4.2- Le choix des sites
L'étude porte sur les barrages de Fara et de Guido,
autour desquels ont été analysés les volumes, la
fréquence, la destination et l'organisation des
prélèvements d'eau. Ce choix se justifie par des arguments
essentiels suivants:
- Les deux ouvrages ont été retenus par le
Programme VAREK pour une analyse plus approfondie vue leur importance
économique pour les populations locales et l'intensité des
activités qui se mènent autour (agriculture, élevage,
orpaillage, usages domestiques, fabrication de briques...) ;
- Le site de Fara, outre les autres types d'exploitations, est
doté d'un périmètre irrigué dont les exploitants
sont organisés en groupement. A Guido par contre, on a affaire à
une exploitation maraîchère de type traditionnel et
inorganisée jusque là. Mais face à l'intensité de
l'activité autour du barrage, une organisation des exploitants s'impose
;
- Les exploitations des barrages diffèrent l'une de
l'autre par les communautés qui y travaillent et qui ont par
conséquent une perception différente des ouvrages et de leur
entretien. Une communauté Lyélé (Gourounsi) à Guido
et une communauté composée de migrants à majorité
Mossé à Fara.
4. 3- La revue de la littérature
La politique de construction des petites retenue d'eau
adoptée par l'Etat burkinabé, répond à des
exigences d'ordre économique, physique et même social. En effet,
la précarité de la pluviométrie demande que des mesures
palliatives soient prises pour contrecarrer la longue saison sèche afin
de stimuler un développement basé sur l'agriculture et
l'élevage, secteurs constituant le socle de l'économie nationale.
C'est pour répondre à cette exigence que des efforts sont
consentis tant par les autorités que par les opérateurs
privés (O.N.G. et collectivités locales), pour la construction de
retenues d'eau avec un intérêt particulier pour les petits
barrages (environ 2100 retenues d'eau en 2001 selon le MAHRH) au
détriment des grandes retenues parce que ces derniers nécessitent
de grands investissements financiers pour leur réalisation et leur
gestion. De plus, les grandes retenues exigent d'importants aménagements
entraînant souvent d'énormes déménagements pouvant
toucher des villages entiers et sont difficilement appropriées par les
populations rurales. Par ailleurs, leur envergure favorise les effets de
l'insolation et des vents qui occasionnent d'importantes pertes par
évaporation.
SANOU D ; 1988, dans ces travaux sur le maraîchage, fait
ressortir les avantages qu'offrent les petites retenues d'eau. Celles-ci
permettent de freiner l'écoulement des eaux de
11
ruissellement permettant ainsi le recule des délais
d'assèchement. Elles favorisent également le relèvement du
niveau de la nappe phréatique par l'infiltration des eaux stagnantes, ce
qui assure une pérennité des puits et forages avoisinants. Aussi,
en saison sèche, ces retenues d'eau offrent des possibilités
d'irrigation, d'abreuvement des animaux et de satisfaction des besoins
domestiques en eau. Enfin, leur gestion est relativement plus aisée que
les barrages de grande envergure. De ce fait, dans un pays sahélien
à longue saison sèche comme le Burkina Faso, elles constituent un
facteur de stimulation du développement locale. Ces multiples avantages
justifient également le choix de l'Eglise Famille du Burkina Faso qui,
depuis 1929 construit de petits barrages à travers le pays. De nos
jours, face à la multiplication des activités d'exploitation de
ces barrages, face également au manque d'appropriation de ces ouvrages
par les exploitants, un grand nombre d'entre eux se trouvent dans un
état précaire générant des inquiétudes quant
à leur durabilité.
La problématique des retenues d'eau a fait l'objet de
plusieurs études au Burkina Faso et sur différents aspects. Une
des questions récurrentes est celle de l'envasement qui compromet
véritablement les résultats escomptés lors de la
réalisation des ouvrages. La conséquence est l'amenuisement des
ressources en eau disponibles. Les recherches de DIPAMA, J.M. (1991) sur les
barrages numéros 1, 2 et 3 de Ouagadougou, OUEDRAOGO, A. (1994) sur le
barrage de Laaba dans le Yatenga et de YADILA (2000) et OUEDRAOGO, N (2003) sur
le lac Dem, démontrent l'importance de ce phénomène et les
conséquences socioéconomiques. L'ensablement des retenues d'eau
détériore les ouvrages et accélère l'infiltration.
Dans le Tome I de l'Hydrologie des petits barrages, paru en décembre
1984, on estime les pertes d'eau par infiltration de 0,7 à 1m des
hauteurs d'eau retenues par an. D'autres facteurs tels que le manque
d'entretien des ouvrages, la mauvaise organisation des exploitants et la
multiplicité des activités, hypothèquent davantage la
durabilité des ouvrages. Ainsi, pour lutter efficacement contre
l'ensablement et l'exploitation anarchique des retenues d'eau, il importe d'en
appréhender la perception paysanne.
On arrive à la conclusion que pour une satisfaction
durable des besoins en eau, il faut instaurer une gestion des retenues d'eau
qui passe par l'action simultanée des donateurs et des
bénéficiaires comme l'indique FEUILLETTE S. (2001). Elle
conseille la mise en place de mesures intermédiaires à même
d'assurer une disponibilité continue de la ressource. Toutes les parties
prenantes doivent mener des actions conjuguées à trois niveaux :
modifier la disponibilité de l'eau par des investissements structurels,
modifier ou augmenter l'efficience des usages par des mesures incitatives et
enfin, instaurer les mesures intermédiaires sur la distribution pour
réduire les pertes.
12
Elle démontre que le rationnement de la demande en eau
au niveau d'une ressource « communautaire à accès libre
», passe nécessairement par la responsabilisation des premiers
acteurs que sont les exploitants. Il s'agit de les amener à prendre
conscience des aspects « communautaire » et « fini » de la
ressource et du rôle que joue chacun d'eux pour sa sauvegarde.
Notre étude prendra en compte ces aspects en mettant un
accent particulier sur la gestion de la demande4 qui passe par un
ensemble d'actions telles que l'éducation (information, sensibilisation
et formation), l'organisation des riverains et l'instauration d'instruments de
gestion permettant le contrôle des prélèvements et la
réduction des pertes.
Cette revue est intéressante à bien des
égards compte tenu du fait qu'elle donne des éléments de
réponse à une partie de nos inquiétudes. De là se
dégage alors l'intérêt qui est porté sur les
barrages de Guido et de Fara, parce que les problèmes abordés
ci-dessus y sont réels et nécessitent une solution
impérative.
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