INTRODUCTION
« L'Afrique ne demande pas
l'aumône...l'Afrique veut pouvoir, comme cela se fait ailleurs,
capitaliser les fruits de ses propres efforts. Elle n'en a pas la
capacité parce que ses habitants sont totalement exposés à
des risques divers qu'ils ne peuvent ni prévenir, ni transférer,
ni réparer. L'Afrique a besoin d'assurance »1(*). Ces quelques mots de
Michel Vaté illustrent à suffisance le
rôle déterminant que l'essor de la micro-assurance peut avoir sur
le développement du continent africain.
Les personnes à faible revenu vivent
généralement dans un environnement plus risqué que celui
des autres couches de la population. En conséquence, elles sont plus
exposées à divers dangers tels la maladie, le
décès, l'invalidité accidentelle, le vol, l'incendie ou
toute autre forme de perte de biens.
Bien que les ménages pauvres disposent souvent de
moyens informels pour faire face à ces risques, il demeure que ces
moyens ne les protègent pas suffisamment. En effet les stratégies
de gestion informelles parmi lesquelles la répartition des ressources
(financières et humaines) sur plusieurs activités
génératrices de revenus, l'auto assurance, les dons, les tontines
et autres associations, ne peuvent apporter aux personnes à faible
revenu qu'une protection partielle. Ainsi les moyens de gestion informels des
risques ne résistent pas aux dangers survenant en série. Non
seulement la survenance d'un sinistre fragilise énormément les
personnes à faible revenu, mais lorsqu'elles n'ont pas eu le temps de
s'en remettre qu'un autre les frappe encore, il y a de fortes chances qu'elles
ne s'en remettent jamais ou qu'elles se trouvent ainsi prises dans une spirale
sans fin, un éternel recommencement dans lequel leurs efforts pour en
sortir sont chaque fois annulés au premier choc.
A l'instar de la microfinance qui a révolutionné
le secteur bancaire, il est de plus en plus admis aujourd'hui que la
micro-assurance peut contribuer largement à améliorer le niveau
de vie des populations à faible revenu notamment en Afrique où la
grande majorité des populations est exclue des systèmes de
protection sociale existants. A l'issue de la 5ème
Conférence internationale sur la micro-assurance qui s'est tenue
à Dakar (Sénégal) du 3 au 5 Novembre 2009 et qui a
réuni près de 400 experts et praticiens issus de 64 pays, il
ressort que « la micro-assurance constitue la première
solution pour permettre aux pauvres de gérer les risques auxquels ils
sont exposés... En Afrique tout particulièrement, la
micro-assurance dispose encore, en dépit de sa croissance rapide, d'un
énorme potentiel pour atteindre les pauvres. Des études
économiques montrent que les pauvres sont prêts à payer
pour un produit proposé à un prix raisonnable qui répond
à leurs besoins et qui fait appel à des systèmes flexibles
pour le payement des primes »2(*)
Depuis son avènement au début des années
80 avec les travaux de Yunus, le concept de micro-assurance a progressivement
pris de l'ampleur pour occuper aujourd'hui le devant de la scène dans
les stratégies de développement socio-économique du
continent africain. Les groupes Allianz Africa et AIG3(*) qui sont de grandes compagnies
multinationales d'assurances s'intéressent de près à la
micro-assurance ainsi qu'aux possibilités de son essor en Afrique. Ainsi
la micro-assurance n'est plus un sujet tabou ou une préoccupation
mineure laissée aux seules IMF4(*) et autres mutuelles de santé ; les
assureurs professionnels qui sont des spécialistes de la gestion des
risques sont donc capables de relever le défi d'assurer l'autre partie
du continent, celle qui est exclue de l'assurance classique aux prix
« inabordables », celle pour qui les couvertures
assurantielles actuellement proposées sont
« inadaptées ».
Mais la micro-assurance n'est pas tout simplement de
l'assurance classique avec des primes plus faibles ; l'exigence de
l'adaptation des garanties aux besoins réels des populations à
faible revenu en fait toute la différence et l'assureur n'a pas toujours
l'expérience des risques liés à ces populations à
faible revenu d'où le manque de données fiables lui permettant de
faire la tarification. Dans ces conditions, comment intervenir de
manière efficiente ?
L'assureur commercial est d'abord préoccupé par
des objectifs de rentabilité lorsqu'il envisage de se lancer à la
quête de nouveaux marchés. Est-il paradoxal de parler de
profitabilité dans l'octroi d'une couverture sociale aux plus
démunis ?
Les produits de micro-assurance doivent être
adaptés aux besoins spécifiques des populations à faible
revenu. Comment identifier et comprendre ces besoins ?
L'inversion du cycle de production en assurance oblige les
assureurs à se préoccuper davantage de la faisabilité
technique d'un produit que des particularités de la demande des
potentiels assurés. Dans ces conditions comment concevoir des produits
adaptés aux besoins spécifiques des populations africaines
à faible revenu tout en répondant aux exigences des calculs
actuariels liés à toute opération d'assurance ?
Faut-il favoriser la création de nouvelles
sociétés d'assurances spécialisées dans la
commercialisation des produits de micro-assurance ?
Faut-il une réglementation spécifique aux
activités de micro-assurance ?
Enfin l'assurance agricole et la micro-assurance peuvent-elles
connaître un développement séparé en Afrique
où plus de 60% de la population vit de l'agriculture ?
Ce mémoire s'intéresse à la
micro-assurance en tant que mécanisme de couverture des populations
africaines à faible revenu contre les risques assurables auxquels elles
peuvent être confrontées, la couverture assurantielle étant
apportée par les assureurs professionnels. La question de savoir quel
peut être le degré de contribution réel de la
micro-assurance dans l'amélioration du niveau de vie des populations
africaines ne sera pas abordée ici. Nous tiendrons pour acquis que
l'expansion de la micro-assurance peut être un début de solution
aux problèmes de santé publique et de sécurité des
biens qui inhibent l'enclenchement d'un développement durable en
Afrique. L'objectif in fine est donc de démontrer la faisabilité
de la micro-assurance en Afrique et surtout qu'elle peut être un business
rentable pour les compagnies commerciales.
Nous présenterons, dans un premier temps la
micro-assurance et ses spécificités par rapport à
l'assurance traditionnelle. Nous verrons qu'au delà de la
modicité des primes, les principes de l'assurance ne s'appliquent pas
moins aux risques encourus par les populations africaines à faible
revenu.
Ensuite nous mettrons en exergue les fondements de la
micro-assurance. Les difficultés à atteindre les objectifs du
millénaire, la croissance rapide de la population africaine ainsi que la
quasi unanimité sur la nécessité d'étendre la
protection sociale amènent à reconsidérer la place que
pourrait occuper la micro-assurance si elle se déployait tout azimut au
travers du continent africain.
En outre pour nous convaincre de la possibilité
d'étendre la couverture assurantielle aux populations africaines
à faible revenu, nous allons mettre en relief quelques
expériences abouties ou en cours de réalisation au travers du
continent.
Enfin nous proposerons un schéma de mise en place d'un
programme de micro-assurance réussi en Afrique. Du fait que le
débat reste ouvert sur l'existence ou non d'une culture de l'assurance
en Afrique, de par la contrainte de réduction des frais de promotion et
de distribution inhérente à toute pratique de micro-assurance,
les étapes de mise en oeuvre d'un programme de micro-assurance
présentent plusieurs particularités ; surtout en Afrique
où l'Assurance traditionnelle ne jouit déjà pas d'une
très belle image.
CHAPITRE I- PRESENTATION DE LA MICRO-ASSURANCE
Le premier défi de la micro-assurance a
été de se doter d'une définition communément
partagée. Si une unanimité semble se faire autour de ce qu'il
faut entendre par micro-assurance, notamment ses objectifs, il demeure une
certaine incompréhension lorsqu'il s'agit de délimiter les
frontières de la micro-assurance vis-à-vis de l'assurance
classique tant au niveau des prestations servies que de la taille des
prestataires. Il convient dès lors pour mieux cerner la notion de
retracer ses origines et de suivre son évolution.
Section 1- Définition de la micro-assurance
La plupart des acceptions de la notion de
micro-assurance se recoupent (P1) mais son domaine reste à
préciser (P2).
Paragraphe 1. Les différentes acceptions de la
notion de micro-assurance
A défaut d'une définition codifiée et
publiée par une académie officielle, nous allons relever et
commenter celles proposées par les experts de renom ainsi que les
organismes internationaux travaillant sur le sujet.
Craig Churchill, vice président de la fondation MUNICH
RE et initiateur de la « conférence internationale sur la
micro-assurance » est l'une des voix les plus autorisées en ce
moment pour parler de la micro-assurance. Il a dirigé la publication
d'un «Guide de la micro-assurance », ouvrage qui rassemble tous
les éléments d'analyse et de réflexion les plus
récents apportés par des universitaires, des actuaires et des
professionnels d'assurances ; permettant ainsi à toute personne
intéressée d'avoir une vue d'ensemble la plus complète
possible à ce jour.
Dans cet ouvrage, « La micro-assurance consiste
à protéger les personnes à faible revenu contre des
dangers spécifiques, ce en échange du paiement régulier de
primes dont le montant est proportionnel à la probabilité et au
coût du risque encouru ». Craig Churchill soutient qu'il existe
deux grandes catégories de micro-assurance. L'une tournée vers la
protection sociale qui vient pallier l'absence de programmes gouvernementaux
appropriés ; l'autre se propose d'offrir un service financier vital
aux ménages à faible revenu en développant un
modèle de couverture pouvant leur permettre de devenir un marché
rentable pour les assureurs commerciaux. Comme Janus, dieu romain gardien des
portes et divinité des commencements, la micro-assurance a donc deux
visages. Ces deux aspects de la micro-assurance ont cependant beaucoup de
similitudes si bien que tout travail sur la micro-assurance qui se veut complet
doit tenir compte des deux variantes.
Le BIT5(*)
à travers le Fonds pour l'Innovation en micro-assurance définit
la micro-assurance comme un « mécanisme de protection des
personnes à faibles revenus contre les risques (accident, maladie,
décès, catastrophe naturelle...) en échange du paiement de
primes d'assurance adaptées à leur besoin et niveau de risque.
Elle cible principalement les travailleurs à faibles revenus des pays en
voie de développement, particulièrement ceux travaillant dans le
secteur informel qui sont souvent mal desservis par les assureurs commerciaux
et les systèmes d'assurance sociale »6(*). Cette vision de la
micro-assurance a été présentée par Caroline Phily,
Technical advisor au BIT, à la 32ème assemblée
générale de la FANAF7(*) tenue à Yamoussoukro, Côte d'Ivoire en
février 2009.
La « Conférence Internationale sur la
micro-assurance » est une réunion d'experts du monde entier
qui se tient tous les ans depuis 2005 pour évaluer le chemin parcouru et
plancher sur les défis restant à relever. Lors de la
5ème session tenue à Dakar (Sénégal) du
03 au 05 Novembre 2009, plus de 400 experts et praticiens se sont réunis
pour constater au sortir de leurs travaux que « la micro-assurance
constitue la première solution pour permettre aux pauvres de
gérer les risques auxquels ils sont exposés... En Afrique tout
particulièrement, la micro-assurance dispose encore, en dépit de
sa croissance rapide, d'un énorme potentiel pour atteindre les
pauvres... »8(*)
Pour Marc Nabeth, expert en micro-assurance et chercheur
associé à l'Institut Thomas More, la difficulté à
définir la micro-assurance tient à la multiplicité des
définitions de la pauvreté. La pauvreté n'est pas un bloc,
elle résulte d'un processus socioéconomique complexe et regroupe
une multitude de trajectoires et de situations : les
« très pauvres », « les
pauvres », les « moyens pauvres », les
« non pauvres ».
Marc Nabeth soutient qu'il s'agit là en
réalité de classes abstraites car il n'existe pas de cloison
stricte entre les différents niveaux de pauvreté ; il
faudrait plutôt analyser des continuums au lieu d'établir des
coupures radicales. Dans tous les cas, de cette diversité de situations
découle probablement la difficulté à rassembler tous les
acteurs autour d'une définition consensuelle de la notion de
« populations à faible revenu » et partant de celle
de « micro-assurance ». L'auteur revient sur le compte
rendu de la réunion de l'International Association of Insurance
Supervisors (IAIS) en 2006 consacrée à la micro-assurance9(*) à l'issue de laquelle
dans un premier temps les experts se sont accordés sur le fait que la
micro-assurance « ne porte pas sur des produits ou lignes de produits
spécifiques, n'est pas limitée à un type de producteur
mais se réfère à une offre à destination d'un
certain niveau de revenu ; à savoir les populations à faible
revenu ». Dans un second temps, l'IAIS précise que non
seulement le concept de « populations à faible
revenu » varie d'un pays à l'autre, en fonction de
l'état de son développement, mais encore que la micro-assurance a
des significations différentes selon les autorités de
contrôle de l'assurance. Dans beaucoup de pays, la micro-assurance n'est
pas considérée comme une assurance à part, mais simplement
comme une assurance classique à petite échelle ; ce qui est
l'une des explications du non- développement de règles
séparées pour la micro-assurance dans beaucoup de juridictions.
En France, la micro-assurance ne concerne pour l'instant que
les personnes sans emploi créant leur propre entreprise. Dans ce pays,
plus de 30% des créations d'entreprises sont le fait de chômeurs
ou des personnes ne percevant que les minima sociaux ; 40% de ces
créateurs d'entreprises n'ont pas pensé à s'assurer ou
n'en ont pas eu les moyens. Il est vrai qu'entre les charges sociales et
professionnelles, et les charges d'investissement jugées prioritaires,
nombre d'entre eux renoncent à toute idée de couverture
assurantielle. Fort de ce constat, un collectif d'assureurs composé de
La Mondiale, CNP assurances, CFDP assurances, Axeria et AG2R en partenariat
avec la Banque Postale et la Caisse des Dépôts et Consignations,
a fondé « Entrepreneurs de la cité » qui
propose depuis 2006 la « Trousse première
assurance », le tout premier produit de micro-assurance en France.
Entrepreneurs de la cité est une fondation reconnue d'utilité
publique qui a pour objectif de créer des produits de micro-assurance
innovants et de sensibiliser les entrepreneurs à l'anticipation des
risques10(*).
Enfin, non sans fondement, la micro-assurance a longtemps
été envisagée comme un complément ou un produit en
plus à la gamme des services proposés par les IMF (institutions
de microfinance). C'est donc à point nommé qu'au terme des
travaux du symposium sur les états généraux de la
micro-assurance organisés par la FANAF11(*)du 22 au 23 Octobre 2009 à Abidjan, les
participants ont adopté comme Résolution N°
1 « que la micro-assurance soit définie avec
précision et que la définition s'appuie sur les produits
commercialisés et le niveau des primes plutôt que sur le niveau
des revenus des assurés ».12(*)
La diversité de situations et de définitions
n'est pas sans impact sur les fonctions et les objectifs de la micro-assurance,
d'où l'épineux problème du domaine (ou des domaines) de la
micro-assurance.
Paragraphe 2. Le(s) domaine(s) de la micro-assurance
Les écueils à l'essor de la micro-assurance sont
entre autres liés à la délimitation des frontières
entre la micro-assurance et l'assurance classique.
On se demande notamment quel niveau de pauvreté est
requis pour être éligible aux produits de micro-assurance. La
réponse dépend de chaque pays et les différences peuvent
être aussi importantes que le fossé qui existe entre les
économies du Nord et celles du Sud. Pendant que la micro-assurance
concerne les créateurs d'entreprise en France, force est de constater
qu'en Afrique ces personnes seraient automatiquement du ressort de l'assurance
classique. Entre les pays africains eux-mêmes, des disparités
peuvent exister quant à la façon de ressentir le besoin de
couverture sociale selon les régions, les pays ou même les villes.
Il faut tout simplement retenir que la micro-assurance s'adresse à toute
personne qui se sent oubliée par l'assurance classique soit parce
qu'elle la trouve trop chère soit parce qu'elle n'est pas adaptée
à ses besoins spécifiques.
On se demande encore ce qu'un assureur commercial peut bien
faire avec des « micro primes » alors que les frais
généraux et les sinistres s'accommodent mal du préfix
micro. Cette équivoque doit tout de suite être levée car
dire que la micro-assurance est de l'assurance adaptée à des
individus à faible revenu ne limite en rien ni la taille des
portefeuilles ni les résultats techniques et financiers que l'assureur
peut raisonnablement escompter. Bien au contraire, le potentiel de ce
marché ou mieux de cette niche semble avoir déterminé
l'implication croissante des grandes compagnies internationales d'assurances et
de réassurance telles AIG, AVIVA, ALLIANZ, AON, Suiss re, Munich re,
Lloyd's etc.
On se demande en outre quelle doit être la taille des
prestataires de micro-assurance. La micro-assurance ne fait pas
référence à la taille de la compagnie, bien que certains
prestataires soient de petite envergure et appartiennent même à
l'économie parallèle. Il existe ainsi des exemples de très
grosses compagnies d'assurances telles AIG Ouganda qui offrent une gamme de
produits parfaitement adaptés aux personnes à faible revenu. Il
faut tout de même relever que l'appellation
« micro-assureur »13(*) pour désigner les compagnies offrant des
produits de micro-assurance semble péjorative à plus d'un titre.
D'abord comme nous venons de le relever, les produits de micro-assurance
peuvent être offerts par de grandes firmes multinationales. Leur coller
le préfix « micro » n'est pas de nature à
donner une plus value à leur image de marque au moment même
où il faut les célébrer pour les inciter à
s'investir davantage dans ce domaine. Ensuite, la renommée dont jouit
l'assureur en général n'est pas très reluisante.
Particulièrement en Afrique où les préjugés
négatifs sur la bonne foi de l'assureur quant au paiement des
prestations promises sont encore très forts. Enfin, les compagnies
d'assurances africaines qui se battent pour se mettre au niveau des filiales de
grands groupes étrangers ne sauraient tolérer de se voir coller
l'étiquette de « micro-assureur ». En effet, face
à la concurrence féroce dans la quête des primes et compte
tenu de l'étroitesse du marché de l'assurance classique dans la
plupart des pays africains, les compagnies d'assurances rivalisent d'adresse
dans la conception des produits toujours plus abordables et adaptés aux
besoins des populations.
Au Cameroun par exemple, lors des négociations en vue
de la mise en place d'un pool de coassurance TPV (transport public de
voyageurs), les conducteurs ont demandé et obtenu la souscription
obligatoire par les transporteurs d'une garantie « Individuelle
Accidents Chauffeur ». Par cette garantie les chauffeurs de taxi et
autres conducteurs de cars de transport inter urbain, qui n'ont pas toujours
les moyens de se payer un contrat d'assurance, peuvent désormais
bénéficier d'une couverture en cas d'accident survenant à
l'occasion de l'exercice de leurs fonctions. Pour une prime de 6600 F.CFA par
an, les assureurs camerounais s'engagent à payer 1 million F.CFA en cas
de décès ou d'invalidité permanente et à supporter
les frais de traitement à hauteur de 100 000 F.CFA. De fait ils
pratiquent ainsi la micro-assurance sans pour autant l'admettre car ils ne
veulent surtout pas être taxés de
« micro-assureur » c'est à dire
d'« assureur infiniment petit ». Nous avons beau dire que
le terme micro-assurance ne fait pas référence à la taille
de la compagnie qui offre les prestations, si on en vient à les
qualifier de micro-assureur, cela risque fort de produire l'effet inverse
à celui escompté tant de la part des compagnies d'assurances que
des populations cible. Les compagnies d'assurance ont coutume de se montrer
sous leur plus beau jour, parés de leur meilleurs atouts afin d'emporter
la conviction des clients et potentiels assurés de leurs
capacités à honorer leurs engagements. Par conséquent
elles éviteront toute dénomination susceptible de les tirer vers
le bas. Ce qui est de bonne guerre car l'assureur vend des promesses et se doit
de convaincre en tout temps et en toutes circonstances qu'il est capable de les
tenir.
Section II - L'évolution de la
micro-assurance
La micro-assurance connaît une évolution qui
s'est d'abord inscrite dans le sillage de la microfinance (P1). Par la suite,
sous l'impulsion des pouvoirs publics, son développement s'est
accéléré (P2) pour finalement occuper le devant de la
scène avec l'intérêt croissant que lui portent en ce moment
les compagnies d'assurance professionnelles (P3).
Paragraphe 1. Les premières initiatives de
micro-assurance
Les principes de micro-assurance ne sont pas nouveaux.
D'ailleurs elle obéit aux mêmes principes fondamentaux que
l'assurance classique dont les prémices remontent au prêt à
la grosse aventure.
Les mécanismes de micro-assurance sont
appliqués de puis fort longtemps par les coopératives et
établissements de crédit dont certaines ont créé
leur propre compagnie d'assurance.14(*)
Le terme « micro-assurance » quant
à lui est nouveau. Il a été développé comme
complément aux services proposés par les Institutions de
Microfinance (IMF) dans les années 90. A ce titre, l'histoire de la
micro-assurance ressemble fort à celle de la microfinance. En effet le
professeur Muhammed Yunus, brillant économiste, relate dans un livre les
expériences qui l'ont amené à vouloir créer une
banque dédiée aux pauvres. Il revient notamment sur sa rencontre
avec une jeune femme pauvre qui fabriquait des tabourets en bambou pour les
vendre sur le marché de la place. La jeune femme empruntait chaque jour
l'équivalent d'environ 22 centimes de dollar à un usurier pour
acheter le bambou. Après remboursement du prêt en fin de
journée, elle s'en tirait avec seulement 2 centimes de dollar. Elle
devait donc recommencer chaque jour sans jamais pouvoir s'acheter son propre
matériel, « prisonnière » des taux usuraires.
Yunus en a tiré cette réflexion qui est depuis devenue
célèbre :
« People are not poor because they are
stupid or lazy. They work all day long, doing complex physical tasks. They are
poor because the financial structures which could help them widen their
economic base simply do not exist in their country. It is a structural problem,
not a personal problem».15(*)
C'est ainsi que Yunus crée la Grameen Bank en 1983
spécialisée dans l'octroi de microcrédits aux
ménages à faible revenu du Bangladesh. Aujourd'hui la Grameen
Bank a fait du microcrédit un instrument dont l'importance ne cesse de
croître dans la lutte contre la pauvreté. Constatant que M. Yunus
avait ainsi su concrétiser ses idées en des mesures dont ont
bénéficié des millions de personnes, le comité du
prix Nobel lui a décerné le prix Nobel de la paix 2006.
En outre Yunus a constaté que fréquemment le
défaut de remboursement d'un microcrédit était la
conséquence d'aléas météorologiques ou d'une
maladie. Pour sécuriser le mécanisme en diminuant le risque de
non remboursement, il fallait donc trouver d'autres moyens pour au
préalable sécuriser les parcours professionnel et personnel des
emprunteurs. L'assurance est apparue comme la réponse la plus
appropriée pour supporter ces risques. La figure ci-après
empruntée à la fondation Munchener Rück illustre bien la
complémentarité entre les deux mécanismes.
figure 1 : complémentarité entre micro-assurance et
micro crédit. SOURCE : Guide de la micro-assurance
Plus généralement, les institutions de
microfinance ont activement contribué à réduire la
vulnérabilité des personnes à faible revenu en leur
octroyant des crédits leur permettant d'exploiter des activités
génératrices de revenu. Elles leur offrent aussi un service
d'épargne afin de se constituer des réserves personnelles
à utiliser éventuellement en cas d'urgence. Mais comme
précédemment indiqué, les réserves personnelles ne
suffisent généralement pas en cas d'accident, de maladie ou
d'une perte matérielle importante. C'est donc en toute logique que,
désireux de renforcer les services qu'ils offrent à leurs
clients, nombre d'IMF ont songé à la micro-assurance en
complément de leurs produits traditionnels d'épargne et de
crédit. (GLICO Ghana, Grameen Bank du Bangladesh ...)
Paragraphe 2. L'extension des initiatives de
micro-assurance par les mutuelles
de santé
Depuis la Déclaration d'Alma-Ata (Kazakhstan) de 1978
sur les soins de santé primaires, les gouvernements du monde et la
communauté internationale soulignent l'urgence de protéger et de
promouvoir la santé de tous les peuples du monde. Il est notamment
affirmé « avec force »
que : « la santé, qui est un état de complet
bien-être physique, mental et social... est un droit fondamental de
l'être humain, et que l'accession au niveau de santé le plus
élevé possible est un objectif social extrêmement important
qui intéresse le monde entier et suppose la participation de nombreux
secteurs socioéconomiques autres que celui de la
santé ».16(*)
Mais l'Afrique a eu beaucoup de mal à mettre en oeuvre
cette résolution du fait principalement des difficultés
économiques et du poids de la dette extérieure. C'est pourquoi
l'UNICEF17(*) a
formulé une proposition finalement acceptée par l'OMS18(*) en 1987 afin de relancer la
politique des soins de santé primaires et réduire la
mortalité maternelle et infantile en Afrique. Cette proposition
adoptée par les ministres africains de la santé en Septembre de
la même année a pris le nom du lieu de la réunion :
l'Initiative de Bamako. Son objectif ultime est
« l'accessibilité universelle aux soins de santé
primaires » et elle se caractérise par des
éléments minimaux qui sont le financement communautaire,
l'approche participative et l'étendue ou la portée nationale.
Ainsi basée sur la participation communautaire, l'initiative de Bamako
permet un partage des coûts de soins de santé entre l'Etat, les
communautés et les partenaires au développement. Désormais
la gratuité des soins est remplacée par un système de
recouvrement de coûts fondé sur la tarification à l'acte.
Concrètement, on encourageait les populations à se regrouper au
sein d'organismes en apportant des cotisations leur permettant de supporter
mutuellement les soins de santé des membres dans un esprit de
solidarité et d'équité. C'est ainsi qu'on assiste
dès le début des années 90 à la multiplication de
mutuelles de santé en Afrique occidentale et centrale. A l'instar de ses
pairs, le Cameroun s'est fixé comme objectif dans sa Stratégie
Sectorielle de Santé de 2001 de créer au moins une mutuelle de
santé par district de santé pour ainsi couvrir 40% de la
population à l'horizon 2015. Pour rendre concret cet objectif ambitieux,
un plan stratégique de diffusion des mutuelles de santé a
été adopté en Février 2006.
Les mutuelles collectionnent les cotisations des membres et,
« en cas de sinistre », prennent en charge les coûts
de leurs soins de santé notamment avec l'appui du ministère en
charge de la santé publique et des partenaires au développement.
S'inscrivant dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, les mutuelles
de santé sont depuis lors très fortement impliquées dans
les réflexions en vue de l'essor de la micro-assurance en Afrique.
Paragraphe 3. La prise du relais par les compagnies
professionnelles
d'assurances
Les compagnies professionnelles d'assurances sont longtemps
restées réticentes voir réfractaires à
l'idée de se lancer dans la fourniture de services d'assurance aux
personnes à faible revenu ou tout simplement à l'idée de
repenser leurs produits pour les adapter aux besoins spécifiques des
travailleurs du secteur informel. Quelles que puissent être les raisons
souvent avancées pour justifier cette petite forme des assureurs
à jouer sur le terrain de la micro-assurance, il paraît judicieux
de ne retenir que celles qui les ont finalement incités à s'y
intéresser.
Les assureurs ont compris que les travailleurs des secteurs
informels constituent incontestablement le « nouveau
marché », bien que l'engouement à sauter sur cette
niche ne soit pas encore très fort à ce jour. Nous y reviendrons
plus loin dans l'étude des fondements de la micro-assurance.
Dans certains pays tels l'Inde, les assureurs ont
été contraints par une loi à fournir des prestations de
micro-assurance aux populations qui en ont besoin.
Toujours est-il que de plus en plus de compagnies d'assurance
classiques, en attendant l'arrivée prochaine des compagnies
spécialisées, se positionnent dans la fourniture des produits de
micro-assurance. On peut citer notamment :
- Groupama Chine
- China Life ( Chine)
- Delta Life ( Bangladesh)
- Alternative Insurance Company (Haïti)
- Banamex ( Mexique)
- SEGUROS AZTECA ( Mexique)
- Allianz Inde
- AVIVA Inde
- Allianz Africa
- National Health Insurance Fund ( Kenya)
- Cooperative Insurance Company ( Kenya)
- Microcare (Ouganda )
- Madison Insurance ( Zambie )
- Wafa assurances ( Maroc)
- AIG (Malawi, Ouganda, Tanzanie etc. )
- Santam (Afrique du Sud )
- Hollard (Afrique du Sud)
- Gemini Life (Ghana )
- PAPME VIE (Benin )
- UAP Insurance Limited ( Kenya)
- Compagnie Nationale d'Assurance Agricole du
Sénégal
- UAB Vie (Burkina Faso)
Il ne s'agit là que de quelques cas dignes d'attention
pour illustrer l'engouement naissant des compagnies d'assurance dites
classiques dans la pratique de la micro-assurance. Cette liste ne saurait donc
être exhaustive. Cet écho de plus en plus fort en faveur de
l'octroi d'une couverture assurantielle aux populations n'ayant pas
accès au circuit classique n'est pas fortuit. Il est la suite logique
d'un ensemble de constats de défaillances et d'actions correctives qui
appellent un développement séparé à travers
l'étude des fondements de la micro-assurance.
CHAPITRE II - LES FONDEMENTS DE LA MICRO-ASSURANCE
Si la micro-assurance s'impose de plus en plus dans les
stratégies de lutte contre la pauvreté aussi bien que dans les
politiques d'extension du marché de l'assurance, c'est parce que les
efforts jusque là déployés pour lutter contre la
pauvreté se sont tous soldés par un échec plus ou moins
retentissant. Qu'il s'agisse de l'Etat providence, de l'Aide Publique au
Développement, du Plan d'Ajustement Structurel ou même de
l'initiative PPTE19(*),
tous ont présenté des insuffisances. Le marché de
l'assurance classique n'a pas pu procurer aux couches sociales
défavorisées la protection nécessaire pour leur permettre
de remonter la pente. Il a donc fallu trouver des alternatives, tant pour des
préoccupations sociales que pour garantir au marché de
l'assurance de la visibilité. De par sa nature double, la
micro-assurance représente aujourd'hui l'une des meilleures chances de
réaliser cet objectif.
Section I- La dégradation de la protection
sociale
L'expansion de la pauvreté dans le monde (P1),
l'insuffisance et l'inadaptation des couvertures sociales existantes (P2) ont
progressivement contribué à dégrader
considérablement la protection sociale gage de tout développement
économique.
Paragraphe1. L'expansion de la pauvreté dans le
monde et particulièrement en
Afrique
La pauvreté est l'insuffisance de ressources
matérielles comme la nourriture, l'accès à l'eau potable,
les vêtements, le logement, et des conditions de vie en
général, mais également de ressources intangibles comme
l'accès à l'éducation, l'exercice d'une activité
valorisante, le respect reçu des autres citoyens.20(*) La pauvreté est
généralement considérée comme un
phénomène multidimensionnel mais nous n'en retiendrons que les
dimensions pécuniaire et de « pauvreté
humaine ».
La pauvreté pécuniaire ou de revenu
monétaire est estimée au moyen de seuils de
pauvreté ; un individu étant considéré comme
pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur au seuil de
pauvreté choisi. Différentes définitions de ces seuils
existent. Les pays développés utilisent
généralement le seuil relatif qui est fixé par rapport
à la distribution des niveaux de vie de l'ensemble de la population,
avec comme référence le revenu médian. Eurostat fixe le
seuil de pauvreté relative à 60% du niveau de vie médian
des européens. Pour les pays en développement, on utilise
l'approche absolue qui consiste à fixer le seuil en fonction d'un panier
de biens alimentaires et non alimentaires nécessaires à la survie
quotidienne.
Outre la dimension pécuniaire, la pauvreté
s'exprime sous des dimensions regroupées sous l'appellation
« pauvreté humaine ». Il s'agit des dimensions
sanitaire, éducationnelle, sociale et politique de la pauvreté.
Le Programme des Nations Unies pour le Développement a
créé en 1990 l'indice de développement humain, puis deux
indicateurs synthétiques de pauvreté : l'IPH-1 et l'IPH-2
(Indicateur de Pauvreté Humaine).
La Banque Mondiale a fixé en 2008 le seuil de
pauvreté international à 1,25 dollar par jour. Et pour les pays
à revenu intermédiaire elle précise qu'il convient de
fixer ce seuil à 2 dollars par jour. Selon ce nouveau seuil de
pauvreté de 1,25 dollar par jour, environ 1,4 milliard de personnes dans
le monde vit sous le seuil de pauvreté. Elle estime qu'en prenant le
seuil de 2 dollars par jour, 2,6 milliards de personnes vivent sous ce
seuil.21(*)
Pour essayer de maîtriser le phénomène
à l'échelle mondiale, l'ONU22(*) a mis en place un plan de réduction de la
pauvreté au sein de ses Objectifs du Millénaire pour le
Développement ratifiés en 2000 par les Etats membres ; le
premier de ces objectifs était de réduire la pauvreté de
moitié à l'horizon 2015. Manifestement il ne sera pas atteint.
Certains auteurs pensent que les méthodes
d'évaluation de la pauvreté utilisées par la Banque
Mondiale sont « extrêmement douteuses » et qu'il
y a des raisons de penser qu'avec une méthode plus plausible on
observerait une tendance plus négative et une pauvreté beaucoup
plus étendue23(*).
Tel est l'avis du professeur Thomas Pogge qui pense que les seuils
établis par la Banque Mondiale « n'ont aucune
valeur » notamment parce que les parités du pouvoir d'achat
utilisées surestiment fortement ce que les ménages pauvres
peuvent acheter comme produits de première nécessitée et
parce que la Banque Mondiale a pris en considération les prix de tous
les produits selon leur part dans la consommation domestique des particuliers,
au lieu de se limiter aux prix des produits de première
nécessité qui sont seuls pertinents. Pogge critique en plus la
signification du mot « pauvreté » telle que retenue
par la Banque Mondiale et met au défi quiconque réussirait
à s'en sortir avec seulement 41 dollars actuellement retenus comme seuil
de pauvreté mensuel.24(*)
Quoi qu'il en soit, nombre d'autres estimations de la
pauvreté dans le monde avancent des chiffres nettement plus
élevés par rapport à ceux de la Banque Mondiale. Ainsi
depuis la première conférence internationale sur la
micro-assurance de 2005, il est unanimement avancé que 4 milliards de
personnes dans le monde vivent avec moins de deux dollars (US) par jour. Ce
même nombre est donné par Prahalad pour désigner les
populations qui occupent le bas de la pyramide. Pour sa part, l'OIT25(*) estime que près de 3
milliards de personnes dans le monde ne survivent qu'avec 2 dollars des
Etats-Unis ou moins par jour.26(*)
En Afrique, la pauvreté empêche le continent de
tirer parti de son immense potentiel. L'Afrique comprend 61 entités
politiques, dont 53 Etats, et ses 30 368 609 km² représentent 20,3%
des terres émergées du globe. La population africaine,
estimée à 922 millions en 2005, a doublé depuis 1980. On
pense que l'Afrique a passé le cap du milliard d'habitants en
200927(*). Environ 30% des
ressources minérales mondiales se situent dans le sous-sol africain bien
qu'elles soient pour l'instant mal exploitées et les richesses mal
redistribuées poussant ainsi 46% de la population du continent à
vivre sous le seuil de pauvreté. Selon John May, démographe
à la Banque Mondiale, la population de l'Afrique subsaharienne devrait
doubler d'ici 2036. Ce qui constitue un véritable défi pour le
continent qui doit fournir davantage d'efforts pour sortir du sous
développement.
Paragraphe 2. L'insuffisance et l'inadaptation des
systèmes de protection sociale
existants
Qu'il s'agisse de la sécurité sociale ou du
marché de l'assurance classique, le continent africain est
particulièrement mal loti quant aux possibilités offertes aux
individus et aux ménages leur permettant d'accéder aux soins de
santé et de garantir la sécurité de leurs biens et leur
personne.
Au sortir du forum régional de la
sécurité sociale pour l'Afrique organisé par l'Association
Internationale de la Sécurité Sociale (AISS) à Kigali du
18 au 20 Novembre 2008, les participants ont constaté avec regret que 60
ans après la Déclaration universelle des droits de l'homme qui a
consacré les soins de santé comme un droit fondamental, la
majorité des africains reste dépourvue d'une couverture
adéquate. Faisant le point sur la sécurité sociale en
Afrique, l'Organisation Internationale du Travail relève que dans sa
grande majorité, la population active en Afrique subsaharienne ne
bénéficie d'aucun type de protection sociale. Il s'agit
généralement des travailleurs du secteur informel. Ainsi,
seulement 5% à 10% de la population active bénéficie d'une
couverture sociale qui plus est partielle28(*). L'OIT note aussi une dégradation de la
situation au cours des vingt dernières années. La plupart des
économistes et des bailleurs de fonds pensaient, dans les années
1970, que le développement entraînerait automatiquement un essor
du secteur formel (salariat) et une généralisation de l'assurance
santé. Ces pronostics se sont révélés inexacts et
on constate au contraire que dans la majorité des pays africains,
l'économie repose sur un secteur informel hypertrophié. Seuls les
fonctionnaires et autres salariés, qui représentent à
peine 10% de la population active en moyenne sont couverts par les
systèmes existants.29(*)
L'échec des politiques d'ajustement structurel a accru
le côté informel de l'économie entre les années 1980
et 1990. Une étude du ministère français des affaires
étrangères note à ce sujet qu'«avec la crise
économique puis l'ajustement structurel, des problèmes
administratifs, financiers et économiques graves sont apparus et ont
fragilisé la situation de la protection sociale. Son coût a
augmenté, tandis que le niveau de revenu et parfois le nombre de
travailleurs du secteur public ont stagné et que, globalement, le nombre
de salariés a baissé au profit des secteurs traditionnels et
informels »30(*).
Le marché de l'assurance en Afrique ne fait pas
l'exception et reste, à l'image de l'ensemble du secteur de la
protection des biens et des personnes, à la traîne. En Afrique, le
marché de l'assurance est à la fois
hétérogène et étroit ; en dépit d'un
taux de croissance d'environ 10% par an, il ne représente pas grand
chose. Le marché de l'assurance dans le monde atteint 4 270 milliards de
dollars US en 2008. l'Afrique en représente 1.3% (marché vie et
non vie), la plus grande part étant représentée par
l'Europe avec 41,1% devant l'Amérique (34%) et l'Asie (21,9%). Il faut
d'ailleurs rappeler que l'Afrique du sud génère à elle
seule plus de 91% des émissions du continent africain31(*) ; c'est dire que sans ce
pays, l'Afrique ne rentrerait tout simplement pas dans les statistiques de
l'assurance dans le monde. Ainsi l'assurance reste une activité
marginale dans les économies africaines même si les professionnels
qui animent ce marché difficile ne l'admettent qu'à mots
couverts. La cotisation moyenne par africain est inférieure à 35
euros par an ( moins de 5 euros dans bon nombre de pays notamment de l'Afrique
subsaharienne), quand elle est supérieure à 1000 euros par an en
Europe et à 400 euros dans le monde.32(*)
Entre autres raisons de cette quasi inexistence de l'assurance
classique en Afrique, on peut retenir l'absence de cadre juridique
approprié non seulement pour encadrer une activité aussi complexe
que celle des assurances mais aussi et surtout pour sécuriser les
investissements privés. Il y a une quinzaine d'années, les pays
de l'Afrique noire francophone empruntaient encore pour leurs activités
d'assurance un cadre juridique obsolète datant de l'époque
coloniale (loi française du 13 juillet 1930). Ce n'est qu'avec
l'entrée en vigueur du code CIMA33(*) en février 1995 que le secteur des assurance
s'est vu doté d'un cadre juridique moderne tenant en compte quelques
spécificités locales. On peut aussi s'interroger sur
l'adéquation des produits commercialisés eu égard aux
besoins propres des populations africaines. En effet la grande majorité
des produits d'assurance proposés en Afrique ont été
conçus à l'origine pour le consommateur occidental. Ils ont par
la suite été importés par les filiales de grands groupes
internationaux s'installant en Afrique ou par les compagnies à capital
africain qui, par aversion au risque ou par manque de compétence
technique nécessaire, ont préféré copier des
produits ayant fait leurs preuves sous d'autres cieux. Conséquence ces
produits ne sont pas toujours adaptés ni aux besoins réels ni au
portefeuille des populations africaines qui, pour la plupart , sont à
faible revenu. Il fallait donc, pour que le secteur des assurances joue
pleinement le rôle social et économique qui lui est reconnu
depuis des lustres, repenser le concept et mettre en place les conditions
favorables à un essor comparable à celui qu'il connaît dans
les autres continents ; d'où le recours à la
micro-assurance.
Section II- La micro-assurance comme solution au
problème du développement
social et économique de l'Afrique.
« Partout dans le monde,
l'assurance, parce qu'elle libère de la peur de financer sur ses propres
fonds d'éventuelles pertes matérielles et immatérielles,
favorise l'investissement et, par conséquent, la croissance
économique et l'emploi ».34(*)
Face aux résultats mitigés obtenus des
politiques d'aide publique au développement et d'ajustement structurel,
la nouvelle tendance est de financer le développement des pays du Sud
par la mobilisation des ressources locales. Parmi les moyens de mobilisation de
l'épargne intérieure figure en bonne place l'assurance et par
extension la micro-assurance qui, par définition, permettrait une
mobilisation encore plus importante. Prahalad l'a démontré (P1)
et cela semble de plus en plus faire l'unanimité parmi les acteurs
à l'essor de la micro-assurance (P2).
Paragraphe 1. La micro-assurance : « nouveau
marché » de l'assurance
C'est autour des réflexions du maître
à penser, C.K. Prahalad, que s'articule l'idée du nouveau
marché. En 2005 dans son livre The fortune at the bottom of the pyramid
(la fortune au bas de la pyramide), il explique que le secteur privé,
dans son désir de gagner des parts de marché, inventera des
systèmes en fonction de la nature du marché35(*). Pour démontrer la
pertinence de sa pensée, Prahalad se base sur des études de cas
et des innovations ayant porté des fruits pour identifier les principes
communs à prendre en compte dans toute initiative commerciale en
direction des 4 milliards d'humains qui peuplent le bas de la pyramide. Les cas
concrets étudiés sont tirés de la microfinance, du
bâtiment, des biens de consommation ou de la santé. Bien que
Prahalad n'analyse pas de cas relatif à l'assurance, il est
évident que les « douze principes d'innovation pour les
marchés du bas de la pyramide » sont parfaitement applicables
à la mise en place de la micro-assurance.
Pendant plus de 50 ans, les nations donatrices, les Nations
Unies, la Banque mondiale, les gouvernements nationaux et récemment les
organisations de la société civile ont travaillé de
concert pour réduire voire éradiquer la pauvreté de la
surface du globe. Mais les résultats ne sont pas toujours au
rendez-vous. Prahalad propose de changer de stratégie, d'inverser
désormais les rôles et de ne plus considérer les
populations du bas de la pyramide comme victimes ou comme fardeau ; mais
de commencer à les considérer comme des entrepreneurs souples et
créatifs et comme des consommateurs conscients des valeurs. Alors, un
monde nouveau d'opportunités s'ouvrira.
Prahalad présente sa nouvelle vue concernant la
résolution du problème de la pauvreté comme une solution
de « co-création » vers le développement
économique et la transformation, dont les parties prenantes
sont :
- les entreprises privées ;
- les agences de développement (partenaires au
développement) ;
- les consommateurs et entrepreneurs du bas de la pyramide
;
- les gouvernements nationaux et autres organisations de la
société civile.
figure 2. Interrelation entre les différentes parties
prenantes. Source :www.12manage.com
La figure ci-avant illustre bien que le développement
économique et la transformation sociale sont la résultante d'une
action concertée et concomitante entre les différentes parties
intéressées.
Craig Churchill reprend les 12 principes
édictés par Prahalad tout en démontrant leur
applicabilité à la micro-assurance :
1. une approche nouvelle de la relation prix /
performance
S'il est vrai que les populations pauvres ne peuvent s'offrir
des produits coûteux, Prahalad rappelle que cela ne veut aucunement dire
qu'elles méritent des produits de mauvaise qualité.
Appliqué à la micro-assurance, ce principe dit que les
populations cible sont en droit d'attendre des assureurs des produits et des
prestations de meilleure qualité. Cette qualité peut notamment
s'apprécier au niveau de la simplicité dans la rédaction
des contrats, l'étendue des exclusions, la prise en compte des
réclamations et la célérité dans les
règlements.
2. Des technologies avancées combinées
aux infrastructures existantes
Bien que la micro-assurance n'en soit encore qu'à ses
balbutiements, elle s'accommoderait bien des nouvelles technologies dans la
distribution des produits pour optimiser l'efficience et la
productivité. C'est d'ailleurs déjà le cas avec la
distribution des produits de micro-assurance à travers les cartes
à puce, les téléphones portables (en partenariat avec les
opérateurs de téléphonie mobile)...
3. Portée des opérations
Dans le cadre d'un modèle de gestion BOP (bottom of the
pyramid)36(*), le
rendement du capital investi repose essentiellement sur le volume des ventes.
Bien que le bénéfice unitaire soit minuscule, il devient
intéressant lorsqu'il est multiplié par un nombre de ventes
colossal. Il s'agit là d'un facteur bien connu en assurance : la
loi des grands nombres. Les calculs prévisionnels quant au nombre de
sinistres et au coût moyen s'avèrent d'autant plus exacts que le
volume de risques mis en commun dans un pool est élevé. Ce
principe trouve en micro-assurance un terrain particulièrement propice
à son application.
4. Eco responsabilité
Prahalad soutient que les ressources associées aux
produits dans les pays développés ne seraient absolument pas
durables si elles étaient utilisées pour l'énorme
marché BOP. Par conséquent toutes les innovations doivent
minimiser le conditionnement et tenir compte de l'impact négatif que le
produit pourrait avoir sur l'environnement. Ce principe n'est pas
d'application directe en micro-assurance dont les produits sont
immatériels. On peut cependant constater que la micro-assurance n'est
pas complètement étrangère à la défense de
l'environnement d'autant plus que certaines garanties, telle l'assurance
indicielle, reposent sur la dégradation des conditions climatiques.
5. Besoin d'un système différent
Les produits et services s'adressant aux consommateurs BOP ne
peuvent se contenter d'être des copies bon marché des produits
d'origine. Ce principe trouve tout son sens dans son application à la
micro-assurance. En effet la micro-assurance ne saurait être
réduite à de l'assurance classique avec des primes plus faibles.
Les assureurs désirant se lancer dans ce nouveau marché doivent
se résoudre à proposer des produits originaux tenant compte des
besoins réels des populations cible. Au niveau de la nature des
prestations, les populations à faible revenu apprécieraient
davantage les prestations en nature comparativement à l'assurance
classique où les indemnités forfaitaires sont
privilégiées.
6. Innovation des processus
Lors de la conception d'un produit pour les consommateurs BOP,
les processus , tout comme le produit, doivent être adaptés pour
tenir compte du fait que les infrastructures sont généralement
limitées voire inexistantes. Dans la micro-assurance, il faut tenir
compte par exemple du fait que le paiement de la cotisation n'est pas la seule
dépense. Les coûts indirects liés à l'accès
et à l'utilisation du produit peuvent être bien plus importants
que le coût réel.
7. Déqualification du travail
Les entreprises de services sont par nature de grandes
consommatrices de main d'oeuvre, a fortiori celles concentrées sur le
marché BOP du fait qu'elles sont appelées à travailler sur
une échelle très large. Le coût de la main d'oeuvre pouvant
constituer plus de la moitié des dépenses de fonctionnement,
l'une des méthodes de réduction des coûts consiste à
simplifier les opérations pour que les produits puissent être
vendus et gérés par des employés sans niveau de
qualification exigé. Une telle approche convient particulièrement
à la micro-assurance dans la mesure où les populations du bas de
la pyramide sont généralement d'un niveau d'instruction
très peu élevé et donc souhaitent des produits simples
d'utilisation.
8. De lourds investissements dans l'éducation
des consommateurs
Prahalad est explicite : il est essentiel de créer
des consommateurs BOP par le biais de l'éducation et d'une prise de
conscience, ce à l'aide des mécanismes innovants pur atteindre
les personnes « hors de portée des médias ».
S'il est vrai que les assureurs doivent investir dans l'éducation
à la consommation de la micro-assurance, il faudra davantage mettre
l'accent sur la construction d'un climat de confiance avec les populations
à faible revenu qui n'ont pas l'habitude de confier leur épargne
à un inconnu, de surcroît à fonds perdu.
9. Des produits conçus pour être
utilisés dans des conditions hostiles
Les produits et services conçus pour les consommateurs
BOP doivent tenir compte des conditions d'insalubrité et des
infrastructures limitées (mauvais état des routes, coupures
électriques, mauvaise qualité de l'eau, environnement
poussiéreux ...). Pour les prestataires de micro-assurance, cela
signifie insister sur les mesures de prévention des sinistres, la
promotion des comportements responsables, de l'hygiène et de la
salubrité, des mesures d'assainissement de l'eau afin de prévenir
notamment une dégradation rapide de leur portefeuille d'assurance vie en
cas de décès et d'assurance maladie.
10. Des interfaces utilisateur facilement
adaptables
Le marché BOP est extrêmement
hétérogène, avec une pléiade de langues et un large
éventail de niveaux d'alphabétisation. Fournir des prestations de
micro-assurance à ce marché exige attention et
considération afin que tous puissent utiliser les produits sans
difficultés. Avec le temps, les polices pourront ainsi être
rédigées en langue nationale si ces dernières sont
codifiées. Dans tous les cas, les noms de produits doivent être
empruntés au dialecte local et être suffisamment
évocateurs. Le questionnaire proposition peut ainsi
éventuellement être rempli par le commercial.
11. Distribution
L'un des grands défis des prestations aux
consommateurs du bas de la pyramide est la mise sur le marché du
produit ; et ceci est encore plus vrai dans le secteur de l'assurance
où la distribution n'a jamais été un atout majeur. Mettre
les produits de micro-assurance sur le marché à moindre
coût est une véritable gageure. L'une des solutions à ce
problème consiste à collaborer avec une autre organisation ou
autorité procédant à des transactions financières
ou non avec les ménages à faible revenu, pour justement
bénéficier du climat de confiance préexistant.
12. Exit les idées reçues pour se
concentrer sur la mise en place des nouveaux dispositifs
Ce principe trouve une application particulière en
micro-assurance. Pour offrir des prestations aux ménages à faible
revenu, les assureurs doivent modifier leur vision des besoins des
bénéficiaires ; les considérer comme des clients
à part entière et non plus comme des victimes est primordial. Si
les assureurs sont prêts à découvrir ces consommateurs et
à développer de nouveaux paradigmes pour se mettre à leur
service, un marché viable et potentiellement très rentable
s'offre à eux. Ils pourront, pour s'en convaincre, se souvenir que dans
sa période de grande propagation à la fin du XIXe
siècle, l'assurance était considérée comme
s'adressant aux personnes pauvres. On pensait que les classes aisées
n'avaient pas besoin d'assurance puisqu'elles pouvaient, par construction,
s'assurer elles-mêmes. Au fil du temps, l'assurance est devenue un
concept plus moderne. Les personnes aisées ont reconnu leur
vulnérabilité et c'est ainsi que les perceptions se sont
inversées.
Paragraphe 2. L'engouement croissant des acteurs à
l'essor de la micro-assurance en
Afrique
Le thème de la 33ème assemblée
générale de la FANAF37(*) tenue à Yamoussoukro (Côte d'Ivoire) en
février 2009 (la contribution des assurances à l'émergence
économique des pays africains) témoigne de l'attachement de tous
les acteurs du secteur des assurances au développement de l'Afrique.
Lors de cette même assemblée, M. Akah, Président de
l'association des sociétés d'assurances de Côte d'Ivoire
disait dans son discours d'ouverture que « nul n'ignore ici
l'importance de l'industrie des assurances dans la collecte de l'épargne
intérieure et comme moyen de financement du développement
économique de nos pays ». L'assurance classique ayant
montré ses limites en Afrique, il revient à la micro-assurance
parce qu'elle est par définition plus adaptée aux
réalités africaines de prendre le relais afin de faire jouer au
secteur des assurances le rôle qui lui est ainsi reconnu. Mais cela n'est
possible que si chaque partie prenante s'investit à fond ; de la
FANAF jusqu'aux compagnies d'assurances en passant par la CIMA, les pouvoirs
publics et les partenaires internationaux.
1. Le rôle de la FANAF
A la différence de l'assurance traditionnelle qui a
fait ses preuves depuis des siècles en Occident et dont les
mécanismes ont été simplement transposés en
Afrique, la micro- assurance est un domaine neuf, inexploré qu'il
appartient à la FANAF de coloniser. Ainsi, la micro-assurance est une
nouvelle page de l'histoire africaine mais que l'Afrique a le loisir
d'écrire elle-même. Cette mission, la FANAF semble en avoir pris
la pleine mesure. Elle canalise les efforts et constitue une véritable
plate forme d'échange d'idées sur la micro-assurance en Afrique.
En organisant les états généraux de la micro-assurance les
22 et 23 octobre 2009, elle réaffirme sa détermination à
voir décoller ce secteur prometteur pour les économies du
continent. Cette initiative louable est à encourager et à
intensifier.
2. Le rôle des instituts et écoles de
formation à l'assurance
Ce rôle est primordial dans la mesure où c'est
dans ces structures que sont formés les professionnels appelés
à expliquer aux populations les différents programmes de
micro-assurance initiés par les compagnies. Une référence
en matière de formation à l'assurance en Afrique est l'Institut
International des Assurances de Yaoundé (Cameroun). A l'issue de la
33ème assemblée générale de la FANAF,
son président annonçait entre autres recommandations la demande
faite au Directeur Général de l'I.I.A38(*) d'introduire dans le programme
de formation un module sur la micro-assurance. Dans le cadre des concertations
initiées par M. DOSSOU-YOVO Jean Raoul, Directeur Général,
Mme Caroline PHILI, expert en micro-assurance et technical officer au Bureau
International du Travail, a été invitée à donner
une conférence sur la définition de la micro-assurance et les
enjeux de son essor en Afrique. Cette conférence qui s'est tenue dans
les locaux même de l'Institut le 29 septembre 2009 a été
suivie avec grand intérêt par les étudiants des deux
cycles.
Au sortir de cette conférence, le Directeur
Général a demandé aux étudiants de se prononcer sur
la nécessité d'introduire un module sur la micro-assurance.
Evidemment une telle démarche est à saluer car introduire ce
cours à l'Institut serait une grande contribution à la
réflexion générale sur cette question plus que
d'actualité en Afrique en ce moment. En plus, ce cours permettrait
d'ouvrir de nouvelles orientations dans la recherche à l'Institut dont
le slogan est justement : « être un institut de
référence aux plans régional et international, qui exerce
un leadership en matière de formation et de recherche en
Assurance ».
Par ailleurs, ce cours aurait le mérite de mettre
ensemble différentes expériences de micro-assurance vécues
ou vivantes dans le monde, de les analyser pour comprendre pourquoi certaines
ont échoué et quel est le mérite de celles qui
réussissent. A l'instar du cours d'Assurance agricole qui permet
à l'Afrique de bénéficier des acquis de l'histoire de
l'assurance agricole en France, le cours sur la micro-assurance devrait
permettre de canaliser les efforts en la matière, expliciter la
législation à venir afin que les étudiants qui sortent de
l'Institut soient mieux aguerris car de toute évidence l'avenir de
l'assurance en Afrique repose sur la micro-assurance.
3. Le rôle des autorités publiques
nationales
A la charge des autorités étatiques nous pouvons
retenir, au-delà du simple discours politique, des actions
concrètes parmi lesquelles :
· l'introduction de la micro-assurance dans la politique
globale de sécurité sociale des Etats ;
· l'introduction d'un volet assurance dans tous les
programmes d'appui aux populations des zones rurales ;
· encourager les initiatives de micro-assurance au sein
des mutuelles et autres associations existantes ;
· permettre et encourager notamment par des subventions
la création des sociétés de micro-assurance ;
· accorder des exonérations fiscales totales ou
partielles sur les activités de micro-assurance ;
· instaurer une obligation légale d'assurances
chaque fois que ce sera possible sans risquer de provoquer chez la population
cible l'effet contraire au but recherché qui bien évidemment est
de vulgariser davantage la micro-assurance ;
· associer systématiquement le
développement du secteur agricole au développement concomitant
des programmes de micro-assurance adaptés.
Les autorités sénégalaises semblent avoir
pris la pleine mesure de cette responsabilité d'autant plus qu'elles
viennent de mettre sur pied la toute première compagnie d'assurance
agricole en Afrique noire francophone. La CNAA ( compagnie nationale
d'assurance agricole) agréée par la CIMA le 16 décembre
2008 a effectivement émis ses premières polices en Mai 2010, une
aubaine pour les agriculteurs paysans du Sénégal.
En effet si les initiatives des pouvoirs publics pour lutter
contre l'extrême pauvreté se sont souvent soldées par des
échecs, c'est en partie parce que les projets financés ne sont
pas accompagnés par un programme d'assurance adapté qui
permettrait de pérenniser les investissements ainsi
réalisés. Au Cameroun par exemple, il existe un projet d'appui
aux agriculteurs dénommés Programme National de Vulgarisation et
de Recherche Agricole (PNVRA). A travers ce programme, l'Etat encourage les
exploitants agricoles à mettre ensemble leurs efforts en se regroupant
au sein des GIC (groupes d'initiative commune) afin de mieux profiter des aides
qu'ils reçoivent. A tout le moins des programmes semblables existent
dans la plupart des pays africains.
4. Le rôle de la CIMA
La communauté CIMA est une véritable chance pour
l'Afrique en matière de développement du secteur des assurances,
« un modèle d'intégration
régionale »39(*)car elle permet actuellement à 14 pays (en
attendant l'adhésion prochaine de la République
Démocratique du Congo) de parler d'une seule voix et d'agir comme un
seul homme40(*) ; et
si la CIMA est une chance, il est grand temps pour les Etats membres de la
saisir. Lors des états généraux de la micro-assurance
organisés par la FANAF sus évoqués, M. Ouedraogo Adolphe
représentant de la CIMA a fait une intervention remarquable sur
« les aménagements réglementaires à apporter au
code CIMA pour tenir compte du développement de la micro
assurance ».
A cette occasion, il a relevé un certain nombre de
points que la CIMA reste disponible à discuter avec la FANAF afin qu'une
modification du code soit la plus efficace possible. Ces points sont les
suivants :
1- une définition claire et précise de ce que
c'est que la micro-assurance ;
2- les critères d'agrément et de prudence
à savoir la forme juridique des sociétés, les
règles prudentielles de gestion exigibles etc. ;
3- la bonne gouvernance d'entreprise qui oblige les
entreprises de micro-assurance à des normes de gouvernance, de
comptabilité et de transparence ;
4- la réglementation des pratiques commerciales en
matière de produits, de conditions contractuelles, de souscription et de
distribution ;
5- la réglementation des
intermédiaires ;
6- la protection des consommateurs (souscripteurs,
assurés et bénéficiaires des contrats) ;
7- et enfin les conditions de contrôle des
opérations de micro-assurance notamment l'organisme de contrôle
habilité, la souplesse dans le contrôle etc.
En tout état de cause, la concertation est ouverte et
le souhait que l'on peut formuler c'est qu'elle aboutisse rapidement à
une réglementation souple qui aura le mérite de booster le
secteur, quitte au législateur CIMA à se réserver la
possibilité de durcir progressivement le ton une fois que la machine
sera lancée. Ainsi il est souhaitable :
- que les compagnies d'assurances en place puissent se lancer
plus aisément dans la commercialisation des produits de micro-assurance.
En effet créer un code spécifique exigeant un agrément
particulier pour les activités de micro-assurance aboutirait sinon
à les exclure simplement de 90% du marché africain de l'assurance
du moins à leur en rendre l'accès particulièrement
difficile.
De plus un code séparé aurait pu être le
bienvenu si les compagnies existantes étaient viables dans un
marché dynamique où la masse de primes collectées permet
à chacune d'elles (ou tout au moins à la plupart) de faire une
mutualisation suffisante pour régler les sinistres sans ``tirer le
diable par la queue'', couvrir les frais généraux et
dégager une marge bénéficiaire conséquente. Ce qui
visiblement n'est pas encore le cas. D'ailleurs avec le capital social minimum
qui passe désormais à 1 milliard pour les sociétés
anonymes et 800 millions pour les mutuelles, certaines compagnies vont se
retrouver avec un chiffre d'affaires largement inférieur au capital
social exigé ; et même si on s'attend logiquement à ce
que ces petites compagnies fusionnent entre elles pour avoir une surface
financière plus large, non seulement elles auront tendance à y
résister, mais en plus la fusion ne serait qu'une fuite en avant car
elle ne résoudra en rien le problème de l'inaccessibilité
de la couverture assurantielle à la majeure partie de la
population ;
- que la création de sociétés
spécialisées dans la commercialisation des produits de
micro-assurance soit possible et même encouragée. Plusieurs
hypothèses militent en faveur de cette solution. D'abord le souci de
diversification des offres de couverture afin d'atteindre le plus grand nombre
de personnes possible ; n'oublions pas en effet que le
développement de la micro-assurance est aussi une mission sociale.
Ensuite il est important de permettre aux mutuelles de santé existantes
qui le souhaitent de se transformer en sociétés de
micro-assurance afin d'être mieux encadrées par la
réglementation à venir. Enfin les spécificités de
la micro-assurance notamment en ce qui concerne la nature des garanties, les
capitaux couverts, le mode de règlement des sinistres, le mode de
distribution etc. amènent à penser que la création des
sociétés spécialisées dans la micro-assurance
pourrait à terme produire de meilleurs résultats que si la
mission avait été confiée aux seuls assureurs
classiques.
5. Le rôle des réassureurs et des compagnies
d'assurance classique
La micro-assurance ne serait encore qu'un vain mot si certains
grands groupes internationaux tels AIG, ALLIANZ, Suiss re, Munich re, le
Lloyd's... n'avaient manifesté un intérêt sans cesse
croissant pour son développement au profit des ménages à
faible revenu. C'est dire l'importance du rôle des professionnels du
secteur des assurances dans le processus de mise en place de la
micro-assurance. A ce titre, le Lloyd's et le Microinsurance centre produisent
depuis 2000 un rapport sur les opportunités qu'offre la
micro-assurance. Dans son dernier rapport, le Lloyd's affirme qu'« au
sein du secteur privé, réduire la pauvreté est
désormais considéré comme une opportunité pour les
affaires plutôt que comme une simple responsabilité sociale des
entreprises ».41(*)
6. Le rôle des autres partenaires internationaux
Il s'agit ici de saluer l'implication tout azimut des autres
intervenants qui s'investissent pour que même les plus démunis
puissent à terme bénéficier d'une protection contre les
risques menaçant leurs biens ou leur personne. Ces efforts ne sont
d'ailleurs pas vains ; aujourd'hui « le financement
extérieur des soins de santé dans les pays en
développement dépasse les 8 milliards de dollars par
an », l'Afrique se taillant la part du lion.42(*)Au premier rang de ces
partenaires internationaux se trouve l'OIT qui a réussi le pari de faire
adopter par l'ensemble des dirigeants du monde une déclaration sur la
justice sociale, déclaration dans laquelle ces derniers reconnaissent
qu' « il est encore plus nécessaire de faire en sorte que
les résultats de la mondialisation soient meilleurs et
équitablement partagés entre tous pour répondre à
l'aspiration universelle à la justice sociale, atteindre le plein
emploi, assurer la pérennité des sociétés ouvertes
et de l'économie mondiale, parvenir à la cohésion et
lutter contre la pauvreté et les inégalités
croissantes ».43(*)
En plus l'OIT participe à travers le fonds pour
l'innovation en micro-assurance à soutenir la recherche et le
financement des initiatives en micro-assurance dans le monde. Parmi les autres
intervenants nous pouvons citer :
- le Groupe Consultatif d'Assistance aux Pauvres (CGAP), un
consortium de bailleurs de fonds dont fait partie la Banque Mondiale, notamment
le CGAP working group on Microinsurance ;
- la GTZ (agence allemande pour la coopération
technique) ;
- la fondation Munich Re ;
- l'Institut Thomas More ;
- la fondation Bill et Melinda GATE ;
- le GIMI (global information on Microinsurance).
Fort des constats sus évoqués et sous
l'impulsion de ces différents partenaires, des initiatives de
micro-assurance ont commencé à voir le jour sur le continent.
Ces expériences encourageantes méritent d'être
relevées et commentées.
CHAPITRE III- QUELQUES EXPERIENCES DE MICRO-ASSURANCE
EN
AFRIQUE
Ne serons retenues que les
expériences menées par les assureurs commerciaux (professionnels
de la gestion des risques). Les structures coopératives d'assurance qui
servent un marché couvrant tous les niveaux de revenu depuis les
années 1970 ainsi que les systèmes d'assurance communautaires qui
se sont développés dans le sillage de l'initiative de Bamako ne
feront pas ici l'objet d'un développement particulier. Ainsi comprise,
la micro-assurance est un domaine relativement neuf dans le monde et qui plus
est en Afrique. Il va donc de soi que les expériences dans ce domaine
sont plutôt rares ou n'en sont encore qu'à leur balbutiement. Les
cas étudiés visent simplement à démontrer que le
phénomène micro-assurance est effectivement entrain de prendre
pied sur le continent. Il convient de séparer l'Afrique australe et
orientale où il existe des expériences avérées
(section I) du reste du continent où les cas
révélés sont, pour la plupart, encore au stade
d'observation (section II).
Section I- Les expériences en Afrique orientale
et australe
Depuis 1996, des compagnies d'assurance en Afrique australe et
orientale s'efforcent de mettre sur pied des produits d'assurance qui tiennent
compte des réalités économiques et socioculturelles des
populations cible. A n'en point douter, ces régions du continent
abritent les expériences les plus marquantes, susceptibles d'inspirer
d'autres initiatives, et méritent de ce fait une attention
particulière. Cette exploration commencera par l'Afrique du sud avant de
se poursuivre par le Kenya et l'Ouganda.
Paragraphe 1. L'Afrique du Sud
L'Afrique du Sud occupe à n'en point douter la position
de leader sur le marché africain de l'assurance avec 90% des cotisations
vie et 50% des primes dommages du continent44(*).
La Life Office Association a lancé en 2006 un programme
de micro-assurance intitulé
«Zimele« qui signifie en Zoulou «être
debout sur ses deux jambes«. Ce programme visait 17,5 millions de
personnes à faible revenu et la première police émise ne
proposait que la garantie funérailles. Aujourd'hui, l'offre s'est
diversifiée et propose désormais des polices d'assurance vie,
crédit, obsèques et accidents corporels.
SANTAM (première société d'assurance sud
africaine) a commencé en 2006 à explorer les méandres de
cette nouvelle discipline qu'est la micro-assurance en proposant une
multirisque habitation aux populations des townships moyennant une prime
mensuelle modique comprise entre 15 et 170 zar (entre 1320 et 15125
F.CFA).45(*) Aujourd'hui,
SANTAM fait partie des précurseurs de l'assurance made in Africa et
s'exporte d'ailleurs très bien en Occident.
HOLLARD, autre société d'assurance sud
africaine, pour sa part propose depuis 2006 un package comprenant une
couverture funérailles, une garantie accident familiale et enfin une
assurance téléphone mobile couvrant les téléphones
achetés auprès du réseau partenaire. L'originalité
repose ici dans le choix du canal de distribution ; le réseau PEP
partenaire de la compagnie HOLLARD est formé de 942 magasins
répartis sur l'ensemble du territoire sud africain . HOLLARD
développe actuellement un nouveau partenariat avec une autre
chaîne de magasins dénommée EDCON. A travers elle, la
compagnie propose un autre package comprenant une garantie décès,
une garantie individuelle accidents et invalidité. Pour une prime
comprise entre 4 et 6,61 dollars (2200 et 3650 FCFA), la compagnie s'engage
à payer jusqu'à 2360 dollars (1 300 000 F.CFA) en cas
de sinistre.46(*)
Paragraphe 2. Le Kenya
Appuyé par une subvention de la fondation Bill et
Melinda Gates, le fonds pour l'innovation en micro-assurance de l'OIT soutient
un programme de micro-assurance au Kenya. Ce programme qui passe pour devenir
une référence en Afrique est porté par un consortium
à la tête duquel se trouve la CIC (Co-operative Insurance
Company). En effet la CIC qui est le premier assureur coopératif du
Kenya tient son succès de la collaboration qu'elle a instituée
avec la caisse nationale d'assurance maladie. Ainsi en 2007, la CIC couvrait
déjà plus de 75 programmes de microfinance à travers le
pays ; soit plus de 160 000 personnes assurées pour un capital
total de 17 milliards de shillings (127,6 milliards de FCFA)47(*).
Fruit d'un partenariat efficace entre UAP Insurance Limited,
Equity Bank Limited et l'International Livestock Research Institute, des
milliers d'éleveurs nomades du nord Kenya vont bientôt être
mieux protégés contre les effets d'une sécheresse
récurrente grâce au programme pilote d'une nouvelle assurance
indicielle fondée sur la mortalité du bétail. L'UAP
fournit les services d'assurance tandis que Equity Bank se charge de faire
entrer le client cible dans le programme IBLI ( index-based livestock
insurance). A la fin des deux saisons sèches de l'année,
l'assureur payera si le seuil de perte prévu a dépassé un
certain pourcentage calculé avec l'aide du projet de gestion des terres
arides48(*) en analysant
les images satellites des pâturages. La prime d'assurance varie de 3,25%
de la valeur du troupeau couvert pour les régions les moins
exposées à 5,5% pour les régions les plus
exposées. Le bétail est évalué en UBT (unité
de bétail tropical), avec une UBT équivalant à une vache,
ou 10 chèvres, ou 10 moutons. Pour ce qui est du chameau, il
équivaut à 1,4 UBT. Pendant l'année du programme pilote,
il est convenu qu'une UBT vaudra 15000 shillings kenyans soit environ US 25 $.
Un des avantages de ce programme réside dans le fait que les demandes
d'indemnisation n'ont pas à être vérifiées :
quand les pâturages et les fourrages s'amenuisent au point où
selon les prévisions 15% au moins du bétail va mourir, les
payements sont automatiques49(*).
Paragraphe 3. L'Ouganda
Depuis une dizaine d'années, AIG Ouganda multiplie les
efforts pour mettre sur pied un programme de couverture sociale pour les
populations à faible revenu. Pour commencer, un partenariat a
été instauré avec 20 institutions de microfinance. Bien
que ce programme ne soit pas encore rentable pour l'assureur, il a le
mérite d'exister et d'apporter une couverture prévoyance
décès à plus de 1,6 million de personnes.
En 2008, l'association ougandaise des assureurs (Uganda
Insurers Association) a lancé une grande campagne de sensibilisation en
vue d'étendre la protection sociale par l'assurance.50(*)
Grosso modo, l'Afrique australe et l'Afrique orientale
dominent le paysage de la micro-assurance sur le continent avec respectivement
8,8 millions et 4 millions de personnes couvertes sur un total de 14,7 millions
de personnes couvertes en 2008.51(*) Cela peut s'expliquer par la dominance de la
micro-assurance vie en Afrique du Sud ainsi que par la plus grande implication
des assureurs commerciaux dans la micro-assurance dans l'est et le sud du
continent. Comme quoi le développement tout azimut de la micro-assurance
en Afrique est largement tributaire du degré d'implication des
compagnies professionnelles d'assurance.
Section II - Les expériences dans le reste
du continent
En 2008, seules 1,9 million de personnes sont couvertes par la
micro-assurance en Afrique du Nord, Afrique centrale et de l'Ouest ; soit
environ 13% seulement des personnes couvertes au travers du continent.
Paragraphe 1. L'Afrique du Nord
La pratique de la micro-assurance reste relativement marginale
en Afrique septentrionale. Les développements actuels dans cette
région du continent sont orientés vers l'assurance islamique
encore appelée « assurance Takaful ». Etant
donné que le Takaful ne fait pas de distinguo entre l'assurance
classique et la micro-assurance, il convient d'en toucher quelques mots. Le
terme Takaful en langue arabe est synonyme de garantie mutuelle entre les
membres d'un groupe. En plus du partage coopératif du risque, il y a une
séparation claire entre participant et opérateur. Les assureurs
islamiques se doivent d'adopter des stratégies d'investissement en
conformité avec la sharia. A cet égard, les griefs retenus contre
le système d'assurance traditionnel tiennent à la nature des
contrats et au mode de fonctionnement des sociétés. Ainsi le
contrat d'assurance souffre selon l'analyse islamique de trois défauts
principaux :
- l'incertitude au sujet de la survenance du
sinistre ;
- l'aspect indemnité du montant des
sinistres ;
- l'existence de l'usure dans les mécanismes de
placement ;
pour pallier ces insuffisances,
l'assurance « islamique » substitue au contrat
d'assurance une convention de donation. L'assuré fait don à
l'ensemble des assurés de la compagnie d'assurance de tout ou partie de
la prime versée. Il partagera ainsi les risques et la prise en charge
commune en cas de sinistre. En effet les donations sont jugées
acceptables par la plupart des écoles islamiques même si leurs
résultats sont incertains ou indéterminés.
Dans le système d'assurance du Takaful, il existe deux
modèles :
Wakala (contrat islamique basé sur la
cotisation) ;
Moudarabah (contrat islamique de participation aux
bénéfices).
L'islam prône le partage équitable des risques et
des bénéfices, aussi existe t-il dans toute compagnie d'assurance
islamique un conseil de la charia pour veiller sur la conformité des
polices avec les préceptes de l'islam.
En tout état de cause, l'assurance islamique se veut
à but non lucratif. Le seul gain réalisé est la
différence entre le montant global des souscriptions et celui des
dédommagements qui se traduit par une augmentation d'actifs. Les
placements se font auprès d'institutions financières islamiques
et les investissements non éthiques sont prohibés52(*).
Pour revenir aux expériences de micro-assurance au nord
du continent, la branche assurance de la caisse nationale de mutualité
agricole algérienne (CNMA) qui a engagé un programme de
modernisation des assurances agricoles depuis 2009 vient également de
mettre sur pied un mécanisme de micro-assurance destiné au monde
rural. Dans ce sens le secrétaire général de la
CNMA-assurance Cherif Benhabilès explique qu' « il faut
qu'il y ait des mécanismes pour pérenniser l'activité de
l'agriculteur pour que son investissement ne parte pas en fumée à
cause d'un aléa climatique » ; la CNMA se doit de
présenter des contrats qui protègent l'agriculteur et le rendent
solvable vis-à-vis des banques.53(*)
Paragraphe 2. la zone CIMA
La coopération qui a toujours existé entre les
pays membres de la CIMA en matière d'assurance, l'application d'un code
unique des assurances, l'appartenance à une même zone
monétaire, l'utilisation du français comme langue commune de
travail sont autant d'atouts qui favorisent la construction d'un marché
d'assurance élargi, non exclusif pouvant servir de model à
l'ensemble du continent. Cependant le taux de pénétration de
l'assurance y demeure l'un des plus bas au monde. Ce taux oscille entre 0,05%
(Niger) et 0,59% (Côte d'Ivoire) du PIB. La cotisation moyenne par
habitant y est de 811 francs CFA, soit 1,2 euros contre 473,3 euros pour
l'Afrique du Sud, 115,4 euros pour l'île Maurice et 9,9 euros pour le
Maroc54(*).
Si malgré les atouts énormes sus
mentionnés l'assurance tarde à prendre véritablement pied
dans la zone CIMA, cette région semble pourtant très propice au
développement de la micro-assurance. En effet, une étude
menée par la Banque Mondiale et rappelée lors des états
généraux de l'assurance vie tenus à Douala (Cameroun) en
2007 mentionnait qu'une hypothèse basse de 3000 francs CFA de cotisation
moyenne par habitant permettrait un triplement des primes collectées en
assurance vie dans un délai de 3 ans. L'atteinte de cet objectif passe
nécessairement par la mise sur le marché de nouveaux produits vie
mieux adaptés aux populations de la zone, à des prix plus
abordables.
Les prochains aménagements réglementaires du
code CIMA viendront certainement améliorer l'environnement
législatif et booster le secteur de la micro-assurance, quoique des
expériences encourageantes existent déjà :
1 - « Cauri d'or » de l'UAB
VIE
L'Union des Assurances du Burkina est une compagnie
d'assurance qui pratique les opérations de la branche vie depuis 1992. A
la faveur du principe de spécialisation institué par le code
CIMA, elle obtint un agrément pour cette branche en 2002. A cette date
au Burkina Faso, 3 compagnies d'assurances se disputaient les populations du
secteur formel (fonctionnaires et travailleurs du privé) estimées
à 120 000 personnes. Sachant que la population du Burkina était
à ce moment de 12 179 002 habitants, l'UAB VIE a compris que le
marché du secteur dit formel deviendrait de plus en plus étroit
tandis que le secteur informel infiniment plus grand ne demandait qu'à
être exploré.
Ainsi, depuis 2003 l'Union des Assurances du Burkina Vie
commercialise avec l'aide du cabinet AIA (American Institute of Architecture)
le produit Cauri d'or dédié au secteur informel et adapté
aux réalités de cette population cible.55(*)
L'UAB souhaite lancer à grande échelle son
produit de micro-assurance vie qui comme précédemment
indiqué est présent sur le marché depuis 2003 (à un
moment, elle a compté jusqu'à 15,000 clients, ce qui était
déjà très prometteur) grâce au recours aux nouvelles
technologies. Actuellement, le nombre de polices est ramené à
environ 10 000 car les difficultés liées à la gestion semi
manuelle ont contraint la compagnie à limiter volontairement
l'extension. Le produit Cauri d'or cible les chefs de petites entreprises du
secteur informel, tels que les femmes et les hommes qui vendent des
marchandises sur les marchés, surtout dans les zones urbaines. Il est
basé sur un régime d'épargne contractuel et comprend une
couverture vie et invalidité. Les cotisations des clients sont
recouvrées chaque jour (elles peuvent être très faibles :
150 francs CFA ou 0,35 USD par jour). Les durées varient de 1 mois
à 5 ans et les primes d'assurance sont faibles - 100 francs CFA par
mois. La prestation est égale à deux fois le capital qui fait
l'objet du contrat (avec un plafond de 200 000 francs CFA aussi bien pour
l'assurance en cas de décès que pour l'assurance
invalidité). Les principaux problèmes rencontrés par l'UAB
sont l'insécurité et le coût élevé des
recouvrements manuels journaliers. Le recours aux nouvelles technologies (en
équipant les clients de cartes à puce et les personnes
chargées du recouvrement de terminaux d'ordinateurs) devrait permettre
d'améliorer la gestion du produit, ouvrant ainsi à l'UAB la
possibilité d'étendre ses opérations à l'ensemble
du pays.56(*)
2- La compagnie Nationale d'Assurance Agricole du
Sénégal
Apporter des solutions d'assurance à tous les paysans,
tel est le principal objectif de la compagnie nationale d'assurance agricole du
Sénégal créée en 2008. En effet Parmi les solutions
envisagées par l'Etat du Sénégal pour lutter contre la
pauvreté, figure en bonne place l'engagement d'apporter des solutions
d'assurance à tous les paysans. C'est dans cet ordre d'idée que
le 16 Décembre 2008, la Compagnie Nationale d'Assurance Agricole du
Sénégal a été agréée par la CIMA.
Véritable innovation en Afrique noire francophone, la CNAA est
détenue à 40% par l'Etat du Sénégal, 54% par les
assureurs et réassureurs africains et 6% par les paysans producteurs
agricoles. Son objectif est de sécuriser les revenus des agriculteurs
des zones rurales et les aider à sortir peu à peu de la
précarité. Pour ce faire elle offre une police d'assurance
« Tous Risques » y compris une garantie Individuelle
Accidents et une police d'« assurance indicielle » couvrant
les pertes de rendement consécutives à un déficit
pluviométrique. Cette offre est d'ailleurs appelée à se
diversifier avec le temps. Dans son allocution lors de la visite de travail au
sein de la SODEFITEX57(*)
le 29 Janvier 2009, M. Pape Amadou Ndiaye, directeur général de
la CNAA, soulignait l'importance de la collaboration avec l'institution
hôte qui travaille déjà avec 80 000 producteurs
répartis dans 1 800 villages58(*). Il révèle également que les
taux de prime devraient varier entre 1% et 5% des capitaux couverts, l'Etat du
Sénégal prenant en charge la moitié. Pour le moment seules
les cultures suivantes sont concernées : le coton, le riz, le
maïs, le sorgho, le mil et l'arachide. Les risques couverts sont les
inondations, l'excès de pluviométrie, la sécheresse et
l'invasion des sauterelles. En ce qui concerne l'élevage une police
multirisque avec une variante accidents devra être mise en place.
Après une longue phase de sensibilisation à travers l'Agence
Nationale du Conseil Agricole et rural (ANCAR) sur le système
d'assurance agricole, son fonctionnement, ses cibles, les modalités
d'adhésion, son importance pour les producteurs ainsi que son rôle
dans le développement économique et social du pays, la CNAA a
effectivement lancé ses activités le 27 Mai 2010.
Sans prétendre à l'exhaustivité, les cas
traités sont choisis pour témoigner du démarrage effectif
des activités de micro-assurance au travers du continent africain. Il
s'agit d'encourager de nouvelles initiatives et de convaincre les sceptiques,
s'il en existe encore, de la possibilité d'un développement tout
azimut de la micro-assurance en Afrique. Pour ce faire, il paraît
primordial de regrouper au sein d'un même chapitre l'ensemble des
propositions pouvant faciliter la mise sur pied d'un programme de
micro-assurance en Afrique.
CHAPITRE IV - PROPOSITION DE MISE EN PLACE D'UN
PROGRAMME DE
MICRO-ASSURANCE EN AFRIQUE
Au-delà des difficultés connues liées
à la mise en place d'une structure ou d'un nouveau produit d'assurance
(inversion du cycle de production, intangibilité des produits...) le
lancement d'un programme de micro-assurance présente des
particularités du fait notamment du niveau d'instruction des populations
cible, du degré d'imprégnation de la culture d'assurance ou
encore de la modicité de la prime escomptée. Ces défis
sont d'autant plus difficiles à relever que l'assurance traditionnelle
qui a pourtant fait ses preuves sous d'autres cieux souffre encore en Afrique
d'une image écornée par d'innombrables préjugés. La
mise en place d'un programme de micro-assurance en Afrique présente donc
des spécificités tant au niveau de la conception des produits
(section 1), de la commercialisation (section 2) qu'au niveau du
règlement des prestations dues par l'assureur (section3).
Section I - Conception et réalisation des
produits
La conception d'un produit en assurance impose
généralement de trouver un équilibre entre
l'intérêt du client assuré et l'intérêt de
l'entreprise. Pendant longtemps les produits d'assurance ont été
conçus dans la logique d'ingénieur ; en effet la
complexité technique des produits, l'inversion du cycle de production et
les dangers qui pèsent par construction sur le bilan des
sociétés d'assurance ont poussé les assureurs à ne
vendre que les produits que leur proposaient leurs actuaires. Ainsi,
reléguant au second plan les attentes réelles du client,
l'assureur se souciait avant tout de mettre sur pied un produit qui respecte
les exigences actuarielles pour pouvoir aisément estimer le montant de
la prime. En micro-assurance, le processus est forcément inversé
d'autant plus qu'une étude de marché (paragraphe 1) et une
période test (paragraphe 2) sont inéluctables.
Paragraphe 1. Etude de marché
La mise sur pied d'un produit de micro-assurance passe
nécessairement par une étude documentaire (1), une étude
qualitative (2) et une étude quantitative (3) au sortir de laquelle un
business plan doit être établi (4).
1. Etude documentaire
L'étude documentaire consiste pour une entreprise
désirant lancer un produit de micro-assurance dans la collecte de
l'information. Cette première étape est indispensable et la
collecte des données doit être faite tant au sein de l'entreprise
elle-même qu'à l'extérieure.
L'étude de la documentation interne ne concerne
évidemment qu'une entreprise existant depuis un certain nombre
d'années.
- Commencer par éplucher la base de données
internes de l'entreprise car les clients en portefeuille peuvent être
intéressés par le nouveau produit, soit pour eux-mêmes soit
pour des proches parents.
- Consulter la production pour obtenir des informations sur
les attentes des clients, les demandes de couverture, les demandes de cotation
émanant des courtiers, les extensions de garantie sollicitées. On
peut en tirer de précieux renseignements sur les besoins réels
des potentiels assurés.
- Consulter le service sinistre pour obtenir des informations
sur les réclamations en cas de sinistre. S'intéresser davantage
aux réclamations non garanties car elles peuvent donner des
éclairages sur les attentes de la population cible à qui est
destiné le nouveau produit. Toutes ces informations ont l'avantage
d'être fiables et surtout non onéreuses, ce qui constitue un
précieux atout en micro-assurance où la réduction des
charges est capitale.
A l'extérieur, l'étude documentaire consiste
à prendre connaissance de l'évolution de la recherche dans le
domaine de la micro-assurance. A ce sujet, il est nécessaire de
consulter Internet, les revues spécialisées en assurance, les
livres, les journaux et toutes autres publications sur la micro-assurance.
Récupérer la documentation des concurrents sur le marché
ainsi que les travaux universitaires, thèses et mémoires sur la
micro-assurance en général ou le produit de micro-assurance que
l'on s'apprête à mettre sur le marché. Une bonne
synthèse de cette documentation permet d'avoir une vue suffisamment
large du produit et du concept pour aborder avec sérénité
l'étude qualitative.
2. Etude qualitative
Tournée vers le client, l'étude qualitative est
au coeur même de la distinction entre la micro-assurance et l'assurance
traditionnelle. C'est l'ensemble des voies et moyens qui permettent de faire
remonter l'information sur les besoins des personnes cible ainsi que la
façon dont elles souhaitent les assouvir. A travers l'étude
qualitative, on répond à deux questions essentielles en
micro-assurance :
- quels sont les besoins réels de la population
africaine en matière d'assurance ?
- comment souhaite t-elle les voir satisfaits ?
Pour répondre à ces questions, il faut aller
vers le client ; l'interroger, l'écouter, l'observer pour
comprendre ses attentes profondes. L'idéal aurait été de
se tourner vers les professionnels du sondage et de la psychologie des
consommateurs ; mais si l'on n'a pas les moyens de procéder
à un sondage grandeur nature, on peut choisir un panel assez
représentatif de la population cible pour l'interroger.
L'expérience a montré qu'un panel restreint mais de
qualité peut permettre d'obtenir des résultats très
satisfaisants.
3. Etude quantitative
L'étude quantitative permet d'évaluer le
potentiel du marché, l'ampleur de la concurrence et l'étendue de
ses propres capacités. Le quantitatif répond à la question
« combien » :
- combien y a t-il de potentiels consommateurs du
produit ? Il s'agit de savoir si le marché est porteur, quel est
le potentiel de la demande ;
- combien y a t-il d'offreurs ? Il s'agit là de
l'étude de la concurrence c'est-à-dire des parts de
marché détenues par les autres compagnies sur le même
marché ;
- combien en pouvons-nous séduire par notre
produit ?
Comme précédemment relevé, le potentiel
de la micro-assurance est énorme en Afrique. Quel que soit le pays, que
l'on soit en zone urbaine ou rurale, le lancement d'un produit de
micro-assurance ne nécessite plus forcément une étude
quantitative à large échelle ; un ajustement des chiffres
existants couplé à une étude qualitative rigoureuse
suffirait à élaborer un business plan.
4. Le business plan
Le business plan ne fait pas à proprement parler partie
de l'étude de marché mais il lui est tellement connexe que l'un
ne saurait aller sans l'autre. Le business plan est l'ensemble des objectifs
commerciaux ( prévisions de chiffre d'affaires et de résultat)
que l'entreprise se fixe pour les années à venir ainsi que les
actions à mettre en oeuvre pour les atteindre. Un business plan se
dresse généralement sur 3 à 5 ans mais étant
donné la durée relativement longue de liquidation des sinistres
en assurance, on pencherait plutôt pour un minimum de 5 ans. Un business
plan ne doit pas être figé ; au vu de l'évolution des
ventes au fil des années, les objectifs doivent être revus et
corrigés. Bref un business plan s'accompagne.
Paragraphe 2. Phase test ou projet pilote
Après l'étude de marché, il faut
nécessairement passer par une phase test pour garder quoi qu'il arrive
la maîtrise de la situation. Cette période d'observation est d'une
importance particulière en micro-assurance (1) mais il se pose
évidemment le problème des financements y afférents
(2).
1. Pertinence de la phase test ou d'un projet
pilote
La micro-assurance est un domaine relativement neuf dont on ne
dispose pas encore de statistiques suffisamment étoffées et
fiables. En plus, il est illusoire de penser à une transposition des
acquis de l'assurance classique car au risque de se répéter, la
micro-assurance n'est pas simplement de l'assurance classique avec des primes
plus faibles ; les populations cible diffèrent fondamentalement
tout comme l'environnement juridique, social et culturel. Comme son nom
l'indique, la période test permet d'observer le comportement du produit
afin de décider du déploiement tout azimut en parfaite
connaissance de cause. Elle se fait en au moins deux mouvements :
- la préparation qui consiste à
la mise en place des supports numériques et matériels, la
communication sur le produit et surtout la formation des réseaux. En
effet former les commerciaux et autres intermédiaires sur le produit et
son utilité est d'une importance capitale. Avant de vendre un produit au
client, il faut d'abord le vendre à l'interne. Si un commercial n'est
pas intimement convaincu de la bonne qualité d'un produit et du bien
fondé de son action, il ne pourra rapporter qu'une piètre
moisson. Ceci est d'autant plus vrai que l'assurance est un produit
intangible, une créance conditionnelle dont les populations cible
peuvent ne pas percevoir de prime abord l'utilité. Il appartient donc
à l'assureur de les convaincre, tâche particulièrement
difficile en Afrique où une crise de confiance aigüe sévit
vis-à-vis des assureurs en général. Pour contourner cet
obstacle, le choix des commerciaux peut être déterminant. Dans les
zones rurales, les commerciaux doivent être choisis au sein même de
la communauté et si possible jouir déjà d'une certaine
crédibilité au sein de la population (chef traditionnel, guide
religieux, notable, conseiller municipal...)
- l'action consiste dans le
déploiement des effectifs sur le terrain. Pour qu'elle soit efficace,
il faut mettre sur pied un système qui permette aux commerciaux de faire
remonter les points faibles et les points forts du produits. Il s'agit de
remplir systématiquement un questionnaire appelé
« Retour sur expérience » à l'issue de chaque
rendez-vous. La fiche de retour sur expérience permet de suivre le
résultat au fur et à mesure pour à la fin dresser un bilan
quantitatif (exemple : sur 100 prospects, on réalise 60 projets et
45 contrats) et un bilan qualitatif (exemple : les femmes souscrivent
autant que les hommes).
Au sortir de la phase test, on dispose de suffisamment
d'éléments d'analyse pour décider, au vu des
résultats obtenus, de se retirer ou de poursuivre définitivement
en y apportant telle ou telle amélioration.
2- Le financement de la phase test
Il va s'en dire que l'un des problèmes cruciaux de la
mise en place d'un programme de micro-assurance étant celui de la
réduction des charges, le financement d'une période test peut
constituer un poids trop lourd pour une jeune compagnie ou en tout cas un motif
de désintéressement. A l'instar de CIC Kenya et de l'UAB Vie qui
ont obtenu une subvention du FONDS POUR L'INNOVATION EN MICRO-ASSURANCE, l'une
des solutions est de solliciter un partenariat avec des organismes
internationaux oeuvrant pour le financement des économies des pays en
développement par la mobilisation de l'épargne intérieure.
En ce qui concerne la micro-assurance, LeapFrog Investments, le premier fonds
de micro-assurance au monde, est sur le point d'investir 112 millions de
dollars US « en vue de rendre l'assurance accessible à 85%
d'asiatiques et 95% d'africains qui sont à la base de la pyramide
économique »59(*). De l'avis même de Andrew Kuper,
président et fondateur de LeapFrog, cette initiative a
« ouvert la porte des marchés de capitaux, permettant à
des millions de personnes vulnérables, pour la première fois, de
construire un futur sans crainte ». LeapFrog a réalisé
son premier investissement d'un montant supérieur à 6 millions de
dollars auprès d'AllLife, un assureur sud-africain innovant qui est
rentable tout en servant les personnes atteintes de VIH alors que d'autres les
rejettent. Une autre solution consiste dans la participation des pouvoirs
publics au nom de l'aspect social de la micro-assurance qui les interpelle
à plus d'un titre. C'est le cas de CIC Kenya et de la CNAA du
Sénégal étudiés plus haut.
Que ce soit sur fonds propres ou avec une subvention
extérieure, la conduite de la phase test doit être minutieuse afin
que la phase de lancement se fasse sans écueil.
Section 2- La souscription et la gestion des
contrats
De la fixation du tarif (1) au choix des canaux de
distribution (3) en passant par le mode de communication (2), la gestion d'un
contrat de micro-assurance présente bien de
spécificités.
Paragraphe 1. La fixation du tarif
Disposant des résultats de l'étude quantitative,
les calculs actuariels devraient aboutir à une prime plus faible du fait
d'une mutualisation sur un nombre d'assurés nettement plus
élevé. Il est vrai que la prime peut ne pas de ce point de vue
être aussi faible qu'espérée du fait que les personnes
à faible revenu vivent dans un environnement plus risqué que les
autres couches de la population, mais en fixant des plafonds de garantie lui
permettant de contrôler l'étendue de son engagement, l'assureur
doit pouvoir ramener la prime à portée de bourse de la population
cible. Dans tous les cas la prime doit être modique, l'assureur comptant
sur la diffusion de masse pour rentabiliser son affaire.
La maîtrise des coûts de gestion est d'autant
plus délicate en micro-assurance que les personnes à faible
revenu ne peuvent se payer le luxe de s'acquitter de leurs cotisations en une
seule traite. Pour la plupart, il s'agit des travailleurs du secteur informel
qui gagnent leur pain au jour le jour ou des agriculteurs à
activité saisonnière. Il est donc impératif, pour le
succès de toute opération de micro-assurance, que le paiement des
prime soit fractionné et que la périodicité soit
calquée sur le rythme de revenu de la population cible. Ainsi un
payement trimestriel ou semestriel conviendrait aux agriculteurs alors que les
travailleurs du secteur informel des grandes métropoles africaines
s'accommoderaient bien d'un payement mensuel, hebdomadaire voire quotidien. Ce
qui pose évidemment un problème au niveau de la maîtrise
des coûts de distribution. Mais l'utilisation de la technologie notamment
des cartes à puce, du téléphone portable ou des terminaux
électroniques peut permettre de sécuriser davantage les
payements, réduire considérablement les coûts de gestion et
donc les prix.
Paragraphe 2. La communication
L'ensemble de la stratégie communicationnelle de
l'assurance doit être repensée afin d'améliorer l'image de
la profession. La promotion des produits doit aussi être revue pour tenir
compte des particularités des personnes visées.
1. Communication institutionnelle
On ne le dira jamais assez : en Afrique, aux yeux du
grand public « les assureurs sont des voleurs ». Ce vieux dicton
populaire est volontairement repris et caricaturé pour insister sur la
nécessité d'assainir le marché africain de l'assurance qui
de l'avis même du président de la FANAF ne remplit pas
suffisamment « sa double mission de protéger les personnes et
les biens et de collecter l'épargne pour financer l'économie. Les
sinistres ne sont pas réglés ou le sont avec une excessive
lenteur. Il y a une pléthore de petites sociétés, sans
surface financière, qui dépensent tout leur chiffre d'affaires
dans les frais généraux... »60(*). Le moins que l'on puisse dire
c'est que l'assainissement programmé doit s'accompagner d'une
communication sur l'image de l'assureur en général. A ce titre
une campagne explicative sur le rôle et les mécanismes de
l'assurance ainsi que la crédibilité des compagnies d'assurance
serait la bienvenue. Une telle campagne à défaut d'être
menée par chaque compagnie individuellement peut faire l'objet d'une
action commune à travers l'association des sociétés
d'assurance de chaque pays.
2. Communication produit
La communication sur un produit de micro-assurance se doit de
mettre en avant le prix qui de ce fait doit être attractif,
l'étendue des prestations de l'assureur en cas de sinistre et surtout
expliquer en termes clairs, simples et précis le bien fondé de
chacune des garanties proposées. Ne pas hésiter à faire
des spots en dialecte local ou d'utiliser l'effigie d'un « fils du
pays ». Pour mieux faire passer le message, communiquer à
travers les organisations existantes (Associations, ONG, Tontines, Groupes
d'Initiative Commune...). Dans les zones rurales, faire porter le message par
des personnes ressource qui jouissent déjà d'un ascendant
psychologique auprès des populations : chefs religieux, chefs de
village, chefs de quartier, chefs de canton, chefs de bloc, notables,
élites, directeurs ou maîtres d'école, conseillers
municipaux...
Paragraphe 3. La distribution
En Afrique le souci de distribution à bas coût
des produits de micro-assurance est érigé en véritable
défi à relever car ici plus qu'ailleurs les zones rurales sont
enclavées. Les moyens de communication ne sont pas suffisamment
développés et les infrastructures routières font
défaut ou sont dans un état de délabrement avancé.
Cette particularité de l'Afrique impose par conséquent un effort
supplémentaire dans la recherche des canaux de distribution efficaces et
à moindre coût pour les produits de micro-assurance.
L'idéal dans ces circonstances serait de conclure des
partenariats avec les organismes déjà opérationnels sur
le terrain, ce qui contribuerait par ailleurs à combattre le scepticisme
des populations. Ainsi l'assureur pourrait selon les produits qu'il propose et
les personnes qu'il veut atteindre conclure un partenariat avec les
Institutions de Microfinance ( IMF ), les Organisations Non Gouvernementales
(ONG), les Groupes d'Initiative Commune (GIC ), les supermarchés, les
mutuelles de santé, les collectivités territoriales
décentralisées (régions, communes...), les
coopératives agricoles et pourquoi pas des départements
ministériels.
En effet, si les initiatives des pouvoirs publics pour lutter
contre l'extrême pauvreté se sont souvent soldées par des
échecs, c'est en partie parce que les projets financés ne sont
pas accompagnés par un programme d'assurance adapté qui
permettrait de pérenniser les investissements ainsi
réalisés. Au Cameroun par exemple, il existe un projet d'appui
aux agriculteurs dénommé Programme National de Vulgarisation et
de Recherche Agricole (PNVRA). A travers ce programme, l'Etat encourage les
exploitants agricoles à mettre ensemble leurs efforts en se regroupant
au sein des GIC afin de mieux profiter des aides qu'ils reçoivent. A
tout le moins des programmes semblables existent dans la plupart des pays
africains. L'astuce consisterait, à défaut d'une prise de
participation dans une compagnie d'assurance agricole comme l'a fait l'Etat du
Sénégal, à allier à ces programmes d'aide des
services de micro-assurance qui dans un premier temps se limiteraient à
couvrir la vie et les accidents corporels dont pourraient être victimes
les exploitants. Par la suite, la couverture s'étendrait progressivement
pour garantir le matériel agricole, la maladie et les
récoltes.
Les marchés font partie du domaine public de l'Etat et
à ce titre sont gérés par les communes d'arrondissement
territorialement compétentes ou les communautés urbaines. Ces
collectivités territoriales aménagent des espaces dans ces
marchés qui sont ensuite mis à la disposition des vendeurs et
autres commerçants contre paiement d'un forfait. Dans ces mêmes
marchés des milliers de petits vendeurs installés à
même le sol contribuent à l'entretien des infrastructures
communales en s'acquittant quotidiennement des quittances encore
appelées « tickets de marché » d'un montant
minimum de 100 FCFA61(*)
collectés par des agents communaux. Un partenariat entre les
collectivités territoriales décentralisées qui
gèrent les marchés et les assureurs pour mettre sur pied un
programme d'assurance adapté aux besoins et au portefeuille de chaque
catégorie d'épargnants présents sur la place du
marché serait opportun, les primes devant être collectées
en même temps que les tickets de marché par les agents communaux.
Ce programme pourrait proposer dans un premier temps les garanties incendie,
individuelle accidents et frais d'obsèques.
Section 3 - Particularités de la
rédaction des contrats et du règlement des sinistres
Le maître mot quant à la rédaction des
contrats et au règlement des prestations en micro-assurance est
simplification (1). La place qu'occupe la thérapie par
les plantes en Afrique invite à ouvrir la réflexion sur un droit
à l'option de règlement (2).
Paragraphe 1. Simplification des termes des contrats et des
procédures de règlement
Contrairement au texte des polices d'assurance classique, les
contrats de micro-assurance doivent être rédigés en termes
simples, clairs et précis. Le niveau de langue doit être le plus
accessible possible. Les exclusions doivent autant que faire se peut être
diminuées et la liste des actes et procédures à accomplir
doit être réduite à sa plus simple expression,
abrégeant du même coup les délais de payement.
La complexité du mécanisme de l'assurance est
souvent transposée dans les contrats par l'utilisation des mots et
expressions pas toujours faciles à cerner pour les non
spécialistes. Si l'on ajoute à cela le fait que les personnes
cible de la micro-assurance se recrutent parmi les couches moins instruites de
la société, on comprend que la simplicité des contrats
soit une condition sine qua non à l'essor de la micro-assurance en
Afrique.
La capacité à obtenir des certificats de
naissance et de décès, des certificats de genre de mort,
certificats de vie et autres attestations administratives peut constituer un
frein au développement de l'accès à la micro-assurance. En
effet, fournir la documentation relative aux déclarations de sinistres
s'avère encore plus difficile et onéreux pour les populations
cible qui habitent généralement des zones reculées. En
plus, étant donné que le montant des prestations est relativement
modeste en micro-assurance, l'exigence d'un nombre élevé de
pièces à fournir en cas de sinistre peut rendre la
micro-assurance contre productive aux yeux des populations à faible
revenu.
Par définition, les personnes à faible revenu
sont vulnérables parce qu'elles n'ont pas de réserves en
espèces pour couvrir les dépenses immédiates en cas de
choc. Par conséquent, la rapidité dans le règlement et le
payement des sinistres peut être un facteur de souscription en masse des
produits de micro-assurance.
Paragraphe 2. Nécessité d'instaurer l'option
de règlement
La plupart des contrats d'assurance de dommages sont des
contrats de remboursement de frais exposés par l'assuré
consécutivement au sinistre. Cette logique ne convient pas du tout
à la micro-assurance car comme énoncé plus haut
l'assuré n'aura pas toujours les moyens d'avancer les fonds qu'il faut
avant de présenter sa facture à l'assureur. Aussi au delà
d'une procédure de règlement accélérée, le
règlement en nature devrait être institué autant que
possible à travers la conclusion de divers partenariats avec des
professionnels de chaque secteur concerné. C'est l'exemple d'un assureur
agricole qui distribuerait de nouvelles semences, procèderait à
la réparation ou au remplacement du matériel agricole en cas de
sinistre. En tout cas, à défaut de règlement
systématique en nature, l'instauration d'un droit d'option entre les
prestations en nature et en espèces serait plus qu'opportune.
Dans le même ordre d'idée, il paraît
important que les assureurs étudient la possibilité dans le
cadre de la micro-assurance santé de permettre à l'assuré
de choisir entre la médecine traditionnelle et la médecine
moderne. En effet, s'il est difficile d'admettre une constatation de la maladie
faite par un tradi-praticien, les assurés devraient pouvoir, une fois la
maladie constatée par une autorité médicale
compétente, choisir entre les deux voies pour se faire soigner. Compte
tenu de la modicité des primes en micro-assurance et pour
intégrer les réalités socio- culturelles de l'Afrique, il
serait souhaitable que cette piste soit exploitée quitte pour l'assureur
à prévoir dans le contrat que sa prestation sera forfaitaire si
après constatation de la maladie l'assuré optait pour la
médecine traditionnelle.
CONCLUSION
La micro-assurance se définit comme l'octroi des
services d'assurance adaptés au portefeuille et aux besoins
spécifiques des personnes à faible revenu jusque là
exclues des circuits financiers classiques. Cependant les difficultés
liées à la fixation de la limite entre pauvres et non pauvres
suscitent la réflexion en vue d'une redéfinition du concept en
insistant davantage sur le niveau de prime que sur le niveau de revenu des
personnes cible.
De par l'importance de sa population, son statut de continent
en développement, l'Afrique est une terre particulièrement
propice à l'essor de la micro-assurance. Au-delà de sa dimension
sociale qui a trop souvent retenu l'attention au risque de constituer un
élément dissuasif du point de vue des assureurs commerciaux en
quête de rentabilité, la micro-assurance présente un aspect
économique très prometteur. Il est d'ailleurs de plus en plus
admis qu'elle constitue le nouveau marché, l'eldorado de demain.
L'essor de la micro-assurance en Afrique suppose cependant de
venir à bout d'un certain nombre de problèmes. Il s'agit
notamment de l'image peu glorieuse de l'assureur aux yeux des populations
africaines avec pour corollaire une culture de l'assurance qui tarde à
se mettre en place, de l'instauration d'un cadre réglementaire
approprié, de la détection des besoins réels des
populations africaines en matière d'assurance, de la recherche des
canaux appropriés de distribution ou encore de l'épineuse
question de la réduction des coûts de gestion.
Les solutions préconisées vont d'une part de la
révision du code CIMA et des lois nationales à une implication
plus accrue des pouvoirs publics en passant par une opération de charme
en vue de redorer le blason de l'assureur. D'autre part, des propositions sont
faites à chaque étape de la mise en place d'un programme de
micro-assurance en Afrique. Elles concernent entre autres l'étude
qualitative de marché, l'utilisation des nouvelles technologies,
l'implication des communes, des élites et autres personnalités
ressource dans la distribution, la diffusion de masse, l'instauration d'un
droit d'option de règlement.
Les différents intervenants au développement du
secteur des assurances et partant de la croissance économique en Afrique
sont avertis de la nécessité de sortir du « cercle
vicieux de la médiocrité ». Pour cela, « il
faut promouvoir l'assurance, encore perçue comme un produit
élitiste, en explorant les niches nouvelles telles la micro-assurance,
l'assurance agricole, l'assurance islamique...La téléphonie
mobile l'a fait, la microfinance aussi. Pourquoi pas
nous ? »62(*).
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* 53 « Couvrir tous
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1er juin 2010 ;disponible sur
www.lemaghrebdz.com
* 54 « La
microassurance en Afrique ou la construction d'assurances modernes au
delà des apparences » ; Marc Nabeth , 2 juillet
2009 ;
www.institut-thomas-more.org
* 55 présentation du
produit cauri d'or par Sorgho Soumalaïla, Etats généraux de
la micro-assurance 2009
* 56 OIT, Fonds pour
l'Innovation en Micro-assurance. « Union des assurances du
Burkina Vie, Bénéficiaire de la subvention » : 07
01 2010
* 57 Société de
Développement et des Fibres Textiles
* 58 « Compte rendu
rencontre avec la Compagnie Nationale d'Assurance Agricole (CNAA) disponible
sur
www.sodefitex.sn
* 59 « LeapFrog sur
le point d'invertir 112 millions de dollars US dans des entreprises en Afrique
et en Asie » ; disponible sur
http://www.generation-nt.com
communiqué publié le 29 mars 2010 par PR Newswire.
* 60 Protais Ayangma Amang,
président de la FANAF, propos recueillis et publiés par le
journal « les Afriques » N° 100
spécial « la parole à nos lecteurs »,
disponible sur
http://www.lesafriques.com
* 61 Recoupement personnel
effectué sur les marchés du Cameroun
* 62 Protais Ayangma,
président de la FANAF ; journal « Les
Afriques » N° 100, spécial « la parole à
nos lecteurs »
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