Problématique de la pérennisation des interventions de prise en charge psychosociale des orphelins et enfants vulnérables au Bénin.( Télécharger le fichier original )par Benoit DAOUNDO Université catholique de Lilles/ Université polytechnique internationale du Bénin - Master gestion des projets et management de la qualité 2010 |
2ème partie : Cadre théoriqueCette partie est axée sur la problématique, les hypothèses et objectifs de recherche, les clarifications conceptuelles et la revue de littérature. Section 1 : Problématique, hypothèses et objectifs de rechercheCette partie aborde les aspects de l'étude relatifs à la problématique, aux hypothèses et objectifs de recherche. Paragraphe 1 : ProblématiqueLa maladie du VIH/SIDA a causé, dans le monde, le décès de plus de vingt (20) millions de personnes au cours des deux dernières décennies, et l'on estime à quarante (40) millions le nombre de personnes qui vivent avec cette maladie (UNICEF, 2009). La plupart de ces victimes sont des parents dont la disparition a amené les enfants à vivre dans des conditions extrêmement difficiles. Selon les prévisions de l'UNICEF, 15,7 millions enfants auront perdu un parent ou les deux à cause du SIDA d'ici fin 2010. Dans les pays d'Afrique subsaharienne, la situation est bien plus alarmante : le nombre de veufs et de veuves est en constante progression, en conséquence, environ un enfant sur cinq dans la tranche d'âge de 12-17 ans, et un enfant sur six dans celle de 6-11 ans seront orphelins du SIDA. L'impact du SIDA sur les enfants est immense et pour cause, l'UNICEF estime qu'à l'heure actuelle, 13 millions d'enfants âgés de moins de 15 ans ont perdu l'un ou les deux parents du fait du SIDA et actuellement 80 % de ces enfants vivent en Afrique subsaharienne2(*). D'ici l'an 2010 ce chiffre pourrait atteindre 25 millions, si rien n'est fait. Au Bénin, le nombre d'orphelins de 0-18 ans est estimé en 2010 à 307.4123(*) soit 8.43% des enfants du Bénin pour la même année. La communauté dans laquelle vivent les OEV devrait prendre des dispositions pour les protéger de tous les aléas susceptibles de compromettre leur épanouissement et leur développement. L'augmentation du nombre de conflits dans le monde, l'évolution de plus en plus préoccupante de la pandémie du VIH/SIDA, la pauvreté qui affecte durement les pays africains, les ravages occasionnés par ces fléaux sont en partie à l'origine du débat sur la vulnérabilité des enfants. C'est ainsi qu'en juin 2001 à New York, lors de la session spéciale de l'Assemblée Générale des Nations Unies, l'initiative de la prise en charge des Orphelins et Enfants Vulnérables (OEV) dans le contexte du VIH/SIDA est adoptée par l'ensemble des pays membres et pour causes, selon l'OMS, on enregistre plus de 15 millions d'orphelins du sida dont 12 millions en Afrique Subsaharienne. Ils représentent une population d'enfants vulnérables condamnés à la précarité par la pandémie Le sida a un impact économique dévastateur sur les communautés et hypothèque leur avenir en accroissant la misère et en brisant la vie des familles particulièrement celle des Orphelins et Enfants Vulnérables. Ces derniers sont victimes de la séparation de leur fratrie et contraints d'être placés dans de nouvelles familles d'accueil ou à la charge des grands parents (eux-mêmes souvent à la charge de leur fils ou fille qui venait de mourir du VIH). Les Orphelins et Enfants Vulnérables sont donc considérés comme étant un groupe prioritaire dans la politique de lutte contre le VIH/SIDA dans beaucoup de pays africains et le Bénin ne fait pas exception à cette règle. Aussi, le Bénin dispose-t-il d'un cadre stratégique national de lutte contre le VIH/SIDA couvrant la période de 2007 à 2011. L'axe stratégique 4 dudit cadre, prenant en compte la prise en charge psychosociale des OEV, est intitulé « Soutien aux personnes infectées et affectées et promotion du respect des droits humains » les objectifs spécifiques qui y sont définis sont : - Renforcer les capacités d'au moins 80% des familles (enfants, parents/tuteurs) et 80% des acteurs à mieux prendre en charge les enfants ; - Renforcer les initiatives communautaires de la prise en charge des OEV ; - Faciliter l'accès des OEV aux services sociaux essentiels ; - Assurer la protection des OEV par les gouvernements. Par ailleurs, en 2006, le Bénin a élaboré un document de Politique, Normes et Procédures de prise en charge psychosociale des PVVIH et des OEV de même qu'un plan d'action OEV 2006-2010 assorti d'une grille de vulnérabilité et la définition d'un paquet minimum d'activités de prise en charge psychosociale des OEV. Ce paquet est composé des services que sont le soutien psychologique, le soutien spirituel, la protection juridique, l'appui médical, le soutien à l'éducation et à la formation professionnelle, le soutien nutritionnel, le soutien économique aux parents et tuteurs d'OEV. Dans ce document les aspects relatifs à la pérennisation des interventions et à l'autonomisation des bénéficiaires n'ont pas été occultés. Mieux l'axe 4 du cadre stratégique national de lutte contre le VIH/SIDA prévoit la protection des OEV et leur accès aux services sociaux de base par le gouvernement. Ceci sous-entend donc une appropriation par le gouvernement des actions de protection faites par les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) à l'endroit des OEV. Ce rôle régalien de l'Etat ne devrait pas poser problème si la protection des enfants constitue une priorité des gouvernants. Par ailleurs, les nombreuses actions des PTF sur le terrain mettent très peu l'accent sur l'appui aux familles et parents/tuteurs des OEV en vue de leur autonomisation à court, moyen ou long terme alors que la plupart des interventions sont sous-tendus par des projets qui, par définition, ont des durées de vie bien définies. Même si les projets sont souvent renouvelés, ils ne peuvent l'être éternellement car, tant que le VIH/SIDA ne sera pas éradiqué, il y aura toujours des OEV vivant dans la précarité et qui auront besoin de l'appui de l'Etat et des partenaires jusqu'à l'âge de majorité. Dans le même ordre d'idée, tant que les familles d'accueil et parents/tuteurs n'auront pas acquis d'autonomie, elles ne peuvent subvenir aux besoins des OEV à leur charge soutenus aujourd'hui avec l'appui des Partenaires Techniques et Financiers. En prévision à cette situation, le cadre stratégique national avait déjà prévu de renforcer les capacités d'au moins 80% des familles (enfants, parents/tuteurs) à prendre en charge les enfants. Déjà, sur le terrain, certains Partenaires Techniques et Financiers se sentent obligés de se retirer parce que leurs projets sont arrivés à leur terme créant ainsi un vide dans la prise en charge des OEV puisque l'Etat n'a pas pris la relève et les bénéficiaires n'avaient pas été aussi préparés ou soutenus pour leur autonomisation. Les efforts des PTF d'appui à l'Etat dans ses rôles risquent d'être un précédent pour la prise en charge psychosociale des OEV. A d'autres occasions, on a déjà assisté à des soulèvements populaires des PVVIH pour réclamer des Anti-Retro-Viraux (ARV) entre temps achetés par des PTF qui ont fini par se retirer alors que le gouvernement n'avait pas prévu de prendre la relève des PTF dans la fourniture des ARV. Afin d'éviter des situations similaires dans le cas des OEV, quelles sont alors les mesures prises par les différents acteurs de prise en charge psychosociale des OEV au Bénin en vue d'assurer la durabilité et la pérennité des interventions de prise en charge psychosociale des OEV ? Cette préoccupation importante s'exprime à travers les questions de recherche ci-après : ü En quoi consiste le mécanisme d'identification des OEV utilisé par les acteurs sur le terrain ? Permet-il de mieux définir les besoins de chaque OEV en vue d'une utilisation parcimonieuse des ressources financières ? ü Quels sont les systèmes mis en place par les acteurs à divers niveaux pour la pérennisation de la prise en charge psychosociale des OEV ? ü Quel type de collaboration développent les acteurs à divers niveaux de la prise en charge psychosociale des OEV au Bénin ? Telles sont les principales interrogations qui ont suscité la réalisation de cette étude. * 2 Rapport de l'UNICEF (2006) « Children on the Brink » (enfant au bord du gouffre) * 3 Rapport de situation national à l'intention de l'UNGASS, ONUSIDA Bénin, 2010 |
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