La production des biocarburants en picardie: quelles perspectives pour là¢â‚¬â„¢agriculture régionale?( Télécharger le fichier original )par Christine Cheveau Université Nanterre Paris X - Master de géographie 2006 |
2°) Autres perspectives de développement des surfaces de blé destinées à la production de bioéthanol :a- Un développement plus discret de l'usine Tate and Lyle de Nesle : Sur le même schéma qu'en 2004-2005, l'usine Tate and Lyle de Nesle devrait poursuivre son développement. Ceci n'induira pas forcément une progression de la quantité de blé utilisée par l'ensemble de l'usine (amidonnerie et distillation), dans la mesure où l'industrie de l'amidonnerie subit actuellement des concurrences renforcées, et pourrait être touchée par la réforme de l'OCM sucre. En effet, la baisse du prix du sucre de 36% pourrait augmenter la compétitivité du sucre par rapport au glucose produit par les amidonneries. Les industriels de l'amidonnerie avancent une diminution des utilisations des céréales pour l'amidonnerie de l'ordre de 3,5 millions de tonnes34(*). Cependant, cette diminution est incertaine : d'autres paramètres peuvent modifier les données. C'est le cas de l'augmentation des cours du pétrole, qui provoque une augmentation de la demande en éthanol à l'échelle internationale, et par là une tension sur le prix du sucre, « concurrent » direct de l'éthanol, notamment au Brésil. Si cette distillerie voulait produire 300 000 hl de bioéthanol/an, elle devrait utiliser l'équivalent d'environ 9 500 hectares de blé, provenant toujours essentiellement de la Picardie, soit environ 1,5% de la sole de blé picarde de 2005-2006. Pour cette usine, il s'agirait plus d'une consolidation d'une transformation intérieure à la région dans le cadre de l'amidonnerie que de l'ouverture d'un nouveau débouché important. Pour les producteurs, ce développement serait « invisible ». b- Des perspectives communautaires non négligeables: La région Picardie, qui exporte une partie de sa production vers les autres pays de l'Union européenne, pourra participer à l'approvisionnement de ces pays en grains, dans une proportion impossible à déterminer à l'heure actuelle, car les divers projets sont souvent encore en cours de gestation. Ce sera certainement le cas pour les usines belges, dans une proportion non négligeable a priori vu les besoins expliqués plus haut. Une partie de la Picardie est en effet plus proche de la Belgique que du port de Rouen : Saint-Quentin, dans le nord de l'Aisne, est à 180 km par route de Gand et à 200 km de Wanze, alors qu'elle est à 240 km de Lillebonne. Avec des besoins actuellement estimés pour deux des usines prévues à 1 400 000 tonnes de blé, si la région arrivait à conquérir un quart de ce marché, les usines belges représenteraient un débouché aussi important que l'usine de Lillebonne. Ce développement pourrait suivre deux schémas. Les usines belges peuvent passer des contrats de jachère industrielle ou des contrats ACE avec des exploitants français, comme l'ont déjà fait des usines de trituration de colza allemandes. Mais elles peuvent aussi acheter au moins une partie de leur grain sur le marché dit « alimentaire », hors contrat, ce qui leur donne une souplesse au niveau des approvisionnements beaucoup plus grande, et peut-être plus adaptée à leur perspective, qui est non seulement d'assurer l'approvisionnement de la Belgique en éthanol, en bénéficiant de réductions de droits d'accise, mais aussi de conquérir des marchés à l'export.
* 34 Source : SCOP info, AGPB, AGPM, FOP, janvier-février 2006. |
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