CHAPITRE III : MIGRATION D'UN RESEAU
IPv4 VERS IPv6
A. Migration des Réseaux IP v4 vers IP v6 Page 40
Introduction
Pour faire communiquer des machines IPv4 avec des machines
IPv6, il est nécessaire d'implémenter des mécanismes de
traduction ou de conversion de paquets. Comme il ya des différences
entre IPv4 et IPv6, ces mécanismes ne peuvent pas marcher dans toutes
les circonstances. Il se peut que certains protocoles et certaines options
(mobilité, qualité et de service) ne marchent pas (ou de
façon dégradé) avec des mécanismes de traduction
(voire figure si dessous).
Ce chapitre porte sur l'étude de migration des
réseaux IP de la version v4 à la version v6. Cette
évolution (à prévoir dans les années à
venir) va poser un certain nombre de problèmes. Mais des méthodes
seront ainsi proposer pour effectuer ce basculement.
Figure 19 : absence de passerelle ou de compatibilité
entre IPv4 et IPv6
B. Les techniques de migration réseaux IPv4
vers IPv6
Le passage d'un réseau IPv4 à un réseau
IPv6 est prévu pour durer très longtemps. Il est donc
nécessaire pendant cette période de transition de permettre aux
machines IPv4 et IPv6 de cohabiter et de communiquer entre elles. Pour
faciliter cette transition plusieurs solutions sont proposées. Elles
reposent sur les principes suivants :
? La technique de double pile (Dual-Stack). IPv4 et IPv6
cohabitent sur le même noeud.
? Les techniques de tunnel qui encapsulent le datagramme
d'origine dans le protocole de destination
? Les techniques de translation qui adaptent le datagramme au
protocole du réseau cible (conversion de protocole).
Migration des Réseaux IP v4 vers IP v6 Page 41
C. Principes des différentes techniques
1. La technique de la double pile
Cette solution dite dual-stack (DSTM, Dual Stack Transition
Mechanism), la plus simple à priori, consiste à mettre en oeuvre
sur chaque noeud du réseau (machines, serveurs, commutateurs, routeurs)
les deux piles de protocole. Cela signifie que les deux protocoles (IPv4 et
IPv6) fonctionnent côte-à-côte sur la même
infrastructure et sur tous les équipements connectés au
réseau
Figure 20: réseau dual-stack
L'avantage principal de cette méthode est de pouvoir se
connecter aux applications IPv4 existantes via IPv4, tout en ayant accès
aux applications IPv6 via le réseau IPv6. Cependant, comme les deux
protocoles fonctionnent simultanément sur une machine, cela peut
être couteux en termes de performance et d'utilisation CPU.
2. Migration des Réseaux IP v4 vers IP v6 Page 42
La technique du tunnel
Une alternative au déploiement massif d'un
système dual-stack consiste à utiliser des tunnels pour le
transport IPv6 dans IPv4 (transit de données IPv6 sur un réseau
IPv4) ou l'inverse transporter de l'IPv4 sur une infrastructure IPv6.
Les tunnels peuvent être statiques (configurés
par l'administrateur) ou dynamiques. Cette méthode voit tout son
intérêt lors d'une migration d'un réseau IPv4 vers IPv6. La
passerelle d'accès au réseau examine le datagramme, si le
datagramme d'arrivée correspond au protocole du réseau de
transit, le datagramme est acheminé nativement ; si ce n'est pas le cas,
il sera encapsulé dans un datagramme du protocole du réseau de
transit. Les techniques du tunnel sont appropriées pour assurer des
communications 4to4 et 6to6 via 6.
Figure 21: principe des tunnels IPv6/IPv4 et IPv4/IPv6.
3. Les différents types de
tunnels
a) Tunnel statique
Les tunnels statiques sont utilisés pour relier un
réseau ou une machine IPv6 à un réseau IPv6 par
l'intermédiaire d'un réseau IPv4.ils sont configurés
à la main et sont mis en place avec une durée de vie importante.
Les machines qui sont aux extrémités du tunnel doivent avoir une
double pile IPv4/IPv6 et
Migration des Réseaux IP v4 vers IP v6 Page 43
disposer chacune d'une adresse IPv4 globale. Les autres
machines du réseau IPv6 n'ont donc pas besoin de cette double pile pour
communiquer avec les machines IPv6 situées de l'autre coté du
tunnel, mais elle peut être utile pour communiquer avec des machines IPv4
(sans passer par le tunnel).
b) Les tunnels automatiques
Les tunnels automatiques servent à communiquer en IPv6
avec une machine connectée sur un réseau IPv4. Cette
méthode est souvent utilisée pour joindre une machine IPv6
isolée. Les deux machines établissant le tunnel doivent disposer
d'une double pile IPv4/IPv6. La machine de destination du tunnel doit
être la machine destinataire du paquet, alors que la machine source du
tunnel peut être la machine source du paquet ou un routeur qui a
reçu le paquet sur son réseau IPv6. Dans ce cas il faudra que la
machine source possède une adresse IPv4 compatible.
Les adresses IPv4 compatible sont des adresses IPv6
particulières qui sont formées en ajoutant 32 bits d'une adresse
IPv4 au préfixe ::/96. Par exemple ::192.168.1.1 est l'adresse
IPv4-compatible de 192.168.1.1.
c) Tunnel broker
La méthode de Tunnel Broker IPv6 permet à un
poste disposant d'une double pile, isolée dans un réseau IPv4, de
communiquer vers un réseau natif IPv6 via un tunnel 6over4.
Le poste IPv6 contacte le tunnel broker qui lui fournit une
adresse IPv6, met à jour le DNS local et transmet à un serveur de
tunnel l'ordre d'établir un tunnel 6over4 entre le poste et ce serveur
de tunnel.
Le serveur de tunnel réside à la
frontière entre les réseaux IPv4 etIPv6. Le DNS doit être
configuré pour recevoir les mises à jour dynamiques du tunnel
broker. Un simple script fourni par le tunnel broker est nécessaire au
niveau du client pour configurer sa partie du tunnel.
a) NAT-PT
NAT-PT (Network Address Translation-Protocol Translation)
fournit des possibilités de traduction bidirectionnelle pour les
communications entre des postes IPv4 seul et des postes IPv6 seul.
La traduction est initialisée par la requête DNS
initiale ; elle nécessite l'ajout d'une traduction DNS spéciale
(DNS ALG)
L'ALG (Application Layer Gateway) est utilisée pour
supporter la traduction d'applications contenant des adresses IP au niveau de
la couche applicative. NAT-PT intercepte les paquets à la
frontière entre les réseaux IPv4 et IPv6, traduit l'en-tête
au format du réseau de destination. Il dispose d'un pool d'adresses IPv4
pour en allouer le cas échéant à un poste IPv6.
Le fonctionnement est transparent pour l'utilisateur et aucun
paramètre n'est nécessaire au niveau du poste.
NAT-PT peut être étendu à NAPT-PT (Network
Address Port Translation - Protocol Translation). En combinant un numéro
de port à l'adresse IPv4, il est possible d'utiliser la même
adresse IPv4 pour identifier plusieurs postes IPv6.
b) ISATAP
ISATAP (Intra-site Automatic Tunnel Addressing Protocol) a
été définie pour fournir une connectivité IPv6
à des équipements terminaux ou des routeurs au sein de
réseaux IPv4 et pour ainsi permettre un premier déploiement
d'applications IPv6, l'infrastructure IPv4 étant vue comme une
technologie de niveau liaison.
La méthode ISATAP utilise un format d'identificateur de
machine qui inclut l'adresse IPv4.
Migration des Réseaux IP v4 vers IP v6 Page 44
Figure 22 : ISATAP
c) 6to4
La méthode 6to4 est utilisée pour relier des
réseaux IPv6 à travers des réseaux IPv4 en
établissant des tunnels de manière implicite.
L'avantage du 6to4 réside dans sa simplicité
car elle évite à l'administrateur de configurer les tunnels
à la main. Par ailleurs, une seule adresse IPv4 est consommée par
LAN IPv6.
Figure 23 : architecture 6to4
d) Teredo
Les diverses méthodes qui consistent à
encapsuler le paquet IPv6 dans un paquet IPv4 ne marchent pas lorsqu'un NAT se
trouve dans la chaine de communication. Teredo est une méthode qui
permet de pallier ce problème en encapsulant le paquet IPv6 non plus
directement dans un paquet IPv4 mais dans un paquet UDP/IPv4.
Migration des Réseaux IP v4 vers IP v6 Page 45
Migration des Réseaux IP v4 vers IP v6 Page 46
Figure 24 : Teredo
|