2.1.2.4.1 Motivations et interventions
La quatrième réforme monétaire est celle
de décembre 1979. A cette occasion, il fut procédé
à la démonétisation des billets de 5 zaïres et 10
zaïres et à leur remplacement par d'autres billets de mêmes
valeurs faciales. En même temps, il fut question d'opérer une
importante déflation des moyens de paiement sans pour autant affecter la
valeur externe de la monnaie nationale. L'échange manuel pour les
particuliers devait se limiter à 3.000 zaïres par personne
âgée de 18 ans et plus, à 5.000 zaïres (dont 50%
à verser en compte) pour les petites et moyennes entreprises, et
à 20.000 zaïres (dont 50% à verser en compte bancaire) pour
les autres entreprises de grande taille. Dans un premier temps, les avoirs en
comptes à vue étaient disponibles à concurrence de 10%
tandis que le reste serait progressivement libéré suivant les
besoins de l'économie.
Par certains de ses aspects, la démonétisation
de décembre 1979 a fait penser à «l'Opération
Gutt» d'assainissement monétaire menée en Belgique, en 1944,
au moment de la libération. La préparation de cette
décision, commencée en novembre 1940, comporta deux volets
importants l'un monétaire et l'autre des finances publiques et son
exécution n'intervint qu'en octobre 1944. La masse monétaire
excédentaire fut en partie résorbée par voie d'emprunts
publics et d'impôts exceptionnels levés par l'Etat sur les
bénéfices illicites réalisés par certains
opérateurs économiques pendant l'occupation.
2.1.2.4.2 Résultats
La démonétisation intervenue au Congo en 1979,
loin de s'intégrer, comme «l'Opération Gutt», dans un
vaste champ de mesures visant la stabilisation de l'économie, voulait
cependant répondre à une situation ponctuelle: décourager
la détention à des fins spéculatives des coupures à
valeurs faciales élevées, et éponger une partie des
liquidités. Menée précipitamment et appuyée par une
infrastructure bancaire très clairsemée, l'opération
d'échange de billets s'est révélée comme
«un filet jeté sur les thésauriseurs malhonnêtes
(mais)... doté de mailles curieusement sélectives, qui
36 KABUYA K. KALONJI et ITIMELONGO T.,
éditorial : «Triste monde, malheur aux pauvres» de
Zaïre-Afrique, n°141, janvier 1980, p.5.
37
laissaient passer les gros poissons et retenaient les
petits ayant-droit»36. En janvier 1980, soit un mois
après la démonétisation et la décision de geler les
liquidités, on assistait à une reprise fulgurante des
émissions monétaires: témoignage assez éloquent de
l'échec même de l'opération et de son incapacité
à différer la dévaluation de 30% qui surviendra en
février 1980.
2.1.2.5. La réforme monétaire de
septembre 1983 2.1.2.5.1 Motivations et interventions
Cette troisième grande opération de redressement
monétaire a consisté essentiellement en la modification de la
parité de 1 Z=0,1575 DTS en vigueur le 22 juin 1981 à 1 Z=0,03542
DTS en septembre 1983, soit une dévaluation de 77,5%. Jusqu'à la
fin de cette dernière année, le zaïre ne s'était que
très lentement déprécié par rapport au dollar
américain. L'écart entre le taux officiel et le taux
parallèle s'était progressivement réduit grâce
à une amélioration des apports en devises favorisée par la
libéralisation des échanges extérieurs. Les mesures de
septembre 1983 s'étaient inscrites dans le cadre d'un programme
d'ajustement économique et financier conclu avec le FMI.
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