CHAPITRE 0 : INTRODUCTION
0.1. CONTEXTE GENERAL
La gestion de déchets solides constitue un
véritable défi dans le monde.
Longtemps la gestion des déchets a été
une affaire de proximité, la localisation même de certaines
décharges donnant lieu à des querelles picrocholines entre
municipalités. La mise en place de politiques nationales est un
phénomène plus récent, où chaque pays a mis son
génie et ses complexités propres. Plus récemment, on a
pris conscience qu'il s'agissait là d'une problématique mondiale.
Au-delà de la partie la plus médiatique de la circulation des
déchets dangereux et des déplacements de tous les
«Clemenceau» de la planète, il y a des flux, de plus en plus
importants, de ferrailles, de fibres de récupération et de
plastiques récupérés dont les «mines» sont les
vieux pays développés exportateurs vers les pays
émergents.
Longtemps les hommes ont eu le sens de la rareté, de la
limite de leurs ressources par rapport à l'ampleur de leurs besoins.
Tout ce qui était disponible devait être utilisé, rien - ou
presque - n'était jeté. Du fait de techniques limitées,
les prélèvements sur la nature restaient modestes et le recyclage
de toute forme de déchets était une nécessité.
La révolution industrielle, qui commence à la
fin du XVIIIe siècle a fait rentrer l'humanité dans une autre
logique, celle de l'exploitation : du comportement prédateur, de
l'utilisation sans limites apparentes de ressources renouvelables ou non.
L'évolution des techniques a permis d'aller toujours plus loin, plus
vite, plus profond. Il suffisait de découvrir et d'exploiter. Peu
à peu, de ressources à mettre en valeur, les déchets -
dont le volume augmentait avec l'urbanisation - sont devenus des nuisances
qu'il fallait collecter de manière discrète (comme en
témoigne l'invention de la poubelle à Paris, en 1884, par le
préfet du même nom), cacher ou enterrer, détruire en tout
cas.
5
composent des ordures ménagères, des
déchets provenant des activités de commerce et des
marchés, des bureaux administratifs, des institutions publiques. Les
ordures ménagères et les déchets du commerce
représentent 50 à 75 % de la masse totale de ces refus. Ce taux
peut être beaucoup plus important dans les PED grâce à
l'apport notamment de la fraction organique (Sidi Ould ALOUEIMINE , avril
2006)
Depuis le sommet du Millénaire pour le
développement tenu en l'an 2000, au cours duquel 189 chefs d'État
ont pris l'engagement de réaliser les huit Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD), le monde a eu une
occasion sans précédent d'améliorer les conditions de vie
de milliards d'individus dans les zones rurales et urbaines. Le septième
objectif est particulièrement pertinent dans la brochure. La cible 9 de
cet objectif consiste à réduire de moitié, d'ici
à 2015, la proportion de la population ayant accès à
un meilleur système d'assainissement.
En République Démocratique du Congo en
particulier et dans bon nombre de pays en développement en
général, cet objectif, comme bon nombres d'autres d'ailleurs, est
loin d'être réalisé à cause des
responsabilités partagées entre les dirigeants politiques, les
partenaires au développement et les infrastructures mal adaptées
aux situations locales.
On a estimé en 2004 que le monde a collecté 1,2
milliard de tonnes de déchets municipaux. Ce chiffre global est le
résultat de la collecte et du traitement de données statistiques
émanant, pour la plupart, des pays développés. Pour le
reste du monde, il est fondé sur des échantillons de pays ou de
zones urbaines et sur des extrapolations réalisées sur la base
d'indicateurs comme le PIB par habitant, le taux d'urbanisation ou le ratio de
consommation de papier et dérivés par habitant (VEOLIA PROPRETE,
2006)
En République Démocratique du Congo,
d'après le rapport du PNUD de 2004, 30% de la Population ont un
utilisé des systèmes d'assainissement améliorés
(PNUD, 2004) et en 2009, il a estimé que la gestion des déchets
solides est un problème majeur à Sri Lanka, où les
municipalités et les administrations locales sont mal
équipées, face à
Ces différents facteurs qui influencent la structure et
la dynamique des marchés des déchets ont chacun un poids variable
suivant les pays et vont se combiner différemment
6
l'urbanisation et à la commercialisation croissantes,
pour répondre à la demande de services efficaces de mise au rebut
sanitaire des déchets solides.
Ces déchets sont souvent déchargés dans
des zones ouvertes, des marécages et le long des berges de cours d'eau.
Les services de ramassage sont irréguliers et lents et les
amoncellements d'ordures en bordure des routes présentent des dangers
pour la santé de la population et de l'environnement (PNUD, 2009).
Dans un document intitulée « Mission à
moyen terme de la FAQ : les grands enjeux pour la République
Démocratique du Congo en matière de production alimentaire»,
la FAQ reprend quelques indicateurs de développement humain en RDC tels
que présentés par le PNUD. Il ressort de ce document que le taux
d'évacuation des déchets ménagers est de 42,2% (FAQ,
2004).
En 1991, le Comité National d'Action de l'Eau et de
l'Assainissement a estimé à 35% la population de Kinshasa
desservie par l'un des systèmes utilisés pour la collecte des
déchets solides (Comité National d'Action de l'Eau et de
l'Assainissement, Paris France, 1990).
Ainsi donc, plusieurs facteurs pèsent sur les
marchés des déchets et influencent leur évolution, dans sa
structure et dans sa dynamique. Ce sont :
- des facteurs économiques : croissance
économique, enrichissement de la population et niveau de vie, structure
industrielle, marchés des matières secondaires,
- des facteurs sociaux : croissance et structure des populations
et des ménages,
- des facteurs culturels et historiques : modes de
consommation, sensibilité à l'environnement, comportement
civique,
- des facteurs géographiques : surface du pays et
disponibilité foncière, géologie, relief, densité
de population, urbanisation,
- des facteurs réglementaires, législatifs et
politiques : cadre réglementaire et fiscal, etc.
7
d'un pays à l'autre. Chaque pays a ainsi
développé sa propre « histoire » ou « philosophie
» des déchets (VEOLIA PROPRETE, 2006).
La gestion des déchets ne constitue pas une
particularité pour la ville de Kinshasa. Elle constitue un
véritable problème compte tenu des données urbanistiques,
démographiques et de gouvernance de la ville : une ville de contrastes
importants, avec des secteurs résidentiels et commerciaux chics, des
universités, et des taudis informes coexistant côte à
côte, une population galopante aux allures effrayantes et la
manière dont le pouvoir s'exerce dans la gestion des ressources
économiques et sociales d'un pays en vue de son développement
particulièrement les problèmes liés aux déchets
urbains et à l'insuffisance de l'infrastructure et des services
sociaux.
Les déchets des marchés sont produits dans les
activités économiques, magasins. Ils comprennent du papier, des
matériaux d'emballage, des invendus et objets abîmés, des
matières organiques et inorganiques, qui pourraient parfois être
dangereuses et contenir des produits chimiques (Siddhi-Enda, Octobre 1998).
Parmi les différentes sources des déchets
à Kinshasa, les marchés occupent, avec les ménages, le
premier plan.
Ces déchets, dans un plan de gestion adéquat,
posent d'énormes problèmes sanitaires et environnementaux dont on
peut citer :
1. Pollutions et qualité des milieux : cette dimension
intègre les impacts sur la qualité de l'air, notamment
l'émission de polluants ainsi que sur la qualité de l'eau et des
sols ;
2. Risques sanitaires : une gestion déficiente des
déchets est susceptible de présenter des risques sanitaires
dont les maladies endémiques dont le paludisme, la diarrhée, la
fièvre typhoïde, les infections respiratoires aigües et la
prolifération de certains vecteurs, insectes et animaux; hôtes
intermédiaires pour certaines microorganismes.
3. Nuisances : les nuisances visuelles, olfactiques, les
envols de déchets constituent souvent une préoccupation
associée aux déchets.
8
4. Dégradation des infrastructures et
équipements urbains (ravinement, bouchage des caniveaux avec inondations
et débordements du cours d'eau à proximité, les pertes en
vies humaines et l'écroulement des maisons,...)
C'est pour limiter ces effets et améliorer le cadre de
vie des vendeurs que le Fonds Social de la République
Démocratique du Congo, Agence d'Exécution du programme du
Gouvernement de la République Démocratique du Congo, dans
l'exécution de son programme de développement intitulé
Programme d'Actions Sociales d'Urgence (PASU en sigle), et
dans le concept d'un développement durable, la prise en compte correcte
et équilibrée des enjeux environnementaux et sociaux en vue
d'assurer un bien-être aux populations constitue son cheval de bataille.
C'est pourquoi, dans le cadre de la Réhabilitation et de la
Modernisation du Marché Municipal de la Commune de Matete, et plus
précisément dans la Ville Province de Kinshasa, le FSRDC veut
doter ce marché d'un système efficace de gestion des
déchets solides en vue de pérenniser l'ouvrage et de
protéger l'environnement et les vies humaines contre toute sorte des
maladies qui pourraient résulter de la mauvaise gestion de ces
déchets.
|