La production des biocarburants en picardie: quelles perspectives pour là¢â‚¬â„¢agriculture régionale?( Télécharger le fichier original )par Christine Cheveau Université Nanterre Paris X - Master de géographie 2006 |
2°) L'émergence de besoins en blé à destination de la production de bioéthanol:Plusieurs pays de l'Union européenne, pour atteindre l'objectif de 5,75% de biocarburants incorporés en respectant une répartition équitable entre diesel et essence, ont développé ou développent actuellement des projets d'usines de bioéthanol. C'est le cas de la Belgique, dont les besoins pourront particulièrement toucher la Picardie, du fait de sa proximité géographique. Pour le bioéthanol, l'objectif (et le plafond) était prévu à 7%, soit 1,9 millions d'hectolitres. Mais le développement des usines de biocarburants en Belgique est un sujet communautaire polémique. Dans ce contexte, les agréments prévus ont été portés par la loi du 10 juin 2006 à 2,5 millions d'hectolitres d'éthanol, soit environ 200 000 tonnes pour la période 2008-2012. L'objectif pour l'éthanol est donc supérieur à l'objectif européen de 5,75% qui représenterait pour la Belgique 120 000 tonnes d'éthanol. Pour produire 200 000 tonnes d'éthanol/an, la Belgique aurait théoriquement besoin de mobiliser 700 000 tonnes de blé, soit 80 000 hectares avec un rendement de 8.8 tonnes/ha25(*). La production de blé en Belgique en 2005 a été de 1 740 000 tonnes : 700 000 tonnes de blé représentent 40% de cette production. Cependant, une partie de l'éthanol sera produit à partir de betteraves. Produire 2/3 de l'éthanol belge avec du blé nécessiterait près de 470 000 tonnes de blé, soit 27 % de la production de froment belge. Les besoins sont donc relativement importants et devraient être supérieurs à ces estimations, dans la mesure où certaines usines pensent également vendre hors agréments ou produire pour l'exportation vers d'autres pays de l'U.E. C'est la volonté clairement affichée du groupe Südzucker. Trois usines devraient bénéficier des agréments belges d'éthanol : elles seraient situées à Wanze, Gand et Anvers. [Informations disponibles en juillet 2006- en octobre 2006, les agréments accordés ont été : Bio Wanze, 125 millions de litres/an, environ 100 000 T ; Alco Bio Fuel (Gand), 91 millions de litres/an, 72 000 T ; Tate and Lyle (Alost), 32 millions de litres/an, 25 500 T, peu d'informations sont disponibles sur ce dernier projet]. Les projets de Wanze et Gand sont des projets de 300 000 m3/an chacun, environ 240 000 tonnes. L'usine de Wanze, développée par le groupe Südzucker, devrait à terme utiliser 2/3 de blé et 1/3 de betteraves, ce qui représente 800 000 tonnes de blé pour produire 300 000 m3 d'éthanol et 55 000 tonnes de gluten. L'usine de Gand semble devoir utiliser avant tout du blé. Pour les usines de Wanze et Gand, les besoins pour produire 400 000 tonnes d'éthanol à partir de blé26(*) seraient de 1 400 000 tonnes de blé. Ceci représente une évolution importante des utilisations du blé en Belgique, principalement tournées à l'heure actuelle vers l'alimentation animale et l'alimentation humaine27(*). Le développement de la production d'éthanol en Belgique va donc consolider les importations de blé de ce pays, déjà conséquentes (3,5 millions de tonnes en 2003, 3 millions de tonnes en 200428(*)). Les importations en provenance de France ont représenté un peu moins de 50% de ces importations en 2003-2004. Si la France participait à 50% à l'approvisionnement des usines de Wanze et Gand, ce marché représenterait plus de 700 000 tonnes de blé, ce qui est loin d'être négligeable, comparé aux besoins générés par les usines françaises pour atteindre l'objectif de 5,75% d'incorporation, qui seraient de 1,9 millions de tonnes si ces usines produisaient leur éthanol à 60% à partir de blé. Le nord de la France, frontalier, a pleinement son rôle à jouer dans cet approvisionnement.
Carte n°6 : élaboration personnelle- Fond de carte Philcarto Ainsi, avec la relance du développement des biocarburants au niveau de l'Etat français, l'intérêt accru des agriculteurs pour les filières courtes de production, et l'accélération généralisée du développement de la production des biocarburants dans l'ensemble des pays de l'Union européenne, la production de matières premières agricoles destinées à l'approvisionnement des diverses filières, relativement marginale jusqu'alors, va nécessairement occuper une part plus importante des assolements en Picardie. * 25 Moyenne des rendements en froment d'hiver des récoltes 2004 (91,2 quintaux/ha) et 2005 (85,5 quintaux/ha), source : Institut National de Statistique. * 26 Sur la base d'une production à 100% à partir de blé à Gand et à 2/3 à partir de blé à Wanze. * 27 Cf Evolution du bilan d'approvisionnement en céréales de la Belgique de 1970/71 à 2003/04, Livre Blanc « céréales », F.U.S.A et CRA-W Gembloux, Ph. Burny, S. Matendo, B. Duquesne, février 2006. * 28 Source : base de données FAOSTAT |
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