Les enfants dans les attentats suicides: étude comparative de trois cas: Sri Lanka, Palestine, zone Afghanistan/Pakistan( Télécharger le fichier original )par Mélanie JOANNES Institut catholique de Paris - Master 2 sciences politique, mention géopolitique et sécurité internationale 2011 |
1.2. Les groupesNous allons désormais passer à la description des groupes qui utilisent les enfants dans les attentats suicides dans chacun des conflits décrits précédemment. Ces groupes, qui n'ont pas été cités avant, sont le LTTE pour le Sri Lanka, le Hamas et le Jihad Islamic pour la Palestine et les Talibans pakistanais pour l'Afghanistan et le Pakistan. Dans un premier temps, nous nous appliquerons à décrire l'historique et la structure de chacun d'eux. Puis, nous verrons les idéologies sur lesquelles ils se reposent et leurs différentes revendications. Et enfin, nous nous pencherons sur l'utilisation générale qu'ils font de l'attentat suicide et l'introduction des enfants dans ceux-ci. Comme dans l'exposition des contextes géopolitique, cette partie n'est pas exhaustive, car il s'agit là de comprendre qui sont les groupes qui utilisent des enfants dans les attentats suicides. Nous n'en dégagerons donc que les caractéristiques principales afin de voir quelles sont les convergences et les divergences entre les différents groupes. 1.2.1. Historique des groupes et leur organisation1.2.1.1. Le LTTELe Liberation Tigers of Tamoul Eelam52(*) est un groupe appelé à l'origine les « Nouveaux Tigres tamouls » (TNT) qui fut créé le 22 mai 1972. Il faisait partie d'une organisation plus large connue sous le nom de Front uni de libération tamoul (TULF). En 1976, à la suite de l'arrestation du leader Chetti Thanabalasingham Prabhakaran, Velupillaï Prabhakaran, un membre du TNT, prend la tête de l'organisation qui devient, le 5 mai 1976, le LTTE. Dès les années 1980, les leaders du LTTE mettent en place une structure complexe avec une aile politique et une aile militaire. Au niveau politique, ils se sont organisés sur un modèle gouvernemental avec des postes ministériels, un parlement et ont une « juridiction » dans les territoires qu'ils contrôlent. D'un point de vue militaire, ils se sont organisés sur le modèle d'une armée conventionnelle. Leur armée est ainsi organisée en unités de combat réparties entre des unités directement subordonnées au Comité Central de Direction (CCD) et des unités des forces « régulières ».53(*) Cette organisation très structurée a fait du LTTE un exemple en terme de moyens d'action dans une guérilla. Ils usent, bien évidemment, des procédés asymétriques classiques ou irréguliers, pour reprendre les termes du spécialiste des guérillas Gérard Chalian.54(*) Ils se sont très vite imposés comme l'organisation principale de représentation de la communauté tamoule. Cependant, en 2004, l'organisation a du faire face au Groupe Karuna créé le 6 mars par le colonel Vinayagamoorthy Muralitharan, commandant des LTTE dans la région de Batticaloa qui a fait sécession avec des milliers de ses combattants. Des combats auront lieu entre les deux groupes, ce qui portera un coup sévère au LTTE. Le LTTE possède un puissant réseau international constitué de la diaspora qui représente environ 1,5 à 1,8 millions de tamouls dans le monde. Pour Oliver Guillard, directeur de recherche Asie à l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), cette diaspora est contrôlée par le LTTE.55(*) Et de rajouter: «Tout est régi d'une main de fer. Chacune des familles à l'étranger doit verser un impôt révolutionnaire au soutien de la cause tamoule. C'est une participation financière sur une base mensuelle ou trimestrielle qui est indexée sur le revenu de la famille et le nombre de personnes dans le foyer.»56(*) Ce qui fait donc du LTTE une puissante organisation transnationale qui a réussi à rallier la quasi intégralité de la communauté tamoule, par des moyens plus ou moins oppressifs, à sa cause. Comme beaucoup de milice, le LTTE s'est criminalisé en mettant en place des pratiques prédatrices (trafic de drogues avec le Pakistan, racket...) 57(*)Le racket n'est pas moins un instrument de contrôle social qu'un instrument d'extraction économique. Le LTTE est placé sur la liste officielle des organisations terroristes d'une trentaine de pays ou organisations internationales dont les Etats-Unis, l'Union Européenne depuis 2006, l'Inde depuis 1992 et le Royaume Unis depuis 2000. Au Sri Lanka, ils seront officiellement interdits en 1998, mais retrouveront une existence légale en 2002 afin qu'ils puissent mener des négociations avec le gouvernement. Cependant, ils se retireront de la table des négociations en 2003. * 52 Le terme Eelam est l'équivalent tamoul du terme cingalais Sri Lanka * 53 J. Baud, Encyclopédie des terrorismes et violences organisées, Paris, 2009, p.1206 * 54 G. Chalian, Le nouvel art de la guerre, l'Archipel, Paris, 2008 * 55 La diaspora tamoul se réunit pour protester, le Point, mise en ligne le 21/04/2009. Lien internet: http://www.lepoint.fr/actualites-monde/2009-04-21/sri-lanka-la-diaspora-tamoule-s-organise-pour-protester/924/0/336678 * 56Ibid * 57L. Gayer et C. Jaffrelot, Op.cit., p.31 |
|