Les enfants dans les attentats suicides: étude comparative de trois cas: Sri Lanka, Palestine, zone Afghanistan/Pakistan( Télécharger le fichier original )par Mélanie JOANNES Institut catholique de Paris - Master 2 sciences politique, mention géopolitique et sécurité internationale 2011 |
1.2.1.2. La Palestine- La génération de la l'Intifada, une génération particulièrement vulnérable La génération d'enfants ayant connu l'Intifada al-Aqsa est une génération qui n'a connu que la guerre. La mort est devenue omniprésente dans leur quotidien. Selon une étude de M.Eyad Sarraj132(*), un quart des enfants de Gaza aspirent à mourir en martyrs, et certains d'entre eux ne souhaitent plus aller à l'école par peur que dans ce laps de temps, leurs parents soient tués ou arrêtés et leur maison détruite. Il faut souligner à cet effet, les propos tenus par Sarraj : « Dans la première Intifada, le danger était limité aux endroits où s'affrontaient les soldats et les lanceurs de pierres. Aujourd'hui, la mort vient du ciel. N'importe qui peut-être touché n'importe quand. Cela crée un état de panique chronique. »133(*) - Nombreux enfants palestiniens vivent côte-à-côte avec des enfants israéliens, ce qui est le cas notamment en Israël ou à Jérusalem. Les enfants palestiniens subissent un traitement différent, notamment la non scolarisation, ce qui les renforce dans le sentiment d'injustice. 1.2.1.3. Le Pakistan et l'AfghanistanLes enfants sont très vulnérables en Afghanistan. Ils ont joué très vite un rôle dans le conflit en servant de soutien de propagande. On montrait des images d'enfants mutilés ou morts pour attiser la pitié des occidentaux. - Problème de scolarisation La scolarisation est un problème important malgré de nets progrès enregistrés depuis la chute du régime taliban. Dans la vallée de Swat, au Pakistan, les enfants rencontrent les mêmes difficultés de scolarisation. Les écoles contrôlées par le gouvernement sont peu nombreuses et leur accès est payant. Aussi, de nombreux garçons sont envoyés dans des madrassas dont le contenu scolaire les pousse à la fanatisation. Les facteurs de vulnérabilité ne se réduisent pas à la scolarisation dans cette zone. L'accès à l'alimentation est difficile, les perspectives d'avenir quasiment inexistante. Et un retour à la paix presque inenvisageable. 1.2.1.4. Analyse comparativeLa violation systématique des droits fondamentaux de l'enfant crée des situations dans lesquelles les enfants constituent un groupe vulnérable pour le recrutement forcé ou volontaire par des groupes armés non gouvernementaux.134(*) A la violation de leur droit, s'ajoute d'autres vulnérabilités dont les enfants ne peuvent faire face et qui peuvent les conduire à un sentiment de désespoir, surtout lorsque la situation politique ne semble pas pouvoir s'arranger. De nombreuses études concernant les enfants soldats tendent à mettre en avant que la vulnérabilité socio-économique des enfants dans les pays en conflits pousse ceux-ci à s'enrôler volontairement dans le but d'accéder aux besoins primaires dont la nourriture, l'hygiène, la santé et la sécurité. Cependant, l'enfant dans les attentats suicides n'est pas un enfant soldat comme les autres dans le sens où il ne survivra pas à sa mission. Dans ce contexte, le fait de rejoindre un groupe dans le but de survivre n'est pas cohérent. Dans le cas de la Palestine et de la zone Pakistan/Afghanistan, l'idée de vengeance apparait souvent comme motivation pour accomplir un attentat suicide. * 132 E. Sarraj, Israël-Palestine, la déchirure de enfants au front, Le Monde Diplomatique, novembre 2000 mis en ligne sur http://www.monde-diplomatique.fr/2000/11/SARRAJ/14516 * 133 Ibid * 134Chara Latu Hogg, Op. cit.,, p.6 |
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