ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Romain Javaux
Promotion 96
Stage effectué à Quininde, Equateur
Du 01/06/09 au 01/12/09
Au sein du SIPAE
Maître de stage : Dr. CEPEDA Dario
ISTOM
|
École d'Ingénieur en
Agro-Développement International
|
32, Boulevard du Port F 95094- Cergy-Pontoise Cedex
|
Tél : 01 30 75 62 60 Télécopie
MÉMOIRE : 01 30 DE 75 62 FIN
61 D'
ÉTUDEistom@istom.net
|
|
|
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES
Situation actuelle et perspectives d'avenir des exploitations familiales
face à un développement rapide de
l'agro-business.
Diagnostic agraire, canton de Quininde
|
|
(JAVAUX, 2009, canton de Quininde)
SOUTENU EN JUILLET 2010
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
ISTOM
École d'Ingénieur en
Agro-Développement International
32, Boulevard du Port F 95094- Cergy-Pontoise Cedex
Tél : 01 30 75 62 60 Télécopie : 01 30 75 62
61 istom@istom.net
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES
Situation actuelle et perspectives d'avenir
des exploitations familiales face à un développement rapide
de l'agro-business.
Diagnostic agraire, canton de Quininde
SOUTENU EN JUILLET 2010
Romain Javaux
Promotion 96
Stage effectué à Quininde, Equateur
Du 01/06/09 au 01/12/09
Au sein du SIPAE
2
Maître de stage : Dr. CEPEDA Dario
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
3
Résumé
Ce diagnostic agraire du canton de Quininde, zone de la
côte équatorienne marquée par une implantation massive du
palmier africain, a été mis en place par l'ONG AVSF afin de
montrer l'intérêt de l'Etat à appuyer les agricultures
paysannes face à cette montée de l'agro-business. En effet,
l'Etat a toujours favorisé les économies de marché au
désavantage des économies familiales. Cette dynamique augmente
les inégalités d'accès à la terre et aux ressources
naturelles, mettant une majorité d'exploitations paysannes dans des
situations précaires et vulnérables en termes de
durabilité de leurs systèmes.
Cette étude permet de comprendre le contexte
socio-économique et environnemental dans lequel ces populations ont
évoluées, et d'exposer les enjeux actuels de leur
réalité. Une analyse technico-économique des
systèmes de production démontre l'importance de pérenniser
ces systèmes traditionnels pour un développement durable et
globale. Face à une paupérisation croissante des campagnes,
à une perte de biodiversité et de sécurité
alimentaire à l'échelle nationale, cette étude expose les
points essentiels que l'Etat doit prendre en considération dans la mise
en place de sa nouvelle constitution.
Mots clefs : Agro-business, concentration
foncière, Etat, exploitation paysanne, pauvreté, titre de
propriété, souveraineté alimentaire, système de
production
Summary
This agrarian diagnosis of Quininde Township (located on the
Ecuadorian Coast known for its massive African palm area) was established by
the NGO AVSF (Agronomists and Veterinarians without Borders) in order to
demonstrate the value of the State support towards small farmers facing the
rise of agribusiness. Indeed, the state has always favoured free market
economics in opposition to family economic development. This dynamic increases
inequalities to land and natural resources' access, putting a majority of
family farms in precarious and vulnerable situations regarding the
sustainability of their systems.
This study helps to understand the socio-economic and
environmental context in which these populations have evolved, and describe the
current issues of their reality. A techno-economic analysis of production
systems demonstrates the importance of sustaining these traditional systems to
promote sustainable and global development. Facing the increase of poverty in
campaigns, the biodiversity loss and the national food security jeopardy, this
survey highlights some of the key issues that the Ecuadorian government should
highly consider in setting up the new constitution.
Keywords: Agribusiness, family farms, farming
production system, food sovereignty, government, land concentration, poverty,
title deed.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
Resumen
Este diagnóstico agrario del municipio de Quininde
(área de la Costa ecuatoriana marcada por un establecimiento masivo de
palma africana) fue creado por la ONG AVSF (Agrónomos y Veterinarios sin
Fronteras) a fin de demostrar la necesidad del apoyo del Estado a favor de los
pequeños agricultores, frente a la subida de la agroindustria. De hecho,
el Estado siempre ha favorecido las economías de libre mercado, en
detrimento del ahorro familiar. Esta dinámica aumenta las desigualdades
en lo que concierne el acceso a tierras y recursos naturales, lo que pone
numerosas explotaciones agrícolas familiares en situación
vulnerable de precariedad que no los permite sostenir sus sistemas.
Este estudio ayuda a entender el contexto
socio-económico y ambiental en él que estas poblaciones han
evolucionado, y describir los problemas actuales de su realidad. Un
análisis técnico-económico de los sistemas de
producción demuestra la importancia de mantener estos sistemas
tradicionales para promover el desarrollo sostenible y global. Frente al
aumento de la pobreza campesina, a las pérdidas de la biodiversidad y de
la seguridad alimentaria a nivel nacional, este trabajo analiza los puntos
claves que el Estado debe tener en cuenta en la creación de la nueva
Constitución.
Palabras claves: agroindustria, concentración de
las tierras, Estado, explotación campesina, pobreza, sistema de
producción, soberanía alimentaria, títulos de
propiedad.
4
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
5
Table des matières
RESUME 3
TABLE DES MATIERES 5
TABLE DES ILLUSTRATIONS 7
ACRONYMES 9
REMERCIEMENTS 10
INTRODUCTION 11
1. CONTEXTE GENERAL DE L'ETUDE 12
1.1. CONTEXTE EQUATORIEN 12
1.1.1. SITUATION GEOGRAPHIQUE DU PAYS 12
1.1.2. UNE SITUATION MACRO ECONOMIQUE DIFFICILE 13
1.1.3. UN SECTEUR AGRICOLE DIVERSIFIE 15
1.2. DEMANDE INITIALE DE L'ETUDE 16
1.2.1. PROJET PROCACAO EN EQUATEUR 16
1.2.2. OBJECTIFS DE L'ETUDE 17
1.2.3. JUSTIFICATION DU DIAGNOSTIC AGRAIRE 17
1.2.4. METHODOLOGIE 19
1.3. PRESENTATION DU CANTON QUININDE 22
1.3.1. DESCRIPTION DU CANTON 22
1.3.2. POTENTIALITES DU MILIEU NATUREL 23
1.3.3. PAYSAGE AGRAIRE 25
2. HISTOIRE AGRAIRE DU CANTON DE QUININDE
28
2.1. LA PREMIERE IMMIGRATION MASSIVE DU CANTON QUININDE (1800
- 1914) 28
2.1.1. LA COLONISATION SPONTANEE ET SES PREMIERS RESEAUX DE
COMMUNICATION 28
2.1.2. LES PREMIERS MODES DE PRODUCTION 29
2.1.3. DEBUT DU CREDIT INFORMEL 30
2.2. CRISE MONDIALE ET NAISSANCE DU MODELE AGRO-EXPORTATEUR
(1914 - 1965) 30
2.2.1. CRISE DU CACAO DANS UN CONTEXTE DE CRISE MONDIALE 30
2.2.2. LE BOOM DE LA BANANE ET SES IMPACTS 32
2.2.3. L'APPUI DE L'ETAT POUR DYNAMISER LA ZONE 33
2.3. LA CRISE DE LA BANANE (1965 - 1982) 35
2.3.1. SES FACTEURS ET SON IMPACT DANS LA ZONE 35
2.3.2. LA STRATEGIE DE RELANCE DE L'ETAT 36
6
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
2.3.3. CREATION DE LA BANQUE DE CREDIT NATIONALE 36
2.4. TRANSFORMATIONS RECENTES DES SYSTEMES DE CULTURE (1982 -
1995) 37
2.4.1. LA PALME AFRICAINE 37
2.4.2. LES PRODUCTIONS DES ECONOMIES PAYSANNES 38
2.4.3. STRUCTURE FONCIERE DU CANTON 40
2.5. LES DERNIERES ANNEES (1995 - 2010) 41
2.5.1. EVOLUTION ACTUELLE DU CANTON 41
2.5.2. L'ENVIRONNEMEMENT COMMERCIAL DES EXPLOITATIONS 43
2.5.3. APPARITION DES ORGANISATIONS DE PRODUCTEURS 47
2.5.4. UNE DIVERSIFICATION DES FORMES DE CREDIT 49
2.5.5. L'ACCES AU FONCIER DANS LE CANTON DE QUININDE 56
3. SYSTEME DE CULTURE ET D'ELEVAGE, DE PRODUCTION ET
LEURS EVOLUTIONS 64
3.1. SYSTEME DE CULTURE ET D'ELEVAGE 64
3.1.1. SYSTEME AGROFORESTIER 64
3.1.2. FRUIT DE LA PASSION : UN SYSTEME ALTERNATIF 69
3.1.3. LA PALME AFRICAINE 70
3.1.4. SYSTEMES D'ELEVAGE 73
3.2. ANALYSE DES PERFORMANCES ECONOMIQUES DES SYSTEMES 76
3.2.1. EFFICIENCE DES SYSTEMES DE CULTURE ET D'ELEVAGE 76
3.2.2. TYPOLOGIE DE PRODUCTEURS 78
3.2.3. RICHESSE PRODUITE AU SEIN DES SYSTEMES DE PRODUCTION
81
3.2.4. EFFICIENCE DES SYSTEMES DE PRODUCTION 83
3.2.5. COMPOSITION DU REVENU 84
3.3. EVOLUTIONS POSSIBLES POUR LES EXPLOITATIONS FAMILIALES
90
3.3.1. RAPPEL DES POINTS FAIBLES DES ECONOMIES PAYSANNES
90
3.3.2. DES ALTERNATIVES ACTUELLES S'OFFRANT AUX ECONOMIES
PAYSANNES 91
3.3.3. LES POINTS IMPORTANTS DE LA NOUVELLE CONSTITUTION
92
CONCLUSION 100
BIBLIOGRAPHIE 102
TABLE DES ANNEXES 106
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
Table des illustrations
FIGURES
Figure 1:Descriptions du canton de Quininde (étude
SIPAE, 2009) 22
Figure 2: Caractéristiques générales du
canton de Quininde (Sigagro, 2009) 23
Figure 3: Caractéristiques générales des
sols (Sigagro, 2009) 24
Figure 4: Coupe transversale du paysage agraire de Quininde
(étude SIPAE, 2009) 27
Figure 5: Paysage Agraire du canton de Quininde
(étude SIPAE, 2009) 27
Figure 6: Colonisation spontanée du canton de Quininde
(étude SIPAE, 2009) 28
Figure 7: Avancée des exploitations bananières
en 1954 en Equateur (Collin D, 1981) 32
Figure 8: Plans de colonisation et accès à la
terre durant les années soixante (étude SIPAE, 2009)
33
Figure 9: Recul des exploitations bananières en 1969
dans le nord de l'Equateur (Collin D, 1981) 35
Figure 10: Commercialisation du cacao et du fruit de la
passion (étude SIPAE, 2009) 44
Figure 11: Commercialisation des produits vivriers dans le
canton de Quininde (étude SIPAE, 2009) 45 Figure 12:
Commercialisation de la palme africaine dans le canton de Quininde
(étude SIPAE, 2009) 45
Figure 13: Commercialisation de l'élevage dans le
canton de Quininde (étude SIPAE, 2009) 46
Figure 14: Les évolutions des types de producteurs
(étude SIPAE, 2009) 63
Figure 15: Evolution dans le temps de la situation du canton
de Quininde (étude SIPAE, 2009) 89
Figure 16: Relation de la nouvelle constitution avec les lois
de la terre (Alerte Agraire, SIPAE, 2009) 93
TABLEAUX
Tableau 1: Les grands chiffres économiques de
l'Equateur (MAE, 2008) 14
Tableau 2: Organisations de producteurs dans le canton de
Quininde (étude SIPAE, 2009) 47
Tableau 3: Comparaison des nettoyages manuel et chimique pour
un hectare (étude SIPAE, 2009) 66
Tableau 4: Calendrier cultural des système
agroforestiers (étude SIPAE, 2009) 66
Tableau 5: Modèle de production d'aviculture
(Cordelier, 2003). 75
Tableau 6:Richesse et travail généré par
les systèmes de culture et d'élevage (étude SIPAE,
2009) 77
Tableau 7: Typologie des producteurs (étude SIPAE,
2009) 78
Tableau 8: Pourcentage de la SAU pour chaque type de
producteur rencontré (étude SIPAE, 2009) 79
Tableau 9: Répartition de la main d'oeuvre par
typologie de producteur (étude SIPAE, 2009) 80
Tableau 10: Cumul des VAB selon les différents types
d'exploitations (étude SIPAE, 2009) 81
Tableau 11: Efficience des systèmes de production
(étude SIPAE, 2009) 83
Tableau 12: Composition du revenu total (étude
SIPAE, 2009) 85
7
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
GRAPHIQUES
Graphique 1: Diagramme ombrothermique du canton de Quininde
(IRD, 2008) 24
Graphique 2: Evolution de la production de cacao au
20ème siècle en Equateur (MAGAP, 2001) 39
Graphique 3: Répartition du prix de vente du cacao au
sein des acteurs de sa filière (MAGAP, 2001)43
Graphique 4: Evolution des institutions de crédits
à Quininde depuis 2003 (étude SIPAE, 2009) 49
Graphique 5: Répartition des crédits selon les
institutions (MAGAP, 2005) 50
Graphique 6: Accès au crédit par type de
producteurs dans le canton de Quininde (MAGAP, 2005) 50
Graphique 7: Répartition du crédit de la BNF
dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009) 52
Graphique 8: Comparaison de la ligne de microcrédit de
la BNF à Quininde (étude SIPAE, 2009) 53
Graphique 9: Comparaison des producteurs accédant au
crédit 5/5/5 (étude SIPAE, 2009) 54
Graphique 10: Comparaison entre la BNF et les banques
Privées à Quininde (étude SIPAE, 2009) 55
Graphique 11: Distribution de la terre dans le canton de
Quininde (Municipalité Quininde, 2009) 59
Graphique 12: Les terres légalisées dans le
canton de Quininde (étude SIPAE, 2009) 61
Graphique 13: Comparaison du PB total entre SP1 et SP2.
(étude SIPAE, 2009) 68
Graphique 14: Répartition des activités
agricoles de la culture de Palme (étude SIPAE 2009) 72
Graphique 15: Comparaison des VAB des principaux
systèmes de culture (étude SIPAE, 2009) 76
PHOTOS
Photo 1: Zone avale du canton 25
Photo 2: Zone amont du canton 26
CARTE
Carte 1: L'équateur (InterCarto, 2009) 12
8
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
9
Acronymes
% : pourcentage
$ : dollar
°C : degré Celsius
ANCUPA : Association nationale des producteurs de palmier
à huile de l'Equateur
AVSF : Agronome Vétérinaire
Sans Frontières
BNF : Banque Nationale de Développement
CIRAD : Centre de Coopération International en
Recherche Agronomique Développement
CIPAL : Centre de recherche sur le Palmier à Huile
COCPE : Corporation des organisations paysannes de la province
d'Esmeraldas
DINAC : Direction Générale des Statistiques et
des Cadastres
DRI : Développement régional Intégral
FAO : Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture
FMI : fonds Monétaire International
FMLGT : Fondation Maria Luis Gomez de la Torre
FUNPAD : Fondation de Promotion et d'Action pour le
Développement
GTZ : Deutsche Gesellschaft für Technische
Zusammenarbeit
ha : hectare
IDH : Indice de Développement Humain
IERAC : Institut Equatorien de Reforme Agraire et de
Colonisation
INDA : Institut National de Développement Agraire
INEC : Institut National des Statistiques et Recensements
INIAP : Institut national autonome de recherche agricole
IOA : revenu hors exploitation
IRD : Institut de Recherche et Développement
ISTOM : Ecole d'ingénieur en agro-développement
international
J : journée de travail
km2 : kilomètre carré
m : mètre
MAE : Ministère des Affaires Etrangères
MAGAP : Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage
Equatorien
MCCH : Fondation Maquita Cushunchic: commercialiser entre
frères
ONG : Organisme Non Gouvernementale
PIB : Produit intérieur brute
RAN : Revenu Agricole Nette
SAU : Surface Agricole Utile
SIGAGRO : Centre de recherche géographique et
agricole
SIPAE : Système de Recherche sur la
Problématique Agraire en Equateur
T : température
t : tonne
UNOCYPP : Union des organisations de la province de
Pichincha
UOCAQ : Union des organisations paysannes du canton de
Quininde
UONCRE : Union des organisations noires et paysannes des rives
du fleuve Esmeraldas
UP : Unité de Production
UPA : Unité de Production Agricole
USD : dollar
VAB : Valeur Ajoutée Brute
VAN : Valeur Ajoutée Nette
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
10
Remerciements
Avant tout, je souhaite remercier Dario Cepeda, maître
de stage, sans qui je n'aurais jamais pu vivre ces expériences
inoubliables. Merci à Loraine Derville nous l'ayant
présenté.
Un grand merci à toute l'équipe du SIPAE et AVSF
(Alex Zapatta, Francisco Hidalgo, Christophe Chauveau, Yoli et les autres) qui
m'ont, autant d'un point de vue professionnel qu'amical, accompagné et
soutenu tout au long de ces six mois de stage, tout particulièrement
à Yisena Tiaguaro et Andrea Ojela. Merci à Marc Oswald qui m'a
beaucoup aidé durant cet exercice.
Merci à tous les producteurs et à toutes les
personnes qui ont bien voulu prendre de leur temps pour répondre
à nos questions. Merci, pour leur patience, leur gentillesse et leur
humilité.
Un grand merci à la famille Cuallar durant nos mois
passés chez elle, à Quininde, pour son accueil, sa
gentillesse.
Je tiens tout particulièrement remercier la famille
Mosquera qui nous a hébergé tous ces jours passés à
Quito (Carlos, Mario, Yoli, Juan, Teresa, et les deux Moni) avec qui j'ai
beaucoup appris et noué des liens hasta siempre ! Merci à Erika
et à tous mes amis d'Equateur ! Un clin d'oeil à Marie, qui est
partie rejoindre les étoiles.
Un abrazo grande à David, el ECO-Punk, espérant
que son école d'agro-écologie sera un exemple pour son pays tan
chevere !
A tous mes amis de Cergy : Yohann, Jeb, Robin, Alice, Sylvain,
Henry, Véro, Océane (la ptite carotte), Augustin, Pilloud,
Gaspar, Coco, Maxime, Erwan, Martin, Dudu, Bubu, Didi, Lolo, Tawi, Baligh,
Claire, à ma tite Ségoo, et à tous ceux que j'oublie...
Un grand merci à Pierro pour ce petit bout de vie
ensemble, de vadrouilles au pays des Andes.
Merci à ma famille et tout particulièrement
à mes parents et mon frère, qui m'ont donné cette chance
de faire cette école, qui m'ont soutenu et aidé durant ces cinq
années.
Un grand merci à tous !!
.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
11
Introduction
L'Equateur, par sa stratégie étatique
d'import-substitution depuis les années soixante, s'est
désengagé du monde rural, laissant la responsabilité aux
grandes firmes d'agro-business de développer ces zones isolées.
Bien que leurs implantations ont amené une prospérité
économique pour l'Etat, elles ont entraîné de profonds
changements sociaux et environnementaux impactant fortement les populations
rurales. En effet, les exploitations familiales ont été fortement
impactées. De part un désintérêt de l'Etat face
à ces paysans, ils ont du mettre en place des stratégies de
développement face à l'évolution massive de ces grandes
exploitations agro-exportatrices.
L'étude présentée dans ce mémoire
concerne le canton de Quininde, localisé sur la côte
équatorienne au sein de la province d'Esmeraldas. Ce canton est en
pleine expansion de la palme africaine depuis ces vingt dernières
années ; c'est le premier producteur national d'huile de palme. Suite
à la demande de AVSF1, cet exercice s'est
réalisé par le SIPAE2. Les objectifs de cette
étude ont été de comprendre le contexte
socio-économique et environnemental dans lequel les exploitations
familiales sont actuellement implantées ; d'analyser l'ensemble de tous
les acteurs participant à leur situation actuelle ; de faire
apparaître les atouts et les contraintes de leurs stratégies de
développement ; puis de comprendre les évolutions en termes de
coût d'opportunité de ces économies familiales face
à ce développement rapide de l'agro-business dans cette zone.
La finalité de cette étude est de montrer les
avantages à maintenir et à valoriser les économies
paysannes au niveau national, allant au contraire de la promotion en faveur de
l'agro-business qu'a fait l'Etat jusqu'à aujourd'hui. Les propositions
faites par cette étude (et par d'autres) vont être
présentées au Ministère de l'Agriculture Equatorien afin
de participer à la législation agraire du pays, principalement
via la nouvelle loi de souveraineté alimentaire qui se met en place
depuis la nouvelle constitution de 2008.
Cette étude s'est réalisée comme un
diagnostic agraire traditionnel. Donc, présenter successivement les
caractéristiques du milieu naturel du canton pour montrer dans quel
contexte ces exploitations familiales évoluent ; retracer l'histoire
agraire du canton jusqu'à aujourd'hui, afin de comprendre la situation
actuelle de ces paysans ; réaliser une analyse
technico-économique pour comprendre les stratégies paysannes
mises en oeuvre pour se développer ; enfin, nous mettrons en relation
nos conclusions avec la nouvelle constitution et insisterons sur quelques
points législatifs importants pour une pérennité et une
efficience des systèmes d'agriculture familiale.
Tout au long de ce mémoire, nous confronterons les
économies paysannes aux systèmes dits capitalistes
d'agro-business, afin d'en faire émerger une réflexion sur
l'importance de l'agriculture familiale tant au niveau local que national.
1 Agronome Vétérinaire Sans Frontières
2 Système de Recherche sur la Problématique Agraire
en Equateur en collaboration avec AVSF
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
12
1. CONTEXTE GENERAL DE L'ETUDE
1.1. CONTEXTE EQUATORIEN
Carte 1: L'équateur (InterCarto,
2009)
L'Équateur est un pays situé au Nord-Ouest du
continent Sud Américain, d'une superficie de 285 000 km2
délimité par la Colombie au nord, le Pacifique à l'ouest
et le Pérou au sud et à l'est. Ce pays présente une grande
diversité de conditions morpho-climatiques, de productions agricoles
ainsi qu'au niveau de ses populations, cultures et traditions qui la composent.
En effet, les diagnostics agraires qui ont été
réalisés dans tout le pays détaillent des typologies
agricoles très différentes.
1.1.1.SITUATION GEOGRAPHIQUE DU PAYS
On peut diviser rapidement l'Equateur en trois grandes
zones de typologie agricole bien distinctes : (Derville, 2009)
[a Costa est une plaine littorale
sédimentaire fertile à l'ouest du pays entre l'Océan
Pacifique et le début des Andes. Elle couvre un peu plus d'un quart de
la superficie totale. Le climat y est chaud (avec une moyenne annuelle de
26°C) avec une alternance de saison sèche et de saison humide.
C'est la zone la plus exploitée du pays. Les productions principales
sont la pisciculture notamment de crevette, et des productions de rente telles
que la banane, la banane plantain, le cacao, le café arabica ainsi que
de grandes étendues de riz, maïs et de palme africaine. En rapport
avec les grandes typologies de producteurs, nous sommes dans une zone où
nous pouvons rencontrer le plus de [atifundio3, de firmes
agro-exportatrices, associés à de petites exploitations
familiales, traditionnelles. C'est dans ce milieu biophysique que s'est
située notre étude.
3 Grande superficie de terre tenue seulement par un seul
propriétaire terrien
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
13
La Sierra, ou hautes terres centrales, est
composée d'une double cordillère parallèle de montagnes
élevées et massives séparées par une vallée
centrale où vit la majeure partie de la population ; c'est là que
se trouve la capitale politique du pays, Quito à 2800m d'altitude. Le
climat y est froid (moyenne annuelle de 13°C). L'activité agricole
est principalement tournée vers les productions
maraîchères, de pommes de terre, haricot, céréales
(blé et orge surtout) ainsi que l'élevage laitier mis en
association avec l'agriculture pour les exploitations familiales. On observe un
nouveau développement agricole depuis quelques années
d'entrepreneurs qui ont investi sur le secteur de la rose, marché
porteur, en expansion dans ces zones andines. Ces régions restent la
zone où l'on retrouve une majorité de concentration et
fragmentation des terres; on pourrait parler de minifundio 4 en
comparaison avec les exploitations de la côte équatorienne.
L'Oriente ou l'Amazonie forme les basses
terres amazoniennes à l'est du pays englobant la moitié du
territoire. Cette zone est essentiellement couverte de forêts tropicales.
La région est chaude et humide toute l'année. C'est une
région de front pionnier dont la déforestation progressive laisse
place à des pâturages et à des concessions
pétrolières. La palme africaine s'implante de plus en plus dans
ces zones. Pour ce qui est des communautés isolées, elles vivent
essentiellement de chasse et de cueillette.
1.1.2.UNE SITUATION MACRO ECONOMIQUE DIFFICILE
D'un point de vue macroéconomique, il est important de
rappeler que l'Equateur a connu une grave crise économique jusqu'en 2000
; de part la diminution des prix des exportations pétrolières et
une industrie peu compétitive dans les années 1980, la dette
extérieure se creuse et le pays entre en crise. L'Equateur est alors
encouragé par le FMI 5 à suivre un plan d'ajustement
structurel en 1983. Celui-ci vise à gérer au mieux la dette
extérieure par une forte dévaluation de la monnaie nationale (le
sucre), un désengagement de l'Etat dans ses fonctions
régaliennes, la suppression des subventions aux produits de base, la
compression des budgets publics (éducation, santé, etc.), la
libération des prix, la «flexibilisation» du marché du
travail, la privatisation d'entreprises publiques, etc.. Les
dévaluations de la monnaie nationale qui suivront ne permettront pas de
redresser l'économie équatorienne et déclencheront des
mécanismes de paupérisation. La libéralisation des
échanges et le développement des exportations sont aussi mis en
avant pour répondre au service de la dette. De plus, les produits
agricoles des pays voisins entrent désormais librement en Equateur au
détriment de l'agriculture locale. Cette politique entraîne de
nombreux déséquilibres entre secteurs modernes (agriculture
d'exportation productive) et traditionnels (agriculture vivrière
d'autoconsommation).
Pour contrer une inflation grandissante (sa dette
extérieure représentait 14 milliards de dollars en 2000 soit 90%
de son PIB6), une hausse du chômage (plus de 50%), ou encore
le manque d'accès à l'eau (un tiers de la population n'avait pas
accès à l'eau potable), à l'éducation (64% des
enfants de 6 à 15 ans étaient non scolarisés) et la
santé (70 % de la population n'avait pas
4 Exploitation agricole de moins d'un hectare
5 Fonds Monétaire International
6 Produit Intérieur Brut mesurant les richesses
créées d'un pays pour une année
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
14
accès aux soins médicaux), l'Equateur a
opté pour le dollar comme monnaie nationale en 2000 en espérant
stabiliser son économie, diminuer rapidement l'inflation, les primes de
risques, et d'avoir ainsi une impulsion économique et une
intégration commerciale et financière (MOGLIANI,
2006)
Bien que la dollarisation redonne sur le long terme une
reprise de la croissance économique du pays, ce choix politique s'est
fait au détriment de l'agriculture paysanne : les prix des
denrées mais aussi des intrants agricoles sont en augmentation alors que
les revenus agricoles diminuent. Les produits d'exportation ont subi une forte
crise : ils ont perdu leur compétitivité sur le plan
international ; leur balance commerciale est devenue largement
déficitaire, d'où une baisse des exportations depuis 2000.
L'inflation diminuant mais restant tout de même en 2009 de 10% a eu comme
effet d'augmenter les coûts de production et notamment les coûts
salariaux, donc de baisser le pouvoir d'achat, de limiter les crédits,
de voir se désengager l'Etat au sein des campagnes. Les
conséquences immédiates ont été une
paupérisation des campagnes, une augmentation des conflits entre les
exploitants ainsi qu'un phénomène croissant d'exode rural et
d'émigration vers les Etats-Unis, l'Espagne ou l'Italie. Aujourd'hui les
revenus de la migration sont la seconde source de capitaux étrangers,
après le pétrole. Sur le plan social, la hausse du chômage
fragilise les populations les plus vulnérables, même si les
nombreuses subventions (logement, scolarisation) ont permis d'amortir les
effets de la crise. La pauvreté reste encore élevée
(environ 40% de la population) et touche particulièrement les zones
rurales et les populations indigènes. Pour autant Rafael Correa et son
gouvernement mettent en place, depuis trois ans, une nouvelle constitution en
faveur des économies paysannes (nous la développerons dans la
troisième partie de ce mémoire).
Remarque : le président actuel de la
République, Rafael Correa Delgado, soutient une politique de
substitution aux importations qui maintient le pays dans un
développement agricole essentiellement axé sur l'agro-business et
les produits d'exportation. Il est caractérisé par son approche
nationaliste de l'économie (renégociation de la dette et des
contrats pétroliers avec les compagnies privées), un fort
volontarisme social (réforme des services de santé et
d'éducation), la volonté de renforcer la souveraineté
nationale et régionale dans une optique « bolivarienne ».
Tableau 1: Les grands chiffres économiques de
l'Equateur (MAE, 2008)
PIB
|
54,67 Mds $
|
PIB/hab
|
3808 $; 7500 $ en PPA
|
Taux de croissance
|
6,5%
|
Taux de chômage
|
8,7%
|
Sous emploi
|
40%
|
Taux d'inflation
|
8,4%
|
Dette publique
|
32,2% du PIB
|
Balance commerciale
|
- 820 M$
|
Croissance démographique
|
2%
|
Espérance de vie
|
74,8 ans
|
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
15
De plus, l'Équateur a un IDH7 de 0,807 qui
le situe au 89ème rang sur 173 pays
référencés (MAE 8 ). Dans ce contexte, la
province d'Esmeraldas est une des provinces les plus défavorisées
du pays, notamment via l'éducation et l'accès aux soins. A titre
de comparaison, son taux d'analphabétisme est de 14.5% contre 11.7% en
moyenne dans le pays ; son IDH n'est que de 0,8 en 2009.
1.1.3.UN SECTEUR AGRICOLE DIVERSIFIE
Il est important de comprendre que le secteur de l'agriculture
est en aucun cas à négliger pour la croissance autant
économique que sociale du pays. Ses exportations basées
essentiellement sur la banane (leader mondial), le café, le cacao, les
crevettes, les fleurs et maintenant l'essor de la palme africaine, contribuent
à plus de 17% du PIB du pays. (Brassel, Herrera, 2002).
Ce secteur agricole représente 33% de la population
totale qui compte 13 millions d'habitants d'origine amérindienne (40%),
métisse (40%), hispanique (15%) et noire (5%) essentiellement
présents dans la province d'Esmeraldas, notre zone d'étude.
La population agricole est très contrastée : on
distingue, en effet, des haciendas (grands propriétaires terriens)
tournées vers des cultures de rente et d'élevage, basées
sur des systèmes d'exploitations très extensifs. Des grandes
firmes multinationales capitalistes se sont implantées depuis une
politique néolibérale mise en place depuis 1945. En
général, elles produisent pour exporter : banane, bois, ou palme
africaine. Ces productions rentrent dans des systèmes d'exploitations
extensifs et intensifs, dont la logique est de maximiser le chiffre d'affaire.
Au contraire, les exploitations familiales étant les plus nombreuses,
ont des systèmes de cultures diversifiées dans un but premier
d'assurer leur subsistance : ces exploitations familiales jouent un rôle
de souveraineté alimentaire au niveau local.
Pour autant, cette population souffre d'une absence de
services publics, de concentration et de fragmentation de terre croissant avec
la hausse démographique, etc.
Cette inégale répartition des terres et des
rapports de production a tenté d'être corrigée par
différentes réformes agraires ; leur but était de limiter
la concentration foncière, d'éliminer les formes précaires
de tenure de la terre et ainsi, de moderniser les structures agraires. Ces
réformes agraires ont par ailleurs été renforcées
par des plans de colonisations, des adjudications de terres et des mises en
place de crédit favorable à l'implantation de migrants. Ainsi, la
province d'Esmeraldas s'est vue devenir zone réceptrice de population.
Ces réformes, que l'IERAC9 était chargé
d'appliquer, n'ont pas permis de gommer ces contrastes.
7 L'indice de développement humain est un indice
statistique pour évaluer le niveau de développement humain des
pays du monde. Il est compris entre 0 (exécrable) et 1 (excellent),
calculé par la moyenne de trois indices
(santé/longévité ; niveau d'éducation ; niveau de
vie).
8 Ministère des Affaires Etrangères
9 Institut Equatorien de Reforme Agraire et de Colonisation
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
16
Au niveau national, 63,5% des producteurs (plus de 530 000) en
Equateur ont moins de 5 ha de terre ce qui représente une
SAU10 totale de 6,26% seulement. La superficie moyenne de terre pour
ces petits producteurs est de 1,45 ha. A l'inverse, seulement 6600 producteurs
(0,78% du total) ont plus de 200 ha; cela représente 29,1% de la SAU
total. (Brassel, 2002)
1.2. DEMANDE INITIALE DE L'ETUDE
Depuis quelques années, la crise politique et
économique en Côte d'Ivoire, premier producteur de cacao dans le
monde, génère de nouvelles opportunités pour les petits
producteurs de cacao tels qu'en l'Equateur et au Pérou. De plus, la
demande en cacao fin d'arôme est en pleine croissance en Occident,
d'où des projets de développement qui permettrons un ajustement
de l'offre à la demande dans un respect éthique envers les
producteurs. D'où le projet PROCACAO réalisé par
l'ONG11 française AVSF.
En Equateur, on assiste à des problèmes de
vieillissement des cultures, d'une forte pression parasitaire et d'une mauvaise
coordination au sein de sa filière. Pour autant il est le premier
producteur mondial de cacao fin d'arome. Du fait de cette niche
économique, garantissant une vente et une opportunité de
marché, le projet PROCACAO est mis en place pour une relance de la
productivité de cette filière via une meilleure organisation des
groupements de producteurs.
1.2.1.PROJET PROCACAO EN EQUATEUR
Les partenaires financiers sont deux fondations hollandaises,
Radobank et DOEN, ainsi que l'ONG GTZ12. Ce projet de renforcement
des organisations de producteurs de cacao en Equateur s'étale sur une
durée de trois ans et cible plus de sept organisations paysannes. Cela
se traduit par plus de 2000 familles de producteurs concernées par le
projet.
Le projet PROCACAO a débuté le 1 octobre 2007 en
Equateur dans les Provinces de Pichincha, Esmeraldas (zone de l'étude),
El Oro et Manabi avec comme objectif principal d'améliorer les revenus
agricoles des familles de petits producteurs et maintenir une agriculture
familiale dans des régions côtières aux
écosystèmes fragiles. (Fiche Projet : EQUATEUR PROCACAO
2007-2008)
Les acteurs principaux de la filière actuelle sont
composés de petits producteurs situés en zone amont du canton,
d'intermédiaires, qui maintiennent les paysans dans une situation de
fournisseurs de matière première à prix bas et
d'exportateurs au niveau des ports les plus proches. Des milliers de paysans,
producteurs de cacao restent depuis des décennies dans une situation
précaire n'assurant qu'un revenu minimum. Beaucoup d'entre eux sont
aujourd'hui obligés de vendre leur terre pour migrer en ville ou devenir
ouvrier agricole des grandes entreprises d'huile de palme dans la zone
d'étude.
10 Surface Agricole Utilisée
11 Organisation Non Gouvernementale
12 Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit
17
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Nous pouvons mettre en exergue quatre objectifs principaux du
projet PROCACAO :
|
- Renforcer les organisations dans leur capacité de
collecte et de préparation d'un cacao de qualité ;
- Renforcer les organisations dans leur capacité de
gestion administrative de leurs activités ;
- Renforcer les organisations dans leur capacité de
gestion de la commercialisation vers des marchés
spécialisés (commerce équitable, certification biologique,
gourmet) ;
- Renforcer les organisations dans leur capacité
d'influence politique .
|
1.2.2.OBJECTIFS DE L'ETUDE
L'idée de départ de AVSF était
intitulée: « Impacts de l'agro-industrie du palmier
à huile sur les petits producteurs de cacao du canton de Quininde
». Cette idée est née dans le cadre d'une
concertation des organisations paysannes intégrées à cette
problématique, qui sont: « l'Union des organisations paysannes du
canton de Quininde » (UOCAQ), « l'Union des organisations de la
province de Pichincha » (UNOCYPP) et « l'Union des organisations
noires et paysannes des rives du fleuve Esmeraldas » (UONCRE).
La zone d'étude a été limitée au
canton de Quininde ; elle s'est appuyée sur des organisations de
producteurs de palmier à huile (Association nationale des producteurs de
palmier à huile de l'Equateur - ANCUPA) et de cacao (UOCAQ et UONCRE).
De plus, nous avons pu bénéficier tout au long de l'étude
de l'appui de la «Corporation des organisations paysannes de la province
d'Esmeraldas» (COCPE), elle-même appuyée par la
«Fondation Maquita Cushunchic: commercialiser entre frères»
(MCCH).
L'équipe chargée de l'étude s'est
composée de deux étudiants ISTOM13, appuyés et
conseillés en permanence par des chercheurs du SIPAE.
1.2.3.JUSTIFICATION DU DIAGNOSTIC AGRAIRE
« L'analyse diagnostic des réalités
agraires a pour objectif principal d'identifier et de hiérarchiser les
éléments de toutes natures (agro-écologiques, techniques,
socio-économique, etc.) qui conditionnent le plus d'évolution des
systèmes de production agricole et de comprendre comment ils
interfèrent concrètement sur les transformations de l'agriculture
» (Dufumier, 1996).
De plus, selon Apollin et Eberhart, le diagnostic
agraire doit prendre en compte les stratégies productives pour la
reproduction sociale des paysans (tendances sociales, structure de leur
consommation, possibilités de développement, d'organisation, de
foncier, etc.) qui combinent des moyens de productions et une force de travail
dans leur exploitation.
13 Ecole d'ingénieur en agro-développement
international
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
18
Ces résultats dépendent intimement de :
- La conformité historique de la
structure agraire et des groupes sociaux qui déterminent le
développement des structures productives
- Les relations sociales de production qui
s'établissent à l'intérieur (tendance de la terre,
accès au crédit, échange dans le travail, etc.) et qui
définissent la possibilité d'accès ou de la gestion de la
terre, de la main d'oeuvre, du capital et des instruments de travail.
- La gestion des ressources collectives
(droit à l'eau, règles des collectivités, des
manières d'échanger, etc.)
- L'environnement socio économique
(politique, marché, opportunité, etc.)
- L'environnement écologique
(qualité de la terre, humidité, biodiversité, pentes,
etc.) qui influe sur le système de production.
Il est donc important pour comprendre les impacts de
l'agro-industrie du palmier à huile sur les petits producteurs de cacao
du canton de Quininde, de réaliser un diagnostic agraire afin
d'expliquer les logiques des différents acteurs, en montrant leurs
stratégies de développement ainsi que de montrer les
interrelations existantes entre chaque type d'acteurs rencontrés. C'est
donc une approche systémique à mettre en oeuvre pour comprendre
les dynamiques socio-économiques et environnementales présentes
chez les producteurs.
De plus, en plein contexte de la mise en place de la nouvelle
constitution, et de la création d'une porte d'écoute des ONG au
niveau du MAGAP14, cette étude permettra une base de
réflexion. Elle pourra apporter des outils, des données et des
aides à la décision des problèmes liés à la
question du foncier, des déplacements de petits producteurs ainsi que
celle de la souveraineté alimentaire.
Notre diagnostic agraire a déterminé quatre
objectifs principaux qui sont :
- Etudier les processus historiques qui
configurent la réalité actuelle du canton;
- Comprendre la dynamique agraire dans
laquelle sont impliqués les différents acteurs sociaux;
- Analyser et comparer les performances
économiques des systèmes de production ;
- Etudier la nouvelle constitution mise en
place aujourd'hui via les problèmes des exploitations paysannes.
|
14 Ministère de l'Agriculture et de l'Elevage
Equatorien
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
19
1.2.4.METHODOLOGIE
Phase I : Revue bibliographique
Nous avons commencé par recueillir les informations
détenues par les organismes de développement, les organisations
de base décrites précédemment, et les autres acteurs
intervenant dans la zone, en vue d'obtenir un panorama général de
la zone à étudier. De plus, nous avons compilé des
informations statistiques de différents domaines (climatologie,
pédologie, administration, politique, populations, etc.) à
travers la consultation d'institutions gouvernementales et internationales
(IRD, MAGAP, SIGAGRO, FAO, Ministère de l'environnement, INEC, INDA,
Mairie de Quininde, Conseil Provincial d'Esmeraldas, SIPAE, etc.).
Phase II : Délimitation de la zone
d'étude
Il est question de rechercher des informations par
l'observation du paysage agricole pour avoir une représentation des
systèmes de production décrits. Par des ateliers
réalisés avec les organisations paysannes, les entrevues avec des
personnes clefs et surtout le parcours de la zone, nous avons pu
délimiter la zone spécifique qui correspond à l'aire
d'influence de la culture du palmier à huile et à l'aire d'action
des organisations de la UOCAQ et de la UONCRE. Nous avons ensuite
procédé à l'analyse des discontinuités (limites
entre les différentes cultures, types de végétation, types
de sols, altitude, etc.) et avons caractérisé les unités
de paysage homogènes.
Phase III: Relecture de l'histoire agraire
Nous avons confronté les sources bibliographiques aux
informations de l'histoire agraire de la zone. Nous avons compilé les
informations historiques de la zone, interrogé des personnes
âgées ayant vécu des changements à travers le temps,
et réalisé des ateliers avec différentes
communautés. L'objectif a été de réaliser la
périodisation des faits qui ont marqué les changements importants
de la zone et des systèmes de production.
Phase IV: Analyse des système de
production
Cette étape doit permettre de caractériser les
principaux systèmes de culture et d'élevage vis à vis de
leur fonctionnement respectif (itinéraire technique et calendrier de
travail) pour ensuite analyser les systèmes de production afin
d'identifier les types de producteurs les plus représentatifs de la zone
et leurs logiques socio-économiques.
Cette partie s'est faite à travers la
réalisation d'entrevues auprès de différents producteurs
(grands, moyens et petits), des ateliers avec les organisations de base, la
participation à des évènements d'associations des
producteurs de palme et de cacao. De plus, pour comprendre la dynamique
entrepreneuriale de la zone, nous avons réalisé des entrevues
avec les gérants et les administratifs des entreprises d'extraction
d'huile de palme.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
20
Phase V : Les institutions et les législations via
le problème du foncier et du crédit
Nous nous sommes concentrés durant notre dernier mois
d'étude sur deux points importants : l'étude filière de la
palme (autre stagiaire) et l'accès au crédit et au foncier
(auteur).
Toutes les institutions formelles comme informelles de
crédits ont été visitées dans le canton de Quininde
mais aussi leurs bureaux principaux situés à Quito jusqu'à
la Banque Centrale.
Dans le même temps, des entrevues ont été
réalisées dans le canton de Quininde et aussi dans les bureaux
principaux à Quito, au niveau des institutions qui s'occupent de la mise
en place des plans de colonisations, des réformes agraires et donc qui
adjudiquent et légalisent les terres (INDA 15 , notaires,
cartographes principalement). Beaucoup de statistiques, de recensements, de
bases de données ont été synthétisées afin
d'avoir un aperçu des tendances dans le canton de Quininde.
Dans le contexte de mise en place d'une nouvelle constitution
en Equateur, en réponse aux problèmes liés à la
terre et à la souveraineté alimentaire, il a été
important de mettre en relation ces données recueillies (accès au
foncier, au crédit, incohérences entre les institutions publiques
et privées) avec quelques points importants de cette constitution.
Quelques alternatives et propositions ont été
évoquées. Cependant un travail complémentaire est
nécessaire.
Voici les définitions importantes pour une bonne
compréhension de cette étude : (Ferraton, Cochet,
2003)
Les itinéraires techniques sont
l'ensemble des pratiques culturales ordonnées dans le temps. Ils sont
semblables pour un même système de culture mais différent
d'un système à un autre.
Un système de culture est la
représentation théorique d'une façon de cultiver un
certain type de champ. Il s'analyse à l'échelle d'un champ, d'une
parcelle ou d'un ensemble de parcelles qui sont exploitées de la
même manière.
Il se caractérise par une
homogénéité dans la conduite d'une culture sur un ensemble
de parcelles : mêmes associations de culture, mêmes successions
culturales, mêmes itinéraires techniques.
Le concept de système d'élevage
est la représentation théorique qui permet
d'étudier le fonctionnement d'un troupeau. Il s'analyse à
l'échelle d'un troupeau.
Un système de production est
l'ensemble des systèmes de culture et d'élevage au sein de chaque
exploitation. Il permet d'examiner la combinaison spécifique des
systèmes de culture et d'élevage mis en place par l'agriculteur
grâce au moyen de production et à la force de travail dont il
dispose et conformément à ses intérêts.
15 Institut National de Développement Agraire,
anciennement IERAC
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Voici les grands outils utilisés pour comparer les
différents systèmes composant les exploitations :
(Ferraton, Cochet, 2003)
La valeur ajoutée brute (VAB)
représente la création de richesse produite. C'est la
différence entre le produit brut (valeur monétaire des
productions finales, quelle que soit leur affectation) moins les consommations
intermédiaires (valeur monétaire des semences, intrants et
services éventuels utilisés au cours d'un cycle de production,
coût de transport). Ce ratio permet de comparer les systèmes de
culture et d'élevage entre eux. Nous l'avons comparé par
unité de surface (VAB /ha), par journée de travail (VAB/J).
La valeur ajoutée nette (VAN)
représente la VAB moins l'amortissement économique du capital
fixe (l'usure des outils et machines consacrés par système).
Cette valeur a été difficile à définir du fait que
les outils et machines agricoles sont généralement
utilisés pour toute l'exploitation et non pour un seul système.
Nous avons donc calculé une VAN totale seulement lorsque l'on comparait
les systèmes de production.
Le revenu total rémunère le
travail accompli par les travailleurs de l'unité de production. Ils sont
soit salariés, soit travailleurs familiaux. C'est un bon indice pour
comparer les exploitations entre elles (revenu total par exploitation,
exploitants). Il faut retrancher à la VAN totale les salaires
permanents, la rente foncière versée au propriétaire, les
impôts et taxes versés à l'Etat et les
intérêts versé aux banquiers et usuriers qui ont
avancé du capital. Il faut également ajouter les revenus
hors exploitation (IOA). Il a été difficile d'avoir
réellement toutes ces données. Nous avons pris en compte que les
salaires permanents ayant une rémunération de 10$/J pour tous
salariés confondus, ainsi que les IOA.
Une fois caractérisés les systèmes de
culture et d'élevage et les systèmes de production, nous avons
réaliser un atelier de restitution avec le comité formé
des représentants des institutions collaboratrices mentionnées
précédemment, ainsi qu'avec les personnes visitées lors
des entrevues de manière à pouvoir évaluer
l'avancée de l'étude et générer d'autres
critères d'analyse.
21
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
1.3. PRESENTATION DU CANTON QUININDE
L'étude réalisée est donc
localisée dans la province d'Esmeraldas, au sien du canton de Quininde
ayant une extension de 328 500 ha, avec une population de 88 337, dont plus 75%
vivent en milieu rural et dont 30 249 UPA16 selon INEC17
en 2001. Il se situe donc sur la partie « Costa », au Nord Est de
l'Equateur, à six heures en bus de Quito et à deux heures
d'Esmeraldas, capitale provinciale.
1.3.1.DESCRIPTION DU CANTON
Le canton de Quininde comprend comme paroisses celle de Rosa
Zárate (1000 km2) qui est le chef lieu, Cube (717
km2), Viche (84 km2), Chura (204 km2),
Malimpia (469 km2) et la Union (986 km2). En total, la
population de ce canton est d'environ 150 000 habitants.
22
Figure 1:Descriptions du canton de Quininde
(étude SIPAE, 2009)
La population est caractérisée par le
métissage, développé entre personnes
afro-équatoriennes (provenant de la population noire du nord
d'Esmeraldas et du sud de la Colombie), de Manabi, de Loja et plus largement de
personnes de la Sierra et de la Costa, dont la présence initialement a
été déterminée par la colonisation des terres
inexploitées.
16 Unité de Production Agricole
17 Institut National des Statistiques et Recensements
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
La principale voie de communication va de Santo Domingo au
port d'Esmeraldas; elle passe par Quininde et La Concordia. Le carrefour de
Santo Domingo permet d'être relié à Quito et à
Guayaquil pour le commerce de marchandises et de produits agricoles.
Les routes secondaires, pierreuses, ont été
construites pour l'activité agricole et plus spécifiquement par
les exploitants forestiers et l'industrie palmicole. Les voies de communication
tertiaires, en terre, sont souvent inadaptées à l'acheminement
rapide des produits agricoles et surtout inadaptées au climat, puisque
l'hiver pluvieux rend un bon nombre d'entre elles temporairement non
empruntable. Finalement, les fleuves sont encore utilisés par des
pirogues à moteur, servant aux communautés isolées
à commercer entre elles ainsi qu'avec les villes les plus proches.
Le dynamisme économique de la zone d'étude est
porté par le secteur primaire, secondaire et tertiaire. Le secteur
primaire est le plus important de la zone, divisé en différentes
activités agricoles (palmier à huile, cacao, fruit de la passion,
élevage bovin, exploitation forestière, etc.).
1.3.2.POTENTIALITES DU MILIEU NATUREL
Son système hydrique est important et diversifié
entre des bras de rivières jusqu'au fleuve « Esmeraldas », le
plus important du réseau allant jusqu'à la ville Esmeraldas, au
nord du canton, où il se jette dans l'Océan Pacifique. Ce dernier
a comme affluent la rivière « Agua Clara», « Sabalo
» , « Blanco », « Quininde », « Mache »,
Pambula » et « Chameros ». Toutes ces rivières prennent
leur source au niveau du versant Andin et participent donc aux
axes de communications d'une majorité de
communautés.
Figure 2: Caractéristiques
générales du canton de Quininde (Sigagro, 2009)
23
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
24
Le graphique ombrothermique18 suivant
présente une saison sèche d'environ trois mois où la
pluviométrie a une moyenne de 50 mm/mois. La température moyenne
du canton est plutôt stable tout au long de l'année : elle varie
entre 25°C et 26,2°C. Nous avons donc soit un climat tropical humide
soit un climat tropical semi humide.
Graphique 1: Diagramme ombrothermique du canton de
Quininde (IRD, 2008)
La structure du sol est d'origine volcanique où l'on
peut rencontrer une majorité de Alfisol19,
inceptisol20, enceptisol21. Voici une illustration
précise de la pédologie du canton et de sa géomorphologie
:
Figure 3: Caractéristiques
générales des sols (Sigagro, 2009)
18 Un diagramme ombrothermique est un graphique utilisé
en climatologie. Il indique sur un même graphique les
précipitations et les températures moyennes par mois sur un
an.
19 sol lessivé, à accumulation d'argiles en horizon
profond
20 sol peu différencié à dominante brune,
riches en oxydes de fer en profondeur, et riche en humus en surface.
21 sols sans horizon diagnostiqués, peu
évolués, souvent sableux
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
25
1.3.3.PAYSAGE AGRAIRE
Le paysage agraire est déterminé par la
présence de différentes activités agricoles, où la
topographie est un facteur de différenciation à l'occupation du
sol. Dans notre zone d'étude considérée, il existe :
- une zone de vallée (zone avale) qui
se situe dans la partie centre-ouest et sud du canton de Quininde
- une zone accidentée (zone amont) que
l'on rencontre en grande partie sur les flancs est du canton.
1.3.3.1. ZONE AVALE
|
En termes de topographie, la zone considérée est
donc la plus basse du canton, avec une altitude n'excédant pas les 100
mètres. Comme nous le détaillerons dans la partie historique,
elle fût la première à être colonisée du fait
de la facilité pour y accéder. C'est dans cette zone que se
situent les principaux villages et villes du canton. C'est ici que s'est
installée la majorité de la population urbaine de Quininde, ville
principale de commercialisation du canton; lieu de vente de la filière
amont de tous les producteurs ou intermédiaires.
Aujourd'hui, c'est au niveau de cette zone que l'on rencontre
les principales voies de communication terrestres (Quininde-Santo Domingo,
Quininde-Puerto Quito), ainsi que les voies secondaires. Par son accès
facile et sa topographie plane, cette zone est prédisposée
à une mécanisation agricole et industrielle croissante.
|
Photo 1: Zone avale du canton
|
Ces raisons expliquent un développement croissant de la
palme africaine, du secteur industriel de l'huile de palme et autres
dérivés comme on peut le constater lorsque l'on emprunte la voie
principale du canton. Toutes les palmeraies et les extracteurs du village de
Quininde longent cet axe jusqu'à Santo Domingo. C'est ici que se
trouvent les grandes firmes multinationales de palme tel que « Palmeras de
los Andes », « Aiquisa », Aexav ».
Remarque : cette partie du canton a un climat plus
humide que les parties ondulées (moyenne de 22°C pour une
pluviométrie de plus de 3000 mm/an). Depuis 10 ans que l'expansion de la
monoculture de la palme africaine est présente, on peut constater un
changement climatique. Le fait est que l'humidité de la zone est devenue
plus forte qu'avant et il n'y a plus de vent dans la région, ce qui a
provoqué une recrudescence de moustiques entraînant une
augmentation de cas de paludisme dans la zone ainsi qu'une diminution de la
faune sauvage.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
26
1.3.3.2. ZONE AMONT
|
|
|
Cette zone se situe sur les flancs Ouest et Est du canton de
Quininde, loin de la vallée. Son relief est ondulé à
accidenté, allant de 100 m à 600 m d'altitude. Sa
pluviométrie varie entre 2000 mm/an à 3000 mm/an.
L'occupation du sol par la palme africaine diminue avec
l'altitude. Cependant, depuis ces dernières années, on peut
remarquer de plus en plus de nouvelles cultures de palme (jeunes plants de 3
ans maximum) sur les bords des voies secondaires et tertiaire, contribuant au
développement de routes, d'écoles, de l'énergie
électrique, etc.
|
Photo 2: Zone amont du canton
|
|
Pour autant, cette zone reste isolée de
développement. La majorité de la population vit en
communauté, et cultivent des produits d'autoconsommation ; des cultures
de cacao et de fruit de la passion, représentatives des économies
paysannes. Les difficultés de commercialisation de ces zones
éloignées justifient la présence de pâturages
où l'élevage bovin est considéré comme une source
d'épargne.
Le fait d'être éloigné des voies
principales (à plus de quatre heures parfois de la route principale), a
amené les plus grands villages au centre des communautés à
devenir des centres de commerce secondaires où les producteurs traitent
souvent avec des intermédiaires. On peut citer Cube, San Ramon comme
exemples de villages secondaires de commerce.
Remarque: ces villages permettent d'absorber la main
d'oeuvre des alentours et ainsi diminuer l'exode rural. Ils jouent donc un
rôle tampon, et fixent les populations.
27
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
En résumé, la culture du palmier à huile
occupe les meilleures terres (zone avale) et profite des meilleurs axes de
commercialisation, alors que les exploitations familiales se retrouvent
marginalisées en zone accidentée (zone amont) :
Figure 4: Coupe transversale du paysage agraire de
Quininde (étude SIPAE, 2009)
Figure 5: Paysage Agraire du canton de Quininde
(étude SIPAE, 2009)
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
2. HISTOIRE AGRAIRE DU CANTON DE QUININDE
Pour mieux appréhender les dynamiques de ce canton,
intéressons-nous à son histoire agraire, ce qui va permettre
d'avoir une meilleure vision globale des systèmes agraires actuels, des
tendances en termes de migration des populations, des différentes
typologies de producteurs et donc des problématiques actuelles des
exploitations familiales.
2.1. LA PREMIERE IMMIGRATION MASSIVE DU CANTON QUININDE
(1800 - 1914)
2.1.1.LA COLONISATION SPONTANEE ET SES PREMIERS RESEAUX DE
COMMUNICATION
Avant 1800, le canton de Quininde était formée
d'une forêt vierge où il régnait un climat tropicale avec
une grande diversité d'espèces arboricoles et animaux sauvages.
De ce que l'on sait, il n'y avait pas de communautés indigènes
implantées dans cette région. A partir de l'arrivée des
premiers colons, d'origine afro-équatorienne, il y a eu une modification
de cet écosystème, ce qui a provoqué une
déforestation progressive du paysage.
Ce canton s'est vu colonisé de manière
spontanée par de nombreuses entreprises de caoutchouc à partir de
1800, provoquant une arrivée massive de colons venant des côtes de
l'Océan Pacifique par le fleuve Esmeraldas et par la Colombie, au nord
du canton. Il n'y a pas eu de colonisation par la terre du fait que les seules
voies praticables à l'époque étaient maritimes, celles du
fleuve Esmeraldas ainsi que ses bras de rivières dont les deux
principaux sont les rivières Blanco et Quininde.
A partir de 1812, commence réellement l'exploitation
intensive du caoutchouc. Les colons s'implantèrent définitivement
avec leur familles le long des rivières où ils ont
commencé à prendre possession de grandes terres qui
dépassaient facilement les 200 ha.
Figure 6: Colonisation spontanée du canton de
Quininde (étude SIPAE, 2009)
28
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
29
De cette première colonisation spontanée, donc
sans l'aide de l'état, sans titre de propriété, sans
réglementation, il faut ajouter une migration importante de colombiens
entre 1900 et 1903 où s'est produit la guerre des « Milles jour
». Cette population noire s'est réfugiée dans le nord de la
province d'Esmeraldas pour s'installer ensuite le long du fleuve Esmeraldas
ainsi que dans les zones voisines.
Remarque : la plus grande ville qui a été
construite à cette époque, est la ville d'Esmeraldas, au
confluent du fleuve Esmeraldas et donc de l'Océan Pacifique, point
stratégique pour commercer avec l'extérieur et entrer dans le
canton de Quininde.
2.1.2.LES PREMIERS MODES DE PRODUCTION
Pour accéder à une superficie cultivable, il
était nécessaire de couper les arbres et de déforester les
berges des rivières. Ce fut donc la première activité des
colons à l'aide d'outils comme la hache ou la machette. Les arbres
coupés servaient, comme encore aujourd'hui, à construire les
habitats ainsi que des barques pour naviguer sur les rivières.
Les premiers modes de production restaient du domaine de la
cueillette, de la chasse et de la pêche, suffisants pour assurer la
sécurité alimentaire des familles. Afin d'assurer la subsistance
de la famille, des parcelles étaient aussi utilisées pour planter
des cultures comme la banane, la banane plantain, le maïs, du riz, de
l'igname, des haricots, etc.
La première forme de culture de rente est
arrivée réellement avec l'exploitation de caoutchouc et de la
tagua à partir du milieu du 19ème siècle.
L'exploitation de caoutchouc s'est commercialisée sur les marchés
des Etats Unis et de l'Europe. Parfois il se vendait des « boules de
caoutchouc ») en échange de nourriture sur la province
d'Esmeraldas (nous reviendrons plus en détail sur ces échanges
informels). Toute la commercialisation se faisait par voie maritime.
En 1830, conjuguée à l'augmentation
démographique du canton, la demande en produits pour l'autoconsommation
est devenue une évidence. C'est à ce moment que certains
producteurs ont commencé l'élevage, une activité
d'importance et adaptée au mieux aux besoins sur place : l'isolement,
l'inexistence de voies terrestres, les fortes températures, les saisons
des pluies, sont tant de facteurs qui ont poussé à une
agriculture et un élevage local.
Toutefois, en cette seconde partie du 19ème
siècle, émergea deux nouvelles cultures de rente, celle du cacao
et du tabac ; nous savons qu'en 1854, il existait des haciendas situées
au nord du secteur de Viche ayant une superficie de 800 ha qui se consacrait
à l'élevage et à la plantation de cacao.
De plus, en 1896, l'Allemagne était en plein boom
industriel ; il y eu une motivation d'implanter leurs entreprises dans toute la
province de Quininde pour le commerce de la tagua.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
30
2.1.3.DEBUT DU CREDIT INFORMEL
C'est à partir de cette première colonisation
spontanée qu'apparu le crédit informel. L'installation des colons
dans des lieus isolés, sans routes, ni marché à
proximité, sont des facteurs limitant l'autosubsistance.
De plus, à partir de 1850, les cultures de rentes
apparaissent. A ce moment, le commerce débute dans cette zone. Les
grandes exploitations forestières, les propriétaires d'hacienda
augmentent les inégalités entre individus. Cette nouvelle
dynamique de commercer entraîne des difficultés pour certaines
populations isolées.
Le crédit informel qui s'est mis en place à
cette époque et qui est toujours d'actualité, soit 150 ans plus
tard, peut se décrire par un échange de biens et services entre
les intermédiaires qui tenaient les embarcations pour charger les
productions jusqu'à Esmeraldas. Cela se traduit par une vente de la
production à l'intermédiaire où, en contre parti,
l'intermédiaire paye une partie en nourriture de base.
Cette période se caractérisa par les
premières colonies, par les premières formes d'anthropisation du
paysage agraire, avec une première dynamique d'exploitation du bois, de
la chasse, de la pêche mais aussi par des cultures destinées
à la famille. Puis une deuxième dynamique agraire explosa dans la
seconde partie du siècle. Une dynamique se tournant vers les cultures de
rentes telles que le caoutchouc, la tagua, mais aussi le cacao qui
commencèrent à être cultivées et
commercialisées aux Etats Unis mais aussi en Europe. Le commerce ainsi
que les premières formes de crédit débutèrent dans
la zone.
2.2. CRISE MONDIALE ET NAISSANCE DU MODELE
AGRO-EXPORTATEUR (1914 - 1965)
2.2.1.CRISE DU CACAO DANS UN CONTEXTE DE CRISE MONDIALE
Bien que la production de cacao n'était pas à
son apogée au début du 20ème siècle, il
est important, dans le cadre de notre problématique, de comprendre son
histoire et de montrer ses différents cycles.
Les évènements ayant conduit à la crise
du cacao en 1914:
- La fermeture du port d'Hambourg a bloqué les
importations de cacao provenant d'Equateur. L'Equateur a du vendre sur de
nouveaux marchés, ce qui s'est traduit par une chute de prix,
renforcée par le manque de transport et de débouchés.
- A partir de ces même années, l'Equateur fut
touché par la Monilia (« Monilia roreri ») et l'Escoba Bruja
(champignon « Crinipellis Perniciosa »), deux maladies,
respectueusement de la cabosse et du cacaoyer. Ces deux maladies ont
causé une réduction de la production annuelle de plus de 35 000
tonnes sur 45 000 en moins de 10 ans .
31
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
- Une fois la Première Guerre Mondiale finie, des pays
comme le Brésil ou la Côte d'Ivoire ont aussi commencé
à produire du cacao, entraînant une baisse du prix mondial.
Dans la zone d'étude, la répercussion de cette
crise fut modérée du fait que cette culture n'était pas la
principale. De plus, le cacao est cultivé en association, ce qui a aider
à résister contre les maladies. Cette crise est probablement
à la base d'une motivation à changer de culture : apparition du
café qui a été la seconde exportation dans la
période 1925 - 1929 à plus de 14,8% du PIB.
Cette crise s'est traduite par l'abandon et la vente de la
majorité des haciendas dans les régions les plus touchées,
lesquelles furent achetées par de moyens et petits producteurs.
Eux-mêmes ont recommencé à cultiver du cacao mais en
utilisant de nouvelles semences de deux arbres ayant résisté aux
maladies : híbrido nacional x venezolano. Cet hybride est le
résultat d'un croisement entre les arbres nationaux ayant survécu
aux maladies et l'arbre de variété trinitario, introduits depuis
le Venezuela au début du 20ème siècle, qui a
des propriétés plus productives et tolérantes aux
maladies.
Au niveau macroéconomique, la crise du cacao
reflète en fin de compte une crise de tous les produits exportés,
conséquence de la Première Guerre Mondiale et du contexte
international jusqu'en 1929 ; la crise mondiale fit chuter tout le
système financier. La banque centrale perdit ses réserves, la
balance commerciale fut déficitaire dans tous les secteurs. L'Equateur a
assisté à une importante dévaluation de sa monnaie,
entraînant un effondrement du pouvoir d'achat et une augmentation du
chômage (Tiaguaro, 2008).
La dévaluation a donné une impulsion des
exploitations forestières dans la zone d'étude, surtout pour le
caoutchouc et la tagua. A la suite de la Seconde Guerre Mondiale, l'Equateur,
avec à la tête du gouvernement Galo Plaza (1948 - 1952), s'ouvre
fortement au marché mondial (exportation d'aliments basiques et de
matières premières), ce qui a augmenté les prix des
produits exportés. L'augmentation des prix a mis fin à la crise.
Encore maintenant, une partie des producteurs du canton de Quininde vivent de
la vente du caoutchouc, dont les revenus sont destinés à acheter
des produits d'autoconsommation.
Cette politique de développement avait comme lignes
directrices:
- Attirer les capitaux étrangers, l'ouverture des
frontières, la diminution de taxes.
- Augmenter le crédit pour lancer des productions de
banane, nécessitant un capital de départ important.
- Mise en place d'un plan de colonisation, des adjudications
de terres dans la zone d'étude.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
32
2.2.2.LE BOOM DE LA BANANE ET SES IMPACTS
Jusqu'en 1948, l'Equateur était un exportateur marginal
de banane. Six ans plus tard, l'Equateur devient le premier exportateur et
producteur de banane au niveau mondial. Essayons de comprendre en quoi cette
spécialisation a tiré l'Equateur de la crise économique.
En second point, nous montrerons quels ont été les impacts de cet
essor économique, tant au niveau social qu'au sein des systèmes
agraires de notre zone d'étude.
Au début des années cinquante, la plus grande
demande en banane fut celle des Etats Unis, qui s'approvisionnait par le biais
de deux grandes entreprises multinationales (United Fruit et Standard Fruit)
à partir de leurs propres plantations en Honduras, Guatemala, Costa
Rica, Panama et autres filiales secondaires aux Caraïbes. Durant
l'après guerre, deux maladies, « le Mal de Panama » et «
Sigatoka Amarilla » ont affecté gravement ces plantations qui
correspondaient à la variété Gross Michel. Pour contrer ce
désastre, ces deux multinationales ont opté pour lutter contre
ces maladies par de grands investissements mais aussi en dégageant des
filières secondaires à la recherche de nouveaux marchés.
Le fait que l'Equateur était un pays sans « Mal de Panama » et
qu'il s'ouvrait aux investissements étrangers, a été les
deux raisons pour s'implanter là bas. (Larrea, 2006)
A partir de ce moment, les exploitations se sont construites
sur des anciennes haciendas de producteurs de cacao partis après la
crise ou sur des terrains vierges occupés par des colons comme pour le
cas du canton de Quininde. En 1954, la province d'Esmeraldas
représentait 23% de la superficie totale de plantation de banane, la
plus importante production nationale. Les raisons sont liées à
une forte injection de crédit pour la province qui a reçu un
tiers du crédit destiné à la production de banane dans le
pays. (Collin D. 1981)
Figure 7: Avancée des exploitations
bananières en 1954 en Equateur (Collin D, 1981)
Le modèle agro-exportateur fut un succès total
dans la zone : la majeure partie des terres du secteur de Santo Domingo et
Quininde appartenaient à l'état, comme terre inoccupée. La
stratégie de l'état fut de les vendre à petit prix,
incitant les populations extérieures à venir s'implanter au
niveau du canton.
C'est ainsi qu'une majorité de compagnies
multinationales profitèrent de cet « élan de
générosité » pour s'implanter : Calvet
Martínez, Fruit Trading Corporation (Compañía Aztral) et
Luis Novoa. En contre parti, les producteurs devenant salariés pour la
plupart, avaient la garantie d'un emploi.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
A partir de cette époque d'ouverture des
frontières et donc d'entrée massive de firmes multinationales,
des pressions foncières commencèrent à se faire ressentir,
des conflits de terre éclatèrent, des protestations de
producteurs remontèrent jusqu'au palais présidentiel à
Quito en 1958. Le problème venait essentiellement des titres de
propriétés qui n'existaient pas au début du siècle.
Comme nous le verrons, ceci est un des gros problèmes de
sécurisation foncière pour les petits et moyens producteurs face
à l'agro-business croissant dans ce canton.
Remarque : en 1960, grâce à ces nouvelles
filières privées et cette dynamique industrielle croissante, il y
eut un développement des transports marins (bateaux à moteur)
mais surtout la création de routes reliant Esmeraldas à Quininde
ainsi qu'entre Quininde et Santo Domingo ; ce qui changé radicalement le
mode de commercialisation.
2.2.3.L'APPUI DE L'ETAT POUR DYNAMISER LA ZONE
Ce n'est pas seulement l'implantation de firmes
étrangères dans le canton ni les nouvelles voies de communication
qui sont à l'origine du dynamisme économique du canton. En 1963,
il s'est produit dans les provinces voisines, celles de Manabi et Loja, une
sécheresse qui a eu un effet désastreux sur les cultures. La
conséquence a été une nouvelle colonisation massive vers
le nord du pays. Cette colonisation ne s'est pas déroulée de
façon spontanée mais au contraire, elle a été
dirigée par l'état qui a promu des programmes d'extension donnant
accès aux populations à des lopins de terres à
cultiver.
Au début des années cinquante, selon le plan de
colonisation au niveau du trapèze délimité par Santo
Domingo - Quininde - Chone - Quevedo, 500 000 ha furent occupés par
environ 200 000 colons. C'est en réponse à cette forte
arrivée de colons en pleine zone d'expansion de banane que l'état
promulgua en 1954 un décret amenant à plusieurs dispositions sur
les lois via la colonisation des terrains vierges.
Figure 8: Plans de colonisation et accès
à la terre durant les années soixante (étude SIPAE,
2009)
33
34
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Remarque : à travers de ce trapèze, des
études ont évalué que seulement 10 % de la population
avait légalisée leur terre dix ans après.
C'est IERAC (remis en cause aujourd'hui) qui donnait le droit
de s'installer sur telle ou telle terre. Souvent les bonnes terres
redistribuées dans le canton étaient en fait vendues sous couvert
de « réforme agraire » : les grands propriétaires
(venant de Manabi pour la plupart) recevaient des terrains de plus de 100 ha
situés sur des zones planes, disposant d'un accès à l'eau,
aux routes et aux infrastructures (zone avale). Au contraire, les terres
données gratuitement étaient sur des terrains de moins de 15 ha
en pente ou situés à une haute altitude où plus de 80 000
petits exploitants se sont implantés (zone amont du canton).
Une alternative contre ces inégalités
foncières fut de créer des coopératives par les petits
exploitants afin d'avoir le droit à des lopins de terre de 50 ha. C'est
à partir de ce moment qu'il y eu la création de
coopératives de producteurs dans tout le pays. Nous pouvons citer dans
le canton de Quininde la création de Agrícola Independiente, San
Carlos, Unión Manabita, Simón Bolívar, et plus d'une
vingtaine d'autres. (Larrea, 2006)
Simultanément, un système de dénonciation
fut mis en place : les producteurs installés depuis longtemps, n'ayant
pas de titre de propriété, ont été
dépossédés de leur terre, principalement dans la zone aval
de l'étude ; un producteur nous a dit : « le problème
n'était pas d'avoir de la terre, le problème était de
pouvoir la conserver ».
Remarque : il y a eu dans la zone avale un
phénomène de concentration foncière, dont les principaux
acteurs sont maintenant les agro-entreprises, comme les producteurs de banane
ou d'huile de palme. (AVSF, accès à la terre en Equateur,
juillet 2008)
Au niveau des productions, à partir de l'année
1952, on rencontre le long de la route principale des cultures de banane pour
l'exportation, d'élevage, et l'apparition de la palme. A
l'extérieur de ce trapèze en plein essor, on se consacre
principalement à des cultures d'autosubsistance, avec une
majorité de banane plantain, manioc, riz. On voit aussi apparaître
à partir du milieu des années 60 des producteurs se consacrant
à de petits élevages de vache laitière et viande, ce qui a
ouvert un nouveau marché local à Quininde, étant la ville
du canton en pleine expansion.
Ces nouvelles réformes agraires, ce plan de
colonisation dirigé et les mouvements de colonisation ont permis la mise
en place d'une dynamique d'accumulation de la terre, et donc de fragmentation
et dépossession de terres de petits paysans dans certaines zones du
canton.
|
Dans la zone aval, les « Plans Pilotes » de la
colonisation dirigée ont contribué principalement à
l'implantation de grands propriétaires et de firmes
étrangères pour des cultures agro-exportatrices. Au contraire, la
zone amont a été principalement peuplée par de petits
exploitants cultivant pour leur autosubsistance. Au niveau du «
trapèze », on se rend compte que le niveau de vie des colons est
largement supérieur à celui des zones amont du canton. On observe
par exemple en zone avale, une assistance technique auprès des
producteurs, des aides économiques fortes (se traduisant par des
prêts en général), que l'on ne retrouve pas à
l'extérieur du « trapèze ».
|
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
35
2.3. LA CRISE DE LA BANANE (1965 - 1982)
2.3.1.SES FACTEURS ET SON IMPACT DANS LA ZONE
A partir de 1965, il y eu des modifications importantes au
niveau du marché international, principalement liées à la
banane. Une nouvelles variété de banane, Cavendish, est apparue.
Variété résistante au « Mal de Panama », mais
aussi plus adaptée aux conditions climatiques de l'Amérique
Centrale. Ceci a provoqué une élimination progressive de la
« Gross Michel » sur le marché mondial. De plus, la
variété Gross Michel implantée en Equateur connue aussi la
maladie de « Sigatoka amarilla » suivi du « Mal de Panama
».
Ces facteurs ont eu un impact considérable sur les
petits producteurs n'ayant pas le capital requis pour cultiver cette nouvelle
variété. Les grands propriétaires commencèrent donc
à changer leurs cultures dans la province d'Esmeraldas, mais la pression
de grosse firmes multinationales de banane dans le sud du pays fut telle qu'ils
perdirent toute compétitivité. Beaucoup d'entreprises tel que
Aztral, se délocalisèrent de la province d'Esmeraldas, en
direction du sud du pays, région dorénavant en pleine croissance
pour la banane.
Figure 9: Recul des exploitations bananières
en 1969 dans le nord de l'Equateur (Collin D, 1981)
Pour une majorité de petits producteurs, ce fut
réellement une crise ; ils ne pouvaient pas cultiver la banane «
Cavendish » et ils n'avaient plus d'aide de la part de l'état pour
changer de culture du fait de son retrait en aide de crédit sur la zone
à ce moment. Une majorité de cette population s'est vue vendre
leur terre pour migrer en ville.
Remarque : les coopératives, continuant à
cultiver ensemble la « Covendish », furent à cette
époque de crise un acteur énorme de développement de la
région : construction de routes secondaires, d'écoles et
obtention de leur titre de propriété (zone amont).
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
36
2.3.2.LA STRATEGIE DE RELANCE DE L'ETAT
Au niveau du canton de Quininde, de nouveaux arrivant de la
Sierra continuèrent à s'installer. L'IERAC a continué
d'adjudiquer des lopins de terres aux personnes voulant s'implanter en vue de
relancer cette province en pleine crise. Entre 1964 et 1974, le canton de
Quininde était représenté par plus de 84 % de terres
décernées par l'IERAC.
En parallèle aux migrants, les colons et travailleurs
temporaires émigrèrent des campagnes vers les villes, comme la
Union, Quininde et Esmeraldas. Ils vendirent leur terre aux grands
propriétaires et aux compagnies comme la Palmera de los Andes, qui
acheta également les terres de la compagnie d'Aztral et bien d'autres.
C'est à partir de ce moment que la région commença
à se dédier réellement à la production de la palme
africaine.
En réponse à ce fort exode rural, c'est au
début des années 80, qu'un nouveau programme de
développement, le DRI 22, a été mis en place
par l'état et a permis à redynamiser les campagnes, par la
construction d'écoles, par l'amélioration de l'accès
à l'eau potable, par une assistance technique plus égalitaire
pour tous, ainsi que par la création de dispensaires dans les zones
reculées.
Ce développement des campagnes a permis de limiter la
migration des paysans vers les villes où la pauvreté et les
bidons villes commencèrent à apparaître.
De plus, l'état construisit la route principale en
asphalte reliant Esmeraldas à la Union passant par Quininde, ce qui
améliora le transport, le commerce, et augmenta la dynamique
industrielle de la zone avale. De plus, grâce au DRI, la construction
d'un pont sur le rio Blanco a permis la connexion de deux secteurs
peuplés de grands et moyens propriétaires. Cette construction a
permis d'augmenter le commerce, de voir émerger des greniers, des
dynamiques d'échanges, la création de services.
Remarque : depuis quelques mois, cette route à
deux voies est en aménagement pour passer à quatre voies, ce qui
permettra d'une part une meilleure fluidité du commerce mais aussi une
augmentation du prix de la terre.
2.3.3.CREATION DE LA BANQUE DE CREDIT NATIONALE
En 1961 se créa le programme de palme africaine et la
Banque Nationale de Développement (BNF). Cette banque publique fut
prête à attribuer des crédits pour l'implantation et pour
l'entretien des cultures de palme africaine à partir de 1966. En 1976,
une nouvelle ligne de crédit fut mise en place pour un lancement dans
l'élevage. Les placements allaient jusqu'à 10 à 12 ans
avec une période de grâce de 5 à 7 ans.
L'intérêt n'était pas élevé, 7 % à 9
%, et finançait jusqu'à 80 % le changement cultural.
Cependant la distribution du crédit ne s'est pas faite
de manière égalitaire. Peu de petits producteurs, par manque de
garanties financières et manque de titre de propriété,
n'ont pas pu avoir accès à ce crédit.
22 Développement régional Intégral
37
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
De plus, il n'y avait pas de lignes de crédit via la
BNF pour d'autres cultures que la palme ou l'élevage à cette
époque. Ainsi, les cultures telles que le café, le cacao, qui
généraient une économie paysanne non négligeable,
n'ont pas eu d'accompagnement de l'état.
Depuis la délocalisation des firmes bananières,
le canton de Quininde s'est vu entrer en crise.
|
Sa conséquence fut la vente de terre au profit de
nouvelles firmes implantant pour la majorité de la palme africaine dans
la zone avale, aidée par l'intervention de l'état en termes de
crédits, d'infrastructures et de services agricoles permettant une
nouvelle impulsion économique de la zone.
|
Face à l'exode rural des petits exploitants,
l'état a cependant développé une logique pour fixer les
populations ; un développement social est apparu dans ces zones (DRI).
Pour autant, cette intervention de l'état n'a en rien aidé ces
populations à une reconversion culturale, ou à un appui concret
de leur production.
|
La stratégie de l'état reste dans une logique
libérale, favorisant les grandes cultures de rentes et d'exportations en
délaissant les économies paysannes.
|
2.4. TRANSFORMATIONS RECENTES DES SYSTEMES DE CULTURE
(1982 - 1995)
A partir de cette époque, de nouvelles cultures furent
lancées par de grands propriétaires ou compagnies qui se sont
installés dans la zone, profitant de l'instabilité des petits
exploitants pour leur acheter leur terre à prix bas.
Cette diversification des cultures fut d'une grande importance
pour répondre à la demande des villes de plus en plus croissante.
Cette diversification répondait donc à une demande nationale, et
donc à joué un rôle de sécurité alimentaire,
indépendamment de toutes fluctuations économiques au niveau des
cours des marchés mondiaux.
2.4.1.LA PALME AFRICAINE
La participation de l'état à travers des
politiques de crédits, de distribution de terre orientée, de
nouvelles technologies publiques, ajoutés à cela les prix des
marchés, les conditions agro-écologiques du milieu, ont
été propices à un développement
accéléré de la production d'huile de palme dans la zone
avale de l'étude (plus grande zone de production d'huile de palme dans
le pays actuellement).
Cela s'est traduit par une déforestation quasi-totale
du canton en direction de l'ouest du canton ; puis, les plantations de palme
demandant de grands investissements de départ, furent mises en place par
ces grands propriétaires et entreprises ayant au minimum de 80 ha de
SAU.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
La zone avale s'est donc dédiée à la
production de palme. En 1985, la superficie de palme dans le canton de Quininde
était d'environ 35 000 ha. Dix en plus tard, elle était de 72 000
ha. (ANCUPA, 2005). En 1995, plus de 80 % des exploitations de palme
sont situées le long de la route principale reliant la Union à
Quininde jusqu'à Esmeraldas.
Remarque : il est important d'insister sur le fait que
les crédits ne suffisent pas à la mise en place de la palme dans
la zone. Les propriétaires et entreprises s'étant adonnés
à cette culture ont du faire appel à leur fond propre. Ainsi, les
petits producteurs, coopératives, communautés n'ayant que peu de
capital propre n'ont pas pu profiter de cette croissance économique de
la zone.
A cette période de croissance de l'agro-business de la
palme africaine, l'élevage reste aussi un domaine important pour les
grands propriétaires : grâce au crédit mis en place dans
les années antérieures, on put aussi observer de grandes
exploitations de vaches à lait pour le marché local et national
dans la zone avale de l'étude. Cependant, nous retrouvons aussi des
éleveurs, plus isolés du marché, sur la zone amont de
l'étude, qui vendent essentiellement leur production sur le
marché local tout en gardant une partie pour leur propre
autoconsommation.
2.4.2.LES PRODUCTIONS DES ECONOMIES PAYSANNES
Pour les petits et moyens producteurs, leurs revenus
provenaient et proviennent toujours de la vente de produits comme le
café, le cacao, la banane. Alors que pour leur consommation familiale,
ils ont de petites superficies dédiées à la production
d'igname, manioc, banane plantain, étant des produits peu rentables
à la vente.
Lors des périodes de pic de production de la culture de
la palme que de l'élevage, ils vendent leur force de travail de
façon temporaire pour accumuler un revenu supplémentaire.
On peut rencontrer deux types de petites exploitations dans la
zone amont du canton :
- Les premiers, d'origine afro-équatorienne, cultivant
du cacao, du café, du chanvre et autres textiles, ainsi que du
maïs, manioc, et arbres fruitiers. Le tout destiné à une
consommation familiale ou à la vente locale.
- Les autres, dans les zones plus en amont ayant un relief
plus pentu, ont pour origine les colons arrivés des Provinces de Manabi
et Loja, continuant de cultiver le maïs et le riz comme dans leurs
régions d'origine, pour la famille, ainsi que le cacao et café
pour la vente.
38
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
2.4.2.1. LE CAFE , UNE CULTURE IMPORTANTE JUSQU'A SA
CRISE
A partir des années 80, le prix du café augmenta
du fait d'une demande internationale de plus en plus forte. Ceci
bénéficia pour beaucoup aux petits et moyens producteurs,
marginalisés jusqu'à présent de toute dynamique
politique.
La vente se fit par le biais d'intermédiaires
présents dans ces zones reculées, pour ensuite vendre la
production en ville à Quininde où le café était
acheminé par la suite, jusqu'aux ports d'Esmeraldas, Manta et Guayaquil.
Pour d'autres producteurs, ils acheminaient directement le café à
cheval ou au moyen de barques jusqu'à Quininde.
Le rôle que joua le café dans l'économie
paysanne fut important et permit pour certains à une capitalisation, ce
qui a reflété des achats de bétails et de petites
parcelles de terre. Cependant, le boom du café connu sa chute quelques
années plus tard, en 1990, à cause de l'apparition d'une maladie
dite « Hypothenemus hampei », appelée plus communément
« Broca », qui a dévasté les parcelles de café,
entraînant une chute des prix ainsi qu'un arrêt de sa
production.
La décision de détruire la majorité des
parcelles de café afin d'enrayer la Broca fut prise, afin de les
remplacer, selon les critères du producteur, soit par une plus grande
densité à l'hectare de cacao, soit par de nouvelles cultures
fruitières telles que le fruit de la passion, commençant à
être de plus en plus source de capital (apparition d'une demande
croissante), ou enfin par plus de parcelles en jachère pour les
bovins.
2.4.2.2. LE CACAO EN PLEIN ESSOR
Le cacao fut donc introduit durant le processus de la
colonisation spontanée, mais surtout eu sa phase de croissance
économique dans les années 60 où il y eut une
arrivée massive de population. A partir de ce moment, le cacao a
constitué un capital non négligeable dans les économies
paysannes. Dans les années 70, les communautés de la zone se sont
orientées de plus en plus vers les cultures de cacao dont le prix de
vente augmentait. A partir des années 80, la seconde grande vague de
colonisation a fait émerger une nouvelle zone de cacao, localisée
dans les terrains vierges et isolés de la zone amont de
l'étude.
Graphique 2: Evolution de la production de cacao au
20ème siècle en Equateur (MAGAP,
2001)
39
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
40
Ces petits producteurs ont du faire face à plusieurs
problèmes :
- Un manque de politique intégrale se
traduisant par une absence d'assistance technique, un non accès au
crédit et un enclavement géographique lié à cette
non intervention de l'état ;
- Une incapacité financière
à remplacer leurs cultures rapidement ; leurs plants de cacao
étaient pour la majorité anciennes, produisant donc qu'un
rendement faible ;
- Une instabilité des prix au niveau
du marché mondial, une commercialisation vulnérable et
dépendante des intermédiaires (point que nous
développerons par la suite).
A partir des années 90, le cacao national a
présenté de meilleurs prix de vente. Cette situation a permis un
intérêt pour ces exploitations familiales à le cultiver. De
plus, des organisations de producteurs ont pu avoir un appui d'ONG, afin qu'ils
s'inscrivent véritablement et directement dans le marché
international. Il y a eu une sensibilisation et formation auprès des
producteurs face aux maladies du cacao, ainsi que des dons de nouveaux plants
de cacao national. Il y a eu donc une meilleure compréhension de la
gestion de culture. De ces appuis, ces exploitations familiales purent pour
certains, avoir des certifications organiques et s'inscrire dans un commerce
équitable, leur ouvrant donc des portes sur des marchés de niche,
garanties de vente et de redistribution monétaire dans la filière
en leur faveur.
Remarque : les cultures de cacao étaient de
variétés nationales « criollo » mais aussi hybrides,
« CCN51 ». Cette dernière s'est vu freiner par la
présence des ONG incitant à rester sur la variété
nationale.
2.4.3.STRUCTURE FONCIERE DU CANTON
La population du canton est passé de 43 000 en 1974
à 75 000 en 1990 (INEC, Recensement 1974 et 2001). Par cette
hausse démographique, il s'est développé un
phénomène de fragmentation de la terre. Maintenant, les
exploitations sont beaucoup plus petites qu'auparavant. En raison de cette
pression foncière, la répartition de la terre est donnée
en général à l'aîné de la famille ou à
des personnes extérieures intéressées (de plus en plus de
compagnies achètent des terres ainsi), puis les autres personnes de la
famille vont soit en ville pour chercher du travail, soit émigrent aux
Etats Unis ou en Europe.
Exemple : les premières propriétés
qui ont pu accéder à des terres de 200 ha aux début du
20ème siècle ont en 2000, après la succession
des générations, une superficie moyenne de 5 ha (MAGAP, 2000)
.
Cette concentration de terre a eu comme impact une diminution
des temps de jachères donc une diminution de la fertilité des
sols et une augmentation d'intrants inorganiques. De plus, les cycles de
cultures deviennent de plus en plus courts principalement au niveau des
exploitations paysannes situées en zone amont de l'étude. De
plus, la gestion des ressources hydriques commencent à manquer par cause
d'une occupation du sol croissante de la palme africaine très demandeuse
en eau.
41
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Ces faits ont renforcé les inégalités
entre les entreprises, grands propriétaires et ces économies
paysannes. De part une absence de l'intervention de l'état au sein de
ces populations, la concentration de la terre a augmenté ainsi que la
nécessité d'avoir accès à des crédits pour
maintenir un production stable.
A la fin du 20ème siècle, le canton
de Quininde s'est divisé en deux zones bien distinctes ; la
première, zone avale, s'est vu en plein développement de la palme
africaine, avec des exploitations agro-exportatrices de plus en plus
présentes, véhiculant une industrialisation croissante ; tandis
que la zone amont reste encore très isolée de tout
développement, avec une agriculture paysanne ayant de plus en plus de
difficulté à perdurer. L'augmentation de la population ainsi que
l'exploitation massive d'huile de palme a entraîné une
concentration des terres, une fragmentation de terre dite « achat-vente
», ayant obligé de nombreux propriétaires à adapter
leur itinéraire technique, ainsi que leurs stratégies de
diversification agricole afin de continuer de subvenir à leurs
besoins.
|
2.5. LES DERNIERES ANNEES (1995 - 2010)
2.5.1.EVOLUTION ACTUELLE DU CANTON
2.5.1.1. UNE DIVERSIFICATION DES PRODUCTEURS
On observe en zone avale un nombre infime de petites et
moyennes propriétés qui ont pu perdurer entre les grandes
exploitations de palme. Ces dernières années, il y a une tendance
de ces petits et moyens producteurs à planter de la palme africaine.
Bien que le coût de sa mise en place reste élevé, la palme
garantit un prix de vente ainsi qu'un rendement stable dans le temps pour le
producteur.
De plus, toutes les infrastructures requises pour sa mise en
place (crédit approprié), sa production (services publique,
privé) et son achat (implantation de nombreux extracteurs) sont
présentes dans la zone. Cette spécialisation de la région
permet un coût d'opportunité pour beaucoup de ces producteurs.
Remarque : ce changement cultural n'a pu se faire que
pour certains producteurs grâce à l'obtention d'un crédit
financé par la BNF, très difficile à avoir pour des
producteurs à faible capital et sans titre de
propriété.
L'élevage traditionnel, donc sans prendre en compte les
grandes exploitations, reste avant tout une manière d'épargner et
de sécuriser son capital. On observe pour autant une tendance pour
certains éleveurs à se mécaniser grâce à des
crédits concédés par la BNF.
Remarque : depuis 2007, de grands propriétaires
remplacent leurs parcelles servant de jachère pour le bétail par
des cultures de palme. Nous observons donc une tendance de mettre en
association la palme et l'élevage, ce qui semble maximiser leur surface
agricole utilisable.
42
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Voici les grandes lignes directrices des
propriétés rencontrées sur le canton de Quininde en
|
2010 :
|
- Les grandes entreprises : comme Palmeras de
los Andes qui a acheté des terres aux
colons. Les possessions de terre ont été
facilitées par la manque de législation des terres.
- Les producteurs moyens : ils ont pu
augmenter leur superficie par des avantages de crédits afin
d'accéder à des cultures rentables, etc.
- Les petits propriétaires : ils sont
dans un processus de fragmentation de la terre, ont peu de capacités
à changer de cultures, et vivent d'agriculture familiale.
- Les sans terres : ils ont vendu leurs
terres à travers la colonisation ou au sein de leur famille,
travaillent en tant qu'employé dans les grandes exploitations.
|
2.5.1.2. UNE AUGMENTATION DE L'AGROBUSINESS
En 1984, il existait 27 extracteurs d'huile de palme dans la
zone. Maintenant, il y en a 48 implantés dans la zone avale du canton.
En 2005, la superficie nationale de palmier africain était de 127 000
ha, dont 47% de la production se situait dans le canton de Quininde
(ANCUPA, Censo 2005 ).
[a demande d'huile de palme est chaque fois plus importante,
ce qui poussent les producteurs et l'Etat à augmenter la production dans
ce canton n'étant pas encore saturé en espace utilisable pour
l'agriculture. Par exemple, au nord du canton, dans la zone de Viche, seulement
10 % de la superficie totale utilisable est de la palme. La majeure partie
restante, 15 000 ha, est utilisée jusqu'à présent pour
l'élevage.
De plus, l'adjudication des terres pour l'exploitation de bois
a augmenté ces dernières années. En 1981, il y avait 10
entreprises forestières, qui étaient pour la plupart
clandestines, dont la plus importante est Plywood ayant une concession de plus
18 000 ha. Entre 1997 et 2001, plus de 14 000 ha furent adjudiqués
à l'entreprise Endesa - Botrosa. Ces firmes multinationales se sont
implantées à l'Est du canton. [a présence de ces
entreprises sont la cause de grands conflits. Plusieurs familles situées
sur la rivière Canandé revendiquent leurs droits de rester dans
cette région qui se fait déforester, et essayent en vain
d'obtenir leur titre de propriété.
Il existe pour autant des initiatives de la part des
producteurs pour exploiter le bois à moindre échelle. En 2002 se
créa « Ecomadera », formé par des groupes de petits
producteurs, association ayant pour objectif d'exploiter du bois de
qualité, Guayacan et Chontillo. Maintenant, cette association s'est
spécialisé sur la Boya suite à une forte demande sur le
marché.
Remarque : pour des exploitations familiales qui se
sont installées à l'est du canton, l'activité du bois est
toujours présente, considérant que chaque exploitation a encore
un pourcentage de terre n'étant pas exploité. Pour cela, il
résulte une dynamique facile à vendre du bois aux exploitations
forestières en saison difficile.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
2.5.2.L'ENVIRONNEMEMENT COMMERCIAL DES EXPLOITATIONS
La production du secteur de Quininde présente plusieurs
alternatives de commercialisation en accord avec les producteurs, selon la
disponibilité du transport et selon la capacité de production
mise en place. La plupart des producteurs de cacao et de fruit de la passion se
situent dans la zone amont, ondulée. Ils sont, pour la majorité,
isolés des grandes voies de communication.
Par manque de capitalisation monétaire, de services de
transport, ces producteurs ne peuvent pas vendre leur production dans les
villes telles que Quininde où le prix du cacao au quintal est
avantageux, ainsi qu'ils ne peuvent pas donner une valeur ajoutée en
post récolte par besoin rapide d'avoir de l'argent. De ce fait, leur
production est vendue à des intermédiaires localisés dans
des zones stratégiques telles que les petits villages (Viche, San Ramon,
Cube, etc.).
Ainsi, la production de ces exploitations familiales est
véhiculée jusqu'aux intermédiaires à l'aide de
barques, chevaux, bus passant dans les communautés, et au meilleur des
cas au moyen de voitures. Une fois arrivée au village le plus proche,
cette production est vendue aux intermédiaires qui jouent donc un
rôle unique d'accès à la commercialisation pour ces
producteurs isolés.
De part cette position de monopole, les intermédiaires
ont pu définir le prix et autres stratégies d'achat des produits
entre les groupes des petits producteurs. En effet, ils n'ont pas de poids de
négociation du fait de leur nécessité de vente et de leur
vulnérabilité.
Remarque : d'un autre côté, les
intermédiaires offrent des prêts à ces producteurs, allant
de 50$ à 1000$ en moyenne, sans intérêt. Ils offrent aussi
d'autres opportunités comme acheter le cacao et donner en contre partie
du maïs ou riz au producteur n'ayant pas accès à ces
produits. Ainsi, le producteur trouve aussi son intérêt à
vendre sa production aux intermédiaires.
Les coûts de transport et les marges des
intermédiaires affectent donc considérablement les prix de
l'exportation, ce que laissent les producteurs avec une faible participation du
prix à l'export.
Graphique 3: Répartition du prix de vente du
cacao au sein des acteurs de sa filière (MAGAP,
2001)
43
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
44
On peut voir que l'exploitant, avec les filières
actuelles de commercialisation du cacao, ne reçoit, en moyenne, que 5,5%
du prix total de vente lors de l'export.
Une fois vendu, le produit est dirigé vers des zones
d'exportation ou d'industrialisation au niveau des villes, principalement
Quininde où les intermédiaires le vendent aux grossistes. Le
fruit de la passion part ensuite à Quevedo, le cacao se fait transporter
jusqu'à Guayas où il est transformé puis
exporté.
En regardant ces aspects, on peut dire que
l'intermédiaire constitue une place essentielle, mais aussi de monopole,
en aval des filières de commercialisation dans ces zones
reculées. Bien qu'ils aient mis en place des stratégies pour
acheter les produits à prix bas, sans critère de qualité,
rendant le producteur dans un cercle vicieux sans réelle coût
d'opportunité, le producteur bénéficie d'un accès
facile pour vendre ses produits. De plus, il peut avoir accès à
d'autres produits vivriers indispensable pour l'alimentation de leur famille
ainsi qu'avoir accès à des crédits en situation d'urgence,
de mauvaises récoltes ou autres.
Figure 10: Commercialisation du cacao et du fruit de
la passion (étude SIPAE, 2009)
La production de maïs et de riz est
caractérisée par une superficie d'exploitation minime dans la
zone, servant à l'autoconsommation. Cette production est apparue lors
des colonisations de personnes migrantes de la sierra, emmenant avec eux leurs
cultures. Le peu de produits vendus est acheminé vers ces mêmes
intermédiaires.
Limite de l'étude : durant la période de
notre étude réalisée, nous n'avons pas vu de production de
riz et de maïs.
La production de manioc, banane et de citrique se
caractérise par des cultures généralement tournées
vers l'autoconsommation. Pour ces produits, il y a peu de marchés locaux
et aussi une grande perte de cette production au sein des exploitations.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
De plus, le fait que leurs prix sont bas au niveau du
marché et que leurs chaînes de commercialisation ne sont que
très peu développées (pas d'agro-industrie dans le
secteur) sont des facteurs n'incitant pas à leur commercialisation. Le
peu de vente de ces produits s'effectue en « bord champs » à
des intermédiaires.
Figure 11: Commercialisation des produits vivriers
dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)
En ce qui concerne la zone avale, principalement
dédiée à la production de palme, la chaîne de
commercialisation diffère pour beaucoup de celle évoquée
précédemment :
La production de palme africaine est
caractérisée par une agro-industrie locale et par des entreprises
nationales ou multinationales. La vente se réalise du producteur
à l'agro-industrie. L'intermédiation est minime, seulement
présente pour les petits exploitants de palme reculés de la
zone.
La production de palme est donc emmenée directement,
quelque soit l'exploitant, par des moyens de transport privés, propres,
depuis l'unité de production jusqu'aux industries de transformation.
Cependant, il existe, depuis peu, quelques « greniers à palme
» (développés comme une stratégie d'expansion des
grandes agro-industries) où l'on trouve des intermédiaires
achetant la palme à de petits exploitants en pleine transition
culturale.
L'agro-industrie locale assure aux producteurs un prix stable
et régulier. De plus, les palmiculteurs membres de l'association ANCUPA
ont des avantages directs avec des banques privées leur permettant
d'avoir un accès au crédit beaucoup plus rapide en termes de
temps et plus efficace en terme de prêts.
L'huile de palme et de palmiste, sont exportés à
travers des groupes d'entreprises ou sont envoyés à de plus
grandes industries.
Figure 12: Commercialisation de la palme africaine
dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)
45
46
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Enfin, la commercialisation de l'élevage dans ce
secteur se caractérise par une typologie de producteurs diverse, autant
des petits que des grands ayant donc des stratégies de
développement différentes.
Il existe donc une certaine spécialisation : par
exemple les petites UPA font de l'élevage pour leur autoconsommation et
s'en servent pour sécuriser leur capital, alors que les moyennes et
grandes UPA sont plus sur une stratégie de commercialisation. Les zones
consacrées à l'élevage sont situées en plus grandes
concentrations dans les zones ondulées (zone amont).
Le bétail des petits et moyens éleveurs est
acheminé à l'aide de licou dans des centres principaux ou dans le
village le plus proche pour être vendu à des intermédiaires
à moyenne capacité. Ensuite, les bouchers achètent le
bétail qui sera redistribué à la population.
Les moyens et grands éleveurs gagnent pour beaucoup en
termes de valeur ajoutée de la transformation du bétail en
viande, et de la vente directe aux grandes entreprises agro-alimentaires au
moyen de camions frigorifiques.
Figure 13: Commercialisation de l'élevage
dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)
Remarque : le samedi et dimanche sont deux jours
où les producteurs arrêtent de travailler pour vendre leurs
productions aux fêtes de villages avant de revenir sur leur unité
de production, avec les employés ou non, pour toute la semaine.
Les deux points importants de l'articulation sociale de la
filière de production, afin de permettre aux producteurs de vendre et
d'acheter les produits, sont :
- Le rôle important que jouent les intermédiaires
dans les zones isolées ;
- L'importance des centres de commerce (au niveau des villages et
villes).
|
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
47
2.5.3.APPARITION DES ORGANISATIONS DE PRODUCTEURS
L'organisation fait partie de la réalisation de
certains objectifs, évidents depuis la colonisation, où les
formations de coopératives et de groupes d'agriculteurs ont
été nécessaires pour accéder à la terre.
Elles se sont formées uniquement dans ce but, et disparaissent
après.
A partir de l'an 2000, le manque de soutien gouvernemental a
été évident ; il est apparu la création
d'organismes de soutien en parallèle. Les ONG ont joué un
rôle de premier plan dans le canton de Quininde; elles encouragent
l'organisation, notamment en ce qui concerne la culture du cacao,
démarche descendante. ANCUPA, qui est un organisme créé
par les producteurs eux-mêmes, fait figure d'exception dans le canton,
démarche ascendante. (description des associations en Annexe
2)
Tableau 2: Organisations de producteurs dans le canton
de Quininde (étude SIPAE, 2009)
ORGANISATIÓN
|
Nombre d'organisations de base membres
|
Nombre de producteurs
|
|
|
|
|
|
UONCRE
|
|
10
|
|
74 pour 728 ha
|
UOCAQ
|
8
|
117 pour 475 ha
|
COCPE
|
10
|
445 pour 1 353 ha
|
ANCUPA
|
1
|
6 000 pour 240 000 ha (à l'échelle du
pays)
|
Les quatre organisations de producteurs de cacao, couvrent un
total de 636 UPA pour une superficie de 2556 ha, soit 10,8% des UPA et
seulement 1 % de la superficie du canton ; une faible part de producteurs est
représentée à travers les dynamiques organisationnelles.
Toutefois, il faut noter deux choses : d'une part, des producteurs inscrits
dans une organisation peuvent également l'être dans une l'autre.
De plus, il existe de nouvelles organisations d'après les informations
récoltées, qui ne sont pour le moment que peu
représentées.
Le manque d'organisations de producteurs et leur dispersion dans
le canton peut s'expliquer
|
par plusieurs raisons:
|
- La zone fait partie d'un processus de colonisation. Pour cette
raison, il n'existe pas de
construction historique des organisations ; initialement
rendues forcées et éphémères par les processus de
colonisation ou d'accès au foncier ;
- Les producteurs se sont vus utilisés par
différents organismes étatiques ou privés, semant
l'incrédulité à travers « les conflits maintenus par
des fondations scrupuleuses (FUNPAD), démotivant les membres à
intervenir activement dans les projets» ;
- La présence des ONG a également
encouragé l'assistanat, ce qui fait que les producteurs se
réunissent généralement pour recevoir quelque chose en
retour ;
- Les producteurs n'ont vu que peu de résultats
concrets et de changements transcendants.
|
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
[a présence des ONG a été associée
à l'assistance technique des petits producteurs liés à la
culture de cacao, en essayant de les intégrer comme « petits
producteurs capitalistes ou entrepreneurs » en vertu de technologies
douces, de planification organisationnelle, de suivi de l'évolution
économique des activités productives, de gestion des entreprises
associatives, des besoins en formation participative et de groupe
systématique.
Ces efforts expriment une demande sociale pour des demandes de
nouvelles compétences professionnelles. Ces exigences émanent des
exigences du marché actuel, se traduisant de plus en plus par
l'inscription dans des démarches productives de qualité
(certifications du commerce équitable et biologique principalement).
Cela détermine des logiques entrepreneuriales ; le marché encadre
des logiques de conversion à des gouvernances d'entreprise, impactant
l'adoption de nouvelles technologies, contribuant à transformer les
cultures agricoles en cultures intensives, et augmentant la pression sur les
sols.
Remarque : la ligne directrice des organisations est
bien souvent la production biologique, qui constitue cependant un travail
difficile, comme en témoignent certaines données recueillies:
« [a COCPE et l'UNOCYPPE enregistrent 15% de production biologique et 85%
en production conventionnelle » .
Les progrès des organisations et des ONG sont
déterminés par l'engagement au travail, leur permettant de
bénéficier d'une plus ou moins grande incidence dans le
renforcement des
capacités. L'organisation des petits et moyens
producteurs doit être perçu comme un outil fondamental pour le
développement économique et, sous cette forme, pour sa
capacité à générer des économies
d'échelle. Ainsi, les coûts de production seront moins
élevés, créant des centres infrastructurels d'articulation
de la commercialisation, de l'information. Ceci entraine des revenus plus
élevés, ce qui aura un impact sur les conditions de vie et de
production, ainsi que sur la distribution du pouvoir à long terme.
|
Le capital financier est une motivation qui réuni ou
permet d'accéder aux moyens de production, tels que la terre, les
marchés, les infrastructures, l'information, les transports, etc.
|
Ainsi, le crédit se présente comme un moyen pour
obtenir ce capital financier. La disponibilité de crédit se
trouve dans différentes sources telles que le secteur formel (banques
privées, BNF) et le secteur informel (usurier, payable en argent ou en
nature) que nous détaillerons par la suite.
|
48
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
49
2.5.4.UNE DIVERSIFICATION DES FORMES DE CREDIT
Il est important de rappeler que sur tous les producteurs du
canton de Quininde, seul 60% détiennent leur titre de
propriétés étant une des entrées les plus
importantes pour accéder aux institutions de crédits
légales. Ce qui signifie qu'il y a 40% de ces producteurs sont en
majorité de petits exploitants nécessitant le plus d'aides
financières pour assurer leur survie. Ils doivent donc passer par des
formes informelles pour accéder au crédit.
Le gouvernement doit se focaliser en premier sur ces types de
producteur et donc mettre en place des lois, des normes plus spécifiques
à leur égard pour un développement global et égal
pour tous.
2.5.4.1. EVOLUTION ET REPARTITION DES CREDITS DANS LE
CANTON DE QUININDE
Voici les différentes manières d'obtenir un
crédit dans le canton de Quininde actuellement :
- Les services informels (les
intermédiaires, les « Chulqueros » et les « Tiendas de
venta de oro ») ;
- Les services communaux (crédit
commun de Minga et Finca depuis 2003, les caisses communes et la
coopérative Antorche depuis 1968) ;
- Les banques privées et publiques (
la CNF23 à Esmeraldas depuis 2006, la banque international
depuis 1999, la banque Pichincha depuis 2004 et la BNF depuis 1978).
Graphique 4: Evolution des institutions de
crédits à Quininde depuis 2003 (étude SIPAE,
2009)
4
4
2
2
BANCOS PRIVADOS NACIONALES
SOCIEDADES FINANCIERAS
INSTITUCIONES DE SEGURIDAD SOCIAL
INSTITUCIONES FINANCIERAS PUBLICAS
COOPERATIVAS DE AHORRO Y CREDITO
1
1
1
0
1
2
2
0
0
0
2003 2005 2008
3
Depuis 6 ans nous pouvons constater qu'existe une
évolution des coopératives, institutions sociales et publiques
dans ce secteur, ce qui a permis aux producteurs d'avoir plus de choix en
termes de diversité pour accéder à un crédit selon
leurs nécessités.
23 Corporation Nationale Financière
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Répartition des crédits selon les
institutions
Banco Nacional de
Fomento Banco Privado
20%
62%
Empresa procesadora
Empresa proveedora de insumos
Familiar
Intermediario Otro
Sur le graphique ci-contre, on peut observer que les
crédits sont versés en majorité par la BNF.
Sans regarder la typologie des producteurs de la zone, la BNF
et les banques privées sont les institutions donnant le plus de
crédits ; elles représentent plus de 80%.
Graphique 5: Répartition des crédits
selon les institutions (MAGAP. 2005)
Accès au crédit par type de producteurs
dans le canton de Quininde
42%
14%
4%
30%
10%
>200
1 a 10
20 a 50 50 a 100 100 a 200
La répartition des typologies des producteurs ayant
accès au crédit, sur la base du graphique ci-contre, montre que
les 3/4 des crédits sont à destination des producteurs entre 20
ha et 100 ha, ce qui signifie que la majorité des crédits est
versée aux moyens et grands producteurs.
Seul 10% du crédit est dédié aux petits
producteurs de moins de 10 ha, ce qui prouve une inadéquation entre la
nécessité des producteurs via le crédit et les
institutions.
50
Graphique 6: Accès au crédit par type de
producteurs dans le canton de Quininde (MAGAP. 2005)
2.5.4.2. LES DIFFERENTES MANIERES DE POUVOIR ACCEDER AU
CREDIT
Le crédit informel :
C'est la manière d'obtenir un prêt rapide sans la
nécessité d'avoir un titre de propriété et sans le
besoin de réaliser de nombreuses démarches administratives. Ce
crédit est mis en place par les intermédiaires pour couvrir des
besoins urgents des producteurs ; comme se procurer des pesticides durant une
forte période d'humidité.
Ces crédits sont à placement de courte
durée n'excédant pas les trois mois. Il n'est donc pas possible
d'obtenir des prêts importants (maximum 300$), se basant sur la confiance
et la pression sociale.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
51
Aussi les grossistes à Quininde donnent du
crédit de plus forte valeur mais demandent plus de garanties comme par
exemple des gages de bijoux ou autres objets de valeur, des papiers
écrits et signés, etc. L'avantage de ces crédits est qu'il
n'y a pas d'intérêts à payer, peu de démarches
administratives et pas de nécessité d'avoir une terre
légalisée.
Les producteurs sans grandes ressources peuvent aller voir les
« chulqueros », personnes principalement d'origine colombienne, qui
sont un moyen d'obtenir du crédit de plus grande valeur. Par contre, les
intérêts sont très élevés, jusqu'à 30%
par mois, à paiement journalier. Si le producteur ne paye pas un jour,
il devra payer le triple le lendemain, ainsi de suite. Ces « chulqueros
» savent où le demandeur vit et n'hésitent pas à
s'approprier leur propriété en cas de non paiement. Il est
arrivé que ces non paiements aillent jusqu'au meurtre de la famille
selon certains dires. Ce mode de crédit est dangereux.
Le crédit commun :
Cette forme de crédit est une alternative pour les
populations vivant en communautés isolées du marché. A
Quininde et ses alentours, il existe deux associations privées depuis
six ans, Minga et Finca dont chacune recense plus de 600 producteurs et
commerçants. Afin d'accéder au crédit, il est
nécessaire d'être adhérant.
Ces crédits ne nécessitent que peu de
démarches administratives et sont compris en termes de valeur entre 300$
et 3 000$ en cycle de six à neuf mois avec 15% d'intérêt.
Ce crédit n'est pas destiné à la plantation d'une culture
mais seulement dédié à la production.
Pour les communautés éloignées, il existe
le crédit communautaire fonctionnant sur le principe d'une caisse
commune : pour celles ayant recours à cette forme de crédit, les
cycles sont de onze mois en moyenne avec un intérêt de 3% et
peuvent atteindre une valeur allant jusqu'à 1500$. La garantie
fondamentale pour ce crédit se base sur la pression sociale.
Remarque : ce crédit n'est que peu
répandu chez les communautés par manque de sensibilisation et de
formation de l'Etat à cet égard. De plus en plus d'ONG appuient
ce type de crédit au sein des communautés.
Les coopératives :
Il n'y a qu'une coopérative à Quininde : la
coopérative d'Antorche. Elle a à son actif plus de 600 membres.
Elle fonctionne comme une banque privée mais demande moins de garanties
; pour accéder à un crédit, il faut être membre
depuis plus de six mois avec un compte disposant d'un minimum de 70$. De plus,
il faut disposer de son titre de propriété ainsi qu'au moins 15%
du montant du crédit demandé. L'intérêt de ces
prêts est de 33% pour les cultures à cycle court. Autant dire que
les petits exploitants sont exclus de cette coopérative par manque de
ressources fixes, sans légalisation des terres.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Les banques privées :
Il en existe deux implantées dans le canton de Quininde
: la banque de Pichincha et la banque Internationale ; une autre est
également implantée à Esmeraldas : la CNF. Ces
institutions privées sont essentiellement axées vers les grands
propriétaires ou grandes firmes : il faut disposer de son titre de
propriété, un capital fixe sur un compte pendant 6 mois minimum ;
les placement sont de courtes durées (trois ans en
général) pour des crédits d'une valeur minimum de 10 000$
pour la majorité. Ces crédits n'ont pas d'années de
grâce ainsi qu'un intérêt annuel dépassant pour la
majorité 15%. De plus il n'existe pas de lignes de crédit pour
semer une culture, ils ne sont que destinés à la production.
A partir de cette année, il y a une augmentation
générale des lignes de crédit agricole au sein de ces
banques, principalement pour la palme africaine. Depuis un an, il existe des
accords avec les extracteurs de palme via l'association ANCUPA, ce qui octroie
des avantages en termes de taux d'intérêt ainsi que de placements
à long terme pour les palmiculteurs.
Les petits producteurs sont exclus de ce système
privé de crédit (pas de titre de propriété, peu de
capital fixe, pas de culture de palme, etc.).
La Banque Nationale de Développement :
La BNF a généré entre les années
70 et 80 une grande quantité de crédits (argent provenant du
pétrole) à un faible taux d'intérêt, subventionnant
principalement les moyens et grands propriétaires qui
détournaient ces ressources pour d'autres secteurs de l'économie
plus rentables. Ceci provoqua la décapitalisation de la banque et une
réduction du crédit ainsi que l'élimination des taux
d'intérêts subventionnés.
Dans les années 90, en parallèle du retirement
de l'Etat, la BNF a réduit ses opérations à plus de 70%.
« Les restrictions sur les emprunts de la BNF a forcé les petits
agriculteurs à se tourner vers des prêteurs privés »
(Commission nationale de planification et de coordination
économique, p123).
Pour autant, depuis le gouvernement de Rafael Correa, nous
observons de plus en plus de lignes de crédits en faveur des petits
producteurs, bien que la légalisation de la terre reste une clause de
garantie pour accéder au crédit. Aujourd'hui, il y a plus de 5000
membres ayant eu recours à cette banque publique.
Graphique 7: Répartition du crédit de
la BNF dans le canton de Quininde (étude SIPAE,
2009)
52
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Sur la base de ce graphique, nous pouvons constater que les
crédits concédés par la BNF dans ce canton sont
principalement tournés vers la production de la palme et du cacao. En
valeur, nous savons par l'étude menée sur le terrain, que le
crédit pour la palme a été octroyé à 90
palmiculteurs pour 892 ha cette année. Pour les 494 ha de cacao, il y a
eu plus de 537 producteurs ayant accédé à ce
crédit. De ces valeurs, nous pouvons justifier qu'en moyenne, les
producteurs ayant eu recours au crédit via la palme ont une
propriété de 10 ha en comparaison à 1 ha pour le cacao.
Remarque : depuis 2009, il existe une demande de plus
en plus forte chez les producteurs ayant moins de 1 ha pour planter du cacao
CCN51 du fait de son meilleur rendement.
En conséquence d'un grand nombre de non paiement des
prêts de la part des producteurs (en 2009, le chiffre d'affaire
était déficitaire de 500 000$ ), les crédits individuels
sont suivis par une assistance technique. Le versement du crédit
s'effectue en deux temps : 60% du crédit va directement au producteur
puis, après un mois, il y a une visite pour être certain que ce
prêt a bien répondu et sa demande initiale. A partir de ce moment,
les 40% restants sont reversés au producteur.
Voici les lignes de crédits par la BNF :
Comparaison entre le crédit pour le cacao et
la palme de la ligne "microcrédit" depuis 2007
77
Palma Cacao
195
socios superficia values
1246
145,500
475
860,450
Graphique 8: Comparaison de la ligne de
microcrédit de la BNF à Quininde (étude SIPAE,
2009)
Depuis 2007, une ligne « microcrédit » s'est
ouverte en faveur des producteurs de cacao : ce crédit permet
d'accéder jusqu'à 7 000$ avec un intérêt annuel de
11%, sur un placement de 2 ans. Cette ligne de crédit est vraiment une
avancée sociale pour les petits producteurs voulant accéder au
crédit pour la production mise en place autant que pour la plantation de
nouvelles cultures.
Remarque : cette ligne de crédit est
orienté principalement via le cacao hybride (CCN51), assurant beaucoup
plus de garantie de remboursement que le « criollo »,
variété nationale, comme nous le décrirons dans les
systèmes de cultures.
53
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
De plus, depuis 2007 s'est ouverte la ligne 5/5/5 (5000 $
à 5% à payer en 5 ans) ayant donnée de meilleures
possibilités pour les petits producteurs, comme le montrent les deux
graphiques suivants :
142
Comparaison entre le cacao et la palme pour la ligne
5/5/5 depuis 2007
Palma Cacao
859
socios superficia values
312,834
34
180
86,940
Graphique 9: Comparaison des producteurs
accédant au crédit 5/5/5 (étude SIPAE, 2009)
Plus de la moitié des producteurs ayant eu recours
à ce crédit ont moins de 10 ha de terre. Ceci montrant encore une
fois un réel avancement social, une nouvelle stratégie de
développement bien réelle auprès des populations en
nécessité.
Bien que les intérêts et les placements de la BNF
sont très opportuns pour les producteurs en comparaison avec les autres
services formels de crédits, les démarches et le temps pour
accéder au crédit sont très lents.
Un producteur sans son titre de propriété ne
peut toujours pas accéder aux instituts formels autant pour implanter
une nouvelle culture que pour la production en place. Rappelons que seulement
60% de la population productive du canton de Quininde détiennent leur
titre de propriété.
Une alternative a été mise en place depuis deux
ans par le gouvernement de Rafael Correa : un crédit de sollicitude pour
légaliser la terre. Ce crédit est d'une valeur de 1500$ avec un
placement de deux années à un taux d'intérêt de
8,5%, dont un an de grâce. Ce crédit est le premier existant en
Equateur pour aider les producteurs à sécuriser leur terre et
donc avoir accès à des crédits.
54
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
Comparaison entre la BNF et les banques privées :
Dans le canton de Quininde, les deux plus grandes institutions de
crédit en termes de membres ainsi que de ressources financières
sont la BNF et la Banque Internationale.
Graphique 10: Comparaison entre la BNF et les
banques Privées à Quininde (étude SIPAE,
2009)
2003 2004 2005 2006 2007 2008
Comparaison de l'argent versé pour les
crédit entre la banque Internationale et la BNF entre 2003 et
2008
25 000 000,00 20 000 000,00 15 000 000,00 10 000 000,00
5 000 000,00
0,00
|
|
Banco Internacional BNF
|
4000
3000
2000
1000
0
Comparaison des producteurs ayant accédé
à des crédits par la banque Internationale et la BNF entre
2003 et 2008
Banco internacional BNF
55
Au contraire de la Banque Internationale, la BNF n'a que peu
de capital à redistribuer jusqu'en 2007. Depuis la nouvelle
constitution, il existe une plus grande injection de capital dans la BNF, ainsi
que la création de nouvelles lignes de crédits comme nous avons
pu le constater. En effet, il y a neuf fois plus de producteurs ayant
accès au crédit par la BNF en 2008 qu'en 2006. De plus, cela
démontre encore une fois que les banques privées
n'émettent que de gros crédits, donc favorisant seulement les
grands producteurs.
Cette réelle évolution, étant beaucoup
plus en adéquation avec les attentes et les nécessités des
petits producteurs, montre une impacte concrète de la présence de
l'Etat dans les campagnes. A l'opposé, les banques privées n'ont
pas de stratégie de développement global mais suivent une logique
capitaliste, rentable en termes économiques.
Il demeure néanmoins une grande inégalité
d'accès au crédit entre les petits et grands producteurs ainsi
qu'entre les institutions de crédits. Les alternatives informelles, sans
sécurité légale d'obtention de crédit par les
exploitations familiales, sont encore très présentes chez les
petits producteurs. Les grands problèmes rencontrés dans la zone
d'étude sont le manque de titre de propriété et une
instabilité des revenus dans le temps, souvent trop faibles
vis-à-vis des garanties demandées par les banques ou
coopératives ainsi que pour la BNF.
De plus, la discrimination raciale ainsi que les cultures
privilégiées telles que la palme ou le cacao hybride sont
d'autres freins pour accéder au crédit, non négligeables
pour des producteurs d'origine africaine, en majorité dans la zone et
cultivant du cacao de type « criollo ».
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
56
2.5.5.L'ACCES AU FONCIER DANS LE CANTON DE QUININDE
Après les réformes agraires et les
différentes colonisations, la structure agraire de l'Equateur
présente une accumulation de la terre : selon INDA, « 45% de la
terre appartient à 0,4% des propriétaires terriens. En contre
parti, avec le phénomène corrélatif de
prolifération des minifundistes, seul 7% de la terre agricole du pays
est partagé par 73% des producteur, soit plus 500 000 producteurs ayant
une superficie moyenne de 1,45 ha en 2008.» (Brassel,2010)
La fragmentation des petites exploitations est un
énorme problème entraînant en premier lieu une
déstructuration de l'économie paysanne, puis une
paupérisation de ces populations, obligées de vendre leur terre
et d'émigrer vers les villes.
2.5.5.1. L'ACCES A LA TERRE AU NIVEAU NATIONAL
Bien qu'il existe des efforts de la part de l'Etat
résultant en impacts économiques positifs (par exemple
l'expansion de la palme africaine dans le canton de Quininde augmente beaucoup
la richesse économique de cette partie de la côte), s'il n'y a pas
d'accès à la terre pour chacun, base d'un développement
économique et social, alors l'Etat ne pourra en aucune manière
résoudre le problème de la pauvreté, ni enrayer l'exode
rural.
En effet, un des grands problèmes lié à
l'insécurité des producteurs est un manque de titre de
propriété ; sans ce titre, il n'y a pas de garanties juridiques
de leur terre ni d'accès aux crédits. Cette
insécurité, principalement dans une zone en pleine expansion de
palme, d'agro business, fait apparaître des conflits locaux, des
déplacements de paysans en faveur des acteurs privés, donc des
entreprises, s'implantant de façon « légale » mais sans
morale vis-à-vis des paysans sur leur terre.
En rappel, l'IERAC, créé au moment de la
réforme agraire de 1964, adjudiquait des lopins de terres aux
agriculteurs (en fait les vendait par manque de fond propre pour perdurer).
Pour autant, il n'y eu que 10% de cette population qui fit la démarche
de légaliser sa terre dans les années qui suivirent : à
leurs dires, le coût n'en valait pas la peine puisque le titre
n'était pas ressenti comme une nécessité à cette
époque (Cordelier, 2003).
Aujourd'hui, il devient indispensable de posséder un
titre de propriété pour pouvoir effectuer une demande de
crédit auprès des banques privées comme publiques.
Actuellement le processus de légalisation des terres et donc d'obtention
d'un titre de propriété est peu répandu car il est devenu
plus coûteux du fait que l'INDA doit se financer par elle-même ; il
n'y a pas de subvention de l'Etat. De plus, les frais perçus par INDA
finissent par décourager l'agriculteur qui en fait la demande
(Cordelier, 2003).
En revanche, un projet de « légalisation des
terres communales » a été récemment mis en place.
Cette légalisation consiste à définir un territoire pour
l'ensemble de la communauté et à donner un titre de
propriété pour ce territoire. Toutes les familles membres de
l'association peuvent décider d'inclure leurs terres dans le territoire.
Il est important de préciser que, bien que le titre soit communal, les
terres des familles sont toutes individualisées à
l'intérieur de ce territoire.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Les familles gardent donc un droit d'usage librement
transmissible au sein de la famille. Par contre, la communauté a un
droit de regard quand il s'agit de vendre la terre. Ceci a pour but de
sécuriser les terres, notamment face à la vente à de
grands entrepreneurs ou rentiers susceptibles de capter la rente
foncière (Cordelier, 2003).
Si nous regardons les lois de la constitution
équatorienne via les droits des communautés, il est écrit
:
- Article 57 - il est reconnu et garanti aux
communautés, communes, villages et nationalités indiennes,
conformément à la Constitution, aux déclarations, [...],
les droits suivants :
- 5 : conserver la propriété des terres
communautaires est un droit inaliénable, insaisissable et indivisible.
Ces terres seront exemptées des taxes et impôts.
- 6 : Maintenir la possession des terres et territoires
ancestrale et obtenir gratuitement leur légalisation.
Au niveau de la constitution de INDA, il est écrit
:
- INDA est le propriétaire de toutes les terres en
relation avec les lois de l'Etat équatorien, les mêmes terres qui
servent à développer les populations indiennes, [...], et afro
équatorienne. En faveur de ces populations, la légalisation se
fera gratuitement si ces communautés et ethnies respectent leurs
traditions, cultures et organisation sociale propres. (article 3.1.2.1
Legalizacion)
- L'Etat protègera les terres de l'INDA qui sont
destinées aux populations [...] afro équatoriennes et
légalisera leurs terres gratuitement à la condition qu'ils
respectent leur tradition, culture et organisation propre. Sous la
responsabilité de INDA, les éléments qui vont
améliorer leurs systèmes de production, d'obtenir de nouvelles
technologies, récupérant et diversifiant leurs semences, ou
autres facteurs permettant d'élever leur niveau de vie, doivent
préserver le système écologique. (Article 49)
|
57
Dans notre zone d'étude, il y a de nombreux conflits de
terre, principalement entre des communautés afro-équatoriennes,
représentant la majorité des exploitations familiales de notre
zone d'étude, et des grands agro-exportateurs. Le grand problème
de ces populations vient du fait qu'elles n'ont pas de titre de
propriété.
Parmi les 40 % de la population n'ayant pas
légalisé la terre, la part des petits producteurs et
principalement des communautés afro-équatorienne est en
majorité. Pourquoi ?
Si nous nous appuyons sur les textes de lois ci-dessus, on
constate que l'Etat s'est engagé à ne pas faire payer les titres
de propriété à ces populations, ni d'impôts sur le
foncier. De plus, l'Etat insiste que ces terres ne puissent pas être
fragmentées, ainsi qu'exploitées par des populations
extérieures.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
En revanche, les lois de INDA sont floues au travers de la
légalisation gratuite des terres des afro équatoriens entre
autres. En effet, il est écrit que tout développement et
changement des modes de productions doivent être en respect avec
l'écologie. Est-ce une manière de dire que si une
communauté ancestrale (plus de trois générations) associe
du cacao national avec un hybride dans le but de contrer la progression des
maladies, cela signifie donc que cette communauté n'est plus
perçue comme ethnie afro-équatorienne par l'INDA ?
Ce manque de lisibilité dans les textes de loi et cette
différence entre la constitution de l'Equateur et INDA sur la
légalisation des terres, est un énorme problème pour la
majorité des communautés afro-équatoriennes dans le canton
de Quininde, n'étant pas reconnu comme tel par l'Etat. Cela induit
qu'ils doivent payer pour la légalisation de leur terre.
Voici un exemple des démarches à suivre pour
tenir son titre de propriété :
Le producteur voulant légaliser son terrain doit passer
par 7 niveaux différents de démarches administratives
réparties en 3 offices différentes :
1 Il doit réaliser une « Inderacion »,
c'est-à-dire réaliser une cartographie de son terrain
(coûtant entre 150$ et 180$ pour un terrain de moins de 30 ha).
2 Il doit certifier que son terrain ne fait pas partie d'un
espace protégé et qu'il n'est pas déjà
occupé par quelqu'un d'autre.
3 Il doit faire une sollicitude pour un titre de
propriété (il doit transmettre des informations avec preuve
à la clef de son exploitation, depuis combien de temps il est ici,
etc.).
4 Son exploitation est ensuite visitée et
inspectée par un inspecteur de l'INDA faisant le déplacement.
5 Toutes ces informations remontent jusqu'à Quito
où on va lui remettre le prix de la terre de son exploitation.
6 Il doit ensuite aller notarier ses documents pour enregistrer
sa propriété.
7 Enfin, il doit faire de même au niveau de la commune.
58
En exemple concret, pour un producteur voulant
légaliser sa propriété ne faisant que 8,1 ha, il devra en
plus du temps des démarches qu'il perdra au détriment de son
travail, débourser plus de 550$, ce qui représente un coût
énorme et le plus souvent impossible à payer.
Du fait des incohérences dans les textes de lois, ces
producteurs sont véritablement vulnérables à perdre leur
terrain, surtout dans un contexte de croissance fulgurante d'agro exportateurs
dans ce canton.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Voici ci-dessous en résumé les
problèmes actuels des producteurs, principalement les exploitations
familiales de la zone voulant légaliser leur terre afin d'en assurer
leur pérennité :
- Les offices pour légaliser la terre sont
situés seulement à Quininde qui est difficile d'accès pour
des producteurs isolés, sans moyen de transport, dans le canton,
à plus de six heures de « rancherra » (petit bus passant deux
fois par jour au mieux).
- Les exigences administratives sont difficiles pour le
producteur à se procurer (manque de ressources et de documents à
la ferme).
- Le prix du dossier INDA coûte cher, ce qui est
impossible à payer sans aides pour la majorité de petits
producteurs.
- La réalisation des démarches représente
beaucoup de temps perdu (les allers-retours à l'office) ; il faut
compter environ un an pour obtenir son titre de propriété.
- Les informations allant entre les offices INDA communales,
cantonales, nationales sont perdues facilement, ce qui annule le dossier. Il y
a un manque de coordination entre les offices.
Aujourd'hui, l'INDA manque de fonds propres. L'INDA est en
remise en question par l'Etat voulant complètement résoudre ce
problème de concentration et fragmentation de la terre ; cela se
traduisant par la création de nouvelles réformes au niveau des
systèmes de titularisation. De plus, il est question de rendre publique
cette institution qui permettra à l'Etat une marge d'action plus
importante et directe.
2.5.5.2. LES IMPACTES SUR LE CANTON QUININDE
Selon l'INEC, le canton de Quininde représente en 2001
344 608 ha dont 314 329 ha furent adjudiqués par l'IERAC ou l'INDA
jusqu'à aujourd'hui. Si l'on ajoute les espaces urbains, on peut estimer
que le canton de Quininde détient une population d'environ 112 000
habitants aujourd'hui dont 78% vivent en province.
Graphique 11: Distribution de la terre dans le
canton de Quininde (Municipalité Quininde,
2009)
59
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
60
Comme on peut le constater, les petites unités de
productions (producteurs ayant moins de 20 ha) représentent 13,7% de la
superficie totale avec 5 196 producteurs, soit 47,6% de tous les producteurs du
canton. En comparaison, les producteurs de plus de 200 ha (93, soit 3,12% du
total) détiennent plus de 48 712 ha, soit 14,13% de la superficie
totale. Ces chiffres sont très importants pour comprendre comment est
aujourd'hui constitué ce canton au travers son histoire. Nous pouvons
réellement voir la concentration de la terre actuelle, impliquant donc
toutes ces inégalités. Cependant, ce graphique ne montre en rien
les processus des multipropriétés présentes dans le
canton.
D'autres informations mentionnées par l'ONG
FMLGT24 sont intéressantes sur ce point : « Selon
DINAC25, les grandes propriétés ayant plus de 500 ha
couvrent 18 023 ha pour 15 propriétaires, ce qui représente une
moyenne de 1200 ha chacun » . Selon le FMLTG, « La compagnie Palmera
de los Andes a plus de la moitié de toutes les cultures de palme
africaine, soit plus de 6000 ha à elle seule. De plus, l'exploitation de
bois Codes représente 700 ha de forêt, implantée sur une
terre de Chachis, ethnie indienne, ce qui a généré
beaucoup de conflits internes ».
Remarque : des recherches réalisées ont
dénoncé les exploitations Endesa - Botrosa pour non suivi de la
loi de Gestion Forestière Durable : les coupes d'arbres en forêt
primaire sont réalisées par des machines lourdes
inadéquates, ce qui montre le manque de contrôles en partie par
les autorités environnementales. De plus, ces arbres natifs sont
remplacés par des espèces exotiques comme le pachaco
utilisé principalement pour la fabrication des charpentes. Cette
façon de justifier le reboisement de manière durable est
très éloignée du concept de durabilité de la
production qu'a promulgué la loi sur la forêt : « la taux
d'exploitation des produits forestiers ne sera pas supérieur aux taux de
la reprise naturelle de ces mêmes produits dans la forêt ».
En idée générale, les terres tenues par
les entreprises représentent un total de 40 000 ha, donnant une moyenne
de terre par entreprise, firme ou exploitation forestière égale
à 153 ha. Les différences de superficie entre les producteurs,
liées pour la majorité aux grandes entreprises de palme et une
forte concentration de pauvreté dans ce canton (19% de la population vit
en dessous du seuil de pauvreté au niveau du canton de Quininde),
influent pour beaucoup sur la répartition inégale des terres du
canton comme le montre son indice de GINI , égal à 0,65 en 2005
alors qu'il est de 0,54 pour la province d'Esmeraldas en 2008.
Au niveau de la légalisation des terres, la nouvelle
loi agraire du pays en 1994 n'eut que peu d'impacts dans ce canton, du fait
qu'il n'y a presque plus d'haciendas depuis la crise de la banane. Il n'y a eu
que 339,6 ha de terre redistribuée aux exploitations paysannes entre
1968 et 1995.
24 Fondation Maria Luis Gomez de la Torre
25 Direction Générale des Statistiques et des
Cadastres
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Cette loi n'a servi qu'à garantir la
propriété de la terre, mettant ainsi un terme aux
inquiétudes des grands propriétaires. Le discours, toujours en
vigueur, vise surtout à garantir la « sécurité
juridique » de la propriété foncière, en partant de
l'hypothèse que l'un des problèmes les plus importants des
producteurs est le manque d'accès au crédit.
Le raisonnement est que, munis enfin de leurs titres de
propriété, ils pourront accéder à un facteur de
production qui leur faisait défaut et investir pour se « moderniser
». L'État, appuyé par des institutions comme la Banque
Interaméricaine de Développement, continu donc d'insister sur une
politique de « titularisation » de propriétaires, au moyen de
coûteux projets qui font appel à des techniques de
géomatique.
Cependant, il ne dit pas comment ces titres pourront
être mis à jour pour tenir compte des héritages, ventes,
etc. ni comment ils pourront résoudre
l'inégale répartition foncière actuelle. En effet, cette
loi néolibérale fut crée principalement pour que les
paysans et indiens de la région ne puissent pas accéder à
la terre. Il y eu d'énormes dépossessions de terre provocant de
nombreux conflits violents entre producteurs et grandes exploitations
(Accès à la terre, AVSF, juillet 2008)
Graphique 12: Les terres légalisées
dans le canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)
Bien que nous pouvons remarquer une augmentation de terres
légalisées entre 1997 et 2000, la dollarisation du pays a eu
comme impact une diminution brutale du pouvoir d'achat chez toute la
population. A partir de 2003, il y a une relance des titres de
propriétés provoquée, en partie, par le gouvernement de
Rafael Correa incitant les populations à légaliser leur terre,
comme par exemple la création de la nouvelle ligne de crédit pour
accéder au titre de propriété vu
précédemment. En revanche, ce graphique ne montre pas quelles
sont les typologies de producteurs ou entreprises ayant légalisé
leur terre à partir de la dollarisation.
61
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Du fait d'un développement rapide de l'agro-business,
d'une absence de l'intervention de l'Etat au sein des exploitations familiales,
d'inégalités en termes de concentration de la terre, de mode de
commercialisation, d'accès au crédit ont provoqué de
graves conflits sociaux, des vagues d'exode rural, ainsi qu'une
paupérisation de la population dans ce canton.
|
Bien que l'Etat commence à prendre en compte ces
problèmes sociaux économiques mais aussi environnementaux et
éthiques, ce fut principalement les ONG à partir de l'an 2000 qui
ont joué son rôle en essayant d'améliorer la situation des
producteurs, de mettre en place des organisations paysannes, d'appuyer leurs
économies et donc de permettre une meilleure distribution des revenus,
un meilleur niveau de vie de ces exploitations familiales ainsi que la prise de
conscience, au niveau de toute la population et des municipalités, de la
fragilité du milieu naturel dans lequel ils évoluent.
|
Le canton de Quininde a donc été une zone
très marquée par son histoire agraire qui a connu de nombreux
cycles agro exportateurs, ayant débuté par l'exploitation de
caoutchouc, le cacao, la banane jusqu'à la production d'huile de palme
étant aujourd'hui en pleine expansion dans la zone. Tous ces changements
ont impliqué de multiples transformations, non seulement du paysage
agraire mais aussi au sein du cadre social, économique et
organisationnel.
Evidemment, la participation de l'Etat a joué un
rôle fondamental au niveau de la restructuration des unités de
production à travers ses différentes formes d'incitation à
la colonisation, ses lignes de crédits, ses réformes agraires, ce
qui a déterminé les systèmes de production actuels du
canton.
En rapport avec le contexte socio-économique
environnemental dans lequel cette population rurale a vécu, le tableau
ci-dessous résume l'évolution de ces producteurs. Ainsi, on a pu
définir des typologies de producteurs et leurs évolutions dans le
temps jusqu'à aujourd'hui.
62
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
63
Figure 14: Les évolutions des types de
producteurs (étude SIPAE, 2009)
Pour mieux appréhender la situation actuelle des
économies paysannes face à un contexte de développement
d'agro-business, il est important d'analyser, d'un point de vue
économique, les différents systèmes de production,
d'exploitation de chaque acteur de production agricole de la zone
d'étude. Cette démarche permettra de montrer les avantages ainsi
que les freins de ces économies paysannes.
En un deuxième temps, nous énumérerons
quelques axes directeurs autant en termes d'alternatives et surtout au niveau
des législations de l'Etat, pour un meilleur développement
économique, environnementale et social de ces exploitations familiales
au niveau du canton de Quininde.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
64
3. SYSTEME DE CULTURE ET D'ELEVAGE, DE PRODUCTION ET
LEURS EVOLUTIONS
Pour comprendre comment on peut appuyer et orienter les
exploitations familiales dans ce canton, il est important d'étudier les
différents systèmes de culture, d'élevage, les
différents mode de gestion des producteurs au sein de leur
système de production. Dans un contexte politique en faveur de
l'agro-business, une analyse économique est une clef de lecture, en
terme de revenu, de cout d'opportunité, pour montrer la situation
actuelle des économies familiales.
3.1. SYSTEME DE CULTURE ET D'ELEVAGE
3.1.1.SYSTEME AGROFORESTIER
Tel qu'il a été analysé dans la partie
consacrée au zonage, les systèmes agroforestiers se rencontrent
de manière prépondérante dans la zone amont. Ces
systèmes peuvent être définis comme une association de
cultures pérennes et semi pérennes présents sur une
même surface.
Bien que le cacao est la principale source de revenus au sein
des exploitations familiales, on ne peut pas parler de système de
culture de cacao à proprement parlé, du fait qu'il n'existe pas
de système de monoculture pure de cacao dans le canton ; c'est pourquoi
nous l'intégrons dans les systèmes agroforestiers.
Pour renforcer quelques limites d'étude dans cette sous
partie, nous nous sommes appuyés sur le Diagnostic Agraire du canton
Rioverde d'Emilie Cordelier et Marion Morize réalisé en
2003, dans une zone voisine et similaire à la notre.
De ces systèmes agroforestiers, nous avons
identifié trois variétés de cacao :
Le cacao « nacional » ou « criollo
». Il domine dans la zone. (52 J/ha au total avec un rendement
maximum de 12 quintaux/ha/an soit une productivité de 6$ par jour de
travail).
Le cacao « colombien » ou «
vénézuélien », est également
important dans la zone. Il provient des croisements Nacional x
Trinitario. Ses caractéristiques et sa conduite sont cependant
similaires à celles du « criollo ».
Le cacao amélioré dit
« hybride » ou « ramilla » (clone CCN51) :
il est de plus en plus répandu dans la zone (64 J/ha avec un rendement
de 37 quintaux/ha/an soit une productivité de 15$ par jour de
travail).
Durant sa phase de croissance, le cacao est associé
à la banane plantain (et/ou la banane). Celle-ci meurt au bout de trois
ou quatre ans. Diverses espèces forestières ou fruitières
sont plantées ensuite: Guaba (arbre légumineuse), papayers,
orangers, mandariniers, coco, manguiers, etc. Ces espèces assurent
l'ombrage permanent nécessaire au cacao, permettent de limiter la
pression des adventices et de maintenir une certaine humidité.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
65
Cet agro-système, mis en oeuvre depuis de nombreuses
années, a l'avantage de présenter un maintien d'un sol humide, un
microclimat, une production de biomasse et une population de ravageurs.
- Pour le sol: la diversité des
cultures partageant une même surface permet de ralentir le
phénomène d'érosion grâce à l'importance du
couvert végétal.
- Pour le microclimat: la présence
d'arbres fruitiers et de bois au sein de ces systèmes réduit
l'impact du vent, ce qui entraîne une faible perte d'eau par
évapotranspiration.
- Pour la production de biomasse: du fait de
la présence de divers végétaux, le processus
photosynthétique augmente la création de matière
végétale et donc la production de biomasse.
- Pour les ravageurs: un système
associé permet l'existence d'ennemis naturels, permettant un
équilibre au sein du même système.
Itinéraire Technique
La gestion du système agroforestier commence par un
nettoyage qui se réalise généralement aux périodes
d'entrée et de sortie de l'hiver, respectivement au cours des mois de
décembre-janvier et juin-juillet.
Le cacao est planté qu'à l'arrivée des
premières pluies pour lui permettre un développement rapide. A
l'aide d'une corde, l'agriculteur définit les ligne de semis (inter-rang
de trois à quatre mètres) puis enfouit la graine
pré-germée tous les trois-quatre mètres, ce qui donne une
densité de 600 plants par hectare en moyenne.
Remarque : pour le cacao CCN51, une mise en
pépinière est présente : au mois d'octobre, les graines
sont placées dans des sachets plastiques (qui servent de godet) remplis
de terre et irrigués deux à trois fois par semaine jusqu'à
transplantation, au bout de deux mois.
La banane plantain est plantée dans l'inter-rang,
à même densité, mais alternant parfois avec un arbre
fruitier ou un Guabo, plantés un peu plus tard. Les jeunes
cacaoyers et les bananiers plantain sont ensuite désherbés en
couronne tous les trois mois en hiver et moins fréquemment en
été, pour maintenir l'humidité au sol pendant les mois
secs.
Ce n'est qu'au bout de trois ans, quand l'ombrage devient
suffisant, que s'espacent les désherbages (deux fois par an). Outre la
nécessité de limiter la croissance des mauvaises herbes à
l'arrivée des pluies et de nettoyer après la période
pluvieuse, ces deux périodes correspondent aux moments de plus forte
floraison du cacao et les agriculteurs affirment que ce désherbage est
nécessaire pour assurer une bonne récolte par la suite .Cette
activité est faite par la famille elle-même ou par
l'intermédiaire d'un salarié.
Ces dernières années, certains producteurs ont
opté pour l'utilisation de produits chimiques pour le désherbage,
à raison de 1 à 2 fois par an. Cette pratique n'est pas encore
répandue, puisque les producteurs considèrent encore que
l'excès de produits chimiques provoque des dommages à leurs
systèmes agroforestiers. Toutefois, il n'est pas écarté
que l'utilisation de produits chimiques s'accroit au fil des ans, du fait que
cette pratique est moins chère que la pratique manuelle (prix
produits agro-chimiques, voir annexe 1).
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
66
Tableau 3: Comparaison des nettoyages manuel et
chimique pour un hectare (étude SIPAE, 2009)
Nettoyage Temps de travail
(homme/jour)
|
Coût du journalier
($)
|
Consommations intermédiaires ($)
|
Coût total ($)
|
Manuel Chimique
|
5
|
10
|
0
|
50
|
1
|
10
|
8
|
18
|
Une autre activité qui se déroule à
l'intérieur des systèmes agroforestiers ou diversifiés est
l'élagage. L'élagage consiste à enlever les branches et
les feuilles sèches, dites "suceuses", ainsi que les fruits malades des
arbres. Les pousses de plantes présentant les meilleures
caractéristiques sont laissées. Cette taille des branches malades
est principalement utilisé pour le cacao face à la maladie «
Escoba Bruja » et « Monilla » lorsque les plants ont plus de
huit ans en général. La meilleure époque pour tailler est
en été, au mois d'août, une fois que le nettoyage a
été réalisé. Certains producteurs font la taille
deux fois par an pour les cacaoyers, alors appelée taille
phytosanitaire. Pour tous les arbres fruitiers, en particulier les agrumes, les
tailles sont effectuées chaque deux ou trois ans
La fertilisation des systèmes agroforestiers est
effectuée depuis quelques années. Il existe des producteurs qui
ont reçu une formation sur les formes de fertilisation organiques.
Ceux-ci fertilisent avec des engrais liquides à une fréquence de
deux à quatre fois par an. Pour autant, la plupart des agriculteurs
rencontrés ne font pas d'apport d'engrais ou d'amendement organique.
Production, récolte et
post-récolte
La majeure partie de la production est fournit à
l'époque hivernale, ce qui correspond aux mois de janvier à mai,
et commence à diminuer au cours des mois d'été, comme le
montre le tableau ci-dessous :
Tableau 4: Calendrier cultural des système
agroforestiers (étude SIPAE, 2009)
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
67
En premier lieu, nous observons la diversité que
présente ce système, depuis les cultures de subsistance jusqu'aux
cultures de rente. Bien qu'il y ait une plus grande production en hiver, cela
n'exclut pas que la production reste constante au cours de l'année, ce
qui permet au producteur de bénéficier d'une certaine
stabilité dans le temps.
Dans le cas du cacao, la saison principale de production est
l'hiver, les mois d'avril et de mai présentant les plus gros volumes de
récolte. Au cours de ces mois, il est possible de récolter toutes
les deux semaines. La récolte peut être faite à deux
personnes; l'une récolte les cosses de cacao et les regroupe sur le sol,
l'autre les ramasse et les coupe en deux pour extraire les amandes et les
dépose dans un seau ou sur un sac.
En fonction du producteur, le prix de vente peut variée
entre 50$/quintal et 110$/quintal selon que les amandes sont vendues
directement (en « baba ») ou bien fermentées et
séchées et que ces exploitants font partie ou non d'associations,
de groupements de producteurs.
En rappel, se regrouper permet d'avoir de meilleures relations
et un pouvoir de négociation avec les intermédiaires ou
directement avec des transformateurs (par le biais de partenariat). Ainsi, ces
producteurs assurent une sécurité de production et de
qualité régulière (garantie par des certifications
biologiques par exemple) et donc un meilleur prix de vente.
En règle générale, les producteurs
laissent fermenter les amandes un à deux jours, puis les mettent
à sécher sur des auvents ou sur les bords des routes. Cependant,
ce travail de transformation dépend pour beaucoup des
intermédiaires se focalisant généralement sur la
quantité vendue et non sur la qualité. Il faut ajouter à
cela les fluctuations des cours mondiaux du cacao.
En plus de la récolte du cacao, la production majeure
de bananes est réalisée au cours de la saison des pluies. [a
récolte des bananes s'effectue tout au long de l'année, et
habituellement toutes les deux semaines. Ce travail nécessite deux
personnes, celle qui coupe les régimes et l'autre qui les charge. Une
fois les régimes récoltés, le stipe est coupé pour
être laissé sur le sol et y pourrir (gestion du cycle de
fertilité). Le moment de récolte des agrumes (oranges et
mandarines) s'étale de mars à novembre, les mois de septembre et
d'octobre présentant une augmentation de la production. [a
récolte peut être effectuée par l'agriculteur même,
selon les besoins de la famille, ou peut être directement faite par des
acheteurs à la ferme. Le café est récolté à
la sortie des mois pluvieux. Comme dans les systèmes diversifiés
actuels le nombre de plants de café est faible, quelques heures
suffisent à sa récolte.
Les produits comme la banane, le manioc, la papaye, la goyave
ou le pamplemousse, sont destinés principalement à l'alimentation
familiale et leur récolte est associée à un besoin
immédiat de consommation.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Les différents agro-systèmes
présents
D'après les enquêtes réalisées
auprès de plusieurs producteurs qui administrent un système
d'agroforesterie, on distingue deux sous-systèmes
différenciés par le mode de gestion et le niveau de rendement,
décrits comme suit:
Les Systèmes Agroforestiers à fort
rendement (SA1): le producteur gérant ce système a
reçu une formation agricole d'une association ou de l'organisation
paysanne à laquelle il appartient. Des tailles phytosanitaires sont
réalisées ; elles représentent l'une des activités
les plus importantes pour le producteur. La fertilisation organique offerte par
ces tailles, associée à un apport d'autres produits biologiques
provenant de la même ferme, permet de maintenir un bon rendement.
De plus, son cacao joue un rôle prédominant au
sein de son système : sa parcelle est en transition entre la
variété nationale et hybride. Pour les calculs, on a pris une
moyenne de 60% de variétés « criollo » et 40% pour le
CCN51. Son rendement total moyen via le cacao est d'environ 22 quintaux/ha/an
vendu à 80 $/quintal du fait d'une bonne fermentation et séchage
des amandes soit une rémunération de 1760 $ soit 72% de la
rémunération (Produit Brut total) du système (2460 $). Il
faut ajouté à cela la rémunération des arbres
fruitiers, soit 700 $ /an selon les producteurs interrogés.
Les Systèmes Agroforestiers à faible
rendement (SA 2): la plupart de ces producteurs sont
indépendant, ils n'ont pas eu l'opportunité de recevoir une
formation et gèrent donc leur système agroforestier de
manière traditionnelle. La gestion de ces exploitations agricoles est
plus simple, l'élagage et la taille se font tous les deux à trois
ans. Il n'existe pas de taille phytosanitaire adéquate et les cacaoyers
sont remplis de mousses et de plantes parasitaires. Il n'y a que de faibles
fertilisations au sein du système.
Ses plants de cacao ne sont que de variétés
nationales. Leurs rendements n'excèdent rarement les 6,5 quintaux/ha/an,
dont les amandes sont vendues généralement en baba ou seulement
fermentées soit à 70 $/quintal soit une
rémunération de 455 $ soit 47% de la rémunération
(Produit Brute total) du système (950 $) D'où
l'intérêt des cultures associées dans les cacaoyères
(que les fruits soient vendus ou autoconsommés).
Graphique 13: Comparaison du PB total entre SP1 et
SP2. (étude SIPAE, 2009)
68
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
69
La tendance actuelle est de changer ses plants de cacao
national par celui hybride du fait d'une productivité de travail trois
fois plus important et d'une production commençant à partir de la
deuxième année. En revanche, cette variété est
beaucoup plus vulnérable aux maladies d'où un traitement chimique
plus important (problème environnementale).
|
Cette volonté d'implanter cette variété
hybride est due à une mauvaise commercialisation où seule la
quantité du produit, via les intermédiaires, prédomine
actuellement. Mais aussi, par des institutions de crédit telles que la
BNF, qui mettent en place de nouvelles lignes de crédit en faveur de
cette variété donnant plus de garantie.
|
Le problème de cette variété est qu'elle
n'entre plus dans une stratégie de niche économique pour le
producteur, ce que les ONG essayent de faire valoir auprès de ces
exploitations paysannes (en incitant par exemple les groupements de producteurs
ou l'obtention de certifications) pour leur assurer une pérennité
de leur système de production.
|
Cultures complémentaires
Sur de petites surfaces, les producteurs ont l'habitude de
cultiver des céréales destinés à la consommation
familiale. En fonction des conditions agro-écologiques du terrain, les
plantations de riz en hiver et de maïs d'été sont
fréquentes. Le riz est la base de l'alimentation de la famille. Quand il
est semé en hiver, toute la production est récoltée,
stockée et consommée en fonction des besoins. La production de
maïs, en plus de servir de nourriture aux paysans, est également
destinée en grande partie à l'élevage de poulets, qui
complètent l'alimentation familiale.
Remarque : La production des quantités de
maïs et riz produites étant marginale, elle n'a pas fait l'objet
d'étude.
3.1.2.FRUIT DE LA PASSION : UN SYSTEME ALTERNATIF
Après la chute du café, comme nous l'avons vu
dans la périodisation, de nombreux producteurs ont décidé
d'abattre une grande partie de leurs caféiers pour les remplacer par
d'autres cultures, tels que les fruits de la passion.
Itinéraire Technique
Avant de mettre en place cette culture, il est
nécessaire d'effectuer quelques activités préliminaires:
le défrichement ou nettoyage du terrain, qui revient à couper les
arbres qui se trouvent dans la zone et à brûler le terrain. Une
fois ce travail réalisé, il est nécessaire de baliser le
terrain, comme pour le cacao. Cette activité est faite par des
travailleurs qualifiés ; de même, le paiement est
comptabilisé par nombre de points balisés et le coût est de
0,10 $/point. Par la suite, les trous sont creusés pour la
transplantation des plants. La distance entre les trous est de 4 x 4
mètres. Les plantes peuvent être achetées ou les
producteurs font généralement leurs propres
pépinières.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
70
Alors que la culture est en processus de croissance, il est
nécessaire d'installer des poteaux et des fils de fer qui serviront de
support et de tuteur à la plante. Lorsque la plante a 2,5 mois de vie,
il est nécessaire d'enrouler la plante autour du fil, afin de guider sa
croissance. La gestion commence par un nettoyage qui se fait tous les trois
mois, cependant, cela n'est pas suffisant pour contrôler les mauvaises
herbes ; des herbicides sont alors souvent utilisés. La fertilisation
est un facteur important pour la productivité tant pour les phases
d'installation, que de croissance ou de floraison. Pour lutter contre les
maladies et les ravageurs, des produits chimiques sont appliqués
à raison de sept fois par an environ, selon le degré
d'influence.
Une autre activité importante est la taille, qui se
réalise avant et pendant la phase productive. La première taille
se fait quand la plante a 4 mois, la seconde quand elle a 5,5 mois et
après un mois est faite la troisième. A partir de sept mois, la
plante est prête pour la production. D'après les entrevues
réalisées, le rendement oscille entre 2,5 tonnes et 5 tonnes par
hectare et par an.
La récolte se fait généralement tous les
8 jours. Cela permet aux producteurs d'avoir un revenu fixe. Lorsque l'offre
est supérieure à la demande, les prix peuvent baisser
jusqu'à 0,35 $/kg, et dans le cas contraire ils peuvent monter
jusqu'à 0,85 $/kg. Pendant la production, il est nécessaire de
contrôler que les poteaux et les fils de fer soient en bon état
pour supporter le poids des fruits. Ce sont des tâches permanentes qui
requièrent du temps et des efforts. Les producteurs ont tendance
à garder leurs cultures entre deux à trois ans, après quoi
il est nécessaire de la renouveler.
La production de fruit de la passion est une alternative de
plus en plus fréquente pour assurer un revenu fixe pour l'exploitant. En
outre, cette culture demande beaucoup d'entretiens, de temps de travail mais
surtout un investissement non négligeable pour une bonne production. De
ce fait, seules les producteurs ayant un capital de départ ou pouvant
avoir accès à un crédit sur le long terme peuvent
implanter cette culture, mettant donc à l'écart beaucoup de
petits producteurs dans la zone.
3.1.3.LA PALME AFRICAINE
Itinéraire Technique
Avant toute intervention, certains producteurs portent au
laboratoire des échantillons de sol afin de connaitre
précisément les carences en éléments nutritifs et
de pouvoir les corriger. Avant l'installation du palmier à l'huile, il
est nécessaire de réaliser certaines activités. Cela
commence par un « dégrossissement» qui consiste à
nettoyer la zone où les palmiers seront plantés (coupe des
arbres), et ensuite à brûler les quelques mauvaises herbes
présentes. On effectue ensuite le balisage, c'est-à-dire qu'on
identifie les points où il faudra semer les plantules, ce qui est
généralement effectué par une personne qualifiée
pour ce travail, qui sera rémunéré par point
identifié. Une personne peut réussir à baliser
jusqu'à douze hectares par jour. Une fois le balisage fait, il est
nécessaire de faire les trous dans le sol et la transplantation. Les
plantes sont achetées auprès d'entreprises privées ou
à l'institut national
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
71
de recherche agricole, INIAP26. Le prix de la plante
dépend de la variété et du stade de développement
atteint (vendue de 3 à 12 mois si le producteur ne fait pas germer ces
semences lui-même) ; le prix oscille entre 2,5 et 6,0 $/plant pour les
espèce améliorées INIAP.
Bien que les plantes soient au stade de croissance, il est
important de veiller au contrôle phytosanitaire (application d'intrants
chimiques et biologiques), de contrôler le développement des
racines et des mauvaises herbes, et de supprimer des premières fleurs.
D'après les entrevues réalisées, le coût
d'investissement est compris dans une fourchette allant de 1000 à 2200
$/ha.
Certains producteurs combinent souvent la culture du palmier
avec la « Pueraria phaseoloides (Roxb.) Benth ». Il s'agit
d'une légumineuse, qui permet donc de contribuer à l'apport
d'azote, de maintenir l'humidité des sols, de contrôler les
mauvaises herbes, et elle peut être utilisée comme aliment pour le
bétail. Généralement, les bovins qui tirent avantage de
cette plante sont ceux qui ont le plus grand besoin en élément
nutritifs, comme les vaches qui viennent de mettre bas et les jeunes veaux.
La variété et l'âge de la palme sont des
facteurs prédominants de la productivité d'une plantation de
palmiers à huile. Cette productivité est déterminée
par deux paramètres: la production de fruits et le pourcentage
d'extraction d'huile à partir de ces mêmes fruits. Parmi les
instituts et les entreprises qui ont la plus forte incidence dans la zone
d'étude en ce qui concerne la fourniture de semences et de plantules
certifiées sont INIAP, Palmera de los Andes (PDA) en collaboration avec
le CIRAD27.
Remarque : quelque soit la variété
choisie, ce palmier est très demandeur en eau, provocant donc en sein du
canton de Quininde, une baisse moyenne du niveau des nappes phréatiques
rendant son accès de plus en plus difficile pour les systèmes de
cultures des économies paysannes voisines.
La plante commence à produire une fois qu'elle a
atteint sa troisième année de vie. Il est clair que les
premières années de production vont être peu
significatives, atteignant une bonne production à partir de la
septième année, valeur qui continuera à croitre dans le
temps jusqu'à la 20ème année approximativement
(cela dépendant également de la variété
utilisée). Pour garder la plantation exempte d'agents pathogènes,
un élagage fréquent est nécessaire ; les producteurs en
réalisent généralement un à deux par an. La
conduite de la culture est la suivante: chaque trois ou quatre mois est
réalisé l'élagage, autrement dit le nettoyage manuel des
mauvaises herbes autour des palmiers. La personne qui réalise ce
travail, dans le cas d'une main d'oeuvre salariée, est
rémunérée au nombre de plants nettoyés. En
parallèle est effectué le nettoyage de la couronne (disque autour
du tronc). Entre élagage et couronne, une personne peut nettoyer 70
à 80 plantes par jour de travail.
Les rachis coupés et vidés de leurs fruits
(après avoir subi le processus d'extraction) sont placés au
niveau de la couronne, puisque qu'ils jouent un rôle d'amendement
organique des sols une fois décomposés. En fonction de la
capacité économique du producteur, la
26 Institut Indépendant de Recherches Agronomiques
27 Centre de Coopération International en Recherche
Agronomique pour le Développement
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
72
fertilisation peut être réalisée de deux
à quatre fois par an, avec des engrais simples ou complets, à la
fois épandus sur le sol et sur les feuilles. De la même
manière, le contrôle des ravageurs et des maladies, selon la
façon dont ils se présentent, peut être fait tous les deux
à trois semaines en hiver, ou tous les mois ou deux mois en
été. Dans certains cas, une correction du pH à la hausse
est réalisée avec l'incorporation de chaux agricole.
La récolte se fait habituellement tous les 15 jours, ce
qui permet de générer un revenu permanent pour le producteur,
bien que les rendements les plus élevés soient en hiver. Les
personnes qui vont récolter doivent couper une ou plusieurs feuilles
avant d'atteindre le régime de fruits, puis charge ce dernier dans une
brouette, à dos de mule, sur un charriot glissant tracté par un
boeuf, dans une remorque, ou encore sur un wagonnet. Les outils
spécifiquement utilisés varient en fonction de l'âge des
palmiers : machette jusqu'à 5-6 ans, faucille au-delà (avec
manche étirable), et un bâton en fer pour ramasser les
régimes coupés.
Une fois récoltés, les régimes sont
immédiatement envoyés à l'usine d'extraction d'huile,
située stratégiquement près des fermes, permettant ainsi
de préserver une qualité de fruit la plus haute possible.
Graphique 14: Répartition des
activités agricoles de la culture de Palme (étude SIPAE
2009)
Les différents systèmes de palme
présents :
Il a été différencié deux
sous-systèmes de culture du palmier à huile, distingués
principalement par le niveau d'utilisation de main d'oeuvre salariale, la
fertilisation et la lutte contre les maladies, ce qui dénote une
distinction sur le niveau de production atteint :
Système de Palme africaine 1
(SP1): ce système est caractérisé par une
utilisation largement majoritaire de produits chimiques pour la fertilisation,
le désherbage, les maladies et les ravageurs ; par l'utilisation de
variétés importées et améliorées comme IRHO,
HSD, Dehli x Lamé et Compacta, INIAP - Tenera. La plupart des
producteurs compte sur un personnel allant des travailleurs permanents et
occasionnels aux administrateurs, en passant par des chefs de groupe, des
superviseurs et des secrétaires. Les rendements ont une moyenne de 17,46
t/ha/an dans la zone.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
73
Système de Palme Africaine 2
(SP2): ce système est caractérisé par des
producteurs qui appliquent une gestion moins intensive et moins rigoureuse.
Bien que toutes les activités réalisées soient à
peu près semblables, l'injection de produits chimiques est mineure, ce
qui se reflète par une baisse de la production, ayant une moyenne de
13,27 t/ha/an. Les activités d'élagage et de nettoyage des
couronnes requièrent beaucoup de travail ; elles sont effectuées
par des journaliers, alors que la fertilisation et l'application de produits
phytosanitaires sont assurées par les producteurs eux-mêmes.
Habituellement, ils utilisent les variétés INIAP (les moins
chères du marché) et très peu de Deli x Lame.
Les producteurs qui exploitent ce système utilisent des
intrants en fonction de leur capacité d'achat ; se sont
généralement des engrais simples, ce qui ne suffit pas pour une
nutrition adéquate des plantes, en tenant compte du fait que les besoins
nutritionnels de la palme africaine sont élevés. De
manière générale dans ce système, les producteurs
ne disposent pas d'un véhicule personnel et sont donc amener à
s'entraider entres producteurs ou à payer le service de transport.
3.1.4.SYSTEMES D'ELEVAGE
Pour les petits et moyens éleveurs, l'élevage
entre dans un processus de sécurité alimentaire mais entre aussi
dans une stratégie de vente de lait et fromage frais. Pour ces
producteurs qui ont maximum 10 têtes de bétail, leur troupeau
s'apparente à une caisse d'épargne. En contre partie, pour les
moyens et grands propriétaires, l'élevage est un flux d'argent
permanent.
Selon le recensement du MAGAP en 2000, il existe dans le
canton de Quininde 8851 éleveurs à lait avec plus de 28 000
têtes de bétail. Alors qu'il y a environ 2900 éleveurs de
vache à viande avec plus de 15 000 têtes. Il y a également
dans le canton d'autres espèces telles que des ânes, des chevaux,
des mules, des chèvres, des lapins, et « cuye » 28
étant pour la consommation familiale.
Bien que le bétail s'adapte très bien à
la fois dans les zones amont et avale, il est important de noter qu'il existe
une prédominance dans la partie orientale du canton, où les
conditions topographiques permettre une plus grande prévalence de cette
activité. D'après les informations recueillies lors des
entrevues, deux systèmes d'élevage représentatifs ont
été identifiés dans la région: l'élevage
semi-technicisé et l'élevage traditionnel.
L'Elevage Semi-technicisé (ES):
Les races principalement utilisées dans ce système sont:
Holstein, Marron Suisse, Brahman, Normande, Charolaise, Gir, croisée
entre Bellin laitière et Holstein rouge. La gestion consiste à
effectuer deux ou trois déparasitages tous les trois mois et des
vaccins. Un supplément de vitamines est donné tous les quatre
mois. Outre l'alimentation basée sur la pâture, il existe
également des suppléments alimentaires tels que des nutritionnels
additionnels, des sels minéraux et des bananes. Des bains contre les
puces sont effectués chaque mois.
28 Type de cochon d'inde
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
74
L'entretien des pâturages est relativement simple; il
est nettoyé deux fois par an et fertilisé avec des engrais
chimiques (urée) une fois par an. Les parcelles sont mises en
jachère pendant trois mois en moyenne. Les temps des travaux du
désherbage par hectare ont été difficiles à
évaluer dans la mesure où les producteurs ne connaissaient pas
leurs surfaces de pâturages.
Certains producteurs ont innové par
l'intermédiaire de l'insémination artificielle, de l'achat de
machines à traire et de l'amélioration de leurs stabulations. Ce
système est également caractérisé pour compter avec
des travailleurs permanents, appelés "vachers", qui effectuent toutes
les tâches mentionnées ci-dessus. Ils sont payés entre 210
et 300 $/mois. Le taureau est changé lorsque le producteur peut, chaque
quatre ans pour éviter les problèmes de consanguinité.
Pour les vache en lactation, la traite se fait une à
deux fois par jour au coralle par l'éleveur. La production de lait se
situe entre 5 et 10 litres/vache/jour. Le prix de vente du lait varie de 0,35
à 0,40 $/litre selon le marché, mais il se vend en
général à des entreprises, comme « La Rey Leche
». Lorsque les veaux sont des mâles et qu'ils ont atteint
l'âge de 7 mois, ils sont vendus sur le marché local à un
prix d'environ 110 $/tête.
L'Elevage Traditionnel (ET): Les races
utilisées dans ce système sont de moins bonne qualité que
dans le système ES, à savoir qu'elles sont le résultat de
plusieurs croisements, provenant des races Holstein et Marron Suisse. La
gestion consiste en un approvisionnement de vitamines et un déparasitage
tous les deux mois. Les bains contre les puces sont réalisés une
fois par mois. La base fondamentale de l'alimentation est l'herbe, et les
producteurs qui disposent d'un système agroforestier peuvent fournir des
bananes non qualifiés (rejets) comme supplément alimentaire. De
plus, est incorporé du sel sous forme minérale ou en grains.
Le maintien du pâturage consiste seulement à
réaliser deux nettoyages par an sans aucune forme de fertilisation
postérieure. Le pâturage est désherbé à la
machette et il est en jachère pendant deux à trois mois. Les
vaches sont nourries au pâturage libre et la plupart des producteurs
n'ont pas de stabulations, ou bien faites de manière rustique, utilisant
les matériaux provenant de la même zone (planches de bois). L'eau
est généralement fournie dans des jantes ou des mangeoires en
ciment. Certains producteurs ont tendance à emmener leurs animaux pour
boire de l'eau dans des ruisseaux ou des estuaires en fonction de la
proximité.
En ce qui concerne la reproduction, la plupart des producteurs
ont un taureau reproducteur, qui accompagne toujours les vaches
laitières. Mais dans le cas où ils ne possèdent pas de
taureau, il est alors nécessaire d'en louer un ou de l'emprunter
à un voisin.
La production de lait va de 2,5 à 5,6 litres par vache
et par jour, avec une seule traite par jour. Le lait sert à
l'alimentation de la famille, à la fabrication de fromage de
manière traditionnelle, et à la vente des excédents. Le
prix moyen du litre de lait est de 0,35 $. Quand les progénitures sont
des mâles, ceux-ci sont gardés jusqu'à l'âge de deux
ans, et sont généralement vendus dans une fourchette de prix
allant de 200 à 250 $/animal. Bien entendu, si le producteur rencontre
une situation d'urgence, l'animal peut être vendu plus rapidement.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
75
Porcs
Dans la zone d'étude, les porcs d'élevage
d'engraissement sont très répandus. Les porcs sont achetés
quand ils sont petits, entre 2 et 4 mois, à un prix allant de 25
à 50 $/animal. Comme les porcs sont généralement
destinés à l'autoconsommation, la période d'engraissage va
dépendre des critères du producteur, qui peut être de 5
à 13 mois.
L'alimentation provient essentiellement des déchets
alimentaires ou restes de la maison, de manioc ou de régimes de bananes
et de bananes plantain, obtenus à partir des vergers agroforestiers.
À cet égard, ce système fonctionne comme un système
complémentaire au système d'agroforesterie.
La gestion est assez simple : un déparasitage et un
vaccin sont effectués une fois par an. Certains producteurs ont tendance
à laisser les porcs en plein air, attachés ou non à une
corde; d'autres ont des abris rustiques faits à partir de planches de
bois.
Nous n'avons pas pu déterminer la
rémunération produite par ce système d'élevage.
Nous avons pris comme référence une VAB de 380$ et 42J/an pour un
élevage de 10 têtes. (Cordelier, 2003.)
Poulets
Nous avons rencontré seulement des unités de
production familiales ayant ce système d'élevage ainsi que des
paysans sans terre et salariés, vivant au sein de grandes
propriétés ;
Pour environ 10 poules, il faut de 200 à 300 livres de
maïs par an. Pour compléter l'alimentation, il est parfois fournit
du « balanceado », du manioc ou de la banane plantain finement
coupée.
Les poules sont en liberté. L'alimentation est
distribuée deux à trois fois par jour. Le temps de travail se
résume à la culture de maïs et à l'alimentation des
poules soit une approximation de 32 J/an.
Tableau 5: Modèle de production d'aviculture
(Cordelier, 2003).
|
On obtient une moyenne de 580 oeufs par an et 50 poules ou
poulets élevés. Bien que l'élevage de poulets est
principalement destiné à la consommation familiale, les oeufs
peuvent être valorisés à 0,1$ chacun et 4$ pour les poules.
On obtient une VAB de l'ordre de 260$ pour 10 mères et une
productivité du travail pour 10 mères d'environ 7.8$/J.
(Cordelier, 2003).
|
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
3.2. ANALYSE DES PERFORMANCES ECONOMIQUES DES
SYSTEMES
3.2.1.EFFICIENCE DES SYSTEMES DE CULTURE ET D'ELEVAGE
Création de richesse des systèmes de
culture
Après déduction des coûts des consommations
intermédiaires pour chaque système de culture, et
d'élevage, nous pouvons donc comparer la richesse brute produite pour
chacun de ces systèmes :
2500
2000
1500
1000
500
Comparaison de la valeur ajoutée brute en dollar
par hectare et par an des principaux systèmes de culture.
0
Graphique 15: Comparaison des VAB des principaux
systèmes de culture (étude SIPAE, 2009)
Les trois systèmes rapportant le plus de richesse
à l'année sont celui d'agroforesterie 1 à plus de 2102
$/ha, celui du fruit de la passion à 1891 $/ha, puis finalement celui de
la palme 1 à 1424 $/an. On remarque qu'un système agroforestier
bien entretenu (SA1), donc d'agriculture paysanne, utilise mieux sa terre, en
termes de gestions des ressources, de fertilité organique, de
pérennité, etc. que les systèmes agro-exportateurs de
palme.
Pour autant, on se rend compte que la VAB du système
d'agroforesterie 2 n'est que de 879$/ha/an. Ceci nous montre la
fragilité des systèmes agroforestiers. Le fait de ne pas avoir
recours à des crédits pour cause de non légalisation de
terre, d'avoir ou non reçu des formations de producteurs ou autres
services agricoles, sont des exemples qui jouent pour beaucoup sur les
performances de ces systèmes d'exploitations familiales.
76
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
77
Production de richesse par jour de travail dans les
systèmes de culture et d'élevage L'efficience d'un
système doit également être représentée en
termes de jours de travail.
Tableau 6:Richesse et travail
généré par les systèmes de culture et
d'élevage (étude SIPAE, 2009)
Systèmes de culture et
d'élevage
|
VAB/ha
|
J/ha
|
$/J
|
Système AgroF 1
|
2102
|
92
|
23
|
Système AgroF 2
|
879
|
112
|
8
|
Fruit de la passion
|
1891
|
160
|
12
|
Système Palme 1
|
1424
|
73
|
20
|
Système Palme 2
|
1117
|
68
|
16
|
Elevage Traditionnel
|
132
|
5
|
26
|
Elevage Semi Technicisé
|
242
|
6
|
40
|
Poulet
|
260
|
32
|
8
|
Porc
|
380
|
42
|
9
|
Remarque : les journées de travail ont
été calculées pour chaque système de culture ou
d'élevage, toutes mains d'oeuvre confondues (familiale et salariale)
Dans les systèmes de culture, c'est le SA1 qui
génère plus de richesse à l'hectare et par jour de travail
(23 $/jour) que SP1 (20 $/jour).
Les systèmes d'élevage, tant
mécanisés que traditionnels, présentent la plus grande
création de richesse par jour (40 $/jour et 26 $/jour), ce qui explique
que ce sont des systèmes retenus par des exploitations extensives, dont
la logique réside plus dans la génération de richesse par
jour de travail que par superficie.
Pour un travailleur, posons nous la question du
coût d'opportunité du travail
Le coût d'opportunité correspond à un
coût de renoncement. De manière approchée, on retiendra que
la journée payée d'un salarié constitue un bon
repère, lors de l'étude, il était de 10$/j. Il s'agit de
comprendre combien un ménage agricole gagnerait ou au contraire perdrait
à quitter l'agriculture pour allouer sa main-d'oeuvre ailleurs. Ce
coût d'opportunité de la main d'oeuvre dépend des
opportunités de travail agricole ou extra-agricole dans la
région. Il peut s'agir du salaire minimal urbain ou du salaire
journalier multiplié par le potentiel de journées
travaillées dans le cas de travaux agricoles saisonniers qui impliquent
une sortie de l'agriculture familiale.
Une économie familiale basée sur le
système agroforestier (SA1) génère VAB la plus performante
du canton. Ce système de culture requière une main d'oeuvre plus
importante que les exploitations d'agro-business (SP). De plus, cette main
d'oeuvre, quelle qu'elle soit, sera rémunérée le double du
coût d'opportunité actuel. Cela nous amène à dire
que les exploitations familiales sont un meilleur atout que les systèmes
d'agro-business pour lutter contre la pauvreté et le chômage
étant un grave problème au sein du canton aujourd'hui.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
3.2.2.TYPOLOGIE DE PRODUCTEURS
Organisation des Unités de Production (UP)
Les UP familiales se définissent principalement par des
exploitations diversifiées, qui ont tendance à concentrer la
force de travail familiale et à valoriser leur terre au maximum du fait
de leur faible accès au foncier.
Au contraire, les UP d'agro-entrepreneurs ont des
salariés permanents et journaliers sur leurs grandes
propriétés; ces grandes entreprises ou grands
propriétaires cherchent à maximiser leur taux de profit donc leur
la rentabilité financière; ce qui va s'en dire minimiser la
rémunération et le nombre des salariés. Cela se traduit
dans le canton de Quininde, par des systèmes extensifs et/ou
capitalistes (apport de beaucoup d'intrants).
Les différents types de producteurs sont
regroupés à partir des critères principaux suivants :
l'emplacement dans la zone, leur tendance productive, leur SAU et l'utilisation
de main-d'oeuvre familiale et embauchée.
Les types de producteurs les plus représentatifs de la
zone d'étude sont représentés ci-dessous :
Typologie
|
Producteur
|
Zone
|
Paysan sans terre
|
Paysan sans terre
|
1 et 2
|
Producteur diversifié
|
Paysan Semi-prolétaire
|
1 et 2
|
Moyen Diversifié
|
2
|
Grand Diversifié
|
2
|
Eleveur
|
Eleveur Traditionnel
|
2
|
Eleveur Semi-technicisé
|
1 et 2
|
Palmiculteur éleveur
|
Petit Producteur
|
1
|
Grand Patronal
|
1
|
Palmiculteur
|
Moyen Capitaliste
|
1
|
Grand Capitaliste
|
1
|
Tableau 7: Typologie des producteurs
(étude SIPAE, 2009)
78
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
Pourcentage de la SAU pour chaque type de producteur
rencontré :
Tableau 8: Pourcentage de la SAU pour chaque type de
producteur rencontré (étude SIPAE, 2009)
Type de producteurs*
|
Systèmes de culture et
d'élevage
|
Total
|
Agroforestier
|
Palme
|
Fruit de la Passion
|
Autres
|
Elevage
|
ha
|
% ha % ha % ha % ha % ha %
|
Paysans sans terre
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
100
|
Paysan Semi-prolétaire
|
3
|
80
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
20
|
0
|
0
|
3
|
100
|
Moyen Diversifié
|
5
|
58
|
0
|
0
|
0,5
|
1
|
1
|
9
|
2
|
25
|
9
|
100
|
Petit Producteur
|
2
|
12
|
10
|
60
|
1
|
3
|
2
|
10
|
1
|
3
|
17
|
100
|
Grand Diversifié
|
14
|
74
|
0
|
0
|
0,6
|
2
|
0
|
0
|
5
|
24
|
19
|
100
|
Eleveur Traditionnel
|
6
|
13
|
0
|
0
|
1
|
1
|
2
|
3
|
36
|
81
|
44
|
100
|
Moyen Capitaliste
|
0
|
0
|
76
|
100
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
76
|
100
|
Eleveur Semi-technicisé
|
0,3
|
0
|
4
|
3
|
0
|
0
|
0
|
0
|
150
|
97
|
155
|
100
|
Grand Patronal
|
1
|
0
|
89
|
53
|
0
|
0
|
0
|
0
|
79
|
47
|
168
|
100
|
Grand Capitaliste
|
0
|
0
|
500
|
100
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
500
|
100
|
* Pour expliquer l'organisation du tableau : les types de
producteurs ont été classés selon la taille de
l'unité agricole.
Les producteurs qui ont accès à des superficies
comprises entre 3 et 44 ha ont des exploitations ayant le plus de
diversité de système de culture et/ou élevage. A
l'exception des Petit Producteurs (PP) et de l'Eleveur Traditionnel (ET), la
majeure partie de la superficie est occupée par des systèmes
agroforestiers. Ces cultures servent principalement à garantir une
sécurité alimentaire pour la famille.
Le Petit Producteur (PP), consacrent 60% de sa superficie
totale au palmier à huile. Ceci montrant que la palme pourrait
être la valeur de rente la plus appréciée pour ce type de
producteur.
Concernant les producteurs disposants de superficies
supérieures à 44 ha, on observe que la diversification des
cultures est quasiment nulle. Il existe des cas où la surface se
répartie entre la palme et les pâturages. Cela indique que ces
types de producteurs consacrent leurs grandes surfaces à des cultures
rentières qui présentent une sécurité et une
fréquence de paiement supérieures ou égale à des
systèmes extensifs, comme la palme, où la production permanente
permet d'avoir un flux constant de capitaux.
79
80
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Utilité de la main d'oeuvre :
Le recours à de la main d'oeuvre salariale dépend
des principales activités nécessaires à chaque
système de production, ainsi que la capacité du capital à
investir dans la main d'oeuvre.
Répartition de la main d'oeuvre familiale et
salariale selon les types d'exploitations
Tableau 9: Répartition de la main d'oeuvre
par typologie de producteur (étude SIPAE, 2009)
Typologie
|
Producteur
|
MOF*
|
MOC**
|
MO Total
|
Superficie
|
J
total/ha
|
Jour
|
%
|
Jour
|
%
|
Jour
|
%
|
ha
|
$
|
Paysan sans terre
|
Paysan sans terre
|
11
|
100
|
0
|
0
|
11
|
100
|
0
|
0
|
Producteur diversifié
|
Paysan Semi-prolétaire
|
331
|
98
|
9
|
2
|
338
|
100
|
3
|
113
|
Moyen Diversifié
|
506
|
87
|
76
|
13
|
582
|
100
|
9
|
65
|
Grand Diversifié
|
1325
|
93
|
100
|
7
|
1425
|
100
|
19
|
75
|
Eleveur
|
Eleveur Traditionnel
|
904
|
79
|
240
|
21
|
1144
|
100
|
44
|
26
|
Eleveur Semi-technicisé
|
36
|
3
|
1164
|
97
|
1200
|
100
|
155
|
8
|
Palmiculteur éleveur
|
Petit Producteur
|
492
|
45
|
601
|
55
|
1093
|
100
|
17
|
64
|
Grand Patronal
|
266
|
4
|
6377
|
96
|
6643
|
100
|
168
|
40
|
Palmiculteur
|
Moyen Capitaliste
|
0
|
0
|
5548
|
100
|
5548
|
100
|
76
|
73
|
Grand Capitaliste
|
0
|
0
|
36500
|
100
|
36500
|
100
|
500
|
73
|
* MOF = Main d'oeuvre familiale sur l'exploitation ** MOC
= Main-d'oeuvre salariée sur l'exploitation
Dans l'ensemble, ce sont les exploitations des Producteurs
Diversifiés (PD) qui sont le plus demandeur de jours de travail par
hectare (jusqu'à 113 J /ha pour les paysans n'ayant que 3 ha de terre).
Elles occupent le travail familiale de 87% à 98% de l'effectif total de
main d'oeuvre des UPA.
Pour les Eleveurs, les besoins en main d'oeuvre par
unité de surface sont faibles; ils varient de 8 à 26 J total/ha.
La différence fondamentale entre ces deux systèmes est que dans
le cas de l'Elevage Traditionnel, la famille représente la part la plus
grande de l'offre de main d'oeuvre, tandis que c'est le contraire pour
l'Elevage Semi-technicisé (ES). En effet, le budget dédié
à la main d'oeuvre salariale est de 97% pour l'ES.
De part une diversification de ces systèmes de culture
et d'élevage, le Petit Producteur a besoin de 64 journées de
travail à l'hectare, pour une exploitation moyenne de 17 ha. Ce type de
producteur a un bon équilibre, autant au niveau d'occuper sa famille au
sein de son exploitation, que de créer de la main d'oeuvre salariale
(55%) et donc de pouvoir s'occuper à d'autres activités.
Dans le cas du Grand Patronal (GP), leurs exploitations
combinent la palme et l'élevage mis en en association. C'est pourquoi
elles génèrent 40 J total/ha en moyenne, valeur entre les
éleveurs et les palmiculteurs. La part dédiée à la
main d'oeuvre représente 96% du total.
81
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
Ces producteurs disposent de travailleurs permanents qui
réalisent toutes les activités dans l'exploitation. Le
propriétaire intervient seulement dans les activités de
contrôle et d'administration.
Les exploitations des Grands Palmiculteurs (GP) sont
caractérisées par leur absentéisme ; ils disposent de
travailleurs permanents, allant de la manoeuvre à l'administrateur en
passant par la secrétaire. Autrement dit, le fonctionnement est celui
d'une micro-entreprise, dans laquelle le propriétaire n'est que peu ou
pas présent sur ses plantations. Il est en contact direct avec le
comptable et l'administrateur. Ces systèmes se basent sur un
équilibre entre la valorisation de la terre et la superficie de
celle-ci.
Lorsque les exploitants travaillent eux-mêmes sur leur
propriété (Producteur diversifié), leur
intérêt est avant tout de valoriser au mieux leur force de travail
à l'hectare du fait de leur faible accès au foncier. Et donc, de
choisir les systèmes de culture assurant une production de richesse
élevée au regard du travail requis.
|
Cependant, les palmiculteurs, qui ont un important
accès à la terre, génèrent de l'emploi. En effet,
leur force de travail (73 J total/ha) est presque équivalente à
celle des exploitations familiales.
|
Il est important de savoir à ce point de
l'étude, si les exploitations de ces types de producteurs suffisent pour
subvenir à leurs besoins ou s'ils doivent vendre aussi leur force de
travail à l'extérieur, impliquant donc les problèmes
d'exode rural, de pauvreté, accès aux services publiques, etc.
|
3.2.3.RICHESSE PRODUITE AU SEIN DES SYSTEMES DE
PRODUCTION
Tableau 10: Cumul des VAB selon les différents
types d'exploitations (étude SIPAE, 2009)
* Pour une explication de l'organisation du tableau : les
types de producteurs ont été classés selon la richesse
produite par an, exprimée en termes de Valeur Ajoutée Brute
(VAB).
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
82
On observe que la VAB totale produite par exploitation varie
de 338$ à 712 000$. Cette fourchette est large et peut s'expliquer par:
l'accès à la terre, le capital à investir, le choix des
cultures, ses itinéraires techniques, le prix de vente, le temps de
travail disponible par surface, etc.
Les Grand Patronaux ou les Capitalistes disposent de petites
habitations pour les travailleurs permanents (Paysan sans terre) et leur
laissent exploiter une petite surface tel que l'aviculture, et c'est pour cela
que la richesse de la terre produite est minime. Ces paysans sont d'anciens
producteurs (notamment type Semi prolétaire) ayant du partir par manque
de moyens financiers (décapitalisation des cultures), de pressions
foncières (pas de titre de propriété) et/ou sociales
(pression démographique, fragmentation des terres).
Les producteurs dont la superficie est inférieure
à 44 ha, sont les Agriculteurs Semi-prolétaires aux Grand
Diversifiés (GD). La richesse totale produite peut atteindre
jusqu'à 32879 $/an. On se rend compte que la richesse brute des
systèmes d'agroforesterie augmente avec la superficie de ces producteurs
(elle passe de SA2 à SA1). Ce système de culture peut être
un réel atout pour l'économie paysanne: le fait d'être en
SA1 permet d'amoindrir le temps consacré à travailler ce
système tout en optimisant sa production. De plus, il permet
réellement de créer de la richesse pour ces populations
rurales.
Remarque : le fruit de la passion apparaît comme
une entrée d'argent supplémentaire pour les moyens et grands
diversifiés ayant rendu leur système agroforestiers efficients
(SA1).
L'éleveur traditionnel ne reçoit que 39% de
richesse totale produite avec son élevage prenant plus de 81% de sa SAU.
Bien que ce système d'élevage lui assure une revenu
régulier, et lui assure une caisse d'épargne pour les moments
d'urgence, ce sont les systèmes d'agroforesterie ainsi que du fruit de
la passion qui lui génèrent en plus grande partie sa VAB
totale.
Les petits producteurs, étant situés en zone 1,
ont profité de leur situation (grâce à des crédits
par les extracteurs ou autres) pour remplacer leur système agroforestier
par celui de la palme dans leur système de production. Ceci leur a
permis, de part un travail à la journée moindre, de se
diversifier réellement en termes de systèmes de culture tout en
ayant une entrée d'argent hebdomadaire garantie par la palme (57% de
leur VAB totale).
Remarque : les prêts sont essentiels pour ces
types de producteurs. En effet, durant les quatre premières
années de croissance de la palme, il n'y a pas de production ni
d'association possible. Ils n'avaient donc que leurs autres systèmes de
culture pour vivre et investir dans la plantation de palmiers africains, ce qui
n'est que pas possible.
La VAB totale des Eleveurs Semi-technicisés (ES)
jusqu'aux Grands Capitalistes (GC), dépasse facilement les 36 000 $/an.
Ces producteurs/éleveurs ont les capitaux pour investir dans les
techniques agricoles modernes, intrants chimiques et ont un grand accès
à la terre, aux ressources naturelles, aux infrastructures, services
tels que les crédits (ils ont tous leur titre de propriété
et une garantie financière), etc.
83
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
3.2.4.EFFICIENCE DES SYSTEMES DE PRODUCTION
La valeur ajoutée nette par système de
production (VAN) indique la richesse produite au sein de l'unité de
production car elle intègre les besoins d'investissement. Tandis que la
valeur ajoutée nette par jour de travail sur l'exploitation, fait
référence à la richesse totale produite par jour de
travail. Ceci permet de comprendre la décision de vendre ou ne pas
vendre sa force de travail à l'extérieur de la ferme.
Tableau 11: Efficience des systèmes de
production (étude SIPAE, 2009)
Producteur*
|
Dépréciation**
|
VAN totale
|
Superficie
|
Durée totale
|
VAN/ha
|
VAN/J
|
% VAB totale
|
$
|
ha
|
jour
|
$
|
$
|
Paysan sans terre
|
0
|
338
|
0
|
11
|
|
31
|
Paysan Semi-prolétaire
|
5
|
3 718
|
3
|
338
|
1 239
|
11
|
Moyen Diversifié
|
7
|
11 849
|
9
|
582
|
1 317
|
20
|
Grand Diversifié
|
10
|
29 591
|
19
|
1 425
|
1 557
|
21
|
Eleveur Traditionnel
|
8
|
11 174
|
44
|
1 144
|
254
|
10
|
Eleveur Semi-technicisé
|
11
|
36 537
|
155
|
1 200
|
236
|
30
|
Petit Producteur
|
12
|
17 274
|
17
|
1 093
|
1 016
|
16
|
Grand Patronal
|
13
|
104 128
|
168
|
6 643
|
620
|
16
|
Moyen Capitaliste
|
15
|
91 990
|
76
|
5 548
|
1 210
|
17
|
Grand Capitaliste
|
17
|
590 960
|
500
|
36 500
|
1 182
|
16
|
* Les différents types de producteurs sont
ordonnés en fonction de leurs orientations productives **
dépréciation du matériel agricole
On se rend compte à l'échelle des Producteurs
Diversifiés, que plus leur SAU est élevée, plus leur
système de production génère de la richesse qui valorise
au mieux la terre, ainsi que les journées de travail étant les
mieux rémunérées (excepté pour ES).
Remarque : le Paysan Semi-prolétaire
génère une VAN totale la moins élevée de tous les
systèmes de production du canton, étant inférieur au
coût d'opportunité.
Le Grand Diversifié travaille 1,5 fois plus, par
unité de surface, que le Moyen Diversifié. Cela lui permet de
générer une richesse à l'hectare de 1557 $, presque
identique au Moyen diversifié, mais pour autant, son système lui
permet de faire travailler sa famille toute l'année (1425 jours/an)
générant une VAN totale de 29 591$. C'est ce type de producteur
qui valorise au mieux la terre du canton.
Les éleveurs obtiennent les plus basses valorisations
de terre à l'hectare du fait de leur système basé sur
l'extensif. Alors qu'en termes de la valorisation du travail à la
journée, l'Elevage Semi-technicisé dépasse les autres
systèmes de production (plus de trois fois le coût
d'opportunité). Cela est du essentiellement à son accès
à la terre élevé (155 ha), à une bonne gestion de
son système d'élevage mais aussi à ses 3% de
système de palme (en superficie) lui apportant plus de 11% de son
revenu.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Au contraire, l'éleveur traditionnel, avec une SAU de
44 ha, ne valorise que peu sa terre : sa VAN totale peut s'apparentée
à celle du Moyen Producteur n'ayant que 9 ha de SAU. De plus, il ne
valorise que peu son travail : sa VAN/J est la plus basse du canton,
égale au niveau du coût d'opportunité. Cela est du au fait
qu'il doit occuper beaucoup de son temps à ce système
d'élevage peu productif.
Le Petit Producteur, avec son système de palme lui
assurant un revenu élevé, stable et peu prenant en temps de
travail, obtient une VAN totale de 17 274 $ lui permettant d'assurer un niveau
de vie supérieur au coût d'opportunité. Le Grand Patronal
génère une VAN totale élevée du fait de sa grande
SAU. Pour autant, ces deux systèmes de production ne valorise pas autant
la terre que les exploitations des producteurs diversifiés. L'avantage
de ses systèmes vient de la sécurité apportée des
revenus permanents que génèrent l'élevage et/ou la culture
du palmier à huile. Ces types de producteurs ont donc du temps pour
s'occuper à d'autres activités.
Les Palmiculteurs (Moyen et Grand Capitaliste)
génèrent une VAN/ha de 1200 $ en moyenne, leur
générant une valorisation de travail de 16$ par jour. Du fait
d'un grand accès à la terre, ce système
génère une VAN totale énorme produite par beaucoup de
travailleurs (vu auparavant) ayant donc une bonne valorisation de leur travail
à la journée.
3.2.5.COMPOSITION DU REVENU
Le seuil de survie de la province d'Esmeraldas est de 387,7
$/mois soit 4652 $/an, selon les valeurs du seuil de survie d'une famille de
quatre membres donné par INEC en 2005. Or, de par notre étude,
les familles de producteurs sont, en moyenne, au nombre de six. Nous augmentons
donc, par soucis de réalité, le seuil de survie
proportionnellement, soit 6978 $/an.
De plus, le revenu total d'un système de production est
composé principalement par le revenu agricole (RAN) et par le revenu
provenant d'activités économiques hors exploitation.
Grâce au seuil de survie du canton et aux revenus totaux
générés qui donnent une bonne représentation des
typologies de producteurs rencontrés via leur système de
production, on peut évaluer leur durabilité, de repérer
leur fragilité ou, à l'inverse, leur capacité à se
maintenir, voire à se développer dans le futur (gestion de la
fertilité des sols, des pâturages, des ressources en eau, etc.)
dans la région.
84
85
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Tableau 12: Composition du revenu total
(étude SIPAE, 2009)
Typologie
|
Producteur
|
RAN*
|
IOA**
|
Revenu Total
|
$
|
%
|
$
|
%
|
USD
|
%
|
Paysan sans terre
|
Paysan sans terre
|
338
|
8
|
4035
|
92
|
4 373
|
100
|
|
Paysan Semi-prolétaire
|
3 601
|
60
|
2496
|
40
|
6 097
|
100
|
Producteur diversifié
|
Moyen Diversifié
|
11 212
|
77
|
2258
|
23
|
13 470
|
100
|
|
Grand Diversifié
|
28 934
|
95
|
900
|
5
|
29 834
|
100
|
|
Eleveur Traditionnel
|
10 931
|
59
|
5382
|
41
|
16 313
|
100
|
Eleveur
|
Eleveur Semi-technicisé
|
35 306
|
99
|
176
|
1
|
35 482
|
100
|
Palmiculteur
|
Petit Producteur
|
16 686
|
88
|
1993
|
12
|
18 679
|
100
|
éleveur
|
Grand Patronal
|
98 143
|
89
|
15725
|
11
|
113 868
|
100
|
Palmiculteur
|
Moyen Capitaliste
|
86 579
|
100
|
?***
|
?
|
86 579
|
100
|
Grand Capitaliste
|
555 360
|
100
|
?
|
?
|
555 360
|
100
|
|
*nous avons enlevé les salaires permanents de chaque
système de production de la VAN totale
**ratio économique consacré à des
activités hors UPA d'une année
*** il a été difficile d'obtenir des
informations sur les autres activités que réalisent ces
producteurs, c'est pourquoi il a été considéré que
100% des revenus proviennent de la RAN
Le revenu du paysan sans terre dépend du travaille
disponible des propriétaires terriens (environ 10 à 11 mois par
an selon les entretiens réalisés), étant principalement
les Grands Capitalistes ou Grands patronaux. Lors de son temps libre, il
cherchera à vendre sa force de travail (le paiement se fera
généralement quotidiennement). Pour autant si ces familles
paysannes sans terre travaillent toute l'année, elles n'obtiennent qu'un
revenu total de 4373 $ par an : ce qui est en dessous du seuil de survie de la
province.
La RAN du Paysan Semi-prolétaire est en dessous du
seuil de survie : son système de production ne lui permet pas d'assurer
une sécurité alimentaire. Il vend donc sa force de travail
à l'extérieur de son exploitation, d'où plus de 40% de ses
revenus sont hors exploitation. Pour autant, d'après INEC29,
il y a 18 % de chômage au sein de la population du canton de Quininde. Il
n'est donc pas si facile d'avoir du travail rapidement. De plus, en admettons
qu'il arrive à avoir un emploi externe, son revenu total reste encore
inférieur au seuil de survie du canton (voir annexe 2).
Du fait que ses exploitants sont en décapitalisation,
étant dans un processus de concentration de terre, et n'ayant pas
d'aides de l'état (majoritairement absent dans le canton) ni
d'accès à des crédits légaux (pas de titre de
propriété), cette faible rémunération peut
être une des raisons pour nombreux de ces paysans de quitter leur terre
(souvent racheté par de grandes firmes) pour migrer vers les villes ou
devenir salarié de grandes exploitations (Paysans sans terre).
29 Selon le dernier recensement de INEC en 2005
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
86
Ces deux systèmes sont donc vulnérables via leur
capacité à se reproduire et à assurer leur
pérennité dans le temps. De part la nouvelle constitution de
2008, l'Etat devrait intervenir en faveur de ces économies paysannes
pour contrer cette dynamique d'exode rural, de paupérisation des
campagnes.
Il est important de définir des lois protégeant
ces exploitations familiales en termes d'accès à la terre,
appuyer de meilleures filières de commercialisation pour une meilleure
redistribution de revenu, ainsi que mettre à disposition des services
agricoles pour une meilleure valorisation de leur effort de travail.
Au contraire du Semi Prolétaire, le Moyen et Grand
Diversifié génèrent un revenu total,
générée à plus de 77% par leur RAN, deux à
quatre fois plus élevé (jusqu'à plus de 29 000$) que le
seuil de survie. Néanmoins, leurs systèmes de culture peuvent
être vulnérables aux fluctuations de marché, aux
périodes de sécheresse, etc. Le fait d'avoir un titre de
propriété donne accès à des lignes de
crédits, donc à des opportunités, par manque de capital de
départ, pour planter de nouvelles cultures.
De plus, pour ces types d'exploitation familiale, la SAU est
un facteur essentielle de développement. Du fait d'une grande pression
foncière dans le canton, il est important légaliser sa SAU afin
de sécuriser son exploitation aux yeux de l'Etat. Dans le cas contraire,
ces producteurs peuvent avoir tendance à fragmenter leur
propriété foncière et donc devenir Paysan
Semi-prolétaire.
Rappel : les titres de propriétés sont
encore très peu présents chez ces économies paysannes (40%
des producteurs du canton n'en ont pas).
Le Grand Diversifié est le type de producteur le plus
adapté à la zone amont de notre étude. Bien que
l'état devrait développer les réseaux de communication,
ainsi qu'avoir une main mise sur les centre de commerce, afin de réguler
les prix et de les développer, à l'heure d'aujourd'hui où
cette zone est isolée de croissance économique, il est important
que les économies paysannes puissent se suffire à elle-même
en termes de travail à l'année dans l'exploitation, ce que fait
ce système de production (son RAN est générée
à plus de 93% par la force de travail familiale).
Dans un contexte d'une majorité de petites
exploitations familiales en processus de fragmentation des terres, donc de
fragilité de leur système de production dans le temps, il est
important que l'Etat mette en place des manoeuvres politiques et
institutionnelles permettant de légaliser plus aisément leur
exploitation.
|
Ainsi, avec un accès à la terre et à des
services, la tendance des Producteurs Diversifiés sera le
|
Grand Diversifié : son système de production
permet de fixer les populations rurales (sa RAN représente 95% du revenu
total). Il garantit un bon niveau de vie des familles paysannes dans le canton
avec une SAU peu élevé (voir annexe 3). De plus, il
alimente le marché local par une diversité de produits vivriers,
jouant donc un rôle de sécurité alimentaire à
l'échelle locale et de souveraineté alimentaire au niveau
nationale.
|
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
87
Grâce à un bon accès à la terre (44
ha), la stratégie de l'éleveur traditionnel repose en partie sur
un système extensif (83% de sa SAU). Il obtient un revenu total de 16
313 $ (deux fois moindre qu'un Grand Diversifié ayant une SAU de 9 ha),
provenant donc à plus de 41% de son travail hors exploitation. Son
système de production alimente qu'une petite partie du marché
locale par la vente de lait et de fromage frais et ne génère que
peu d'emplois extérieurs. Pour autant, ce système fait bien
travailler sa famille.
A l'inverse, l'éleveur Semi technicisé, ayant un
plus grand accès à la terre (155 ha) et de meilleure
qualité, a un revenu total de plus de 35 000 $ reposant à 88% sur
son système d'élevage. De part une mécanisation du
travail, il génère beaucoup moins de travail à l'hectare
que l'éleveur traditionnel. Pour autant sa mains d'oeuvre est à
97% salariale. Son système de production assure une production de lait
et de viande plus importante, vendue sur le marché local et national.
Remarque : à fur et à mesure, la tendance
de cet éleveur pourra devenir un grand patronal, du fait qu'il remplace
petit à petit son pâturage par de la palme.
Bien que ces Eleveurs produisent une quantité de lait
et viande non négligeable pour la population rurale et nationale, leur
système de production ne répond pas à la fonction sociale
(ne génère que peu de travail comparé à d'autres
type d'exploitation), économique (peu de valeur ajoutée à
la terre) et environnementale (ces systèmes d'élevage concentre
la terre et l'eau) de la terre supposé par l'Etat30.
Faut-il redistribuer une partie de leur terre à de
petits paysans diversifiés ? Ou faut-il laisser perdurer ces
systèmes d'élevage et se préoccuper des grands
propriétaires terriens via la redistribution de terre et via les fronts
de colonisation des terres en friche ?
Grâce à la présence de services, de
crédits dans une zone à fort dynamisme économique, le
Petit Producteur a eu un coût d'opportunité pour mettre en place
ce système de production. Il génère un revenu totale moyen
de 18 679 $ assurée à 88% par sa RAN. Ce type d'exploitation
répond aux fonctions de la terre et aux problématiques du
canton.
En effet, son système de production lui assurent un
travail et un bon niveau de vie stable. De plus, il participe à
réduire la pauvreté et le chômage dans le canton en
employant des salariés permanents. Il contribue à la
souveraineté alimentaire de part ses systèmes de cultures
diversifiés, et il cultive pour moitié de superficie, la palme
profitant à la stratégie économique de l'Etat, recevoir
ses devises à l'exportation. De plus, sa SAU a une moyenne de 17 ha ce
qui ne crée pas de pression foncière, et donc, il ne participe en
aucun cas au problème de concentration de terre présent dans la
zone (voir annexe 4).
Cet équilibre entre peu d'utilisation des ressources
naturelles et richesse produite, entre autonomie et travail
généré, entre sécurité alimentaire et profit
de l'Etat, doit être un exemple d'exploitation type pour l'Etat, à
le promouvoir, et à le fixer dans le temps pour les systèmes
d'exploitations dans la zone avale du canton.
30 la fonction de la terre sera expliquée dans la partie
suivante
88
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Le revenu total est très important chez le Grand
Patronal, plus de 110 000 $ provenant à 89% de sa RAN (voir annexe
5). Le temps qui n'est pas consacré à l'administration et au
contrôle de ses travailleurs est dédié à son propre
négoce qui se trouve généralement dans la ville de
Quininde. Sa stratégie actuelle est de remplacer, ses parcelles
dédiées à l'élevage par de la palme. C'est pourquoi
il a une RAN trois fois plus élevé que l'éleveur
semi-technicisé. Sa vision future serait donc de devenir un Grand
Capitaliste.
Les Palmiculteurs tirent leurs revenus totaux uniquement de
leur RAN étant elle-même générée par un seul
système de culture, la palme africaine (voir annexe 6). Du
faite qu'ils ont les meilleures terres du canton, des accès à de
grands investissements de départ (capital propre, crédit), ainsi
que des services importants (semences améliorées, « package
» agrochimiques de part les extracteurs, formation agricole), et une bonne
filière de commercialisation, ces avantages les placent, d'un point de
vue économique, dans les systèmes de production les plus
performants.
De plus, de part leurs performances économiques, le
Moyen et Grand Capitaliste, mais aussi le Grand Patronal,
génèrent au total le plus d'emplois contractualisés du
canton. A première vue, cette création de travail est un avantage
pour absorber la population sans travail. Avec plus de recul, on se rend compte
que la main d'oeuvre employée fut celle dépossédée
de leur terre. En effet, pour la plupart, anciens Producteurs
Diversifiés, par manque de sécurité foncière, ils
durent vendre leur propriété et migrer lors de l'implantation
massive de ces grandes propriétés « agro-business »,
créant cette pression foncière actuelle au niveau du canton.
Leurs impacts dans la zone provoquent des
inégalités énormes au niveau du foncier (concentration des
terres, dépossession et paupérisation des agricultures
familiales). Leur impact environnemental n'en est pas moins important : il y a
de plus en plus de pollution des rivières, du fait que les intrants
chimiques pour ces cultures « extensives et intensives » sont
énormes, contaminant les nappes phréatiques étant de plus
en plus exploitées.
Bien que ces trois types de producteurs ont des exploitations
durables, en pleine expansion économique et de superficie dans le temps.
En rapport avec tous les problèmes que cette monoculture extensive
engendre, l'Etat devrait mettre en place des restrictions et des
contrôles réguliers pour limiter leur accès au foncier et
à l'eau. Ces producteurs n'entrent pas dans une logique d'égale
répartition des terres, des ressources naturelles ni d'un
développement global pour tous. De plus, les grandes exploitations
capitalistes ne participent en rien à la souveraineté alimentaire
du pays, au contraire, elles la dégradent.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
De part les performances économiques, nous avons pu
expliquer les typologies de producteurs dans la zone et ainsi, montrer leur
stratégie de développement propre à chacune d'elle.
En contexte d'augmentation croissante des systèmes
agro-entrepreneuriales, les systèmes diversifiés des
économies familiales sont de plus en plus vulnérables,
forcés de disparaître pour certains, à changer leur main
d'oeuvre familiale par une force ouvrière dans des grandes
exploitations.
Cette dynamique industrielle augmente donc les
inégalités foncières, les répartitions des
richesses provoquant un exode rural croissant et donc, une pauvreté des
campagnes. On assiste à une perte de diversification des systèmes
de culture au profit de la monoculture de la palme africaine au sein de ce
canton :
89
Figure 15: Evolution dans le temps de la situation
du canton de Quininde (étude SIPAE, 2009)
Les systèmes diversifiés, pouvant valoriser au
mieux la richesse de la terre ainsi que le temps de travail à l'hectare,
participent pour beaucoup à l'alimentation des villes et des campagnes,
ainsi qu'ils participent à une utilisation équitable et durable
des ressources naturelles.
De part la prise de conscience récente de l'Etat via
les problèmes socio-économiques et environnementales qu'engendre
cette politique agro-exportatrice non réécrite depuis 1994, cette
nouvelle constitution, qui est mise en place depuis 2008, doit
réellement inverser la tendance, ou tout du moins trouver un
équilibre entre l'agro-industrie et les exploitations familiales.
Dans le point suivant, nous allons montrer les
opportunités, les alternatives qu'ont les économies paysannes
à l'heure actuelle pour se développer, et aussi, insister sur les
points importants de cette nouvelle constitution afin de créer
réellement, un environnement de développement global et durable
entre toutes les typologies de producteur dans le canton.
90
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
3.3. EVOLUTIONS POSSIBLES POUR LES EXPLOITATIONS
FAMILIALES
Réflexion sur les économies paysannes et sur la
souveraineté alimentaire (étant tous les deux intimement
liés), qui impliquent une production protégée, un meilleur
système de commercialisation, une meilleure redistribution de la
richesse, ainsi qu'un accès à la terre et au crédit
garanti et global pour tous.
3.3.1.RAPPEL DES POINTS FAIBLES DES ECONOMIES PAYSANNES
Le processus de marginalisation des familles rurales est
déterminé par deux principaux facteurs du système
économique en place : (SIPAE, Percepciones sobre la reforma
agraria, 2006)
|
|
Le préjudice économique vécu par les
économies paysannes, notamment causé par le manque d'accès
au crédit et au marché, par des prix bas et instables, par des
routes inaccessibles ou en mauvais état, etc., ce qui détermine
un revenu faible pour ces familles
La détérioration du bien-être de la
famille, c'est-à-dire la santé, l'alimentation
complémentaire, l'éducation, etc., face au manque d'attention de
l'Etat et aussi face au manque de revenus pour répondre à ces
besoins de base.
|
|
L'accès à la terre a été important
dans le processus de prolétarisation des agriculteurs, mais cependant,
le manque de politique agraire fait que les producteurs sont pris dans un
processus de développement au détriment de l'économie
familiale, qui entraîne la disparition de la paysannerie.
L'inégalité d'un accès aux ressources et
à la disponibilité des moyens, la volatilité des prix,
l'augmentation de la vie depuis la dollarisation, l'accès insuffisant
aux infrastructures, aux crédits et la hausse démographique ont
mis les exploitations familiales dans des conditions de vie précaires,
résultant par la vente de leurs terres et le départ en ville avec
l'espoir d'une vie meilleure.
Ci-dessous sont listés les points principaux et
impacts négatifs que ce processus a amené via les
économies paysannes : (SIPAE : TLC en lo Agrario,
2004)
Une monopolisation des terres et son
inéquation; concentration des terres, de l'eau, du
crédit, de la commercialisation, des technologies agricoles.
Une déstructuration et exclusion des
UPA; décapitalisation et diminution des prix, une migration
vers les villes, une féminisation des campagnes.
Une restructuration de l'Etat;
démantèlement de l'Etat protecteur et distributeur des richesses,
séquestration et captation de l'Etat par appui stratégique,
protection du modèle agro- exportateur, freins à l'intervention
de l'Etat.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
91
Globalisation et régionalisation;
perte de souveraineté, dérégulation, manque juridique,
privatisation en faveur des firmes étrangères, appropriation et
monopolisation des propriétés intellectuelles, imposition
unilatérale.
Destruction des droits sociaux au travail et
environnementaux; détérioration des conditions de
contrat et d'emploi, perte de souveraineté alimentaire, destruction de
la biodiversité, de l'écosystème agricole et du
contrôle communautaire.
Destruction des droits politiques;
démantèlement et restrictions syndicales, désarticulation
des organisations communautaires au faveur d'une logique de services
privés.
Destruction des droits touchant à la
culture; perte d'espace pour développer l'interculturelle comme
préserver les communautés indiennes et autres ethnies
ancestrales, limitation importante du contrôle des semences.
Les conflits d'accès à la terre et à
l'eau qui existent jusqu'à aujourd'hui ont généralement
favorisé ceux ayant le plus de pouvoir : entre l'Etat et les
entreprises, il existe une relation étroite de pouvoir économique
et politique. L'Etat n'est pas perçu comme un système impartial
qui cherche le bien commun, sinon comme un système injuste donnant du
poids sur les lois et sur les forces publiques en faveur des secteurs de
pouvoir économique. Les politiques de ces vingt-cinq dernières
années ont favorisé le secteur agro exportateur au
détriment des agricultures familiales.
3.3.2.DES ALTERNATIVES ACTUELLES S'OFFRANT AUX ECONOMIES
PAYSANNES
Pour une réponse alternative, il est important de
critiquer la notion d'efficience et donc changer les paramètres de son
évaluation. En effet, l'économie entrepreneuriale mesure son
efficience suivant les paramètres de rendement productif où les
démarches se réduisent à évaluer la relation du
bénéfice sans prendre en compte les autres conditions vitales
pour un développement agraire, comme les coûts humains, culturaux,
et environnementaux. Les entreprises sont habituées à
évaluer leur profit économique alors que les sphères
sociales et publiques des coûts et responsabilités sont mises
à l'écart. Quand on recalcule les indices d'efficience des
grandes entreprises, corrigés avec les coûts de destruction
écologique et perte de culture ainsi que les problèmes humains
qu'elles entraînent, on se rend compte que le panorama change et il
apparaît une inefficience relative aux grandes entreprises.
Il existe en Equateur des formes de contrôle pour
l'accès à la terre, qui est présente en particulier sur
les terres communautaires comme à Esmeraldas, où se trouvent des
communautés d'afro-descendant. Il est important de noter que ces
règles de contrôle collectif ne se manifestent pas seulement sur
les terres collectives mais aussi privées : la communauté
contrôle la cession ou la vente de ses terres ; ceci occasionne plusieurs
cas de familles ne pouvant pas vendre « librement » une parcelle
à un acheteur à moins que l'acheteur n'appartienne à la
communauté. Cette façon de contrôle communautaire permet
d'éviter d'une certaine manière un concentration de la terre et
assure une production familiale.
92
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Le fait de s'organiser en association ou groupement de
producteurs est une alternative pour obtenir un titre collectif des terres et
pour d'être sensibilisé et formé dans le but d'une
meilleure production des cultures, à moindre coût, par des
techniques organiques, dans le respect d'une pérennité des
ressources naturelles telles que la fertilité de la terre et de l'eau.
De plus, être regroupé permet de créer de la valeur
ajoutée aux produits vendus tel que le cacao dont les fèves
peuvent se faire sécher dans un centre géré de
manière collective. Ceci assurera un prix de vente plus
élevé et stable via les intermédiaires. De plus, produire
dans une stratégie de vente sur un marché de niche tel que le
cacao national est une sécurité pour le producteur à moyen
et long terme. L'adage l'union fait la force se vérifie dans ce cas,
d'autant plus s'il y a mise en place de certifications assurant à
l'acheteur une qualité sécurisée du produit, d'où
un prix de vente négocié et stable.
Au niveau du crédit, il n'y a pas vraiment de lignes de
crédits en accord avec les petits exploitants bien qu'un appui de plus
en plus spécialisé se met en place avec le gouvernement de Rafael
Correa. Le crédit commun ou communautaire est une alternative pour ces
producteurs à obtenir une aide financière rapide et efficace.
Malheureusement, ce type de crédit n'est que peu développé
au sein des communautés. Cela est principalement lié au manque de
moyens, de sensibilisation et de capital de départ. Il y a plusieurs ONG
et associations privées qui appuient dans ce sens mais elles sont en
minorité au vu de toutes les populations demandeuses. Il faudrait
réellement que le gouvernement et les municipalités appuient
cette forme de crédit, surtout pour les communautés
isolées, afin que chaque chaîne de la filière de
commercialisation (principalement en aval) puisse se développer, au
minimum maintenir, en toute dignité, leurs cultures dans le temps pour
les générations suivantes.
En dehors des stratégies de développement de
l'Etat, les alternatives évoquées ci-dessus pour les
exploitations familiales sont d'organiser les producteurs et renforcer
l'économie solidaire au sein des communautés. Face à des
politiques en faveur à l'agro-business, il est important que les
producteurs se rassemblent afin d'avoir une incidence sur les politiques mises
en place ainsi que sur l'environnement économique et commerciale les
entourant. Pour autant, ces alternatives n'ont en réalité que de
faibles impacts. Seul l'Etat a le pouvoir de faire changer véritablement
la situation actuelle de ces paysans.
3.3.3.LES POINTS IMPORTANTS DE LA NOUVELLE CONSTITUTION
Des réformes importantes vont se porter sur la
situation des campagnes et plus précisément sur les droits
à l'alimentation, la souveraineté alimentaire (étant de
moins en moins assurée au niveau national), l'accès à
l'eau et à la terre. Cette nouvelle constitution veut réengager
la présence de l'Etat au sein des campagnes pour entre autres,
intégrer les biens de consommation et les matières
premières pour fortifier le secteur industriel moderne dans les villes
principales (Quininde, La Union, Las Golondrias pour notre cas) ; donc pour
créer un marché interne fort qui génèrera des
conditions de bien être au niveau de toute la population, similaire
à nos pays occidentaux.
93
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Les habitants des zones rurales se sont massivement
prononcés en mars 2010 dans les urnes en faveur de cette constitution :
à plus de 75% montrant à quel point elle ouvre un nouvel espoir
pour ces paysans depuis la dernière réforme agraire de 1994.
Par exemple, l'article 281 établi comme
responsabilité de l'Etat de « promouvoir des politiques de
redistribution qui permettent un accès aux paysans à la terre,
à l'eau et autres besoins productifs » ; « impulser la
production, la transformation agroalimentaire, l'économie sociale et
solidaire des petites et moyennes unités de production, communautaires
».
L'article 282 de la constitution est plus déterminant :
« l'Etat décidera (et non l'INDA) de l'utilisation et
l'accès à la terre, qui devra remplir la fonction sociale,
environnementale (...) en interdisant les latifundios et la concentration de la
terre ».
La loi sur la souveraineté alimentaire a
été approuvée en mai 2009 dont l'article 6 ordonne une
élaboration d'une « loi de la terre ». Cette loi
régulera le régime des propriétés de la terre, elle
permettra un accès égalitaire, privilégiant donc les
petits producteurs et les femmes. Cette loi constituera la base nationale de
l'accès à la terre ; elle définira les latifundio, leur
extension, leur accaparement de la terre et leur concentration. Cela
constituera un processus pour son élimination et déterminera les
mécanismes pour remplir son rôle social et environnemental.
Figure 16: Relation de la nouvelle constitution avec
les lois de la terre (Alerte Agraire, SIPAE, 2009)
Cette nouvelle constitution est une réelle rupture avec
le passé de l'Equateur qui était à tendance
agro-exportatrice et de libre échange. La colonne vertébrale de
cet ancien modèle depuis la fin du 19ème siècle
était comme nous l'avons vu en accord avec les grandes
propriétés, la concentration de la terre, les ressources
hydriques, la force du travail, le contrôle des axes principaux de
commercialisation et de crédit, mais aussi l'essor des agro-chimiques et
des semences améliorées.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
94
Il est important, au niveau de la politique de l'Etat que
ces nouvelles lois via l'accès à la terre abordent
précisément les problématiques suivantes :
(article 15, Alerte Agraire, SIPAE)
Une nouvelle vision de la terre et les relations entre
unités productives en respect avec la société, l'Etat et
le marché ; la terre n'est pas une marchandise assujettie aux lois de
l'offre et de la demande. C'est un bien affectant la vie des hommes et la
nature. La société et l'Etat doivent réguler
l'accès à la terre pour que son usage respecte les fonctions
sociales, économiques et environnementales.
Il conviendrait de définir les critères
politiques de redistribution de la terre, inverser la situation
d'inégalité à l'accès de la terre pour laisser
exister les minifundio et assurer à ces unités productives une
terre suffisante pour garantir leur pérennité. Il faudrait fixer
des limites de propriétés pour les grandes
propriétés ainsi que favoriser le développement des
organisations de producteurs et les associations.
Il conviendrait de définir une nouvelle
réglementation sur la propriété de la terre, garantir des
mécanismes de recensement et de contrôles nationaux des
propriétés et ainsi éviter toute concentration de la terre
et les multipropriétés.
Il conviendrait également d'établir une nouvelle
institution publique qui affirme une politique de redistribution et de
légalisation de la terre. Il est important de créer un Institut
National de Terre et un nouveau cadre juridique pour la résolution des
conflits de terres.
Enfin, il conviendrait d'implanter des politiques strictes
comme des impôts sur les concentrations de terre ou les
multipropriétés.
Cette constitution peut permettre un changement global de ce
modèle productiviste régnant en Equateur. Une politique de
redistribution des terres est une partie importante, mais non unique, vers la
promotion d'un nouveau modèle productif pour l'agriculture
équatorienne. Il est question de renforcer une politique de
souveraineté alimentaire, renforcer les économies sociales et
solidaires ainsi que d'affirmer un développement
décentralisé et déconcentré pour une
équité et une pérennité.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
3.3.3.1. LES REGIMES SPECIAUX DE PROPRIETE
Ce point doit préciser la nature juridique de la
propriété agraire. Il est important que la loi considère
que : (SIPAE, Percepciones sobre la reforma agraria, 2006)
[a terre est un patrimoine social spécifique en
relation avec son caractère de ressource naturelle, de
souveraineté alimentaire, de biodiversité et de culture des
villages ; la terre fait partie intégrante de la vie des familles en
campagne, c'est la base des droits à l'alimentation pour les
équatoriennes et équatoriens. Par conséquent, son
accaparement, quelque soit sa forme, doit suivre les régulations
spécifiques de l'Etat.
[a propriété de la terre, quelque soit sa forme,
sera garantie par l'Etat si elle remplie son rôle économique,
sociale et environnementale.
L'Etat doit établir des politiques et stratégies
en rapport à la démocratisation de la propriété
agraire, comme un des mécanismes les plus élevés, à
la redistribution de la richesse sociale et à une qualité de vie
pour les ruraux.
L'état doit implanter des stratégies de
rationalisation de la propriété agraire en assurant une moyenne
optimale des unités de production, afin de garantir la reproduction
économique et sociale des producteurs, éleveurs ou forestiers
dans des conditions de dignité.
|
95
Il est nécessaire qu'en relation avec les normes
constitutionnelles, il soit reconnu des formes de propriétés
agraires : les terres de propriété de l'Etat, de
propriété publique, de propriété privée, de
propriété associative, coopérative, mixte, communautaire,
territoriale de villages et d'ethnies. D'autant que les terres communautaires
au niveau municipal ou national doivent être administrées par des
organisations correspondantes, représentant les communautés, les
municipalités et les nationalités.
Remarque : il est indispensable qu'en aval du projet de
la loi sur la terre, quil soit reconnu les droits de possession,
d'usage des terres communautaires et territoires indiens, établis de
forme autonome par les organisations les représentant.
Une loi de terre devra également établir des
restrictions sur la propriété agraire, particulièrement
via : (article 17, Alerte Agraire, SIPAE)
- [a précision de la limite maximum de la superficie sur
la terre en propriétés privées.
- Des restrictions à la conformation ou au transfert
des terres ayant des écosystèmes fragiles.
- Des limitations sur la croissance urbaine dans les zones
à vocation agricole.
- Des restrictions en respect avec l'accès à la
propriété de terres pour des personnes de statut naturel ou
juridiquement étrangères.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
96
3.3.3.2. AFFECTATION DE LA PROPRIETE
La loi liée à la terre doit établir de
manière claire les mécanismes d'affectation aux
propriétés. De même, cette loi doit développer
l'article 282 de la constitution qui interdit l'implantation des latifundio et
donc de la concentration de la terre.
Il est nécessaire de clarifier que l'adjudication des
terres consiste à limiter de façon totale ou partielle le droit
des propriétés agraires qui ne remplissent pas la fonction
économique, sociale ou environnementale.
Il faut souligner qu'en conformité avec les normes du
pays d'aujourd'hui, comme nous l'avons vu dans la zone d'étude, la
petite propriété, la propriété commune et les
territoires indigènes n'est pas reconnu par l'Etat (problème dans
les textes de loi entre l'Etat et l'INDA).
L'affectation des terres doit se focaliser sur les
propriétés qui reflètent une concentration de terre
à travers les modalités légales anciennes, comme
l'implantation des grands propriétaires, des entreprises accaparant de
plus en plus de terres géographiquement dispersées
(multipropriétés).
Cette loi doit clarifier ce que l'on entend par concentration
de terre. On peut par exemple avancer qu'il y a une concentration de terre
quand le foncier, ajouté à plusieurs autres, dépasse une
superficie de mille hectares pour une seule propriété
privée.
Les modalités d'affectation pourront être
l'expropriation et l'extinction des droits du domaine. Cependant,
l'expropriation obligera l'état à payer d'une juste valeur le
terrain affecté ; l'extinction du domaine obligera l'Etat à payer
seulement un pourcentage du prix de la terre. L'expropriation s'appliquera aux
terres qui ne remplissent pas ses fonctions sociales et environnementales ;
alors que la saisie du domaine s'appliquera à ceux qui ont acquis la
terre par intimidation ou spéculation.
3.3.3.3. MECANISMES DE REDISTRIBUTION DE LA TERRE
Le mécanisme de redistribution qui eut la meilleure
trajectoire historique dans le canton de Quininde fut les adjudications des
terres par les procédés de colonisation, processus ayant permit,
de manière ciblée, de titulariser les terres. Pour autant, les
adjudications, plus qu'un mécanisme de redistribution des terres, est un
mécanisme de répartition clientéliste des terres,
d'où les inégalités, principalement foncières, qui
en émanent.
Il est indispensable qu'une loi de la terre précise les
conditions particulières pour les adjudications et établisse un
régime spécial des terres données.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
En respect avec ce thème, il y a à
considérer des idées telles que : (SIPAE, Percepciones
sobre la reforma agraria, 2006)
Seules les adjudications de terre pourront se réaliser
en faveur des familles ou collectifs sociaux qui ont maintenu une possession
légitime des terres, de forme ininterrompue, d'un minimum de 5 ans ; aux
personnes ruraux qui manquent de terre, qui ont une insuffisance de superficie
ne leur permettant pas de garantir leur reproduction sociale dans des
conditions de dignités; ou aux collectifs sociaux.
Le ou les intéressé(s) à
bénéficier de l'adjudication devront arriver à un accord
avec le gouvernement via la valeur de la propriété et des
placements pour annuler leur dette, qui, en aucune manière, ne pourra
être supérieur que 15 ans. La BNF devra ouvrir une ligne de
crédit à cet effet.
L'inaccomplissement des conditions établies qu'octroie
l'adjudication ou le non paiement de la propriété seront des
motifs pour que l'Etat annule l'adjudication.
Ensuite, pour les terres adjudiquées, l'Etat devra
établir des programmes d'appui à la production et devra
développer le secteur rural pour assurer de bonnes conditions de vie et
donc la construction d'une politique de souveraineté alimentaire.
97
3.3.3.4. UNE INSTITUTION PUBLIQUE DE REDISTRIBUTION DE
TERRE
Il est indispensable de mettre en place un renouveau de l'INDA en
démocratisant cette institution : une nouvelle structure
institutionnelle devra être officialisée pour la Loi de Terre.
La transformation de l'INDA en un Institut National de la
Terre, comme entité responsable de la politique, de la régulation
et de l'application des normes constitutionnelles ainsi que de la
légalité en termes de terre, sera chargée d'administrer ou
non le patrimoine des terres de l'Etat. Elle devra affecter et adjudiquer les
terres, contrôler le marché des terres, ainsi qu'avoir un
contrôle sur les processus de concentration de la propriété
agraire. Pour assurer son caractère démocratique, cet institut
aura un directeur qui représentera les mouvements indigènes et
ruraux du pays.
Il est important d'appuyer la Direction National des
Statistiques et de Cadastrage, DINAC, comme organe maître national des
activités de cartographie, qui se conformera à cette loi. La
DINAC sera une entité inscrite dans l'Institut National de la Terre et
non indépendante comme en ce moment.
Pour la tutelle et la promotion des droits des paysans sans
terre, dépouillés de celle-ci ou qui en disposent de façon
très marginale, il sera mis en place dans l'institution un avocat
spécialisé des droits agraire à la disposition de tout le
monde. De plus, en ce qui concerne les démarches judiciaires via la
terre, il sera nécessaire de mettre en place dans chaque province des
tribunaux spécialisés que l'on appellera tribunaux agraires.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
3.3.3.5. REGLEMENTATION DU FOND NATIONAL DES TERRES
La Loi de la Terre doit réguler le fonctionnement du
Fond National des Terres établi par la constitution et
réaffirmé par la Loi Organique du Régime de la
Souveraineté Alimentaire. Ce Fond aura comme ligne directrice centrale
de financier l'acquisition des terres en faveur des populations rurales, mais
aussi en faveur du patrimoine national des terres de l'Etat. (SIPAE,
Percepciones sobre la reforma agraria, 2006)
Ces acquisitions de terres pourront être menées
à travers trois mécanismes : - En achetant directement la
terre à son propriétaire ;
- En payant une fois conclu le processus administratif
d'expropriation ;
- Grâce au crédit en faveur des populations
rurales sans terres ou qui en disposent en quantité insuffisante.
Le Fond National des Terres fonctionnera grâce
à des fonds provenant : - Des ressources que l'Etat a dans son
budget général de fiscalité ;
- Des taxes des propriétaires ayant des terres qui
disposent d'aptitude pour la production agricole mais qui ne les exploitent pas
(en relation avec la Loi d'Equité Fiscal mise en place en 2009 par
l'Assemblée Nationale Constituante) ;
- Des ressources provenant des adjudications des terres du
patrimoine de l'Etat ;
- Du capital et des intérêts collectés par
les crédits attribués en faveur des populations rurales pour
l'achat des terres ;
- De donations ou apports de la coopération
internationale.
L'idée est que l'administration de ce fond se
démocratise, avec la participation des mouvements sociaux indiens et
ruraux ainsi que de l'Institut National de la Terre.
Remarque : en plus des thèmes
évoqués précédemment, il faudrait aussi
évoquer le cadastre et la fiscalité agraire, les droits à
la terre des femmes, le thème de l'intégration des minifundio et
les groupements des petites parcelles dispersées, les règles pour
louer la terre, le procédé administratif et juridique via la
terre, etc. De ces thèmes, il y a déjà des planifications
importantes faites dans plusieurs secteurs.
98
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Les politiques antérieures ont favorisé
l'entrée massive d'investissements étrangers ainsi que
l'implantation de grandes exploitations au sein du canton.
Entrant dans une vision entrepreneuriale, ces stratégies politiques
s'intègrent donc dans une logique capitaliste, mettant à
l'écart l'économie paysanne.
|
Face à ce désengagement de l'Etat auprès de
ces populations, elles ont dû mettre en place de
nouvelles alternatives, non pas pour leur
développement, mais pour assurer leur autosubsistance et leur
pérennité au sein de leurs exploitations. Avec l'aide
d'associations et d'ONGs, elles ont pu s'organiser, se former à des
modes de gestion d'agricultures raisonnées, apprendre à
s'autogérer par le biais de caisses communes ou de spécialisation
de production sur des niches économiques.
|
La nouvelle constitution apporte réellement une
reconnaissance de la paysannerie. En effet, son objectif, autant au niveau du
canton qu'au niveau national, se porte sur les problèmes
économiques, environnementaux et sociaux, affectant de plus en plus ces
économies familiales.
|
Des incitations par des systèmes de taxes,
d'impôts, de regard face à l'occupation des sols, contribueront
à une redistribution des terres, à une déconcentration des
ressources naturelles.
|
De part des services publiques au sein des campagnes, de son
implication dans les institutions de légalisation des terres, de
recensement, de centre de commerce, permettra à l'Etat de mieux
appréhender et avoir une plus grande marge de manoeuvre via les
problèmes réels des campagnes, ainsi que de se réengager
dans son rôle de régulateur de marché.
|
Il est donc important que l'état garantisse une
planification détaillée et participative de sa nouvelle politique
agraire et de sa mise en application. Cela, afin d'obtenir des résultats
concrets et efficaces à moyens comme à longs termes pour ces
économies paysannes.
|
99
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
100
CONCLUSION
La zone de Quininde a participé dès le
début de sa colonisation au processus de participation au secteur
agro-exportateur de produits agricoles, d'abord le caoutchouc, puis ont suivi
la café et la banane, et désormais marqué par l'importance
croissante du palmier à l'huile. La présence de grandes cultures
dans la région a été marquée par des processus
hégémoniques internationaux : la Seconde Guerre mondiale pour
l'exportation de caoutchouc ; le boom de la banane pour l'augmentation de la
consommation des pays du Nord, caractérisant la région de zone
bananière; enfin la substitution aux importations avec la
présence de la culture du palmier à huile.
L'avantage de l'Etat est qu'il reçoit un pourcentage de
la vente d'huile de palme, en devises, alors qu'il n'engage aucun coût de
production de part sa filière entièrement privée. Par
l'ouverture des frontières aux IDE, par des incitations de plans de
colonisation et orientations dirigistes via l'accès au foncier et
à des lignes de crédit en faveur de la palme, l'Etat a
favorisé le développement de ce modèle d'agro-business au
détriment des exploitations familiales dans le canton de Quininde. De
plus, la production de palme génère un bon rapport
travail/revenu, une production stable dans le temps avec un prix au niveau
mondial croissant. Ainsi, les grands producteurs du canton dédient
majoritairement leur exploitation à la palme aux détriments de
leurs anciens systèmes de culture et/ou d'élevage.
Néanmoins on se rend compte que l'implantation des
grandes agro-industries, accaparent les ressources naturelles tant
l'accès à l'eau qu'à la terre, étant vitale pour
les systèmes de culture des économies paysannes afin de se
développer. Cette concentration foncière devient de plus en plus
importante, mettant donc les économies paysannes dans des situations de
goulots d'étranglement sans aides de l'Etat. De part une hausse
démographique, d'une absence de titre de propriété, d'un
désengagement de l'Etat, d'une pression foncière de plus en plus
importante, les paysans les plus vulnérables voient leur système
de production se fragmenter, dépossédé et/ou vendu. Ainsi
la majorité des petits exploitants familiaux sont contraints de
transférer leur force de travail familiale pour devenir, au mieux,
ouvrier agricole de ces exploitations capitalistes.
On observe actuellement au sein de ce canton, une dynamique de
paupérisation, entraînant un exode rural ce qui augmente le taux
de chômage. Au niveau des systèmes de culture, la
conséquence de cette diminution de l'économie paysanne se traduit
par une perte de diversité culturale, provoquant une diminution de la
sécurité alimentaire au niveau local. Ce fait se répercute
donc, sur une baisse de la souveraineté alimentaire à
l'échelle nationale : l'Equateur est de plus en plus dépendant de
l'importation de produits vivriers.
Aujourd'hui, face à ces problèmes
socio-économiques et environnementaux, l'Etat a un réel avantage
à s'impliquer dans ces systèmes de production. En effet, en plus
d'être les acteurs essentiels de la sécurité alimentaire du
pays, ces exploitations familiales ne concentrent pas les ressources
naturelles, fixent les populations et génèrent une
productivité de la terre, ainsi que de travail à l'hectare, les
plus hautes de la région.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Il est donc important que l'Etat se réengage dans les
campagnes, par des services publiques, dans des implications au niveau des
institutions de légalisation des terres, dans les centres de
marché et autres, afin d'encourager, de valoriser et de sécuriser
ces exploitations familiales face à l'agro-business. L'état doit
trouver un juste équilibre entre ces deux acteurs pour assurer un
développement équitable et durable pour tous et à chaque
échelle du pays.
Cette prise de conscience de l'Etat, ainsi que la mise en
place de cette nouvelle constitution sont un énorme tournant politique
dans un pays tel que l'Equateur. C'est une réelle avancée sociale
plus qu'économique qui s'ouvre aujourd'hui à ces exploitations
familiales.
101
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
102
Bibliographie
Información Urgente para Pensar y Actuar : Porque una
ley de tierras y una política pública de redistribución de
tierras? HIDALGO F. Alerta Agraria Vol.15. Quito, SIPAE, 2010. 6 p.
Base de datos y avalúos del cantón Quininde -
Predios rústicos. Quininde, 2009. Historia de Quininde.
Quininde : Hoy, 2008.
Notas para el análisis de la situación
nacional - La hora de los trabajadores del campo y de la cuidad. Quininde,
2009.
Revista del Primer Consejo Cantonal de Quininde, 1967 -
1980. Quininde, 1980.
Acción Ecológica. [On-line].
[23/08/2009].
<
http://www.accionecologica.org/bosques/conflictos-en-esmeraldas-y-carchi>
ACOSTA. Breve historia económica del
Ecuador. Corporación Editora Nacional. Quito, 2004. 406 p.
ANCUPA - Asociación Nacional de Cultivadores de
Palma Africana. [On-line]. [25/09/2009]. Censo Nacional Palmero
2005.
http://www.ancupa.com/index.shtml?s=M&n=66&k=54&m=Archivos&apc=I---xx-xx-xx-xx1-
APOLLIN F., EBERHART C. Análisis y
diagnóstico de los sistemas de producción en el medio rural.
Guía metodológica. Quito : CAMAREN, 1999. 279 p.
Banque Mondiale. 2009. [On-line]. [16/05/2010].
<
http://www.banquemondiale.org>
BRASSEL F., HERRERA S. Reforma Agraria en el
Ecuador ? viejos temas, nuevos argumentos. LAFORGE M. Quito : SIPAE, 2008.
248 p.
BRASSEL F., HIDALGO F. Libre Comercio y
Lácteos. Quito : SIPAE, 2007. 153 p.
CALDERON VELEZ J. Estudio de perfectibilidad
para la creación de una planta extractora de aceite de palma africana en
el valle del Sade Quininde. Tesis de grado previa la obtención del
título de ingeniera de empresas : Universidad Tecnológica
Equinoccial, Facultad de ciencias económicas y negocios . Santo Domingo,
2003. 181 p.
CARRION. L, CUVI M. La Palma Africana en
el Ecuador: Tecnología y Expansión empresarial. Quito :
FLASCO, 1985.
CARVAJAL J. (Coordinador Colectivo Agrario).
Soberanía alimentaria - Porque creemos en el debate : propuestas de
legislación Colectivo agrario. Quito : SIPAE, 2009. 85
p.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
103
CIRAD, GRET, ministère des Affaires
étrangères. Mémento de l'agronome.
Paris, 2002. 1960 p.
COCHET H., BROCHET M., OUATTARA Z., et al.
Démarche d'étude des systèmes de production
de la région de Korhogo-Koulokakaha-Gbonzoro en Côte d'Ivoire.
Agridoc, collection « Dossier pédagogique ».
Saint-Etienne : Les Editions du Gret, 2002. 87 p.
COLLIN D. De las zonas de
Colonización Agrícola de la Costa del Ecuador. Quininde,
1981.
CORDELIER E., MORIZE M. Quelles contraintes
et quel avenirs pour une zone aux agricultures contrastées - Diagnostic
agraire du canton de Rioverde, province d'Esmeraldas, Equateur. CNEARC,
CEFODI, VECO ECUADOR, Ecole Nationale Supérieure
d'Agronomie (ENSA). 2003.
CORPEI. Corporación de Promoción
de Exportaciones e Inversiones. 2009. [On-line]. [08/05/2010].
<
http://www.corpei.org>
CUEVA S. Comercialización del Banano
Ecuatoriano. Quito, 1964
DERVILLE L. Analyse de la pertinence et de
la qualité des services offerts par Innovare Consultores - La
certification ISO 9001:2008, une solution à ses faiblesses ?
Mémoire d'ingénieur en agro-développement
international, ISTOM. Cergy, 2009.
DUFUMIER M. Les projets de
développement agricole : manuel d'expertise. Collection Economie et
développement, éditions Karthala. Paris : 1996. 354 p.
ETUDE SIPAE, JAVAUX R., JEANJEAN P.
Diagnostico agrario del cantón Quininde. Rapport de
stage : SIPAE. Quito, 2009. 101 p.
FAOSTAT. 2009. [On-line]. [07/05/2010].
<
http://faostat.fao.org>
FERRATON N., TOUZARD I. Comprendre
l'agriculture familiale. Editions Quae, CTA, Presses agronomiques de
Gembloux, collection Agricultures tropicales en poche. Versailles, 2009. 123
p.
FERRATON N., COCHET H, BAINVILLE S.
Initiation à une démarche de dialogue - Etude des
systèmes de production dans deux villages de l'ancienne boucle du cacao
(Côte d'Ivoire). Agridoc, collection « Dossier
pédagogique ». Bayeux : Les Editions du Gret, 2002. 134 p.
Fundación María Luisa de la Torre.
Plan de Desarrollo Local de las Comunidades de las Riberas de los
Ríos Blanco, Guayllabamaba y Esmeraldas. 2000.
GONZALES, J. Historia de Quininde.
Quininde, 2002. 83 p.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
104
HERRERA S. Percepciones sobre la reforma
agraria - Análisis del discurso de dirigentes de organizaciones
campesinas e indígenas. Quito : SIPAE, 2007. 133 p.
HIDALGO F. (Dir. ejecutivo). Hacia una
agenda para las economías campesinas en el Ecuador. Quito : SIPAE,
2007. 97 p.
InterCarto. 2009. [On-line]. [23/04/2010].
<
http://www.intercarto.com>
IERAC - Instituto Ecuatoriano de Reforma Agraria y
Colonización. La Reforma Agraria y Colonización en
el Ecuador. 1964-1975
INDA - Instituto Nacional de Desarrollo Agrícola.
Recopilación de Leyes Agrarias. Quito,1997. /
Adjudicaciones de la Tierra. Quito, 1942-2005.
INEC (Instituto Nacional de Estadísticas y
Censo). Censo Agropecuario del cantón Quininde.
Quito, 2000. / Censo de la Población y Vivienda período
1974-2001. / II Censo Nacional Agropecuario, 1974. / III
Censo Nacional Agropecuario, 2000.
Junta de Planificación Nacional y de
Coordinación Económica. Plan general de desarrollo
económico y social. 1963.
LARREA, C. Hacia una Historia
Ecológica del Ecuador: Propuestas para el debate.
Corporación Editora Nacional. Quito, 2006
MAE - Ministère des Affaires
Étrangères. [On-line]. [18/05/2010]. 2010. <
http://www.diplomatie.gouv.fr>
MAZOYER M., ROUDARD L. Histoire des
agricultures du monde, du néolithique à la crise
contemporaine. Editions du Seuil. Paris, 1997. 545 p.
MIC - Ministerio de las Industrias y de la
Competitividad . [On-line]. [18/05/2010]. 2007. <
http://www.mic.gov.ec>
MOGLIANI M. La dollarisation et la
stabilité macroéconomique en Équateur. Mémoire
de master, École des Hautes Études en Sciences Sociales. Paris,
2006. 251p.
PELTRE-WURTZ J. Alimentation et
pauvreté en Equateur - Manger est un combat. IRD-KARTHALA. Clamecy,
2004. 184 p.
PEREZ E. Historia General de
Esmeraldas. Editorial Universitaria «Luis Vargas Torres».
Esmeraldas, 1996.
RUDEL C. L'Equateur. Karthala. 1992.
214p.
SICA - Servicio de información
agropecuaria del ministerio de agricultura y ganadería del Ecuador.
2009. [On-line]. [23/04/2009].
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
<
http://www.sica.gov.ec>
SICA, INEC, MAG. II Censo Nacional
Agropecuaria. Quito, 1974 / III Censo Nacional Agropecuaria,
Resultados Nacionales y Provinciales. Quito, 2002
TIAGUARO Y. Análisis de los sistemas
de producción en la microcuenca del rio Soloma, Echeandia - Bolivar.
Tesis de grado Ingeniera agrónoma : Universidad Central del
Ecuador, Facultad de Ciencias Agricolas. Quito, 2008. 94 p.
TAMAYO, C. Sistemas Agrarios Bananeros en la
Maná. Quito, 2007.
VAILLANT M, CEPEDA D., GONDARD P., et al.
Mozaico Agrario: Diversidades y antagonismos
socio-económicos en el campo ecuatoriano. Co-edición
SIPAE-IRD-IFEA. Quito, 2007. 318 p.
VALENCIA, F. Quininde y sus habitantes.
Quito, 2009
VSF-CICDA - Agronomes et Vétérinaires
Sans Frontières. L'accès à la terre en
Equateur - Fiche Projet : Equateur PROCACAO 2007-2008. Quito, 2008.
105
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
Table des annexes
Annexe 1: Prix des agro-chimiques dans la zone d'étude
(étude SIPAE, 2009) 107
Annexe 2: Associations de producteurs dans le canton de
Quininde (étude SIPAE, 2009) 108
Annexe 3: Situation d'une exploitation familiale en
décapitalisation (étude SIPAE, 2009) 109
Annexe 4: Situation économique d'un producteur Grand
Diversifié (étude SIPAE, 2009) 109
Annexe 5: Situation économique d'un Petit
Diversifié (étude SIPAE, 2009) 109
Annexe 6: Exemple d'une situation économique d'un Grand
Patronal (étude SIPAE, 2009) 109
Annexe 7: Analyse économique d'un système
d'agro-business (étude SIPAE, 2009) 109
106
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
Annexe 1: Prix des agro-chimiques dans la zone
d'étude (étude SIPAE, 2009)
Cultivo
|
Producto
|
Cantidad
|
Unidad
|
Precio (USD)
|
Dosis
|
Cacao
|
Ferticacao
|
50
|
kg
|
32,85
|
400gr/planta
|
Rodazim
|
1
|
litro
|
14,5
|
0,3-0,5 litros/ha
|
Glider
|
1
|
litro
|
13,5
|
0,5-1,5 litros/ha
|
Furadán
|
25
|
kg
|
90
|
100 g/planta
|
Palma
|
Fertipalma
|
50
|
kg
|
36,09
|
2kg/planta (3 ciclos al año)
|
Endosulfan
|
1
|
litro
|
9,9
|
1litro/planta
|
Ataquil
|
0,5
|
kg
|
6,5
|
|
Maracuyá
|
Fernical
|
1
|
funda (2kg)
|
2,26
|
2kg/tanque de 200 litros
|
Fernikok
|
1
|
funda (2kg)
|
13,99
|
2kg/tanque de 200 litros
|
Soluboro
|
500
|
g
|
3,06
|
500 g/tanque 200 litros
|
Cypermetrina
|
1
|
litro
|
9
|
|
otros productos
|
|
Glifosato
|
1
|
litro
|
4,5
|
|
|
Amina 6
|
1
|
litro
|
4
|
|
|
Vitavax
|
1
|
litro
|
20
|
|
ANIMALES
|
|
|
|
|
|
Baño para garrapata
|
Tipertox
|
1
|
frasco (12ml)
|
|
|
Desparasitante
|
Ibecmetrina
|
1
|
frasco (250 ml)
|
55
|
1 ml cada 1kg de peso
|
Biomec
|
1
|
litro (la)
|
47,57
|
1 cc/100 quintales peso
|
Biomisil
|
1
|
frasco (500 cc)
|
18,87
|
1 cc/ 100 quintales peso
|
|
|
|
|
|
|
FERTILIZANTES
|
|
|
|
|
|
|
10-30-10
|
1
|
saco
|
29,37
|
|
|
Urea
|
1
|
saco
|
25
|
|
|
18-46-0
|
1
|
saco
|
30
|
|
|
|
|
|
|
|
g = gramos
la = larga acción
cc = centímetros cUbicos
107
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
108
Annexe 2: Associations de producteurs dans le canton de
Quininde (étude SIPAE, 2009)
UONCRE (Union des organisations de noirs des rives du
fleuve Esmeraldas)
Elle se trouve dans les communautés riveraines du fleuve
Esmeraldas. C'est une organisation
de second niveau. "Les statuts sont en instance au
ministère de protection sociale" (FMLGT). L'origine de la constitution
de cette organisation provient de la pollution du fleuve Esmeraldas
causée par la marée noire de 1999. Elle réussit
essentiellement des femmes d'une dizaine de communautés du canton. Elle
est organisée par domaines d'activité : santé,
socio-organisation, production, éducation, jeunesse, identité.
UOCAQ (Union des organisations paysannes du canton de
Quininde)
Cette organisation a été véhiculée
à partir des années 90, ses objectifs sont de soutenir les
petits agriculteurs. En 2007 commence un nouveau travail avec
AVSF et la GTZ.
L'Union des Organisations Paysannes du Canton de Quininde
"UOCAQ", a commencé en novembre 2007 un processus de planification
participative avec les organisations de base qui la composent. Avec l'appui de
AVSF et de la GTZ, ayant comme alternative un projet productif concernant une
des principales sources de revenus de l'économie des petits et moyens
producteurs qu'est le cacao national supérieur d'Equateur, UOCAQ vise
à soutenir des actions orientées sur l'accroissement des revenus
familiaux les plus faibles. Notamment par le renforcement
socio-organisationnel, la formation à la gestion technique des sols, la
santé des plantes (lutte contre les ravageurs et les maladies), la mise
en oeuvre de pépinières, la gestion de la fertilisation,
l'amélioration de la qualité, la récolte, la
post-récolte (construction de fermenteurs et d'abris), cherchant ainsi
à optimiser l'utilisation des ressources existantes dans la
région en prenant en compte des critères de durabilité. La
UOCAQ réunit plus d'une dizaine de communautés. La UOCAQ
mentionne que : "Le réseau a été identifié pour
exporter le cacao national d'arôme fin supérieur d'Equateur, par
l'intermédiaire de FEPACACAO avec les deux certifications en vigueur"
(certifications « commerce équitable » et « biologique
»).
COCPE (Corporation paysanne de producteurs de la province
d'Esmeraldas)
C'est l'une des plus grandes organisations de la région.
Elle a l'appui de MCCH (Fondation
Maquita Cusunchi: Commercialiser entre frères), dont le
travail est encadré par trois domaines: le développement humain
et l'organisation sociale (géré par une école qui forme
des leaders choisis dans chaque communauté), le commerce et la
production, à travers l'appui aux systèmes organisationnels, en
plus de la formation technique, pratique et d'estime de soi. Actuellement,
l'objectif d'avoir un importateur vient d'être atteint à travers
l'accord passé avec CHOCOEXPORT, permettant ainsi de donner une plus
grande durabilité à la production de cacao et à d'autres
productions agricoles et artisanales. Chaque communauté en partenariat
avec cet importateur contribue à son apport en capital social, et est
liée à la gestion et à l'incitation de la culture du cacao
national d'arôme fin supérieure d'Equateur.
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
109
La fondation FASCA (Fondation Action Social
Caritative)
C'est une organisation religieuse, légalement
constituée, appartenant au Diocèse de Santo Domingo de los
Tsáchilas. Guidée par l'Évangile et la doctrine sociale de
l'Eglise, elle promeut les droits et le développement intégral
des personnes, des familles et des communautés les plus
vulnérables à travers la mise en oeuvre de ses programmes et
projets. Parmi eux, le projet BIOFASCA appuie la formation et l'assistance
technique aux producteurs de cacao d'arôme fin au nord-ouest de la
province du Pichincha et dans la province de Santo Domingo de los
Tsáchilas. Elle accompagne notamment la commercialisation des
fèves de cacao, ainsi que la transformation en pâte de cacao et sa
commercialisation.
ANCUPA (Association nationale des producteurs de
palmiers à huile)
Association juridique de droit privé à but non
lucratif créée en 1970, ANCUPA garantit les droits des
producteurs de palme, des extracteurs d'huile de palme et de palmiste. Elle a
des accords avec l'INIAP 31 , le CIPAL 32 , plusieurs
universités du pays, FEDEPALMA, ACUPALMA, le CIAT (recherche,
encadrement technique et économique, etc.). C'est une des plus grandes
organisations du pays. Son travail est fondé sur la recherche et
l'assistance technique de ses membres palmiculteurs.
31 Institut national autonome de recherche agricole
32 Centre de recherche sur le Palmier à Huile
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR Mémoire de fin d'études
Annexe 3: Situation d'une
(étude exploitation familiale en d éca p ita
l isat io n
SIPAE, 2009)
Annexe 4: Situation économique d'un producteur
Grand Diversifié ( étude
SIPAE, 2009)
oire de fin d'études
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR Mémoire de fin d'études
Cycle INGENIEUR
Annexe 5: Situation économique d'un Petit
Diversifié (étude SIPAE, 2009)
n d'études
Annexe 6: Exemple d'une situation économique d'un
Grand Patronal (étude
SIPAE, 2009)
Annexe 7: Analyse économique d'un système
d'agro-business (étude
SIPAE, 2009)
114
Mémoire de fin d'études
ISTOM 2010 Mémoire de fin d'études Cycle
INGENIEUR
115
|