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INTRODUCTION GENERALE
I. Problématique
Durant des longues années de colonisation,
l'organisation du continent Africain était conçue et
dirigée d'abord en fonction des intérêts de
métropoles. Et La monnaie ne se présentait que comme moyen
d'action du pacte colonial. Aujourd'hui, l'Afrique est en pleine mutation
structurelle et cherche des structures qui lui conviennent. Ces changements
constants trouvent leur signification dans le fait que les Etats
indépendants d'Afrique cherchent à organiser souverainement leur
propre devenir économique.
Plus qu'aucun autre continent, en Afrique, nous assistons
à des mutations du système monétaire et financier dû
à la négligence des Etats dans leurs responsabilités
inhérentes à leur souveraineté
monétaire1. Dans le cas spécifique du Congo, cette
évolution a mené à une autre caractéristique de
distorsions internes graves qui minent l'économie de ce pays. Cependant,
« l'économie de la République démocratique du Congo
est le prototype d'une petite économie ouverte en proie, à des
fréquents déséquilibres internes et externes. »2
La République Démocratique du Congo, comme tout
Etat souverain dans le monde, a sa propre monnaie ; le franc congolais. Mis en
circulation le 30 juin 1998, et était inscrit dans le cadre d'une
reforme monétaire perçue comme indispensable ou redressement de
l'économie nationale, et le franc congolais devrait être une
monnaie forte.
Cependant, sitôt sorti, le franc congolais subira une
dépréciation vertigineuse faute de :« la baisse drastique de
la production, le développement de l'économie informelle ; les
déficits chroniques du budget de l'Etat, financés essentiellement
par l'émission incontrôlée de la monnaie, lesquelles ont
occasionné l'hyperinflation dans les années avant 1998 et
aggravés la précarité des conditions de vie de la
population ; la désarticulation du système des finances et la
faillite de plusieurs établissements de crédit, et surtout le
non
1 A. Silem et J-M Albertini, Lexique d'économie
8e Ed. 2004.
2 BOURONNAIS, Régis,
Econométrie, Dunod, Paris1998.
2
contrôle des crédits accordés à
l'économie nationale ; l'éclatement de l'espace monétaire
nationale et en fin la multiplicité des taux de change ».
Mais il est difficile ou presque impossible qu'une monnaie
puisse sortir indemne des assauts hyperinflationnistes du genre de ceux
relevés précédemment en République
démocratique du Congo. Tôt ou tard, elle finit par perdre sa
crédibilité auprès de sa propre population3.
Les années récentes ont vu, la politique
budgétaire de plusieurs pays perdre son attrait en tant qu'instrument de
stabilisation de l'ensemble de l'économie, en raison des doutes quant
à la capacité de régler les mesures budgétaires de
façon à atteindre le degré de stabilisation
souhaité et également du fait des préoccupations relatives
aux déficits budgétaires. Il s'ensuit que, depuis quelques
années, économistes et hommes politiques recommandent que
l'objectif de stabilisation de la production et de l'inflation revienne
à la politique monétaire. Les économistes en sont
également venus à prôner plus fermement la stabilité
des prix comme principal objectif à long terme d'une banque centrale.
C'est ainsi que la Banque Centrale du Congo a pour mission principale de
définir et de mettre en oeuvre la politique monétaire de la
République Démocratique du Congo. Pour remplir sa mission, la
Banque Centrale du Congo a mis en place un dispositif général,
entre autre, une structure appelée comité de politique
monétaire comprenant des membres issus de la Banque Centrale du Congo,
mais aussi des experts de la Présidence, de la Primature ainsi que de
ministère des Finances et du Budget.
Néanmoins, toute l'économie n'a pas
évolué selon les prévisions optimistes des années
1960. Face à ces échecs, les théories du
développement ont été revues de multiples fois. La Banque
Mondiale et le Fonds Monétaire Internationale ont profondément
modifié leur discours à ce propos depuis une quinzaine
d'années. Ils y ont introduit les termes de bonne gouvernance, de lutte
contre la pauvreté et de stratégie participative, tout en restant
très peu explicites sur les mécanismes qui engendrent la
pauvreté.
Quelle soit l'époque, les contraintes de la gestion
monétaire étaient polarisées autour de trois
préoccupations majeures, à savoir : assurer la
3 Rémy k. Katshingu, « Dollarisation,
Taux de change et perspective de la pauvreté en RDC », copy
Rights 2001
3
convertibilité interne et externe de la monnaie,
garantir la stabilité de l'unité de compte et surtout encore plus
important assurer un niveau satisfaisant de liquidité dans
l'économie. Il s'agit ici d'un délicat équilibre à
tenir au jour le jour. Ce qui explique en définitive la
récurrence des réformes monétaires dans notre pays.
De ce qui précède, les différentes
questions qui nous interpellent pour cette étude sont les suivantes :
? Cette politique des reformes monétaires (par la
fixité des taux directeurs) a-t-elle influencé la croissance
économique en République Démocratique du Congo ?
? La Banque centrale du Congo est l'autorité
monétaire qui élabore et veille à l'exécution de la
politique monétaire. Les banques commerciales, elles, exécutent
cette politique, tandis que le Trésor qui est la fonction
financière de l'Etat, influence cette politique. La politique
monétaire est donc un acte volontariste de l'autorité publique.
Si tel est le cas, l'indépendance de la Banque Centrale du Congo
n'est-elle pas remise en cause ?
? Pourquoi l'économie congolaise est-elle
caractérisée par des mesures monétaires quasi-permanentes
et dont les effets ont été de courte durée ?
En d'autres termes, est-il chimérique d'espérer
que ces idées se réaliseront ? Sont-elles trop
étrangères aux motifs qui gouvernent l'évolution de notre
société. Les intérêts qu'elles desservent sont-ils
plus puissants et plus apparents que ceux qu'elles favorisent ?
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