Section 2
Analyse de la croissance économique
L'activité économique ne connaît pas un
rythme de croissance stable dans le temps. A des périodes de forte
activité succèdent des phases de ralentissement économique
pouvant même se transformer en récession économique. La
science économique s'est donc efforcée de trouver des
modèles permettant d'expliquer et donc d'agir sur la variation du taux
de croissance.
1.2.1. La notion de croissance en sciences
économiques
1.2.1.1. Définition :
La croissance économique traduit la variation
quantitative, durable, auto-entretenue et non réversible de la
production de biens et services.
Si, dans le langage courant, on emploie souvent le terme de
« croissance » dans le cadre d'évolutions à court
terme, les économistes l'utilisent conventionnellement pour
décrire une augmentation de la production sur le long terme. Selon la
définition de François Perroux, la croissance économique
correspond à « l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs
périodes longues d'un indicateur de dimension, pour une nation, le
produit global net en termes réels »15. À court
terme, les économistes utilisent plutôt le terme d'«
expansion », qui s'oppose à « récession », et qui
indique une phase de croissance dans un cycle économique.
La croissance potentielle estime l'écart entre la
croissance mesurée et celle qui serait obtenue avec une pleine
utilisation de tous les facteurs de production ; cet écart est minimal
au plus fort d'une expansion.
Au sens strict, la croissance décrit un processus
d'accroissement de la seule production économique. Elle ne renvoie donc
pas directement à l'ensemble des mutations économiques et
sociales propres à une économie en développement. Ces
transformations au sens large sont, conventionnellement,
désignées par le terme de « développement
économique ». Selon François Perroux, « le
développement est la combinaison des changements mentaux et
15 François Perroux, Dictionnaire
économique et social, Hatier, 1990 p. 65
18
sociaux d'une population qui la rend apte à faire
croître, cumulativement et durablement, son produit réel global
».16 Dans ce cas, le terme de « croissance » doit
alors s'appliquer plus particulièrement aux économies
déjà développés.
1.2.1.2. La formulation de la croissance
économique
La richesse d'un pays se calculant à l'aide du PIB. Le
taux de croissance économique est déterminé par le taux de
croissance (exprimé en %) du PIB d'un pays. On distingue de plus :
? la croissance en volume de la production : qui mesure la
variation des quantités de biens et services produits.
? la croissance en valeur : qui tient compte en plus de la
variation des prix des biens et services produits.
Schéma 1. Le taux de croissance du PIB
Valeur du PIB de l'année 2 - Valeur du
PIB de l'année 1
Valeur du PIB de l'année 1
D'où le PIB, offre une certaine mesure quantitative du
volume de la production. Afin d'effectuer des comparaisons internationales, on
utilise également la parité de pouvoir d'achat, qui permet
d'exprimer le pouvoir d'achat dans une monnaie de référence. Mais
pour comparer la situation d'un pays à des époques
différentes on peut également raisonner à monnaie
constante.
Schéma 2. Le taux croissance constants
Indice de la population courante X 100
Indice des prix
L'indicateur du PIB reste cependant imparfait comme mesure de
la croissance économique. Il est pour cela l'objet de plusieurs
critiques : il ne mesure ainsi pas, ou mal, l'économie informelle.
D'autre part, s'il prend en compte la production des services publics gratuits,
il ne mesure pas l'activité de production domestique (ménage,
potagers, etc.).
16 François Perroux, Op. Cit. p.98
19
Selon la boutade d'Alfred Sauvy, il suffit de se marier avec
sa cuisinière pour faire baisser le PIB. Enfin, il ne prend en compte
que les valeurs ajoutées, et non la richesse possédée, par
un pays. Une catastrophe naturelle (Katrina détruisant la
Nouvelle-Orléans, par exemple), qui détruit de la richesse, va
pourtant contribuer au PIB à travers l'activité de reconstruction
qu'elle va générer. Cette contribution ne reflète pas la
destruction antérieure, ni le coût du financement de la
reconstruction. Cette contradiction était dénoncée
dès 1850 par l'économiste français Frédéric
Bastiat qui dans son Sophisme de la vitre cassée écrivait que
« la société perd la valeur des objets inutilement
détruits », ce qu'il résumait par : « destruction n'est
pas profit. »17
Dans son acception classique, le développement
économique ne se résume pas à la seule croissance
économique et des indicateurs ont été proposés pour
mesurer plus finement celui-ci, comme l'indice de développement
humain.
Il faut donc se rappeler les égalités suivantes
:
Croissance nominale = croissance en valeur
= croissance à prix courants
Croissance réelle = croissance en
volume
= croissance à prix constants
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