UNIVERSITE DE YAOUNDE II
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE
GESTION
NOUVEAU PROGRAMME DE TROISIEME CYCLE
INTERUNIVERSITAIRE
Deuxième promotion
MOBILISATION DES RECETTES FISCALES AU CAMEROUN
Mémoire DEA/MASTER en Sciences
Economiques,
Spécialité Economie
Publique
Par
Philémon Parfait ANGO
ESSAMA
Titulaire d'une
Maîtrise en Sciences Economiques,
Option Econométrie
Sous la Direction de
Désiré AVOM
Agrégé des Sciences
Economiques
Année 2010
DEDICACES
Au Seigneur Dieu Tout Puissant, qui a bien voulu me
gratifier d'un potentiel intellectuel pour que je parvienne à ce stade
des études ;
A la Grande Famille ESSAMA. Que mes parents, mes
frères et soeurs, mes beaux frères et belles soeurs trouvent en
ces modestes mots l'expression de ma profonde gratitude pour m'avoir
entouré de leur amour et de leur soutien
indéfectible;
A ma chère fille, Pauline Renaud Grace PONDI
ANGO.
REMERCIEMENTS
Au terme de ce travail, j'adresse mes sincères
remerciements à tous ceux qui ont contribué d'une manière,
quelle qu'elle soit, à l'élaboration de ce
mémoire.
Je tiens à remercier tout
particulièrement le Professeur Désiré AVOM qui,
malgré son emploi du temps chargé, s'est toujours montré
disponible pour m'orienter dans mes recherches.
Mes pensées se dirigent également
à l'ensemble du corps professoral et le personnel administratif du
CIEREA, NPTCI, Université de Yaoundé II-Soa (FSEG). En
particulier, je témoigne ma reconnaissance aux Professeurs Georges
Kobou, Kimseyinga Savadogo, Bernadette Kamgnia, Raoul Mamy Ravelomanana,
Dontsi, Roger Tsafack, Séraphin Fouda, Claude Njomgang, Yves
Abessolo ; ainsi qu'aux Docteurs Thomas Vallée, Gervasio Semedo,
Isaac Tamba, Benjamin Fomba et Amadou Bobbo.
C'est aussi l'occasion pour moi de remercier tout le
corps enseignant, personnel administratif, camarades et amis de
l'Université de Douala qui m'ont encadré lors de mes premiers pas
dans ce monde de la recherche. En particulier les Professeurs Bruno Bekolo-Ebe,
Blaise Mukoko, Lucien Kombou, Thérèse Um, Maurice Fouda et les
Docteurs Nestor Mfege, Georges Mbondo, Oscar Bayémi, Bertrand
Tamokwé et Honoré Bidiasse.
Je tiens à remercier spécialement Son
Excellence Monsieur le Ministre de l'Economie, de la Planification et de
l'Aménagement du Territoire, qui a bien voulu m'accueillir comme
stagiaire dans son département ministériel au cours de la
rédaction de ce mémoire. A cet effet, je témoigne ma
gratitude au personnel de la DGPAT/DPPS et surtout à Monsieur Lys
Kwadjio pour leurs encouragements et soutien multiformes.
J'exprime aussi toute ma reconnaissance à la
2ème Promotion du NPTCI, Campus de Yaoundé II-Soa,
CCCO Université Cheikh Anta Diop de Dakar, ainsi qu'à toutes les
promotions qui nous ont précédé pour leur esprit de
solidarité. Que mes amis, les jeunes ISE Mariette Ebong, Isaora Dialahy,
Emmanuel Abengmoni qui m'ont été d'un apport inestimable dans le
traitement économétrique reçoivent l'expression de ma
reconnaissance, merci grandement ! Mes remerciements vont aussi
auprès de Monsieur Armand Evina, Inspecteur des Impôts pour tous
les moments d'échanges qu'il m'a accordés au cours de ce
travail.
Que tous membres de la Grande Famille Elanga Aboui
à Abangok (Zoétélé), dont je suis l'un des
descendants reçoivent mes sincères remerciements pour m'avoir
entouré de leur amour et de leur soutien multiforme. Je tiens à
rendre un vibrant hommage à Feue Mme Elanga Jacqueline qui
malheureusement nous a quitté précocement sans vivre les
prouesses de ses « Enfants », merci
« Macho » ! Je remercie les Révérends
Pasteurs de l'EPCO Rigobert Evina Ndi, Abel Nko'oII, Marcien Nnomo Bidoumou,
Alphonse Etoundi, Dominique Epo Andjongo pour leur encadrement
spirituel.
Que Mlle Elisabeth Nadège Biyong reçoive
l'expression de toute ma reconnaissance pour son soutien multiforme, tu m'as
été d'un apport incommensurable, merci ma
chérie !
AVERTISSEMENT
La Conférence des Institutions d'Enseignement
et de Recherche Economiques et de Gestion en Afrique (CIEREA), le Nouveau
Programme de Troisième Cycle Interuniversitaire (NPTCI),
l'Université de Yaoundé II-Soa (FSEG) n'entendent donner aucune
approbation ni improbation aux opinions émises dans ce mémoire,
elles n'engagent que son auteur.
RESUME
L'objectif de ce
mémoire est de montrer le caractère indispensable d'une
mobilisation plus accrue des recettes fiscales pérennes dans notre pays.
Condition sans laquelle notre pays ne peut aspirer réaliser les
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), mais
également devenir un pays émergent à l'horizon 2035. A cet
effet, à partir des données du WDI 2008, MINEPAT et de l'INS,
nous construisons un échantillon de sept variables sur la période
1980-2006. La première partie s'intéresse aux déterminants
de la mobilisation fiscale et souligne à partir d'un modèle VAR
les effets pervers de la dépendance à l'aide qui freine la mise
en place d'impôts et de relations de responsabilité de la part des
Pouvoirs Publics, la politique monétaire a un effet positif mais non
significatif sur la mobilisation fiscale, la structure de l'économie
camerounaise expliquent quant à elle à hauteur de 40,92% son
niveau de recouvrement des impôts. La deuxième partie table sur
les enjeux et stratégies de mobilisation des impôts. L'analyse
préalable des enjeux de la mobilisation des recettes fiscales
révèle que les impôts constituent vraisemblablement
l'âme des services publics. Nous concluons sur les mesures de
mobilisation fiscale sans lesquelles il sera extrêmement difficile de
financer la réalisation des OMD et faire du Cameroun un pays
émergent à l'horizon 2035. Parmi ces mesures, nous pouvons
relever la promotion de la bonne gouvernance, du civisme fiscal et
l'élargissement de la base taxable.
Mots clefs : Taux de
pression fiscale, civisme fiscal, transition fiscale, déterminants, VAR,
Cameroun.
ABSTRACT
Mobilization of tax
revenue in Cameroon
The goal of this paper is to show the indispensability of an
increased mobilization of tax revenue perennial in our country. Conditions
without which our country can aspire achieve the Millennium Development Goals
(MDGs), but also become an emerging country in 2035. To this effect, using data
from WDI 2008, MINEPAT and INS, we construct a sample of seven variables on the
period 1980-2006.The first part deals with the determinants of fiscal
mobilization and highlights from a VAR model is the perverse effects of aid
dependency that impedes the establishment of relations and tax liability on the
part of Powers Public, monetary policy has a positive but not significant
fiscal mobilization, the structure of the Cameroonian economy explain about it
to the tune of 40.92% above its level of tax collection. The second part builds
on the stake and strategies to mobilize taxes. The preliminary analysis of the
issues of revenue mobilization shows that taxes are probably the soul of public
services. We conclude on the mobilization of fiscal measures, without which it
will be extremely difficult to finance the MDGs and make Cameroon a country
emerging in 2035. Among these measures, we can meet the promotion of good
governance, tax compliance and broadening the tax base.
Keywords: Rate of tax
pressure, tax compliance, fiscal transition, determinants, VAR, Cameroon.
SOMMAIRE
DEDICACES
i
REMERCIEMENTS
ii
RESUME
iv
ABSTRACT
v
SOMMAIRE
vi
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
vii
LISTE DES ANNEXES
viii
ABREVIATIONS ET ACRONYMES
ix
INTRODUCTION GENERALE
1
PARTIE 1: LES DETERMINANTS DE LA MOBILISATION DES
RECETTES FISCALES
9
Chapitre 1: Les déterminants de
la mobilisation fiscale : une revue de la littérature
11
Section 1 : Les déterminants traditionnels du
prélèvement fiscal
11
Section 2 : Les autres déterminants de la
mobilisation fiscale au Cameroun
18
Chapitre 2: Analyse
économétrique des déterminants macroéconomiques de
la mobilisation fiscale au Cameroun
26
Section 1 : Etude des propriétés statistiques
des variables d'analyse
27
Section 2 : Estimation et présentation des
résultats
31
PARTIE 2: MOBILISATION DES RECETTES FISCALES: ENJEUX ET
PERSPECTIVES
41
Chapitre 3: Les enjeux de la mobilisation
fiscale
43
Section 1 : Les raisons de l'impôt
44
Section 2 : L'Etat, gérant des externalités et
fournisseur de biens publics
51
Chapitre 4: Quelles stratégies pour une
mobilisation des recettes fiscales pérennes au Cameroun ?
57
Section 1 : Quelles stratégies de transition
fiscale ?
58
Section 2 : Le civisme fiscal : une impérieuse
nécessité
63
CONCLUSION GENERALE ET PRINCIPALES
IMPLICATIONS
75
ANNEXES
79
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
91
TABLE DES MATIERES
103
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
Tableau1: Décomposition de la
variance...............................................................36
Tableau 2 : Récapitulatif des
variables...............................................................82
Tableau 3 : Estimation du
VAR........................................................................91
Graphiques 1: Détection des points de
rupture sur les différentes variables en niveau........31
Graphique 2: Stationnarité du
VAR....................................................................34
Graphique 3 : Corrélogrammes
résiduels du VAR...................................................35
Graphique 4 : Fonctions de
réponses
impulsionnelles...............................................38
Graphique 5 : Le paradoxe de
l'évolution du taux de pression fiscale du Cameroun à l'horizon
2020...............................................................................................90
Graphiques 6 : Autocorrélogrammes
résiduels du VAR.........................................92
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1. Récapitulatif des
variables.................................................................82
Annexe 2. Objectifs du Millénaire pour
le Développement.........................................83
Annexe 3. Statistiques et
Econométrie.................................................................84
Annexe A3.1. Résultats des tests de
causalité de Granger..........................................84
Annexe A3.2. Résultats des tests
ADF.................................................................85
ABREVIATIONS ET
ACRONYMES
ACP : Afrique des Caraïbes et du
Pacifique
ADF : Augmented Dickey-Fuller
AFD : Agence Française de
Développement
AIC : Akaike Information Criterion
APE : Accords de Partenariat
Economiques
ATAF/FAFA : Forum Africain sur
l'Administration Fiscale
BAD : Banque Africaine de
Développement
BEAC : Banque des Etats de l'Afrique
Centrale
CAD : Comité d'Assistance au
Développement
CAMTEL : Cameroon Telecommunication
CEA/BSR-AC : Commission Economique des
Nations Unies pour l'Afrique,
Bureau Sous-Régional pour
l'Afrique Centrale
CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire l'Afrique Centrale
DGI : Direction Générale
des Impôts
DSCE : Document de Stratégie pour
la Croissance et l'Emploi
DSRP : Document de Stratégie pour
la Réduction de la Pauvreté
FAD : Fonds Africain de
Développement
FMI : Fonds Monétaire
International
INS : Institut National de la
Statistique
IS : Impôt sur les
Sociétés
M2 : Masse monétaire au sens
large (monnaie et quasi-monnaie)
MCO : Moindres Carrés
Ordinaires
MINEPAT : Ministère de
l'Economie, de la Planification et de l'Aménagement du Territoire
MINFI : Ministère des Finances
MINPOSTEL : Ministère des Postes
et Télécommunications
NEP : Nouvelle Economie Publique
NEPAD : Nouveau Partenariat pour le
Développement de l'Afrique
OCDE : Organisation pour la
Coopération et le Développement Economique
OMC : Organisation Mondiale du
Commerce
OMD : Objectifs du Millénaire
pour le Développement
ONG : Organisation Non
Gouvernementale
PIB : Produit Intérieur Brut
PPTE : Pays Pauvres Très
Endettés
SNH : Société Nationale
des Hydrocarbures
TVA : Taxe sur la Valeur
Ajoutée
UE : Union Européenne
UPI : Unités de Production
Informelles
VAR : Vector Auto Regressive
VAR-ECM : VAR Error Correcting Model
WDI : World Development Indicators
INTRODUCTION GENERALE
« La théorie économique ne fournit
aucun ensemble constitué de conclusions immédiatement utilisables
pour définir les politiques. Il s'agit d'une méthode plutôt
que d'une doctrine, d'une série d'outils intellectuels qui aident leurs
détenteurs à tirer des conclusions
correctes. », John Maynard Keynes, cité par Mankiw
(2003).
La mobilisation des ressources publiques dont les recettes
fiscales représentent la « pierre
angulaire » pour le financement des biens et
infrastructures collectives constitue un enjeu
crucial de développement notamment dans les Etats Africains. Plusieurs
raisons expliquent ce fait (Gupta et Tereq, 2008) :
ü Une mobilisation accrue des recettes favorise la
stabilité économique, surtout dans les pays tributaires d'apports
financiers extérieurs. La hausse des recettes intérieures permet
à un pays de dégager un espace budgétaire
supplémentaire pour financer les dépenses prioritaires, et
poursuivre une politique de dépense conforme à ses
priorités stratégiques à mesure que l'aide diminue. De
2000 à 2006, le Ghana, le Malawi, l'Ouganda, la Rwanda et la Tanzanie
ont réussi à créer un espace budgétaire en
mobilisant des ressources intérieures accrues, ce qui prouve que
l'objectif est accessible pour le Cameroun. De plus à mesure que les
pays à faible revenu d'Afrique subsaharienne deviendront des pays
émergents, ils devront renforcer en conséquence leur dispositif
de recouvrement des recettes. L'augmentation des ressources intérieures
peut aussi aider les pays à limiter l'impact néfaste de la
volatilité et de l'imprévisibilité de l'aide, qui peuvent
compliquer la gestion budgétaire. Les flux d'aide sont plus volatiles
que les ressources intérieures, et beaucoup plus que les envois de
fonds ; cette volatilité s'est même accrue pour les
bénéficiaires de l'initiative du FMI en faveur des Pays Pauvres
Très Endettés (PPTE).
ü L'expansion des recettes intérieures pourrait
aussi aider l'Afrique à relever les défis de la mondialisation.
Les pays africains se sentent contraints de
libéraliser davantage leurs régimes commerciaux, leurs droits de
douanes étant en moyenne supérieurs à ceux des autres
régions. Par ailleurs, on prévoit une baisse des tarifs douaniers
avec la création des zones de libre échange et des unions
douanières dans les régions (par exemple la CEMAC pour l'Afrique
Centrale) et avec d'autres blocs commerciaux régionaux, dont l'Union
Européenne (exemple pour les APE1(*) entre les pays ACP et l'UE). Actuellement, un tiers
environ des recettes fiscales non liées aux ressources naturelles
provient des taxes sur les échanges -environ 4% du PIB - ce qui
suggère qu'une libéralisation accrue du commerce
entraînerait une forte baisse des recettes. L'expansion des sources des
recettes intérieures permettrait de récupérer une partie
au moins du manque à gagner au titre des taxes sur le commerce.
Les pays Africains font également face à une
concurrence fiscale accrue en matière
d'Impôt sur les Sociétés, car les pays du monde se
disputent âprement les investissements étrangers. Bien que les
taux légaux de cet impôt aient fortement chuté dans la
région dans les années 90, la part de cet impôt dans le PIB
reste quasi inchangée, ce qui donne à penser que l'incidence des
baisses de taux sur les sociétés a été
compressée par d'autres facteurs (Keen and Mansour, 2008).
Néanmoins, la tendance mondiale se caractérise
par une baisse des taux légaux d'imposition sur les
sociétés, car les pays d'Afrique au Sud du Sahara ont encore des
taux relativement élevés. Ils restent donc soumis à des
pressions visant à baisser encore les taux, d'où la
nécessité d'élargir l'assiette fiscale afin
de limiter l'incidence sur les recettes fiscales.
ü En misant davantage sur les recettes
intérieures, les pays limitent le risque de
« syndrome hollandais » (dutch
desease). En effet, la littérature économique conclut que la
dépendance des ressources naturelles est associée à de
faibles performances économiques (Sachs et Warner, 1995). Ce
résultat s'explique par l'effet dutch
desease et l'effet volatilité des prix des
ressources naturelles. Un boom dans le secteur produisant une ressource
naturelle conduit à une hausse du prix des biens non échangeables
alors que celui des biens échangeables est déterminé sur
le marché international (Omgba, 2010). Par ailleurs, les prix des
matières premières sont plus volatiles que les prix des produits
manufacturés (Grilli et Yang, 1988). La volatilité introduit
l'incertitude dans la prise de décision des agents économiques.
Cette incertitude est coûteuse en terme de bien-être. Toutefois,
ces effets négatifs peuvent être atténués en
présence d'institutions de bonne qualité (Sala-I-Martin et
Subramanian, 2003 ; Mehlum et al., 2006). La hausse des recettes
réduit le risque du syndrome hollandais.
ü La fiscalité accroît
l'incitation à la participation du public au
processus politique et renforce l'obligation de
rendre compte, la gouvernance et l'efficacité des dépenses
publiques. Elle sensibilise à la nécessité
de limiter la recherche de rente (pressions exercées pour obtenir des
allégements fiscaux ou une protection contre la concurrence
étrangère) par des groupes d'intérêts dans le cadre
de la politique publique. De même, la fiscalité incite les Etats
à moderniser leurs institutions et à leur donner des moyens
modernes de perception et de gestion des impôts et à fournir
davantage des services publics (Moore, 2007).
ü La mobilisation des ressources intérieures peut
contribuer au renforcement des institutions budgétaires. Des recettes
stables et prévisibles facilitent la planification budgétaire
à moyen terme, ce qui peut contribuer à garantir que les
ressources soient affectées aux secteurs prioritaires et produisent des
résultats tangibles. En fait, il existe une étroite
corrélation positive entre l'efficacité des dépenses
sociales et la qualité des organismes budgétaires (Gupta et al.,
2008).
Dans le cadre de notre étude, nous utiliserons comme
indicateur de mobilisation des recettes fiscales le taux de
pression fiscale ou tout simplement la
« pression fiscale ». La pression
fiscale définit l'importance relative d'un impôt ou d'un groupe
d'impôts (ou des prélèvements obligatoires, telles les
cotisations d'assurances sociales sur les salaires) dans l'économie
nationale. La pression fiscale concerne
les grandeurs macroéconomiques. Par exemple, on exprime le
poids des impôts en pourcentage du produit intérieur brut (PIB)
pour mesurer l'emprise de l'Etat sur les contribuables, ou bien pour mesurer la
pression fiscale sur les entreprises, la somme totale des impôts sur le
bénéfice qu'elles paient est mise en rapport à la somme
totale de leurs bénéfices. Ces « mesures »
permettent des comparaisons internationales et intercontinentales, sur
l'emprise de la fiscalité sur l'économie. Il convient cependant
de distinguer la « pression
fiscale » de la « charge
fiscale », qui exprime la même idée, mais
par contribuable (niveau microéconomique) : ainsi, on peut
connaître la charge fiscale d'un contribuable marié avec 02
enfants et un revenu de 80 000 francs en comparant l'impôt dû,
compte tenu de sa situation familiale, à ce revenu.
La pression fiscale est un indicateur important dans
l'établissement de la politique fiscale d'un Etat. C'est la raison pour
laquelle connaître les éléments qui l'influencent suscite
un intérêt particulier.
Dans la Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale (CEMAC), la volonté des Etats d'adopter des
politiques budgétaires cohérentes en accord avec les objectifs de
développement est affichée à travers deux indicateurs du
critère de convergence (qui nous intéressent dans cette
étude). Tout d'abord, le solde budgétaire de base strictement
positif qui contraint les Etats à
dégager suffisamment de ressources internes afin de couvrir les besoins
primaires et parvenir à financer les infrastructures de
développement. Ensuite, le critère relatif au taux de pression
fiscale qui doit être au moins de 17%.Cependant il faut dire que ce
dernier critère a été difficilement respecté par
les Etats de la CEMAC.2(*)
Dans le cas du Cameroun, le taux de pression fiscale oscillait autour de 13%
entre 2000 et 2004 ; alors que ce taux est de 9,7% en Asie du Sud ;
15,5% en Asie de l'Est et du Pacifique ; 17,9% en Afrique Subsaharienne,
en Amérique latine et les Caraïbes ; 19,4% pour l'Afrique du
Nord et le Moyen Orient ; 25,6% pour l'Europe et l'Asie Centrale ; et
30,2% pour les pays de l'OCDE (Yetna, 2009). Les pressions exercées par
les Bailleurs de fonds dans le but d'atteindre le point d'achèvement de
l'initiative PPTE par le Cameroun semble justifier une relative forte pression
fiscale enregistrée au milieu des années 2000.
En amont de cet aboutissement, Easterly (2002) soutient que
la mauvaise gouvernance dans certains pays est à l'origine de leur
niveau élevé d'endettement et de facto à la faible
mobilisation des impôts. En effet, l'auteur cherche à comprendre
pourquoi les pays pauvres très endettés sont devenus très
endettés. Il explique à cet effet que les
gouvernements des pays pauvres très endettés ont une forte
préférence pour le présent. Dans ce cadre,
les facteurs politiques sont à l'origine du fort endettement de ces
pays. La classe dirigeante souhaite conserver le pouvoir, cela est fait par une
mobilisation des ressources du pays, afin de
pouvoir « acheter » les challengers politiques (Omgba,
2010), et de pouvoir « récompenser » les supports.
Ce qui se traduit nécessairement par de nouveaux emprunts. La conclusion
est que tous les programmes de restructuration de la dette des pays
concernés aboutiront à de nouveaux emprunts aussi longtemps que
ces pays seront mal gouvernés. Cependant, Easterly(2002) ne situe pas de
cadre théorique nécessaire à la validation de ses
hypothèses.
Le taux de pression fiscale au Cameroun ne semble donc pas
élevé comparativement à d'autres pays de configuration
économique semblable à la nôtre. Une étude sur le
secteur informel du Cameroun (Yetna, 2009) révèle que seulement
6,8% des Unités de Production Informel (UPI) possèdent une carte
de contribuables ; il souligne aussi le fait que, outre les impôts
réglementaires, l'autre caractéristique de la fiscalité
dans le secteur informel est le paiement des taxes non prévues par la
réglementation. Près de 8% des UPI s'acquitte d'un impôt de
ce genre, ce pourcentage atteignant même 17% parmi les entreprises de
services. L'impôt non réglementaire peut s'expliquer par la
volonté des chefs des UPI qui, voulant échapper à la
réglementation préfèrent corrompre les agents de
l'administration. Il montre également que les pays à faible
revenu connaissent souvent la coexistence d'un taux de pression fiscale faible
et d'un taux d'imposition élevé.
Deux autres challenges spécifiques sont à
surmonter pour le Cameroun, il s'agit de l'atteinte des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD) à l'horizon 2015 et
se hisser au rang des pays émergents à l'horizon 2035. Une
mobilisation plus accrue des ressources fiscales s'avère pour nous un
préalable pour la réalisation de tels objectifs.
Au regard des développements et de la
problématique ci-dessus, la question principale de cette étude
est celle de savoir : En quoi une plus grande mobilisation des
recettes fiscales se révèle-t-elle comme une urgence pour le
Cameroun ? A cette question principale, nous adjoignons deux
questions subsidiaires : Quels sont les facteurs
susceptibles d'expliquer le taux de pression fiscale
au Cameroun ? Quelles
stratégies convient-il d'adopter pour améliorer le niveau de
mobilisation des impôts au Cameroun?
La volonté de répondre à ces questions
donne un regain d'intérêt à notre étude qui se situe
à un double niveau. Tout d'abord il convient de souligner que plusieurs
études ont insisté sur le poids excessif de l'Etat dans les
économies en développement en matière de
prélèvement fiscal sans toutefois donner les
sources potentielles dudit prélèvement et les facteurs
susceptibles de faire obstacle à l'effort de recouvrement des
impôts.
Cette étude a un double intérêt à
la fois pratique et théorique.
ü Dans la pratique, elle
permettra au gouvernement de mieux canaliser ses actions en matière de
recouvrement fiscal et de combattre les fléaux susceptibles d'annihiler
les efforts de collecte des ressources publiques.
ü Sur le plan théorique,
cette étude contribue au débat sur le paiement ou non des
impôts par les agents économiques (Keynésiens,
Classiques /Néoclassiques, Libéraux).
En effet, à lire la littérature aussi bien
théorique qu'appliquée, les économistes ne se sont jamais
accordés sur la nécessité ou non du paiement des
impôts. Pour certains, l'Etat est un
« planificateur bienveillant »
qui a besoin de ressources financières pour assurer le bien-être
collectif ; par contre pour d'autres l'impôt a des
effets distorsifs sur l'activité économique, il
engendre des pertes sèches. Arthur Laffer, économiste
libéral, considère que la croissance trop forte de la
« pression fiscale » doit inciter les ménages et les
entreprises à réduire leurs activités de travail au profit
de temps de loisir. Rendu célèbre par sa fameuse courbe dite
« courbe de Laffer », celle-ci
montre en effet, que plus le taux d'imposition augmente, plus les recettes
fiscales augmentent mais seulement jusqu'à un certain seuil
au-delà duquel elles finissent même par diminuer.
Ainsi, « Trop d'impôt tue
l'impôt » ou encore que
« Les hauts taux tuent les
totaux ».
Au regard de la problématique et des questions de
recherche ci-dessus posées, notre étude a pour objectif
fondamental de montrer le caractère indispensable d'une mobilisation
plus accrue des ressources internes pérennes pour le Cameroun. Il
s'agira donc plus spécifiquement d'une part d'étudier les sources
potentielles du prélèvement fiscal et les facteurs susceptibles
de faire obstacle à l'effort de recouvrement des impôts au
Cameroun; et d'autre part d'explorer les éventuelles stratégies
à même de faire engranger au Cameroun, à court, moyen et
long terme, des recettes fiscales stables. Toutefois, nous comptons au
préalable rappeler les principaux enjeux de la mobilisation fiscale pour
un pays « en voie de développement » comme le
Cameroun.
Deux hypothèses retiendront notre attention dans le
cadre de cette étude. La première hypothèse stipule
que les facteurs structurels et de politiques macroéconomiques
expliquent le niveau de mobilisation des recettes fiscales au Cameroun. Quant
à la deuxième, elle sous-tend que les facteurs institutionnels,
sociopolitiques et culturels annihilent l'effort de mobilisation fiscale au
Cameroun.
Dans cette étude, nos données seront en grande
partie extraites du « World Developpment Indicators Data
Base 2008 » de la Banque Mondiale; des statistiques
complémentaires trouveront leurs sources à Direction
Générale des Impôts(DGI) ; au Ministère des
Finances(MINFI) ; au Ministère de l'Economie, de la planification
et de l'aménagement du territoire(MINEPAT) et s'étendront sur la
période 1980-2006. L'aspect empirique du travail se fera grâce
à la statistique descriptive, de l'économétrie des
séries temporelles (modèle VAR inspiré des travaux de
Aké, 2008). En effet, dans le cas de l'étude pour un pays
précis, au lieu d'utiliser les données en coupe transversale ou
les modèles de données de panel, il est intéressant
d'utiliser le modèle vectoriel autorégressif où il est
possible d'apprécier la dynamique des effets au cours du temps, sans
imposer de contraintes a priori. Les logiciels qui nous permettront de traiter
les données sont Excel7, Eviews5 et STATA9. Une démarche
méthodologique en deux étapes nous permettra de traiter notre
sujet de recherche. La première partie nous permettra de
présenter une revue de la littérature tant théorique
qu'empirique de la mobilisation fiscale (chapitre1) et d'évaluer
à l'aide de l'outil économétrique les déterminants
macroéconomiques de la mobilisation des recettes fiscales au Cameroun
(chapitre2). La deuxième partie quant à elle s'atèle
à explorer les stratégies qu'il convient d'adopter pour booster
le niveau de mobilisation des impôts. Nous rappellerons dans un premier
temps le regain d'intérêt que suscite la mobilisation des recettes
fiscales (chapitre3) et ensuite nous baliserons quelques pistes
stratégiques susceptibles de faire recouvrir à l'Etat camerounais
des ressources internes stables et pérennes à court, moyen et
long terme (chapitre4).
PARTIE 1
Les déterminants de
la mobilisation des recettes fiscales
Introduction à la première partie
L'offre des biens publics, notamment de santé,
d'éducation, d'infrastructures collectives, de sécurité ou
de cadre juridique, constitue un facteur crucial de la croissance
économique dans les pays en développement. Cette offre est
déterminée par le degré d'élargissement de l'espace
budgétaire, c'est-à-dire par le degré de mobilisation des
différentes composantes de l'espace budgétaire. Ainsi, elle
dépend du niveau de mobilisation des recettes publiques et des
ressources de financement interne et externe ; mais elle est aussi
tributaire du degré d'efficacité des dépenses publiques.
Il n'est pas étonnant qu'un objectif central des politiques
économiques consiste à élargir l'espace budgétaire
des pays en développement en recherchant une combinaison optimale entre
les différentes composantes de cette espace (Chambas et al., 2006). De
nombreux travaux scientifiques recherchent les conditions permettant
d'accroître chacune des composantes de l'espace budgétaire
(travaux relatifs à la mobilisation fiscale, à la mobilisation de
sources de financement, tout particulièrement de l'aide, ou à
l'amélioration des dépenses publiques).
Aussi, par rapport aux travaux existants, la recherche
menée ici présente-t-elle la spécificité de
s'appuyer sur le concept d' « effort fiscal » qui
permet une mesure spécifique du comportement des Pouvoirs Publics en
matière de mobilisation des ressources publiques. A cette fin, on
distingue au sein du prélèvement public deux composantes. D'une
part, la composante déterminée par les facteurs structurels (sur
laquelle les autorités gouvernementales ne peuvent agir à court
terme et qui constitue le potentiel des recettes publiques ou
« potentiel fiscal ») ;
d'autre part, la composante des ressources publiques déterminée
par la politique économique (« effort
fiscal »). Nous cherchons ensuite à identifier
les facteurs d'effort fiscal (dont l'aide fait partie). Cependant une attention
particulière sera portée aux facteurs institutionnels,
sociopolitiques et culturels qui non seulement agissent directement sur
l'effort fiscal mais qui sont susceptibles d'avoir des effets sur son
intervention sur l'aide.
Le premier chapitre dégage les déterminants de
la mobilisation fiscale et le second s'atèle à faire une
évaluation économétrique desdits déterminants sur
le cas spécifique du Cameroun.
CHAPITRE 1
Les déterminants de la mobilisation fiscale : une
revue de la littérature
Introduction au chapitre1
« L'esprit d'un peuple, son niveau culturel, ses
structures sociales, les actions que sa politique peut engager, tout cela et
bien plus encore est écrit dans son histoire budgétaire...Celui
qui sait comment écouter ses représentants discerne ici le
tonnerre de l'histoire du monde plus clairement que partout
ailleurs. », Joseph Schumpeter(1942).
Les facteurs de prélèvement fiscal peuvent
être regroupés en plusieurs catégories selon leur nature.
Pour chacune de ces catégories, nous présenterons les arguments
théoriques suggérant un impact sur le prélèvement
fiscal avant de confronter les relations attendues aux résultats
identifiés dans les travaux empiriques.
Dans un premier temps nous examinerons les
caractéristiques générales des études empiriques
sur lesquelles se basent les tests des hypothèses théoriques.
Nous passerons donc en revue dans ce chapitre les facteurs structurels qui
seront identifiés à la structure de l'économie
scindée en secteurs d'activités (agriculture, industrie,
commerce, etc.) ; les facteurs de politique économique (financement
extérieur et création monétaire) ; les facteurs
institutionnels relatifs à la gouvernance ; les facteurs
sociopolitiques et enfin culturels et analyserons leurs effets sur la
mobilisation fiscale.
Section 1 : Les déterminants traditionnels du
prélèvement fiscal
L'étude des déterminants de la mobilisation des
recettes fiscales revêt un caractère important dans l'optique de
l'élaboration des stratégies de mobilisation fiscale. Plusieurs
travaux ont été réalisés à cet effet par les
chercheurs en sciences économiques. Dans cette section nous
étudierons dans un premier temps les déterminants structurels et
de politiques macroéconomiques, puis nous analyserons les effets des
facteurs relatifs à la gouvernance, à la sociologie, à la
politique et à la culture dans le cadre de la mobilisation des
impôts.
1.1. Les déterminants structurels et de politiques
macroéconomiques du prélèvement fiscal
Les premiers travaux sur les déterminants des recettes
fiscales remontent à Lotz et Morss (1967,1970), Shin (1969), Bahl
(1971). Ces différents facteurs qui sont essentiellement structurels
permettent de déterminer l'effort fiscal3(*) des pays en matière de mobilisation des
ressources publiques.
Parmi ces variables, on retrouve le niveau de
développement approché à travers trois variables : le
produit intérieur brut par tête, l'origine sectorielle du revenu
et enfin, le degré de monétarisation de l'économie
mesuré par le ratio entre l'agrégat M2 et le PIB (Stotsky et
Wolde Mariam, 1997).
1.1.1. Niveau de
développement et prélèvement
fiscal
1) La relation attendue
La variable structurelle la plus souvent retenue est le niveau
de revenu, mesuré par le produit intérieur brut par habitant, qui
est également une approximation du niveau de développement de
l'économie. Il est en effet raisonnable de supposer que plus le niveau
de développement d'un pays est élevé, plus sa
capacité à prélever des ressources est forte (en
proportion de son revenu). Plusieurs explications peuvent être
avancées. Du côté de la demande, l'élévation
du niveau de développement entraîne un accroissement et une
diversification de la demande des biens publics4(*) qui peut réduire la résistance des
contribuables vis-à-vis de l'impôt (civisme fiscal5(*)). Parmi les biens
supérieurs (c'est-à-dire dont la demande augmente plus que
proportionnellement à celle du revenu), on trouve en particulier la
santé et l'éducation, qui sont dans une large mesure des biens
publics. Du côté de l'offre, une élévation du
niveau de développement accroît certainement la capacité
contributive de l'économie. De plus, les capacités
administratives, notamment en vue de lever l'impôt, s'améliorent
probablement avec le niveau de développement, grâce notamment
à l'existence d'économies d'échelle dans les
administrations financières et à un meilleur environnement
(infrastructures de qualité, qualification des employés des
administrations, niveau d'éducation de l'ensemble de la population). Le
niveau de développement humain peut donc également être
approché par des variables de capital humain comme le taux
d'alphabétisation.
2) Les résultats des études
antérieures
Le niveau de revenu est inclus de manière
systématique parmi les déterminants du taux de
prélèvement des études sur les données
internationales (AFD Jumbo, 2007). Il exerce un impact en général
positif et significatif, à l'exception de Gupta et al. (2003) ;
Morrisey et al. (2006) ; Aké (2008).
Gupta et al. (2003) obtiennent systématiquement un
impact négatif et significatif. Ils conviennent du caractère
inattendu de ce signe et indiquent que cette relation apparaît seulement
si l'on introduit les variables de contrôle, puisque la régression
simple entre niveau de revenu et taux de prélèvement
(régression bivariée) met en évidence un impact positif du
revenu par habitant. Morrisey et al. (2006) concluent à un impact
« essentiellement non significatif » du revenu par
habitant, puisque le coefficient est soit positif et non significatif, soit
négatif mais faiblement significatif (au seuil de 10%).
Aké (2008) a démontré que la structure de
l'économie explique la pression fiscale à travers le degré
de monétarisation et la part de la valeur ajoutée agricole dans
le revenu. La pression fiscale n'est pas motivée par le revenu
lui-même ni par le commerce extérieur. L'idée selon
laquelle plus le niveau de développement d'un pays est
élevé, plus sa capacité à prélever des
ressources est forte n'est pas vérifiée pour la Côte
d'Ivoire. Plus exactement, le niveau de recouvrement n'est pas lié
à la faiblesse du revenu de la population. Aucune hypothèse
théorique n'est proposée pour ce résultat inattendu dans
les deux études.
Certains travaux introduisent des variables de
développement humain : l'indice de capital humain (Khan et Hoshino,
1992) ou le taux de scolarisation secondaire et la mortalité infantile
(Cashel-Cordio et Craig, 1990) semblent exercer un impact positif sur le
prélèvement. L'interprétation de ces résultats est
cependant difficile. Tout d'abord, l'impact positif observé est-il
lié au niveau de développement lui-même (qui, pour les
raisons évoquées plus haut, devraient favoriser le
prélèvement public) ou correspond-il à une contrainte
d'ordre budgétaire, liée à la nécessité de
financer un niveau élevé de dépenses sociales ? Par
ailleurs, comment interpréter le signe positif associé à
la mortalité infantile dans Cashel-Cordo et Craig (1990), dont les
auteurs ne proposent pas de commentaires ? La mortalité infantile
pourrait être considérée comme une mesure des besoins en
dépenses de santé (ce qui justifierait d'accroître les
recettes de l'Etat), mais l'effet alors capté serait contradictoire avec
l'effet précédent, qui assimilait le bon niveau des indicateurs
de développement humain à un niveau élevé de
dépenses sociales.
1.1.2. Structure du produit et
prélèvement fiscal
1) La relation attendue
Pour un niveau de développement donné, le
potentiel fiscal est naturellement différent selon les
caractéristiques de cette économie. Il dépend en
particulier de la structure de la production (secteur agricole d'une part,
activités minières et pétrolières d'autres part),
du degré de monétarisation de l'économie et de l'ouverture
commerciale (Stotsky et Wolde Mariam, 1997).
En effet, les différents types de revenu sont plus ou
moins faciles à soumettre à l'impôt. Le secteur
agricole est difficile à imposer en raison de la
prépondérance des activités de subsistance et
d'unités de production souvent dispersées et à faible
niveau de production unitaire (Aguire et al., 1981 ; Stotsky et Wolde
Mariam, 1997). Les coûts de mise en oeuvre et de contrôle d'une
fiscalité sur les activités seraient très
élevés6(*) et
les gains attendus faibles (Ghura, 1998). On peut donc anticiper une relation
négative entre les recettes fiscales et la part de l'agriculture dans
l'économie (mesurée par la part de la valeur ajoutée
agricole dans le PIB).
A l'inverse, les activités des secteurs
miniers et pétroliers offrent des occasions de recettes
fiscales et non fiscales, comme les redevances ou les dividendes (Lotz et
Morss, 1967 ; Agbeyegbe et al., 2004) et on peut donc anticiper une
relation positive entre l'importance des ressources minières et le
niveau de ressources publiques.
Les transactions économiques qui ne donnent pas lieu
à un échange monétaire sont par nature difficiles à
taxer. On peut donc attendre une relation positive entre le
degré de monétarisation d'une économie
(mesurée par le ratio entre l'agrégat M2 et le PIB)
et la capacité de l'Etat à prélever des ressources7(*). Enfin, le taux de
prélèvement est certainement influencé par le
taux d'ouverture commerciale. En effet,
les revenus issus du commerce international constituent une assiette plus
facilement taxable que les revenus ou les consommations intérieures. Cet
effet est évident pour les recettes tarifaires, mais il concerne
également les recettes de TVA, dont environ 50% sont mobilisées
lors de l'importation. Cet effet positif de l'ouverture commerciale sur les
recettes publiques se trouve renforcé lorsque les activités
minières et /ou pétrolières sont importantes (Lotz et
Morss, 1998). Par ailleurs, une augmentation du taux d'ouverture de
l'économie entraine généralement un accroissement de la
volatilité des revenus (Rodrik, 1998). Il peut résulter une
demande d'assurance accrue des contribuables se traduisant par une
disponibilité à payer plus forte pour les dépenses
publiques contra-cycliques.
2) Les résultats des études
antérieures
Les études récentes sur les données
internationales de panel (AFD Jumbo, 2007) confirment l'impact négatif
sur le taux de prélèvement public de l'importance du secteur
agricole, mesurée par la part de la valeur ajoutée agricole dans
le PIB, alors que la part de la valeur ajoutée industrielle exerce un
effet positif. La présence d'un secteur minier ou pétrolier
(captée par une variable muette) contribue également à un
renforcement du prélèvement public. L'impact positif de
l'ouverture est confirmé par différentes études et semble
transiter principalement par les importations, puisque l'on observe un impact
non significatif des exportations lorsque cette variable est testée
séparément (Morrisey et al. 2006 et Ouattara, 2006). Ouattara
(2006) identifie également un impact positif de l'amélioration
des termes de l'échange. On peut néanmoins noter qu'aucune des
études récentes ne prend en compte l'ensemble de ces
caractéristiques structurelles. Morrisey et al. (2006) n'intègre
pas l'existence d'un secteur pétrolier et minier, alors que Ouattara
(2006) n'introduit aucune variable relative à la structure sectorielle
de la production et se concentre sur les effets du commerce
extérieur.
1.2. Politiques macroéconomiques et
prélèvement fiscal
Des auteurs comme Tanzi(1992), Gupta et al. (1993) se sont
intéressés aux effets des politiques macroéconomiques et
ont supposé que le caractère expansif ou restrictif des
politiques budgétaires et monétaires est susceptible d'influencer
le taux de prélèvement fiscal.
1.2.1. Politique
budgétaire et prélèvement fiscal
1) Les relations attendues
Selon Tanzi(1992), la politique budgétaire mise en
oeuvre par le passé influence directement la détermination de la
pression fiscale contemporaine. En effet, les déficits
budgétaires passés se traduisent par un service de la dette
à financer. Compte tenu du caractère obligatoire des
dépenses au titre du service de la dette, le niveau de la dette pousse
le gouvernement à accroître sa pression fiscale afin de
préserver le niveau des dépenses primaires (dépenses hors
dette). De même, un déficit primaire important subi l'année
précédente permet d'anticiper l'accroissement du poids de la
dette dans le futur et devrait donc inciter l'Etat à un effort fiscal
supplémentaire.
2) Les résultats des études
antérieures
L'impact des variables de politique économique est
présenté dans (AFD Jumbo, 2007 ; études de
première et deuxième générations).
L'incitation à augmenter le prélèvement
pour assurer le service de la dette ne semble pas exercer d'impact
systématique sur le comportement des Etats.
Alors que la dette exerce un effet positif sur le taux de
prélèvement public pour Tanzi (1992) et Ouattara (2006), il est
non significatif pour Ghura (1998) et même négatif pour Gupta et
al. (2003) et Aké (2008). Le besoin d'accroître les
dépenses - et donc les recettes- peut également provenir de la
mise en place de réformes structurelles, de la volonté
d'améliorer les services publics et le rythme des investissements
publics ou encore du poids de l'administration8(*).
Ghura (1998) observe un effet positif des réformes
structurelles sur les niveaux de prélèvement public qui avait
déjà été identifié par Heller (1975). Il est
néanmoins difficile de juger si cet effet découle des
dépenses liées aux réformes structurelles ou s'il est
lié aux autres éléments de conditionnalité des
financements apportés par le FMI, en particulier lorsque des objectifs
explicites d'accroissement des recettes fiscales ont été retenus.
Stotsky et Wolde Mariam (1997), qui ont tenté de tester cet effet, ne
décèlent pas d'impact significatif. Le niveau des investissements
publics (Heller, 1975) et l'offre de services publics (Ghura, 1998) semblent
inciter les gouvernements à relever le niveau de
prélèvement public, mais ces résultats méritent
d'être confirmés. En particulier, une mesure plus convaincante de
l'offre des services publics doit être recherchée, dans la mesure
où l'indice de capital humain ne permet pas de distinguer l'effet de
cette offre par rapport à l'effet de revenu. Heller (1975) et Khan et
Hoshino (1992) introduisent une variable de « dépenses
publiques d'administration » dont l'effet est ambigu et
d'interprétation difficile puisque ces dépenses intègrent
toutes les dépenses de l'Etat nécessaires à sa survie mais
n'incluent pas les dépenses d'éducation et de santé.
1.2.2. Politiques
monétaire, de changes et prélèvement fiscal
1) La relation attendue
L'influence des politiques monétaires et de changes sur
l'effort fiscal est plus indirecte. Une politique monétaire expansive
tend à accroître le taux d'inflation. Dans la mesure où il
existe pour de nombreux impôts un décalage entre la date
d'imposition et la date de perception de l'impôt par l'Etat, la valeur
réelle des recettes fiscales perçues est érodée par
l'inflation (effet Keynes-Oliviera-Tanzi ; voir Tanzi, 1992). Lorsque
l'inflation atteint des niveaux élevés, cet effet constitue une
contrainte pour la mobilisation des ressources fiscales. La politique
fiscale contemporaine peut donc être contrainte par la politique
monétaire des années précédentes. La politique de
change affecte également la capacité de l'Etat à collecter
les ressources. En effet, une politique de changes (combinée à la
politique monétaire) qui permet d'obtenir une dépréciation
réelle améliore la profitabilité du secteur des biens
échangeables. La dépréciation réelle modifie donc
les revenus liés au prix des échangeables, c'est-à-dire
non seulement des producteurs de biens échangeables, mais
également des commerçants importateurs.
Ces secteurs renfermant les plus importants contribuables ou
redevables d'impôt, la dépréciation réelle
accroît les ressources fiscales pour un niveau donné du PIB.
Compte tenu de la réduction de la fiscalité sur les exportations,
cet effet est principalement dû au secteur de substitution aux
importations et aux commerçants importateurs.
2) Les résultats des études
antérieures
L'impact négatif attendu du taux d'inflation sur le
taux de prélèvement est identifié uniquement par Ghura
(1998), alors que cet impact est non significatif pour Gupta et al. (2003) et
que les autres études ne testent pas cet effet du taux. La variation du
taux de changes réel quant à elle ne semble pas exercer d'impact
significatif (Ghura, 1998), mais ce résultat peut être dû
à un phénomène de colinéarité avec
l'inflation.
Section 2 : Les autres déterminants de la
mobilisation fiscale au Cameroun
Après l'étude des déterminants
structurels et de politiques macroéconomiques dans la section
précédente, il convient à présent de mettre en
exergue les effets des facteurs relatifs à la qualité des
institutions sur la mobilisation fiscale, aux stratégies des hommes
politiques, aux contraintes sociales et afin à la culture des
populations.
2.1. Facteurs institutionnels et prélèvement
fiscal
Les premiers travaux (Lotz et Morss, 1970 ; Heller,
1975 ; Bahl, 1971) ont souligné le rôle du niveau de
développement, du degré de monétisation, de l'ouverture
commerciale et de la composition sectorielle dans la détermination du
niveau des recettes publiques. Par ailleurs, avec le développement de
l'économie institutionnelle, un nouveau facteur est
apparu : les institutions. On a ainsi
souligné l'existence des comportements de rente, de prédation et
de la corruption dans l'administration publique (Hendricks et al.,1999) dont
les conséquences peuvent être néfastes pour les
économies et en particulier pour les finances
publiques(Mauro,1995,1998 ; Morphy, Shleifer et Vishny,1993).
En effet, il semble que si la corruption accroît la part
des investissements publics, elle réduit leur productivité,
puisque les infrastructures construites sont de mauvaise qualité et mal
entretenues. Les auteurs ont jugé qu'un niveau de corruption et de
fraude fiscale élevé a un impact négatif sur les recettes
fiscales.
2.1.1. Corruption, fraude
et recettes fiscales
D'un point de vue théorique, il est un lien direct
entre la corruption et la fraude fiscal dont l'une des conséquences
immédiates est la réduction des recettes publiques. Dans un
environnement corrompu, la possibilité de négocier les pots de
vin entre les contrôleurs et les contribuables en cas de détection
de la fraude, pourrait motiver les contribuables à accroître leur
effort de travail.
Dans ce cas, la fraude devient moins attractive et
décroît. Il en résulte un accroissement des recettes de
l'Etat. Bien que cette idée ait eu des implications de politique en
incitant les autorités à tolérer un certain niveau de
corruption, une telle approche est tout à fait discutable. En effet elle
peut accroître le niveau de corruption. Ainsi, Fjeldstad et Tungodden
(2003) critiquent les politiques d'incitations basées sur les pots de
vin en montrant que même si la corruption peut contribuer à un
accroissement des recettes publiques dans le court terme, il est difficilement
plausible qu'une telle augmentation soit soutenable dans le long terme.
Par ailleurs, dans ce mémoire, nous
défendons l'hypothèse selon laquelle la corruption a un effet
négatif sur les rentrées fiscales en érodant le civisme
fiscal.
Sur le plan économétrique, la plupart des
résultats montrent que la corruption a un impact négatif sur la
mobilisation des recettes publiques. En particulier en Afrique, les pertes de
recettes disponibles pour l'Etat sont estimées à près de
50% des recettes collectées (Megersa, 2003). L'étude de Tanzi
(1997,1998) aboutit au résultat selon lequel, un accroissement d'un
point d'indice de la corruption réduit les recettes fiscales
collectées de 2,7% du PIB.
1) Les effets de la fraude
Les impôts réduisent les dépenses totales
des ménages et des entreprises ( Ghura, 1998 ; Azam, Gauthier et
Goyette, 2004). Ils sont aussi à l'origine de distorsions dans
l'allocation des ressources économiques. Leurs coûts incitent au
développement des phénomènes de fraude de la part des
contribuables, la fraude fiscale étant définie comme une
dissimulation par un agent économique de la valeur réelle des
transactions économiques légales dans le but d'éviter la
charge fiscale (Hindricks et al., 1999). De plus, les gouvernements sont
souvent incapables de fournir aux populations les services publics de base ou
ces biens ne sont pas d'une qualité adéquate. Une réponse
naturelle des agents économiques pour sanctionner le comportement de
rente et prédateur de l'autorité est de développer des
activités informelles qui échappent au bénéfice
public.
Les contribuables usent de la fraude pour échapper au
moins partiellement à leurs obligations fiscales. La fraude a donc pour
effet initial un transfert des ressources publiques vers les agents
privés (Tanzi et Davoodi, 2000 ; Azam, Gauthier et Goyette, 2004).
Elle affecte la distribution de la charge fiscale dans la mesure où
l'Etat pour parvenir à un niveau de recettes fiscales donné
accroît la « pression fiscale » sur d'autres
catégories de contribuables. La fiscalité peut ainsi devenir
particulièrement régressive dès lors que certains
impôts (impôt foncier) sont souvent mal collectés sur les
contribuables les plus favorisés (Tanzi et Davoodi, 2000) et aussi que
les pauvres supportent l'essentiel de l'incidence fiscale de la fraude
(Hendricks, et al. 1999). Enfin, la fraude peut empêcher l'Etat
d'atteindre son objectif de recettes fiscales et être contraint à
réduire les dépenses. Si l'arbitrage budgétaire concerne
des dépenses bénéficiant aux plus pauvres, la fraude
exerce encore un effet régressif.
Non seulement, la fraude agit sur le niveau des recettes
publiques sur la distribution de la charge fiscale mais elle modifie aussi la
structure des recettes fiscales : certaines catégories
d'impôts sont plus vulnérables9(*)à la fraude en raison de procédures
administratives spécifiques (Tanzi, 1998 ; Tanzi et Davoodi, 2000),
de dispositions et réglementations complexes, de pouvoirs
discrétionnaires des administrations, de défaillances
institutionnelles, etc. La fraude porte donc le risque de rendre l'impôt
injuste (Shleifer and Vishny, 1993) et d'en abaisser le rendement
budgétaire (Hendricks, Keen et Muthoo, 1999). Dans tout système
fiscal, même en l'absence de corruption, en raison des difficultés
de supervision et de contrôle, la fraude est inévitable.
Cependant, le contribuable encourt le risque d'être
sanctionné ; ce qui limitera sa propension à frauder et donc
l'impact de la fraude sur les caractéristiques du
prélèvement fiscal.
2) Corruption et fraude fiscale
Le sens de la causalité entre les deux
phénomènes n'est pas aussi évident. La corruption
induit-elle la fraude ou la relation est plutôt dans l'autre sens ?
Nous adhérons à l'idée selon laquelle la corruption et la
fraude fiscale sont deux formes distinctes de malhonnêteté
(Hendricks et al., 1999) mais complémentaires. Si la corruption des
agents des administrations financières par les contribuables ne
constitue pas une condition nécessaire à la fraude, cependant,
elle modifie radicalement les effets fiscaux de la fraude.
Le contribuable, en recourant à la corruption, peut
considérer acquitter une prime d'assurance lui permettant
d'échapper à la sanction. Il abaisse fortement la
probabilité de sanctions ce qui constitue un facteur favorable au
développement de la fraude. Ainsi, la corruption aggrave certainement
les effets de la fraude. Cependant, l'effet sur les recettes fiscales peut
être complexe. Ainsi, Sanyal, Gang et Gosmani (1998) ont analysé
l'effet d'une augmentation du « taux de pression fiscale »
dans une administration fiscale corrompue et ont envisagé la
possibilité d'une courbe de Laffer dans un tel environnement. Ces
auteurs ont montré que, l'augmentation du « taux de pression
fiscale » présente deux effets : d'une part, un taux de
pression plus élevé offre l'opportunité d'un pot de vin
plus grand à négocier avec le contribuable et d'autre part cette
augmentation accroît le nombre de fonctionnaires corrompus en affectant
le comportement moral et psychologique des fonctionnaires qui étaient
honnêtes. D'un autre côté, les contribuables
réagissent à l'accroissement du taux de pression fiscale en
altérant le montant de revenu déclaré, une fois tenu
compte de stratégies à des taux d'imposition croissants.
2.1.2. Secteur informel,
fraude et corruption
Du point de vue de la mobilisation des ressources fiscales, le
terme « secteur informel »10(*)est très peu
opérationnel et est à l'origine d'une grande confusion en raison
de l'imprécision de ce concept. Pour pallier à ces
difficultés, Araujo et Chambas (2005) ont distingué deux
composantes :
1) Les activités informelles stricto sensus
constituées exclusivement de micro-entreprises
non-enregistrées (petits artisans, petits prestataires de services) dont
la fraude fiscale ne « constitue pas un facteur décisif de
développement » et qui supportent une charge fiscale
relativement importante (Chambas, 2005), et à l'opposé,
2) Les activités frauduleuses, totalement ou partie non
enregistrées dont le développement dépend
étroitement de la fraude fiscale.
Les enquêtes disponibles montrent le faible impact des
facteurs fiscaux sur les activités informelles stricto sensus.
Leur développement s'explique plutôt par l'objectif de disposer
d'une activité qui assure la survie des membres d'une famille. Au
contraire, des taux d'imposition élevés favorisent des
activités frauduleuses (Tanzi, 1982 ,1989 ; Schneider,
1994,1997) : des taxes élevées favorisent le
développement de la fraude souvent d'ailleurs dissimulée par la
masse des activités micro informelles. Dans ce sens, le secteur
frauduleux non enregistré permet une généralisation de la
fraude fiscale.
Il en résulte que la corruption et l'activité
informelle agissent non seulement comme des substituts (l'existence de
l'économie souterraine réduit la propension à demander des
pots de vins) mais aussi comme compléments. En effet, on explique la
complémentarité par deux faits (Dreher et Schneider, 2006) :
soit la corruption agit comme une forme de taxation et de réglementation
drainant ainsi les entreprises vers le secteur informel (Jonhson, 1997) ;
soit parce que la collusion entre le fisc et l'entrepreneur donne lieu à
un échange de pot de vin contre une sous-déclaration de
l'obligation fiscale (Hindricks et al., 1999). Enfin, l'apport le plus
récent est de nature empirique (bien que les résultats ne soient
très clairs) où Dreher et Schneider (2006) soutiennent que les
mécanismes en vigueur dans les pays riches et dans les pays pauvres sont
différents. Ainsi donc la corruption et le secteur informel seraient des
substituts dans les pays riches contrairement aux pays en développement
où les deux phénomènes seraient complémentaires.
2.2. Facteurs sociopolitiques, culturels et
prélèvement fiscal
Dans son élan de mobilisation des recettes fiscales,
les Pouvoirs Publics sont généralement butés à
certaines contraintes pouvant les obliger à s'y abstenir ou à
prendre des mesures allant dans le sens du contentement du peuple, même
si ce dernier est convaincu des effets néfastes d'une mesure prise
à un moment donné. Dans cette sous-section, nous analyserons tour
à tour les mobiles susceptibles de contraindre les Pouvoirs Publics
à changer sa politique fiscale.
2.2.1. Facteurs
sociopolitiques et prélèvement fiscal
Les pouvoirs publics dans leur élan de mobiliser plus
de ressources fiscales peuvent être confrontés à un certain
nombre d'obstacles parmi lesquels les facteurs sociaux et politiques.
1) Parmi les facteurs sociaux, on peut relever le fait que les
revenus des populations soient faibles (va-t-on prélever sur quelqu'un
qui n'a presque rien ?) et qui ont donc des problèmes de survie.
Les pouvoirs publics agissent donc doublement dans ce genre de situation. Non
seulement, ils ne taxent presque pas les populations, mais en plus ils sont
« obligés » de « subventionner »
leur consommation. Il convient également de souligner que l'existence de
« petites activités » du « système
D » oblige les pouvoirs publics à soustraire ces derniers du
paiement des impôts, quand bien même ces derniers paient, c'est
juste quelques petits impôts forfaitaires.
2) Quant aux facteurs politiques, on peut relever trois
concepts retenus par l'école des choix publics (Buchanan, Tullock,
Brennan, Niskanen) :
Dans un premier temps on a la thèse de
l'illusion budgétaire des agents. Ce concept
renvoie à l'irrationalité des électeurs, leur
myopie inter temporelle, leur incapacité à
anticiper les événements futurs. Quand on leur propose
un programme de dépenses financé par emprunt venant augmenter le
déficit, ils surestiment les avantages reçus aujourd'hui sous
forme de transferts divers, et sous-estiment le poids et l'ampleur des
impôts à venir. Egalement les allègements fiscaux et
l'usage de la taxe inflationniste ne sont pas interprétés comme
une augmentation future des impôts : l'illusion budgétaire et
fiscale serait doublée d'une illusion
monétaire. Les hommes politiques opportunistes, dont
l'objectif est leur propre réélection, profitent de cette
confusion pour accroître davantage les dépenses par rapport aux
recettes, afin de plaire à des électeurs fiscalement
abusés. De ce point de vue, les politiciens se plient aux
préférences des électeurs et sont opportunistes.
Dans un second temps, nous pouvons relever les politiques
budgétaires asymétriques qui sont tout le contraire de
la norme de lissage fiscal11(*) : les
politiciens ne se comportent pas en responsables des finances publiques. Si les
autorités s'empressent d'augmenter les dépenses, elles sont peu
disposées à les diminuer ou à créer des
excédents à la fin des difficultés économiques
comme les récessions, d'où leur choix de politique
asymétrique. L'épargne publique n'est pas un choix volontaire en
période de croissance et les déficits publics sont
justifiés aisément par les politiciens en période
troublée ou de récession, ne trouvant pas une contestation
vigoureuse auprès des électeurs. Dans le même ordre
d'idée, Monnier et Tinel (2006), ont montré que
les baisses d'impôts
auraient amputé le budget, sans parvenir à stimuler la croissance
de l'offre, créant un déficit
récessif. Ce déficit
serait caractérisé à la fois par un accroissement du
besoin de financement des administrations publiques et de l'épargne des
hauts revenus. Les pouvoirs publics voulant justifier la baisse des
impôts par une volonté de stimuler la croissance économique
et alléger la charge fiscale de l'ensemble des citoyens,
malheureusement, les résultats n'ont pas souvent suivi.
Enfin, nous pouvons évoquer la théorie de la
Nouvelle Economie Publique (NEP). Comme les
précédentes, elle considère que l'Etat est une
organisation sensible aux besoins des électeurs cherchant à
transformer les préférences de ces derniers en décisions
budgétaires. De ce point de vue, l'Etat n'est pas
préoccupé par l'ampleur du déficit budgétaire et de
la répartition des dépenses publiques, et la NEP se range dans la
catégorie des thèses dites du responsive
government. L'Etat au travers de son budget répond
simplement à la demande des électeurs en matière de
dépenses publiques. Il est donc soutenable que ces approches ont en
commun une explication Demand Side de la croissance
des dépenses publiques, du déficit et de la dette. Il semble pour
le moins contestable que les agents peuvent très bien connaître
les conséquences futures des déficits mais avoir une
préférence pour le présent et au travers des
déficits publics chercher à augmenter leur consommation sans se
soucier des dettes futures et des conséquences sur les
générations ultérieures. En plus de cette remarque dans la
panoplie des comportements possibles de l'agent représentatif, nous
apprécierons plus loin les limites sur les plans théorique et
empirique de ces approches de type Demand Side.
2.2.2. Facteurs culturels
et prélèvement fiscal
L'impôt dans la tradition africaine en
général et camerounaise en particulier demeure une chose
gênante dans l'esprit des peuples. En effet, le paiement des impôts
exigé par les colons et les « néo-colons »
n'émanait pas de la propre volonté du citoyen à participer
activement à la vie de la nation, mais était plutôt
considéré comme un devoir inaliénable et les moyens
utilisés par les autorités pour récolter lesdits
impôts ne motivaient guère les contribuables ; l'usage de la
violence, des travaux forcés, d'emprisonnement pour non paiement des
impôts était l'astuce utilisée face l'incivisme fiscal.
C'est donc ce sentiment de frustration qui pousse bon nombre de citoyens
à se soustraire du paiement des impôts, pour eux
« l'impôt est un vol pur et simple que les gouvernants
mettent en place pour extorquer les pauvres citoyens », beaucoup
vous dirons que « nous ne savons pas à quoi servent
les impôts que nous payons ».
Cependant, tous apprécient le service public, mais
sont averses au paiement des impôts, principale source de revenu pour la
fourniture du service et des biens publics. Sensibiliser les populations et
leur faire comprendre le bien-fondé de l'impôt s'avère
ainsi être l'une des priorités des autorités en charge de
l'administration fiscale pour une meilleure culture
de « civisme fiscal » au Cameroun.
Conclusion du chapitre1
L'objectif de ce chapitre était de rechercher sur les
plans théorique et empirique les facteurs susceptibles d'expliquer le
niveau de mobilisation fiscale d'un Etat.
Après donc avoir passé en revue les
différents travaux théorique et empirique sur l'économie
des finances publiques, il se dégage que les déterminants de la
mobilisation fiscale sont de divers ordres (en général ils sont
regroupés en deux catégories : ceux qui sont des sources
« potentielles » de mobilisation des recettes fiscales et
ceux qui au contraire annihilent l'effort de recouvrement des
impôts) ; il est donc impératif pour chaque pays de
maîtriser les sources potentielles de mobilisation des recettes fiscales
et de détecter les obstacles susceptibles d'ébranler les efforts
en vue de l'accroissement de ses ressources, ce qui permettra à
coût sûr aux Pouvoirs Publics de savoir sur quels leviers s'appuyer
pour bâtir une politique fiscale adaptée à même de
leur faire engranger des ressources indispensables à la mise en oeuvre
de sa politique économique et sociale.
Compte tenu du manque de statistiques sur certaines variables
dans le cas de notre pays, nous nous contenterons dans le cadre du chapitre
suivant de ne tester que la dynamique entre quelques variables auxquelles nous
avons eu accès aux statistiques.
Les travaux ultérieurs nous permettront sans doute
d'élargir l'échantillon des variables à prendre en compte
pour mieux affiner l'étude.
Chapitre 2
Analyse économétrique des déterminants
macroéconomiques de la mobilisation fiscale au Cameroun
« L'impôt est
cette portion du produit de la terre et de l'industrie d'un pays, qu'on met
à la disposition du gouvernement. », David
Ricardo(1835).
Introduction au chapitre2
Après avoir passé en revue les travaux
théoriques et empiriques relatif à la mobilisation fiscale de
façon générale, il question pour nous dans ce chapitre
d'analyser les déterminants macroéconomiques de la mobilisation
des impôts au Cameroun. La revue de la littérature nous a permis
de repérer les facteurs susceptibles d'expliquer le niveau de
mobilisation des recettes fiscales d'un pays donné. Nous nous limiterons
dans le cadre de cette étude aux déterminants structurels
identifiés ici par les variables part de la valeur ajoutée du
secteur agricole dans le PIB, part de la valeur ajoutée du secteur
industriel dans le PIB, part du commerce dans le PIB, le taux de croissance du
PIB par tête ; et les déterminants de politiques
macroéconomiques identifiés ici par les variables part du
financement extérieur dans le PIB et part de la monnaie et quasi monnaie
dans le PIB. La variable d'intérêt ici est le « taux de
pression fiscale ». Les données pour cette étude
proviennent essentiellement du CD-ROM de la Banque Mondiale (2008) et
s'étendent sur 1980-2006. Pour y parvenir nous étudierons au
préalable les propriétés statistiques des variables
d'analyse en nous appuyant sur les théories
économétriques ; ensuite nous passerons à
l'estimation du modèle approprié, à la présentation
et à l'interprétation des résultats.
Section 1 : Etude des propriétés
statistiques des variables d'analyse
Dans cette section, il est question d'étudier les
séries données que nous utiliserons pour construire notre
modèle. Ainsi, la première sous-section est consacrée
à la procédure des tests de stationnarité et la seconde
sous-section à l'étude de la stationnarité des
séries. Un processus est dit stationnaire si tous ses moments sont
invariants pour tout changement de l'origine du temps. L'étude de la
stationnarité individuelle se fait à travers des tests de
Dickey-Fuller.
Nous effectuerons le test de rupture et le test de
stationnarité sur chacune d'elles et s'il s'avère qu'elles sont
stationnaires, elles seront utilisées pour l'estimation du
modèle. Par contre si elles ne le sont pas nous utiliserons l'une des
procédures classiques pour les rendre stationnaires.
Présentation du modèle VAR
réduit
Xt=A0+?kt=1AkXt-k+
°t
Avec =
Ak est la matrice des
paramètres du modèle,
A0 est la matrice des
termes constants,
t est le vecteur des erreurs
liées aux variables du modèle.
1.1. Procédure des tests ADF et test de racine unitaire
avec prise en compte des ruptures de Clémente et al. (1998)
1.1.1. Test ADF
Le test de Dickey-Fuller Augmenté fait
l'hypothèse que les résidus sont des bruits blancs, or les
résidus ne sont pas toujours non corrélés. Le test ADF
généralise la procédure de test de Dickey-Fuller simple en
prenant compte de l'auto corrélation d'ordre p des résidus.
L'ordre du processus AR est fixé selon le critère de Schwarz SC
ou Akaike AIC.
En considérant l'équation :
°t=è1°t-1+
è2°t-2+-----+
èp+1°t-p+1+
èp°t-1', le test ADF aboutit aux trois
modèles suivants :
Modèle1 :
?Xt=
ÔXt-1-?ni=2?Xt-i+1+°t
Avec, Ho: Ô=0 et H1 :
Ô<0
Modèle2 :
?Xt=
ÔXt-1+c-?ni=2?Xt-i+1+°t
Avec, Ho: c=0 et H1 :
Ô<0
Modèle3 :
?Xt=
ÔXt-1+c+ßt-?ni=2?Xt-i+1+°t
Avec, Ho: c=ß et H1 :
Ô<0
Il est donc fondamental de retenir le modèle le plus
adéquat pour optimiser la puissance du test. L'approche
recommandée est une approche séquentielle qui peut se
résumer ainsi :
Etape1. Estimer le
modèle3, puis tester la significativité de la tendance
déterministe. Si la tendance n'est significative, on passe à
l'étape2. Si la tendance est significative, on teste l'hypothèse
nulle de racine unitaire en comparant la t-statistique de Ô aux valeurs
tabulées par Dickey et Fuller.
ü Si l'hypothèse nulle n'est pas rejetée,
la série Xt est non stationnaire. Il faut la
différencier et recommencer la procédure.
ü Si l'on rejette l'hypothèse nulle, Xt
est stationnaire et la procédure de test s'arrête.
Etape2. Estimer le
modèle2 et tester la significativité de la constante, toujours en
se référant aux tables de Dickey et Fuller. Si la constante n'est
pas significative, alors le modèle2 n'est pas le bon modèle, on
passe à l'étape3 ; sinon, on teste l'hypothèse nulle
de racine unitaire.
ü Si l'hypothèse nulle n'est pas rejetée,
la série Xt est non stationnaire.
ü Si l'on rejette l'hypothèse nulle, Xt
est stationnaire.
Etape3. Estimer le
modèle3 et tester l'hypothèse nulle de racine unitaire en se
référant aux valeurs critiques tabulées par Dickey et
Fuller.
ü Si l'hypothèse nulle n'est pas rejetée,
la série Xt est non stationnaire.
ü Si l'on rejette l'hypothèse nulle, Xt
est stationnaire.
1.1.2. Test de racine
unitaire avec prise en compte des ruptures de Clémente et al.
Le test de Clémente et al. (1998) permet de
détecter deux changements en moyenne dans la série. Les
hypothèses du test sont les suivantes :
Xt=ì+ä1DU1t+
ä2DU2t+°t, avec pour tout i=1,2.
DUit= 1, si t>Tri et 0
sinon.
Tr1 et Tr2 sont les points de
ruptures endogénéisés.
1.2. Analyse des différentes séries de
données
1.2.1. Test ADF
En suivant la procédure des du test ADF, il
apparaît que les séries étudiées sont non
stationnaires en niveau, mais qu'elles le sont en différences
premières. Les résultats desdits tests sont
présentés en annexes 3.
1.2.2. Recherche des points
de rupture
Graphique 1:
Détection des points de ruptures sur les différentes variables en
niveau
Source : Construction de
l'auteur
Les graphiques ci-dessus présentés font
ressortir les différents chocs (ou événements à
caractère économique spéciaux) survenus sur chaque
série. Tsafack et al. (2007) retrace l'histoire économique du
Cameroun depuis les années 80 comme suit :
- Entre 1980 et 1986, l'économie camerounaise a connu
un trend de croissance positif consécutif à une activité
vigoureuse qu'analyse Bekelo-Ebe (1986),
- Entre 1987 et 1993, le pays est pris dans l'étau
d'une crise économique d'autant plus sévère qu'elle trouve
aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, et se
concrétise par un ralentissement important des activités (et donc
des engagements) publiques et par voies de conséquence privées
(Touna Mama et Tsafack, 2001),
- Depuis 1994, suite à la dévaluation des francs
CFA, des importants efforts endogènes de lutte contre la crise, et de
l'apaisement salutaire des relations entre le Cameroun et ses principaux
bailleurs de fonds, le pays connaît un retournement de tendance que l'on
peut aisément noter à travers la bonne tenue des indicateurs
économiques et l'amélioration lente mais progressive des
conditions de vie des citoyens.
Section 2 : Estimation et présentation des
résultats
A l'aide de la méthodologie du VAR, nous allons tenter
d'évaluer la réaction du taux de pression fiscale sur le reste
des variables du modèle présentées au tableau1 de
l'annexe. Ceci permettra de conclure sur les principaux déterminants de
la pression fiscale au Cameroun. Nous présentons au préalable le
choix du nombre de retard adéquat qui convient pour estimer notre VAR,
ensuite nous passerons à l'estimation du VAR proprement dite.
Ø Retard optimal pour le modèle
VAR
On peut utiliser trois tests possibles pour choisir le retard
optimal d'un modèle VAR : le test du maximum de vraisemblance, le
test du critère d'information, et le diagnostic des résidus.
Cette étape est primordiale car l'estimation d'un VAR(p) à k
variables nécessite la détermination de (k+pk2)
coefficients de régression. Ce nombre très élevé de
coefficients à estimer diminue le nombre de degrés de
liberté associé à chacun de ces estimateurs et par
conséquent sur leur « efficacité ». De plus,
le nombre de coefficients augmente de k2 pour chaque retard
additionnel qu'on ajoute dans le VAR. C'est pour cela qu'il est très
utile de déterminer l'ordre optimal p du VAR.
Dans le cadre de ce mémoire, nous avons fixé le
nombre de retard à un compte tenu du nombre réduit des
observations et de l'abondance des variables du modèle. Notre VAR sera
donc un VAR(1), de plus Ladric et Mignon (2002 p.82) montrent que tout
processus VAR(p) peut s'écrire sous la forme d'un VAR(1), mais de
dimension supérieur (Np au lieur de N).
2.1. Estimation et présentation du VAR
2.1.1. Présentation
des résultats du modèle
Au vue des tests de rupture de la section
précédente, la procédure d'estimation finale impose
d'introduire des variables indicatrices d1 (qui vaut 1 pour les
années d'avant 1987 et 0 ailleurs) et d2 (qui vaut 1 pour les
années d'avant 1994 et 0 ailleurs) afin de capter les périodes
sous-estimées et surestimées par le modèle (sous l'effet
des ruptures). En effet, ces deux dates se sont révélées
les plus marquantes de l'histoire économique de notre pays, la grande
crise économique du début des années 80 a plongé
notre pays dans une récession économique sans
précédent, de même que la dévaluation du Franc CFA
de 94 a fortement diminué nos recettes à l'exportation et
affecté le pouvoir d'achat. L'introduction de ces variables indicatrices
aura pour effet de corriger l'auto corrélation des erreurs de
manière à accroître la précision des estimations.
Les équations du modèle sont globalement significatives et la
qualité de la régression acceptable.
Les résultats d'estimation du VAR figurent en
annexes4.
2.1.2. Adéquation du
VAR estimé
Nous verrons dans cette sous-section les
propriétés analytiques et résiduelles permettant de
valider l'adéquation du VAR estimé. La première
propriété à l'étude concerne la
stationnarité.
1) Analyse de la stationnarité du
VAR
Le graphique ci-dessous montre que les racines du
polynôme caractéristique du VAR sont à l'intérieur
du disque unité. Le VAR que nous estimons est donc stationnaire. Notre
VAR est donc inversible et chaque équation du modèle peut
être estimée par les MCO.
Graphique 2:
Stationnarité du VAR
Source : Construction de
l'auteur
2) Analyse de la causalité
Ø Causalité au sens de Granger
(1969)
La notion de causalité au sens de Granger est une
approche théorique de la causalité qui renvoie non au
caractère théorique de la causalité (cause-effet) mais au
caractère prédictif de l'éventuelle cause sur l'effet. En
effet, selon Granger, une variable X cause une variable Y, si la connaissance
des valeurs passées de X rend meilleure la prévision de Y. Le
test de causalité de Granger revient à examiner si la valeur
contemporaine de Y est liée significativement aux valeurs
retardées de cette même variable, et des valeurs retardées
de X que l'on considère comme la variable causale. La causalité
dans le cas d'un modèle VAR est importante en ce sens qu'elle permet de
faire ressortir les interrelations qui existent entre les variables
considérées.
Ø Causalité au sens de
Sims (1980)
Sims (1980) a introduit un concept de causalité
légèrement différent. Il propose de considérer les
valeurs futures de Yt. Si les valeurs futures de Y peuvent permettre
d'expliquer les valeurs présentes de X, alors X est la cause de Y. De
façon similaire, on dira que X cause Y si les innovations de X
contribuent à la variance de l'erreur de prévision de Y.
L'examen de l'éventuel lien de causalité qui
pourrait exister entre le taux de pression fiscale et les autres variables du
modèle (tests de causalité de Granger en Annexes3) nous
révèle que l'absence de causalité n'est pas
constatée entre le taux de pression fiscale et les autres variables
(séries en niveau), mais plutôt entre l'accroissement du taux de
pression fiscale et l'accroissement des autres variables (séries en
différences premières).
3) Détection de l'auto corrélation des
erreurs
Graphique 3: Corrélogrammes
résiduels du VAR
Source : Construction de
l'auteur
Aucun terme du corrélogramme n'est extérieur au
corridor, ce qui confirme l'absence d'auto corrélation des
résidus. En d'autres termes, les chroniques des résidus du VAR
estimé n'ont pas de mémoires significatives.
2.2. Analyse de la décomposition de la variance et
fonctions impulsion-réponses
2.2.1. Décomposition
de la variance
L'erreur de prévision à l'horizon
s est l'écart entre la série observée et la
prévision à l'horizon de t+h périodes obtenue à
partir de la représentation VMA du VAR. Cette erreur est tout autant le
fait le fait de la composante structurelle que non structurelle. Pour chacune
des séries, est donc calculé le pourcentage de la variance de
l'erreur de prévision dû aux chocs. Notre analyse va uniquement
s'intéresser aux variances de l'erreur de prévision relatives au
taux de pression fiscale.
Tableau 1: Décomposition de la
variance
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Period
|
S.E.
|
D(TXFISC)
|
D(TXFIN)
|
D(TXCOM)
|
D(TXAGRI)
|
D(TXINDU)
|
D(TXM2)
|
D(TXPIB)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1
|
0.780839
|
100.0000
|
0.000000
|
0.000000
|
0.000000
|
0.000000
|
0.000000
|
0.000000
|
2
|
1.008848
|
59.91054
|
1.754438
|
12.64968
|
6.489980
|
15.40632
|
0.318765
|
3.470273
|
3
|
1.069657
|
54.08835
|
5.579525
|
11.50228
|
7.886569
|
17.41460
|
0.355094
|
3.173584
|
4
|
1.108344
|
53.31226
|
5.343079
|
10.72219
|
9.954220
|
16.22037
|
1.285336
|
3.162546
|
5
|
1.120165
|
52.22572
|
5.388492
|
10.51018
|
9.853911
|
17.16393
|
1.697715
|
3.160066
|
6
|
1.127258
|
51.76311
|
5.429196
|
10.42467
|
9.815263
|
17.40295
|
1.933884
|
3.230923
|
7
|
1.134102
|
51.32691
|
5.364270
|
10.30133
|
10.08802
|
17.48397
|
2.242576
|
3.192919
|
8
|
1.135671
|
51.19640
|
5.411329
|
10.27689
|
10.09788
|
17.43812
|
2.391036
|
3.188356
|
9
|
1.137814
|
51.09934
|
5.397344
|
10.24044
|
10.17570
|
17.37281
|
2.525309
|
3.189056
|
10
|
1.139197
|
51.00216
|
5.392926
|
10.21569
|
10.21808
|
17.36472
|
2.624123
|
3.182295
|
11
|
1.140034
|
50.95101
|
5.396112
|
10.20220
|
10.23921
|
17.33946
|
2.690111
|
3.181894
|
12
|
1.140810
|
50.90621
|
5.392215
|
10.18862
|
10.26693
|
17.32250
|
2.743948
|
3.179587
|
13
|
1.141289
|
50.87513
|
5.392583
|
10.18042
|
10.28082
|
17.31153
|
2.781379
|
3.178138
|
14
|
1.141666
|
50.85315
|
5.391924
|
10.17403
|
10.29278
|
17.30137
|
2.809309
|
3.177431
|
15
|
1.141949
|
50.83575
|
5.391260
|
10.16914
|
10.30193
|
17.29512
|
2.830231
|
3.176571
|
16
|
1.142148
|
50.82360
|
5.391154
|
10.16577
|
10.30797
|
17.29009
|
2.845324
|
3.176098
|
17
|
1.142301
|
50.81444
|
5.390829
|
10.16315
|
10.31290
|
17.28634
|
2.856637
|
3.175712
|
18
|
1.142411
|
50.80766
|
5.390678
|
10.16125
|
10.31635
|
17.28370
|
2.864937
|
3.175413
|
19
|
1.142493
|
50.80273
|
5.390562
|
10.15986
|
10.31892
|
17.28166
|
2.871053
|
3.175214
|
20
|
1.142554
|
50.79904
|
5.390456
|
10.15882
|
10.32085
|
17.28019
|
2.875587
|
3.175054
|
21
|
1.142598
|
50.79634
|
5.390395
|
10.15806
|
10.32224
|
17.27911
|
2.878920
|
3.174940
|
22
|
1.142631
|
50.79434
|
5.390343
|
10.15750
|
10.32328
|
17.27830
|
2.881385
|
3.174856
|
23
|
1.142656
|
50.79286
|
5.390305
|
10.15708
|
10.32405
|
17.27771
|
2.883205
|
3.174793
|
24
|
1.142674
|
50.79178
|
5.390278
|
10.15678
|
10.32461
|
17.27727
|
2.884547
|
3.174747
|
25
|
1.142687
|
50.79097
|
5.390257
|
10.15655
|
10.32503
|
17.27694
|
2.885538
|
3.174713
|
26
|
1.142697
|
50.79038
|
5.390243
|
10.15638
|
10.32534
|
17.27670
|
2.886270
|
3.174688
|
27
|
1.142704
|
50.78994
|
5.390231
|
10.15626
|
10.32556
|
17.27653
|
2.886810
|
3.174669
|
28
|
1.142709
|
50.78962
|
5.390223
|
10.15617
|
10.32573
|
17.27640
|
2.887209
|
3.174656
|
29
|
1.142713
|
50.78938
|
5.390217
|
10.15610
|
10.32586
|
17.27630
|
2.887503
|
3.174645
|
30
|
1.142716
|
50.78920
|
5.390213
|
10.15605
|
10.32595
|
17.27623
|
2.887721
|
3.174638
|
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Source : Calculs de
l'auteur
Par construction, la somme des contributions des chocs des
différents variables du modèle sur les fluctuations du taux de
pression fiscale vaut 100%. La longueur de la période est étendue
jusqu'à trente ans pour nous situer dans le cadre
d'interprétation à long terme. Ici, les courts et moyens termes
ne sont pas contraints, ils seront pris en compte dans l'analyse des fonctions
de réponses impulsionnelles.
Les chocs sont censés écartés le taux de
pression fiscale observé de sa cible, c'est-à-dire de son niveau
tendanciel (prédiction du VAR).
Ainsi, comme nous le constatons, la contribution des chocs des
variables structurelles et conjoncturelles croît globalement avec le
temps pour rester à moins de 49,22% jusqu'à
l'échéance de 30ans. La contribution des secteurs industriel
(17,27%), agricole (10,32%) et commerce (10,15%) se révèle comme
la plus importante dans la mobilisation fiscale à long terme.
Plus de la moitié (soit 50,78%) de la variance de
l'erreur de prévision du taux de pression fiscale est donc
expliquée par des sources autres que celles considérées
dans notre étude. Ce qui signifie que d'autres facteurs non pris en
compte dans notre modèle expliquent aussi les fluctuations du taux de
pression fiscale au Cameroun. Nos travaux ultérieurs permettront sans
doute de combler ce gap.
2.2.2.Fonctions
impulsion-réponses
La fonction de réponse impulsionnelle représente
l'effet d'un choc d'une innovation sur les valeurs courantes et futures des
variables endogènes. Un choc sur la ième variable peut
affecter directement cette ième variable, mais il se transmet
également à l'ensemble des autres variables au travers de la
structure dynamique du VAR.
Les réponses du taux de pression fiscale suite à
un choc sur les principaux déterminants macroéconomiques sont
représentées sur le graphique ci-dessous :
Graphique 4: Fonctions de réponses
impulsionnelles
Source : Construction de
l'auteur
Quelles conclusions en tirer?
ü Suite à un choc sur txfin, le
txfisc réagit à la baisse pour atteindre son niveau
record à la 3ème année, puis entame une hausse
plus ou moins rapide à partir de cette période et finit par
s'estomper à la 6ème année où il se
stabilisera par la suite. On en conclut que le financement
extérieur est néfaste à la mobilisation fiscale au
Cameroun à court terme.
ü Suite à un choc sur txcom, le
txfisc réagit à la hausse pour atteindre son niveau
record à la 2ème année, puis entame une
descente assez rapide à partir de cette période et finit par
s'estomper à la 3ème année, il connaîtra
une autre légère hausse et s'estompera à la
4ème année où il se stabilisera par la
suite.
ü Suite à un choc sur txagri, le
txfisc réagit légèrement à la hausse
pour atteindre son niveau record à la 2ème
année, puis entame une phase de décroissance à partir de
cette période avant de commencer sa phase d'oscillation autour de l'axe
des abscisses et s'estompera à la dixième année où
il se stabilisera par la suite.
ü Suite à un choc sur txindus, le
txfisc réagit à la hausse pour atteindre son niveau
record à la 2ème année, puis chute à
partir de cette période pour commencer à fluctuer autour de l'axe
des abscisses et s'estompera la 8ème année où
il se stabilisera par la suite.
ü Suite à un choc sur txm2, le
txfisc réagit légèrement à la hausse,
puis à la baisse, ensuite à la hausse pour atteindre son niveau
record à la 4ème année, à cette date
commence alors une phase de décroissance qui s'estompera à la
12ème année où il se stabilisera par la
suite.
ü Suite à un choc sur txpib, le
txfisc réagit à la hausse pour atteindre son niveau
record à la 2ème année, puis entame une phase
de descendante à partir de cette période jusqu'à la
4ème année, une phase d'oscillation autour de l'axe
des abscisses commence alors et s'estompera à la 7ème
année où il se stabilisera par la suite.
Conclusion du chapitre 2
L'objectif de ce chapitre était d'évaluer
à l'aide des outils économétriques et statistiques les
facteurs explicatifs du taux de pression fiscale au Cameroun.
Il en ressort principalement que : le financement
extérieur (aspect de la politique budgétaire) influence
négativement la mobilisation fiscale au Cameroun à court terme,
son effet s'estompe à moyen terme et finit par se stabiliser à
long terme ; les facteurs structurels (txindus,
txagri, txcom, txpib) expliquent à
hauteur de 40,91% la mobilisation fiscale dans notre pays ; la politique
monétaire (txm2) quant à elle a un effet positif,
mais non significatif.
Globalement, les déterminants macroéconomiques
mis en exergue dans le cadre de cette étude expliquent à hauteur
de 49,22% le prélèvement fiscal au Cameroun, le secteur
industriel se révèle comme le plus prolifique (17,27%),
l'agriculture (10,32%) et le commerce (10,15%) semblent aussi se
révéler comme des secteurs porteurs pour notre pays.
Conclusion de la première partie
L'objectif de cette partie était de détecter les
déterminants de la mobilisation des recettes fiscales.
Le chapitre1 nous a révélé que ces
derniers sont de divers ordres et diffèrent d'un pays à l'autre
selon la structure des économies, les politiques macroéconomiques
mises en oeuvre, la qualité des institutions, la culture des citoyens
etc. Il en ressort que pour le Cameroun, la mauvaise qualité des
institutions annihile profondément l'élan de mobilisation fiscale
dans notre pays. L'incivisme fiscal, la
« politisation » de la politique fiscale,
l'amateurisme et l'esprit d'arnaque des agents du fisc, la complexité
des lois fiscales...sont autant de facteurs qui continuent à
« tirer vers le bas » l'élan de
recouvrement des impôts.
Le chapitre2 quant à lui s'est uniquement attelé
à diagnostiquer à l'aide des logiciels
économétriques les facteurs explicatifs du taux de pression
fiscale au Cameroun. Les résultats obtenus révèlent
que : le financement extérieur (politique budgétaire)
influence négativement la mobilisation fiscale au Cameroun à
court terme, son effet s'estompe à moyen terme et finit par se
stabiliser à long terme ; les facteurs structurels
(txindus, txagri, txcom, txpib)
expliquent à hauteur de 40,91% la mobilisation fiscale dans notre
pays ; la politique monétaire (txm2) quant à
elle a un effet positif, mais non significatif.
Globalement, les déterminants macroéconomiques
mis en exergue dans le cadre de cette étude expliquent à hauteur
de 49,22% le prélèvement fiscal au Cameroun, le secteur
industriel se révèle comme le plus prolifique (17,27%),
l'agriculture (10,32%) et le commerce (10,15%) semblent aussi se
révéler comme des secteurs porteurs pour notre pays.
Il convient dès à présent de rappeler les
enjeux cruciaux que suscite la mobilisation fiscale et d'explorer les pistes
susceptibles d'impulser l'élan de mobilisation des impôts au
Cameroun.
Partie 2
Mobilisation des recettes fiscales : enjeux et
perspectives
Introduction à la deuxième partie
Une économie forte est caractérisée par
la présence d'un Etat fort, or un Etat ne peut être fort sans
moyens ; d'où la nécessité d'une plus grande
mobilisation des ressources publiques dont les recettes fiscales en constituent
la pierre angulaire.
En se fixant pour objectif (non moins impossible compte tenu
de son potentiel naturel et humain) de devenir un pays émergent à
l'horizon 2035, le Cameroun semble avoir mis la barre très haute
lorsqu'on analyse avec finesse les indicateurs de performances
économiques (et qu'on intègre encore les chocs récurrents
que connaît la planète : crise alimentaire, crise
financière devenue crise économique, réchauffement
climatiques, etc.) au rang desquels on peut citer le taux de pression fiscale.
Avec un taux de pression fiscale qui n'envisage pas excéder 12% à
l'horizon 2020 (MINEPAT, 2009), le Cameroun en tant « locomotive
naturelle » de la zone CEMAC ne semble pas vouloir respecter
l'un des critères de convergence édicté par les Etats
membres (soit un taux de pression fiscale minimal de 17%).
Les enjeux relatifs à la mobilisation fiscale
s'avèrent donc cruciaux pour notre pays et la recherche des voies et
moyens pour y faire face constitue une urgence pathétique.
Chapitre 3
Les enjeux de la mobilisation fiscale
« Les citoyens ont le droit de constater, par
eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité
de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi,
et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la
durée. », Article14 (Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789).
Introduction au chapitre3
L'impôt a-t-il pour finalité le financement des
dépenses publiques ou doit-il également contribuer à la
réalisation d'autres objectifs ? Il suffit de regarder les
statistiques concernant la fiscalité pour comprendre l'enjeu politique
et économique que représente l'impôt : de nos jours,
plus de la moitié du revenu d'un contribuable est collecté par
l'Etat en divers impôts, taxes et cotisations sociales. La pression
fiscale n'a cessé d'augmenter depuis le début du siècle et
ce dans tous les pays du monde. Mais à quoi sert
l'impôt ? Il est nécessaire pour procurer des ressources
à l'Etat, ainsi, ce dernier peut financer les dépenses publiques
c'est-à-dire ses interventions dans la vie économique et sociale.
On pourrait donc percevoir les contributions fiscales comme une juste
rémunération, contrepartie aux services que rend l'Etat aux
citoyens. Malheureusement les nombreuses interventions coûtent
cher et il faut faire fonctionner tout un arsenal administratif, l'impôt
permet cela, du moins le permettait car à présent il ne suffit
plus à couvrir la totalité des dépenses et l'Etat se voit
obligé de recourir massivement à l'emprunt.
Mais, au-delà de la simple nécessité du
financement des dépenses publiques, l'impôt est devenu un
instrument primordial de la politique économique et sociale, car la
neutralité fiscale est dépassée, sous la pression de
l'interventionnisme où la fiscalité constituera désormais
un moyen essentiel de remédier aux problèmes économiques
et sociaux, notamment une économie de marché.
Section 1 : Les raisons de l'impôt
Si le prélèvement des impôts a fait par le
passé l'objet de critiques acerbes de la part de nombreux
économistes, le contexte dans lequel nous vivons semble redonner un
regain d'intérêt à la mobilisation des recettes fiscales
dans une économie. Si d'un coté on avait les partisans du
libéralisme économique selon lesquels le marché permet
d'assurer le bien-être social, à l'opposé nous avions par
contre les pourfendeurs de l'interventionnisme étatique, pour qui l'Etat
est un planificateur bienveillant. Dans cette section nous insistons sur les
missions régaliennes des Pouvoirs Publics pour justifier son
intervention dans l'économie.
1.1. Renforcer le rôle de l'Etat
Nous allons commencer par décrire la façon dont
l'Etat oriente l'économie et interagit avec elle. Quels sont les
objectifs économiques qui justifient l'intervention de l'Etat dans une
économie mixte moderne ? Examinons quelques fonctions de l'Etat
telles que proposées par Mankiw (2001) :
(i) Améliorer l'efficacité
économique,
(ii) Améliorer la répartition du
revenu,
(iii) Stabiliser l'économie par des politiques
macroéconomiques,
(iv) Conduire la politique économique
internationale.
1.1.1. Améliorer
l'efficacité économique
L'objectif économique central d'un Etat est de
permettre l'allocation socialement souhaitable des ressources. C'est le
côté microéconomique de la politique de
l'Etat ; elle se concentre sur le quoi et le comment de
la vie économique. Les politiques microéconomiques
diffèrent selon les pays en fonction des usagers et des philosophies
politiques. Certains pays mettent l'accent sur le laisser-faire, laissant la
plupart des décisions au marché. D'autres pays sont enclins
à une réglementation étatique pesante, ou encore à
la propriété publique des entreprises, les décisions de
production étant prises par des planificateurs publics.
Les Etats-Unis sont fondamentalement une économie de
marché. Sur n'importe quelle question microéconomique, la plupart
des personnes postulent que le marché résoudra le
problème. Mais parfois, il y a de bonnes raisons pour que l'Etat passe
outre aux décisions d'allocation engendrées par la confrontation
de l'offre et de la demande sur le marché.
1) Les limites de la main invisible
Classiques, Néoclassiques et Libéraux ont
montré comment en situation de concurrence parfaite la main invisible
conduit à une allocation efficace des ressources. Mais le
résultat de cette main invisible ne tient que sous des conditions
très restrictives. Tous les biens doivent être produits de
façon efficace par des entreprises en concurrence parfaite. Tous doivent
être des biens privés comparables au pain qui peut être
découpé en part de telle sorte que plus l'un consomme, moins les
autres le peuvent. Il ne peut y avoir d'effets externes comme la pollution de
l'air. Les consommateurs et les entreprises doivent être parfaitement
bien informés sur les prix et les caractéristiques des biens
qu'ils achètent et vendent. Si toutes ces conditions idéales
étaient réunies, la main invisible permettrait d'obtenir un
niveau de production et une répartition du produit national parfaitement
efficaces, et il n'y aurait pas besoin de l'intervention de l'Etat pour
favoriser l'efficacité économique.
Cependant, même dans ce cas, s'il y avait une division
du travail entre les personnes et les régions, et si le mécanisme
des prix fonctionnait, l'Etat aurait encore un rôle important. Les
tribunaux et les forces de police seraient nécessaires pour garantir
l'exécution des contrats, empêcher les comportements frauduleux et
violents, protéger la liberté contre les vols et les agressions
extérieurs ainsi que les droits légaux de
propriété.
2) Les interdépendances
inévitables
Le laisser-faire accompagné d'une intervention
minimale de l'Etat constituerait un bon système si les conditions
idéales énumérées ci-dessus étaient vraiment
présentes. En réalité, chacune de ces conditions
idéales est violée dans une certaine mesure dans toutes les
sociétés. La plus grande partie de la production s'effectue
dans des unités trop grandes pour une concurrence parfaite. Les usines
non réglementées ont tendance à polluer l'air, l'eau et la
terre. Souvent des maladies contagieuses se déclarent et les
marchés privés ont peu de motivation à développer
les programmes de santé publique efficaces. Les consommateurs sont
parfois médiocrement informés des caractéristiques des
biens qu'ils achètent. Le marché n'est pas idéal, il
existe des défaillances de marché.
En d'autres termes, l'Etat déploie souvent ses armes
pour corriger de graves carences du marché, dont les plus importantes
sont les suivantes :
a. L'absence de concurrence parfaite
Quand les monopoles et les oligopoles s'entendent pour
réduire la concurrence ou pour éliminer les entreprises du
marché, l'Etat peut utiliser des politiques antitrust ou une
réglementation.
b. Les externalités et les biens
publics
Un marché non réglementé peut engendrer
trop de pollution de l'air et trop peu d'investissements dans la santé
publique ou dans la recherche. L'Etat peut utiliser son influence pour
contrôler les externalités nuisibles et pour financer des
programmes scientifiques ou de santé publique. Il peut lever des
impôts sur les activités infligeant des coûts externes
à la collectivité (comme les cigarettes) ou subventionner les
activités socialement bénéfiques (comme l'éducation
ou la santé prénatale).
c. L'information imparfaite
Les marchés non réglementés tendent
à produire trop peu d'informations pour que les consommateurs prennent
de bonnes décisions en toute connaissance de cause. En raison d'une
information inadéquate, l'administration impose aux entreprises de
fournir des informations complètes sur la sécurité et
l'efficacité des nouveaux produits avant de les mettre sur le
marché. Manifestement, l'administration a dans son agenda beaucoup de
problèmes potentiels d'allocation à traiter.
1.1.2. Améliorer la
répartition du revenu
Même quand la main invisible fonctionne et est
merveilleusement efficace, elle peut dans un même temps conduire à
une répartition très inégalitaire des revenus. Avec le
laisser-faire, un individu peut finir riche ou pauvre, selon les richesses dont
il a hérité, son talent propre et ses efforts, sa chance d'avoir
trouvé du pétrole ou de posséder du terrain à la
bonne place ; cela dépend également de son sexe ou de la
couleur de sa peau. Pour certains, la répartition du revenu
résultant d'une concurrence non réglementée semble aussi
arbitraire qu'une distribution darwinienne de nourriture ou que le
résultat de la lutte d'animaux dans la jungle.
Dans les sociétés les plus pauvres, il y a
très peu de surplus de revenu à prendre aux plus favorisés
et à distribuer
aux « malchanceux ». Mais
quand les sociétés deviennent plus riches, elles peuvent
consacrer plus de moyens à fournir des services aux personnes
pauvres ; cette activité- la redistribution du revenu - est la
deuxième fonction de l'Etat. L'Etat-providence dans les pays
développés consacre une part significative des ressources au
maintien d'un niveau minimal de santé, d'alimentation et de revenu.
La redistribution du revenu est généralement
effectuée à l'aide des impôts et de la politique
budgétaire, bien que la réglementation joue parfois
également un rôle. La plupart des pays avancés adoptent
maintenant les résolutions suivantes :
Ø les enfants ne doivent plus avoir faim à
cause de la situation économique de leurs parents,
Ø les pauvres ne doivent plus mourir à cause
d'un manque d'argent pour se soigner,
Ø les jeunes doivent recevoir une éducation
libre et gratuite,
Ø les personnes âgées doivent pouvoir
vivre leurs dernières années avec un niveau minimal de
revenu.
Mais les dispositions d'esprit à propos de la
redistribution évoluent. Avec la hausse des charges fiscales et des
déficits budgétaires, avec l'augmentation des coûts des
programmes de soutien, des contribuables s'opposent de plus en plus aux
programmes de redistribution et à la fiscalité progressive.
La Suède, qui a poussé à l'extrême
l'Etat-providence et dont les impôts représentent 70% du revenu
national, est aujourd'hui confrontée à de grandes
difficultés pour limiter ses dépenses tout en maintenant les
programmes de redistribution les plus importants.
1.1.3. Stabiliser
l'économie par des politiques macroéconomiques
Le capitalisme naissant était prédisposé
aux paniques financières et aux excès d'inflation et de
dépression ; s'ajoute à cela le traumatisme laissé
par la grande crise des années 1930, toujours présente chez les
Américains les plus âgés et plus récemment la grande
crise financière. Aujourd'hui l'Etat a la responsabilité de
prévenir de telles dépressions, catastrophiques pour
l'activité économique12(*), par un usage approprié de la politique
monétaire et budgétaire, aussi bien que par la
réglementation stricte du système financier. En outre, le
gouvernement devrait essayer de faire disparaître les fluctuations du
cycle d'activité ; ceci permettrait d'éviter soit un fort
chômage au cours de la phase de baisse d'activité soit un
emballement des prix au sommet du cycle.
1.1.4. Conduire la
politique économique internationale
Ces dernières années, le commerce international
et la finance internationale sont devenus beaucoup plus importants au Cameroun
qu'ils ne le furent par le passé. L'Etat joue désormais un
rôle central dans la représentation des intérêts de
la nation sur la scène internationale et dans la négociation
d'accords bénéfiques avec d'autres pays dans des domaines
très variés.
Nous pouvons regrouper autour de quatre axes principaux les
domaines internationaux de la politique économique :
1) La réduction des barrières
douanières
Une part importante de la politique économique inclut
l'harmonisation des lois et la réduction des barrières
douanières de façon à encourager la spécialisation
internationale et la division du travail. Ces dernières années,
une série d'accords commerciaux a été
négociée pour abaisser les droits de douane et autres
barrières commerciales sur certains produits. De tels accords
créent souvent des litiges. Ils font parfois du tort à certains
groupes, par exemple en réduisant l'emploi dans certains secteurs
à la suite de la libéralisation dans ce secteur. En outre, les
accords internationaux peuvent nécessiter l'abandon de la
souveraineté comme prix de la croissance des revenus.
2) La mise en oeuvre des programmes
d'assistance
Les nations riches ont de nombreux programmes destinés
à améliorer le sort des pauvres d'autres pays. Cela implique une
aide étrangère directe, une assistance en cas de
sinistre13(*), une
assistance technique, la création d'institutions comme la Banque
Mondiale qui accorde des crédits à faible taux
d'intérêt aux pays pauvres, enfin des tarifs réduits pour
les exportations dans ces pays pauvres.
3) La coordination des politiques
macroéconomiques
Les pays ont constaté que la croissance de leur
interdépendance économique signifiait que les politiques
macroéconomiques devaient être coordonnées pour combattre
l'inflation et le chômage. Les taux de change (qui sont les prix relatifs
des monnaies des différentes nations) ne peuvent se gérer
eux-mêmes ; l'établissement d'un système de change
stable est une nécessité préalable à un commerce
international efficace. Les nations ont vu que les politiques monétaires
et budgétaires des autres pouvaient affecter leur situation
économique interne. Quand les Etats-Unis ont augmenté les taux
d'intérêt pour combattre l'inflation en 1979, le resserrement
monétaire a entraîné une récession mondiale et une
crise d'endettement internationale dans les années 1980. Dans les
régions étroitement intégrées comme l'Europe de
l'Ouest, les pays travaillent à la coordination de leur politique
monétaire, budgétaire et de taux de change, ou adoptent
même une monnaie commune afin que l'inflation ou le chômage d'un
pays ne s'étende pas et ne nuise pas à la région toute
entière.
4) La préservation de la
planète
La facette la plus récente de la politique
économique internationale est le travail en collaboration avec les
autres nations pour protéger l'environnement dans les cas où
plusieurs pays engendrent de la pollution ou en sont eux-mêmes
affectés. Les domaines historiquement les plus actifs ont
été ceux de la protection de la pêche et de la
qualité de l'eau des rivières. Plus récemment à
propos, du fait de l'inquiétude croissante des scientifiques à
propos de la diminution de la couche d'ozone, de la déforestation, du
réchauffement de la terre et de l'extinction de certaines
espèces, les nations ont commencé à examiner les
différentes voies possibles pour protéger nos ressources
communes. Concrètement, les problèmes internationaux
d'environnement ne peuvent être résolus qu'avec la
coopération de nombreux pays. Même les conservateurs les plus durs
sont d'accord sur le fait que l'Etat a un rôle majeur à jouer dans
la représentation de l'intérêt national dans le tumulte des
nations.
1.2. Dépenses publiques et croissance
endogène : une autre justification de la mobilisation fiscale
En analyse statique, l'efficacité des impôts
dépend de l'ampleur des effets de substitution face aux effets
revenus ; le lien entre le niveau des impôts et la croissance
n'apparaît pas, les auteurs libéraux insistent plus sur les
transferts de revenus entre catégories ou d'agents ou s'évertuent
à mettre en évidence le caractère contre-productif des
impôts (Semedo, 2001).
Cette manière de présenter l'impôt n'est
pas validée dans un système de rendements d'échelle
croissants. En outre, elle ne tient pas compte de l'importance de
l'activité de l'Etat dans le processus de production, surtout en ce qui
concerne le financement d'un ensemble de services productifs y compris le
capital humain, services indispensables au système productif.
L'efficacité de ce type d'intervention de l'Etat est
incluse dans la fonction de production des entreprises sous forme
d'externalités. De ce fait, un impôt sur les entreprises
bénéficiant de telles externalités se comprend, dans la
mesure où cet impôt sert à combler l'écart entre le
coût marginal social et le coût marginal privé. Le capital
humain est un exemple d'application de l'irréversibilité en
investissement, et donc de défaillance du marché.
En effet, les investissements en capital étant par
nature des investissements à long terme, il y a un coût
d'irréversibilité à les entreprendre. Il revient au
secteur public d'investir pour permettre l'accroissement ou le maintien du
stock de capital humain dans les domaines fondamentaux de l'éducation,
de la santé et des assurances sociales lorsque le secteur privé
se révèle une sous-optimalité. La théorie de
croissance endogène avec Romer (1986) met en évidence qu'en
situation d'incertitude irréductible, le stock de croissances doit
être au moins maintenu pour garantir un taux de croissance minimal :
la complémentarité secteur public/secteur privé est aussi
posée. Dans ce modèle, il est introduit dans la fonction de
production à la fois un stock de connaissances privé, et un stock
ayant la nature d'un bien public.
Dans les nouvelles théories, on montre qu'un optimum
décentralisé peut être sous-optimal par rapport à un
optimum centralisé. Si l'entreprise représentative prend des
décisions, elle ne les fait pas indépendamment de son
environnement, et l'impôt est justifié par la mauvaise nouvelle
qui donne un contenu rationnel à l'endogènéisation des
dépenses publiques.
Les nouvelles théories de la croissance sont souvent
présentées comme revalorisant l'influence des dépenses
publiques et plus généralement comme réhabilitant le
rôle économique de l'Etat. Il y a là un basculement
important par rapport aux années soixante-dix et quatre-vingt où
les théories économiques ultralibérales ont inspiré
les politiques économiques. Au cours des années quatre-vingt,
l'analyse dominante a été que la crise était due à
un manque de flexibilité. On s'attendait à ce que l'ajustement
structurel réalisé à travers une libéralisation des
marchés permette une amélioration de l'offre suffisante pour
réduire le chômage et accroître la productivité. Le
discours économique allait dans le sens du « moins
d'Etat ».
Au début des années quatre-vingt-dix, ce
discours s'est pour le moins infléchi. D'une part, une crise
conjoncturelle a sévi en Europe et, avec elle, s'est fait sentir la
nécessité d'une intervention publique (Guellec et Ralle, 2003).
Ainsi la régulation conjoncturelle traditionnelle (politiques
budgétaire et monétaire) a été
réhabilitée. D'une part, la faiblesse criante des infrastructures
publiques a montré que les dépenses publiques sont un facteur
d'offre trop négligé.
Ce second point est justement un des messages importants des
nouvelles théories de la croissance. Il faut cependant se garder de tout
machiavélisme ou de toute naïveté. Ce ne sont pas les
nouvelles théories de la croissance qui ont conduit à une
modification des discours (et parfois des pratiques) de politique
économique. Mais, inversement, les modèles ne sont pas venus
après coup, pour justifier des préoccupations politiques (la
thèse de Romer sur le sujet date de 1983). En fait, il y a eu une
juxtaposition des deux problématiques (théoriques et
politiques).
Cependant, les nouvelles théories de la croissance ne
seront sans doute pas aux politiques économiques de la fin du
siècle ce que la théorie keynésienne a été
à celle des années cinquante et soixante. En effet,
l'hétérogénéité des modèles de
croissance endogène conduit à des conclusions contrastées
quant au rôle économique de l'Etat. Schématiquement, deux
niveaux de l'intervention publique peuvent être décrits :
Ø L'Etat gérant des externalités
et
Ø L'Etat fournisseur de biens publics.
Section 2 : L'Etat, gérant des externalités
et fournisseur de biens publics
Parmi les missions régaliennes des Pouvoirs Publics
justifiant son action dans l'activité économique, nous avons la
gestion des effets externes et la fourniture des biens publics. En effet,
l'économie de marché, seule garantie de bien-être social
pour les économistes classiques et néoclassiques a dû
révéler ses limites et redonner raison à la théorie
keynésienne. La recherche des intérêts privés nuit
parfois à ses concurrents et à la communauté de
façon générale (pollution). L'Etat se révèle
aussi comme le fournisseur de biens publics par excellence.
2.1. L'Etat, gérant des externalités
L'accumulation de trois facteurs
explique traditionnellement la croissance économique : le
capital physique, le capital technologique et le capital humain. Or ces
trois caractéristiques ont une caractéristique commune. Ils
engendrent des externalités. Dès lors, le libre jeu des
marchés ne garantit pas l'obtention d'un optimum social. Des ressources
sont mal utilisées car les agents privés ne prennent pas en
compte les effets induits par leur comportement sur leur environnement. Le
rendement privé de l'accumulation est inférieur à son
rendement social et il y a en théorie place pour une intervention
publique qui améliorerait le bien-être.
Comme les modèles canoniques de croissance, on ne fera
que rappeler les principales implications pour la politique
économique.
Dans les modèles où la croissance est
liée à l'accumulation du capital humain (Lucas, 1988) ou à
celle du capital technologique (Romer, 1990), l'existence d'externalités
est justifiée par la prise en compte des mécanismes de diffusion
du savoir. Lucas considère ainsi que, dans l'activité de
production, le savoir a des effets externes : toutes choses égales
par ailleurs, plus le niveau moyen de connaissance d'une économie est
élevé, plus la productivité de chaque entreprise est
forte. Selon Romer, la technologie est un bien non rival, c'est-à-dire
que son utilisation par une entreprise n'exclut pas son utilisation par une
autre (une fois un logiciel mis au point, il peut être dupliqué et
utilisé par plusieurs personnes). De ce fait, l'activité de
recherche a des rendements croissants importants (la mise au point d'un
logiciel coûte autant, qu'il soit vendu en un exemplaire ou en mille).
Dans le modèle de Romer (1986) consacré au
capital privé, l'existence d'externalités est une condition
nécessaire à l'obtention d'une croissance auto-entretenue, il
faut que le rendement marginal du facteur de production accumulable dans sa
propre production soit constant. Dans ce modèle, comme dans la
théorie traditionnelle, le capital physique est homogène au bien.
Une condition nécessaire à l'existence d'une croissance
auto-entretenue est donc que l'élasticité de la production au
capital physique soit égale à l'unité. Si le capital
était le seul facteur de production, les rendements seraient constants.
Mais il existe d'autres facteurs de production. Aussi, les rendements de
l'ensemble des facteurs sont croissants.
Cependant, si une entreprise a des rendements croissants,
aucun équilibre de concurrence parfaite n'est possible. Il y a donc une
contradiction. Au niveau microéconomique, dès lors qu'il existe
des facteurs de production non-accumulables, il faut, pour que la croissance
soit auto-entretenue, que les rendements ne soient pas croissants. Pour
résoudre cette contradiction tout en conservant la conclusion que la
croissance est auto-entretenue (ou au moins que son caractère
auto-entretenu provient du capital physique) et en restant dans un cadre de
concurrence parfaite, Romer fait appel à des effets externes. Son
modèle est cependant fragile car le caractère auto-entretenu de
la croissance provient d'une hypothèse très particulière
quant à la valeur des paramètres. Il faut que les rendements
soient globalement constants, c'est-à-dire que
l'élasticité de la production au capital soit unitaire au niveau
macroéconomique. Il faut donc que la somme de l'élasticité
microéconomique et des effets externes soit exactement égale
à 1.
Le modèle de Romer est donc peu robuste. Par ailleurs,
les valeurs des paramètres que l'on pourrait plausiblement retenir
conduisent à un écart entre l'équilibre concurrentiel
(où les entreprises ne prennent pas en compte l'externalité) et
l'optimum social (où l'externalité est prise en compte)
très élevé (Hénin et Ralle, 1994). On peut en effet
calculer quelles valeurs doivent avoir les paramètres du modèle
pour qu'à l'équilibre les taux de croissance,
d'intérêt et d'épargne prennent des valeurs plausibles. Une
fois ces paramètres « calibrés », on
peut calculer les valeurs que prendraient les taux de croissance,
d'intérêt et d'épargne à l'optimum social.
Si les nouvelles théories réhabilitent le
rôle de la politique économique, qui devrait permettre de mieux
coordonner les décisions des agents privés, elles ne
préjugent pas de la forme de cette intervention. Cette absence
de « message clair » pourrait sembler une
faiblesse des nouvelles théories. C'est en fait le prix à payer
pour se rapprocher du « monde réel », dans
lequel les externalités sont bien concrètes : l'intervention
publique est justifiée par le fait qu'il existe une
externalité ; mais la forme de l'intervention publique
dépend de l'externalité précise qui est en
cause.
2.2. L'Etat, fournisseur de biens publics
Outre la prise en compte des effets externes, l'Etat a
évidemment une influence directe sur l'efficacité du secteur
privé : les investissements publics concourent
intuitivement à la productivité privée.
Ainsi, sans routes, quelle serait la productivité d'une entreprise de
transport ? C'est dans cette optique que Barro (1990) présente un
modèle de croissance endogène où les dépenses
publiques jouent un rôle moteur.
La production se fait suivant une technique à
rendements constants utilisant deux facteurs : le capital
privé et le capital public. Trois résultats sont
obtenus de ce modèle. Tout d'abord, puisque les rendements sont
constants et les deux facteurs de production accumulables, le modèle
engendre une croissance auto-entretenue. Ensuite, le taux
d'imposition joue un rôle positif sur la croissance. En
effet, quant le taux d'imposition croît, le niveau de capital public
augmente, et donc le taux de croissance. Cependant, le taux d'imposition a
aussi un autre effet tout à fait traditionnel : il décourage
l'activité privée, donc influence négativement le taux de
croissance. On obtient ainsi le troisième résultat du
modèle : il existe un niveau optimal du taux
d'imposition. Autrement dit, il existe une taille
optimale de l'Etat qui maximise la croissance de
l'économie.
Le modèle de Barro a le mérite d'insister sur
les relations qui existent entre le niveau des prélèvements et
croissance économique. Deux critiques principales peuvent lui être
adressées, l'une d'ordre externe et l'autre d'ordre interne. La
première est que Barro s'interroge peu sur ce qui fait le
caractère public de la dépense. Ainsi les services rendus par les
dépenses publiques ne pourraient-ils pas être fournis par les
entreprises privées ?
Après tout, certaines infrastructures sont fournies ou
financées par le secteur privé. Plutôt que d'entrer dans ce
débat, Barro pose d'emblée qu'il existe une partie du capital
total qui doit être publique. La seconde critique, d'ordre interne, est
que le caractère auto-entretenu de la croissance ne s'observe que pour
des valeurs très particulières des paramètres : le
rendement du capital total (privé et public) doit être unitaire.
Cette hypothèse est sans doute trop forte ; cependant, même
si elle n'est pas vérifiée, le capital public influence la
productivité privée.
2.3. La mise en garde de la théorie des choix
publics
Pour l'essentiel, notre analyse est centrée sur la
théorie normative de l'Etat sur les politiques appropriées
qu'il doit choisir pour augmenter le bien-être de la population.
Toutefois, les économistes n'idéalisent pas l'Etat, pas plus
qu'ils ne le font pour le marché. L'Etat peut en effet prendre de
mauvaises décisions ou mal appliquer de bonnes idées. Par
conséquent, tout comme il y a des défaillances de marché,
tels les monopoles et la pollution, il existe des « carences de
l'Etat », l'intervention de ce dernier aboutissant à un
gaspillage ou à une mauvaise redistribution du revenu. Ces questions
relèvent de la théorie des choix
publics, alliant l'économie et la science politique dans
l'étude de la manière dont l'Etat prend ses décisions. La
théorie des choix publics examine le fonctionnement des
différents mécanismes de vote et montre qu'il n'y a pas de
mécanisme idéal pour agréger les préférences
individuelles en choix collectifs. Cette approche analyse aussi les carences de
l'Etat qui apparaissent quand son action ne réussit pas à
améliorer l'efficacité économique ou quand il redistribue
le revenu de manière injuste. La théorie des choix publics traite
de questions comme la vision à court terme des
élus, l'absence d'une contrainte
budgétaire stricte et le rôle de
l'argent dans le financement des élections comme sources
de carences de l'Etat. Leur étude minutieuse est cruciale pour cerner
les limites des interventions de l'Etat et garantir que ses programmes ne
soient pas excessivement importuns ou prodigues (Stiglitz, 2000).
Ø L'analyse économique de la vie
politique
Depuis l'époque d'Adam Smith, les économistes
ont focalisé la plus grande partie de leur énergie sur la
compréhension du fonctionnement du système de marché. Mais
des penseurs sérieux ont aussi réfléchi sur le rôle
de l'Etat dans la société. Joseph Schumpeter fut le pionnier de
la théorie des choix publics dans « capitalism, Socialism,
and Democracy », (1942). Le Prix Nobel Kenneth Arrow
étudia les choix collectifs en apportant la rigueur mathématique
au domaine. L'étude de référence d'Anthony Downs,
« Economic Theory of Democracy », (1957), esquissa
une théorie nouvelle et puissante qui soutient que les
politiciens définissent les politiques économiques dans le but
d'être réélus. Downs montra
comment les partis tendent à se déplacer vers le centre du
spectre politique, et posa le « paradoxe du vote »
affirmant qu'il est irrationnel pour un individu de voter étant
donné la faible probabilité qu'a un individu d'influencer le
résultat.
Des travaux ultérieurs de James Buchanan et Gordon
Tullock dans « The Calculs of Consent », (1959)
défendirent une politique de poids et contrepoids et
préconisèrent l'usage de l'unanimité dans les
décisions politiques-invoquant que les décisions unanimes ne
contraignent personne et n'imposent aucun coût. Pour ces travaux, entre
autres, Buchanan reçut le Prix Nobel en 1986. L'économie des
choix publics fut l'objet d'une attention particulière de la part des
politiciens conservateurs en Grande-Bretagne dans les années 1986.
Elle fut appliquée à des domaines tels que la politique agricole,
la réglementation et les tribunaux. Elle formalise la base
théorique d'une proposition d'amendement constitutionnel visant à
l'équilibre du budget.
Conclusion du chapitre 3
Les nouvelles théories de la croissance semblent
parfois redécouvrir des conclusions déjà bien
établies. Ainsi il n'y a que les Libéraux les plus extrêmes
pour penser que la seule politique souhaitable est de toujours
faire « moins d'Etat » (Guellec et Ralle,
2003). Les autres n'ont jamais oublié que l'Etat devait construire les
routes, former les jeunes, aider la recherche ! Cependant, les nouvelles
théories contribuent à revaloriser le rôle de l'Etat. Il
est symptomatique que parmi les chercheurs ayant construit ces modèles
se trouvent des partisans convaincus de l'offre (Barro, Lucas). D'un point de
vue quantitatif, dans les nouvelles théories, la politique
économique influence le taux de croissance d'une économie (et
plus seulement le niveau de la production, comme dans les théories
traditionnelles). L'étude thématique CEA-BSRAC (2010) montre
l'existence d'une interaction significative la mobilisation des ressources
internes et la dynamisation du processus de diversification économique.
Elle montre qu'une meilleure mobilisation des ressources internes constitue un
facteur d'élargissement de la structure productive, et favorise une
allocation optimale des financements en faveur des filières porteuses.
Enfin, certaines théories donnent à l'Etat un rôle encore
plus radical : créer les institutions nécessaires à
la coordination des agents privés (les marchés eux-mêmes
ont besoin pour fonctionner de réglementations dont l'Etat est en
dernière instance le garant).
Au terme de ce chapitre, il ressort que l'urgence d'une
mobilisation plus accrue des recettes fiscales surtout dans notre pays dans un
contexte de crises économiques successives, de raréfication des
financements extérieurs, d'impératif d'atteinte des OMD,
d'érosion des recettes douanières suite à de multiples
accords liés à l'intégration économique se signale,
comment donc y parvenir ? Voilà la question que le chapitre qui va
suivre se propose de trouver des éléments de réponses.
Chapitre 4
Quelles stratégies pour une mobilisation des recettes
fiscales pérennes au Cameroun ?
« La difficulté n'est pas de comprendre
les idées nouvelles, mais d'échapper aux idées
anciennes. », John Maynard Keynes, cité par
Touna Mama in
http// :
www.tounamama.com
Introduction au chapitre 4
Après avoir identifié les facteurs explicatifs
de la mobilisation des recettes fiscales au Cameroun et montré le
caractère impératif d'un accroissement de ces dernières,
il nous revient dès à présent de rechercher des voies et
moyens susceptibles de « faire gonfler le gâteau
national ».
Nous nous inspirerons donc de ce qui a été fait
ailleurs pour améliorer le niveau de mobilisation des recettes publiques
pour finalement dégager ce qui pourrait convenir à notre pays.
Nous insisterons dans un premier temps sur le fait qu'il est dangereux pour
notre pays de focaliser ses efforts de mobilisation des recettes sur des
ressources non pérennes comme le pétrole et les mines, mais que
les recettes provenant de l'exploitation ces ressources non renouvelables nous
servent d'instruments pour bâtir un tissu économique stable
à long terme ; une exhortation pour la culture du civisme fiscal
dans notre pays sera le point culminant de notre étude.
Section 1 : Quelles stratégies de transition
fiscale ?
Afin de pouvoir mobiliser plus de recettes fiscales stables
et pérennes, les Pouvoirs Publics camerounais doivent se départir
de certaines pratiques anciennes qui constituent de véritables freins
à cet élan. Nous relèverons dans un premier temps le fait
que l'exploitation du pétrole a souvent tendance à
désinciter les Pouvoirs Publics à rechercher d'autres sources de
financement de ses actions, mettant ainsi au banc son devoir de prélever
sur les populations. Ensuite, nous insisterons sur la nécessité
d'une réorganisation de l'administration fiscale camerounaise dans
l'optique d'une gestion orientée vers les performances et
l'éthique.
1.1. Stratégies relatives aux recettes assises sur
l'exploitation des ressources pétrolières
La contribution aux ressources publiques globales des
prélèvements assis sur les ressources pétrolières
marquent profondément les finances publiques du Cameroun et tout
particulièrement ses recettes. Cette contribution apparaît en
grande partie exogène à la politique fiscale. La contribution
pétrolière augmente de manière importante les ressources
publiques et en même temps en aggrave l'instabilité.
1.1.1. Le
pétrole : une ressource difficile à gérer
En raison de la faiblesse des recettes publiques non
pétrolières, il est difficile de leur appliquer un traitement
spécifique en tant que ressources minières largement
exogènes. Aussi, les recettes assises sur les produits pétroliers
sont-elles en partie traitée comme les autres recettes : une partie
est affectée au Trésor Public, une partie à des
investissements spécifiques et enfin le solde est affecté
à un compte à la BEAC. La SNH (Société Nationale
des Hydrocarbures) perçoit, à travers un contrat de partage, elle
procède à des dépenses directes (dépenses de
souveraineté). Une telle gestion, qui va à l'encontre du
principe d'universalité
budgétaire, n'est pas favorable à la recherche
d'une structure optimale des dépenses publiques. Omgba (2010) restituant
les déclarations de l'ancien Président de la République du
Cameroun14(*) mentionne
que :
« ...Le pétrole du Cameroun
est exploité par les sociétés mixtes dont la
majorité des actions est détenue par les sociétés
étrangères, à peu près 50% reviennent à
l'Etat du Cameroun, nous avons créé une Société
Nationale des Hydrocarbures qui commercialise cette part qui revient au
Cameroun. Nous avons décidé de mettre dans le budget qui est
discuté dans l'Assemblée une part des revenus qui sont
tirés du pétrole, et compte-tenu que ces revenus sont en quelque
sorte aléatoires, nous avons décidé qu'une partie, et ceci
conformément à la loi des finances votée chaque
année, qu'une partie de ces revenus, s'ils sont plus importants que ce
qui est prévu dans le budget, serait versé dans un compte
hors-budget avec les revenus que nous pouvons d'ailleurs tirer d'autres
sociétés d'Etat qui existent. »15(*)
1.1.2. Orientation quant au
rôle de la contribution des ressources pétrolières
Compte tenu de l'instabilité du
prélèvement pétrolier et aussi de la durée de vie
limitée de la rente pétrolière, il conviendrait de
renforcer fortement les prélèvements non pétroliers afin
de réduire la dépendance des ressources vis-à-vis d'une
recette instable et dont la pérennité n'est pas assurée
à long terme. Il s'agit là d'une action qu'il est possible de
qualifier de « composante de la transition
fiscale ». Cette composante est complémentaire à
la transition fiscale traditionnelle qui consiste à substituer des
recettes de fiscalité interne aux recettes tarifaires. Un renforcement
important des recettes publiques non pétrolières nécessite
un changement radical de la politique fiscale. Plutôt que de
différer les efforts dans les périodes de cours pétroliers
favorables, il s'agirait de s'inscrire dans un horizon de long terme en tenant
compte des contraintes qui vont apparaître avec l'épuisement des
ressources pétrolières. Il s'agirait donc de mettre en oeuvre une
politique de mobilisation de recettes publiques non pétrolières
qui soit active en permanence, y compris dans les périodes de cycles
pétroliers favorables. Ainsi que cela est démontré plus
haut, une telle politique est techniquement possible, car un large espace de
recettes est disponible.
Afin de développer cet espace, il conviendrait de
manière prioritaire de poursuivre des réformes et actions visant
à renforcer l'efficacité des administrations fiscales et
douanières. Un tel renforcement serait à engager dans les
meilleurs délais afin d'éviter de courir le risque à
l'avenir d'un rétrécissement de l'espace budgétaire
consécutif à un déclin des recettes publiques globales
assises sur les recettes mobilisées à l'occasion de l'extraction
des produits pétroliers et/ou miniers. Il serait alors possible de
mettre en place les instruments budgétaires afin que ces ressources
soient pour une part gérées de manières contra cycliques
tandis qu'une autre part de ces ressources seraient affectées soit
à l'épargne, soit à des dépenses qui permettrait
d'affronter plus facilement l'après pétrole.
1.1.3. L'hypothèse
du revenu permanent pour un pays pétrolier
L'analyse de Barnett et Ossowski (2003) offre la perspective
d'une optimisation intertemporelle. En effet, les travaux de Friedman (1957)
sur le revenu permanent des ménages, Barnett et Ossowski (2003) montrent
que le programme de maximisation, de la consommation publique, dans un horizon
infini peut s'insérer dans le cadre friedmanien de maximisation de la
consommation du ménage dans un horizon infini. Pour les pays
pétroliers, l'hypothèse du revenu permanent signifie que les
dépenses publiques devraient être égales aux revenus non
pétroliers augmentés du rendement sur la valeur présente
nette de tous les futurs revenus pétroliers (Omgba, 2010).
Leigh et Olters (2006) étendent cette analyse
théorique en tenant compte des habitudes de consommation. Dans le
modèle, les dépenses publiques représentent la
consommation dont les ménages tirent de l'utilité. Dans ce cadre,
si l'Etat venait à proposer par exemple une réduction des
dépenses publiques de manière abrupte, cela pourrait
s'avérer socialement néfaste et politiquement infaisable. Les
habitudes de consommation sont difficiles à changer. Avec l'introduction
des habitudes, le changement dans la consommation se fait de manière
graduelle. Dans le modèle de Leigh et Olters (2006), le gouvernement
(planificateur social) a pour objectif de déterminer le niveau de
dépenses soutenables dans le temps. Son programme consiste à
maximiser sa fonction de bien-être qui dépend des dépenses
publiques et des habitudes. La gestion des ressources pétrolières
sous l'hypothèse du revenu permanent est devenue la politique
prônée par divers analystes, notamment ceux du FMI, comme solution
à la volatilité et à l'épuisement du
pétrole. Mais peu d'études ont tenté d'évaluer
jusque-là l'impact de l'adoption d'une telle politique sur les
performances économiques du pays concerné.
Omgba (2010) a ainsi évalué les impacts
différenciés de la gestion actuelle du déclin de la
production par rapport à une hypothèse du revenu permanent pour
un pays pétrolier, le Cameroun, en utilisant un modèle
d'équilibre général dynamique. Les résultats
trouvés apparaissent contrastes s'il est vraisemblable que le
déclin de la production pétrolière affecte
négativement les différents agents et institutions
économiques du Cameroun, les changements structurels intervenus depuis
près d'une vingtaine d'années semblent rendre ce déclin
pétrolier moins dommageable que prévu pour l'ensemble de
l'économie camerounaise. En effet, de la crise des années 80, le
Cameroun a engagé des réformes dans l'organisation de son
économie.
L'étude Omgba (2010) montre que les structures
économiques semblent être à mesure d'éviter un
après-pétrole désastreux au Cameroun. Ce même auteur
défend l'hypothèse selon laquelle, dans l'analyse du sentier de
développement dans notre pays, les études devraient se focaliser
sur l'impact de la mauvaise qualité des institutions camerounaises sur
ses performances économiques. Des réformes institutionnelles
telles la lutte contre la corruption, l'assainissement du climat des
investissements, apparaissent nécessaires afin d'attirer des capitaux
capables de booster la croissance économique au-delà du trend
observé au cours de ces dernières années.
1.2. Une stratégie résolue de transition
fiscale
Afin de disposer d'un espace budgétaire élargi
favorable à son développement et à la réduction de
la pauvreté, le Cameroun doit s'engager de manière
déterminée dans une politique de transition fiscale ayant un
triple objectif de réduire sa dépendance vis-à-vis des
ressources pétrolières, des tarifs douaniers et du financement
extérieur tout en renforçant fortement le niveau de son
prélèvement public.
Les différents modes d'évaluation des
progrès possibles dans le domaine du prélèvement public
non pétrolier conduisant à estimer qu'à terme, le Cameroun
devrait atteindre un niveau de mobilisation hors pétrole d'environ 20%
du PIB (BAD et FAD, 2009).
Naturellement, ainsi que cela est indiqué plus haut, en
raison des relations de complémentarité entre les
différentes composantes de l'espace budgétaire, ce renforcement
des recettes publiques ne serait fructueux pour le développement
économique et social que dans la mesure où les dépenses
publiques verront leur efficacité fortement améliorée.
1.2.1. Quelles orientations
de politiques fiscales ?
Ces dernières années, le Cameroun a largement
modernisé sa législation fiscale et douanière notamment en
introduisant la TVA. Cette dernière, en raison de la politique de
libéralisation commerciale et de la difficulté pour renforcer les
recettes de fiscalité directe notamment sur les ménages a
vocation à constituer la clef de voûte de la transition. La
faiblesse essentielle du système fiscal et douanier réside dans
un système d'incitation16(*) à l'origine des pertes de recettes
considérables sans que pour autant il s'agisse d'un mode efficace de
promotion des investissements.
Il est cependant paradoxal de remarquer comme l'ont
souligné Monnier et Tinel (2006), qu'au Cameroun, les
baisses d'impôts auraient amputé
le budget, sans parvenir à stimuler la croissance de l'offre,
créant un déficit récessif.
Ce déficit serait caractérisé à la
fois par un accroissement du besoin de financement des administrations
publiques et de l'épargne des hauts revenus. Ainsi que cela est
démontré plus haut, un système d'incitation fondé
pour l'essentiel sur l'octroi de conventions présente
l'inconvénient d'une faible efficacité du point de vue de
l'incitation relativement aux dépenses fiscales consenties.
Aussi, est-il important pour créer des conditions
favorables à la transition fiscale de réduire de manière
drastique le champ d'exonérations et pour celles qui ne pourraient
être éliminées de les inclure dans le Code
Général des Impôts. A défaut de codifier les mesures
fiscales d'incitations, il conviendrait à minima de les encadrer
à travers un code d'investissements ; ainsi, on éviterait
une instabilité dommageable du système d'incitations et on
romprait avec des comportements discrétionnaires dans l'octroi des
avantages fiscaux et douaniers. Il convient aussi de poursuivre
la modernisation de la législation fiscale qui devrait
bénéficier notamment des travaux de la commission de
réforme fiscale créée par la Décision du
Ministère des Finances 87/909 du 20 avril 2007.
1.2.2. Pour une meilleure
organisation de l'administration fiscale
L'essentiel des progrès pourraient être
réalisés à travers une administration plus efficace de
l'impôt tant au niveau de la Direction des Impôts que des Douanes.
Il s'agit notamment de bénéficier de la modernisation de
l'organisation administrative intervenue avec la mise en place d'une
stratégie de traitement différenciée des contribuables
(Unités des grandes entreprises et Unités des entreprises
moyennes). Désormais, le mode d'organisation adopté par
l'administration fiscale est favorable à la réalisation de
progrès conditionnés à la mise en oeuvre d'une
administration rigoureuse (gestion efficace des
déclarations, méthodes de
contrôle modernisées, sanctions...).
1.3. Une gestion orientée vers les performances et
l'éthique
1.3.1. Pour un fisc plus
moderne
Les services centraux des douanes et des impôts manquent
d'outils pour orienter, suivre et contrôler l'activité des
services de base. Les administrations auraient avantage à se doter
d'indicateurs de gestion simples (moyens, activités,
résultats...) pour disposer d'instruments de pilotage. Ces tableaux de
bord devraient faciliter la fixation d'objectifs et permettre une affectation
efficace des moyens.
1.3.2. La corruption :
un fléau à évincer à tout prix
Les causes de la corruption sont multiples (Walsh, 2003).
Pouvoirs discrétionnaires excessifs, manque de transparence, manque
d'incitations, rareté de sanctions effectives, etc., constituent des
facteurs de corruption qui sont aggravés par la défaillance de
l'Etat. Une corruption importante est très incompatible
avec une mobilisation efficace de l'impôt
(Ghura, 1998). Il est donc essentiel de réduire ce fléau, ce
qui requiert un fort engagement des autorités gouvernementales. La lutte
contre la corruption repose sur l'incitation
(rémunération régulière d'un niveau
adéquat des agents du fisc). Elle repose aussi sur la
prévention (adoption d'une charte de déontologie,
réduction des contacts directs entre le personnel des administrations
fiscales et les usagers). Enfin, la restauration de
l'autorité hiérarchique et de sanctions
crédibles (Thiele et Gunnan, 1999) constitue une autre
condition.
Les administrations des impôts doivent mobiliser des
ressources publiques et devenir des « facilitateurs» de
l'activité économique. Elles ont à garantir l'application
uniforme du système fiscal et à réduire les distorsions
résultant de la fraude. Le respect des règles de droits et
l'absence d'arbitraire peuvent devenir des facteurs d'attractivité
importants. Les administrations fiscales doivent s'efforcer de minimiser les
coûts et contraintes qu'implique la mobilisation de l'impôt. Il
s'agit bien évidemment d'évaluer et de réduire leurs
coûts d'intervention propres mais aussi de mettre en place des
facilités pour alléger les coûts supportés par les
contribuables, notamment par les entreprises collectant l'impôt.
Section 2 : Le civisme fiscal : une
impérieuse nécessité
Le civisme fiscal c'est l'accomplissement
volontaire par les contribuables, de leurs obligations fiscales. Il se traduit
par le remplissage des déclarations fiscales, leur dépôt
dans les délais ainsi que le paiement spontané de l'impôt
dû.
A partir de cette définition, on constate que
le civisme fiscal est une question d'état
d'esprit, de mentalité et de
comportement. En fait, c'est une question de respect
spontané des obligations déclaratives et de paiement de
l'impôt. Ainsi, traiter du civisme fiscal consiste à faire prendre
conscience aux contribuables, qu'au lieu de privilégier
l'intérêt individuel, il vaut mieux privilégier d'abord
l'intérêt collectif. Prôner le civisme fiscal consiste
à faire passer le message de tel sorte que l'impôt apparaisse
comme le prix d'un service rendu par l'organisme qui en bénéfice
au lieu que cela se traduise comme c'est souvent le cas comme l'expression d'un
lien de solidarité voir même d'une décision sociale.
Autrement dit, le contribuable est très soucieux de l'utilisation qui
est faite de l'argent public, il se considère beaucoup plus comme un
client que comme l'usager d'un bien collectif. C'est à ce titre que
l'administration fiscale doit lui démontrer que c'est pour le bien
commun, que l'impôt doit être collecté, en fait, pour
bénéficier de différents services offerts par l'Etat, il
faut payer son impôt.
Il convient quand même de rappeler que les comportements
d'incivisme fiscal ne sont pas seulement le monopole des pays Africains, encore
moins du Cameroun. Mais bien entendu, en Afrique, ces comportements sont
accentués par l'histoire fiscale des pays de ce continent. Pour s'en
rendre compte, Il suffit de repenser aux méthodes fortes
utilisées par le colonisateur pour obtenir le paiement de l'impôt
de capitation : corvée, travaux forcés, confiscation de
récoltes, prise d'otage, etc. Les révoltes à l'impôt
avaient également pour source, le fait que la population n'avait pas le
sentiment que les impôts versés contribuent vraiment à
l'amélioration de leurs conditions de vie (d'où un sentiment
d'injustice). Ce sentiment d'injustice existe encore très fort de nos
jours quand on voit la situation économique de notre pays. Nous pensons
donc que toute politique visant à convaincre les citoyens d'un usage
utile des contributions doit impérativement inclure : la
transparence et la justice sociale.
C'est un préalable essentiel pour la restauration du civisme fiscal.
Rappelons nous, dans les premières années de
l'indépendance, la scolarité a été gratuite et les
soins médicaux également. Dans ces conditions, la participation
des citoyens au paiement de l'impôt, ne pouvait poser problème.
Aujourd'hui, les données ne sont plus les mêmes, il
y a eu perte de confiance dans les capacités de l'Etat à rendre
le service simple, la récolte de l'impôt
connaît donc des réticences.
Ainsi donc, la grande question qui peut se poser est celle de
savoir : comment développer le civisme fiscal ? Le Cameroun peut-il
s'inspirer de ce que les autres pays font en matière de civisme fiscal ?
Et enfin, qui sont les acteurs et les moyens pour développer le civisme
fiscal ?
2.1. Quelques exemples des bonnes pratiques en matière
de civisme fiscal
2.1.1. Le cas de la
France
La France a mis en place le programme « gestion fiscale
et financière de l'Etat et du secteur public local ». Ce programme
vise la satisfaction des intérêts du citoyen, de l'usager et du
contribuable. Promouvoir le civisme fiscal et renforcer la lutte contre la
fraude fiscale est une préoccupation majeure des réseaux de la
DGI. C'est dans ce sens que pour la DGI, « Payer ses
impôts, c'est contribuer au développement harmonieux du pays,
assurer la relance économique, donner à l'Etat les moyens de
réalisation de sa politique sociale, limiter l'endettement
extérieur ». De plus, « déclarer ses
revenus, puis s'acquitter de son impôt, est l'expression concrète
du consentement à l'impôt qui fonde le pacte républicain.
C'est pourquoi, la DGI s'attache à améliorer le civisme fiscal,
c'est-à-dire, l'accomplissement volontaire de leurs obligations par
les contribuables , en proposant aux usagers une offre de service mieux
adaptée, des démarches simplifiées et une administration
d'une qualité de service de haut niveau, devenue plus accessible
grâce aux nouvelles technologies ». Sur ce dernier point, la DGI a
mis en oeuvre le développement du programme d'informatisation en
élargissant encore son offre de service
dématérialisé sur des canaux multiples (internet,
courriel, téléphone...).
Nous pensons aussi que, la promotion du civisme fiscal
s'exerce également à travers la mission de contrôle et de
lutte contre la fraude fiscale avec une exigence de qualité encore
accrue tout en garantissant une plus grande sécurité juridique
pour le contribuable. C'est dans cet état d'esprit que nous
suggérons une chaîne de qualité du contrôle fiscal,
depuis la programmation des contrôles jusqu'à la gestion des fonds
recouvrés en passant par le recouvrement des créances proprement
dit, en approfondissant encore les liaisons DGI -Direction des
Douanes-Direction du Trésor (pour notre pays le Cameroun).
Ces différents axes stratégiques sont traduits
par trois objectifs complémentaires.
Le premier consiste à favoriser l'accomplissement
volontaire des obligations fiscales (civisme fiscal), les contribuables devant
être encouragés à conserver un comportement très
majoritairement responsable en matière fiscale, notamment par la
simplification administrative et le recours aux progrès technologiques
contemporains.
Le second quant à lui tentait de faciliter
l'impôt par la mise en oeuvre d'une série d'engagements de
qualité de service précis et mesurables et le
développement des procédures
dématérialisées, la simplification administrative et le
recours aux nouvelles technologies constituant des vecteurs de
l'adhésion à l'impôt et répondant à une
attente forte des usagers.
Le dernier enfin s'attelait à renforcer la lutte
contre la fraude fiscale et le recouvrement offensif des impôts et des
amendes. Ce programme vise également à prendre en compte, les
attentes des citoyens et des contribuables en particulier, en rendant les
services au meilleur coût et en assurant la transparence et la
qualité des comptes publics. Le Programme COPERNIC participe
également au civisme fiscal. En effet, ce programme qui est né en
2000, a été lancé en 2001. C'est un nouveau système
d'information fiscal unique et commun à la DGI et DGCP, dont l'objectif
est de dépasser les 5 handicaps de l'informatique fiscal actuelle.
C'est un programme d'une durée de développement et
déploiement de 10 ans. Avec un budget de l'ordre de un milliard
d'euros.
Les 4 axes de production de valeur de cet outil sont :
améliorer les services rendus aux usagers (l'usager est mis au coeur de
l'administration fiscale et du système d'information, une
stratégie de services personnalisé multi canal (internet,
téléphone, accueil physique...), accès 24h/24 et
7j/7 ; favoriser le civisme fiscal (amélioration de l'accueil,
accès à la documentation fiscale, téléchargement et
envoi à domicile de formulaires, simulations fiscales, actualités
fiscales...) ; améliorer l'efficacité fiscale en
intégrant des outils adéquats pour les agents (Copernic contribue
progressivement à l'accroissement de la performance des processus
d'assiette, de recouvrement, et de contrôle fiscal, conduisant à
un supplément de recettes fiscales de plusieurs centaines de millions
d'euros par an) ; améliorer l'efficience fiscale en rendant le
service au meilleur coût ; accroissement des gains de
productivité, réduction du nombre d'emplois nécessaires,
plus grande maîtrise du coût de gestion de l'impôt, une
contribution à l'accroissement de la performance et à la
réalisation des objectifs des contrats de performance de la DGI et de la
DGCP, plus grande flexibilité organisationnelle, meilleure
réactivité aux évolutions de la législation
fiscale.
2.1.2. L'exemple
ivoirien
En matière de civisme fiscal, la Côte d'Ivoire
est l'un des pays d'Afrique le plus actif dans ce domaine, son action dans ce
domaine couvre plusieurs pans de l'économie du pays. Ainsi par
exemple, au niveau artistique, afin de sensibiliser la population au civisme
fiscal, la DGI avait organisé dans un des grands hôtels d'Abidjan,
la sortie officielle de deux oeuvres musicales. Le premier
interprété par les artistes connus et traite du civisme fiscal,
et le deuxième est orienté plus sur les enfants et vise à
amener les tout- petits à manipuler l'impôt tout en chantant. Ce
qui peut produire une influence sur les adultes.
La DGI a lancé une émission de radio
(l'impôt et vous), l'objectif étant d'informer les citoyens sur
les différents aspects des impôts. Enfin, elle a produit un film
dont le titre est : la mobylette du vieux SERY. Ce film traite de la situation
d'un vieux qui a été grugé par un commerçant
après l'achat sans facture d'une mobylette. C'est un film comique et
didactique, il instruit les téléspectateurs sur les conduites
à tenir pour éviter les pénalités fiscales.
2.1.3. Le cas du Burkina
Faso
Le plan stratégique de la DGI du Burkina Faso
(2007-2015) s'est fixé comme objectifs spécifiques à
poursuivre tout au long de la période couverte par le plan.
Trois orientations ont pour cela été
définies. La première consistait en un accroissement des recettes
fiscales. Cela à travers l'élargissement de l'assiette fiscale,
la lutte contre la fraude fiscale et recouvrement des impôts
éludés de façon offensive, l'informatisation
complète de la gestion des impôts. La deuxième orientation
quant à elle visait en l'amélioration de l'image de la DGI
grâce à la qualité du service rendu à l'usager. Dans
ce cadre, la DGI s'est fixé pour objectif de faire progresser tout le
personnel dans l'amélioration des relations avec les usagers. Pour cela
elle a défini 4 axes: une qualité de service accrue pour tous les
publics, des procédures efficaces qui font bénéficier les
usagers de leurs droits le plus rapidement possible, améliorer les
relations avec les contribuables, encourager l'éthique professionnelle
par l'adoption et l'application rigoureuse du code de déontologie. Enfin
la troisième orientation s'attelait à améliorer les
performances de la DGI par le renforcement des capacités
institutionnelles, l'amélioration de la capacité de
prévision de la DGI, l'amélioration de la qualité et la
quantité des moyens (les ressources humaines, les ressources
matérielles), l'amélioration de l'organisation de base,
l'amélioration du système d'information et le pilotage,
l'amélioration de l'encadrement des services.
2.2. Comment développer le civisme fiscal au Cameroun?
L'incivisme fiscal au Cameroun se
manifeste à travers : la fraude et l'évasion fiscale, la
corruption, la violence faite aux agents de l'impôt etc. A cet incivisme
fiscal, on a en face, une administration fiscale qui a l'image de
rigidité. Cette image provient de sa traduction autoritaire de
l'époque. L'administration fiscale se voit donc contrainte
d'évoluer dans un double sens. En interne, on
assiste à un bouleversement de méthode de travail qui est
axé sur le principe de performance, dans le but d'alimenter le budget de
l'Etat ; ensuite en externe, on assiste à un effort de
communication avec les contribuables afin de faciliter l'accès au devoir
fiscal. Or, pour notre part, nous pensons que pour développer le civisme
fiscal, il nous semble qu'on peut agir sur deux leviers :
v Sensibiliser les contribuables (information,
éducation fiscale...)
v Faciliter la tâche aux contribuables et renforcer les
contrôles.
2.2.1. Sensibiliser les
contribuables
Afin d'obtenir les bons résultats en matière de
civisme fiscal, les contribuables doivent avoir l'information qu'il faut sur
les impôts, et l'administration fiscale doit tout mettre en oeuvre pour
éduquer les contribuables.
1) Information des contribuables sur le bien
fondé des impôts
Tel que l'indique la plupart des acteurs de l'économie,
« la culture de l'impôt ne peut se réaliser que
grâce à des campagnes d'information et de sensibilisation
conséquentes».
En effet, il est assez étonnant de constater
qu'à ce jour, au Cameroun, il n'existe pas de radio,
télévision, journal qui dispense des informations fiscales en
permanence. Les quelques supports qui existent, sont réservés aux
« initiés », et ne sont pas vulgarisés. Il serait
souhaitable par exemple, à l'occasion des reportages sur les
activités de l'Assemblée Nationale, portant sur les lois qui
traitent de la matière fiscale, de faire une large diffusion dans les
médias sur ce sujet. On constate que la DGI exploite peu les
opportunités offertes pour mieux communiquer. En fait la communication
aux contribuables doit viser à faire comprendre aux contribuables :
Ce qu'est l'impôt, quel
est son rôle, et sa finalité.
Plusieurs moyens peuvent être utilisés pour
atteindre ce but. L'organisation régulière des portes ouvertes
des services fiscaux, séminaires d'information fiscale, permettant aux
contribuables de parler avec les experts, faire des
démonstrations ; l'organisation des reportages sur le circuit des
impôts (le vote de la loi, la déclaration des impôts, le
dépôt et le paiement, l'utilisation de fonds...) ; faire
associer les journalistes aux activités de la DGI ; motiver les
journalistes qui traitent de la matière fiscale, en octroyant par
exemple, les prix spéciaux aux meilleurs journalistes qui traitent de la
matière ;créer des bureaux d'information et d'assistance
fiscale. L'objectif de l'information fiscale doit être avant tout
destiné à faciliter pour un public aussi large que possible, le
civisme fiscal. On peut également envisager de mettre en place un «
kit d'information fiscale » qui peut comporter cinq parties : les
explications concernant le circuit de vote de l'impôt, les
différents types d'impôt, le mode de paiement, le civisme fiscal,
l'utilisation des impôts.
A ce niveau d'information fiscale, on peut insister sur le
fait que remplir ces déclarations et les déposer constituent un
gage de bonne foi du contribuable envers ses obligations fiscales. On peut
même pousser plus loin, en accordant quelques abattements par exemple,
aux personnes qui pourront remplir et déposer avant une date
indiquée.
2) Education fiscale
Après l'information, il faut passer à
l'étape supérieure, qui consiste à éduquer les
contribuables. L'intérêt ici est de faire comprendre aux
contribuables : ce qu'est l'impôt, son rôle et sa finalité.
Cette éducation peut se faire par plusieurs moyens. Par exemple à
travers la formation de certaines catégories de la population. Il s'agit
des commerçants, artisans, journalistes spécialisés,
étudiants, élèves, chefs d'entreprises...
En effet, les commerçants et les artisans constituent
les contribuables privilégiés auxquels l'administration fiscale
doit apporter une attention particulière. Il convient pour cela
d'organiser des séances d'éducation simple du type : comment
accomplir volontairement ses obligations fiscales. Quels sont les obligations
fiscales (remplissage de la déclaration, dépôt,
paiement) ?
On rencontre sur la place de Yaoundé et Douala,
plusieurs sociétés qui font d'énormes campagnes, telles
que MTN, ORANGE et CAMTEL, pour ne prendre que celles du secteur des
télécommunications..., de même que les agents de banque et
de micro finance, l'objectif pour ces entreprises, est de faire venir le
maximum de clients et identifier ceux-ci. L'administration fiscale devait
procéder de la même façon, enfin de sensibiliser les
contribuables sur le bien fondé de l'impôt.
Actuellement dans notre pays, nous continuons à
assister à la campagne organisée par les opérateurs du
secteur des télécommunications sous l'égide du MINPOSTEL
pour obliger les personnes à se faire identifier, et bien, nous pensons
que l'administration fiscale devait procéder de la même
manière pour procéder à une campagne agressive de
sensibilisation avant de procéder au recouvrement forcé des
impôts ; il est paradoxal de constater que demander aux
autorités de l'administration fiscale le nombre de contribuables sur
lequel est fondé leur espoir de recouvrement des impôts, c'est
assurément leur demander le « sexe des
anges ».
Les journalistes quant à eux peuvent servir de tampon
entre la population et les contribuables. Pour cela, il convient de les former
sur les biens fondés des impôts, les motiver de sorte qu'ils
traitent très souvent les matières fiscales dans leurs
développements journalistiques, par exemple chaque trimestre ou chaque
semestre le prix du meilleur journaliste qui traite de la matière
fiscale. D'après une étude menée par les journalistes
Burkinabés, voir opinion n° 509 du 11 au 17 juillet 2007,
l'incivisme fiscal n'est pas toujours délibéré ou
conscient, mais est plutôt secrété par le manque
d'information. Et ce manque d'information ne peut être comblé que
par les journalistes dont le métier est d'informer la population. Mais
ces derniers ne peuvent bien informer que s'ils possèdent la
matière, c'est-à-dire s'ils maîtrisent le sujet
traité. D'où la nécessité de former les
journalistes sur la matière imposable.
Enfin, l'école et l'université sont les berceaux
même de la formation des futurs cadres. C'est dans cet esprit, que
l'administration fiscale doit travailler avec ces organismes, afin de
sensibiliser les jeunes écoliers et étudiants sur le bien
fondé de l'impôt et le respect de ses obligations fiscales. Cette
expérience a déjà été menée dans les
pays comme la Côte d'Ivoire, où la DGI en partenariat avec le
Ministère de l'enseignement, distribue des kits de sensibilisation sur
le civisme fiscal. C'est ainsi que le 13 décembre 2006, le Ministre de
l'éducation nationale et la Direction Générale des
Impôts ont introduit dans les programmes scolaires, des écoles
primaires et secondaires de la Côte d'Ivoire, le civisme fiscal.
L'objectif visé est l'enfant qui est citoyen de demain, demeure le canal
idéal pour transmettre les vertus cardinales qui doivent forger les
comportements recherchés chez l'adulte. En pratique, le civisme fiscal
dans les programmes d'enseignement peut bien se décliner à
travers les cours de mathématique, de français, de musique, de
dessin, d'histoire, de géographie, d'éducation civique et morale.
Pour les universités, on peut distribuer des matériels
didactiques, films, sketches, etc.
Parallèlement à la sensibilisation des
contribuables, l'administration fiscale doit mener des actions pour faciliter
l'impôt et renforcer le contrôle.
2.2.2. Faciliter
l'impôt et renforcer le contrôle fiscal
Après avoir sensibilisé et éduquer les
contribuables, pour développer le civisme fiscal, il faut faciliter
l'impôt et renforcer le contrôle fiscal.
1) Faciliter l'impôt
Faciliter l'impôt revient à placer le
contribuable au coeur même du système fiscal. En fait,
l'administration fiscale doit s'efforcer de rendre au contribuable, un service
de qualité. Il faut lui proposer des procédures efficaces qui
font bénéficier aux usagers de leur droit le plus rapidement
possible ; améliorer les relations avec les contribuables ;
encourager l'éthique professionnelle par l'adoption et l'application
rigoureuse du code de déontologie de l'administration fiscale ;
créer des réseaux de proximité, dans le but de faciliter
le contact avec les contribuables ; mettre en place une véritable
politique d'amélioration de la qualité du service rendu à
l'usager.
2) Renforcer le contrôle fiscal
Pour renforcer le civisme fiscal, outre les bonnes intentions
de la DGI, il faut également renforcer le contrôle fiscal pour
rendre efficace le civisme fiscal. Un meilleur contrôle fiscal doit
commencer par une meilleure programmation de contrôle, sa mise en oeuvre
et une bonne conduite du contrôle.
La programmation du contrôle fiscal nécessite
plusieurs démarches et organisation au préalable. Pour un
meilleur contrôle fiscal, il convient d'établir une vraie
programmation du contrôle. La programmation est la démarche
préalable à toute opération de contrôle fiscal
externe. En fait, le programme du contrôle fiscal désigne
l'ensemble des objectifs prioritaires fixés aux services fiscaux. Son
élaboration dépend des orientations d'ensemble fixées par
les autorités. Cependant, il n'est pas possible d'envisager une
sélection des affaires à vérifier qui soit purement
aléatoire, le résultat serait trop hasardeux. Il n'est pas non
plus possible d'envisager une programmation exhaustive des dossiers fiscaux car
les contribuables sont trop nombreux. Il est donc indispensable de faire preuve
de sélectivité à partir des renseignements recueillis tout
en tenant compte des nouveaux enjeux du contrôle fiscal.
2.3. Qui sont les acteurs et les moyens pour développer
le civisme fiscal?
2.3.1. Les acteurs
Nous recensons dans cette étude trois grands groupes
d'acteurs qui peuvent contribuer à la promotion du civisme fiscal dans
notre pays. Tout d'abord les agents de la contribution fiscale,
c'est-à-dire les contribuables et les agents du fisc ; ensuite les
journalistes à travers leurs missions d'éducation et
d'information des contribuables ; enfin nous pensons que les bailleurs de
fonds peuvent jouer un rôle crucial dans la promotion du civisme fiscal
à travers des soutiens financiers et matériels de divers
ordres.
2.3.2. Les moyens
Les moyens à mettre en oeuvre pour développer le
civisme fiscal sont légion. Nous suggérons ici la mise en place
des outils pour faciliter l'impôt afin de rendre facile la vie des
contribuables, exemple la matérialisation de déclarations ;
le développement des « outils
législatifs » ; dans un souci de transparence, mettre en
place et divulguer le Code Général des Impôts, le livre des
procédures fiscales ; enfin mettre en place les outils de
contrôle et de suivi.
Conclusion du chapitre 4
L'objectif de ce chapitre n'était en aucun cas de
proposer une recette miracle pour mobiliser plus d'impôts dans notre
pays. Au contraire, il avait pour ambition d'explorer les pistes susceptibles
d'être utiles aux Pouvoirs Publics dans la perspective d'une mobilisation
plus accrue des ressources internes stables et pérennes. Nous avons
suggéré pour cela qu'il était temps que les Pouvoirs
Publics cessent de miser essentiellement sur les ressources
pétrolières et sur l'aide extérieur pour faire face aux
contraintes de financements. Planifier une politique économique
essentiellement soutenue par les ressources pétrolières et
minières, c'est assurément bâtir la fondation de sa maison
sur du sable mouvant. L'incivisme fiscal s'est érigé en
règle dans notre pays, nous avons suggéré qu'il
était temps de changer d'habitude.
L'Etat camerounais a beaucoup de défis à
relever au cours des prochaines années, pour ce faire, renfourner ses
caisses s'avère être un préalable pour surmonter ces
défis. Sensibiliser les contribuables (information et éducation
fiscale), simplifier les procédures fiscales, renforcer les
contrôles et punir les fraudeurs sont quelques ficelles à tirer
pour booster les caisses de l'Etat.
Conclusion de la deuxième partie
Pour relever le défi de la croissance et du
développement social en Afrique centrale, il importe aujourd'hui, plus
que jamais, d'élaborer et de mettre en oeuvre des stratégies
alignées sur les OMD pour à la fois relancer durablement
l'économie sous-régionale et répartir les fruits de la
croissance (CEA-BSRAC, 2010). Mobiliser plus de recettes fiscales, constitue
une des réponses permettant de réaliser des taux de croissance
plus élevés et durables, tout en réduisant la
vulnérabilité de l'économie camerounaise aux chocs
internes et externes. Dans cette partie nous envisagions mettre en exergue les
enjeux à la fois théoriques et empiriques de la mobilisation
fiscale et de facto montrer l'impératif d'une mobilisation plus accrue
des ressources internes dans notre pays, explorer les stratégies de
renforcement de la collecte des impôts était le point culminant de
ce travail de recherche. Il en ressort que :
« L'impôt est pour l'Etat ce qu'est le sang pour
l'organisme humain », car un manque de sang est un
problème de santé à résorber à tout prix
voire à tous les prix, de même sans impôt on a un
Etat moribond ; il appartient à Angel Gurria,
Secrétaire Général de l'OCDE (2007) de
dire : « Les impôts sont l'âme des services
publics ». Pour renfourner les caisses de l'Etat, nous
suggérons la mise sur pied d'un système fiscal simple,
transparent, flexible, efficace et équitable (Stiglitz, 1999). Nous
proposons aussi aux Pouvoirs Publics de mener une lutte sans merci contre les
fléaux qui minent l'administration fiscale : corruption,
détournement des fonds collectés, etc. ; que les
contribuables passibles de fraude soient sévèrement punis ;
mais qu'une vaste campagne de sensibilisation (information et éducation
fiscale) soit entreprise au préalable afin de favoriser le civisme
fiscal.
CONCLUSION GENERALE ET
PRINCIPALES IMPLICATIONS
« Dans ce bas monde, rien n'est certain si ce
n'est la mort et les impôts. »,
Benjamin Franklin, cité par Mankiw (2001).
La théorie de l'Etat rentier suggère qu'avec le
temps, les revenus pétroliers diminuent la dépendance envers les
impôts non liés au pétrole. Ils finissent même
éventuellement par remplacer les systèmes fiscaux
préexistants. Ceci libère les gouvernements des Etats producteurs
des exigences des citoyens pour la transparence fiscale et la
responsabilité politique qui viendrait en contrepartie du droit des
gouvernements à taxer la population (Ngodi, 2005). Ce mécanisme
est à la base des résultats liant la richesse en pétrole
et les autocraties (Ross, 2001 et Wantchekou, 2002). Les Nouvelles
théories de la croissance et les crises récurrentes (crise
d'endettement, crise alimentaire, crise financière, réchauffement
climatique, terrorisme...) que vit la planète tendent à justifier
le regain d'intérêt du rôle de la
« Puissance publique » dans
l'activité économique. La théorie économique
attribue désormais une autre mission à l'Etat :
la fonction d'assureur en cas de mauvaise
nouvelle (Semedo, 2001). La fiscalité, instrument
stratégique dont disposent les Pouvoirs Publics pour mener à bien
ses missions était au coeur de ce travail de recherche. L'objectif
principal de la présente étude était de montrer qu'il
était vital pour le Cameroun de mobiliser plus de ressources internes.
Réaliser les OMD à l'horizon 2015 et devenir un pays
émergent à l'horizon 2035 est un grand challenge, pour y parvenir
une plus grande mobilisation des recettes de l'Etat s'avère
primordiale.
L'étude des déterminants de la mobilisation
fiscale au Cameroun conduit à ces principaux résultats.
L'accès facile du Cameroun au financement extérieur freine la
mise en place d'impôts et de relations de responsabilité de la
part de l'Etat camerounais. La structure de notre économie
identifiée ici par les variables (txindus, txagri,
txcom, txpib) expliquent à hauteur de 40,91% la
mobilisation fiscale dans notre pays. La politique monétaire
(txm2) quant à elle a un effet positif, mais non
significatif sur la mobilisation des impôts, ce qui confirme le fait que
l'inflation est maîtrisée dans notre pays. Globalement, les
déterminants macroéconomiques mis en exergue dans le cadre de
cette étude expliquent à hauteur de 49,22% le
prélèvement fiscal au Cameroun, le secteur industriel se
révèle comme le plus prolifique (17,27%), l'agriculture (10,32%)
et le commerce (10,15%) semblent aussi se révéler comme des
secteurs porteurs pour notre pays.
Un financement extérieur néfaste à la
mobilisation fiscale, contraint à devenir de plus en plus rare (crise
d'endettement, crise financière...), une rente pétrolière
qui s'épuise et leurs cours incertains, un secteur agricole
abandonné à lui-même, un secteur industriel où
seules quelques entreprises supportent la charge fiscale, une planète
qui court vers la catastrophe (réchauffement climatique), une
émergence de la criminalité voire du terrorisme, une
administration fiscale incompétente et corrompue, un incivisme fiscal
caractérisé , un niveau de pauvreté toujours
élevé... tels sont quelques tristes constats qui exhortent
à la clairvoyance et au tact des Décideurs politiques de notre
pays.
Afin de pallier à ces dysfonctionnements et renfourner
les caisses de l'Etat, nous recommandons un certain nombre de stratégies
que nous classons en trois catégories aux autorités en charge de
l'administration fiscale.
En premier lieu, les stratégies informelles qui tirent
leur origine de l'idée de la psychologie fiscale. Elles s'appuient
beaucoup plus sur les considérations d'ordre psychologique,
contrairement aux sanctions administratives et pécuniaires. Elles se
traduisent concrètement par la possibilité de porter à la
connaissance du grand public les identités des mauvais contribuables.
Une telle approche est supposée mettre les concernés dans une
situation sociale délicate et les amener peut être à un
changement de comportement dans le sens souhaité.
En second lieu, les stratégies positives qui n'ont
aucun caractère répressif ou contraignant. A travers une
technique de substitution, elles visent essentiellement à amener les
contribuables à comprendre qu'en réalité, c'est toute la
société qui profite des fruits de la mobilisation fiscale. C'est
donc un appel à conscience, dont l'objectif est le changement
« en douceur » des mentalités et des
comportements des contribuables, en leur montrant tous les bienfaits du
paiement des impôts et tous les méfaits pour la
société des actes frauduleux vis-à-vis de l'administration
fiscale. Certes, l'applicabilité de ces mesures n'est pas
forcément adaptée dans des pays comme les nôtres où
la culture du paiement des impôts n'est pas suffisamment
instantanée, où les gens affichent un manque de
spontanéité dans l'acquittement de leurs obligations fiscales.
Néanmoins, on peut penser qu'elles pourront un jour être des voies
exploitables. Les textes seuls ne suffisent pas, un changement de
mentalité conduisant à des changements dans la gestion de la
chose publique et de la gouvernance s'impose. Transparence, Etat
démocratique fort et pouvant réprimer toute collusion entre monde
politique et monde des affaires... Une telle solution s'avère
indispensable car au Cameroun, les conditions de maintien de la fraude fiscale
et d'autres malversations néfastes aux finances publiques sont encore
perceptibles.
Enfin, les stratégies formelles ou dissuasives. Aux
deux méthodes qui précèdent, on peut compléter avec
les méthodes classiques consistant à infliger des sanctions
pécuniaires aux contribuables reconnus coupables de pratiques mafieuses.
Il est important de souligner enfin que la fraude est un problème social
et institutionnel : existence des groupes de pression, collusion entre le
monde politique et celui des affaires..., qu'il conviendrait d'éradiquer
autrement.
Les principales difficultés rencontrées pour la
réalisation de ce travail de recherche sont relatives aux manques de
données. En effet, certaines variables dont les statistiques
n'étaient pas disponibles dans le « World Developpment
Indicators Data base 2008 » ont dû être exclues du
modèle, de même que l'horizon temporel a dû être
réduit à 26 années au lieu de 30 années comme le
suggère la théorie économétrique, les responsables
des finances publiques (DGI, MINFI) ne nous ayant pas donné accès
à leurs statistiques comme nous l'avons suggéré.
Il convient de relever également que ce travail de
recherche, malgré sa pertinence souffre de quelques insuffisances.
L'étude des déterminants macroéconomiques ne nous a permis
d'expliquer la mobilisation fiscale du Cameroun qu'à hauteur de 49,22%.
Ce qui signifie que d'autres variables non intégrées dans notre
modèle économétrique expliquent à hauteur de 50,78%
la mobilisation fiscale dans notre pays. Les travaux à venir permettront
sans aucun doute de mieux affiner le présent travail. Ces travaux vont
davantage se focaliser sur l'impact de la mauvaise qualité des
institutions camerounaises non seulement sur la mobilisation fiscale, mais
également sur les autres indicateurs de performances économiques
et de bien-être social des populations camerounaises.
ANNEXES
Annexe 1
Tableau 2: Récapitulatif des
variables
Variables
|
Libellés
|
Source
|
Relations attendues*
|
txfisc
|
Part des taxes dans le PIB
|
World Bank, 2008 et INS
|
/
|
txagri
|
Part de la valeur ajoutée agricole dans le PIB
|
World Bank, 2008
|
+/-
|
txindus
|
Part de la valeur ajoutée industrielle dans le PIB
|
World Bank, 2008
|
+
|
txcom
|
Part du commerce extérieur dans le PIB
|
World Bank, 2008
|
+
|
txfin
|
Part du financement public provenant de l'extérieur
dans le PIB
|
World Bank, 2008
|
-
|
txm2
|
Part de la monnaie et quasi-monnaie dans le PIB
|
World Bank, 2008
|
+/-
|
txpib
|
Logarithme du PIB par tête
|
World Bank, 2008
|
+
|
Source : Construction de
l'auteur
Note : *La relation
ici mise en exergue n'est pas une relation de signe au sens mathématique
du terme, car le VAR/VECM n'a pas pour objectif fondamental d'étudier
les signes entre les variables d'un modèle, mais plutôt d'examiner
la dynamique de court, moyen et de long terme entre les différentes
variables. Notre variable d'intérêt étant le taux de
pression fiscale, les relations désignent donc ici l'importance de la
contribution de chaque variable dans la mobilisation fiscale.
Annexe2
OBJECTIFS DU MILLENAIRE POUR
LE DEVELOPPEMENT
Objectif 1 : Réduire
l'extrême pauvreté et la faim ;
Objectif 2 : Assurer
l'éducation primaire pour tous ;
Objectif 3 : Promouvoir
l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes ;
Objectif 4: Réduire la
mortalité infantile ;
Objectif 5 : Améliorer la
santé maternelle ;
Objectif 6 : Combattre le
VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies ;
Objectif 7 : Assurer un
environnement durable ;
Objectif 8 : Mettre en place un
partenariat mondial pour le développement.
Annexe3
Statistiques et
économétrie
A3.1. Résultats des Tests de causalité
de Granger
|
|
|
|
|
|
|
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TXAGRI does not Granger Cause TXFISC
|
25
|
0.91680
|
0.41596
|
TXFISC does not Granger Cause TXAGRI
|
6.49525
|
0.00671
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TXINDUS does not Granger Cause TXFISC
|
25
|
2.50666
|
0.10680
|
TXFISC does not Granger Cause TXINDUS
|
4.95336
|
0.01789
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TXCOM does not Granger Cause TXFISC
|
25
|
0.43275
|
0.65466
|
TXFISC does not Granger Cause TXCOM
|
0.37607
|
0.69130
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TXFIN does not Granger Cause TXFISC
|
25
|
0.24045
|
0.78851
|
TXFISC does not Granger Cause TXFIN
|
1.90231
|
0.17526
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TXM2 does not Granger Cause TXFISC
|
25
|
0.68787
|
0.51415
|
TXFISC does not Granger Cause TXM2
|
0.67931
|
0.51828
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Null Hypothesis:
|
Obs
|
F-Statistic
|
Probability
|
|
|
|
|
|
|
|
|
TXPIB does not Granger Cause TXFISC
|
24
|
0.27887
|
0.75968
|
TXFISC does not Granger Cause TXPIB
|
1.96503
|
0.16761
|
|
|
|
|
|
|
|
|
A3.2. Résultats des Tests ADF
|
|
|
|
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|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-6.596382
|
0.0000
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-2.660720
|
|
|
5% level
|
|
-1.955020
|
|
|
10% level
|
|
-1.609070
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D(TXAGRI(-1))
|
-1.273358
|
0.193039
|
-6.596382
|
0.0000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.644382
|
Mean dependent var
|
0.062968
|
Adjusted R-squared
|
0.644382
|
S.D. dependent var
|
3.405278
|
S.E. of regression
|
2.030693
|
Akaike info criterion
|
4.293809
|
Sum squared resid
|
98.96913
|
Schwarz criterion
|
4.342564
|
Log likelihood
|
-52.67261
|
Durbin-Watson stat
|
1.976588
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-4.737326
|
0.0000
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-2.660720
|
|
|
5% level
|
|
-1.955020
|
|
|
10% level
|
|
-1.609070
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D(TXCOM(-1))
|
-0.963432
|
0.203370
|
-4.737326
|
0.0001
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.482362
|
Mean dependent var
|
0.352371
|
Adjusted R-squared
|
0.482362
|
S.D. dependent var
|
8.778282
|
S.E. of regression
|
6.315717
|
Akaike info criterion
|
6.563138
|
Sum squared resid
|
957.3187
|
Schwarz criterion
|
6.611893
|
Log likelihood
|
-81.03922
|
Durbin-Watson stat
|
1.714968
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-3.367461
|
0.0017
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-2.660720
|
|
|
5% level
|
|
-1.955020
|
|
|
10% level
|
|
-1.609070
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D(TXFIN(-1))
|
-0.702747
|
0.208687
|
-3.367461
|
0.0026
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.319548
|
Mean dependent var
|
-0.757936
|
Adjusted R-squared
|
0.319548
|
S.D. dependent var
|
17.47636
|
S.E. of regression
|
14.41616
|
Akaike info criterion
|
8.213755
|
Sum squared resid
|
4987.816
|
Schwarz criterion
|
8.262510
|
Log likelihood
|
-101.6719
|
Durbin-Watson stat
|
1.953469
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-4.446322
|
0.0001
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-2.660720
|
|
|
5% level
|
|
-1.955020
|
|
|
10% level
|
|
-1.609070
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D(TXFISC(-1))
|
-0.899894
|
0.202391
|
-4.446322
|
0.0002
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.450550
|
Mean dependent var
|
0.097839
|
Adjusted R-squared
|
0.450550
|
S.D. dependent var
|
2.202999
|
S.E. of regression
|
1.632971
|
Akaike info criterion
|
3.857857
|
Sum squared resid
|
63.99823
|
Schwarz criterion
|
3.906612
|
Log likelihood
|
-47.22321
|
Durbin-Watson stat
|
1.652030
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-4.988205
|
0.0000
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-2.660720
|
|
|
5% level
|
|
-1.955020
|
|
|
10% level
|
|
-1.609070
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D(TXINDUS(-1))
|
-0.968025
|
0.194063
|
-4.988205
|
0.0000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.508605
|
Mean dependent var
|
-0.099801
|
Adjusted R-squared
|
0.508605
|
S.D. dependent var
|
3.486452
|
S.E. of regression
|
2.443989
|
Akaike info criterion
|
4.664318
|
Sum squared resid
|
143.3540
|
Schwarz criterion
|
4.713073
|
Log likelihood
|
-57.30398
|
Durbin-Watson stat
|
2.071044
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-3.258952
|
0.0022
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-2.660720
|
|
|
5% level
|
|
-1.955020
|
|
|
10% level
|
|
-1.609070
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D(TXM2(-1))
|
-0.612147
|
0.187836
|
-3.258952
|
0.0033
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.306711
|
Mean dependent var
|
0.013352
|
Adjusted R-squared
|
0.306711
|
S.D. dependent var
|
1.421997
|
S.E. of regression
|
1.184011
|
Akaike info criterion
|
3.214871
|
Sum squared resid
|
33.64517
|
Schwarz criterion
|
3.263626
|
Log likelihood
|
-39.18588
|
Durbin-Watson stat
|
1.919912
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Prob .*
|
t-Statistic
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-5.380627
|
0.0000
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-2.664853
|
|
|
5% level
|
|
-1.955681
|
|
|
10% level
|
|
-1.608793
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D(TXPIB(-1))
|
-0.981277
|
0.182372
|
-5.380627
|
0.0000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.553438
|
Mean dependent var
|
0.004269
|
Adjusted R-squared
|
0.553438
|
S.D. dependent var
|
0.046835
|
S.E. of regression
|
0.031298
|
Akaike info criterion
|
-4.049757
|
Sum squared resid
|
0.022530
|
Schwarz criterion
|
-4.000671
|
Log likelihood
|
49.59708
|
Durbin-Watson stat
|
2.015762
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Graphique 5 : Le paradoxe de
l'évolution du taux de pression fiscale du Cameroun à l'horizon
2020
Source : Construction de l'auteur
à partir des données du MINEPAT (DSCE, 2009)
Tableau 3 : Estimation du VAR
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D(TXFISC)
|
D(TXFIN)
|
D(TXCOM)
|
D(TXAGRI)
|
D(TXINDUS)
|
D(TXM2)
|
D(TXPIB)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D(TXFISC(-1))
|
-0.456024
|
0.226309
|
-1.426759
|
-0.515061
|
0.224240
|
0.130651
|
-0.008023
|
|
(0.20890)
|
(3.05640)
|
(0.88119)
|
(0.51070)
|
(0.67344)
|
(0.30848)
|
(0.00720)
|
|
[-2.18293]
|
[ 0.07404]
|
[-1.61912]
|
[-1.00854]
|
[ 0.33298]
|
[ 0.42353]
|
[-1.11382]
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D(TXFIN(-1))
|
-0.028176
|
0.540803
|
-0.102095
|
-0.001272
|
-0.017518
|
-0.015987
|
0.000435
|
|
(0.01465)
|
(0.21429)
|
(0.06178)
|
(0.03581)
|
(0.04722)
|
(0.02163)
|
(0.00051)
|
|
[-1.92367]
|
[ 2.52365]
|
[-1.65248]
|
[-0.03552]
|
[-0.37100]
|
[-0.73916]
|
[ 0.86163]
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D(TXCOM(-1))
|
0.076371
|
-0.871447
|
0.058137
|
-0.094860
|
0.114518
|
-0.062884
|
0.003264
|
|
(0.05589)
|
(0.81766)
|
(0.23574)
|
(0.13663)
|
(0.18016)
|
(0.08253)
|
(0.00193)
|
|
[ 1.36653]
|
[-1.06578]
|
[ 0.24661]
|
[-0.69431]
|
[ 0.63564]
|
[-0.76198]
|
[ 1.69395]
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D(TXAGRI(-1))
|
0.290945
|
1.093234
|
0.750592
|
-0.250933
|
-0.116130
|
0.053725
|
-0.004702
|
|
(0.15112)
|
(2.21091)
|
(0.63743)
|
(0.36943)
|
(0.48715)
|
(0.22315)
|
(0.00521)
|
|
[ 1.92532]
|
[ 0.49447]
|
[ 1.17753]
|
[-0.67925]
|
[-0.23839]
|
[ 0.24076]
|
[-0.90241]
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D(TXINDUS(-1))
|
0.210166
|
3.930728
|
1.377860
|
0.025937
|
-0.299915
|
0.284170
|
-0.001739
|
|
(0.12043)
|
(1.76197)
|
(0.50799)
|
(0.29441)
|
(0.38823)
|
(0.17784)
|
(0.00415)
|
|
[ 1.74512]
|
[ 2.23087]
|
[ 2.71236]
|
[ 0.08810]
|
[-0.77253]
|
[ 1.59793]
|
[-0.41888]
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D(TXM2(-1))
|
0.146213
|
-4.100995
|
0.178539
|
-0.117783
|
-0.316412
|
0.566241
|
-0.001881
|
|
(0.13768)
|
(2.01428)
|
(0.58074)
|
(0.33657)
|
(0.44382)
|
(0.20330)
|
(0.00475)
|
|
[ 1.06201]
|
[-2.03597]
|
[ 0.30744]
|
[-0.34995]
|
[-0.71293]
|
[ 2.78523]
|
[-0.39621]
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D(TXPIB(-1))
|
8.261149
|
-14.16274
|
19.92438
|
15.35824
|
-13.08870
|
-7.438686
|
-0.020281
|
|
(4.81529)
|
(70.4506)
|
(20.3116)
|
(11.7717)
|
(15.5229)
|
(7.11061)
|
(0.16603)
|
|
[ 1.71561]
|
[-0.20103]
|
[ 0.98094]
|
[ 1.30467]
|
[-0.84319]
|
[-1.04614]
|
[-0.12215]
|
|
|
|
|
|
|
|
|
D1
|
2.084646
|
-8.126766
|
5.321979
|
-0.369975
|
1.117409
|
-0.077641
|
0.020123
|
|
(0.53606)
|
(7.84291)
|
(2.26119)
|
(1.31049)
|
(1.72809)
|
(0.79159)
|
(0.01848)
|
|
[ 3.88881]
|
[-1.03619]
|
[ 2.35362]
|
[-0.28232]
|
[ 0.64662]
|
[-0.09808]
|
[ 1.08869]
|
|
|
|
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|
|
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D2
|
-3.618139
|
-1.488235
|
-13.60360
|
-0.669233
|
-2.096360
|
-0.389497
|
-0.047844
|
|
(0.70150)
|
(10.2634)
|
(2.95903)
|
(1.71492)
|
(2.26140)
|
(1.03589)
|
(0.02419)
|
|
[-5.15773]
|
[-0.14500]
|
[-4.59733]
|
[-0.39024]
|
[-0.92702]
|
[-0.37600]
|
[-1.97806]
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.829212
|
0.636259
|
0.800242
|
0.471798
|
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|
0.486333
|
0.516950
|
Adj. R-squared
|
0.738125
|
0.442264
|
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|
0.190091
|
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|
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Sum sq. resids
|
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|
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|
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|
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|
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|
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|
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|
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|
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|
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|
F-statistic
|
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|
3.279772
|
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|
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1.775227
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2.006590
|
Log likelihood
|
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|
-86.87197
|
-57.02270
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-31.83221
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58.34008
|
Akaike AIC
|
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|
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|
5.501891
|
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|
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|
3.402684
|
-4.111673
|
Schwarz SC
|
3.064870
|
8.431101
|
5.943662
|
4.852680
|
5.405909
|
3.844454
|
-3.669903
|
Mean dependent
|
-0.109146
|
-0.965024
|
-0.393096
|
-0.366068
|
0.044993
|
-0.165281
|
-0.001148
|
Graphique 5 : Autocorrélogrammes
résiduels du VAR
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www.nber.org
http//:
www.worldbank.org
TABLE DES MATIERES
DEDICACES
i
REMERCIEMENTS
ii
RESUME
iv
ABSTRACT
v
SOMMAIRE
vi
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES
vii
LISTE DES ANNEXES
viii
ABREVIATIONS ET ACRONYMES
ix
INTRODUCTION GENERALE
1
PARTIE 1: LES DETERMINANTS DE LA MOBILISATION DES
RECETTES FISCALES
9
Introduction à la première partie
10
Chapitre 1: Les déterminants de
la mobilisation fiscale : une revue de la littérature
11
Introduction au chapitre1
11
Section 1 : Les déterminants traditionnels du
prélèvement fiscal
11
1.1. Les déterminants structurels et de politiques
macroéconomiques du prélèvement fiscal
11
1.1.1. Niveau de développement et
prélèvement fiscal
12
1.1.2. Structure du produit et prélèvement fiscal
14
1.2. Politiques macroéconomiques et
prélèvement fiscal
15
1.2.1. Politique budgétaire et prélèvement
fiscal
16
1.2.2. Politiques monétaire, de changes et
prélèvement fiscal
17
Section 2 : Les autres déterminants de la
mobilisation fiscale au Cameroun
18
2.1. Facteurs institutionnels et prélèvement fiscal
18
2.1.1. Corruption, fraude et recettes fiscales
18
2.1.2. Secteur informel, fraude et corruption
21
2.2. Facteurs sociopolitiques, culturels et
prélèvement fiscal
22
2.2.1. Facteurs sociopolitiques et prélèvement
fiscal
22
2.2.2. Facteurs culturels et prélèvement fiscal
24
Conclusion du chapitre1
25
Chapitre 2: Analyse économétrique des
déterminants macroéconomiques de la mobilisation fiscale au
Cameroun
26
Introduction au chapitre2
26
Section 1 : Etude des propriétés statistiques
des variables d'analyse
27
1.1. Procédure des tests ADF et test de racine unitaire
avec prise en compte des ruptures de Clémente et al. (1998)
27
1.1.1. Test ADF
27
1.1.2. Test de racine unitaire avec prise en compte des ruptures
de Clémente et al.
........................................................................................
29
1.2. Analyse des différentes séries de
données
29
1.2.1. Test ADF
29
1.2.2. Recherche des points de rupture
30
Section 2 : Estimation et présentation des
résultats
31
2.1. Estimation et présentation du VAR
32
2.1.1. Présentation des résultats du modèle
32
2.1.2. Adéquation du VAR estimé
32
2.2. Analyse de la décomposition de la variance et
fonctions impulsion-réponses
34
2.2.1. Décomposition de la variance
34
2.2.2. Fonctions impulsion-réponses
36
Conclusion du chapitre 2
39
Conclusion de la première partie
40
PARTIE 2:MOBILISATION DES RECETTES FISCALES: ENJEUX ET
PERSPECTIVES
41
Introduction à la deuxième partie
42
Chapitre 3: Les enjeux de la
mobilisation fiscale
43
Introduction au chapitre3
43
Section 1 : Les raisons de l'impôt
44
1.1. Renforcer le rôle de l'Etat
44
1.1.1. Améliorer l'efficacité économique
44
1.1.2. Améliorer la répartition du revenu
46
1.1.3. Stabiliser l'économie par des politiques
macroéconomiques
47
1.1.4. Conduire la politique économique internationale
48
1.2. Dépenses publiques et croissance
endogène : une autre justification de la mobilisation fiscale
49
Section 2 : L'Etat, gérant des externalités et
fournisseur de biens publics
51
2.1. L'Etat, gérant des externalités
51
2.2. L'Etat, fournisseur de biens publics
53
2.3. La mise en garde de la théorie des choix publics
54
Conclusion du chapitre 3
56
Chapitre 4: Quelles stratégies
pour une mobilisation des recettes fiscales pérennes au
Cameroun ?
57
Introduction au chapitre 4
57
Section 1 : Quelles stratégies de transition
fiscale ?
58
1.1. Stratégies relatives aux recettes assises sur
l'exploitation des ressources pétrolières
58
1.1.1. Le pétrole : une ressource difficile à
gérer
58
1.1.2. Orientation quant au rôle de la contribution des
ressources pétrolières
59
1.1.3. L'hypothèse du revenu permanent pour un pays
pétrolier
60
1.2. Une stratégie résolue de transition fiscale
61
1.2.1. Quelles orientations de politiques fiscales ?
61
1.2.2. Pour une meilleure organisation de l'administration
fiscale
62
1.3. Une gestion orientée vers les performances et
l'éthique
62
1.3.1. Pour un fisc plus moderne
62
1.3.2. La corruption : un fléau à
évincer à tout prix
63
Section 2 : Le civisme fiscal : une impérieuse
nécessité
63
2.1. Quelques exemples des bonnes pratiques en matière de
civisme fiscal
64
2.1.1. Le cas de la France
64
2.1.2. L'exemple ivoirien
66
2.1.3. Le cas du Burkina Faso
67
2.2. Comment développer le civisme fiscal au Cameroun?
67
2.2.1. Sensibiliser les contribuables
68
2.2.2. Faciliter l'impôt et renforcer le contrôle
fiscal
70
2.3. Qui sont les acteurs et les moyens pour
développer le civisme fiscal?
71
2.3.1. Les acteurs
71
2.3.2. Les moyens
72
Conclusion du chapitre 4
73
Conclusion de la deuxième partie
74
CONCLUSION GENERALE ET PRINCIPALES
IMPLICATIONS
75
ANNEXES
79
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
91
TABLE DES MATIERES
103
* 1 Il convient de souligner que
le Cameroun est l'un des premiers pays ACP (Afrique du Caraïbe et du
Pacifique) à ratifier ces accords avec l'UE (Union Européenne)
à travers ce que l'on a désigné par «accords
d'étape » en 2008
* 2 Il faut même remarquer
que le DSCE publié en 2009 prévoit un taux de pression fiscale
qui oscille autour de 11,5% entre 2008 et 2020.
* 3 Le concept
d'effort fiscal permet d'apprécier dans quelle
mesure les pays exploitent leur potentiel des recettes publiques. A cette fin,
on distingue la part des ressources publiques déterminée par des
facteurs structurels de la part des ressources publiques
déterminées par la politique économique et l'action de
l'Etat en général (Brun et al.). Le potentiel
fiscal quant à lui est déterminé uniquement
par les caractéristiques structurelles de l'économie.
* 4 Dans la mesure où
les impôts collectés par le gouvernement doivent servir à
financer ses actions, un tel argument implique que les politiques du
gouvernement ou mieux leurs effets soient assez visibles aux yeux de la
population de façon à les inciter à honorer leurs
obligations fiscales. Aux actions du gouvernement doivent être
attachés et des résultats probants : compétence des
fonctionnaires, efficacité des dépenses publiques se traduisant
en termes concrets par la fourniture des biens sociaux (éducation,
santé, mise en place des infrastructures routières et de
télécommunication, etc.), mise en place d'institution de
meilleure qualité, conduite efficace des autres politiques
économiques et sociaux (redistribution, sécurité sociale,
pauvreté, etc.),etc.
* 5 D'autres facteurs
affectent le civisme fiscal des contribuables. Il s'agit notamment de la morale
fiscale (Asher, 2001 ; Alm et Torgler, 2004 ; Alm,
Sanchez et De Juan, 1995 ; Friedman, 2003) fondée sur les valeurs
culturelles ou sociales des pays.
* 6 Cela sera contradictoire
au « principe de viabilité administrative de
l'impôt » qui stipule que tout impôt doit
avoir un rendement c'est-à-dire comparaison faite entre les recettes
engendrées par l'impôt et les coûts administratifs de sa
mise en oeuvre (Semedo, 2001).
* 7 La part de la valeur
ajoutée agricole dans le PIB et le degré de monétarisation
de l'économie sont également des indicateurs de
développement économique (Stotsky et Wolde Mariam, 1997) et les
trois variables et les trois variables sont en général
corrélées. Leur inclusion de manière simultanée
avec le PIB par habitant permet de saisir les effets de structure pour un
niveau de PIB par habitant donné.
* 8 Alors que l'option prise
par les gouvernements de la zone CEMAC semble celle d'un modèle
keynésien, la seule stratégie macroéconomique efficace en
zone CEMAC est une baisse des dépenses publiques, qui permettrait une
baisse de la fiscalité et une hausse tant de l'offre que de la demande,
même si elle présente le risque de rendre les politiques
budgétaires pro cycliques, Ondo Ossa (2005)
* 9 Par exemple, les patentes
recouvertes sur les petites activités offrent l'occasion de
détournements importants relativement au montant de l'impôt tandis
que la TVA n'offre pas des possibilités identiques en raison du faible
nombre de collecteurs et de procédures de contrôle. De même,
la corruption est favorisée par des procédures impliquant des
contacts fréquents entre les agents des administrations
financières et les contribuables alors qu'au contraire des
procédures informatisées de télétransmission avec
virements offrent plus de garanties.
* 10 Le terme
« secteur informel » est apparu en 1972 dans le cadre d'une
analyse BIT sur l'emploi au Kenya.
* 11 La norme de lissage
fiscal voudrait que l'Etat épargne en période de croissance pour
être en mesure de soutenir la demande en période récession.
C'est donc l'application du principe d'équivalence néoclassique
en tenant compte des diverses configurations conjoncturelles ;
l'équilibre budgétaire est conçu sur le plan inter
temporel.
* 12 La récente, voir
l'actuelle crise économique que vient ou que vit la planète
née aux USA, et le rôle joué en premier lieu par les
autorités américaines, ensuite par l'ensemble des principaux
hommes d'Etat du monde corrobore cette mission des pouvoirs publics.
* 13 Nous pouvons citer
à titre d'exemple l'assistance apportée par le Cameroun à
Haïti ou à la République Centrafricaine au courant de
l'année 2010 ou au peuple haïtien.
* 14 Il s'agit du
président Ahmadou Ahidjo : premier président du Cameroun
(1960-1982).
* 15 Enregistrement
diffusé dans l'émission archives d'Afrique du 1er
décembre 2006. Radio France Internationale, paris, France.
* 16 En raison d'un
contrôle déficient, la zone franche est aussi à l'origine
des pertes de recettes importantes.
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