III.2Freins à la
pénétration de la micro assurance dans les marchés :
ébauches de solutions
Afin d'accroitre la densité de la micro assurance dans
les pays cibles, les stratégies suivantes pourraient être
envisagées en réponse aux difficultés
sus-évoquées :
III.2.a Le marketing de
proximité
Dans ces régions où les dialectes ont encore une
importance première, la question du langage et des supports à
utiliser pour véhiculer l'information se pose. Pour communiquer avec
efficacité, le marketing de proximité serait l'une des solutions.
Des commerciaux imprégnés des usages locales et s'exprimant en
langues vernaculaires pourraient être formés. Ils
présenteraient les produits dans les lieux de rassemblement populaires
(marchés, lieux de rencontre ludique, etc.) ou à domicile.Ces
commerciaux, à l'instar de ce qui s'est fait dans le cas de la micro
finance, seront les plus à même de rentrer dans une relation de
confiance avec les potentiels assurés afin de leur proposer la meilleure
protection possible.
Pour atteindre des masses plus importantes de populations,
les medias de proximité pourraient être sollicitées. Il
s'agit des radios et télévisions locales et rurales. Ceux-ci
émettent généralement en langues vernaculaires et ont
l'avantage de capter un très large auditoire qui les considère
comme un moyen d'information et de détente important, dans un contexte
où les sources de divertissement sont très peu
diversifiées. En Afrique par exemple, la tradition orale a
contribué à renforcer l'attrait de la radio et de la
télévision qui y sont très suivies (voir graphique
suivant) comme moyen d'éducation, de sensibilisation populaire et de
voyage rapide des informations.
Graphique : taux d'audience de la radio et
télévision dans certaines villes
Africaines
Source :
http://www.tns-sofres.com/espace-presse/news
III.2.b La micro assurance en
complémentarité des formes de solidarité existantes
Dans la plupart des cas, les formes de solidarité
déjà existantes dans les pays en voie de développement ne
constituent pas seulement un moyen de se prémunir contre les risques.
Mais, pour bien des populations, elles représentent aussi un
héritage culturel dont il faut assurer la continuité, un symbole
d'appartenance à un corps social ou clanique, ou encore un cadre de
retrouvaille et d'échange entre personnes qui se revendiquent d'un lien
bien défini qu'elles souhaitent pérenniser.
Dans un tel contexte et pour un départ, les promoteurs
de la micro assurance devraient privilégier une approche de
juxtaposition et non de remplacement vis-à-vis des regroupements sociaux
dont il question. Cela revient, dans la stratégie de marketing et dans
la conception des produits de micro assurance, à tenir compte de
l'existence de ces autres formes de solidarité et d'adopter un discours
de complémentarité/supplémentarité plutôt que
d'exclusivité. A titre d'exemple, abordons le cas des tontines dont il
a été abondamment question plus haut. Les sociétés
qui souhaitent commercialiser des produits de micro assurance dans un
environnement dominé par cette pratique peuvent s'appuyer sur le
caractère limité de ses capacités d'intervention.En effet,
il s'avère que ces tontines sont très souvent limitatives en
termes de nombre de participants car ce sont très souvent des
micro-regroupements affinitaires. Par conséquent, les flux financiers
générés ne sont pas assez élevés, ce qui
limite considérablement la capacité d'intervention des
participants face à des sinistres d'une certaine taille ou qui
surviennent simultanément à plusieurs membres de l'association.
C'est un problème que la souscription d'un contrat en micro assurance
peut résoudre, vu que les clients ne sont pas seulement des membres d'un
microcosme donné, mais des gens de divers horizons. L'exigence de
remplir tel ou tel critère d'appartenance est levée en micro
assurance. La large mutualisation qu'elle permet donc apporte une marge de
sécurité extrêmement plus élevée.
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