La production des biocarburants en picardie: quelles perspectives pour là¢â‚¬â„¢agriculture régionale?( Télécharger le fichier original )par Christine Cheveau Université Nanterre Paris X - Master de géographie 2006 |
1° PARTIE : LE DEVELOPPEMENT DE LA PRODUCTION DE BIOCARBURANTS EN PICARDIE EN 2004-2005 :A- La Picardie : région pionnière des biocarburants :L'ensemble des agréments pour les usines biodiesel en France représentait en 2004 387 500 tonnes, et celui des unités de bioéthanol8(*) 111 000 tonnes9(*). Au niveau du bioéthanol, la répartition entre la betterave et le blé est fortement déséquilibrée : la part de la betterave est de 70% (74 000 tonnes de bioéthanol issues de betteraves, 32 000 tonnes issues de blé en 200410(*)). De fait, la filière bioéthanol est dominée par les producteurs et industriels sucriers. Les principales usines ont été mises en activité avant 1998 : le développement s'est ensuite nettement ralenti. La géographie de la production des biocarburants est marquée par une profonde disparité entre le nord et le sud de la France11(*) : Carte n°1 : élaboration personnelle- Fond de carte : IGN Les usines de production de biocarburants agréées en 2004 sont assez peu nombreuses. Au niveau géographique, elles sont concentrées dans le nord de la France. En fait, la carte des usines agréées ne représente pas l'ensemble des usines de production de biocarburants, car elle ne prend pas en compte les distilleries d'éthanol ne possédant pas d'agréments propres, mais participant à l'approvisionnement des unités d'ETBE. La plupart des distilleries d'alcool produisent en effet également du bioéthanol pour approvisionner les unités d'ETBE.
Carte n°2 : élaboration personnelle- Fond de carte : IGN Les distilleries ont une capacité de production de bioéthanol modeste : il n'y a pas d'unité « géante » entièrement dédiée à la production de biocarburants. La plus grande distillerie en 2004 était celle d'Arcis-sur-Aube, avec une capacité de production d'alcool et éthanol de 1 200 000 hectolitres/an (environ 95 000 tonnes). A titre de comparaison, en 2004, l'Espagne avait une capacité de production de bioéthanol de 257 000 tonnes par an avec seulement 2 usines de bioéthanol. De fait, les usines de production de bioéthanol sont assez nombreuses, avec des capacités de production de biocarburants relativement modestes. A l'inverse, avec l'unité de Grand-Couronne, pouvant produire 250 000 T de biodiesel, les usines de production de biodiesel sont nettement moins nombreuses 12(*). La géographie de l'ensemble des usines est marquée par une grande disparité entre le nord et le sud de la France. Ces caractéristiques s'expliquent par plusieurs facteurs. La concentration des usines de biocarburants dans le nord de la France s'explique en partie par le fait que le Bassin parisien est le premier centre de raffinage de carburants en France : la carte des unités de biocarburants agréées montre une grande adéquation entre sites de production d'ETBE et raffineries. La localisation des bassins de production de colza, blé et betteraves explique également en partie la concentration des usines de biocarburants au nord de la France : les usines sont localisées dans ou à proximité des bassins de production de la matière première agricole. Cependant, certains choix effectués lors de la création de ces usines sont essentiels à analyser pour comprendre la localisation des usines de productions de biocarburants en France et leur nombre : dans le contexte d'une production naissante ne nécessitant pas de grands volumes de production, il s'agissait d'abord de limiter le coût des investissements et de valoriser les infrastructures et les savoir-faire qui existaient déjà avant l'apparition de ce nouveau débouché. Les moyens financiers disponibles étaient relativement limités, d'autant plus que les sociétés pétrolières, qui ont des capacités de financement beaucoup plus grandes, n'ont pas souhaité investir de façon très importante dans la filière. Ce mode de développement explique par exemple la localisation de la première usine de biodiesel à Venette, dans une région qui n'est pas la principale productrice de colza en France. Ce mode de croissance a favorisé la Picardie, région de grande culture qui disposait déjà de distilleries de betteraves et d'une usine de trituration d'oléagineux. Cette région a ainsi développé des usines dans les trois filières de biocarburants. Par ailleurs, cette région a profité de sa proximité avec le port de Rouen pour participer à l'approvisionnement de la seule usine de grande capacité, appartenant à la filière biodiesel. De fait, les cultures à destination des biocarburants sont relativement développées en Picardie, mais elles n'occupent encore qu'une faible part des assolements. * 8 Nous privilégierons le terme de bioéthanol pour parler de l'alcool d'origine agricole destiné aux biocarburants, car l'éthanol peut être d'origine synthétique, et l'alcool a d'autres utilisations possibles. * 9 Les agréments étaient de 199 000 tonnes pour les unités d'ETBE : l'ETBE contenant seulement 49,75% d'éthanol en masse, ceci représente un agrément bioéthanol de 99 000 tonnes. * 10 Source : les biocarburants, ONIC-ONIOL-FIRS, avril 2005 * 11 Les volumes indiqués sont les volumes agréés en 2004, et non les volumes réalisés. La carte des usines d'éthanol répertorie l'ensemble des usines liées à Ethanol Union, union de vente des distilleries pour l'éthanol, et à Tereos. Certaines usines peuvent ne pas avoir produit d'éthanol en 2004 et/ou 2005. * 12 Il existe également deux unités agréées en Allemagne : SA Oelmühle Hambourg et SARL Oelmühle Leer Connemann, agréées chacune pour 5 000 tonnes de biodiesel. |
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