SUMMARY
The necessity of water for maintaining life has always been
the object of special attention for humankind. The droughts of the 1970s were
intensely felt by the rural population of Burkina Faso. At the time, small dams
that were made in the villages of Fara and Guido helped to ease the suffering
of locals. Four decades later, however, following population growths that lead
to increased water consumption and being faced with degraded infrastructure,
there are concerns about the sustainability of said dams. In light of this, one
asks the question: What steps are being taken to preserve and protect this
resource so that it can continue to meet the demands placed upon it?
To address this concern, we analyzed the current method of
water management and in view of testing the hypothesis, local populations of
the said deductions were unaware of how to care-for and manage the reservoirs.
Based on an extensive literature search, we identified indicators and variables
to build an appropriate research methodology whose implementation has led to
investigations and field observations to collect data for our study.
It appears that reservoirs are largely perceived by
beneficiaries as being a part of the modern world, hence the lack of cultural
and traditional understanding. Beneficiaries also hold the reservoir as a
resource for everyone -- free of discrimination. Dams are therefore the
preferred area for water consumption. Irrigation, market gardening, livestock
watering, domestic uses, construction, and gold mining are some of the uses for
the resource that generates considerable social and economic benefits for the
involved communities. This aspect promotes the unfettered exploitation of the
manmade dams, which reduces their lifespan and compromises their durability.
Therefore, an organization is needed to manage water use by the community using
modern standards and practices and with the cooperation of local
authorities.
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Keywords: Burkina Faso, Fara, Guido, dam, water.
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INTRODUCTION GENERALE
Depuis le troisième millénaire Av. J.C., les
égyptiens considéraient l'eau comme la force primordiale de la
vie. «...c'est elle qui, combinée avec le soleil, donne la vie
» affirmaient-ils à travers les hiéroglyphes. Cette
assertion traduit le caractère indispensable de l'eau à toute vie
animale ou végétale. Son importance se révèle
davantage de nos jours dans les quatre coins de la planète, ce qui lui
vaut le qualificatif d'« or bleu du XXIème
siècle» (S. FEUILLETTE, 2001)
Dans le cas du Burkina Faso, il importe d'accorder une
attention particulière à la question, vue l'état
d'enclavement du pays, sa situation dans la ceinture sahélienne et ses
caractéristiques géomorphologiques et géologiques.
En effet, localisé entre le 14e degré
de longitude Ouest et le 2e de longitude Est, et entre le
14e et le 10e degré de latitude Nord, le pays n'a
aucune frontière maritime et est sous l'influence d'un climat soudano
sahélien. Ainsi, les mouvements du FIT lui confèrent deux saisons
bien tranchées que sont:
- une saison sèche d'octobre à mai,
- une saison pluvieuse de juin à septembre.
Toute la quantité d'eau tombée se trouve alors
concentrée sur cinq mois pendant que les sept mois de saison
sèche connaissent une pénurie de pluie. A l'inégale
répartition spatio-temporelle des pluies, s'ajoute une diminution
progressive des quantités d'eau qui tombent au fil des ans. Constat
qu'atteste le balancement de l'isohyète 500 mm du nord vers le sud du
pays et la disparition de l'isohyète 1400 mm.
Outre la pluviométrie défavorable, la platitude
d'ensemble du relief a comme résultante le manque de grands cours d'eau
à même de retenir les quantités d'eau tombées. Une
bonne partie des eaux de surface est drainée hors du pays, tandis que le
reste est soumis à l'infiltration et à une intense
évaporation. La structure géologique du sol, à dominance
granitique, constitue par ailleurs un frein à l'infiltration des eaux
d'où une faible recharge des nappes aquifères. Le volume d'eau de
pluie que reçoit le pays est estimé à 206,9 milliards de
mètres cube par an dont 8,79 s'écoulent vers l'extérieur.
32,43 milliards de mètres cube s'infiltrent tandis que 144,83 milliards
de mètre cube se perdent par évaporation (GIRE, mai 2001).
Dès lors, on se pose la question de savoir à quel niveau se situe
le problème d'eau que vit le pays ? Est il d'ordre structurel ou est il
lié au mode d'exploitation de la ressource disponible ?
Plus de 80% de la quantité d'eau reçue sont
inexploitables parce que drainés vers l'extérieur ou perdus suite
à l'évaporation ; exposant ainsi la population aux
pénuries d'eau en
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saison sèche. Les principaux facteurs de croissance de
l'économie nationale que sont l'agriculture et l'élevage en
souffrent énormément. Ceux-ci contribuent pour près de 31%
au PIB et 60% aux exportations. Le secteur agricole emploi 92% de la population
active qui se trouve alors sans activités pendant les longues saisons
sèches.
Dès lors, on perçoit toute l'urgence d'apporter
un correctif à ce déficit naturel par la mobilisation de la
ressource eau, en créant des retenues artificielles. Le but étant
de réduire les pertes, surtout par écoulement, en construisant
des barrages pour ainsi palier les longues périodes de sècheresse
saisonnières. Dans ce contexte, l'accès à l'eau restera
toujours une préoccupation pour tout le monde : gouvernement, ONG et
populations.
Depuis les années 1920 (année de
réalisation du premier barrage au Burkina Faso) de nombreux barrages ont
été réalisés à travers le pays. Dès
lors, l'évolution des réalisations donne :
- 27 barrages en 1947,
- 90 barrages en 1956,
- 430 barrages en 1984,
- 2088 barrages en 1995 et
- 2100 barrages en 2001
Plusieurs autres retenues ont été
réalisées après cette date. De cet effectif, on
dénombre 150 ouvrages réalisés par l'Eglise
Famille1 du Burkina Faso dans le but de :
- renforcer la sécurité alimentaire,
- améliorer les revenus et les conditions de vie des
populations rurales, - protéger et restaurer l'environnement,
- limiter l'exode rural et les migrations vers les régions
côtières etc.
Les objectifs poursuivis par cette action commune de
réalisation des barrages sont pertinents et les résultats
atteints sont relativement appréciables de nos jours, vu les
conséquences des sècheresses qu'ils ont contribué à
atténuer. Seulement, les besoins en eau des populations augmentent avec
la croissance démographique et le développement des
activités économiques, faisant du problème d'eau une
question récurrente. D'emblée, la gestion de l'eau ainsi
mobilisée se place au centre des préoccupations et requiert une
attention particulière. L'on s'interroge donc sur les conditions de
mobilisation et d'exploitation des ressources hydrauliques. Réaliser des
barrages permet certes de mobiliser et de satisfaire les besoins en eau pendant
une période donnée, mais qu'en est-il de la durabilité de
ces retenues ?
1 Eglise Famille : appellation donnée
à l'ensemble des catholiques pour signifier la cohésion sociale
entre les adeptes
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Le mode d'exploitation des ressources en eau s'inscrit-il dans
une perspective de durabilité ?
I- LA PROBLEMATIQUE
A travers le monde, l'augmentation de la demande en eau et la
difficile maîtrise des eaux de surface accentue le risque de
déséquilibre entre les besoins et la disponibilité en eau.
La gestion des eaux de surface a fait l'objet de nombreuses études et
s'avère encore plus critique de nos jours vu la croissance
démographique et le développement des activités
socio-économiques entraînant une augmentation exponentielle des
demandes pour une ressource en eau dont l'accès devient de plus en plus
difficile. Ce problème d'eau que l'on vit est-il lié à des
difficultés de mobilisation ou à de mauvaises pratiques dans
l'exploitation des ressources hydriques disponibles ?
Dans le cas du Burkina Faso, la ressource en eau disponible
donne 820 m3/habitant /an. Ce qui est nettement en
deçà du seuil de pénurie d'eau situé à
1000m3/habitant/an. Il convient alors de situer la
problématique nationale de l'eau au niveau de celui de la mobilisation
et surtout celui de l'exploitation de la ressource mobilisée et de se
demander à quel type de gestion et d'exploitation est destinée
cette pléthore de barrages ?
Dans quelles conditions sont faits les
prélèvements d'eau au niveau des retenues et quel entretien leur
est réservé ?
En 2002, l'Observatoire du Sahara et du Sahel
(O.S.S)2 montrait qu'au Burkina Faso les prélèvements
d'eau sont supérieurs aux besoins, soit 0,11km3 contre
0,35km3 en 1996. Il prévoyait pour 2030, 0,20km3
pour les besoins et 0,63km3 pour les prélèvements.
L'exploitation durable des ressources en eau est alors l'équation
prioritaire à résoudre.
Ces prélèvements exorbitants sont d'une part
imputables aux facteurs physiques tels que l'infiltration et
l'évaporation qui prélèvent à elles seules
prêt de 70% des eaux de surfaces exploitables. Cependant, des
études montrent que ces pertes sont difficiles à contrecarrer et
les moyens pour y parvenir trop onéreux.
D'autre part, on sait que réaliser des ouvrages pour
que soit disponible l'eau de surface, contribue à la fixation des
populations locales et la création de nombreuses activités dont
les paysans tirent des revenus non négligeables en saison sèche
mais, des mesures d'accompagnement (inexistantes dans la plupart des cas) sont
nécessaires pour assurer une durabilité des exploitations.
En effet, la construction des retenues d'eau, même de
dimensions modestes est intéressante à bien des égards, de
la recharge de la nappe phréatique à la fixation de la
2 O.S.S. Organisation internationale
créée en 1992 dont le siège est à Tunis. Elle
regroupe 22 pays africains et 5 pays occidentaux ayant pour objectif la lutte
contre la sécheresse en Afrique.
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population en passant par le développement
d'activités telles que l'agriculture en saison sèche,
l'élevage, la pêche, la consommation humaine et toute autre
activité dont la réalisation nécessite la présence
de la ressource. Le chômage se trouve ainsi réduit, l'alimentation
des populations rurales est diversifiée et enrichie par la
disponibilité de légumes et de poisson frais et les revenus des
exploitants sont accrus. Nonobstant cette pléthore
d'intérêts, on est le plus souvent tenté de se demander si
des mesures sont prises parallèlement à ces constructions et
leurs retombées, pour préserver les acquis et en assurer une
exploitation durable. A-t-on pensé à la restauration et à
la protection de ces milieux qui déjà dégradés, se
trouvent désormais menacés davantage suite à la pression
humaine qu'entraînera le point d'eau ?
A-t-on pris des dispositions pour contrôler les
multiples prélèvements d'eau et prévoir les
éventuels conflits qui peuvent éclater entre usagers, quand on
sait que les intérêts des exploitants sont divergents et parfois
même contradictoires ? A-t-on pensé aux risques sanitaires que
courent la population riveraine et ces animaux qui s'y abreuvent tout le long
de la saison sèche ?
Autant de questions auxquelles on pourrait répondre par
la négative vu l'état de détérioration de la
plupart des ouvrages et l'anarchie qui règne autour. La
négligence de ces aspects a des conséquences graves susceptibles
à la longue de compromettre toute la rentabilité des
investissements consentis. Ainsi, nos inquiétudes sont
légitimées par le paradoxe lié aux niveaux d'utilisation
de ces petits barrages en rapport avec les prévisions. La
préoccupation majeure de la présente étude s'articule
autour des conditions d'exploitation de cette ressource aussi rare que
chère dans un pays sahélien comme le notre. Elle interpelle alors
à la fois les donateurs et les populations bénéficiaires.
S'intéressant à la valorisation des petites retenues d'eau,
l'intérêt d'une telle étude est évident et multiple
dans la mesure où elle s'articule autour de la satisfaction durable des
besoins en eau.
Dans le cadre d'un mémoire de maîtrise, il serait
utopique de traiter la question au niveau national, ainsi avons-nous choisi de
porter nos investigations sur les barrages de Guido et de Fara qui expriment de
façon éloquente la problématique ci-dessus
posée.
De fait, ces deux ouvrages à l'image de centaines
d'autres, ont été réalisés suite à la
sècheresse des années 70 et 71. Bien que situés dans deux
régions administratives différentes : Guido dans le
Sanguié (Centre ouest) et Fara dans les Balé (Boucle du Mouhoun),
ces barrages appartiennent au même bassin hydrographique ; celui du
fleuve Mouhoun. A l'époque, les problèmes d'eau ont
été durement ressentis par les populations de ces deux
localités qui l'ont assez évoqué lors de nos entretiens.
Ils doivent alors leur salut à la présence de ces plans d'eau
réalisés seulement en 1983 à Guido et 1992 à Fara
et qui dès lors, sont
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devenus les lieux de satisfaction de toutes les sollicitations
d'eau. Mais aujourd'hui, le constat est alarmant car ces ouvrages ont l'amont
et la quasi-totalité de leurs berges colonisés par des
exploitants maraîchers et rizicoles. D'innombrables troupeaux de
bétail viennent s'y désaltérer en même temps que les
riverains prélevant l'eau pour les usages domestiques. Cette anarchie
atteint son paroxysme pendant les périodes de pointe (janvier-avril).
Par ailleurs, ces retenues baignent dans un délaissement total dont les
conséquences sont la détérioration des digues, des
déversoirs et la perte de leur capacité de rétention
d'eau. La pire des menaces est qu'étant autrefois pérennes toute
la saison sèche, ces barrages tarissent de plus en plus
précocement depuis une décennie suscitant ainsi des
inquiétudes quant à la durabilité des activités qui
en dépendent. On assiste de ce fait à un retour progressif
à la cage départ. C'est dans ce souci que s'inscrit la
présente étude qui cherche d'une part, à établir la
perception des populations bénéficiaires liée à
l'utilisation de cette eau et d'autre part, à discuter l'investissement
de donateurs et autres services techniques quant à une appropriation
réelle et efficiente des enjeux se rapportant à la gestion
durable de ladite ressource par les bénéficiaires.
Ces comportements s'expliquent-ils par l'ignorance des
bénéficiaires ou par l'illusion de disposer d'une ressource
inépuisable ?
Qu'est ce qui explique le manque d'entretien des ouvrages et
l'anarchie autours, compromettant ainsi leur pérennité et leur
durabilité?
Quelles stratégies développer pour assurer une
exploitation efficiente et durable des retenues d'eau ?
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