient d'exercer (...) la naissance d'une
nouvelle catégorie juridique relativement homogène
d'EPCI180(*) », se demande quand même si on
peut « dès lors parler de droit commun des
métropoles dans la mesure où celui-ci est identique, sur ce
point, à celui des communautés
urbaines ? 181(*)». Pour couronner la confusion de statut entre
les communautés urbaines et les métropoles, le gouvernement, dans
l'exposé des motifs de la loi mapam, assimile clairement les
métropoles aux communautés urbaines sur le plan du régime
financier, en ce qui concerne le calcul de la dotation
d'intercommunalité et de la dotation de compensation des EPCI.
On assistera donc à la coexistence de deux
entités intercommunales qui n'auront de différence que par
rapport au nom et au seuil d'habitants requis pour leur création. A
partir de cette ressemblance avec les communautés urbaines,
déjà en l'air avec la loi de 2010, et qui a été
confirmée par la loi mapam, les métropoles
« peuvent apparaître comme une sorte de doublon qui ne se
justifie pas, puisque la loi aurait pu se contenter de faire évoluer le
statut des communautés urbaines sans créer une nouvelle
structure 182(*)» qui ne sert finalement qu'à
complexifié davantage l'architecture intercommunale. L'institution des
métropoles ne permet donc pas sur le plan institutionnel
d'alléger comme souhaité, l'organisation territoriale complexe de
la France. Il faudra donc se résoudre à voir dans
l'évolution et le fonctionnement de ces futures métropoles si
elles parviendront à acquérir de fait, ce qu'elles n'ont pas pu
acquérir de droit, c'est-à-dire des compétences
départementales et régionales qui feront d'elles des
entités véritablement intégrées. C'est dans cette
optique que Jean-Claude Douence affirme, en parlant des métropoles de
droit commun en comparaison avec les trois autres types de
métropole183(*)
instituées par la loi mapam, que « les métropoles
ordinaires sont des EPCI, en fait des communautés urbaines, dont on
espère qu'elles obtiendront à l'amiable des compétences
départementales et régionales 184(*)».
On pourrait alors se demander à l'analyse si les
collectivités locales et la métropole réussiront dans
leurs relations à faire ce que la loi n'a pas pu faire ? Pour cela,
il faudra attendre la mise en place effective des métropoles au
1er janvier 2015 et l'issue de la réforme territoriale en
cours qui, comme nous l'avions évoqué, et selon les propos du
tout nouveau secrétaire d'Etat à la réforme territoriale,
André Vallini185(*), qui déclarait presqu'ouvertement la mort des
conseils généraux, dont les compétences devraient revenir
aux régions et aux intercommunalités notamment les
métropoles, qu'il proclame désormais comme échelon de
proximité. L'avenir des départements étant remis en cause,
on est en droit de penser que le statut des métropoles est loin
d'être figé et subira de profonds changements dans les jours
à venir, peut-être pour constituer des métropoles de plein
exercice ?
D'ailleurs, ayant été jusqu'à sa
nomination au gouvernement186(*), Président du conseil général
de l'Isère, André Vallini, pourrait faire de l'Isère, le
département pilote187(*) des nouvelles réformes territoriales, comme
l'a souhaité son remplaçant Alain Cottalorda188(*), ce qui constituerait une
aubaine pour la future métropole grenobloise afin de s'affirmer comme
une métropole de plein exercice. Mais pour l'heure, cette
métropole, doit rechercher son ancrage territorial face à la
méfiance des autres collectivités territoriales.
B. Un ancrage territorial problématique face
à la méfiance des autres collectivités
territoriales
Imposées par la loi, les métropoles doivent
relever le défi de leur ancrage territorial, ce qui va dans le
même sens que l'affirmation d'Emmanuel Négrier, selon laquelle
« l'une des premières questions qui surgit, quant au
renforcement des dispositifs de coopérations intercommunale, est bien
celle de son articulation avec les autres niveaux de gouvernement189(*) ». En
effet, ni la loi de 2010, ni celle de 2014 n'ont pas voulu créer par le
biais de la métropole une nouvelle collectivité territoriale,
hormis à Lyon. Elles l'ont donc cantonnée dans le statut d'EPCI
alourdissant du coup le paysage institutionnel intercommunal et comme nous
l'avions évoqué, créant une confusion avec les
communautés urbaines.
En outre, les métropoles vont devoir composer avec les
communes qui les constituent et aussi avec les autres collectivités
territoriales, ce qui n'exclut pas des risques de conflits quant à la
conduite des affaires locales, d'autant plus que les compétences de ces
différentes entités se trouvent plus que jamais
enchevêtrées.
L'inclusion des communes par voie d'autorité dans la
métropole ne sera pas sans poser des soucis quant à la
cohérence de la cohabitation du couple métropole/communes.
Certains acteurs de la métropole grenobloise n'hésitent
même à affirmer que les communes n'étaient pas
« demandeuses de la métropole 190(*)» au contraire des
formes classiques d'intercommunalités issues du volontariat des
communes. Le caractère intercommunal de la métropole serait donc
remis en cause par les communes qui y voient plutôt une instance
supracommunale instituée par l'Etat pour absorber les communes. En
réalité, la métropole est plus qu'une
intercommunalité, puisqu'elle n'est pas créée par les
communes qui lui auraient volontairement confié leurs
compétences, mais ces dernières ont été mises
devant le fait accompli par l'Etat.
Pour Thierry Vignon, en décidant par voie
d'autorité de la transformation des intercommunalités en
métropole au grand dam du volontariat communal, l'Etat devrait aller
jusqu'au bout de sa logique en créant soit des
« ville-départements » à l'instar de
Paris, ce qui suppose la suppression des communes à l'intérieur
de la métropole ou en généralisant le modèle
lyonnais, qui tout en conservant les communes a intégré le
département. Ce dernier en conclut donc que « la loi mapam
n'est qu'un coup d'épée dans l'eau 191(*)» et « une
révolution en demi-teinte 192(*)».
S'agissant du statut juridique des métropoles par
rapport aux autres collectivités territoriales, la loi mapam n'a pas
fait mieux que celle de 2010, laissant perdurer la même situation. En
effet, faisant le lien entre la métropole de 2010 et celles de 2014 pour
expliquer les raisons pour lesquelles la loi de 2010 avait opté pour le
volontariat des communes, Emilie Marcovici rappelait que «
le gouvernement avait estimé que la métropole devait être
un nouvel outil au service des projets des élus ne pouvant pas se
construire en opposition aux départements et aux régions mais
bien dans une logique de complémentarité , il a refusé
d'en rendre la création obligatoire, préférant faire
confiance aux élus pour se saisir de ce nouvel outil193(*)». Elle poursuit en
citant Brice Hortefeux, le ministre de l'intérieur de l'époque
selon lequel « ce sont ces mêmes raisons qui ont
poussé le gouvernement à retenir le statut d'EPCI et non celui de
collectivité territoriale à part entière194(*)» et à
écarter le modèle de la «
métropole-département » tel que souhaité
aujourd'hui par les observateurs. Dans le même contexte Nelly Ferreira
parlait de « timidité
législative 195(*)» dans la lignée de Jean Claude Douence
qui estimait qu' « en renonçant à
ériger les métropoles en collectivités territoriales, le
gouvernement se contente d'ajouter une nouvelle feuille au mille-feuille
administratif qu'il dénonçait au début 196(*)».
D'ailleurs, les départements n'avaient pas
manqué de montrer leur méfiance à l'institution des
métropoles pensant qu'elles allaient bénéficier d'un
transfert automatique de leurs compétences. Finalement la loi mapam
n'est pas allée plus loin que sa devancière sur ce plan, si ce
n'est la création d'office des métropoles, sans pour autant
toucher à leur statut d'EPCI. Elle a retenu la formule de transferts
conventionnels pour atténuer la portée de la création des
métropoles et rassurer les départements du fait que l'institution
des métropoles ne menace pas leur existence et ne remet pas en cause
leur assise territoriale. L'association des départements de France (ADF)
a ainsi publié un communiqué après une rencontre avec le
Premier ministre d'alors Jean-Marc Ayrault, dans lequel elle
« marque une certaine défiance au regard des projets du
gouvernement pour les métropoles197(*) ». L'ADF lui a «
demandé avec fermeté198(*)» de s'en tenir aux dispositions prévues
par la loi modernisation de l'action publique. Les transferts de
compétences des départements aux métropoles « ne
sauraient être imposés ; le conventionnement volontaire
étant la procédure la plus adaptée199(*)».
Mais avec les projets de réforme toujours en cours, il
semblerait que la cause des départements soit dite et qu'ils devraient
disparaître d'ici peu de l'organisation territoriale française,
comme nous l'avions évoqué. Il s'avère donc que
malgré la fronde des élus départementaux, le gouvernement
a pris la mesure de l'exigence de rationalisation des structures locales pour
« supprimer les compétences entrecroisées et les
financements complexes 200(*)». Si ces réformes venaient être
mises en oeuvre, cela enlèverait une épine des pieds des
métropoles, dont la cohabitation avec les départements
s'avérerait houleuse, et les compétences conventionnelles
envisagées par la loi du département aux métropoles en
étaient problématique. D'ailleurs, les métropoles à
l'instar de la métropole de Grenoble ne s'en cachent pas, et
n'inscrivent pas ces compétences conventionnelles à l'ordre du
jour de la transformation en métropole, mais s'en remettent aux
évolutions législatives en ce sens.
La remise en cause de l'échelon départemental
confirme donc la mise en place du couple région/métropole pour la
mise en oeuvre de la décentralisation. Mais la question qui se pose est
de savoir s'il s'agit d'un couple aussi homogène que le laissent croire
les principaux acteurs ? N'y aurait-il pas des problèmes de
cohabitation entre ces deux entités ?
Dominique Perben pointe du doigt le risque de conflit entre
les régions et les métropoles. Il affirme donc que
« les régions risquent de devenir, après les
départements, des adversaires des métropoles 201(*)». Il justifie son
affirmation par le fait que les deux institutions sont compétentes en
matière de développement économique, d'autant plus que les
métropoles auraient besoin de s'affirmer sur le plan économique
et développeraient donc des politiques économiques
indépendamment ou en concurrence avec la région. Il pense pour
remédier à ce risque qu' « une convention de
coopération région-métropole serait sans doute
nécessaire pour harmoniser les actions de promotion économique et
d'aide aux entreprises 202(*)» et « la région devant
rester garante d'un équilibre positif entre la métropole et son
espace régional 203(*)».
Dans le cas de la métropole grenobloise, et comme nous
l'avions mentionné plus haut, elle constitue la seule des douze (12)
créées par la loi mapam à ne pas être chef-lieu de
région. On pourra alors se demander s'il s'agit là d'un atout ou
d'un obstacle pour la visibilité, l'attractivité et l'ancrage
territorial de la métropole, d'autant plus que la métropole
grenobloise partage le même territoire régional que
« l'ogre » lyonnais.
En effet, si l'on analyse l'institution des métropoles
comme un vecteur d'équilibre territorial de la France, on comprendrait
aisément que la région Rhône-Alpes, qui la plus grande, et
hormis Paris, la plus-peuplée et la plus importante sur le plan
économique puisse bénéficier de deux métropoles, et
d'autant plus que la métropole de Lyon dispose d'un statut
complètement différent. On pourrait alors considérer que
Grenoble serait dans l'ombre de Lyon et que sa visibilité serait
impactée par la force de Lyon, mais cela peut également
constituer un atout pour la métropole grenobloise en termes de
coopération et d'échanges de bons procédés avec le
voisin lyonnais pour s'affirmer rapidement comme une métropole de plein
exercice.
Si les risques de conflit entre la métropole et les
collectivités territoriales avec lesquelles elle doit cohabiter sont
réels et pourront impacter son ancrage territorial, ces risques
s'avèrent plus évidents si l'on observe l'articulation des
compétences de la métropole avec celles des autres
collectivités territoriales.
§ 2 :L'articulation incertaine des
compétences de la métropole avec celles des autres
collectivités territoriales
En lançant « son acte III de la
décentralisation 204(*)» par l'institution d'un nouvel échelon
de l'action publique locale, en l'occurrence les métropoles,
dotées de statuts différents et complexes, le législateur
français n'a pas semblé répondre à
l'éternelle critique dont fait l'objet la répartition des
compétences au niveau local. Il a certes voulu faire de ce nouvel outil
intercommunal, qui par ailleurs complexifie davantage le régime des
EPCI, un remède à l'enchevêtrement des compétences
entre les collectivités locales en lui donnant la possibilité
d'exercer des compétences de tous les niveaux de collectivité, et
en même temps un remède à l'émiettement tant
dénoncé des communes françaises. Mais l'analyse
révèle qu'il ne s'agit que d'un vrai-faux remède (A) car
n'ayant pas doté les métropoles d'un statut juridique très
fort pour s'ancrer dans le paysage local et laissant subsister l'échelon
communal, même vidé de ses compétences, à
l'intérieur des métropoles. Toutefois, la création
d'institutions de coordination de politiques publiques et d'harmonisation de
compétences par la même loi (B), semble obéir à ce
voeu prononcé par le gouvernement « d'identifier
clairement les échelons pertinents de l'action
publique 205(*)» locale.
A. La métropole, vrai faux-remède à
l'émiettement communal et à l'enchevêtrement des
compétences entre collectivités
Lorsque l'adoption de la loi mapam se pointait à
l'horizon, beaucoup d'observateurs s'attendaient à ce qu'elle constitue
par l'institution autoritaire des métropoles, un remède à
l'enchevêtrement des compétences entre les collectivités en
clarifiant d'une part le paysage intercommunal, et d'autre part, l'organisation
décentralisée de la France dont on reproche souvent la
complexité et marquée par un très fort émiettement
communal. Mais à l'arrivée, le constat est clair : Les
métropoles ne constituent ni un remède à
l'émiettement communal, ni un outil de clarification des
compétences entre les collectivités locales.
En effet, s'il est vrai que le législateur a
frappé un grand coup en créant d'autorité les
métropoles et en renforçant leurs compétences obligatoires
par le dépouillement des communes de la plupart de leurs
compétences, il n'en demeure pas moins que les communes gardent toujours
leur assise territoriale et leur statut de collectivité territoriale
à l'intérieur de la métropole. On est donc loin de la
proposition du comité Balladur tendant à ne faire des communes
à l'intérieur des métropoles, que « des
personnes morales de droit public 206(*)» à qui ne serait dévolues
que « telle ou telle compétence de
proximité 207(*)». Il en résulte que même si la
plupart de leurs compétences seront entre les mains de la
métropole, les communes gardent toujours une frange importante de
compétences qui ne pourront passer sous le contrôle de la
métropole que si les communes le veulent bien. Ces transferts s'ils
advenaient, se feraient donc à la carte et au bon vouloir de chaque
commune, au gré des affinités politiques entre élus ou des
réalités économiques des communes et aboutiraient donc
à complexifier davantage le fonctionnement de l'intercommunalité,
dans la mesure où la métropole exercera sur certains territoires
communaux de compétences qu'elle n'exercera pas ailleurs. Comme
l'affirmait Thierry Vignon, « il y aura un bug dans le
système 208(*)».
Il faut signaler qu'en France, l'échelon communal jouit
d'une certaine immunité contre les réformes territoriales, qui se
gardent toujours de ne pas le remettre en cause, même si plusieurs
comités établis pour faire des propositions sur la
réorganisation territoriale ont pointé du doigt, dans leur
rapport, le manque de pertinence du maintien de cet échelon dans le
système politico-administratif local français. En effet, pour
Christian Lefèvre, le caractère intouchable des communes dans
les réformes ou projets de réforme de l'organisation territoriale
française est dû au fait qu'on représente la commune en
France comme « la cellule de base de la
démocratie 209(*)», faisant partie du « patrimoine
génétique de la nation 210(*)».
Sur la pertinence du maintien des communes à
l'intérieur des territoires métropolitains, certains observateurs
estiment que « lorsqu'il n'y a pas de rupture dans l'urbanisation
d'une commune à l'autre 211(*)», il n'y a aucun intérêt à
conserver « précieusement la limite
territoriale 212(*)». La solution serait donc d'opter pour
« la fusion des communes en milieu urbain à l'heure du
renforcement des métropoles depuis la loi du 27 janvier
2014 213(*)». Si cette solution est pertinente et devrait
permettre de constituer des métropoles à échelon unique
susceptible de rationaliser le territoire métropolitain, le virage pris
par les projets de réforme en cours ne semble pas l'envisager ; les
départements et les régions constituant les seules cibles
privilégiées à réformer au plan local. On peut
dès lors se dire que si la loi mapam constitue une occasion ratée
pour réformer l'échelon communal, on ne peut pas pour l'heure en
attendre mieux des lois qui vont suivre pour réformer l'organisation
territoriale française.
La métropole de Grenoble, dont le territoire est
considéré comme reflétant le quotidien, le bassin de vie
des habitants de l'agglomération, doit donc composer en son sein avec 49
communes, même si à certains niveaux, on se pose la question du
maintien des limites territoriales. En effet, certaines communes sont
collées l'une à l'autre par une continuité des habitations
que seul le panneau indiquant le nom de l'autre commune permet de se rendre
compte qu'on est sur un autre territoire communal. C'est notamment le cas des
communes périphériques de la banlieue grenobloise comme Fontaine,
Saint-Martin-D'Hères, Echirolles ou Seyssinet-Pariset, qui peuvent
même être presqu'identifiées à des quartiers de
Grenoble. Cette situation observée au niveau de la métropole
grenobloise illustre bien les interrogations qui précèdent sur la
l'intérêt de la conservation des limites territoriales
institutionnelles qui ne sont plus qu'artificielles.
Hormis le problème de l'émiettement communal
auquel elle n'a pas pu remédier, On peut également faire le
même reproche à la loi mapam en ce qui concerne l'articulation des
compétences entre la métropole, le département et la
région. En effet, l'institution de la métropole, bien que la loi
lui dénie le statut de collectivité territoriale, alourdit le
système local français en faisant de la métropole,
pratiquement un quatrième échelon de l'organisation
décentralisée française. En effet, tout comme les trois
niveaux de collectivités existant et, qui pour certains rendaient
déjà trop complexe l'organisation territoriale française
et était source d'enchevêtrement de compétences au plan
local, la métropole est dotée par la loi de compétences
propres, mais ne disposent quand même pas de la clause
générale de compétences à l'instar du
département et de la région. Toutefois, des incohérences
persistent dans le système de répartition des compétences.
Pour éluder ces incohérences dans la répartition des
compétences entre les collectivités locales, Jean Claude Mairal
s'appuie sur l'exemple de la compétence des transports qui est
partagée entre régions, départements et
intercommunalités. Il se demande à cet effet,
« comment ne pas voir en matière de transports (...) le
peu de cohérence entre la Région en charge des TER (rail ou
routes), les conseils généraux en charge de l'interurbain et les
agglomérations responsables de l'urbain ? 214(*)». Il pense qu'une
gestion partagée de l'ensemble des transports constitue sans doute la
solution à l'enchevêtrement des compétences. Il subsiste
également une incohérence entre l'attribution de la
compétence de la politique de la ville à la métropole,
alors que celle de l'action sociale reste un domaine réservé au
département, illustrée par Dominique Perben en ces termes :
« comment assurer une bonne gouvernance d'un même espace
urbain lorsque la collectivité qui est en charge de « construire la
ville » n'est pas responsable du suivi humain des populations
concernées 215(*)».
Il est vrai que la désignation des collectivités
chefs de file pour l'exercice de certaines compétences au plan local par
la loi mapam peut être considérée comme une parade
trouvée par le législateur pour faire face à
l'enchevêtrement de compétences. Cette désignation qui se
fonde sur les dispositions de l'article 72 al. 5 de la Constitution216(*), est
« particulièrement utile lorsqu'une compétence est
enchevêtrée entre plusieurs niveaux d'administration ; cela
permet d'affirmer la vocation prioritaire d'un niveau de collectivité
afin de coordonner l'action locale217(*) ». Il ne s'agit pas d'enfreindre
à l'interdiction constitutionnelle de tutelle218(*) de toute collectivité
sur une autre, mais de confier à une collectivité
« un rôle dominant par rapport aux interventions des autres
catégories de collectivités dans le domaine
concerné 219(*)». Ainsi, la commune ou l'EPCI, auquel elle a
transféré ses compétences, est désigné comme
chef de file220(*) de
l'action publique locale en ce qui concerne les compétences de
mobilité durable, d'organisation des services publics de
proximité, d'aménagement de l'espace et de développement
local.
Toutefois, le rôle de chef de file des métropoles
dans ces domaines n'étant pas spécifié, sans doute parce
qu'elles n'ont pas le statut de collectivité territoriale, elles devront
se rabattre sur les compétences transférées par les
communes dans ces domaines pour agir en la matière.
Éric Giuily considère que le
rétablissement de la clause générale des
compétences au profit des régions et des départements est
une contradiction majeure du gouvernement dans sa perspective annoncée
de simplification et de rationalisation de l'action publique. Il se demande
à cet effet, « comment permettre à tous
d'intervenir dans tous les domaines, tout en amorçant un « choc de
simplification » de l'action publique ? 221(*)». Pour lui le
gouvernement a choisi de répondre à cette contradiction par la
création d'instances de dialogue entre élus et d'outils de
coordination, entre l'État et les collectivités et entre les
collectivités elles-mêmes et dont l'objectif de
« susciter une dynamique de coopération entre les
territoires, qui aboutirait idéalement à une organisation
optimale des collectivités entre elles et une mutualisation de leurs
services, décidées par elles et pour elles ».
La tâche reviendra alors aux instances de coordination
de l'action publique locale entre les communes et la métropole et
d'harmonisation des compétences entre les différents niveaux de
collectivité territoriale, y compris la métropole de
résoudre les problèmes d'enchevêtrement des
compétences à l'échelle locale.
B. L'importance des instances de coordination et
d'harmonisation des compétences
Comme nous venons de le voir, le problème
d'enchevêtrement des compétences entre les différents
niveaux de collectivités territoriales n'est pas complètement
réglé par l'avènement des métropoles. Mais à
l'heure de la modernisation de l'action de l'action publique, qui exige une
clarification des compétences entre les différents acteurs et une
rationalisation de l'action publique locale, les instances de coordination et
d'harmonisation instituées par la loi mapam auront un grand rôle
à jouer.
En effet, dans un premier temps, le gouvernement avait
envisagé la création d'un « Haut-conseil des
territoires » destiné à harmoniser les
compétences au plan local. Mais cette disposition qui figurait dans le
projet de loi initial déposé par le gouvernement a
rencontré l'opposition du Sénat qui bien évidemment
à supprimer la disposition prévoyant cette institution dans le
projet de loi adopté le 06 juin 2013 au grand dam des associations
d'élus, à l'origine de cette institution. Le Président du
Sénat, Jean-Pierre Sueur a même été très
catégorique sur ce point en déclarant qu' « un
texte intégrant le Haut conseil des territoires ne passait pas au
Sénat 222(*)». On considère que la suppression de
cette institution est motivée par le fait que « pour les
sénateurs, cette instance (...) destinée à être
consultée sur tout projet de loi relatif à l'action publique
locale, marchait sur leurs platebandes223(*) ».
Le Haut conseil des territoires élagué par le
Sénat, la charge de l'harmonisation et de la coordination des
compétences et de l'action publique locale reviennent donc à deux
autres institutions créées par la loi mapam et dans lesquelles
les métropoles seront parties prenantes : il s'agit de la
Conférence territoriale de l'action publique (CTAP) et de la
conférence métropolitaine (CM). Ces deux institutions qui doivent
intervenir respectivement au niveau supra (Etat, région et
départements) et infra-métropolitain (communes) font partie des
grandes innovations de la loi mapam en ce qui concerne la rationalisation de
l'action publique locale.
Selon les dispositions de l'article L.5217-8 CGCT,
« la conférence métropolitaine est une instance de
coordination entre la métropole et les communes membres, au sein de
laquelle il peut être débattu de tous sujets
d'intérêt métropolitain ou relatifs à
l'harmonisation de l'action des collectivités ». La loi
mapam prévoit d'ailleurs la composition224(*) de la CM et très
sobrement son mode de fonctionnement225(*). Composée des maires des communes membres de
la métropole sous la direction du Président du Conseil de
métropole, cette institution n'est pas un « conseil de
métropole bis », mais plutôt une instance
consultative. Ainsi donc, la conférence métropolitaine de la
future métropole grenobloise se composera des maires des 49 communes
membres et aura pour tâche de se prononcer sur les projets engageant la
métropole et les communes, mais aussi de déterminer les
« sujets d'intérêt
métropolitains » dont il peut être débattu.
Là encore, intervient la notion de l' intérêt
métropolitain, dont, du contenu qui lui sera donné par les
élus, dépendra la bonne marche de cette instance, dans la mesure
où un sujet qui ne serait pas reconnu d'intérêt
métropolitain serait exclu du débat de la CM. Mais là, la
loi est restée muette quant aux modalités de détermination
de cet intérêt métropolitain, ce qui pourra constituer une
entrave au fonctionnement de la CM. En même temps, on peut
considérer que la généralité de la formulation
retenue par la loi, ouvre un champ libre aux interventions de cette
institution. Tout dépendra alors du degré de
responsabilité des élus à soumettre tel ou tel sujet au
débat à la CM.
Concernant la Conférence territoriale de l'action
publique, il faut souligner qu'il ne s'agit pas d'une instance
métropolitaine, mais une institution regroupant tous les niveaux de
collectivités sur le territoire desquels se trouve la métropole,
et dont cette dernière est partie prenante. La CTAP est une institution
créée dans chaque région et « chargée
de favoriser un exercice concerté de compétences des
collectivités territoriales, de leurs groupements et de leurs
établissements publics226(*) ». Cette institution,
présidée par le Président du Conseil Régional et
qui rassemblera tous les exécutifs locaux227(*), est investie
d'attributions consultatives228(*) dans le cadre de « l'exercice des
compétences » et « la conduite des
politiques publiques nécessitant une coordination ou une
délégation de compétences entre les collectivités
territoriales et leurs groupements ». Initialement le
gouvernement avait voulu siéger dans cette instance par
l'intermédiaire du Préfet, mais cette disposition a
été amendée par le Sénat, tout comme le pacte de
gouvernance territoriale qu'elle devrait élaborer. Finalement, la
participation du représentant de l'Etat n'est admise par la loi, et
à sa demande, que « lorsque la conférence donne son
avis sur une demande d'une collectivité territoriale ou d'un EPCI
à fiscalité propre tendant à obtenir la
délégation de l'exercice d'une compétence de
compétence de l'Etat 229(*)». L'intérêt de la CTAP en ce qui
concerne l'institution d'une métropole comme celle de Grenoble,
réside dans sa vocation à donner son avis sur les
délégations de compétences opérées vers
cette dernière par l'Etat et les autres collectivités
territoriales. En effet, pour pouvoir jouer pleinement son rôle de
métropole, et s'extraire de la confusion avec les communautés
urbaines, les métropoles doivent exercer des compétences des
autres collectivités territoriales. Ces compétences ne pouvant
être attribuées à la métropole que par convention,
la CTAP jouera donc un grand rôle étant donné qu'elle est
appelée à être consulté sur tous les types de
délégation.
***
Au final, on se rend compte que la portée du statut des
métropoles en France, au regard de la loi mapam, reste encore
très faible. Hormis, le fait qu'elles ont été
créées par la loi, ce qui n'est d'ailleurs pas une
première pour des EPCI, comme nous l'avons dit, les métropoles
n'opèrent pas pour l'instant la révolution tant attendue dans
l'organisation territoriale française. Leur statut d'EPCI, les
subsistances de l'échelon communal en leur sein, les compétences
départementales et régionales de proximité liées
à des conventions à négocier avec ces entités, sont
autant de faiblesses qui amenuisent la portée réelle de
l'institution des métropoles. Dans le cas de la future métropole
grenobloise, le statut de métropole ne peut quand même pas
occulter le fait qu'elle ne sera sur le plan fonctionnel qu'une
communauté urbaine avec des compétences communales, mais
améliorée par l'élargissement du périmètre
de son territoire et le nombre d'habitants qu'elle est appelée à
couvrir. Elle dispose par ailleurs d'un territoire très
hétérogène marqué par la césure
« urbain-rural » qu'elle doit concilier pour
assurer sa cohésion territoriale et sociale avec pour maître-mot,
« la solidarité » avec la prise en compte
des spécificités territoriales. Au demeurant, elle portera bel
et bien le nom de métropole à partir du1er janvier
2015 et devra mettre en oeuvre les nouvelles compétences qui lui sont
attribuées dans une logique de simplification et de proximité
avec les citoyens.
LA MISE EN OEUVRE DES COMPETENCES METROPOLITAINES :
ENJEUX DE SIMPLIFICATION DE L'ACTION PUBLIQUE LOCALE ET DE PROXIMITE AVEC LES
ADMINISTRES
DEUXIEME PARTIE
Pour Pierre Tonneau, « c'est un souci de
simplification 230(*)» qui sous-tend la création des
métropoles en France. Cette simplification se traduit selon lui par le
fait que la métropole deviendra « un lieu unique pour
prendre des décisions politiques fortes 231(*)» avec l'exemple de
« la mise en commun des compétences en matière
d'eau et d'énergie qui seront gérés par la future
Métro 232(*)». Ces propos de l'ex-Directeur
Général des services de La Métro, prononcés au
début de l'année 2014 alors qu'il était encore en poste,
résument les enjeux qui se présentent à La Métro en
termes de rationalisation de l'action publique locale.
Pour y parvenir, la loi a mis à la disposition des
métropoles les outils nécessaires, dont l'utilisation renforcera
l'intégration communautaire qui faisait défaut à
l'ancienne Communauté d'agglomération et qui s'impose aujourd'hui
à la future métropole. Toutefois, si métropole peut
être considérée comme un outil de simplification de
l'action publique locale (Chapitre 1er), elle ne
doit pas remettre en cause la proximité de la mise en oeuvre de cette
action publique avec les citoyens, dont les communes sont garantes. Une
territorialisation de l'action publique s'impose dans la gouvernance
métropolitaine. Les citoyens sont également appelés
à s'impliquer dans les choix métropolitains à travers les
différents dispositifs de la démocratie participative mis en
place par la communauté d'agglomération, et qui
nécessitent un renouveau pour s'adapter aux nouveaux enjeux
métropolitains (Chapitre II).
CHAPITRE 1er :
LA METROPOLE, OUTIL DE SIMPLIFICATION DE L'ACTION
PUBLIQUE LOCALE DANS L'AGGLOMERATION GRENOBLOISE ?
« Simplicité » et
« efficacité » sont les deux termes qui
reviennent le plus souvent lorsque les acteurs parlent l'impact de
l'institution des métropoles sur l'action publique locale. En effet, le
système d'administration local français est souvent taxé
d'illisible pour les citoyens du fait de sa complexité et coûteux
pour les finances de l'Etat, en raison des frais de fonctionnement des
institutions locales et de gestion des équipements et des services
publics locaux. Dès lors, les voix s'élèvent chaque jour
pour requérir une action publique locale plus simple, lisible pour le
citoyen, qui doit être de plus en plus proche des lieux de
décision, et une action publique rationalisée permettant la
réalisation d'économies d'échelle dans un contexte de
contraintes budgétaires, marqué par la baisse des dotations de.
Pour réaliser ces objectifs, la loi a mis des outils à la
disposition des collectivités locales et qui devront être
utilisées par les métropoles pour rationaliser l'action publique
locale. Ainsi, le recours à la mutualisation des services entre la
métropole et les communes membres et la mise en place de services
communs (Section 1ère) sont des
procédés qui pourront permettre à la fois à la
métropole d'être efficace à moindre coût, tout en se
rapprochant des administrés (Section II)
SECTION 1ère: LE
RECOURS A LA MUTUALISATION DES SERVICES PAR LA METROPOLE
La mutualisation des services est un procédé qui
est aujourd'hui inscrite à l'agenda de tous les EPCI à
fiscalité propre et devrait être également usitée
par les métropoles pour atteindre l'objectif de rationalisation de
l'action publique locale, cher aux pouvoirs publics. En effet, la mutualisation
s'impose aujourd'hui comme une nécessité pour les administrations
locales afin d'optimiser leur rendement et d'assurer un service efficace aux
administrés. Cette efficacité de l'action publique locale est
garantie par le fait que la mutualisation est « l'un des outils
de l'intégration intercommunale permettant de conjuguer
solidarité dans les moyens et proximité dans la mise en
oeuvre233(*) ». Il en ressort donc que si la
mutualisation au sein des EPCI est un vecteur de rationalisation de l'action
publique locale (§ I), elle peut garantir en même
temps l'efficacité de cette action publique locale en renforçant
également l'intégration intercommunale (§
2)
§ 1 : La mutualisation, vecteur de
rationalisation de l'action publique locale
Le cadre juridique de la mutualisation des services a
été renforcé par la loi du 16 décembre 2010 qui
impose aux EPCI l'élaboration des schémas de mutualisation des
services (A). La mutualisation apparaît donc aujourd'hui comme une
contrainte législative, qui concilie les objectifs d'efficacité
de l'action publique locale et de réduction des coûts de
fonctionnement des services (B).
A. L'obligation législative d'élaboration
des schémas de mutualisation des services
En instituant les métropoles, EPCI fortement
intégrés, la loi a insisté sur la nécessité
de mutualiser les services des communes au sein du bloc métropolitain
dans un souci d'efficacité et de réduction des frais de
fonctionnement. En effet, outil de rationalisation de l'action publique locale,
la mutualisation des services est désormais une obligation pour les EPCI
à fiscalité propre notamment les métropoles. Ils sont donc
tenus de mettre en place un schéma de mutualisation des services
conformément à la loi du 16 décembre 2010. Cette
obligation issue de l'article 67 de la loi précitée, est inscrite
à l'article L. 5211-39-1 CGCT234(*) qui est entré en vigueur à partir du
1er mars 2014.
Guillaume Dumas résume ainsi la situation :
« la mutualisation constituera certainement l'axe majeur de la
réflexion des élus du mandat 2014/2020. Les
intercommunalités auront trois mois après le renouvellement des
conseils municipaux pour présenter un schéma de mutualisation aux
communes. Aucune sanction n'est prévue si ses prescriptions ne sont pas
mises en oeuvre, mais les pénalités financières sont
à prévoir. La loi mapam évoque un coefficient de
mutualisation. La dotation globale de fonctionnement baissera certainement s'il
n'est pas atteint 235(*)». De cette analyse, il ressort que la
mutualisation des services sera à la fois source de rationalisation de
l'action publique au niveau des EPCI mais aussi leur survie financière
en dépend. Si dans sa rédaction, l'article L. 5211-39-1 CGCT ne
présente pas un aspect contraignant pour les EPCI en ce qui concerne
l'élaboration des schémas de mutualisation des services, parce
que ne prévoyant pas de sanction en cas de non élaboration,
l'incitation financière prévue à cet effet, constitue en
soi une obligation implicite de la loi.
Il faut rappeler qu'à l'origine la question de la
mutualisation des services n'était pas abordée par le projet de
loi mapam. Les dispositions relatives à cet outil étaient
plutôt contenues dans le volet n° 03236(*) des projets de loi sur la
décentralisation, qui prévoyait en son article 39 la
création d'une dotation de mutualisation équivalant à 10%
de la dotation globale des communautés et qui aurait varié en
fonction d'un « coefficient intercommunal de
mutualisation ». Mais cette disposition a été
remontée dans la loi mapam, avec quelques modifications, par le
Sénat, lors de sa première lecture, notamment en rebaptisant le
« coefficientintercommunal de mutualisation »,
« coefficient de mutualisation des
services »237(*). L'intérêt de l'instauration de ce
coefficient est bien évidemment d'inciter les EPCI à mutualiser
plus de services afin de réduire les couts de fonctionnement, en
maitrisant notamment la masse salariale.
L'enjeu immédiat pour La Métro est donc
d'élaborer son schéma de mutualisation et devra pour cela
s'appuyer sur le recensement des mutualisations déjà
opérées par la communauté d'agglomération avant son
érection en métropole. D'ailleurs, les élus
métropolitains en ont pris conscience en incluant dans les travaux
techniques préparatoires répertoriés dans la
délibération-cadre du 04 juillet 2014, un groupe technique
« ressources et mutualisation » parmi les sept
groupes thématiques créés à cette occasion pour
« préparer la réflexion des élu-es sur les
principales questions posées par la transformation en
métropole 238(*)». Il s'agira donc pour ce groupe technique de
baliser le chemin à l'élaboration du schéma intercommunal
de mutualisation dont les élus décideront librement du
contenu.
Le renforcement de la mutualisation des services qui permettra
de rationaliser l'action publique locale au niveau de l'agglomération
grenobloise, pourra permettre également de renforcer
l'intégration communautaire qui a fait défaut à La
Métro jusqu'à la transformation en métropole. Ainsi donc,
entre les objectifs d'efficacité et de réduction des coûts
de fonctionnement, la mutualisation apparaît aussi comme un facteur
d'intégration communautaire
B. La mutualisation : entre objectifs
d'efficacité de l'action publique locale et de réduction des
couts de fonctionnement et facteur d'intégration
communautaire
L'obligation de mutualisation des services publics locaux
imposée par la loi aux collectivités territoriales, notamment aux
communes et EPCI est guidée par des soucis de rationalisation de
l'action publique locale. Cet objectif de rationalisation se décline en
deux perspectives que sont l'efficacité des services rendus aux
administrés et la réduction des coûts de fonctionnement
dans un contexte de crise économique et d'austérité
budgétaire. En d'autres termes, et d'une manière plus banale mais
évocatrice, on peut dire que le but de la mutualisation des services
pour les collectivités territoriales est d'être plus efficace
à moindre coût. La mutualisation est donc souvent
présentée comme un levier d'économies d'échelle
« dans un contexte budgétaire contraint (...) dès
lors que l'on raisonne à moyen et long termes, de renforcer l'efficience
des administrations publiques (...) en allouant au mieux les ressources
humaines au sein du bloc communes/communautés239(*) ».
Coupler à la fois les objectifs d'efficacité et
de réduction des couts de fonctionnement revient donc pour les EPCI
à utiliser la mutualisation comme un outil de renforcement de
l'intégration intercommunale tant souhaité dans le contexte
actuel de réforme permanente des collectivités territoriale
faisant des intercommunalités l'échelon d'avenir porteur de
rationalisation de l'action publique. La mutualisation devra donc permettre de
« conjuguer solidarité dans les moyens et proximité
das la mise en oeuvre 240(*)».
La métropole qui concentrera désormais la
majeure partie des compétences communales devra donc être porteuse
de ce changement, en parfaite coordination avec les communes membres.
L'efficacité de l'action publique locale portée
désormais par la métropole passe donc d'abord par la
détermination de l'échelon pertinent de mise en oeuvre des
politiques publiques, entre les communes et la métropole afin
d'éviter des doublons. Il en va de la simplification de l'action
publique et de la réduction des coûts de fonctionnement.
Parallèlement, dans un EPCI d'aussi grande envergure en
termes de territoire couvert et de compétences comme une
métropole, la mutualisation peut être un facteur de
l'intégration communautaire tant recherchée sur le plan
intercommunal. En effet, l'intégration communautaire recouvre plusieurs
réalités qui vont de la définition de grands projets
communautaires à la gestion en commun de politiques publiques
« ou dans la définition d'un projet unique de territoire
faisant la synthèse entre le projet communautaire et les projets
communaux 241(*)». Le degré de mutualisation constitue
donc l'un des indicateurs de mesure de l'intégration communautaire, qui
d'ailleurs était de l'avis de presque tous les observateurs, moins forte
au niveau de La Métro sous le statut de Communauté
d'agglomération. Ceci peut être justifié par le nombre
réduit de compétences qu'exerçait cette institution et qui
sera relevé au 1er janvier 2015, nécessitant alors
plus de mutualisation et favorisant ainsi l'intégration communautaire.
Pour être facteur d'intégration communautaire, la
mutualisation doit d'abord être dépouillée des
arrières-pensées qui constituent des obstacles à sa
réussite. Il s'agit notamment des réticences des communes
périphériques qui craignent plus souvent que la mutualisation ne
favorise l'emprise de la ville-centre sur la structure intercommunale, comme
nous le verrons plus loin dans ce chapitre. Un climat de confiance entre
élus est donc indispensable pour la réussite de la mutualisation.
Il faudra également dissiper les craintes des administrés
relatives à l'éloignement par la mutualisation des centres de
décision.
Toutes ces arrière-pensées et craintes sur la
finalité de la mutualisation associées à la
complexité de son régime démontrent que sa mise en oeuvre
est loin d'être évidente.
§ 2 : La mise en oeuvre de la
mutualisation des services dans les EPCI : entre complexité de
régime et controverses sur la finalité
Dans sa mise en oeuvre, la mutualisation affecte à la
fois les agents et les services concernés. En effet, l'ADCF
définit la mutualisation comme « la situation d'un service
et de ses agents placés sous une autorité hiérarchique
partagée 242(*)». En réalité, les services et les
agents suivent les compétences transférées. Et dans le
cadre d'un EPCI aussi intégré que la métropole avec des
compétences élargies au détriment des communes et
peut-être ultérieurement des autres collectivités
territoriales, les transferts de compétences auront des
conséquences sur les services et les agents (A). Il s'agit d'un
régime complexe dont la finalité est sujette à
contestation par les communes périphériques qui se montrent
méfiants vis-à-vis de la ville-centre (B)
A. Les conséquences des transferts de
compétences à la métropole sur les services et les agents
concernés
Pour explorer le régime de la mutualisation des
services dans les EPCI, il convient de rappeler qu'initialement la
mutualisation était dictée par des considérations
politiques notamment la concordance de couleur politique entre majorités
ou exécutifs de la ville-centre et de la structure intercommunale, comme
ce fut le cas pendant une longue période dans l'agglomération
grenobloise, les présidents de la communauté
d'agglomération depuis sa création en 2000 et le maire de la
ville de Grenoble étant issus du même bord politique, notamment la
gauche. Progressivement, cette pratique (la mutualisation) s'est ancrée
dans le dispositif intercommunal pour se développer entre les communes
et la structure intercommunale jusqu'à son érection en principe
directeur de l'intégration intercommunale par la loi.
En effet, le vocabulaire juridique ne connaissait pas le terme
de « mutualisation ». Il n'a en tant que tel
été appréhendé par le droit réellement
qu'à partir de la loi du 16 décembre 2010 qui a induit la
nouvelle version de des articles 5211-4-1243(*) et suivants du CGCT. Cette disposition
définit en quelque sorte le régime de la mutualisation qui
affecte à la fois les compétences, les services et les agents des
collectivités concernées. La mutualisation peut donc aller dans
les deux sens244(*), en
savoir des communes vers l'EPCI et inversement. Mais nous nous
intéresserons ici uniquement au régime de la mutualisation
résultant des transferts de compétences des communes aux EPCI,
notamment aux métropoles.
La création des métropoles par la loi et le
transfert de bon nombre de compétences communales à cette
dernière, entraine donc de jure, conformément aux
dispositions des articles 5211-4-1 et suivants du CGCT, le transfert des
services communaux chargés de l'exercice de ces compétences ainsi
que les agents relevant de ces services à la métropole. Il est en
de même pour les compétences de l'Etat, du département et
de la région transférées à la métropole. Il
en résultera une administration métropolitaine pléthorique
mais adaptée à l'étendue des compétences que la
métropole est appelée à exercer. La loi mapam
intègre ces modalités en son article 34 dont les dispositions
forment sont à l'origine de la création d'une « section
6 » au chapitre VII du titre Ier du Livre II de la VIe
partie du CGCT. En effet, l'article L.5217-21 traite du sort des services et
des agents concernés par les transferts de compétences selon
trois modalités qui découlent du mode de transfert de
compétence.
Lorsque la loi procède au transfert de
compétences comme c'est le cas pour les compétences communales
qui relèveront désormais de la métropole et qui sont
mentionnées au I de l'article L.5217-2, le transfert de
compétences entraine mutadis mutandis celui des services ou
parties de services qui participent à son exercice.
En ce qui concerne les transferts conventionnels, le transfert
des services est réglé par la convention opérant le
transfert de la compétence concernée, en distinguant le cas des
services de l'Etat qui sont « mis à
disposition » et du département ou de la région
qui sont « transférés » de la
métropole. Parallèlement les agents de ces services sont
transférés dans les mêmes conditions, d'où le renvoi
opéré par l'article L.5217-21 aux modalités prévues
à l'article L.5211-4-1. Cette disposition est fondée sur le
principe de la protection des emplois qui veut que « les agents
suivent les compétences et bénéficient d'une protection
dans leur emploi, leur carrière, leur rémunération et
leurs avantages, lorsqu'ils font mouvement d'une commune vers un
EPCI... 245(*)».
Il faut également mentionner que les procédures
de mutualisation affectant les agents, ces derniers ne sont pas en
majorité favorable à la mise en oeuvre de ces procédures.
L'ADCF estime que « cette réticence montre la
nécessité d'associer au maximum les agents afin de
démystifier la mutualisation246(*) ».
La Métro, ayant pris la mesure de l'importance des
transferts de personnels qu'elle sera amenée à enregistrer, a
inscrit dans ses priorités pour la phase de transition vers la
métropole, de garantir une intégration dans les meilleurs
conditions des personnels appelés à rejoindre la future
métropole. L'enjeu est d'autant plus important du côté de
La Metro dans la mesure où elle se trouve à la croisée des
chemins de deux évolutions institutionnelles. En effet, à peine
aura-t-elle le temps d'intégrer les agents des communautés de
communes avec lesquelles elle a fusionnée le 1er janvier
2014, qu'il lui faudra gérer le cas des nouveaux personnels
transférés par les communes. Tout en déplorant le
télescopage de ces différents changements, Pierre-Yves Drogue y
dégage quand même un intérêt pratique pour La
Métro. Il considère en effet que « la fusion a
quand même permis à La Métro de faire un exercice pratique
sur l'intégration des personnels avec l'accueil des agents en provenance
des communautés qui ont fusionné. Ça lui aura permis de
travailler sur ces questions-là et elle se trouvera moins démunie
quand il s'agira de gérer la question du nombre important d'agents qui
vont être transférés au 1er janvier 2015247(*) ». Il est
clair que dans cette situation, les transferts conventionnels tant attendus
pour distinguer la métropole d'un EPCI ordinaire, et qui devront
s'accompagner d'une autre vague de transferts de personnels, ne sont pas pour
demain. Cela justifie d'ailleurs la volonté des élus de La
Métro de se consacrer aux premières heures de la métropole
aux compétences obligatoires en attendant les transferts
conventionnels.
Tout compte fait, si elle constitue aujourd'hui une obligation
pour les EPCI, la mutualisation est source de méfiance entre les
communes périphériques et la ville-centre. Les communes
périphériques voient notamment en la mutualisation, une technique
utilisée par la ville-centre pour avoir une autre emprise sur mes autres
communes, au grand dam du principe de la libre administration des communes.
B. La mutualisation sujette à la contestation de
sa finalité et à la méfiance des communes
périphériques vis-à-vis de la ville-centre
La mutualisation des services est aujourd'hui ancrée
dans le dispositif intercommunal. Il est vrai que vouloir combiner
l'efficacité de l'action publique et réduction des coûts de
fonctionnement afin de subjuguer les effets de la crise paraît être
a priori une gageure. Il en résulte que ce dispositif est de plus en
plus contesté par les acteurs locaux par rapport à ses
finalités.
Dans l'agglomération grenobloise, la critique la plus
virulente à propos de la mutualisation des services émane du
maire de la commune d'Echirolles, Renzo Sulli. Ce dernier dont nous avons
cité la réaction dans la première partie248(*), s'est emporté contre
les services d'enlèvement des déchets dont la compétence
est exercée par La Métro sous le statut de communauté
d'agglomération. Le Maire d'Echirolles estimait après le vote
favorable, non sans mal, de sa commune pour la fusion des
intercommunalités, que la mutualisation des services d'enlèvement
des déchets entre la structure intercommunale et les communes est loin
d'être source d'efficacité et de réduction des coûts.
Pour lui, l'avènement de la métropole appelle à plus de
vigilance des acteurs dans la gestion des services mutualisés.
Il est vrai que de façon générale, la
mutualisation est considérée comme un vecteur de réduction
des coûts par la réalisation d'économies d'échelle
sur la gestion des services publics locaux, dans un contexte de fortes
contraintes budgétaires mais ses résultats n'ont pas toujours
été à la hauteur des espérances comme
l'évoque Renzo Sulli à propos de la gestion des déchets
dans l'agglomération grenobloise. En effet, si on fait fi des
considérations politiques d'hostilité à
l'intégration communautaire qui peuvent motiver de telles affirmations,
on peut objectivement considérer qu'il est souvent difficile de se faire
une idée précise sur les économies réalisées
par La Métro grâce à la mutualisation, donc nous
n'entrerons pas dans les détails sur ce constat.
Sur un autre plan, on peut également évoquer le
fait que la réussite de la mutualisation dans les communautés
dépend en fait des relations entre la ville-centre, dont les moyens et
les services sont plus importants, et les communes périphériques
le plus souvent en manque de moyens et de services pour satisfaire les besoins
de leurs administrés. Dans ces conditions la mutualisation
apparaît comme une nécessité pour faire profiter aux
administrés des communes périphériques les services
mutualisés avec la ville-centre dans le cadre de la coopération
intercommunale. On est dans ce cas, comme dans l'agglomération
grenobloise, dans « une logique de solidarité
territoriale 249(*)» permettant « d'optimiser
les moyens publics disponibles et renforcer le service public de manière
équitable sur le territoire en prenant en compte les fractures urbaines
et sociales 250(*)». C'est cette logique qui guidera
l'institution de la future métropole et il faudra pour cela compter sur
le poids de la ville-centre, d'autant plus que le rapport d'études de
l'Association des communautés de France (ADCF) sur la mutualisation des
services a considéré que la ville de « Grenoble
peine à jouer le rôle de locomotive qui incombe normalement
à la ville-centre 251(*)» dans le cadre de
l'intercommunalité du fait de son poids démographique
insuffisant252(*) sur la
population de l'agglomération. L'ADCF considère en effet qu'il y
a une influence du poids démographique de la ville-centre sur le projet
de de mutualisation, relevant de ce fait « qu'une ville-centre
insuffisamment puissante peut constituer un obstacle au développement de
l'intercommunalité 253(*)».
Cependant force est de constater de façon
générale, une méfiance des communes
périphériques envers la ville-centre. Il en va ainsi lorsque
certaines communes périphériques marquent leur hostilité
par rapport à l'intégration communautaire comme c'est le cas dans
l'agglomération grenobloise avec les communes constituant « la
couronne rouge » autour de la commune de Grenoble (Echirolles,
Saint-Martin-d'Hères, Fontaine). Gilles Antier considère dans ce
cas que l'ambigüité des relations entre la ville-centre et sa
périphérie peut « finalement jouer contre
l'homogénéité de la métropole254(*) ». C'est
aussi le cas des communes rurales du Sud grenoblois et du balcon sud de la
chartreuse qui s'étaient prononcées contre la fusion de leur
intercommunalité avec La Métro. Cette méfiance est due
à la volonté de ces communes périphériques de
préserver pour les uns leur autonomie et pour les autres leur
identité et leurs spécificités, dénonçant
les machinations de la ville-centre, sous-couvert de La Métro pour avoir
une mainmise sur la région.
Parallèlement au poids démographique de la
ville-centre qui peut être considéré comme facteur
d'influence de cette dernière dans la mise en oeuvre des projets de
mutualisation, un autre facteur tient en la personne des exécutifs de la
ville-centre et de la structure intercommunale. Pour l'ADCF, le
« ticket » maire de la ville-centre - Président de
l'EPCI est une condition favorable à la réussite de la
mutualisation. S'appuyant sur l'exemple de La Métro, elle
considère que « la dissociation semble presque toujours
être un frein voire un obstacle à une mutualisation
poussée 255(*)».
Cette affirmation est à nuancer toutefois, dans la
mesure où dans un contexte local marqué par des conflits
d'intérêts et de méfiance des communes
périphériques par rapport à la toute-puissance de la
ville-centre dans la structure intercommunale, la dissociation entre les deux
exécutifs est souhaitable pour que les uns et les autres se sentent en
confiance dans une telle structure. Le fait que le maire de la ville de
Grenoble ne soit pas automatiquement Président la communauté
d'agglomération depuis sa création en 2000, et ce sera toujours
ainsi pour la future métropole, s'inscrit sans doute dans cette logique
de ne pas marquer l'hégémonie de la ville-centre dans cette
structure.
A la question relative au problème
d'hégémonie de la ville-centre qui serait source de tension et un
obstacle à la cohésion dans une structure aussi fortement
intégrée que la Métropole, notre interlocuteur de La
Métro, Cyril Dufresne s'est inscrit plutôt dans la
généralité, en nous répondant qu'il ne s'agit pas
d'un problème exclusif à La Métro mais que cela se passe
ainsi dans toutes les intercommunalités. Il lie cela au fait qu'
« il y a toujours une difficulté liée au fait que
la ville-centre assure souvent des charges de centralité, c'est à
dire qu'elle assure la prise en charge d'un certain nombre d'équipements
qui profitent à l'ensemble de la population au-delà de ses
habitants. Ce n'est pas un problème entre l'intercommunalité et
la ville-centre mais plutôt un problème entre la ville-centre et
l'ensemble des communes qui composent l'intercommunalité, ce n'est pas
un problème d'institution entre la ville-centre et
l'intercommunalité. La ville-centre considérant souvent qu'elle
assume un certain nombre de charges qui normalement doivent être «
intercommunalisées » ».
Au-delà de tous ces clivages, quant à la
mutualisation des services, le principal enjeu réside dans
l'efficacité des services rendus aux administrés, et ceci passe
par la recherche de la proximité avec les administrés dans la
mise en oeuvre de l'action publique métropolitaine.
SECTION II : UNE ACTION PUBLIQUE
METROPOLITAINE EFFICACE GARANTIE PAR LA PROXIMITE DE SA MISE EN OEUVRE AVEC LES
CITOYENS
Les attentes des uns et des autres envers la métropole
tournent autour de l'efficacité de l'action publique. Si les communes
ont jusqu'alors, tant bien que mal, pourvu aux besoins des citoyens en services
de proximité, nous sommes arrivés aujourd'hui à
« l'ère des métropoles 256(*)». L'enjeu de cette
dernière est de mettre en oeuvre une action publique rationalisée
dont l'efficacité sera basée la mise en commun des forces de
toutes les communes. Il en résulte que la métropole constitue un
pôle unique de décision et de coordination de l'action publique
locale (§ 1). Toutefois, si la conception et
l'élaboration des politiques publiques doivent se faire au centre,
c'est-à-dire au niveau de la métropole, une
déconcentration de l'administration, qui exécutera ces politiques
publiques, paraît nécessaire pour assurer un service de
proximité aux citoyens, d'où la réflexion sur la
territorialisation qui s'impose (§ 2).
§ 1 : Une efficacité
basée sur la constitution un pôle unique de décision et de
coordination de l'action publique locale
En instituant les métropoles, l'Etat a voulu pallier le
manque de coordination qui existe entre les communes dans la définition
de leurs politiques publiques. En effet, dotée de la liberté
d'administration, chaque commune, si elle a les moyens, peut se doter de ses
propres équipements, parfois dans un contexte de concurrence avec ses
voisines. Comme le souligne Jean-Claude Mairal, « chacun,
maître de ses décisions, peut, s'il en a les capacités
financières, mener les projets qu'il souhaite, sans tenir compte des
autres strates institutionnelles et territoires 257(*)». Cette façon de
faire a très tôt montré ses limites en France avec la mise
en place d'équipements non productifs dont la gestion devenait de plus
en plus onéreuse pour les communes sous le dos des contribuables. Avec
les compétences et les institutions dont est dotée la
métropole, elle pourra alors coordonner les politiques publiques et les
projets communaux (A), sans toutefois remettre en cause la proximité des
services avec les citoyens (B)
A. La métropole, espace de coordination des
politiques publiques locales
Titulaire de plein droit d'une grande partie des
compétences communales, la métropole devra répondre dans
l'exercice de ces compétences aux enjeux d'efficacité du service
et de proximité avec les administrés. En effet, si la
décentralisation amorcée en 1983 et poursuivie jusqu'à ce
jour en France s'est accompagnée d'un transfert massif de
compétences aux collectivités locales, notamment aux communes,
échelon à même d'assurer un service de proximité et
plus efficace aux administrés, la pratique s'est avérée
très tôt insupportable pour les communes, du fait de l'importance
des charges et de l'inadaptation de leurs structures pour répondre
efficacement aux besoins des administrés. Si l'objectif originaire n'a
pas changé, il s'est avéré qu'il ne pourra être
atteint que si les communes se regroupent en intercommunalités qui ont
été très vite consacrées par la loi pour
accompagner ce mouvement. Il en résulte donc une sorte de
« recentralisation » des compétences
décentralisées, accentuée par la loi mapam avec la
création des métropoles. Dès lors il appartient à
ces dernières de poursuivre les objectifs de proximité et
d'efficacité de l'action publique en lieu et place des communes dont
elles ont repris les compétences.
La métropole apparait donc comme un espace de
coordination des politiques publiques communales, une sorte de
« transformateur » destiné à
refondre les projets communaux dans un même moule pour en sortir des
projets communs viables économiquement et partagés par tous. Dans
un contexte de contrainte budgétaire et de baisse des dotations, la
métropole constitue l'échelon le plus pertinent de conception et
de mise en oeuvre des politiques publiques. Il est opportun de rappeler que la
métropole, bien qu'instituée par voie d'autorité par
l'Etat, est bâtie sur les ruines des anciennes structures intercommunales
issues de la volonté d'association des communes en vue d'élaborer
et conduire ensemble des projets communs. L'autorité étatique n'a
donc pas voulu faire de la métropole un échelon supra-communal,
mais, en restant dans la dynamique de coopération amorcée par les
communes depuis belle lurette, promouvoir l'association de communes
« au sein d'un espace de solidarité pour élaborer
et conduire ensemble un projet d'aménagement et de développement
(...) de leur territoire afin d'en améliorer la
compétitivité et la cohésion à l'échelle
nationale et européenne 258(*)». Les élus de La Métro veulent
donc à cet effet, « mettre en résonnance le projet
métropolitain avec les projets communaux et d'accompagner pleinement
ces derniers 259(*)». Il s'agit là également du voeu
de Dominique Escaron qui, tout en montrant son désaccord quant à
l'inclusion de sa commune dans la métropole grenobloise,
considère que cette métropole peut être « une
opportunité (...) si elle supporte les projets de développement
locaux des communes 260(*)».
Cette volonté du législateur de faire de la
métropole un espace de discussion et de mise en commun des projets
communaux, se révèle également à travers les
institutions dont elle est dotée, et que nous avons analysées
dans la première partie. Les deux institutions qui sont à
même de mener à bien cet objectif de coordination des projets
communaux sont sans nul doute le conseil de métropole et la
conférence métropolitaine. Cette dernière incarne
l'innovation en la matière, étant donné que le conseil de
métropole n'est qu'une substitution du conseil communautaire existant
avant la transformation en métropole. Le conseil de métropole
constitue l'instance délibérative et décisionnelle de la
métropole, à qui il revient d'entériner les compromis
dégagés par les exécutifs communaux au sein de la
conférence métropolitaine, qui est formellement
désignée par la loi comme « une instance de
coordination entre la métropole et les communes membres, au sein de
laquelle il peut être débattu de tous sujets...relatifs à
l'harmonisation de l'action de ces collectivités 261(*)».
Cette volonté du législateur d'instaurer un
climat d'harmonisation et de concertation entre les différentes
composantes de la métropole, s'est poursuivie dans la loi mapam par la
possibilité donnée aux métropoles de se doter d'autres
organes de concertation. Il s'agit notamment des conseils de territoire
prévus aux articles L.5217-7 262(*)et suivants du CGCT. Ces entités,
composées de conseillers de métropole d'une partie donnée
du territoire métropolitain devront exercer des attributions purement
consultatives263(*).
Mais il ne s'agit là que d'une option pour la métropole pour
mieux assurer son organisation et la mise en place de ces structures incombe
à chaque métropole. Pour l'instant nous n'en sommes pas à
ce stade d'autant plus que l'organigramme de la future métropole n'est
pas encore dévoilé par La Métro.
Quoiqu'il en soit, si aujourd'hui la métropole
constitue l'espace idéal pour concevoir et mettre en oeuvre des
politiques publiques de façon efficiente, il est vrai que le
quasi-dessaisissement de l'échelon communal pose le débat de la
remise en cause du rapprochement des citoyens des centres de
décision.
B. Vers une remise en cause de la proximité des
citoyens des centres de décision par la
métropole?
Avec la création des métropoles, s'instaure au
niveau des citoyens, la crainte de leur éloignement des lieux de
décision. Il s'agirait là d'une remise en cause par
« l'Acte III » de la décentralisation des acquis des
« Acte I » et « II » de la
décentralisation, dont l'enjeu était justement de rapprocher le
plus possible les centres de décision et la mise en oeuvre de l'action
publique des citoyens. Si elle ne remet pas en cause le principe de la libre
administration des communes, la métropole s'apparente aujourd'hui
à une « monstruosité
administrative 264(*)» créée de toutes pièces
par l'Etat pour engloutir les communes, étant donné qu'il
s'avère difficile, voire impossible d'amorcer un processus de fusion
autoritaire des communes dont l'échec en 1971 à la suite de la
Loi Marcellin est restée gravée dans les mémoires.
Certes, nous avons vu que l'institution des métropoles
et le renforcement de l'intercommunalité sont dictés par des
soucis de rationalisation des compétences et de mise en cohérence
de l'action publique locale dans un contexte de contraintes budgétaire,
mais quid de la proximité qu'entretenaient les communes avec leurs
citoyens. En effet, l'échelon métropolitain, comme nous l'avions
dit, se présente aujourd'hui comme l'échelon le plus pertinent de
conception et de mise en oeuvre des politiques publiques, de par sa
visibilité, son potentiel et son attractivité économiques
ainsi que son territoire élargi.
La question métropolitaine et la proximité des
centres de décision des citoyens suscitent vraiment débat par
rapport au lien entre le citoyen et le service public au plan local. Il est
clair que la France a longtemps été stigmatisée pour son
manque de pôles métropolitains pouvant entrer dans la
compétition que mènent les grandes villes aux plans
européens et mondiaux. « La France ne dispose quasiment
que d'une seule « ville-monde », ce qui est à la fois un
handicap de compétitivité internationale et un
élément de déséquilibre de notre
territoire 265(*)», constatait avec regret Dominique Perben. En
plus, la fragmentation communale, une spécialité française
au sein de l'Union Européenne gonflerait les dépenses publiques,
sans que l'efficacité de l'action publique tant voulue par les
différentes lois de la décentralisation n'en soit
renforcée. Il fallait donc trouver un instrument à même de
pallier à la fois, le déficit urbain de la France pour
créer des pôles d'attractivité et rationaliser l'action
publique locale mais sans toutefois rompre le lien de proximité avec les
citoyens. Si le premier objectif paraît réalisable du fait des
atouts indéniables dont dispose un territoire métropolitain,
à l'instar de la métropole grenobloise riche en diversité,
le deuxième paraît plus problématique dans la mesure
où les métropoles issues de la loi mapam s'étendent sur de
grandes superficies englobant des territoires hétérogènes,
comme nous l'avons développé dans la première partie.
Les craintes des administrés sont surtout
dirigées vers les conséquences de la métropolisation,
notamment les outils tels que la mutualisation qu'ils considèrent comme
les éloignant des centres de décision. On estime même que
pour les administrés des petites communes rurales de La Métro,
« la métropole est perçue comme un
danger 266(*)», justement pour des raisons liées
à l'éloignement du pôle de décision. S'il est vrai
que la mutualisation était déjà utilisée par les
communautés d'agglomération et les communautés urbaines
transformées, ce procédé sera encore plus renforcé
par la métropole qui, forte de l'attribution des compétences
communales, devra mutualiser plus de services avec les communes pour satisfaire
les besoins des administrés. Les incidences de la métropolisation
seront encore plus frappantes dans une métropole comme celle de Grenoble
qui est née de de la transformation d'une communauté
d'agglomération très faiblement intégrée. Le terme
« mutualisation » revient donc chaque fois que les
élus parlent de la métropole, étant donné que la
métropole ne pourra pas réussir ses missions si elle ne
procède pas par la mutualisation. Cela ne veut pas pour autant signifier
que la mutualisation va à l'encontre de la proximité de l'action
publique avec les administrés. D'ailleurs, la mutualisation qui sera
mise en place par la métropole devra permettre, « aux
citoyens de communes faiblement peuplées d'accéder à des
équipements que leur municipalité n'aurait pas eu la
possibilité de financer seule267(*) », contribuant ainsi au
« renforcement du service public local 268(*)».
Pour préserver la proximité de l'action publique
locale avec les citoyens, malgré la mutualisation des services, la
métropole devra adopter une démarche de territorialisation de
cette action publique par la mise en place d'une administration
déconcentrée.
§ II : Vers une territorialisation de
l'action publique métropolitaine ?
La question de la forme que prendra la future administration
métropolitaine pour assurer un service de proximité aux citoyens
est essentielle à l'heure de la transition vers la métropole et
de la définition de l'organigramme métropolitain. Logiquement,
nous nous sommes approchés de La Métro pour connaître ses
intentions. A défaut de pouvoir s'entretenir avec le Directeur
Général des Services, le poste étant vacant au jour de
notre entretien, le chargé de mission-métropole nous a
confié qu'il n'y avait pas encore de décision précise sur
ce point par les élus, mais qu'il envisage personnellement deux
alternatives : « Soit on met des services de
proximité, c'est à dire qu'on déconcentre les services de
la métro de manière à ce que les habitants puissent
s'adresser assez rapidement à La Métro; soit une autre
alternative qui à mon sens est la plus adéquate qui est de
s'appuyer sur les communes puisque les communes, elles savent faire de la
proximité. Même si les décisions politiques seront prises
au niveau de la métropole, leur mise en oeuvre peut être faite au
niveau des communes 269(*)». Il ressort de ces propos que l'action
publique métropolitaine peut être mise en oeuvre à travers
la constitution de pôles territoriaux (A) ou être relayée
par les communes (B).
A. L'hypothèse de la constitution de pôles
territoriaux de mise en oeuvre de l'action publique
métropolitaine
On peut voir dans la création des métropoles, la
reproduction du modèle de l'Etat français à
l'échelle locale. Les métropoles, en effet, renvoient à
l'image d'un centre chargé d'assurer un service de proximité
à des citoyens des territoires qu'il administre. L'administration
métropolitaine qui sera mise en place devra donc prendre la mesure de
cette exigence de proximité qui nécessitera de répondre
à temps réel aux préoccupations des administrés
sans que ceux-ci aient à changer leurs habitudes. En effet, la commune
constitue le premier interlocuteur des citoyens dès qu'ils ont besoin
d'un service où pour faire des réclamations par rapport à
l'exécution d'un service. Aujourd'hui, avec la remontée des
compétences vers l'échelon métropolitain, qui induira donc
le transfert de la plupart des services et des agents communaux à La
Métro, il va s'en dire que c'est désormais à cette
dernière que les administrés devront s'adresser, par exemple pour
des questions liées à l'enlèvement de leurs ordures
ménagères ou de logement social.
La mise en place d'une administration métropolitaine
optimale pour faire comme les communes, voire mieux, en matière de
proximité de l'action publique constitue donc l'un des premiers
défis qui se présentent à la métropole, dans cette
période de transition. Pour ce faire, lors de l'entretien qu'il nous a
accordé, Cyril Dufresne a envisagé l'hypothèse pour La
Métro d'assurer la proximité avec les administrés en
créant « des pôles territoriaux à l'image du
Conseil Général, qui a découpé le territoire du
département de l'Isère en 13 territoires 270(*)». Cette
hypothèse conduirait donc La Métro à mettre en place une
administration concentrée à l'image de l'Etat. En même
temps, le Conseil Général de l'Isère ayant
expérimenté cette forme d'organisation, pour bien desservir ses
territoires ruraux, il s'agirait pour La Métro de s'appuyer sur cet
exemple, comme le suggérait Cyril Dufresne. En effet, le Conseil
général de l'Isère a découpé le
département en 13 territoires271(*) lui permettant de rendre des services de
proximité aux administrés, surtout en milieu rural, qui sont
éloignés du chef-lieu du département. Cela s'est traduit
par l'implantation des « maisons du conseil
général » dans chacun de ces territoires
permettant aux administrés de s'y rendre pour faire leurs
démarches administratives. Avec l'élargissement de son
périmètre, La Métro englobe des territoires
éloignés les uns des autres, et notamment de la ville-centre
Grenoble qui va polariser la plupart des services métropolitains.
L'option de déconcentrer les services métropolitains par la
création des relais territoriaux de la métropole serait
intéressante pour rapprocher des citoyens l'exercice de certaines
compétences de proximité. Va-t-on vers la création des
« maisons de la métropole » ?
Si le conseil général est cité sur le
plan local comme pionnier sur le plan de la territorialisation de l'action
publique, on peut mentionner aussi que cette expérience a
été mise en oeuvre sur le plan national et dans le domaine
intercommunal par la communauté urbaine de Toulouse. En effet, cette
dernière a été découpée en
« huit pôles de proximité, correspondant chacun
à une population de 50.000 habitants environ 272(*)». Et dans la pratique,
ces pôles, sont chargés de la mise en oeuvre des
compétences d'urbanisme et de voirie, sous la houlette d'un directeur,
ce qui permet aux citoyens de s'adresser directement à des
interlocuteurs plus proches d'eux. Il s'agit d'un procédé qui
« évite de donner un sentiment d'éloignement ou de
complexité aux citoyens 273(*)» qui ne perdront donc pas leurs habitudes avec
la métropole.
La territorialisation de l'action publique
métropolitaine peut s'appuyer également sur le cadre légal
des conseils de territoire274(*) prévus par la loi pour l'organe
délibérant ne pourrait pas servir de cadre de
référence à la délimitation des pôles
territoriaux. Les territoires délimités pour installer les
conseils de territoire, une sorte d'entités décentralisées
de la métropole, peuvent dans ce cas, servir également de
pôles territoriaux pertinents de mise en oeuvre de l'action publique
métropolitaine, en tant qu'entités déconcentrées.
On retrouverait là au niveau métropolitain, comme nous l'avions
dit plus haut, la reproduction du modèle d'organisation de
l'administration étatique, avec une superstructure (métropole)
disposant des services déconcentrés (« maisons de la
métropole ») implantés sur des territoires qui abritent
des conseils d'élus (Conseils de territoire). Ce mimétisme entre
le mode d'organisation de l'Etat et celui des métropoles permettrait de
renforcer la gouvernance métropolitaine en France avec des
métropoles organisées à l'image de l'Etat pour la mise en
oeuvre des compétences qui leur sont dévolues. Sur le plan
grenoblois, si certains estiment que la territorialisation doit être
« l'un des grands enjeux275(*) » de la métropole, d'autres
pensent que s'il s'agit de faire métropole pour après faire des
« sous-métropole, on est reparti pour faire des
morceaux 276(*)»,
Au-delà de la territorialisation qui est
considérée comme « une approche
privilégiée pour maintenir et renforcer la proximité avec
les citoyens277(*) », les communes restent
également des cadres privilégiés de mise en oeuvre de
l'action publique pour la métropole afin que le changement de statut ne
bouleverse pas les habitudes citoyens.
B. L'échelon communal, relai de l'action publique
métropolitaine ?
Dans la pratique, il est clair que dans l'immédiat, les
communes dont les compétences ont été
transférés à la métropole, continueront de faire
fonctionner au quotidien les services concernés, au nom de la
continuité du service public, jusqu'à l'aboutissement de la
procédure de leur intégration harmonieuse au sein de la
métropole.
Pour Cyril Dufresne, « la Métro pourrait
s'appuyer sur les communes en effectuant un transfert des agents qui soient
administrativement rattachés à la métropole mais qui
restent physiquement, pour certains d'entre eux, au sein des communes de
manière à pouvoir assurer ce rôle de proximité. De
toutes les façons les agents communaux qui exerçaient les
compétences transférées à la Métro seront
transférés à la Métro, donc soit on les
déconcentre ensuite vers des pôles territoriaux, soit on les
laisse dans leurs communes quand bien même juridiquement ils
dépendent de la Métropole, pour que dans leurs tâches
quotidiennes ils continuent à intervenir à un niveau relativement
de proximité et sans trop bouleverser les habitudes des habitants, parce
que les habitants ont l'habitude à chaque fois qu'ils sont un
problème à s'adresser au Maire de leur
commune 278(*)». Dans cette posture, on pourrait les communes
joueraient pratiquement un rôle de circonscription administrative de la
métropole. En effet, la loi mapam n'a pas complètement
anéanti l'échelon communal. Même si elles sont
vidées d'une grande partie de leurs substances, les communes demeurent
ancrées dans le territoire et constituent l'échelon à
même d'assurer la proximité avec les citoyens. Les communes
restent donc un niveau pertinent de mise en oeuvre de l'action publique
métropolitaine comme garantes de la proximité recherchée
dans cette action avec les citoyens.
Cette hypothèse est d'ailleurs celle qui semble avoir
l'assentiment des élus métropolitains qui, dans leur
délibération cadre du 04 juillet 2014, ont affirmé qu'ils
comptent sur la commune pour assurer la proximité avec les citoyens dans
le sens de l'amélioration des services qui leur sont rendus. Les
élus ont dans cette délibération, réaffirmé
l'ambition de construire une métropole de proximité.
Si certains voyaient l'avènement de la métropole
comme signant l'arrêt de mort de l'échelon communal, Pierre
Tonneau, ex-Directeur Général des Services de La Métro
déclarait à juste titre que « la métropole
ne pourra pas tout faire toute seule. Et pour les habitants, le niveau de
proximité est la commune. Il faudra donc coordonner l'action des deux
structures et voir quel rôle la commune peut jouer
demain 279(*)». L'avantage que présente le relai de
l'action publique métropolitaine par les communes réside
également dans le lien très fort qui existe entre les citoyens et
leur commune et qui pousse ces derniers à se rendre immédiatement
à leur commune pour des problèmes liés à
l'exécution d'un service public. S'appuyer sur les communes pour faire
de la proximité, permettrait donc à La Métro d'oeuvrer
dans la continuité des actions déjà entreprises par les
communes avec plus de rationalisation.
Cette perspective de faire des communes des relais de l'action
publique métropolitaine a été notamment
développée par Pierre-Yves Drogue, lors de l'entretien qu'il nous
a accordé. Il considère qu'il « va falloir qu'il y
ait une grande réflexion autour de la
territorialisation 280(*)» et « c'est là la relation
qui va s'instaurer entre les organes de décision de la métropole
et les communes qui vont être pendant un temps les relais de la
demande281(*) ».
***
En définitive, les outils mis à la disposition
des métropoles pour simplifier l'action publique locale, malgré
leur efficacité apparente, ne dissipent pas pour autant les craintes
des élus et des citoyens ; craintes relatives notammentau
soupçonde manouvres hégémoniques de la ville-centre et
l'éloignement des centres de décision des citoyens. Mais la
nécessité de rationalisation de l'action publique locale commande
de faire de la métropole, un espace de coordination des politiques
publiques locales afin d'optimiser le rendement et de fournir un service
efficace aux administrés. Les perspectives de territorialisation de
l'action publique métropolitaine de la métropole garantissent la
proximité de la mise en oeuvre de l'action publique avec les citoyens.
Ces derniers jouissent également du droit de participer aux choix
métropolitains à travers un renouveau de la démocratie
participative dans l'agglomération grenobloise.
CHAPITRE II :
VERS UN RENOUVEAU DE LA DEMOCRATIE PARTICIPATIVE DANS
L'AGGLOMERATION GRENOBLOISE AVEC L'INSTITUTION DE LA
METROPOLE ?
Selon Pierre Mendès France, « la
démocratie ne consiste pas à mettre épisodiquement un
bulletin dans l'urne et à déléguer des pouvoirs à
un élu puis à se taire pendant cinq ou sept ans. Elle est action
continuelle du citoyen, non seulement sur les affaires de l'Etat, mais aussi
sur celles de la commune, de l'association, de la coopérative...Si cette
vigilance n'est pas assurée, les gouvernants, les corps
organisés, les fonctionnaires, en butte aux pressions de toutes sortes
sont abandonnés à leurs propres faiblesses et cèdent aux
tentations de l'arbitraire. 282(*)»
La démocratie participative est au coeur de l'action
publique locale en France depuis fort longtemps, mais elle n'a vraiment
été institutionnalisée pour les communes qu'avec la loi du
27 février 2002 relative à la démocratie de
proximité, même si la possibilité pour le conseil municipal
de consulter les habitants de la commune sur questions relatives aux
compétences de la collectivité était reconnue depuis la
loi ATR du 06 février 1992.
Au plan intercommunal, l'institutionnalisation de la
démocratie participative résulte des dispositions de la loi
Voynet du 25 juin 1999, qui exigea la création d'un conseil de
développement283(*) au sein de chaque agglomération, basé
sur le principe d'un partenariat entre élus et la société
civile organisée. La loi mapam a également institué un
conseil de développement pour les métropoles qu'elle a
créées. Le conseil de développement est donc
institué auprès des communautés d'agglomération et
communautés urbaines et des métropoles, mais son organisation
diffère d'une communauté à une autre. Ainsi, si La
Métro disposait d'un conseil de développement sous le statut de
communauté d'agglomération, la transformation en métropole
commande donc de s'interroger sur le rôle et les nouveaux défis de
cette institution (Section 1ère). Avec le
conseil de développement qui permet d'associer la société
civile organisée aux décisions des élus, La Métro
développe également depuis quelques années, des
dispositifs de participation citoyenne directe aux choix métropolitains
qu'il convient de scruter (Section 2).
SECTION 1ère : ROLES ET
NOUVEAUX DEFIS DU CONSEIL DE DEVELOPPEMENT GRENOBLOIS
Conformément à la loi Voynet
précitée, des conseils de développement ont
été institués au niveau des EPCI pour servir d'instrument
de démocratie participative au sein de ces intercommunalités. La
communauté d'agglomération de Grenoble Alpes-Métropole
s'est donc dotée de son conseil de développement (D) depuis le 22
septembre 2000 à la suite d'une délibération des
élus communautaires. Cette institution balbutiante à ses
débuts, connaîtra des évolutions, notamment par une
nouvelle délibération du conseil communautaire en date du 19
septembre 2008 qui permettra de lui donner un nouveau souffle. Cependant, il
convient de s'interroger aujourd'hui, à l'heure de la métropole
sur la place de cette instance dans la gouvernance métropolitaine
grenobloise (§ 1), mais aussi sur les nouveaux
défis qui se présentent à elle par rapport à la
nouvelle donne qui nécessitera sans doute son renouveau
(§ 2).
§ 1 : La place du Conseil de
développement dans la gouvernance métropolitaine
grenobloise
Le conseil de développement est une instance
consultative de La Métro. Il s'agit d'un espace de débat, de
proposition et d'expressions citoyennes entre acteurs économiques,
sociaux et associatifs institué pour apporter sa vision et son expertise
sur l'action publique locale dans l'agglomération grenobloise.
Organisée par et pour les élus, ces derniers paraissent avoir la
mainmise sur cette institution (A) afin qu'elle ne devienne pas une institution
concurrente au conseil communautaire. Cette posture d'institution
cloisonnée n'empêche pas pour autant le conseil de
développement de rester ambitieux(B) tout en étant
réservé dans ses initiatives.
A. Un conseil de développement strictement
encadré par les élus
De par son organisation et ses missions, le conseil de
développement est considéré comme une institution
embrigadée par les élus. En effet, que ce soit dans la loi Voynet
qui institua le conseil de développement pour les communautés
d'agglomérations ou dans la loi mapam, berceau du conseil de
développement des métropoles, l'organisation et le fonctionnement
de ces conseils sont laissés entre les mains des élus, et
diffèrent donc d'une métropole à une autre. Il s'agit donc
d'une institution façonnée par les élus pour qu'elle soit
à leur disposition. Sur ce point, Bernard Jouve considère que
« la mise en place des Conseils de
développement...participe de la con?scation du débat public par
les notables locaux 284(*)». Le conseil de développement de le
l'agglomération grenobloise n'échappe pas du tout à ce
constat depuis sa création en 2000.
En effet, la composition285(*) actuelle du conseil de développement de
l'agglomération grenobloise est issue d'une délibération
du conseil communautaire qui a fixé à quatre-vingt-neuf (89) le
nombre de ses membres. Tous ces membres sont désignés par les
élus, notamment dix-huit (18) personnalités qualifiées
désignées par un arrêté du Président et les
soixante-onze (71) issues de la société civile organisée
choisies par délibération du conseil communautaire. Les
élus communautaires disposent donc d'une totale mainmise sur la
composition de cette instance, ce qui apparait conforme à volonté
de la loi Voynet qui n'a pas voulu faire du conseil de développement une
instance concurrente au conseil communautaire, mais plutôt une instance
au service des élus. Bernard Jouve, considère dans ce sens que
l'institutionnalisation de la démocratie participative dans les
métropoles constitue pour les élus un moyen de s'accaparer de
l'outil démocratique en l'utilisant à leur profit. Il affirme en
ce sens que « la démocratie participative, dans sa version
institutionnalisée, n'apparaît pas à ce titre comme la
forme d'expression permettant un « procès » des choix
collectifs structurés avant tout par le politique. Selon cette
hypothèse, convoqués, par les élus, au banquet de la
démocratie participative et institutionnalisée dans les
métropoles, les acteurs issus de la société civile
participent ainsi, malgré eux, à la reproduction de l'ordre
politique 286(*)». Cette situation est due à la
frilosité des différentes lois instituant le conseil de
développement qui, on peut bien le comprendre, n'ont pas voulu entraver
la démocratie représentative, qui jouit de la
légitimité démocratique, avec la création d'une
institution concurrente issue des milieux économiques et sociaux.
Ainsi, le conseil de développement ne peut que
fonctionner dans le cadre fixé par les élus qui l'ont mis en
place. C'est dans ce cadre que le D a conclu un protocole de partenariat le 11
mai 2012 avec le conseil communautaire pour servir de base aux relations entre
les deux instances. Ce protocole, structuré en 14 articles, fixe les
modes d'échange et de travail entre les membres du conseil de
développement, les élus, et les services de la communauté
d'agglomération. Au rang des mesures phares de ce protocole, on peut
noter la désignation par le Président de la communauté
d'agglomération d'un élu référent287(*) pour servir de lien de
coordination entre les deux institutions ainsi que la participation des membres
du conseil de développement aux instances intercommunales. Ce protocole
dévoile également les modalités de saisine ainsi que les
missions dévolues au conseil de développement.
Ainsi donc, le conseil de développement peut être
saisi par le Président de la communauté d'agglomération
après délibération du conseil communautaire, sur la base
d'une demande d'avis ou d'une demande de rapport sur
« l'aménagement et le développement de
l'agglomération grenobloise et ses relations avec les territoires
voisins »288(*). Parallèlement aux saisines des élus,
le conseil de développement dispose également de la
faculté de s'autosaisir sur « toute question relative
à l'aménagement au développement de l'agglomération
grenobloise et ses relations avec les territoires
voisins »289(*).
Le protocole d'accord reconnait également au conseil de
développement, la possibilité de se faire représenter dans
chacune des commissions intercommunales290(*). Cette représentation se fait sur la base de
la désignation en plénière du conseil de
développement de membres pour participer de façon permanente
annuellement aux travaux desdites commissions. Toutefois, si cette
reconnaissance constitue une avancée majeure sur le plan de la
démocratie participative, sa portée réelle sur les choix
métropolitains est à relativiser dans la mesure où le
dernier mot revient toujours aux élus, les représentants du
conseil de développement ne disposant pas de voix
délibérative et doivent se cantonner dans un rôle
d'observateurs, ce qui est quand même conforme aux principes de la
démocratie représentative.
Sa représentation au comité permanent
d'évaluation des politiques publiques291(*) et la faculté que lui reconnaît le
protocole de mener des expérimentations d'action publique sur le
territoire de l'agglomération paraissent renforcer ses
prérogatives, mais là aussi, malgré toute son ambition, le
conseil de développement est obligé d'être
réservé dans ses initiatives pour ne pas rentrer en conflit avec
les élus.
B. Un conseil de développement ambitieux mais
réservé dans sa démarche
Embrigadée par les élus, le D ne tarit quand
même pas d'ambitions, s'appuyant principalement sur la faculté que
lui reconnaît le protocole de partenariat de mener des
expérimentations292(*) d'actions sur le territoire de
l'agglomération. Cette faculté lui permet en effet, non sans
concurrencer le conseil communautaire ou le remplacer, d'élaborer et de
mettre en oeuvre sur le terrain des politiques publiques susceptibles
d'être reprises par les élus en cas de résultats positifs.
Dans ce cadre, le D a par exemple expérimenté
sur le territoire, des actions publiques qu'il a menées directement avec
les acteurs concernés même si ces expérimentations, dont
les résultats ont été jugées satisfaisants par
tous, n'ont pas été reprises par le conseil communautaire. Il
s'agit notamment du Plan d'accompagnement à la réussite
éducative et citoyenne (PAREC) au sein de différents
lycées293(*) de
l'agglomération grenobloise initié entre 2010 et 2013 par le
D.
Cette action était destinée à la
mobilisation par le conseil de développement de séniors
bénévoles pour l'accompagnement éducatif et citoyen des
lycéens en difficulté. Pour Catherine Pouyet294(*), Présidente du
Conseil de développement, toutes les parties prenantes de cette action
avaient dressé un bilan positif de cette action et souhaitaient le voir
se pérenniser, mais elle a dû s'interrompre, faute d'une reprise
en main par La Métro ou une collectivité.
Cette action dénote de l'ambition du conseil de
développement grenoblois à ne pas se cantonner dans ses
prérogatives d'instance consultative mais aussi à suppléer
les élus sur le terrain par l'expérimentation d'actions qui au
final, pour se pérenniser devront porter le seing de La Métro.
Mais dans ce genre d'initiatives, le conseil de développement souffre
également de son manque de légitimité par rapport aux
élus qui portent un mandat de la collectivité et qui
reprocheraient peut-être dans ce cas au conseil de développement
d'aller trop loin dans l'expérimentation, de façon à les
concurrencer sur le terrain. Face à cette méfiance des
élus vis-à-vis du conseil de développement, ce dernier est
bien obligé de ne pas trop s'engager dans des initiatives sur le terrain
et de se cantonner dans ses prérogatives consultatives. Ainsi, on peut
être d'accord sur ce sens avec Bernard Jouve lorsqu'il affirme que
l'encadrement « par des procédures formelles, par des
institutions, limite considérablement l'impact de la démocratie
participative institutionnalisée295(*) ».
La Présidente du Conseil de développement
espère quand même que « les initiatives citoyennes
de type PAREC pourront un jour être prises en compte sur le territoire de
l'agglomération grenobloise296(*) » à l'heure de la
métropole. Et justement dans ce contexte de métropolisation, un
renouveau du conseil de développement s'avère nécessaire
pour prendre la mesure de l'ampleur de la démocratie participative dans
une institution d'une telle envergure.
§ II : Vers un
renouveau du conseil de développement à l'heure de la
métropole ?
Une chose est sûre, disait Catherine Pouyet297(*), Présidente du
Conseil de développement de La Métro, c'est que le conseil de
développement de la métropole sera différent du conseil de
développement de la communauté d'agglomération, tant, les
enjeux sont énormes, et pour y faire face, il faudra un renouveau du
conseil de développement actuel. Il en ressort que la mutation vers la
métropole a eu et aura des impacts sur l'actuel conseil de
développement (A) qui, selon les propos de sa présidente, veut
être plus orienté vers les administrés (B).
A. Les impacts de la transformation en métropole
sur le conseil de développement
Tout d'abord, l'impact de la métropolisation sur le
conseil de développement s'observe au niveau du cadre juridique. En
effet, si le conseil de développement actuel tire sa base juridique de
la loi Voynet du 25 juin 1999, celle du conseil de développement de la
future métropole reposera bien évidemment sur les dispositions de
la loi du 27 janvier 2014, notamment celles de l'article L.5217-9
CGCT298(*) qui reparlent
de cette instance, mais tout aussi de façon très laconique que la
loi Voynet. La nouvelle définition du conseil de développement
issue de la loi mapam, tout en étendant le champ d'intervention de ce
dernier par rapport à la Loi Voynet en insistant sur sa consultation
dans le cadre des « documents de prospective et de planification et
sur la conception et l'évaluation des politiques publiques locales de
promotion du développement durable du territoire 299(*)», n'aborde pas
l'organisation de cette institution, se bornant à la renvoyer au libre
choix des métropoles.
Pour la Coordination nationale des Conseils de
développement300(*) (CNCD) créée en 2003 et à
laquelle le D est affilié depuis ses premières heures, les
dispositions éparses de la loi mapam relatives aux conseils de
développement et à la démocratie participative
« sont loin de créer une politique forte d'association des
citoyens et de la société civile organisée aux
décisions qui les concernent 301(*)». La CNCD estimait
donc avant son vote par les assemblées302(*), que la loi mapam devrait contenir des dispositions
affirmant clairement « la nécessité de
transparence, de concertation, et de participation citoyenne dans l'action
publique locale 303(*)» par l'inclusion d'un chapitre
dédié à la démocratie locale. Au final, il n'en a
rien été, le conseil de développement se contentant d'un
article.
Les élus communautaires, à la suite de la fusion
de La Métro avec les communautés des communes du Sud grenoblois
et du Balcon sud Chartreuse ont adopté le 14 janvier 2014 une
délibération destinée à adapter le conseil de
développement aux évolutions institutionnelles dont fera l'objet
La Métro dans « un contexte de réorganisation
territoriale et de transition institutionnelle 304(*)». Les propositions
contenues dans cette délibération tournent principalement autour
de deux grands points à savoir « la prise en compte de la
fusion305(*) » dans la composition du conseil de
développement et l'instauration d'une « année de
transition en vue de la création d'un conseil de développement de
Métropole au 1er janvier 2014 306(*)».
Sur le premier point, La Métro s'est principalement
appuyée sur la composition actuelle du Conseil de développement
structurée autour de cinq (05) collèges dont le collège
« territoires voisins 307(*)» qui faisait
déjà participer les nouveaux territoires308(*) aux travaux du conseil de
développement avant la fusion, pour proposer « de
maintenir la composition et la participation aux travaux du D des membres de ce
collège jusqu'au renouvellement du conseil de
développement 309(*)». Il en ressort que la fusion n'aura pas
d'incidence immédiate sur la composition du conseil de
développement et qu'il faudra attendre la mise en place du nouveau
conseil de développement pour mieux intégrer les
représentants des nouveaux territoires dans cette structure.
Justement à propos de la mise en place du nouveau
conseil de développement, l'avènement de la métropole a
changé la donne quant au mandat des conseillers de développement.
En effet, initialement prévu pour être renouvelé en
même temps que le conseil communautaire, soit après les
élections municipales de mars 2014, le D a
bénéficié d'un prolongement de mandat jusqu'à la
fin de l'année 2014 pour être renouvelé au moment de la
transformation en métropole, soit à partir du 1er
janvier 2015. Il s'agit de marquer en même temps le nouveau conseil de
développement qui sera ainsi créé du sceau de la
métropole. Pour le conseil communautaire, cette décision de
maintien en l'état du conseil de développement jusqu'à la
transformation en métropole est justifiée par le souci de mieux
répondre aux exigences de la loi mapam, où se trouve la source
juridique du conseil de développement de Métropole et
« de concrétiser certaines propositions
d'évolutions résultant de l'évaluation du conseil d
développement 310(*)».
Du côté du conseil de développement, la
Présidente Catherine Pouyet311(*), tout en se réjouissant de ces perspectives
proposées par les élus communautaires, considère que le
renouveau du D doit passer d'abord et avant tout par le renforcement de son
indépendance vis-à-vis des élus, tout en maintenant le
dialogue permanent. Pour elle, il s'agirait de créer une certaine forme
d' « indépendance dialoguante » avec
les élus pour un essor de la démocratie participative au sein de
la métropole. Elle prône également un rajeunissement des
membres du conseil lors de son prochain renouvellement en raison de la forte
jeunesse de la population métropolitaine et aussi la promotion de la
parité hommes-femmes au sein du conseil. En effet, avec son ossature
actuelle, le D est composée de 77,60% d'hommes et seulement de 22,40% de
femmes312(*). Cette
statistique dénote clairement de la faible représentation des
femmes dans le dispositif de participation, faiblesse à laquelle il
faudra remédier lors du prochain renouvellement. C'est dans cette
optique que le D à l'instar de ses homologues de Bordeaux et de Lille
propose une réflexion autour du thème « genre et
engagement démocratique » et estime que
« les projets de territoires représentent une
opportunité pour afficher de nouvelles visions et pour susciter de
nouveaux modes de gouvernance intégrant plus résolument le
respect de l'égalité des femmes et des hommes dans les instances
délibératives et exécutives313(*) ».
En outre, le D pense qu'il est nécessaire en cette
année marquée par des changements institutionnels314(*)importants, de
procéder à son évaluation pour répondre aux
interrogations entourant ses missions, sa composition, son fonctionnement et
son positionnement entre les élus et les citoyens. Il s'agira au bout du
compte, de mettre en place un conseil de développement
adapté à la future métropole avec comme perspectives
principales d'être plus à l'écoute des citoyens et
d'être plus écouté par les élus.
Comme on le voit, le renforcement des liens entre lui et les
administrés, constitue l'une des perspectives du renouveau du conseil de
développement à l'heure de la métropolisation.
B. La perspective d'un renforcement des liens entre le
conseil de développement et les citoyens
Afin de se démarquer des élus pour être
dans une indépendance dialoguante avec ces derniers, de rajeunir son
effectif et de faire participer les femmes aux instances
délibératives et exécutives, l'enjeu du conseil de
développement de La Métro réside dans la
nécessité de s'émanciper de la mainmise des élus,
et d'être une instance représentative des habitants de la
métropole, une instance qui relaye les préoccupations de ces
derniers auprès des élus. Cette vision est partagée par la
Présidente qui pense qu' « il faudra créer un
conseil de développement un peu plus tourné vers les citoyens que
ce qui a été fait jusqu'à présent où nous
avons été beaucoup plus tournés vers les élus. Il
faudra une multipolarité du conseil de développement qui se
traduira par la mise en place des pôles territoriaux pour mieux prendre
en compte les spécificités des nouveaux territoires qui ont
intégré la métropole 315(*)».
Pour atteindre cet objectif, le Conseil de
développement, sur saisine du conseil communautaire ou par auto-saisine,
a entrepris ces derniers temps des projets qui visent à le rapprocher
de plus en plus des citoyens, même si les résultats de ces projets
sont loin d'atteindre les objectifs initialement fixés.
C'est dans cette perspective que se situent notamment les
rencontres métropolitaines organisées par le conseil de
développement suite à une saisine du conseil communautaire, qui
se déroulèrent jusqu'en février 2014, et qui avaient
également permis au conseil de développement d'exposer aux
citoyens la réflexion sur la construction d'une métropole
multipolaire élargie aux massifs, telle qu'exposée dans son avis
du 11 novembre 2011316(*) sur le projet de SDCI fixant le
périmètre de la nouvelle communauté
d'agglomération. En effet, le Conseil de développement
déplorait le manque de dialogue autour de ce projet et fut donc
chargé par le conseil communautaire d'organiser et d'animer des
« rencontres métropolitaines 317(*)» dont le but est de
constituer « une boîte à idées
métropolitaine » devant contenir des propositions
d'acteurs de tout bord sur le projet métropolitain.
L'autre fait d'arme du D, dans l'optique du renforcement de
ses liens avec les citoyens, se révèle dans son auto-saisine en
2012 sur le projet « les jeunes de l'agglomération de demain
», autour des problématiques de la sensibilisation des jeunes
aux enjeux d'aménagement et d'avenir du territoire, de les encourager
à s'exprimer au sein des dispositifs de la démocratie
participative et de faire remonter leurs préoccupations auprès
des élus locaux. La mise en oeuvre de ce projet avait consisté
à organiser des débats attractifs et ludiques dans les rues et
des structures d'accueil des jeunes et sur des réseaux sociaux autour
des thématiques de portée métropolitaine.
Enfin, le rôle majeur qu'il a joué dans
l'élaboration et la signature en 2010 de « la charte de la
participation 318(*)» qui réaffirmait la
nécessité de l'écoute et de la prise en compte des
propositions des citoyens dans le cadre de l'élaboration et de la mise
en oeuvre des politiques publiques, reflète son engagement
vis-à-vis de la participation des citoyens de l'agglomération
grenobloise à la vie publique métropolitaine.
SECTION II : LA PARTICIPATION
CITOYENNE A LA CONSTRUCTION ET AUX CHOIX METROPOLITAINS
A l'échelle métropolitaine, le conseil de
développement constitue un outil indéniable dans la mise en
oeuvre de la démocratie participative, grâce à son
expertise et son lien étroit avec le conseil communautaire. Toutefois,
compte tenu de sa composition, qui en fait plutôt un chasse-gardée
des élites, il ne constitue pas un réel relai des
préoccupations des citoyens, qui conformément aux principes de la
démocratie participative, tels que définis par la loi, doivent
prendre part aux choix politiques, même s'il s'avère que leur avis
« ne s'impose pas nécessairement aux autorités
locales 319(*)». Il existe donc de nombreux dispositifs au
choix des élus locaux pour mettre en oeuvre la démocratie
participative à l'échelle de leur territoire, comme ce fut le cas
pour La Métro qui a expérimenté pour ce faire, de nombreux
dispositifs (§ I), dont les résultats
mitigés appellent à envisager des perspectives d'avenir à
l'heure de la métropole (§ 2).
§ 1 : Les dispositifs d'association
des citoyens à la construction et aux choix métropolitains dans
l'agglomération grenobloise
Selon les théoriciens de la démocratie
participative, il existe à l'échelle locale plusieurs dispositifs
permettant de faire participer les citoyens à la vie locale, hormis les
échéances électorales. Pour les collectivités
territoriales, ces dispositifs jouissent d'une reconnaissance constitutionnelle
ou législative, notamment la consultation, le referendum local, le droit
de pétition, la constitution des conseils de quartier, etc... S'agissant
de l'échelon intercommunal, le dispositif de consultation
envisagé par la loi Chevènement, qui prévoyait la
consultation des électeurs des EPCI pour les politiques
d'aménagement, a été élargi à toutes les
compétences de l'EPCI par la loi du 13 août 2004. Ainsi, en se
dotant en 2010 d'une charte de participation, la Métro
réaffirmait sa volonté d'ouvrir le processus décisionnel
aux citoyens par la voie de la concertation (A). Toutefois, la mise en oeuvre
de cette charte a débouché sur des résultats
mitigés (B).
A. La charte de la participation : un outil au
service du renforcement de la démocratie participative dans
l'agglomération grenobloise
Pour Jacques Chevallier la démocratie participative
permet « d'ouvrir le processus décisionnel en direction de la
société civile, d'entendre la voix des citoyens, d'abord en
prenant langue avec les structures qui résultent de leur libre
association (...) ensuite en s'efforçant de recueillir directement le
point de vue des intéressés 320(*)». Il dévoile
ainsi les deux aspects de la démocratie participative, l'un consistant
à l'association des groupes organisés de citoyens au processus
décisionnel, comme c'est le cas avec le conseil de développement,
et l'autre aussi important que le premier qui consiste à donner
directement la parole aux citoyens pour établir un dialogue entre eux et
leurs représentants. Ainsi, La Métro s'est engagée depuis
la signature de la charte de la participation en 2010, à renforcer les
dispositifs du dialogue participatif avec les citoyens.
Les engagements de La Métro en faveur de la
participation consignés dans la charte mettent beaucoup plus l'accent
sur la concertation, notamment la détermination des règles, la
diversification du public, la diffusion et l'information précise sur
l'actualité des démarches participatives et l'organisation
périodique d'un forum de la participation. Cette participation des
citoyens à la vie locale au sein de l'agglomération grenobloise
par le biais de la concertation sur les grands projets métropolitains,
telle que déclinée dans la charte, devrait avoir pour but
d'améliorer l'action publique locale en lui donnant une
lisibilité et une visibilité vis-à-vis des citoyens. De
leurs côtés, à travers la concertation, les citoyens
devraient être conduits à exprimer leurs besoins et attentes pour
l'amélioration de leur cadre de vie. L'autre intérêt de la
participation des citoyens à travers la concertation réside dans
le cadre qu'il offre aux citoyens d'un territoire aussi multipolaire que
diversifié qu'une métropole, de créer des liens entre eux.
La concertation constitue donc un vecteur de la cohésion sociale et
territoriale321(*) dont
la réalisation est un enjeu primordial pour les métropoles.
C'est donc sur la base des engagements de cette charte que le
conseil communautaire avait saisi en 2013 le conseil de développement
pour l'organisation des rencontres métropolitaines dans le but d'animer
des débats publics avec les citoyens sur le Projet de métropole.
Ces rencontres métropolitaines, dont trois séances322(*) ont déjà eu
lieu, avaient permis de regrouper un public diversifié composé
d'élus, des personnalités de la société civile et
des professionnels pour traiter de thématiques323(*) essentielles pour l'avenir
du territoire métropolitain. Le conseil de développement envisage
d'ailleurs de poursuivre ces rencontres avec l'organisation d'une
quatrième séance à l'automne 2014 pour discuter d'une
thématique nouvelle324(*) sur les pratiques, le vécu quotidien des
habitants, usagers et citoyens.
L'organisation des ateliers de concertation sur le projet de
transport par câble reliant Fontaine à la commune de
Lans-en-Vercors s'inscrit également dans cette perspective de
développer la participation des habitants à la vie publique
locale au sein de l'agglomération grenobloise. Il en est de même
pour les « ateliers métrocitoyens »
destinés à recueillir les avis des citoyens pour alimenter
la « fabrique métropolitaine325(*) ».
Mais la principale défaillance de la démocratie
participative en général, et de la concertation en particulier
réside dans le sort réservé aux revendications et aux
positions exprimées par les citoyens. Pour Jean Pierre Gaudin,
« les démarches participatives en appellent à
l'intervention directe du citoyen, quand bien même il ne s'agirait que
des concertations ou des débats aux conséquences maintenues dans
le vague 326(*)». Il s'agit là d'un
véritable blocage pour la participation des citoyens qui s'estiment le
plus souvent être utilisé par les élus à des fins
électorales.
Le plus souvent, comme l'affirme François Robbe,
« certains pessimistes peuvent percevoir la démocratie
participative comme un outil de communication politique, un appât
agité par des politiciens ambitieux pour séduire un
électorat de plus en plus fuyant 327(*)». Cette assertion est
confirmée par Patrick Le Galès qui estime que la mobilisation des
citoyens par les élus dans le cadre des dispositifs de démocratie
participative ne constitue pour eux qu'un moyen « de se
légitimer 328(*)» lorsqu'ils se sentent fragiles politiquement.
Mais François Robbe ne semble pas corroborer ce sentiment et se montre
plus optimiste en estimant que « cette approche
communicationnelle est réductrice et certainement
inexacte329(*) ».
Les dispositifs de participation de La Métro souffrent
également des vices énoncés plus ci-dessus, d'où le
constat mitigé, voire d'échec que dressent certains observateurs
des rencontres métropolitaines, des ateliers de concertation et
des ateliers métrocitoyens , bref de la démocratie
participative au sein de l'agglomération grenobloise.
B. Des dispositifs de participation aux résultats
mitigés
Avec la signature de la charte de participation en 2010, La
Métro a développé plusieurs dispositifs, comme nous
l'avons développé plus haut, pour mettre en oeuvre efficacement
la démocratie participative au sein de l'agglomération
grenobloise. Elle s'est le plus souvent appuyé sur le conseil de
développement pour piloter ces dispositifs qui allient concertation,
expertise, consultation, débats publics, etc...
Mais force est de constater que si ces dispositifs ont permis
à La Métro de se rapprocher un plus des citoyens en essayant de
les associer plus ou moins à la vie publique locale, les
résultats obtenus jusqu'alors ne sont pas à la hauteur des
espérances, et les dispositifs de la démocratie participative
nécessitent d'être réformés à l'heure de la
métropole. Pour ce faire, La Métro, consciente de l'enjeu que
revêt la mise en oeuvre de la démocratie participative à
l'échelle de la métropole, dont le territoire couvert et le
nombre de citoyens concernés ont augmenté de volume depuis le
1er janvier 2014, a lancé une évaluation de la charte
de la participation deux ans après sa signature, dans le but de
diagnostiquer les failles du dispositif et d'envisager des axes
d'amélioration. Cette évaluation a été
décidée par délibération du conseil communautaire
en date du 23 mars 2012, qui a désigné pour cela un comité
de pilotage « pluraliste composé de représentants
de la société civile, d'un panel de citoyens tirés au
sort, d'élus et de services de La Métro et des
communes 330(*)». Dans son rapport final, le comité
d'évaluation a fait ressortir plusieurs handicaps des dispositifs
participatifs de La Métro qui tournent principalement autour du manque
de coordination, de l'insuffisance de la prise en considération des avis
des citoyens, de la méconnaissance du rôle et du fonctionnement de
La Métro par les élus et les citoyens.
En effet, comme l'a affirmé Jean Pierre
Gaudin331(*), l'une,
sinon la principale faiblesse de la démocratie participative
réside dans le sort réservé des avis des citoyens. La
Métro ne déroge pas à cette faiblesse concernant le manque
de traçabilité de la prise en compte des avis des citoyens
exprimés lors des dispositifs participatifs. La Présidente du D
déplorait également ce fait, lors de l'entretien qu'elle nous
avait accordé en manifestant son souhait d'avoir un retour des avis de
son institution exprimés sur des projets de politiques publiques
métropolitains à la suite des saisines du conseil communautaire.
Même si elle reconnaît que par rapport aux prérogatives du
conseil de développement, son institution est beaucoup plus enclin
à n'intervenir que dans la phase d'élaboration des politiques
publiques, Catherine Pouyet estime qu'à l'heure de la
métropolisation, et pour une amélioration de la démocratie
participative dans l'agglomération grenobloise, il serait opportun
d'associer son institution à la mise en oeuvre et à
l'évaluation des politiques publiques métropolitaines. C'est ce
qui ressort également de l'analyse de Jean-Claude Mairal qui parle
même de l'obligation pour les pouvoirs publics, locaux ou nationaux
d'aménager des dispositifs de contre-expertise de l'action publique par
les citoyens pour juger de la pertinence des décisions,
« et surtout, en développant une évaluation
démocratique des politiques publiques 332(*)». Il souligne in
fine la faiblesse d'un tel dispositif en France.
Le même constat de manque de traçabilité
de prise en considération des avis est évoqué par le
comité d'évaluation de la charte de la participation qui
précise dans son rapport final que « seules 20% des
personnes enquêtées pensent que leur avis est pris en
compte 333(*)». Ce constat fait au niveau de
l'agglomération grenobloise rejoint celui de Jean-Claude Mairal selon
lequel « il ne peut y avoir de véritable démocratie
participative active si le citoyen n'est pas assuré que les choix faits
et discutés avec les décideurs sont bien appliqués, et
donnent des résultats ; s'ils correspondent bien aux objectifs de
départ, à l'intérêt général, à
la cohésion sociale, sociétale et
territoriale 334(*)». La Métro envisage par ailleurs sur ce
point, pour remédier partiellement à ce manque de
traçabilité, de diffuser les compte-rendus des ateliers
métrocitoyens et le cahier de restitution de la Fabrique
métropolitaine.
Sur un autre plan, il se pose également au niveau de La
Métro, un problème d'engouement des citoyens pour participer aux
dispositifs participatifs, notamment aux ateliers métrocitoyens et aux
séances de concertation sur les grands projets métropolitains.
Sans nul doute, le manque de traçabilité des avis exprimés
que nous venons d'évoquer est un facteur non négligeable, mais
aussi et surtout l'insuffisance de l'information et de la sensibilisation des
citoyens n'y sont pas étrangers. En effet, il se pose un problème
d'information des habitants sur avant tout « l'institution
métro ». Et cette inculture citoyenne par rapport
à l'institution intercommunale constitue un véritable frein
à la mise en oeuvre de la démocratie participative à
l'échelle de l'agglomération. Certains observateurs imputent cet
état de fait au manque de culture de participation chez les élus
communautaires, certaines communes de l'agglomération n'ayant pas la
culture de la participation. Le comité d'évaluation estime pour
sa part que « même des élus très
engagés dans leur propre commune se déclarent circonspects quand
il s'agit de démarches participatives à l'échelle
intercommunale 335(*)», remettant en cause l'opportunité d'une
telle démarche à cette échelle. Ce constat va de pair avec
l'analyse de Jean Pierre Gaudin selon laquelle « l'attitude
réservée des élus à l'encontre des démarches
participatives contraste avec les déclarations d'intention. En
contrepoint d'appels rituels à la participation, on observe en effet une
pratique prudente de cantonnement et de limitation des procédures de
concertation et de débat public 336(*)».
Les habitants de La Métro confrontés donc au
manque d'information et de sensibilisation de leurs élus sur les
dispositifs participatifs à l'échelle de l'agglomération,
reprochent également à ces dispositifs leur
inaccessibilité, due au fait qu'ils considèrent que la plupart de
ces dispositifs sont réservés à « un club
d'initiés » et estiment que « certaines
catégories socioprofessionnelles ne pourront jamais venir 337(*)». Marchal et
Stèbe rappellent sur ce point que des travaux réalisés par
des chercheurs en sciences sociales ont mis en exergue la déception que
constitue la participation citoyenne en France et « pour s'en
convaincre, il suffit de s'arrêter sur la question de savoir qui y
participe 338(*)»
Toutes ces faiblesses inhérentes à la
démocratie participative relevées, appellent donc à
l'heure de la métropole, à envisager des perspectives beaucoup
plus favorables à la participation citoyenne au sein de
l'agglomération grenobloise.
§ 2 : Les perspectives
d'avenir de la participation citoyenne dans la métropole
grenobloise
Le changement de statut de La Métro à partir du
1er janvier doit également influer sur sa relation avec les
citoyens. Une métropole, pour atteindre ses objectifs
d'attractivité économique, de cohésion territoriale et
sociale, de rayonnement sur le territoire national et international doit
d'abord se faire connaître de ses administrés (A) et ensuite
repenser les outils par lesquels elle envisage d'associer ces derniers aux
choix métropolitains (B).
A. L'information nécessaire des citoyens sur la
métropole
Les manques de lisibilité et de visibilité par
les citoyens des structures intercommunales est une réalité en
France, et La Métro n'en est pas épargnée. En effet, la
plupart des habitants de La Métro estiment ne pas avoir des informations
sur cette institution, notamment sur ses compétences et sur son
fonctionnement. Il s'agit là d'un véritable blocage à la
mise en oeuvre de la démocratie participative à l'échelle
métropolitaine, auquel il faudra à tout prix remédier pour
rendre effective l'association des habitants aux décisions qui affectent
leur vécu quotidien. Ce constat de manque d'information sur La
Métro, qui était déjà bien réelle sous
l'ancienne communauté d'agglomération à 28 communes
membres, devient encore plus problématique aujourd'hui avec
l'élargissement du périmètre de La Métro de plus de
60% et l'adjonction de nouveaux habitants avec une Métro à 49
communes. Catherine Pouyet, Présidente du conseil de
développement de La Métro, pense à cet effet, que la
connaissance de La Métro par ses habitants est un préalable
indispensable à la mise en oeuvre des dispositifs participatifs et c'est
la raison pour laquelle elle compte orienter son institution dans les jours
à venir à l'information des habitants sur La Métro.
Même constat chez un autre membre du conseil de développement qui
pense qu' « avant même de parler de communication, il faut
permettre aux citoyens de connaître et de comprendre La Métro. On
aurait besoin d'un outil ludo-pédagogique de type quiz sur ce qu'est La
Métro. Le conseil de développement avait porté cette
idée au moment de la diffusion de la charte 339(*)».
De leur côté, les instances de démocratie
participative des communes340(*) considèrent que « La
Métro est considérée comme une nébuleuse, peu
visible ; sa localisation est mal connue. Elle n'est pas assez présente
auprès des citoyens. 341(*)»
Il apparait donc clairement que l'un des enjeux de la
démocratie participative à l'heure de la métropole est de
faire connaître cette dernière des citoyens avant d'attendre d'eux
un engouement pour participer aux dispositifs établis. Cette
information de La Métro envers les citoyens sur la métropole
devrait être portée par les élus, qui sont beaucoup plus
proches de leurs administrés que les services de La Métro. Or il
s'avère que même du côté des élus, la
structure intercommunale demeure encore une nébuleuse, une parfaite
inconnue. Catherine Pouyet espérait quant à elle que les
campagnes électorales pour les municipales de mars 2014 couplées
avec la désignation des conseillers communautaires auraient dû
être un canal par lequel les candidats aborderaient avec leurs
électeurs le fait intercommunal. Elle regrette cependant que les
candidats s'étaient beaucoup plus focalisés sur les enjeux de
leurs communes, n'abordant que peu ou presque pas la question de la
Métropole alors que fort de l'extension de ces compétences qui
touchent au vécu quotidien des habitants, la métropole devrait
être au centre des débats entre candidats et électeurs.
On constate donc que l'information des citoyens sur la
métropole et ses enjeux passe donc par une sensibilisation des
élus sur les enjeux métropolitains et sur l'opportunité de
la participation des habitants de leurs communes aux réflexions sur ces
enjeux à travers les dispositifs de participation mis en place par La
Métro. Le comité de pilotage de l'évaluation de la
participation a même suggéré sur ce plan,
« pour donner une visibilité encore plus forte
qu'actuellement à cet engagement en faveur de la participation et aller
plus loin dans l'inscription du portage politique dans l'organisation de la
structure, il est proposé de créer une vice-présidence
portant mention de la participation et de proposer un portage collectif de la
participation par l'exécutif 342(*)». Il va plus loin en
proposant « la désignation, dans chaque Commission
Métro, d'un élu référent à la participation,
ainsi que par la réalisation, une fois par an, d'un point sur la
participation, réalisé en Bureau de
l'exécutif 343(*)».
La sensibilisation et la mobilisation des élus dans le
sens de la démocratie participative et son portage politique passeraient
également par une formation de ces derniers sur l'opportunité de
la participation à l'échelle métropolitaine afin de les
emmener à mobiliser leurs administrés dans ce sens, comme le
reconnaît un élu de La Métro, « si
l'idée est de sensibiliser les habitants à la pertinence de
réfléchir à l'échelon supra communal, il faut
commencer par la rotule que constituent les élus
municipaux 344(*)».
Toutes ces propositions dans le sens de la sensibilisation et
de la mobilisation des citoyens et des élus devront aboutir à
améliorer les dispositifs participatifs dans l'agglomération
grenobloise.
B. Vers une amélioration des dispositifs de
démocratie participative dans l'agglomération grenobloise
à l'heure de la métropole ?
Le nouvel élan de la démocratie participative
dans l'agglomération grenobloise à l'heure de la
métropole, passe, outre le renouveau du conseil de développement,
par une amélioration des outils de participation des citoyens aux choix
et décisions des élus communautaires. Comme on l'a vu, La
Métro a tenté depuis la signature de la charte de participation
en 2010, de développer des dispositifs pour faire de la
démocratie participative l'un de ces moyens de gouvernance
métropolitaine. Des ateliers métrocitoyens aux ateliers
métrolab, en passant par les rencontres métropolitaines, La
Métro a manifesté sa volonté d'associer les citoyens
à la prise de décision, même si les résultats ont
été loin des attentes. Des initiatives comme l'évaluation
de la charte de participation lancée en 2012 et celle du conseil de
développement lancé en 2013, révèlent
également cette volonté de La Métro de développer
la culture de la participation dans l'agglomération grenobloise en
identifiant les progrès accomplis, en diagnostiquant les faiblesses de
la démocratie participative et en envisageant des voies et moyens pour
franchir les obstacles et améliorer ses points faibles.
Ainsi, s'avère-t-il aujourd'hui d'envisager des axes
d'amélioration de la démocratie participative à
l'échelle métropolitaine, principalement en renforçant le
dispositif institutionnel existant et en développant au sein des
habitants une culture de participation aux affaires métropolitaines.
S'agissant du premier axe, loin de reprendre les propositions
d'amélioration envisagées par le comité de pilotage de
l'évaluation, nous estimons qu'il soit nécessaire pour La
Métro de revisiter le cadre institutionnel de la démocratie
participative, en allant vers une responsabilisation plus accrue et une
autonomisation du conseil de développement et des autres instances
participatives existantes345(*). Il faudra également développer une
certaine complémentarité entre ces instances, comme le souligne
la charte346(*), ce qui
permettra « d'optimiser la mobilisation des élus, des
citoyens et des associations et garantir un portage efficace par les services
de La Métro347(*) ».
Quant au deuxième axe que nous envisageons, relatif au
développement de la culture de participation des habitants, il passe par
une réforme des dispositifs participatifs pour les adapter au contexte
actuel, la clarification de l'articulation des démarches participatives
entre La Métro et les communes membres et une mobilisation des
élus en faveur de la démocratie participative.
En effet, la consultation et la concertation qui constituent
les outils les plus usités par La Métro dans ses démarches
participatives doivent permette à cette dernière de prendre la
dimension du nouveau territoire métropolitain qui s'est agrandi et qui
nécessite d'être totalement couvert par les dispositifs
participatifs. Ainsi, les ateliers métrocitoyens et les rencontres
métropolitaines auxquels les citoyens reprochent de ne pas prendre en
compte l'étendue du territoire et la diversité des couches
socio-professionnelles gagneraient plus bien évidemment à
être délocaliser et à s'adresser à toutes les
composantes du territoire en termes d'habitants. Il s'agit de répondre
à la critique selon laquelle les dispositifs participatifs ne
s'adresseraient qu'aux élites, alors que selon Jean Pierre Gaudin, il
ressort des synthèses réalisés par rapport aux travaux sur
la démocratie participative, que, « les demandes de
participation directe aux choix collectifs émanent principalement des
classes moyennes 348(*)».
De même, La Métro pourrait s'appuyer sur les
avancées majeures de ces communes dans le sens de la démocratie
participative sur leur territoire pour améliorer ses dispositifs
participatifs. En effet, même si on considère que la culture
participative à l'échelle métropolitaine n'est pas
très développée dans l'agglomération grenobloise,
du fait du manque de visibilité et de lisibilité de l'institution
intercommunale, force est de constater que la démocratie participative
est à son apogée dans la plupart des communes membres. En effet,
pour Catherine Pouyet, « la démocratie participative a
déjà une histoire dans la ville de Grenoble et d'autres communes
viennent même s'inspirer de cet exemple 349(*)». Même son de
cloche au niveau de l'Agence d'urbanisme de l'agglomération grenobloise
(AURG), qui, dans une étude commandée par La Métro en 2010
sur le recensement des pratiques communales en matière de participation,
reconnaissait que « l'agglomération porte en son sein un
certain nombre de communes très en avance sur le sujet ».
Cette étude considère donc que « dans ces
conditions La Métro gagnerait plus à capitaliser et diffuser ces
pratiques ». Le développement de la culture participative
dans ses communes, est donc à la fois un atout considérable pour
La Métro pour améliorer ses dispositifs participatifs, en
s'appuyant sur les dispositifs participatifs des communes et en intervenant sur
des thématiques « en complémentarité ou en
suppléance des communes ». Tout cela nécessite
donc une articulation claire et précise des actions participatives de La
Métro et des communes, notamment par la mise en réseau des
acteurs de la participation par l'intermédiaire de l'observatoire des
pratiques participatives visée par l'engagement n°9 de la charte de
participation.
CONCLUSION
A la fin de ce récit des enjeux juridiques et
institutionnels de la transformation en métropole de la
communauté d'agglomération de Grenoble - Alpes Métropole,
nous nous rendons compte qu'il paraît très tôt de tirer des
conclusions sur une évolution institutionnelle qui est en cours et qui
ne sera effective qu'au 1er janvier 2015. Mais notre démarche
qui s'est appuyée sur des témoignages, des perceptions et des
voeux de certains acteurs, a le mérite de révéler
certaines points positifs et lacunes de la loi mapam, qui vont même
au-delà du seul contexte grenoblois.
Il est clair que les interrogations que nous avons
soulevées dans l'introduction ne trouveront des réponses
satisfaisantes que dans la phase pratique de l'application de cette loi et dans
la façon dont les différentes métropoles arriveront
à faire évoluer leur statut. En effet, si la frilosité de
la loi est très souvent dénoncée par la doctrine, compte
tenu du fait qu'elle n'a pas opéré la révolution tant
attendue dans l'organisation territoriale française, il faut
également mentionner que la loi a le mérite de laisser beaucoup
de marges de manoeuvres aux métropoles elles-mêmes ainsi qu'aux
différents acteurs locaux pour donner un contenu au statut des
métropoles et le faire évoluer. C'est là où
réside le véritable enjeu de la création des
métropoles.
En effet, une chose est d'affirmer les métropoles, ce
que la loi mapam a bel et bien fait, une autre est de donner un
véritable contenu ou une réelle portée à ce statut
de métropole. Les métropoles en tant qu'entités
institutionnelles existent désormais et seront effectives à
partir du 1er janvier 2015, mais avec quel impact sur l'action
publique locale ? Nous avons essayé dans notre développement
de démontrer qu'en soi, les métropoles dites « de droit
commun » ne sont statutairement à quelques exceptions
près que des communautés urbaines ou des
« super-communautés urbaines 350(*)», pour reprendre
l'expression du Professeur Marcou, et l'évolution statutaire ne
changerait en réalité presque rien par rapport aux six (06)
communautés urbaines qui sont transformées en métropole
par la loi. L'intérêt de cette évolution sera beaucoup plus
perceptible au niveau des trois (03) autres communautés
d'agglomération, dont celle de Grenoble Alpes-Métropole qui, en
fait, avec le statut de métropole comme label, évolueront dans un
premier temps vers un statut de communauté urbaine, avec
l'effectivité des transferts des compétences communales et de la
voirie départementale. Ce constat de « doublon »
entre le statut des communautés urbaines et celui des métropoles
de droit commun, dénoncé par la doctrine et relayé, comme
nous l'avons vu par les acteurs que nous avons rencontrés, pourrait
toutefois ne pas trop durer, du moins dans certaines métropoles, car les
jeux politiques et certaines réalités locales, pourraient faire
basculer très vite les métropoles dans une autre dimension avec
un bon niveau d'intégration marqué par les transferts
conventionnels des autres collectivités territoriales et de l'Etat, ou
par une évolution législative rendant automatique le transfert
des compétences départementales, du fait de la suppression tant
annoncée des conseils généraux dans le cadre de la
réforme territoriale en cours. Justement à propos de cette
réforme dont l'issue est toujours incertaine, du moins à l'heure
où nous réalisons nos recherches, certaines futures
métropoles comme celle de Grenoble-Alpes Métropole
espèrent qu'elle règlera directement le sort des
compétences départementales et ne pensent pas s'aventurer, du
moins pour le moment vers les négociations avec le Conseil
général pour le transfert de ces compétences. La
Métro, dont nous avons démontré le déficit
d'intégration communautaire du fait d'un faible niveau de mutualisation
dû aux réticences de certaines communes de transférer leurs
compétences, veut donc avant tout se contenter des compétences
communales qui lui ont été transférées par la loi
pour renforcer l'intégration communautaire en mutualisant plus de
services aux citoyens.
Il s'agit là d'une position compréhensible dans
la mesure où déjà, le
« télescopage » entre l'extension du
périmètre de La Métro et le passage en métropole
constituent déjà des équations difficiles à
résoudre pour cette institution. Il n'est pas d'ailleurs fortuit qu'elle
ait construit ses priorités immédiates autour des questions
relatives à l'intégration des nouveaux agents en provenance des
communautés de communes avec lesquelles elle a fusionné et des
communes suite au transfert des compétences communales et le
déploiement d'un service de proximité vers ces nouveaux
territoires par une réflexion sur la territorialisation.
La perspective métropolitaine constitue
également un tournant pour la démocratie participative dans
l'agglomération grenobloise. En effet, si les communes de
l'agglomération , surtout les plus grandes à l'instar de
Grenoble, Saint-Martin-D'Hères, Echirolles etc...développaient de
dispositifs intéressants de démocratie participative par
l'intermédiaire des comités de quartiers, il faut
reconnaître qu'aujourd'hui c'est au niveau de la métropole que se
situent les grands enjeux locaux, du fait du transfert des compétences
communales. Une révision de la charte de la participation de La
Métro et un renouveau du Conseil de développement sont donc
indispensables à l'ère de la métropole pour adapter ses
outils et dispositifs de la démocratie participative
métropolitaine nouveaux enjeux. Il se pose également ici le
problème d'échelle pertinente de mise en oeuvre des dispositifs
de la démocratie participative, dont la réflexion pourrait
être couplée avec celle de la territorialisation de l'action
publique métropolitaine.
Toutes ces analyses nous montre l'importance des enjeux
juridiques et institutionnels qui entourent la transformation en
métropole de la communauté d'agglomération de
Grenoble-Alpes métropole par la loi mapam, pour faire face à ces
enjeux, il faudra oeuvrer dans le sens de la construction d'une
« métropole solidaire, une métropole de
proximité, une métropole de projets, une métropole
solidaire 351(*)». Eu égard à tous les
interrogations, incertitudes, scepticismes,... qui entourent la construction de
cette métropole et le chantier énorme qui se présente
à elle, nous nous permettons de paraphraser le professeur
Marcou352(*), en se
demandant si « la métropole de Grenoble-Alpes
Métropole a -t-elle une chance ? »
ANNEXES
ANNEXE N° 01
ENTRETIEN AVEC M. THIERRY VIGNON,
Directeur général des services du Conseil
général de l'Isère
Lieu: Hôtel du
département, Grenoble
Date: Mercredi 19 mars 2014
Durée: 48 minutes
Question n° 1: Quelle sont pour
vous les enjeux de l'application la Loi MAPAM du 27 janvier 2014, notamment sur
le volet "affirmation des métropoles" dans la communauté
d'agglomération de Grenoble?
Réponse : La loi Mapam prévoit
le transfert d'importantes compétences des 49 communes membres de
l'agglomération à la métropole et c'est l'enjeu majeur de
l'échéance de 2015. Après le texte de loi prévoit
la possibilité de transfert de compétences du département
vers la métropole en distinguant deux cas: le cas de la voirie
départementale d'une part et le cas de l'ensemble des autres
compétences d'autre part. La loi est un peu confuse là-dessus,
elle revient plusieurs fois dessus d'ailleurs. Sur la voirie
départementale, elle dit qu'on doit s'attendre et si on ne s'entend pas
la voirie est transférée. Donc de facto, elle pose comme principe
de base, le transfert de la voirie départementale, soit en Isère
un peu moins de 400 km de route sur les 5100 km que compte le
département, donc ce n'est pas énorme à l'échelle
des compétences départementales. Sur les autres
compétences, on l'aborde à deux reprises à deux endroits
du texte. D'abord on fait une première liste puis on fait une
deuxième référence à l'article
général de toutes les compétences du département.
Mais ce qu'il y a à retenir, c'est que sur le reste en gros, il y a
transfert de compétences si le département le veut bien. Si le
département ne veut pas, il n'y a pas de transfert de
compétences.
Politiquement, je vois la loi comme un joli
« Caphernaüm » entre les différents textes et
les différentes déclarations; il y a trois messages
complètement contradictoires qui sont adressés, un premier
message qui est celui de la loi qui annonce la constitution des
métropoles et qui suggère sans l'imposer de transférer les
compétences départementales à la Métropole. Mais,
on a immédiatement derrière le PR qui dit que ce n'est pas la
bonne formule des métropoles, ce qui est quand même assez
extraordinaire, et qui dit qu'il faut quand même réfléchir
si on ne doit pas aller vers le système de Lyon ou de Paris, ce qui est
surréaliste que quelques jours après l'adoption de la loi, le PR
nous explique carrément que ce n'est pas une bonne loi. On aussi un
élément totalement contradictoire qui est la loi
électorale de 2013 qui s'est traduite par un décret sur le
découpage cantonal qui est sorti il y a quelques semaines. Alors quand
on lit ça, on s'aperçoit à quel point tout ça est
incohérent. Moi je fais la démonstration par l'absurde, je me
dis, imaginons qu'on rentre dans l'esprit de transférer un maximum de
compétences et que au 1er janvier 2015 on va transférer les
compétences du département. Alors en ce moment-là je
prends mon décret de découpage cantonal de 2013 qui changé
et le découpage et le mode de scrutin et qui a renforcé le nombre
de conseillers généraux urbains. Puisque on a appliqué au
nouveau découpage cantonal la règle des + ou - 20% de population
par rapport à la moyenne; auparavant, actuellement, j'ai des cantons de
1600 hbts et des cantons de 49000 habitants, ce qui était une forme de
représentation du territoire et pas seulement de la population. Le
nouveau découpage nous interdit cela, il nous dit que la population
moyenne des cantons en Isère est de 41000 hbts et aucun canton ne doit
avoir plus de 20 pour cent, donc d'un seul coup on démolit les cantons
ruraux et on est obligé de regrouper sur des grandes superficies et on
renforce le nombre des conseillers généraux urbains. Au moment
où on dit aux conseillers généraux qu'ils seront nombreux,
on est en même temps entrain de leur suggérer qu'ils pourront ne
plus avoir de compétences sur la métropole, alors là
ça devient surréaliste. J'essaie donc d'imaginer
l'hypothèse où en France les départements n'auraient plus
assez de compétences, ces gens-là qui iraient devant le peuple en
mars 2015 diraient aux gens en face d'eux, "votez pour moi, mais je ne peux
rien pour vous"; donc on est dans le déni démocratique. On voit
bien qu'il' y a un bug dans le système et qu'il n'y a pas eu de
coordination correcte entre la loi électorale de 2013 d'une part et la
loi MAPTAM d'autre part. Donc mon pronostic est qu'il ya deux
échéances très différentes:
A l'échéance de 2015, moi je considère
que la métropole de Grenoble, ce sera ni plus ni moins qu'une
communauté urbaine et qu'on transfèrera uniquement la voirie
départementale, et il ne se passera rien d'autre, parce que les
élus qu'on va élire en mars 2015 au Conseil Général
ils auront envie d'exister et ils n'accepteront pas qu'ils n'aient plus de
compétence sur le territoire qui les a élus qui est un canton,
ça c'est mon pronostic politique. De ce point de vue-là la loi
MAPTAM ce n'est qu'un coup d'épée dans l'eau, elle aura permis
à l'agglomération grenobloise de faire ce qu'elle n'a jamais
réussi à faire, c'est à dire imposer une forte
délégation de compétences des communes vers la
métropole, parce que pour des raisons historiques et politiques
liées aux couleurs politiques des uns et des autres on a jamais eu de
tels transferts de compétences. Il 'y a des équilibres
politiques, il y a la couronne rouge avec Echirolles,
Saint-Martin-d'Hères et Fontaine; ce qui fait que les Président
de l'agglo n'ont jamais eu la majorité politique nécessaire pour
obtenir qu'on transfère à la Métro des compétences
dignes de ce nom. La métro a donc très peu de compétences
et on a des choses absolument incohérentes: quand on voit que la
métro est compétente pour les transports collectifs mais pas pour
la voirie, alors qu'il faut appréhender le problème des
déplacements de façon globale; quand on voit que la métro
est compétente pour l'assainissement mais pas pour l'eau potable, alors
que ces tuyaux sont dans la même tranchée, on se dit quand
même qu'il y des incohérences dans le système, des
incohérences qui sont liées à l'histoire politique de
cette métro et de ce point de vue-là, la loi mapam va
régler le problème, elle va imposer qu'on intègre tout
dans la métropole, donc l'effet majeur de la loi mapam en 2015 sera
d'imposer le transfert des compétences des communes à la
métropole, par contre entre la métro et le département il
ne se passera rien, à part les quelques kilomètres de voirie
départementale et encore on est pas sûr de tout transférer
par ce qu'il y a des problèmes de continuité d'itinéraires
notamment pour l'accès aux stations. Je prends un exemple, si on veut
aller à l'Alpe-d'-Huez, on a une route nationale avec l'autoroute puis
une route nationale jusqu'à Vizille, ensuite une départementale
qui monte vers l'Alpe-d'-Huez, les Deux-Alpes etc.. En toute rigueur, si
j'applique le transfert à la Métro trois kilomètres entre
Vizille et Saint-Barthélémy-de-Séchilienne, c'est
ridicule, on aurait trois kilomètres de route métropolitaine sur
un itinéraire entre Paris et l'Alpe-d'-Huez, donc vraisemblablement que
ces petits bouts-là ne seront pas transférer et que le Conseil
Général les gardera, mais tout le reste et les autres routes
départementales seront transférées.
Pour moi la deuxième échéance c'est 2021,
parce que, selon mon avis personnel, la loi mapam est très mal
ficelée. Le vrai enjeu c'est va-t-on va le modèle de Lyon ou le
modèle de Paris? Quand je dis Paris, je parle de la ville de Paris et
non de la métropole de Paris. La ville de Paris a une petite histoire:
1860, Napoléon III étend la commune de Paris en absorbant tout
ou partie de 24 communes. La taille de Paris date donc de 1860 et on a
créé à l'intérieur de la ville 20 arrondissements.
1968, on supprime le département de la Seine et on crée la
couronne et le département de Paris, donc en 1968 on a
créé une ville-département, puisque Paris est aujourd'hui
à la fois une ville composée d'arrondissements un
département. Ce modèle est intéressant parce qu'il y a en
face des parisiens un seul responsable qui aujourd'hui et pour quelques jours
s'appelle Bertrand Delanoë qui est le seul niveau qui lève
l'impôt et qui le seul responsable politique et après on passe au
niveau régional. La question qui se pose pour moi est qu'en 2021
est-ce-qu'on passe au modèle de Lyon, parce que Lyon a été
moins loin en laissant à l'intérieur les communes, donc on a les
communes, la métropole et il n'y a plus de département puisqu'il
est intégré à la métropole. Je parle de
l'échéance de 2021 parce que je ne vois comment on peut
évoluer avant pour une raison simple: nous sommes désormais
à moins d'un an des cantonales et nous n'avons pas le droit de changer
un découpage électoral moins d'un an avant une élection
donc nous sommes condamnés à élire des conseillers
généraux urbains en 2015; il y a 8 cantons à
l'intérieur de la métropole et 4 cantons à cheval entre la
métropole et l'extérieur donc aujourd'hui il est trop tard pour
changer cela, ce qui veut dire qu'en 2015 nous allons élire 16
conseillers généraux puisque maintenant il y a un couple dans
chaque canton, 8 hommes et 8 femmes à l'intérieur de la
métropole et puis pour les autres cantons dont certains conseillers
viendront de la métropole. Et puisque le peuple les aura élus, on
n'aura pas à réduire leur mandat après, et leur mandat va
courir jusqu'en 2021. C'est la raison pour laquelle je pense que rien n'est
jouable avant 2021. En revanche, je pense que le débat c'est quelle
suite donne-t-on aux messages passés par le PR et le Pm sur
l'évolution des métropoles? Moi je pense que le bon modèle
c'est celui de Paris. C'est un avis personnel. Il est qu'une métropole
c'est un espace qui remplit deux caractéristiques, c'est la
première est qu'il reste assez réduit en superficie et donc on
peut lui donner des compétences communales parce qu'il y a une
proximité, il reste très proche des citoyens. Mais la
deuxième caractéristique c'est qu'il y a une grande population et
donc on peut lui donner des compétences départementales qui
nécessitent des volumes d'activités importants, mais il faut
aller jusqu'au bout de la démarche en instituant une collectivité
unique, c'est à dire supprimer les communes, c'est pourquoi
personnellement je pense que le modèle de Paris est le bon modèle
c'est à dire celui dans lequel à l'intérieur de la
métropole on supprime les communes pour créer des
arrondissements, auquel cas en 2021 nous aurions une ville-département
avec un responsable unique et un seul niveau pour lever l'impôt, ce qui
pour moi est important parce que aujourd'hui en France on dit que les
dépenses publiques sont élevées mais un des
éléments qui contribue à ça c'est l'opacité
du système. Aujourd'hui les gens voient que leurs impôts
augmentent mais ils ne savent pas qui en est responsable par ce que les
impôts c'est l'addition de l'impôt communal, l'impôt de
l'agglo, de l'impôt départemental etc... si demain il n'y a qu'un
seul responsable, ça l'incitera à être beaucoup plus
raisonnable, parce qu'il sera tenu pour responsable. Le bon modèle pour
moi, pour 2021 donc, c'est celui de la ville département, ce qui suppose
donc de changer la loi mais aussi beaucoup de courage car supprimer aujourd'hui
les communes ce n'est pas gagné. Cela nécessite aussi du courage
pour redessiner les départements parce qu'en observant par exemple la
taille du Rhône quand on enlève la métropole de Lyon c'est
ahurissant. Je trouve donc qu'on n'a pas été au bout de la
logique de Lyon. Pour moi le Rhône n'aurait pas dû rester, on
aurait dû donner deux cantons à l'Isère, deux à la
Loire et le reste à la Saône-et-Loire d'autant plus que quand on
voit la géographie, la Saône-et-Loire a une capitale totalement au
Sud, Mâcon est quasiment à la limite du département et en
donnant le Beaujolais à la Saône-et-Loire on aurait à la
fois recentré la capitale Mâcon et passer le département
à une population d'environ 800000 habitants, ce qui est une très
bonne taille et intégrer deux espaces qui ont beaucoup de points communs
parce qu'entre le mâconnais et le beaujolais c'est une économie
assez similaire avec notamment l'aviculture et le couloir de passage de la
vallée de la Saône, donc pour moi on a raté une occasion de
détricoter le Rhône qui aurait dû être
distribué surtout à la Saône-et-Loire et un tout petit peu
à l'Isère et à la Loire. Si on va dans la logique de
métropole, des villes-départements, ça pose donc la
question du redécoupage éventuel de certains départements,
je dis éventuel parce que ce n'est pas forcément automatique.
Dans le cas de Lyon, pour moi ça se justifie. Le problème
français, c'est qu'on n'arrive pas toujours à aller au bout des
réformes.
Si je devais résumer, pour moi, 2015 c'est
l'échéance communale, c'est l'intégration des
compétences communales, et à l'échéance 2021 le
débat sera de poser la question de savoir si on fait des
métropoles-départements. Voilà ma lecture des choses.
Question n° 02 : A l'heure
actuelle, avant même de passer au statut de métropole en 2015, le
Conseil Général a-t-il déjà opéré des
transferts de compétences à Communauté
d'agglomération?
Réponse: Non, il n'y en a pas eu, sauf
en ce qui concerne une qui est la conséquence de la création
d'une communauté d'agglo: Quand une Communauté d'agglo se
crée, elle devient automatiquement autorité organisatrice de
transports. Donc, des transports qui étaient précédemment
de compétence départementale deviennent d'agglomération,
ce qui est valable pour toutes les communautés d'agglo. Nous sommes nous
compétents pour les transports dits interurbains c'est à dire qui
ne sont pas totalement circonscrits à une agglomération. C'est le
seul transfert qui a véritablement eu lieu, pour le reste, le
département a gardé toutes ses compétences.
Question n° 03 : Revenons donc
aux statuts de métropole qui ont été créés
par la loi mapam et que vous avez essayé de comparer tout à
l'heure. De vos propos, il semble ressortir que vous n'êtes pas non plus
convaincu par le modèle lyonnais
Réponse: Pour moi le modèle
lyonnais, c'est juste un pas, mais il ne va pas au bout, mais il est plus
logique que le modèle grenoblois, parce qu'on efface le
département et du coup, il n'y a plus de difficulté à
transférer les compétences départementales. Par contre on
n'a pas réglé le problème communal.
Question n° 04: Selon vous, quels
avantages, en termes de services rendus, les administrés des
différentes communes membres peuvent tirer à partir du 1er
janvier 2015 du changement de statut de la communauté
d'agglomération en métropole?
Réponse: Moi je vois deux avantages:
Le premier avantage c'est d'avoir des élus plus
responsables parce qu'aujourd'hui comme on ne sait pas celui qui fait quoi
chacun se marche un peu sur les pieds, chacun veut exister et chacun a tendance
vouloir à faire beaucoup de choses et à faire payer beaucoup
d'impôts. Le contribuable ne sait pas à cause de qui ses
impôts ont augmenté. Quand il voit sa feuille d'impôt, il ne
sait pas si c'est la commune, le département ou la métro qui a
augmenté. Mais le jour où il n'y aura plus qu'un seul responsable
ça changera de comportement parce que ce responsable là ils
sauront bien l'identifier. Pour moi donc le premier avantage, c'est de pousser
les élus à plus de responsabilité parce qu'il y aura plus
de visibilité au système; on saura qui est responsable.
Deuxièmement un seul responsable qui va essayer
d'optimiser les différentes compétences publiques, de mettre en
synergie la gestion des lycées et collèges et les écoles,
d'utiliser un même centre d'entretien pour gérer les voies
départementales et communales etc...Donc je pense qu'il y a des
optimisations d'organisation à faire dans les activités
publiques.
Question n° 05: La loi
prévoit également la possibilité de transferts de
compétences de la Région vers la métropole si elle le veut
bien; alors pour vous, quelles compétences vous semblent-elles
nécessaires aujourd'hui d'être transférées de la
Région à la métropole?
Réponse: Je ne connais pas ses
intentions, jusqu'alors elle n'a rien transféré, je ne suis pas
sûr qu'elle va transférer des compétences. Mais de mon
point de vue personnel, il me semble logique que la gestion des lycées
soit transférer à la métropole parce que la région
a plus de 200 lycées, nous avons nous 96 collèges. Pour
gérer un collège il faut être proche parce qu'un
collège c'est du concret. Nous par exemple tous les midis nous
fabriquons 37000 repas, nous devons tous les jours entretenir
800.000m2 de locaux; c'est colossal, mais ça c'est de la
proximité. La région a beaucoup de mal à le faire dans ses
lycées parce qu'elle est beaucoup trop loin du terrain; elle n'est pas
la mieux placée. La métropole ou le département le font
beaucoup mieux; la métropole parce qu'elle forcément plus proche
et le département parce qu'il est deux fois plus proche. Je vais vous
expliquer pourquoi le département est plus proche que la
métropole et la région: il est plus proche en raison du mode
électoral, une région c'est un scrutin de liste, donc ce sont des
élus qui n'ont pas d'ancrage territorial. Un département c'est un
scrutin cantonal. Le conseiller général il a un terrain, c'est
lui qui est au conseil d'administration du collège et dès que
quelque chose ne va pas, ça monte. Cet ancrage territorial aide donc
à être concret. De plus, le département, comme il a
beaucoup de compétences de terrain, il a beaucoup de services sur le
terrain. Ici, il 4600 personnes dans cette maison, et sur les 4600 j'en ai 3300
sur le terrain, donc les 3/4, 13 directions territoriales qui sont plus proches
du terrain. Moi je pense que les lycées c'est vraiment eu erreur d'en
avoir confié la gestion aux régions et c'est l'occasion de
redonner ça aux métropoles qui sont beaucoup plus proches et plus
capables de le faire.
Question n° 06 : Pensez-vous que
le fait pour votre département de disposer à partir du 1er
janvier 2015 d'une métropole qui couvrira une grande partie du
territoire départemental, aura des effets sur les ressources du
département?
Réponse: Non, parce qu'on va
transférer l'argent qu'on consacrait aux compétences, donc
ça n'aurait pas d'effet. Je pense qu'il ne faut pas imaginer que
ça puisse être une solution miracle pour répondre aux
problèmes d'argent. On pourra faire quelques économies
d'échelle le jour où on basculera dans la métropole versus
Paris ou Lyon, il y a plein de gens qui fantasment là-dessus mais ce
n'est pas mon cas. Ma conviction est que pour baisser les dépenses
publiques, il faut s'attaquer à un certain nombre de sujets qui sont:
1. le niveau des normes 2. le niveau de certaines prestations 3. la
rigidité du système publique. Je regarde quelles sont les
entreprises qui réussissent le plus au monde; elles ont toutes un point
commun: elles font travailler toutes gratuitement leurs clients (facebook,
google...), donc aujourd'hui il faut aussi qu'on change de paradigme. Comment
je peux faire travailler gratuitement mes clients? Au lieu de payer un bus avec
un chauffeur qui va nous coûter une fortune parce que l'usager ne paie
que 15 pour cent de la note de transport, je mets en contact quelqu'un qui a
une place dans sa voiture et quelqu'un qui a besoin de se déplacer, et
je perçois un pourcentage pour rémunérer le service, et
ils font chacun une économie sur leurs frais de déplacement,
ça s'appelle du covoiturage. Là ce ne sont pas les
réformes institutionnelles qui vont nous régler ça, c'est
un problème d'état d'esprit, il faut être
créatif.
Question n° 07: Comment
êtes-vous en contact avec la communauté d'agglomération sur
le plan fonctionnel pour la coordination des politiques publiques à
l'échelle du territoire de l'agglomération?
Réponse: Dans mon organigramme, j'ai
une direction territoriale qui couvre l'agglomération. Elle est en
contact très fort avec la métropole mais elle n'est pas que en
contact avec la métropole, parce que son premier job c'est d'exercer les
compétences départementales du territoire qui ne sont pas celles
de la métropole et forcément elle est en lien parce qu'il y a des
choses qu'on doit coordonner. Et justement cette direction qui gère la
voirie départementale de la métropole va voire son service de
voirie basculer à la métropole.
Question n° 08: Que pensez-vous
de la désignation prochaine des conseillers communautaires au suffrage
universel? Pensez-vous qu'en conférant une telle
légitimité démocratique à la structure
intercommunale, elle se hisse désormais au-dessus des
communes?
Réponse : On est en chemin; le vrai
changement ce sera l'élection au suffrage universel direct du
Président de la métropole. Pour le moment le Président
n'est que l'élu des maires. On dit qu'il y a des conseillers
métropolitains mais ceux qui décident véritablement ce
sont les maires. Chacun des 49 maires s'estime légitime, et ils
élisent quelqu'un qui leur convient, ce qui veut dire que si le candidat
veut enlever toutes les compétences communales il aura du mal à
être élu. C'est justement l'un des problèmes actuellement,
comme il est élu par ses pairs, s'il veut enlever des compétences
à ses pairs il est foutu, ce qui changera profondément en 2020.
Comme il sera élu au suffrage universel direct, si dans son programme il
dit qu'il veut plus de transfert de compétences il sera légitime
et ça ne l'empêchera pas d'être élu, c'est le peuple
qui l'aura voulu.
Question n° 09: Qu'entendez-vous
en définitive de la future métropole?
Réponse : Moi j'attends plus
d'efficacité dans l'action publique, c'est tout.
Question n° 10:
Pensez-vous que les conditions sont réunies à l'heure actuelle
pour cette efficacité que vous attendez?
Réponse : Pas encore. Pour moi, la
vraie échéance c'est 2020, je pense qu'aujourd'hui on bricole un
peu.
ANNEXE N° 02
ENTRETIEN AVEC M. Cyril DUFRESNE,
chargé de mission à la Communauté
d'agglomération de Grenoble en charge du projet de la
métropole, ex-Directeur général des services de
la Communauté des communes du Sud-grenoblois
Lieu : Siège de La
Métro, Grenoble
Date: 23 mai 2014
Durée: 56 minutes
Question n° 01: Quels sont les
changements majeurs opérés par la loi mapam sur le statut de la
communauté d'agglomération de Grenoble
Alpes-Métropole?
Réponse : D'abord il faut signaler que
la loi mapam prévoit la transformation de la communauté
d'agglomération de Grenoble en métropole à partir du 1er
janvier, ce qui sera le cas pour 12 communautés urbaines et
d'agglomération, sachant que la loi a créé quatre types de
métropoles à savoir la métropole du Grand Paris, la
métropole du Grand Lyon, la métropole d'Aix-Marseille et les
métropoles de droit commun dont Grenoble. On attend maintenant un
décret qui fixera le nom, les compétences etc...sachant qu'il y a
déjà six blocs de compétences qui ont été
identifiés en rajoutant pas mal de compétences qui étaient
exercées relativement partiellement jusqu'à présent; elle
étend le champ d'action des compétences. Vous saviez que dans les
communautés d'agglomération il y avait ce qu'on appelait
l'intérêt communautaire qui doit limiter l'exercice de la
compétence dans un certain nombre de domaines bien définis.
Là maintenant les possibilités pour le conseil communautaire de
définir ce qu'on appelle plus l'intérêt communautaire
maintenant mais l'intérêt métropolitain, mais c'est la
même chose, sont beaucoup plus limitées puisqu'elles se limitent
à trois domaines désormais, ce sont les opérations
d'aménagement au sens de l'article L300-1 du code de l'urbanisme, il
s'agit ensuite de tout ce qui touche aux équipements sportifs,
culturels, socio-culturels, socio-éducatifs et enfin tout ce qui est des
centres cinéraires. Donc globalement ça va avoir pour effet de
transférer des compétences déjà des
compétences pleines et entières, on aura des capacités
relativement limitées de restreindre l'exercice de certaines
compétences à certains types de chose puisqu'avant on disait
qu'on est compétent pour des actions de développement
économique d'intérêt communautaire et on listait les
actions précises dans lesquelles la communauté d'agglo
intervenait et dans lesquelles les communes n'intervenaient pas. Maintenant on
a un grand changement à ce niveau-là, on a des compétences
où on aura moins de possibilité de limiter, donc il y a
véritablement un transfert massif de compétences qui est
d'autant plus important que la communauté d'agglo de Grenoble
Alpes-Métropole est une communauté d'agglo peu
intégrée, elle exerçait très peu de
compétences, beaucoup communautés d'agglo exercent des
compétences en matière de voirie par exemple, ce qui
n'était pas le cas de la CAGAM, alors que là elle aura cette
compétence. Donc là il va avoir des changements importants,
sachant qu'en plus Grenoble est une des rares avec Rennes et Rouen à
passer de la CA à la métropole, les autres sont toutes des
communautés urbaines avec des compétences relativement proches
des métropoles. J'aurai donc tendance à dire en me
replaçant dans le contexte dans lequel on se trouve, que la
métropole aura un défi d'autant plus important qu'elle part de
très loin en termes de compétences, il y a donc beaucoup de
changements juridiques, institutionnels et en terme d'organisation puisque la
métro va devoir mettre en oeuvre un certain nombre de compétences
qui nécessitent une gestion quotidienne de proximité; en voirie
il faut être à même de répondre rapidement à
un objet qui obstrue la chaussée ou des choses comme ça; donc il
va avoir pas mal de bouleversements notamment dans la manière dont la
future métropole va gérer un certain nombre de choses sachant que
le but qui est affirmé par les élus c'est qu'il faut un service
rendu à l'usager qui soit au moins meilleur que celui que pratiquait les
communes qui sont dans une relation de proximité les habitants.
Question n° 02: Parlant justement
de proximité, comment la métro entend s'organiser pour être
plus proche des administrés?
Réponse: Il y a deux alternatives: Soit
on met des services de proximité, c'est à dire qu'on
déconcentre les services de la métro de manière à
ce que les habitants puissent s'adresser assez rapidement à la
métro; soit une autre alternative qui à mon sens est la plus
adéquate qui est de s'appuyer sur les communes puisque les communes,
elles savent faire de la proximité. Même si les décisions
politiques seront prises au niveau de la métropole, leur mise en oeuvre
peut être faite au niveau des communes.
Question 03: Pouvez-vous me
repréciser un peu plus les deux alternatives que vous
envisagiez?
Réponse: Sur le premier point, il
s'agira de créer des pôles territoriaux à l'image du
Conseil Général, qui a découpé le territoire du
département de l'Isère en 13 territoires, et sur le
deuxième point s'appuyer sur les communes qui ont des agents en
effectuant un transfert des agents qui soient administrativement
rattachés à la métropole mais qui restent physiquement,
pour certains d'entre eux, au sein des communes de manière à
pouvoir assurer ce rôle de proximité. De toutes les façons
les agents communaux qui exerçaient les compétences
transférées à la Métro seront
transférés à la Métro, donc soit on les
déconcentre ensuite vers des pôles territoriaux, soit on les
laisse dans leurs communes quand bien même juridiquement ils
dépendent de la Métropole, pour que dans leurs tâches
quotidiennes ils continuent à intervenir à un niveau relativement
de proximité et sans trop bouleverser les habitudes des habitants, parce
que les habitants ont l'habitude à chaque fois qu'ils sont un
problème à s'adresser au Maire de leur commune. Il y aura donc
une augmentation des agents de la Métro par le biais du transfert des
agents des communes vers la métropole.
Question n° 04: Par rapport
à la construction du nouveau territoire métropolitain, il a fallu
à la Communauté d'agglomération de fusionner son
territoire avec d'autres intercommunalités pour atteindre le seuil
requis pour obtenir le statut de métropole, pouvez-vous me dire comment
cette fusion a été effectuée?
Réponse: Non, la fusion n'a pas été une
condition nécessaire. Ce sont deux démarches différentes.
En fait, à un moment il y avait la volonté de la
communauté d'agglo de se transformer en communauté urbaine et il
fallait à l'époque 450000 habitants alors que la Métro
n'en comptait que 404.000 et donc il y a eu cette perspective dans le cadre du
schéma départemental de coopération intercommunal de
fusionner un certain nombre de territoires. La fusion de la Métro avec
les communautés de communes du sud-grenoblois (dans lequel
j'exerçais en tant que Directeur Général des Services) et
le balcon-sud Chartreuse n'était pas une condition sine qua non pour se
transformer en métropole, puisque selon la loi, les métropoles,
c'est 400.000 habitants, donc sur ce point la CA elle seule remplissait la
condition pour se transformer en métropole; néanmoins il y avait
une volonté de part et d'autre, avec malgré tout des communes qui
étaient contre, de fusionner et c'est ce qui avait été
fait le 1er janvier 2014, mais c'est une démarche qui était "un
peu indépendante" de la métropole. De toutes les façons,
le préfet, c'est à dire l'Etat dans le cadre de la
métropole avait la capacité de rattacher des territoires voisins
pour plus de rationalisation, d'ailleurs c'est le décret qui fixe le
périmètre, donc s'il n'y avait pas eu fusion, comme cela faisait
partie du schéma départemental de coopération
intercommunal, il y a fort à parier que d'autorité dans le cadre
du décret, il rattache le sud grenoblois et le balcon sud Chartreuse qui
faisaient partie du SDCI. Il y avait à cet effet deux positions qui
s'opposait au niveau de la communauté du Sud-grenoblois, il y avait ceux
qui disaient que la loi sur les métropoles n'est pas encore faite, on ne
sait pas si on va se faire manger dans ce cadre-là donc il ne faut pas y
aller maintenant et il y avait d'autres qui disaient que la métropole va
arriver et c'est clair que dans ce cadre-là on va être
mangé et mieux vaut se faire manger qu'être mangé,
autrement dit il vaut mieux négocier les conditions d'arrivée,
plutôt que d'arriver en cours de route. Voilà les deux positions
qui s'opposaient et donc vraisemblablement la métropole a pesé
dans la fusion mais néanmoins sur un plan strictement juridique il n'y
avait pas besoin pour la communauté d'agglomération de fusionner
pour aller en métropole et je pense même que le Préfet
aurait proposé à l'Etat de fusionner dans le cadre de la
constitution de la métropole les territoires voisins qui étaient
en terme de bassin de vie très liés avec l'agglomération
grenobloise.
Question n° 05: Le territoire de
la nouvelle métropole présente beaucoup de disparités
entre les différentes communes membres, comment fera la métropole
dans ses politiques publiques pour prendre en compte les
spécificités territoriales?
Réponse: On sera bien obligé de
prendre en compte toutes les spécificités mais je ne sais pas
sous quelle forme. Il y a bien sûr des modalités d'intervention
qui vont différer d'un territoire à un autre. Certaines
politiques menées par la métropole seront plus utiles dans
certaines communes et plus utiles dans d'autres et inversement. Je prends
l'exemple de la politique de la ville, elle a toute sa cohérence et sa
légitimité et son utilité à Grenoble, mais si on
monte vers Mont-Saint-Martin il n'y a pas besoin de faire de politique de la
ville. Cet exemple montre bien les différences qu'il peut y avoir entre
les territoires ruraux et les territoires urbains. Je prends une
compétence comme les schémas de mobilisation forestière
qui étaient une compétence précédemment
exercée par la Communauté des communes du Sud-grenoblois et qui
dorénavant sera récupéré par la métropole,
Grenoble n'a pas de forêt et l'utilité de la politique
forestière à Grenoble n'a pas d'utilité, sauf en termes
d'alternatives énergétiques. Ceci montre clairement qu'il' y aura
des disparités dans la manière de mener certaines politiques et
certaines politiques de fait n'auront pas la même importance selon les
territoires, qu'il s'agisse des territoires urbains ou des territoires
ruraux.
Question n° 06: Est qu'il y a un
problème de leadership et la communauté
d'agglomération?
Réponse: Dans toutes les
intercommunalités il y a toujours une difficulté liée au
fait que la ville-centre assure souvent des charges de centralité, c'est
à dire qu'elle assure la prise en charge d'un certain nombre
d'équipements qui profitent à l'ensemble de la population
au-delà de ses habitants. Ce n'est pas un problème entre
l'intercommunalité et la ville-centre mais plutôt un
problème entre la ville-centre et l'ensemble des communes qui composent
l'intercommunalité, ce n'est pas un problème d'institution entre
la ville-centre et l'intercommunalité. La ville-centre
considérant souvent qu'elle assume un certain nombre de charges qui
normalement doivent être « intercommunalisées ».
Question n° 07 : Par rapport
à la possibilité de transferts de compétences par voie
conventionnelle du département à la métropole prévu
par la loi, pour vous quelles compétences paraissent nécessaires
de faire l'objet de cet transfert ?
Réponse : Il faut d'abord distinguer les
compétences conventionnelles « obligatoires » comme la voirie
qui va basculer à la métropole puisque selon la loi, à
défaut de convention dans un certain délai la voirie devient une
compétence métropolitaine, ensuite, on part de tellement loin en
termes compétences, passant d'une communauté
d'agglomération faiblement intégrée à la
métropole, j'avoue que la question des compétences
conventionnelles n'est pas à l'ordre du jour à l'heure actuelle,
ce n'est pas qu'on y réfléchit pas, puisqu'il y a des groupes
thématiques qui sont constituées pour réfléchir sur
la métropole, mais les compétences conventionnelles on s'y
penchera à partir du 1er janvier 2015 ; le premier pas à faire
c'est avec les compétences importantes qu'on va avoir, l'idée est
donc de déjà bien réussir la transformation de la
communauté d'agglo en métropole vis-à-vis des communes, de
manière à avoir des services qui fonctionnent pour la
satisfaction des besoins des habitants. Les compétences conventionnelles
ne font pas partie des enjeux immédiats de la métropole. Je pense
même qu'avec le contexte national actuel où on parle de plus en
plus de la réduction du nombre de régions et de la suppression
pure et simple des départements, ce sont des compétences qui
reviendront pour une grande partie à la métropole, donc par
mesure de prudence qu'il faudra peut-être attendre les futures lois de
réforme territoriale pour voir ce qui va se faire.
Question n° 08 : Quelles
avantages les administrés des différentes communes peuvent tirer
du changement de statut en ce qui concerne les services qui leur sont rendus
?
Réponse : Avec la baisse des dotations
de l'Etat et peut être des ressources fiscales, le but de
l'intercommunalité aujourd'hui en France est de faire des
économies d'échelle et de rationaliser l'action publique,
c'est-à-dire une mise en cohérence, éviter qu'on multiplie
des équipements pour rien et de travailler plus à la satisfaction
des habitants. C'est un défi pour la métropole de permettre
à avoir au moins autant de services, voire le cas échéant
mieux avec moins de frais.
ANNEXE N° 03
ENTRETIEN AVEC M. Pierre-Yves
DROGUE, Directeur Général des Services de la
Commune de Seyssinet-Pariset
Date : 15 juin 2014
Lieu : Mairie de Seyssinet-Pariset
Durée : 32 minutes
Question n° 1 : Que vous inspire
de façon générale la transformation en métropole de
la communauté d'agglomération de Grenoble-Alpes Métropole
?
Réponse : D'abord le
phénomène de regroupement des structures publiques est un
phénomène inéluctable. Après il peut y avoir des
questions autour du calendrier de tout ceci qui n'est pas sans poser de grosses
difficultés. Ensuite la conjonction d'élections municipales en
même temps que la décision de créer une métropole
procure une interférence forte et ça a fait perdre beaucoup de
temps aux politiques, la prise de décisions politiques s'en est
retrouvée largement retardée. S'il est vrai que le regroupement
des collectivités est une nécessité, la question qui se
pose est de savoir si on a pris les bons moyens et la bonne forme ? La
difficulté pour nous les communes est qu'on est déjà au 15
juin et on n'a pas une idée du périmètre de tout cela et
c'est un problème pour les agents parce que chez nous il y une bonne
vingtaine d'agents concernés mais c'est difficile aujourd'hui de dire
qui est concerné et qui ne l'est pas. S'agissant notamment des
transferts de compétences au niveau de la voirie, tant que les
périmètres ne sont pas définis c'est compliqué.
Question n° 02 : Quelles sont les
attentes de votre commune en termes d'amélioration des services rendus
aux administrés avec la métropole ?
Réponse : Je ne suis pas sûr que la
métropole se fasse uniquement sur une question d'amélioration des
services, elle se fait d'abord sur des principes d'efficacité et des
principes économiques. Elle est créée pour se substituer
à long terme au conseil général, elle permet de regrouper
les moyens des communes dans une meilleure efficience et à termes faire
des économies, mais je ne sais pas si la qualité des services va
s'améliorer, ça reste à démontrer. Par contre les
logiques économique et organisationnelle justifient la mise en place des
métropoles. Par exemple si on regroupe demain les services de l'eau
ça peut provoquer des améliorations dans certaines communes mais
d'autres n'y trouveront pas leur compte. La mutualisation ne peut avoir son
sens que suivant des cas, on ne peut pas généraliser. Je ne suis
pas sûr que la position générale soit aujourd'hui celle de
l'amélioration des services. Et puis clairement je ne crois pas qu'il y
a une attente des communes vis-à-vis de cet aspect-là, c'est une
décision qui a été imposée, ce n'est pas la
volonté des communes qui a fait la métropole, mais c'est la loi
et c'est différent. L'Etat attend des choses mais les communes ne sont
pas forcément demandeuses.
Question n°03 : Avec la loi
mapam, on sent une certaine forme de recentralisation des compétences
communales au niveau des métropoles, et je voudrais savoir comment vous
appréhendez la manière dont la métropole doit s'y prendre
pour être plus proche des administrés dans la mise en oeuvre de
ces compétences ?
Réponse : Il va falloir qu'il y ait une
grande réflexion autour de la territorialisation. C'est là l'un
des grands enjeux, les communes exercent un service de proximité et il
est évident que si on rassemble, il y a un risque d'éloignement
de l'action publique. Il faut alors que se mette en place un certain nombre de
procédures qui permette de répondre à la demande de
proximité, et c'est là la relation qui va s'instaurer entre les
organes de décision de la métropole et les communes qui vont
être pendant un temps les relais de la demande. Il s'agit d'une
réflexion sur la gouvernance du territoire qui doit être
organisée. Il y a eu pendant un temps une réflexion au niveau de
la communauté d'agglomération sur la polarité, qui a
débouché sur des esquisses de la territorialisation. Je n'ai pas
les clés mais je pense qu'il s'agit d'un enjeu extrêmement fort.
Question n° 04 : Avec
l'effectivité du transfert des compétences communales à la
métropole, l'un de grands enjeux reste également
l'opportunité qu'offre la loi à la métropole de
solliciter des transferts conventionnels auprès des autres
collectivités territoriales. Quelles compétences
départementales souhaiteriez-vous voir exercées par la
métropole ?
Réponse : Hormis la voirie qui est
assurée d'être transférée, les choses se compliquent
au niveau des autres compétences comme l'action sociale, ça
demandera beaucoup de réflexions.
Question n° 05 : Que pensez-vous
de l'élargissement du périmètre de la métropole
à l'orée de la métropolisation ?
Réponse : Il s'agit d'un
télescopage, ce sont deux choses différentes.
L'élargissement de La Métro était antérieur
à la métropolisation. La fusion a quand même permis
à La Métro de faire un exercice pratique sur l'intégration
des personnels avec l'accueil des agents en provenance des communautés
qui ont fusionné. Ça lui aura permis de travailler sur ces
questions-là et elle se trouvera moins démunie quand il s'agira
de gérer la question du nombre important d'agents qui vont être
transférés au 1er janvier 2015.
Question n° 06 : L'analyse du
territoire métropolitain révèle de fortes
disparités entre les différents territoires, avec une association
de territoires urbanisés et de territoires ruraux, comment pensez-vous
que la métropole puisse prendre en compte toutes les
spécificités territoriales dans l'élaboration de ses
politiques publique ?
Réponse : La logique territoriale de
tout ça est que le nouveau périmètre réunit les
territoires du bassin de vie grenoblois qui a une certaine
réalité. Ça permet également aux petites communes
de bénéficier des services qu'elles n'auraient pas pu avoir
toutes seules. Il est aussi évident que l'augmentation des communes au
niveau de La Métro peut renforcer le poids des petites communes. On
était dans une communauté d'agglomération urbaine mais la
métropole va être un peu moins urbaine avec la majorité de
territoires ruraux.
Question n°07 : Que pensez-vous
de l'association des citoyens aux projets métropolitains et de la
démocratie participative en générale dans
l'agglomération grenobloise ?
Réponse : on est dans un moment
où manifestement il y a des démarches planifiées autour de
tout ça, il y aura fortement des instances de concertation, mais l'autre
débat c'est la représentativité de ces instances. Mais
c'est vraiment important d'associer les citoyens à la gestion des
affaires de la métropole.
ANNEXE IV
ENTRETIEN AVEC M. Dominique ESCARON,
Maire de la Commune du Sappey-en-Chartreuse
Date : 27 juin 2014
Lieu : Seyssins
Durée : 46 minutes
Question n° 1 : Quel est
votre point de vue général sur la transformation à partir
du 1er janvier 2015 de La Métro en
métropole ?
Réponse : C'est à la fois
une chance et un risque. Une chance parce que c'est un outil administratif qui
peut permettre à l'agglomération d'être mieux
organisée et d'être plus attractive. Dans nos petits villages de
montagne on n'est pas du tout dans une ambiance de métropole, on n'a
rien à voir avec une métropole. C'est un village de touristes,
d'agriculteurs, de maisons secondaires et ça n'a rien à voir avec
une ville et sa banlieue. On nous a intégré de force dedans mais
on est quand même conscient que dans notre vie quotidienne l'essentiel
des gens qui travaillent descendent dans la métropole, utilisent le
réseau routier, vivent de l'économie et ça a du sens qu'on
soit dans cette affaire sous réserve que notre spécificité
n'en pâtisse pas. La métropole c'est une vraie opportunité
si elle capable de se concentrer sur un certain nombre d'objectifs qui me
paraissent essentiels et assez simples : le 1er c'est le
développement économique, c'est-à-dire faite de la
métropole une plate-forme qui favorise l'intégration
d'entreprises étrangères, le développement d'entreprises
qui possèdent une attractivité sur le numérique, sur la
métallurgie... et qui incite les gens à s'installer et ne les
fasse pas fuir. C'est là le premier objectif et je pense que si on le
rate, on ratera plein de choses. Le 2e objectif lié à
l'un des points faibles actuels de notre zone, c'est les déplacements.
Aujourd'hui Grenoble est carrément bloqué, on ne peut plus s'y
garer, s'y circuler. On inaugure la semaine prochaine une nouvelle ligne de
tram qui ne change rien, et qui peut être nuit à la qualité
globale des déplacements, sans parler qu'elle a bloqué une masse
considérable de financements. Sans être contre le transport public
ou cette ligne de tram, il y a un problème global de
rééquilibrage, c'est-à-dire comment on va d'un point
à un autre, quels sont les flux, comment on arrive à rejoindre
les grosses plates-formes d'emploi, ce sont des problématiques
essentielles pour les opérateur économiques et on perd des
opportunités d'emploi et de développement économiques,
parce que Grenoble n'est plus accessible. Le 3e
élément clé de cette métropole, c'est les services.
Par exemple l'assainissement, c'est un service intelligent. Ce n'est pas un
outil de proximité, c'est un service technique et des services de cette
nature bien gérés c'est efficace. D'autres services comme le
déneigement ou l'éclairage public qui sont des sujets où
chaque ville, village, rue devient un cas particulier et personne ne
m'expliquera qu'une métropole est mieux à même pour
gérer des questions de cette nature-là. Mais si derrière
c'est pour nous expliquer qu'on a fait une grosse métropole et faire
ensuite des sous-métropole parce que la Chartreuse c'est
différent du Vercors ou de Belledonne et si à l'intérieur
même de la Chartreuse c'est pour nous expliquer qu'il y a certains qui
dépendront d'un côté et les autres de l'autre, on est
reparti à faire des morceaux. Donc, sur les services il faut être
très performant sur les services mutualisables et il faut faire le tri
entre ce qui est mutualisable ou pas. Par exemple quand vous êtes maire
d'une commune les gens viennent vous voir pour le problème d'un
nid-de-poule et si la seul réponse c'est de leur dire que je vais faire
suivre votre demande à La Métro et qui me répondra que le
plan quinquennal a prévu de résoudre le problème dans
quatre ans et demi, alors nous on ne reste pas maire longtemps.
Question n° 02 : Pouvez-vous
me raconter les circonstances du rattachement de votre commune au
périmètre de La Métro par arrêté du
Préfet ?
Réponse : En fait le Préfet
est innocent, c'est juste des gens qui ont besoin d'âmes qui ont
trouvé intérêt à aller chercher les âmes
où elles étaient. Mais ma commune a voté contre, mais ils
s'en fichent, c'est juste qu'il y a des gens qui veulent faire augmenter des
effectifs et ils cherchaient partout des communes à rattacher, donc
c'est juste pour faire monter des chiffres.
Question n° 03 : Et donc
dans votre commune la métropole était perçue comme un
danger ?
Réponse : Effectivement, elle
perçue comme un danger, une monstruosité administrative qui n'a
pas plus de valeur ajoutée que l'empilement de régions,
départements...Si on prenait les choses par le haut comme je l'ai
expliqué au début c'est compréhensible, mais si c'est pour
demander aux gens qui habitent un petit village à 1000 mètres
d'altitude de payer le tram à Saint-Egrève qu'ils ne prendront
jamais, ça ne nous intéresse pas, le Stade des Alpes ça ne
nous intéresse pas ; mais si c'est pour nous aider à faire
vivre notre station de ski dans lequel ce sont les grenoblois qui viennent
apprendre à skier, alors là on est d'accord, donc c'est un
problème d'équilibre et d'explication. Les gens ont aujourd'hui
peur de la métropole parce que ceux qui sont venus habiter à 1000
mètres d'altitude ce ne sont pas des gens qui rêvaient de la vie
urbaine, des services urbaines, donc ils ne veulent pas être
mangés à cette sauce-là. Mais si on leur explique que
quelque part leur vie dépend aussi de la puissance économique de
La Métro, leurs avis peut évoluer positivement et peut-être
le mien aussi.
Question n° 04 : Quels sont
alors vos attentes en termes d'amélioration des services avec la
métropole ?
Réponse : L'attente elle est
simple. Si on améliore par exemple le service de ramassage des poubelles
en faisant baisser les prix, alors là c'est une victoire. Si La
métro supporte les projets de développements locaux
d'amélioration des stations de ski, des habitats, de circulation, etc...
Ça va être perçu positivement. Mais si à la fin
c'est pour se retrouver avec des services dont le niveau d'efficacité
diminue, les prix augmentent ou la proximité se perd, les gens seront
évidemment contre.
Question n° 05 : Pouvez-vous
me parler un peu des spécificités de votre commune et de la
manière dont vous appréhendez la prise en compte de ces
spécificités dans l'élaboration des politiques publiques
métropolitaines ?
Réponse : Nous avons plein
d'atouts qu'il faut rendre cohérents et ma commune a une
difficulté à rendre cohérent tous ces atouts à
cause de notre faiblesse économique, sur le plan des transports par
exemple. Aujourd'hui je suis incapable de répondre à la question
sur la manière dont ces politiques seront menées. Il faut juste
trouver l'équilibre.
Question n° 06 : Quelle est
votre avis sur la question de l'association des citoyens aux choix
métropolitains et sur la démocratie participative en
général dans l'agglomération
grenobloise ?
Réponse : C'est une foutaise,
c'est une pure foutaise. Les gens qui imaginent ça dans leurs bureaux
à Paris en créant des montres administratifs par des lois, en se
bardant de bons sentiments de cette nature, ça s'appelle une foutaise.
D'abord nous les maires des communes, on a l'impression d'être
débordé par ces trucs. Comment voulez-vous que les gens qui
habitent ces territoires peuvent s'exprimer efficacement ? Si c'est juste
pour faire une réunion pour dire aux gens que de toutes les
façons on n'a pas le choix ça ne sert à rien. Si on
donnait plus de pouvoir aux maires pour gérer ce contact direct, la
participation est instantanée, facile et réelle. A
l'échelle métropolitaine, le Président de La Métro
ou ses Vice-Présidents ils n'ont jamais discuté avec un habitant
avec mon village. Quand vous commencez par fabriquer des réunions
à l'autre bout de la ville pour parler d'un sujet participatif quel
pourcentage de mon village va s'y rendre et quel niveau de politisation les
gens qui vont s'y rendre auront ? On va retrouver les mêmes,
quelques associations affûtés sur des sujets de participation,
mais la réalité des gens qui doivent y aller n'iront pas et si
d'aventure ils y vont ils ne seront pas dans une situation d'aborder des sujets
qui leur tiennent à coeur. Par exemple au niveau de l'Etat, qui va
monter à Paris discuter dans un groupe de travail sur la réforme
de l'éducation national ou sur le dossier Alstom ? Il faut revenir
à des choses raisonnables, les gens peuvent discuter à
l'échelle de quartier, c'est une bonne échelle. Mais quand on
veut faire la démocratie participative à l'échelle de la
métropole on se met le doigt dans l'oeil. Il faut les élus
constituent des courroies de transmission entre les gens de leur territoire et
l'organisation centrale, l'effort doit être fait là. Si les
conseillers communautaires ne font pas leur boulot de relais locaux, il faudra
les sanctionner.
Question n° 07 : Que
pensez-vous de l'éventualité des transferts des
compétences départementales ou régionales à la
métropole ?
Réponse : Moi je crois qu'à
force de vouloir toujours rationaliser, on ne rationalise rien. Ça
devient infernal aujourd'hui on ne sait pas qui gère quoi. Vous avez
parfois à 500 mètres une école primaire, un collège
et un Lycée et ce n'est pas le même plombier qui vient serrer les
trois boulons dans les trois établissements, où est la
rationalité dans tout ça ? On rajoute aujourd'hui des
couches et je pense qu'à un moment sur un territoire il faut une seule
personne responsable, mais chaque cas est particulier. Le grand problème
des lois actuelles c'est la généralisation des compétences
et ils n'ont pas prévu assez de souplesse, mais moi je crois que les
menus à la carte c'est bien aussi. Avant on faisait des syndicats et
adhérait au syndicat qui veut, et ça marchait, chacun y trouvait
son compte. Pourquoi demander à La Métro de gérer tout le
territoire de la même manière ?
Question n° 08 : Quel est
votre mot de fin ?
Réponse : Et bien vous venez de
l'avoir ! J'en reviens toujours à mes trois objectifs prioritaires
qui sont totalement transversales : offrir des bons déplacements,
une bonne attractivité économique et des services de
qualité.
ANNEXE N° 05
ENTRETIEN AVEC Mme Catherine POUYET,
Présidente du conseil de développement de La
Métro
Lieu : Siège de La
Métro, Grenoble
Date : 11 juin 2014
Durée : 52 minutes
Question n°1 : Pouvez-vous
me dire en quelques mots les missions dévolues au Conseil de
développement ?
Réponse : Le conseil de
développement est doté essentiellement de missions consultatives
qui concernent l'assistance aux élus pour l'élaboration des
politiques publiques, relayer auprès des élus les points de vue
de la société civile sur tous les grands thèmes qui
fondent le développement et l'attractivité du territoire et
faciliter pour les habitants de l'agglomération l'accès et la
compréhension des politiques publiques menées par les élus
communautaires. Voilà les domaines d'intervention du conseil de
développement qui ne dispose pas de compétences
délibératives mais donne seulement des avis sur les questions
d'intérêt communautaire. Nous avons deux types de saisine,
à savoir la saisine par les élus sur certains dossiers, mais nous
pouvons également nous autosaisir si les circonstances le demandent.
Nous avons donc signé un protocole de partenariat avec la
communauté d'agglomération, sur lequel nous nous basons pour
fonctionner.
Question n° 2 : Comment vous
organisez-vous au sein de l'institution pour accomplir les missions qui vous
sont dévolues ?
Réponse : Le conseil de
développement est composé de 89 membres bénévoles
qui proviennent de la société civile et des personnalités
qualifiées choisies par le Président de la communauté
d'agglomération. Nous nous réunissons en séance
plénière une fois par mois pour confronter nos points de vue et
avoir l'avis des spécialistes sur des questions données. Notre
organisation interne s'appuie sur deux chargés de mission mais aussi sur
trois commissions thématiques internes qui recoupent l'ensemble des
missions qui nous sont confiées. Il s'agit de :
- Commission innovation et emploi
- Commission aménagement du territoire, temps et
mobilité
- Commission culture, solidarité et
démocratie
Question n° 03 : Le
changement de statut de la communauté d'agglomération de Grenoble
Alpes-Métropole en métropole à partir du 1er
janvier 2015 aura-t-il des impacts sur l'organisation et le fonctionnement du
Conseil de développement ? (Positifs et
négatifs)
Réponse : En termes d'impacts du
changement de statut sur le conseil de développement, il faut signaler
d'abord le prolongement du mandat des membres de notre conseil jusqu'à
la fin de l'année 2014 pour permettre au nouveau conseil qui sera
désigné de démarrer son mandat avec celui de la
métropole à partir du 1er janvier 2015, alors que
normalement notre mandat devrait être renouvelé avec le nouveau
conseil communautaire. Passer du conseil de développement de
communauté d'agglomération au Conseil de développement de
métropole suppose donc que nous prenions en compte les exigences
nouvelles qui s'imposent à nous. Pour moi, il faudra améliorer le
fonctionnement actuel du conseil de développement, nous adapter au
statut de métropole et ses implications, rajeunir le conseil et
développer la parité entre les membres.
Question n° 04 : Quel
rôle le conseil de développement a-t-il joué dans la
préparation de ce changement de statut ?
Réponse : Alors, au départ
Grenoble n'était pas assuré de faire partir des
métropoles, notamment par rapport aux précédents projets
de loi qui voudraient soumettre le passage au statut des métropoles au
vote des élus. Et au niveau de la coordination nationale des conseils de
développement, nous avions décidé de faire du lobbying
territorial auprès des élus nationaux de nos territoires et dans
ce cadre nous avons eu des rencontres avec Michel Destot, ancien maire de la
ville de Grenoble et sénateur qui était très favorable
à l'acquisition de ce statut de métropole, ce qui n'était
pas le cas d'autres élus communautaires. Donc nous avons essentiellement
joué un rôle de lobbying qui finalement a payé puisque la
loi ayant désormais imposé le statut de métropole et a
dressé la liste des nouvelles métropoles parmi lesquelles figure
Grenoble Alpes-Métropole.
Question n° 05 : Pensez-vous
qu'à l'orée de la métropolisation, un renouveau (une
réorganisation) du Conseil de développement est
nécessaire ? Pourquoi ? Comment ?
Réponse : Oui je pense qu'une
réorganisation du conseil de développement actuel est très
nécessaire. Il faudra créer un conseil de développement un
peu plus tourné vers les citoyens que ce qui a été fait
jusqu'à présent où nous avons été beaucoup
plus tournés vers les élus. Il faudra une multipolarité du
conseil de développement qui se traduira par la mise en place des
pôles territoriaux pour mieux prendre en compte les
spécificités des nouveaux territoires qui ont
intégré la métropole. Et comme je l'avais
déjà évoqué, un rajeunissement du conseil est
primordial tout comme la question de la parité. Il faudra
également renforcer l'indépendance du conseil par rapport aux
élus tout en maintenant le dialogue. Il s'agirait en quelque sorte d'une
« indépendance dialoguante » avec les élus
Question n° 06 : A quels
niveaux de la gouvernance métropolitaine (Elaboration des politiques
publiques ou mise en oeuvre de l'action publique) intervient le conseil de
développement ?
Aujourd'hui nous intervenons principalement dans la phase
d'élaboration des politiques publiques à travers les saisines
dont nous sommes objets. Nous intervenons également dans la phase
d'évaluation de l'action publique sans toutefois avoir beaucoup de marge
de manoeuvre. Il va s'en dire que nous intervenons moins dans la phase de mise
en oeuvre mais nous voulons aujourd'hui avoir une traçabilité de
nos avis, c'est-à-dire la prise en compte de nos avis par les
élus dans la phase de mise en oeuvre de l'action publique.
Question n° 07 : Que
pensez-vous de la démocratie participative dans l'agglomération
grenobloise ?
Réponse : La démocratie
participative a déjà une histoire dans la ville de Grenoble
depuis le temps où Hubert Dubedout était maire de la ville avec
des unions de quartiers et les associations, au point qu'aujourd'hui, d'autres
communes viennent s'inspirer du modèle grenoblois. La démocratie
participative dans l'agglomération grenobloise est donc
héritière de ce temps et s'exerce en collaboration avec les
territoires de l'aire urbaine de Grenoble.
Question n° 08 : Pensez-vous
qu'avec le changement en métropole, il faudra institutionnaliser les
rencontres métropolitaines avec les
administrés ?
Réponse : C'est nécessaire
et il faudra trouver les formes pour initier des rencontres
métropolitaines avec les citoyens qui se sentent aujourd'hui perdus dans
cet univers de métropole. Il faudra trouver les moyens pour expliquer
aux citoyens les enjeux de la métropole, c'est indispensable. Nous de
notre côté nous avons même imaginé de fabriquer un
buste de la métropole pour l'expliquer aux gens. Il faudra
décentraliser même les rencontres métropolitaines sur les
territoires des communes de la métropole pour faire participer beaucoup
de personnes.
ANNEXE VI
CARTE DE LA METRO
Source :
www.lametro.fr/152-49-communes.htlm
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- DUFRESNE (Cyril), Chargé de mission métropole
à La Communauté d'agglomération de Grenoble-Alpes
Métropole, Entretien du 23 mai 2014, Grenoble ; Annexe
n° 02
- ESCARON (Dominique), Maire de la commune du
Sappey-en-Chartreuse, Entretien du 27 juin 2014, Seyssins, Annexe
n° 04
- POUYET (Catherine), Présidente du Conseil de
développement de la Communauté d'agglomération de
Grenoble-Alpes Métropole, Entretien du 11 juin 2014,
Grenoble ; Annexe n°05
- VIGNON (Thierry), Directeur général des
services du Conseil général de l'Isère, Entretien du
24 mars 2014, Grenoble ; Annexe n° 01
TABLE DES MATIERES
Page
DEDICACE................................................................................................
2
REMERCIEMENTS.......................................................................................3
SOMMAIRE................................................................................................4
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS...........................................................5
INTRODUCTION
............................................................................
.......... . 6
PREMIERE PARTIE : D'UNE COMMUNAUTE
D'AGGLOMERATION, EPCI FAIBLEMENT INTEGRE, A UNE METROPOLE « DE DROIT
COMMUN » : ENJEUX D'EQUILIBRE TERRITORIAL ET DE COHERENCE
INSTITUTIONNELLE.................................................................................19
Chapitre 1er : L'héritage du territoire
de la Communauté d'agglomération par la métropole : un
territoire aux multiples facettes
........................................................20
Section 1ère : La fixation du
périmètre de la métropole : Vers une confirmation du
périmètre de l'actuelle communauté
d'agglomération
..............................................................20
§1 : L'extension du périmètre de
l'agglomération grenobloise à l'orée de la
métropolisation.............................................................................................................
21
A. Une démarche basée sur le schéma
départemental de coopération intercommunale
(SDCI)................................................................21
B. Une démarche controversée
..........................................................................24
§2 : Une démarche indépendante de la
transformation en métropole mais favorisée par la perspective
métropolitaine
..........................................................................26
A. L'impact négligeable de l'extension sur
l'attribution du statut de
métropole................................................................................
27
B. Une extension favorisée par la perspective
métropolitaine....................28
Section II : La constitution d'un territoire
métropolitain hétérogène
.............................30
§1 : Une métropole intégrant des
territoires aux enjeux spécifiques......................30
A. La fragmentation du territoire métropolitain en
espaces urbains et
ruraux....................................................................................30
B. Le débat autour de la pertinence du territoire
et de son adaptation aux enjeux
métropolitains...........................................................................32
§2 : La nécessité d'une prise en
compte des spécificités territoriales dans l'élaboration
et la mise en oeuvre des politiques publiques
métropolitaines..................................35
A. La recherche de la cohésion territoriale et
sociale..............................35
B. La conciliation difficile mais nécessaire des
intérêts ruraux et urbains pour une cohésion
métropolitaine...........................................................38
Chapitre 2 : La métropole de Grenoble :
une Communauté urbaine améliorée ?
..........41
Section 1ère : Une évolution
institutionnelle marquée
...............................................41
§ 1 : Le renforcement significatif des
compétences de La Métro .........................42
A. L'effectivité du transfert des
compétences communales à la
métropole.................................................................................42
B. Un bloc de compétences susceptible d'être
renforcé par des transferts de compétences conventionnels de
l'Etat et des autres collectivités
territoriales..............................................................................45
§ 2 : L'institution de nouveaux organes
métropolitains .................................... 49
A. La substitution du conseil de la métropole au
conseil communautaire au 1er janvier
2015.........................................................................45
B. Le renforcement des attributions du Président du
conseil de la métropole par la loi
mapam.............................................................................52
Section II : Une évolution institutionnelle
atténuée..................................................55
§ 1 : Un statut de métropole de droit
commun à portée réduite.............................56
A. Une similarité statutaire avec les
communautés urbaines......................56
B. Un ancrage territorial problématique face
à la méfiance des autres collectivités
territoriales...............................................................60
§ 2 : L'articulation incertaine des
compétences de la métropole avec celles des autres
collectivités
territoriales........................................................................63
A. La métropole, vrai faux-remède à
l'émiettement communal et à l'enchevêtrement des
compétences entre
collectivités.............................64
B. L'importance des instances de coordination et
d'harmonisation des
compétences..............................................................................68
DEUXIEME PARTIE : LA MISE EN OEUVRE DES
COMPETENCES METROPOLITAINES : ENJEUX DE SIMPLIFICATION DE L'ACTION PUBLIQUE
LOCALE ET DE PROXIMITE AVEC LES ADMINISTRES
.............................. 72
Chapitre 1er : La métropole,
outil de simplification de l'action publique locale dans l'agglomération
grenobloise
?.................................................................................................73
Section 1ère : Le recours à
la mutualisation des services par la métropole
........................73
§ 1 : La mutualisation, vecteur de rationalisation de
l'action publique locale ............74
A. L'obligation législative d'élaboration
des schémas de mutualisation des
services...................................................................................74
B. La mutualisation : entre objectifs d'efficacité
de l'action publique locale et de réduction des couts de fonctionnement
et facteur d'intégration
communautaire..........................................................................76
§ 2 : La mise en oeuvre de la mutualisation des
services dans les EPCI : entre complexité de régime et
controverses sur la finalité
......................................................78
A. Les conséquences des transferts de
compétences à la métropole sur les services et les agents
concernés........................................................78
B. La mutualisation sujette à la contestation de sa
finalité et à la méfiance des communes
périphériques vis-à-vis de la
ville-centre...................................81
Section 2 : Une action publique
métropolitaine efficace garantie par la proximité de sa mise en
oeuvre avec les
citoyens....................................................................................84
§ 1 : Une efficacité basée sur la
constitution un pôle unique de décision et de coordination de
l'action publique
locale.......................................................84
A. La métropole, espace de coordination des
politiques publiques
locales....................................................................................85
B. Vers une remise en cause de la proximité des
citoyens des centres de décision par la
métropole?...............................................................................................87
§ 2 : Vers une territorialisation de l'action
publique métropolitaine ?...........................89
A. L'hypothèse de la constitution de pôles
territoriaux de mise en oeuvre de l'action publique
métropolitaine.........................................................89
B. L'échelon communal, relai de l'action publique
métropolitaine ?.................92
Chapitre 2 : Vers un renouveau de la
démocratie participative dans l'agglomération grenobloise avec
l'institution de la métropole
?...................................................................94
Section 1ère: Rôles et nouveaux
défis du conseil de développement grenoblois
...............95
§ 1 : La place du conseil de développement
dans la gouvernance métropolitaine
grenobloise........................................................................................95
A. Un conseil de développement strictement
encadré par les élus................96
B. Un conseil de développement ambitieux mais
réservé dans sa démarche...98
§ 2 : Vers un renouveau du conseil de
développement à l'heure de la métropole ?........99
A. Les impacts de la transformation en métropole
sur le conseil de
développement.................................................................................................100
B. La perspective d'un renforcement des liens entre le
conseil de développement et les
citoyens...........................................................................103
Section 2 : La participation citoyenne à la
construction et aux choix métropolitains..........104
§ 1 : Les dispositifs d'association des citoyens
à la construction et aux choix métropolitains dans
l'agglomération
grenobloise..........................................105
A. La charte de la participation :un outil au service
du renforcement de la démocratie participative dans
l'agglomération grenobloise....................105
B. Des dispositifs de participation aux résultats
mitigés........................108
§ 2 : Les perspectives d'avenir de la
participation citoyenne dans la métropole
grenobloise......................................................................................110
A. L'information nécessaire des citoyens sur la
métropole.....................111
B. Vers une amélioration des dispositifs de
démocratie participative dans l'agglomération grenobloise
à l'heure de la métropole..........................113
CONCLUSION
.........................................................................................116
ANNEXES .............................................................................................119
Annexe I : Entretien avec M. Thierry vignon, Directeur
général des services du Conseil général de
l'Isère
.................................................................................................120
Annexe II : Entretien avec M. Cyril Dufresne,
Chargé de mission métropole à La Métro....127
Annexe III : Entretien avec M. Pierre-Yves Drogue,
Directeur général des services de la commune de
Seyssinet-Pariset........................................................................134
Annexe IV : Entretien avec M. Dominique Escaron, Maire
de la commune du
Sappey-en-Chartreuse................................................................................................137
Annexe V : Entretien avec Mme Catherine Pouyet,
Présidente du Conseil de développement de La Métro
.................................................................................................141
Annexe VI : Carte de La
Métro.......................................................................144
BIBLIOGRAPHIE
.....................................................................................145
Table des
matières......................................................................................154
* 1 Cité par PERBEN
(Dominique), Imaginer les métropoles d'avenir, Rapport
d'information, Assemblée nationale, janvier 2008, P.3
* 2 ANTIER (Gilles),Les
stratégies des grandes métropoles : enjeux, pouvoirs,
aménagement, Editions Armand Colin, Paris, 2005, P.7
* 3 LEFEVRE (Christian),
Gouverner les métropoles, LGDJ lextenso éd., coll.
Politiques locales, 2009, P. 35
* 4 PROTIERE (Guillaume),
« Le statut des métropoles en France », in Revue
Est-Europa, 2, 2012, 289-309
* 5 Ibid
* 6 CAILLOSSE (Jacques),
« La ville, le droit et la redistribution des territoires
administratifs », in Politiques et management public, vol.
13, n°03, septembre 1995, P.89, cité par PROTIERE (Guillaume),
op.cit.
* 7 Loi du 22 mars 1890
autorisant la création des syndicats de communes pour gérer des
services publics débordant des limites territoriales des communes
* 8Manuel du comité
européen sur la démocratie locale et régionale, 2008
* 9 DEFFIGIER (Clotilde), «
Intercommunalité et territorialisation de l'action publique en Europe
», in Revue française d'administration publique, 2007/1
n° 121-122, p. 79-98. DOI : 10.3917/rfap.121.0079
* 10 Ordonnance n°59-29 du
05 janvier 1959 tendant à instituer des districts urbains dans les
grandes agglomérations
* 11 Les compétences
obligatoires des districts urbains étaient relatives au logement,
incendie et secours et les services précédemment assurés
par les syndicats de communes associant les mêmes communes.
* 12 Loi du 10 juillet 1964
portant réorganisation de la région parisienne, JORF du 12
juillet 1964, P. 6204
* 13 Loi n° 66-1069 du 31
décembre 1966 relative aux communautés urbaines, JORF du 04
janvier 1967, P.99
* 14 Dunkerque en 1968,
Creusot-Monceau en 1970, Cherbourg et Le Mans en 1972 et Brest en 1973.
* 15 COLARD (Daniel),
« Une structure supra-communal pour les grandes villes : les
communautés urbaines », in AJDA, 1967, P.449
cité par PORTIERE (Guillaume), op.cit.
* 16 Loi n° 70-610 du 10
juillet 1970 tendant à faciliter la création
d'agglomérations nouvelles, JORF du 12 juillet 1970, P. 6539
* 17 Loi n° 83-636 du 13
juillet 1983 portant modification du statut des agglomérations
nouvelles, JORF du 14 juillet 1983, P.2179
* 18 En 1976, Olivier Guichard
(1920-2004), du nom d'un ancien homme politique français, avait
été chargé par le Président de la République
Valéry Giscard d'Estaing de diriger la commission de
développement des responsabilités locales pour se pencher sur les
réformes de la décentralisation et de
l'intercommunalité
* 19 KERROUCHE (Eric), «
Bilan de l'intercommunalité à la française dans une
perspective européenne », in Revue française
d'administration publique, n° 141, 2012, p. 37-53
* 20 Création des
métropoles d'équilibre en 1966, Loi Marcellin tendant à la
fusion autoritaire des communes en 1971 et Rapport Guichard de 1976 sur le
renforcement de l'intercommunalité
* 21 Lois Deffere de 1982 et
1983
* 22 LEFEVRE (Christian),
op.cit., P. 9
* 23 Ibid
* 24 Ibid, P.37
* 25 Loi d'orientation n°
92-125 du 06 février 1992, JORF n° 33 du 08 février 1992,
P.2064
* 26 LEFEVRE (Christian),
op.cit., P.10
* 27 Ibid, P.37
* 28 POTIERE (Guillaume),
op.cit.
* 29 Loi n° 99-553 du 25
juin 1999, JORF du 29 juin 1999, P. 9515
* 30 Loi n° 99-586 du 12
juillet 1999, JORF du 13 juillet 1999, P. 10361
* 31 Communautés
urbaines, communautés d'agglomération et communautés de
communes
* 32 Au sens de l'INSEE, une
aire urbaine se définit comme un ensemble de communes d'un seul tenant
et sans enclave constitué par un pôle urbain qui rassemble au
moins 5000 emplois et par des communes rurales et des unités urbaines
dont au moins 40% de la population résidente ayant un emploi, travaille
dans le pôle où les communes attirées par celui-ci.
* 33 Pour les grandes
agglomérations de plus de 500.000 habitants.
* 34 Pour les
agglomérations de taille moyenne avec une population comprise entre
200.000 et 500.000 habitants.
* 35 Rapport
d'évaluation réalisé par le Sénateur G. Dallier en
2006, P.28, cité par LEFEVRE (Christian), op.cit., P.40
* 36 PROTIERE (Guillaume),
op.cit.
* 37 Ibid
* 38 Rapport d'étape sur
la réorganisation territoriale établie par mission
sénatoriale présidée par Claude Belot (2008-2009) ;
Rapport d'information « Faire confiance à l'intelligence
territoriale » fait au nom de la mission temporaire du Sénat sur
l'organisation et l'évolution des collectivités territoriales
présentée par Yves Kattinger et Jacqueline Gourault (2008-2009),
etc...
* 39 Exposé des motifs
du projet de loi de réforme des collectivités territoriale
* 40 BALLADUR (Edouard), Il
est temps de décider, Paris, La documentation française,
2009
* 41 Lyon, Lille, Marseille,
Bordeaux, Toulouse, Nantes, Nice, Strasbourg, Rouen, Toulon et Rennes
* 42BALLADUR (Edouard), op.cit.
P.77
* 43 Ibid.
* 44 Article L.5217-1
* 45 MARCOVICI (Emilie),
op.cit.
* 46 MARCOU (Gérard),
« Les métropoles ont-elles une chance ? », in
JCP Adm, 26 juillet 2010, n°30
* 47 Métropole de
Nice-Côte-d '-Azur, créée le 31 décembre 2011 avec
la fusion de la Communauté urbaine de Nice-Côte-d'- Azur avec les
communautés des communes de La Tinée, des stations du Mercantour
et de Vésubie-Mercantour et la commune de La-Tour
* 48 Discours d'investiture du
Président de la République, le 15 mai 2012
* 49 MARCOVICI (Emilie),
op.cit.
* 50 VERPEAUX (Michel),
Commentaire de la décision n° 2013-687 DC du 23 janvier 2014, in
AJDA 2014 Page 188, cité par KADA (Nicolas),
« Les métropoles : vers un droit (peu)
commun ? », in AJDA 2014, P.619
* 51Art. L. 3611-1. - Il est
créé une collectivité à statut particulier au sens
de l'article 72 de la Constitution, dénommée «
Métropole de Lyon », en lieu et place de la communauté
urbaine de Lyon et, dans les limites territoriales précédemment
reconnues à celle-ci, du département du Rhône
* 52Art. L. 5732-1. - Il est
institué à compte du 1er janvier 2016 un établissement
public dénommé : « Métropole de Paris »
composé de la ville de Paris et des établissements publics de
coopération intercommunale à fiscalité propre de
l'unité urbaine de Paris.
* 53 « Art. L. 5218-1. -
I. - Par dérogation au deuxième alinéa de l'article L.
5217-1, il est créé au 1er janvier 2015 une métropole
dénommée métropole
d'Aix-Marseille-Provence .... »
* 54« Art. L. 5217-1. - La
métropole est un établissement public de coopération
intercommunale à fiscalité propre regroupant plusieurs communes
d'un seul tenant et sans enclave au sein d'un espace de solidarité pour
élaborer et conduire ensemble un projet d'aménagement et de
développement économique, écologique, éducatif,
culturel et social de leur territoire afin d'en améliorer la
compétitivité et la cohésion. Elle valorise les fonctions
économiques métropolitaines, ses réseaux de transport et
ses ressources universitaires, de recherche et d'innovation.
* 55 Appellation
attribuée par la doctrine
* 56Art. L. 5217-1
2e al.
* 57 la métropole de
Nice, les communautés urbaines de Lille, Bordeaux, Strasbourg, Toulouse,
Nantes, et les communautés d'agglomération de Grenoble, Rennes et
Rouen
* 58 Source :
www.lametro.fr/396-la-metro-en-chiffres-et-en-date.htlm
* 59 Source : Ibid
* 60 Source : Ibid
* 61 Source : op.cit.
* 62 Voir Carte de La
Métro, Annexe VI
* 63 16 communes
* 64 5 communes
* 65 VIGNON (Thierry),
Directeur Général des Services du Conseil Général
de l'Isère ; DUFRESNE (Cyril), Chargé de mission
« métropole » à La Métro et
ex-Directeur Général des Services de la communauté des
communes du Sud grenoblois et DROGUE (Pierre-Yves), Directeur
Général des Services de la Commune de Seyssinet-Pariset
* 66 ESCARON (Dominique), Maire
du Sappey-en-Chartreuse
* 67 POUYET (Catherine),
Présidente du Conseil de développement de La Métro
* 68 Article 5210-1-1
CGCT : « Dans chaque département, il est
établi, au vu d'une évaluation de la cohérence des
périmètres et de l'exercice des compétences des
groupements existants, un schéma départemental de
coopération intercommunale prévoyant une couverture
intégrale du territoire par des établissements publics de
coopération intercommunale à fiscalité propre et la
suppression des enclaves et discontinuités
territoriales ».
* 69 Article 35 (L. 5210-1-1
CGCT) de la loi du 16 décembre 2010 de réforme des
collectivités territoriales : « Dans chaque
département, il est établi, au vu d'une évaluation de la
cohérence des périmètres et de l'exercice des
compétences des groupements existants, un schéma
départemental de coopération intercommunale prévoyant une
couverture intégrale du territoire par des établissements publics
de coopération intercommunale à fiscalité propre et la
suppression des enclaves et discontinuités
territoriales. »
* 70 Article L.5211-42
CGCT : « Il est institué dans chaque
département une commission départementale de la
coopération intercommunale. Elle est présidée par le
représentant de l'Etat dans le département. Celui-ci est
assisté d'un rapporteur général et de deux assesseurs
élus parmi les maires ».
* 71 Article L.5211-45 CGCT
* 72 DONIER (Virginie),
Droit des collectivités territoriales, 1ère
éd., Dalloz, 2014, P.124
* 73 Article L.5211-5
CGCT : « Le périmètre d'un EPCI peut
être fixé par arrêté du représentant de l'Etat
dans le département lorsque les communes font partie du même
département ou par arrêté conjoint des représentants
de l'Etat dans les départements concernés ».
* 74 DONIER (Virginie),
op.cit.
* 75 QPC n° 2013-303,
Commune de Puyravault, QPC n°2013-404, Commune de Couvrot, QPC, obs.
Lutton, in Constitutions 2013, P.397, cité par DONIER
(Virginie), op.cit.
* 76 Article 2 de
l'arrêté préfectoral du 22 décembre 2011
* 77 La liste des communes
incluses dans le périmètre d'un EPCI est approuvée par les
2/3 au moins des conseils municipaux intéressés
représentant plus de la moitié de la population ou inversement
par la moitié des conseils municipaux intéressés
représentant plus des 2/3 de la population. La loi prévoit
également que la création d'un EPCI est subordonnée
à l'accord du « conseil municipal de la commune dont la
population est la plus nombreuse, lorsque celle-ci est supérieure au
quart de la population totale concernée » (art. 5211-5 II
CGCT)
* 78
http://www.lejournaldesentreprises.com/editions/69/actualité/collectivités/grenoble-bientot-le-statut-de-metropole-30-08-2013-202115.php
* 79
www.france3-régions.francetvinfo.fr/alpes/2013/08/27/la-future-métropole-de-grenoble-se-construit-maintenant
* 80 Ibid
* 81
http://www.lepostillon.org/Pour-la-dissolution-de-la-309.htlm
* 82
http://www.lepostillon.org/Pour-la-dissolution-de-la-309.htlm
* 83 Elections municipales des
23 et 30 mars 2014
* 84 ESCARON (Dominique),
Entretien du 27 juin 2014, Annexe n° 04
* 85Quaix-en-chartreuse,
Sarcenas, Proveysieux et Mont-Saint-Martin
* 86 37 voix contre, 10 pour et
une abstention
* 87 Les communes de
Herbeys, Vizille, Brié-et-Angonnes, Séchilienne,
Vaulnaveys-le-Haut, Saint-Barthélemy-de-Séchilienne,
Saint-Georges-de-Commiers et Notre-Dame-de-Commiers avait voté
favorablement pour la fusion alors que celles de Bresson, Champ-sur-Drac,
Champagnier, Jarrie, Montchaboud, Notre-Dame-de-Mésage,
Saint-Pierre-de-Mésage et Vaulnaveys-le-bas s'étaient
opposées à cette fusion
* 88 DUFRESNE (Cyril),
Entretien du 23 mai 2013, Annexe N°02
* 89 Article L. 5217-1 CGCT
alinéa 2
* 90 DUFRESNE (Cyril),
op.cit.
* 91 Position du Préfet
de l'Isère relatée par le Maire de la commune d'Echirolles, Renzo
Sulli dans son compte rendu de la délibération n°
20130827-1 du 27 août 2013 du Conseil municipal sur la fusion de la
communauté d'agglomération de Grenoble-Alpes Métropole
(METRO), de la communauté de commune du balcon sud de
la chartreuse (CCBSC) et de la communauté de commune du
sud grenoblois (CCSG)
* 92 DUFRESNE (Cyril),
op.cit.
* 93 LAJARGE (Romain),
« La cohésion sociale et territoriale à
l'échelle de la métropole : un objectif et un
impérieux besoin », in BLOCH (Daniel), (dir),
Réinventer la ville : regards croisés sur Grenoble,
PUG, Grenoble 2013, chapitre 8, PP 161-172
* 94 ARNAUD (Pierre),
« Grenoble forgée par le sport et la
montagne ? », in op.cit. , chapitre 5, PP.113-126
* 95ARNAUD (Pierre), op.cit.
* 96 Ibid.
* 97 LEFEVRE (Christian),
op.cit., P.35
* 98 Avis du Conseil de
développement en date du 11 novembre 2011 suite à la saisine du
Président de La Métro, Marc Baïetto, en date du 22 septembre
2011
* 99 LAJARGE (Romain),
op.cit
* 100 Eléonore Perrier
est aujourd'hui conseillère municipale de la commune du
Pont-de-Claix.
* 101 ARNAUD (Pierre),
op.cit.
* 102
http://www.lepostillon.org/Pour-la-dissolution-de-la-309.html,
op.cit.
* 103 Ibid
* 104 Le Dauphiné
Libéré, 22 avril 2011
* 105 Avis du Conseil de
développement, op.cit.
* 106
http://www.placegrenet.fr/metro-puis-metropole-ce-qui-va-changer/
* 107
http://www.placegrenet.fr/metro-puis-metropole-ce-qui-va-changer/
* 108LAJARGE (Romain),
op.cit
* 109 Ibid.
* 110 Ibid.
* 111 Avis du conseil de
développement, op.cit
* 112 Ibid
* 113 Ibid
* 114 Cf infra
* 115 Le Dauphiné
Libéré, 26 avril 2014, P.3
* 116 Cf infra
* 117 Agir pour un
Développement Intercommunal Solidaire (ADIS)
* 118 Métroscope,
n° 109, Juillet-Août 2014, P.36
* 119 Métroscope,
op.cit., P.3
* 120 DUFRESNE (Cyril),
op.cit.
* 121 Cf supra,
* 122
www.lepostillon.org/Pour-la-dissolution-de-la.htlm
* 123 Le Dauphiné
Libéré, 22 avril 2011, op.cit
* 124
www.lepostillon.org/Pour-la-dissolution-de-la.htlm
* 125 Ibid
* 126 Lettre du 02 mai 2011
dans le cadre de la prescription du SDCI rattachant la communauté des
communes du balcon sud de la Chartreuse à La Métro
* 127 Cf supra
* 128 Article L.5216-1 I
CGCT
* 129 Article 5216-1 II
CGCT
* 130 Création,
aménagement, entretien et gestion des zones d'activités
industrielles, commerciales, tertiaires, artisanales, touristiques portuaires
ou aéroportuaires d'intérêt communautaire et mobilisation
des réserves foncières nécessaires, actions de
développement économique d'intérêt
communautaire.....
* 131 SCOT et schéma de
secteur, transports urbains....
* 132 Elaboration et mise en
oeuvre d'un PLH, création, gestion et animation d'un CLH, politique du
logement...
* 133 Dispositifs contractuels
de développement urbain, de développement local d'insertion
économique et sociale, d'intérêt communautaire.....
* 134 KADA (Nicolas),
op.cit.
* 135 VIGNON (Thierry),
Entretien du 24 mars 2014, Annexe N°01
* 136 VIGNON (Thierry),
op.cit.
* 137PERBEN (Dominique), in
« Débat sur la décentralisation », op.cit.
* 138 Ibid
* 139 « Lorsque
l'exercice des compétences mentionnées au présent I est
subordonné à la reconnaissance de leur intérêt
métropolitain, celui-ci est déterminé à la
majorité des deux tiers du conseil de la métropole. Il est
défini au plus tard deux ans après l'entrée en vigueur du
décret prononçant la création de la métropole. A
défaut, la métropole exerce l'intégralité de la
compétence transférée »
* 140 MARCOVICI (Emilie),
op.cit
* 141 Article 5217-1-I (k)
CGCT
* 142 Article 5217-2-II CGCT
« L'Etat peut déléguer, par convention, à la
métropole qui en fait la demande, dès lors qu'elle dispose d'un
programme local de l'habitat exécutoire, les compétences
énumérées ... »
* 143 Article 5217-2-VI CGCT
« -L'Etat peut transférer à la métropole qui en
fait la demande la propriété, l'aménagement, l'entretien
et la gestion de grands équipements et infrastructures (...)
Le transfert est autorisé par décret. Une
convention conclue entre l'Etat et la métropole précise les
modalités du transfert.
La métropole qui en a fait la demande peut exercer la
compétence relative à la construction, la
reconstruction, l'extension, les grosses réparations,
l'équipement et la gestion des logements étudiants, dans les
conditions prévues à l'article L. 822-1 du code de
l'éducation ».
* 144 Article 4221-1-1
CGCT : « Le conseil régional peut, à son
initiative ou saisi d'une demande en ce sens du conseil d'une métropole,
transférer à celle-ci, dans les limites de son territoire, les
compétences suivantes : 1° La compétence en matière
de construction, de reconstruction, d'aménagement, d'entretien et de
fonctionnement des lycées. A ce titre, la métropole assure
l'accueil, la restauration, l'hébergement ainsi que l'entretien
général et technique, à l'exception des missions
d'encadrement et de surveillance des élèves, dans les
lycées dont elle a la charge ; 2° Les compétences
exercées par la région en matière de développement
économique en application des articles L. 4211-1 et L. 4253-1 à
L. 4253-3, ou une partie d'entre elles ».
* 145 Article 5217-2-VI
CGCT : « Par convention passée avec la région,
à la demande de celle-ci ou de la métropole, la métropole
exerce à l'intérieur de son périmètre, en lieu et
place de la région, les compétences définies à
l'article 4221-1-1 »
* 146 VIGNON (Thierry),
op.cit.
* 147 Article L.5217-2-IV
CGCT
* 148 Nous désignons
par « voirie départementale », la
compétence visée au 6° de l'article Article L.5217-2-IV
CGCT : «... gestion des routes classées dans le domaine public
routier départemental ainsi que de leurs dépendances et
accessoires. Ce transfert est constaté par arrêté du
représentant de l'Etat dans le département. Cette décision
emporte le transfert à la métropole des servitudes, droits et
obligations correspondants ainsi que le classement des routes
transférées dans le domaine public de la
métropole ».
* 149VIGNON (Thierry),
op.cit.
* 150 DROGUE (Pierre-Yves),
Entretien du 15 juin 2014, Annexe N°03
* 151 VIGNON (Thierry),
op.cit.
* 152 Loi n° 2013-403 du
17 mai 2013 relative à l'élection des conseillers
départementaux, des conseillers municipaux et des conseillers
communautaires, et modifiant le calendrier électoral, JORF n°0114
du 18 mai 2013, P. 8242
* 153 VIGNON (Thierry),
op.cit.
* 154Entretien du 24 mars
2014, op.cit.
* 155 Entretien du 23 mai
2014, op.cit.
* 156
Délibération-cadre du conseil communautaire de Grenoble-Alpes
Métropole en date du 04 juillet 2014.
* 157 Ibid
* 158Selon le nouvel article
L. 5211-6, « les métropoles, communautés urbaines,
communautés d'agglomération et communautés de communes
sont administrées par un organe délibérant composé
de délégués des communes membres élus dans le cadre
de l'élection municipale au suffrage universel direct pour toutes les
communes dont le conseil municipal est élu au scrutin de liste, dans les
conditions fixées par la loi »
* 159 Article L.5211-17 I
CGCT
* 160 Article L.5215-5 CGCT
issue de la loi mapam
* 161 Pour mémoire,
Christophe Ferrari, maire de la commune de Pont-de-Claix, a été
élu Président du Conseil de Grenoble-Alpes Métropole le 25
avril 2014 en remplacement de Marc Baietto, ex-Maire d'Eybens et
Président de La Métro depuis 2010, qui n'a pas été
réélu conseiller communautaire.
* 162 VIGNON (Thierry),
op.cit.
* 163 Ibid
* 164 Ibid
* 165 Article L.5211-9 al 2
CGCT : « Il prépare et exécute les
délibérations de l'organe délibérant de
l'établissement public de coopération intercommunale. Il est
l'ordonnateur des dépenses et il prescrit l'exécution des
recettes de l'établissement public de coopération
intercommunale ».
* 166 Article L.5211-9-2 I
CGCT : « lorsqu'un établissement public de
coopération intercommunale à fiscalité propre est
compétent en matière d'assainissement, les maires des communes
membres de celui-ci transfèrent au président de cet
établissement les attributions lui permettant de réglementer
cette activité »
* 167 Exposé des motifs
de la loi du 27 janvier 2014
* 168 Article L.2213-1 :
« Le maire exerce la police de la circulation sur les routes
nationales, les routes départementales et les voies de communication
à l'intérieur des agglomérations, sous réserve des
pouvoirs dévolus au représentant de l'Etat dans le
département sur les routes à grande circulation. A
l'extérieur des agglomérations, le maire exerce également
la police de la circulation sur les voies du domaine public routier communal et
du domaine public routier intercommunal, sous réserve des pouvoirs
dévolus au représentant de l'Etat dans le département sur
les routes à grande circulation»
* 169 Article 5211-9-2 al.7
CGCT modifié de l'article 36 (b) de la loi mapam :
« Sans préjudice de l'article L. 2212-2 et par
dérogation à l'article L. 2213-33, lorsqu'un établissement
public de coopération intercommunale à fiscalité propre
est compétent en matière de voirie, les maires des communes
membres transfèrent au président de cet établissement les
prérogatives qu'ils détiennent en matière de
délivrance des autorisations de stationnement sur la voie publique aux
exploitants de taxi. L'autorisation de stationnement peut être
limitée à une ou plusieurs communes membres »
* 170 Article 36, 3° de
la loi mapam : « L'article L.5211-9-2 est ainsi
modifiée : a) Au cinquième alinéa du I, les
mots : « L.2213-6 » sont remplacés par les
mots : « L.2213-6-1 » et les mots :
« peuvent transférer » sont remplacés par le
mot : « transfèrent »
* 171 Exposé des motifs
de la loi mapam
* 172 Article 36 I de la loi
mapam
* 173 Proposition n° 8,
P. 79 et suivants
* 174 Il esxiste
désormais 7 catégories d'EPCI en France : Syndicats de
communes, Communautés de communes, Communautés
d'agglomération, Syndicats d'agglomération nouvelle,
Communautés urbaines, métropoles.
* 175 Article 68 de la loi
mapam modifiant l'article L.5215-1 CGCT
* 176 MARCOVICI (Emilie),
op.cit.
* 177 Ibid
* 178
www.adcf.org/.../Decentralisation-le-Senat-adopte-le-projet-de-loi-amput...
* 179 L'article L.5217-7 CGCT
relatif au régime juridique des métropoles dispose que « les
articles L....5215-21 (...) sont applicables aux
métropoles »
* 180KADA (Nicolas),
op.cit.
* 181 Ibid
* 182 FERREIRA (Nelly), Le
devenir des collectivités territoriales, Gualino, lextenso ed.,
Paris, 2012, P.95
* 183 Pour mémoire, la
loi mapam a créé quatre types de métropoles dotées
de statuts différents à savoir la métropole de Lyon
(Colllectivité locale à statut particulier), la métropole
de Paris, la métropole d'Aix-Marseille et les métropoles dites de
« droit commun »
* 184 DOUENCE (Jean-Claude),
op.cit.
* 185 Interview accordé
au Dauphiné Libéré, 26 avril 2014, P.32
* 186 Président du
conseil général de l'Isère (23 mars2001 - 20 juin 2014) et
Sénateur de l'Isère (25 septembre 2011 - 9 mai 2014) entre
autres, André Vallini été nommé Secrétaire
d'Etat chargé de la Réforme territoriale le 09 avril 2014
* 187 Isère Magazine,
n° 145, pages 4-5
* 188 Suite à sa
nomination au gouvernement et conformément à la loi sur le cumul
des mandats, André Vallini a été remplacé à
la tête du conseil général de l'Isère par Alain
Cottalorda, conseiller général de Bourgoin-Jallieu
* 189 NEGRIER (Emmanuel),
La question métropolitaine : les politiques à
l'épreuve du changement d'échelle territoriale, Presses
Universitaires de Grenoble, Grenoble, 2005, P.31
* 190 DROGUE (Pierre-Yves),
op.cit.
* 191 VIGNON (Thierry),
op.cit.
* 192 Ibid
* 193 MARCOVICI (Emilie),
op.cit
* 194 Ibid
* 195 FERREIRA (Nelly), Op.
cit., Page 95
* 196 DOUENCE (Jean Claude),
« Les métropoles », in RFDA mars-avril
2011, P.259
* 197 DE MONTECLER
(Christine), « Décentralisation : les départements
méfiants », in Dalloz Actualité, 27
février 2014.
* 198 Communiqué de
l'ADF, cité par DE MONTECLER (Christine), in ibid
* 199Communiqué de
l'ADF, cité par DE MONTECLER (Christine)
* 200 Interview d'André
Vallini dans le Dauphiné libéré, op.cit.
* 201 PERBEN (Dominique), in
« Débat sur la décentralisation », op.cit.
* 202PERBEN (Dominique), in
« Débat sur la décentralisation », op.cit.
* 203 Ibid
* 204 Discours d'investiture
du Président de la République François Hollande, le 15 mai
2012, cité par MARCOVICI (Emilie), op.cit.
* 205 Exposé des motifs
de la loi mapam
* 206 BALLADUR (Edouard),
op.cit. PP.76-77
* 207 Ibid
* 208 VIGNON (Thierry),
op.cit.
* 209 LEFEVRE (Christian),
op.cit., P.18
* 210 Ibid
* 211 KADA (Nicolas),
« Peut-on réfléchir à la suppression des
départements sans s'interroger sur l'avenir », Interview
accordé au Dauphiné Libéré, 14 mai 2014,
P.3
* 212 Ibid
* 213 Ibid
* 214 MAIRAL (Jean Claude),
Du mondial au local : vers une réforme des collectivités
territoriales, Note de la fondation Gabriel Peri, juillet 2010, Page 25
* 215 PERBEN (Dominique),
« Débat sur la décentralisation », op.cit
* 216 Article 72 al. 5 de la
Constitution de la Ve République : « Aucune
collectivité territoriale ne peut exercer une tutelle sur une autre.
Cependant, lorsque l'exercice d'une compétence nécessite le
concours de plusieurs collectivités territoriales, la loi peut autoriser
l'une d'entre elles ou un des groupements à organiser les
modalités de leur action commune ».
* 217 DONIER (Virginie),
op.cit, P. 40
* 218 Article 72 al. 5 de la
Constitution op. cit, rappelé par le Conseil Constitutionnel dans sa
décision n° 2008-567 DC du 24 juillet 2008 sur la loi relative aux
contrats de partenariats, Rec. P. 341
* 219 DONIER (Virginie),
op.cit
* 220 Article L.1111-9-1 III
CGCT
* 221 GIULY (Eric),
« Débat sur la décentralisation »,
Débat coordonné par FAURE (Bertrand) et LUTTON (Philippe), in
Constitutions 2013, P. 529
* 222
www.lagazettedescommunes.com/213097/decentralisation-le-haut-conseil-des-territoires-a-la-trappe-les-metropoles-consacrees/
* 223 FORRAY (Jean-Baptiste),
JOUANNEAU (Hervé), « Décentralisation : le Haut
conseil des territoires à la trappe, les métropoles
consacrées », publié le 19/12/2013 sur
www.lagazettedescommunes.com
* 224 Alinéa
1er de l'article 5217-8 CGCT : « Cette
instance est présidée de droit par le président du conseil
de métropole et comprend les maires des communes
membres ».
* 225 Alinéa 2 :
« Elle se réunit au moins deux fois par an, à
l'initiative du président du conseil de la métropole ou à
la demande de la moitié des maires, sur un ordre du jour
déterminé ».
* 226 Article L.1111-9 I
CGCT
* 227 Régions,
départements, EPCI, communes
* 228 Alinéa 2 de
l'article L.1111-9-1 I CGCT
* 229Article L.1111-9-1 III
CGCT
* 230
« Métropole : ce qui va changer »,
dossier publié sur
www.placegrenet.fr/metri-puis-métropole-ce-qui-va-changer/ ,
le 16 janvier 2014
* 231 Ibid
* 232 Ibid
* 233Rapport de l'ADCF/INET de
Mai 2011, « La mutualisation des services : un enjeu d'intégration
intercommunale. Etudes de cas », publié sur
www.adcf.fr
* 234 Article L.5211-39-1
CGCT : « Afin d'assurer une meilleure organisation des
services, dans l'année qui suit chaque renouvellement
général des conseils municipaux, le président de
l'établissement public de coopération intercommunale à
fiscalité propre établit un rapport relatif aux mutualisations de
services (...) Ce rapport comporte un projet de schéma de mutualisation
des services à mettre en oeuvre pendant la durée du mandat. Le
projet de schéma prévoit notamment l'impact prévisionnel
de la mutualisation sur les effectifs de l'EPCI à fiscalité
propre et des communes concerne et sur leurs dépenses de
fonctionnement ».
* 235 DUMAS (Guillaume),
cité par BRAUN (Pascal) in, « Jusqu'où peut aller
la mutualisation des services dans les intercos ? »,
publié le 01/04/2014 et mis à jour le 08/04/2014 sur
www.lagazettedescommunes.com
* 236 Projet de loi de
développement des solidarités territoriales et de la
démocratie locale
* 237 La détermination
de ce coefficient est obtenue par le rapport de la rémunération
de l'ensemble des personnels affectés au sein des services ou parties de
services fonctionnels employés par la
communauté/Rémunération de l'ensemble des personnels
affectés au sein de services ou parties de services fonctionnels
employés par les communes membres et la communauté
* 238 Les sept groupes
thématiques sont créés autour des compétences de la
future métropole : Aménagement et urbanisme ;
économie et emploi ; eau et énergie ; politique de la
ville, solidarité et logement ; territorialisation de l'action
publique ; voirie, espaces publics, déplacement ; ressources
et mutualisation
* 239 Rapport de l'ADCF/INET
de Mai 2011, op.cit.
* 240Rapport de l'ADCF/INET
op.cit
* 241 Ibid.
* 242 Rapport ADCF/INET,
op.cit
* 243 Article 5211-4-1
CGCT : « I. Le transfert de compétences d'une commune
à un établissement public de coopération intercommunale
entraîne le transfert du service ou de la partie du service chargé
de sa mise en oeuvre (...)
al.2 : Les fonctionnaires territoriaux et agents
territoriaux non titulaires qui remplissent en totalité leurs fonctions
dans un service ou une partie de service transféré en application
de l'alinéa précédent sont transférées dans
l'EPCI ».
* 244 On parle notamment de
« mutualisation ascendante » lorsqu'elle va des
communes à l'EPCI, et de « mutualisation
descendante » lorsqu'elle va de l'EPCI aux communes
* 245 Rapport de l'ADCF/INET,
op.cit.
* 246 Ibid
* 247 DROGUE (Pierre-Yves),
op.cit.
* 248 Cf supra
*
249Délibération-cadre du conseil communautaire du 04
juillet 2014
* 250 Ibid
* 251 Rapport ADCF/INET op.
cit
* 252 40% de la population de
La Métro, à 28 communes, avant son élargissement à
49 communes, selon le rapport de l'ADCF
* 253 Le même rapport
considère que les craintes des communes périphériques sont
plus vives lorsque le poids de la ville-centre est fort, donnant l'exemple de
Reims qui représente 85% de la population de son agglomération.
* 254 ANTIER (Gilles),
op.cit., P.39
* 255 Rapport ADCF/INET,
op.cit.
* 256 Titre de l'article de
Bernard PERRIN, AJDA 2013, P.433
* 257 MAIRAL (Jean-Claude),
op.cit., P. 24
* 258 Article 31 de la loi
mapam, in fine (définition de la métropole)
* 259
Délibération du 04 juillet 2014, op.cit.
* 260 ESCARON (Dominique),
op.cit.
* 261 Article L.5217-8 CGCT,
op.cit
* 262 Article L.5217-7 :
« La métropole peut être divisée en territoires
... »
Article L.5217-8 : « Dans chaque territoire,
il est créé un conseil de territoire »
Article L.5217-9 : « Le conseil de territoire
est composé des conseillers de la métropole
délégués des communes incluses dans le
périmètre du territoire ».
* 263 Article
L.5217-12 : « Préalablement à leur examen par
le conseil de la métropole, le conseil de territoire est saisi pour avis
des rapports de présentation et des projets de
délibération... »
* 264 ESCARON (Dominique),
op.cit.
* 265 PERBEN (Dominique),
« Débat sur la décentralisation », op.cit.
* 266 ESCARON (Dominique),
op.cit.
* 267 Rapport de l'ADCF,
op.cit.
* 268 Ibid
* 269 DUFRESNE (Cyril),
op.cit.
* 270 DUFRESNE (Cyril),
op.cit
* 271
www.isère.fr/carte-intercative
* 272Rapport ADCF/INET,
op.cit.
* 273 Ibid
* 274 Cf supra
* 275 DROGUE (Pierre-Yves),
op.cit.
* 276 ESCARON (Dominique),
op.cit.
* 277 Rapport ADCF/INET,
op.cit
* 278 DUFRESNE (Cyril),
op.cit.
* 279
www.placegrenet.fr/metro-puis-métropole-ce-qui-va-changer/
* 280 DROGUE (Pierre-Yves),
op.cit.
* 281 Ibid
* 282 Cité par GAUDIN
(Jean-Pierre), La démocratie participative, 2e
éd. Armand Colin, 2013, P.32
* 283 Article 26 (extrait) de
la LOADDT du 25 juin 1999, dite Loi Voynet « Un Conseil de
développement composé de représentants des milieux
économiques, sociaux, culturels et associatifs, est créé
par des délibérations concordantes des communes et des
groupements ci-dessus mentionnés. Le Conseil de développement
s'organise librement. Il est consulté sur l'élaboration du projet
d'agglomération. Il peut être consulté pour toute question
relative à l'agglomération, notamment sur l'aménagement et
sur le développement de celle-ci. »
* 284 JOUVE (Bernard), «
La démocratie en métropoles : gouvernance, participation et
citoyenneté »,
Revue française de science politique, 2005/2 Vol. 55, p.
317-337. DOI : 10.3917/rfsp.552.0317
* 285 La composition actuelle
du conseil de développement a été déterminée
par une délibération du 29 avril 2011 autour de 5
collèges.
* 286 JOUVE (Bernard),
op.cit.
* 287 Article 3 du protocole
« Afin de garantir une bonne articulation entre les conseils
communautaires et les membres du D, le Président de Grenoble-Alpes
Métropole désigne un élu référent,
chargé de suivre spécifiquement les travaux du conseil de
développement, et qui sera l'interlocuteur privilégié du
Président du D. »
* 288 Article 5 du protocole
de partenariat
* 289 Article 6
* 290 Commissions
Déplacements, Environnement, solidarité intercommunale et
logement
* 291 Le comité
permanent d'évaluation des politiques publiques a été mis
en place suite à la délibération du conseil communautaire
en date du 03 juillet 2009. Deux représentants du conseil de
développement y siègent sur proposition de la
Présidente.
* 292 Article 8 du protocole
de partenariat : « Le conseil de développement a la
possibilité de mener et de financer sur son budget propre (après
accord de la Direction Générale) des expérimentations
liées à ses saisines ou auto-saisines. De durée
limitée, celles-ci sont mises en place après accord du
Président de La Métro et du conseiller en charge de la politique
concernée ».
* 293 Lycées Marie
Curie et Pablo Neruda en 2010-2011, André Argouges et Pablo Neruda en
2011-2012 et Pablo Neruda uniquement en 2012-2013
* 294 POUYET (Catherine),
Entretien du 11 juin 2014, Annexe N°05
* 295 JOUVE (Bernard),
op.cit.
* 296 Rapport
d'activités du conseil de développement 2012-2013, page 25
* 297 POUYET (Catherine),
op.cit.
* 298 Article L.5217-9 CGCT
alinéa 1er issu de la loi mapam : « Un
conseil de développement réunit les représentants des
milieux économiques, sociaux, culturels, éducatifs, scientifiques
et associatifs de la métropole. Il s'organise librement. Il est
consulté sur les principales orientations de la métropole, sur
les documents de prospective et de planification et sur la conception et
l'évaluation des politiques publiques locales de promotion du
développement durable du territoire. Il peut donner son avis ou
être consulté sur toute question relative à la
métropole »
* 299 Article L.5217-9 CGCT,
op.cit.
* 300 La Coordination
Nationale des Conseils de développement (CNCD) est un réseau de
conseils de développement locaux, créé en 2003 autour des
conseils de Lyon, Nantes, Nancy, Grenoble, Lille, Dunkerque et Saint Quentin en
Yvelines afin de faire entendre la voix des conseils au niveau national et
d'échanger et mutualiser sur leurs initiatives, leurs démarches
et leurs méthodes de travail. En 2007, la CNCD a été
ouverte à tous les conseils de développement quel que soit leur
territoire de référence.
* 301 Communiqué de la
CNCD le 19 décembre 2013 à Paris à l'occasion du vote de
la loi mapam
* 302 Sénat et
Assemblée nationale
* 303Communiqué de la
CNCD, op.cit.
* 304
Délibération n° 21 du conseil communautaire, séance
du 17 janvier 2014
* 305 Ibid
* 306 Ibid
* 307 Ce collège
associe au D, un représentant du Parc de la Chartreuse et un
représentant du Conseil de développement d'Alpes Sud
Isère
* 308 Sud grenoblois et Balcon
Sud de Chartreuse
*
309Délibération n° 21 du conseil communautaire,
op.cit.
*
310Délibération n° 21 du conseil communautaire,
op.cit.
* 311 POUYET (Catherine),
op.cit
* 312 Statistiques contenues
dans le rapport annuel 2012-2013 du conseil de développement de La
Métro, P.31
* 313 Ibid
* 314 Création de la
nouvelle communauté d'agglomération au 1er janvier
2014 avec la fusion des trois intercommunalités faisant passé le
nombre de communes de La Métro de 28 à 49 ; Elections
municipales des 23 et 30 mars 2014 couplée avec la désignation
des conseillers communautaire par fléchage et Loi mapam du 27 janvier
2014 instituant la métropole de Grenoble qui se créée
à partir du 1er janvier 2015
* 315 POUYET (Catherine),
op.cit
* 316 Cf supra
* 317 Cf infra
* 318 Cf infra
* 319 DONIER (Virginie),
op.cit, P. 138
* 320 CHEVALLIER (Jacques),
L'Etat post-moderne, LGDJ, 2003, cité par ROBBE
(François), La démocratie participative, Le Harmattan,
2007, P.172
* 321 Cf supra
* 322 10 novembre 2012, 16
mars et 1er juin 2013
* 323 « La
métropole alpine », « La métropole alpine
rayonnante et attractive » et « La métropole alpine
solidaire et citoyenne »
* 324 « La
métropole désirable »
* 325 La « fabrique
métropolitaine est un dispositif mis en place par La Métro
pour construire le futur de l'agglomération avec les habitants et les
différents acteurs du territoire ». (
www.lametro.fr ) Elle a
été lancée en 2012 « autour des dispositifs qui
favorisent la réflexion autour de la métropole de demain par des
rencontres régulières avec les habitants au travers des
« ateliers métro citoyens », la
société civile organisée au travers des
« rencontres métropolitaines », le monde
universitaire au travers du
« métrolab » »
* 326 GAUDIN (Jean Pierre),
op.cit.
* 327 ROBBE (François),
op.cit
* 328 LE GALES (PatricK),
Le retour des villes européennes, 2e éd., Presses de la
fondation nationale des sciences politiques, 2011.
* 329ROBBE (François),
op.cit
* 330 Rapport final Evaluation
de la charte de participation, 2013, P.4
* 331 Cf supra
* 332 MAIRAL (Jean-Claude),
Du mondial au local : vers une réforme des collectivités
territoriales, Note de la Fondation Gabriel Péri, juillet 2010, P.
74
* 333 Rapport final
d'évaluation, page 13
* 334 MAIRAL (Jean-Claude),
op.cit, P 75
* 335MAIRAL (Jean-Claude),
P.14
* 336 GAUDIN (Jean Pierre),
op.cit, PP. 102-103
* 337 Rapport final
d'évaluation, page 17
* 338MARCHAL (Hervé) et
STEBE (Jean Marc), La ville : Territoires, logiques, défis,
Ellipses Edition, coll. Transversale Débats, Paris 2008,
* 339 Rapport final
d'évaluation, op.cit., P. 17
* 340 Unions de quartiers
* 341 Rapport final
d'évaluation, Page 16
* 342 Rapport
d'évaluation, page 19
* 343 Ibid
* 344, Ibid. P.20
* 345 La Commission
consultative des services publics locaux (CCSPL), les Jeudis du Projet
d'Agglomération (JPA), L'Observatoire des pratiques participatives
* 346 Charte de la
participation, page 7
* 347 Ibid
* 348 GAUDIN (Jean Pierre),
op.cit, P. 31
* 349 POUYET
(Cahtérine), op.cit
* 350 MARCOU (Gérard),
cité par NEGRIER (Emmanuel), « Métropolisation et
réforme territoriale », Revue française d'administration
publique, 2012/1 n° 141, p. 73-86. DOI : 10.3917/rfap.141.0073
* 351
Délibération-cadre du 04 juillet 2014, op.cit.
* 352 Titre de l'article du
professeur MARCOU (Gérard), « « Les métropoles
ont-elles une chance ? », in JCP Adm, 26 juillet 2010,
n°30