Année universitaire 2010-2011
MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE BURKINA
FASO
SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE Unité -
Progrès - Justice
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU
|
|
UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCE HUMAINES
(UFR/SH)
|
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
|
MEMOIRE DE MAITRISE
(Option Rurale)
THEME
PROBLEMATIQUE DE LA
SATISFACTION DURABLE DES
BESOINS
EN EAU AUTOUR DES BARRAGES DE
FARA ET DE GUIDO
Présenté par :
SANOU David Luther
Sous la direction de :
Pr. SOME P. Honoré. Maître de conférences
i
DEDICACE
Je dédie ce mémoire à toutes les
personnes qui me sont très chères :
Mon père et ma mère ;
Mes frères et mes soeurs ;
Mes amis et mes proches.
ii
REMERCIEMENTS
Ce mémoire est la concrétisation d'un processus de
formation et de recherche. Sa réalisation résulte d'une synergie
d'efforts et de sacrifices fournis par un ensemble de personnes de bonnes
volontés. Cela nous donne l'occasion d'adresser nos sincères
remerciements à :
Tous les enseignants du Département de Géographie,
pour la formation dont nous avons bénéficié ;
Monsieur Honoré P. SOME, notre directeur de mémoire
qui, en dépit de ses multiples occupations, a été
disponible pour nous guider par ses précieux conseils ;
Monsieur Dapola Evariste C. DA, pour nous avoir permis
d'accéder au laboratoire de SIG et de télédétection
où nous avons bénéficié d'un renforcement
conséquent de capacités ;
Monsieur Lucien DAMIBA, notre maître de stage, Coordinateur
de la Cellule Hydraulique de l'OCADES Burkina, et Monsieur Michel COMPAORE,
pour leurs conseils et disponibilité ;
Monsieur Dieudonné DOULKOM, Chargé de programme de
la VAREK et ses collaborateurs, en particulier Mme ZIDA née BAKOAN
Florence et Monsieur Joseph BADOLO, animateurs à la VAREK ;
Monsieur Paul Y. BAMOGO et son épouse à Koudougou,
pour leur hospitalité ;
Les populations de Fara et de Guido, pour leur accueil chaleureux
et leur hospitalité durant notre séjour sur les sites ;
L'ensemble des stagiaires du laboratoire de SIG et de
télédétection, pour leur soutien;
Toutes les personnes qui nous ont apporté un quelconque
soutien.
iii
SOMMAIRE
DEDICACE i
REMERCIEMENTS ii
SOMMAIRE iii
SIGLES ET ACCRONYMES iv
RESUME 1
SUMMARY 2
INTRODUCTION GENERALE 3
PREMIERE PARTIE : L'ENVIRONNEMENT DES DEUX BARRAGES 16
CHAPITRE I : L'ENVIRONNEMENT PHYSIQUE ET HUMAIN DES BARRAGES
17
CHAPITRE II : LA GESTION DE L'EAU AU BURKINA FASO 29
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DU VOLUME D'EAU DISPONIBLE ET DES
PRELEVEMENTS. 38
CHAPITRE III : LES CONDITIONS DE DURABILITE DES OUVRAGES 39
CHAPITRE IV : LES RETOMBEES SOCIOECONOMIQUES ET LES 65
PERSPECTIVES POUR UNE MEILLEURE GESTION DES 65
OUVRAGES 65
CONCLUSION GENERALE 76
BIBLIOGRAPHIE 77
ANNEXES 84
iv
SIGLES ET ACCRONYMES
A.M.B.
|
Action Micro Barrages
|
BUNASOL
|
Bureau National des Sols
|
ASDI
|
Agence Suédoise de Développement International
|
CLE
|
Comité Local de l'Eau
|
D.G.M.
|
Direction Générale de la
Météorologie
|
D.G.R.E
|
Direction Générale des Ressources en Eau
|
FAO
|
Food and Agriculture Organization
|
FEER
|
Fond de l'Eau et de l'Equipement Rural
|
FIT
|
Front Inter Tropical
|
GIRE
|
Gestion Intégrée des Ressources en Eau
|
G.P.S.
|
Global Positionning System
|
I.D.H.
|
Indice de Développement Humain
|
I.R.D
|
Institut de Recherche pour le Développement
|
M.A.H.R.H.
|
Ministère de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des
Ressources Halieutiques
|
OCADES
|
Organisation Catholique pour le Développement et la
Solidarité
|
O.N.B.I
|
Office National des Barrages et d'Irrigation
|
O.N.G
|
Organisation Non Gouvernementale
|
PAGIRE
|
Plan d'Action pour la Gestion Intégrée des
Ressources en Eau
|
P.I.B.
|
Produit Intérieur Brut
|
S.I.G.
|
Systèmes d'Information Géographiques
|
UMEC
|
Unité Mécanique
|
VAREK
|
Valorisation des Ressources en Eau de Koudougou
|
RESUME
Le caractère essentiel de l'eau à la vie fait
qu'elle a toujours été l'objet d'une attention
particulière de la part des hommes. De ce fait, dans le milieu rural
burkinabè, les périodes de sécheresse des années
1970 furent durement ressenties par les populations. Les petits barrages alors
réalisés dans les villages de Fara et de Guido à
l'époque ont certes soulagé les souffrances des populations
locales. Cependant quatre décennies après, suite à la
croissance démographique qui entraine une augmentation des besoins en
eau et des exploitations et face à l'effet destructeur du poids du temps
et des activités sur les ouvrages, on s'inquiète de la
satisfaction durable de ces besoins en eau autour desdits barrages. On se
demande quelles sont les dispositions prises pour préserver et
sauvegarder la ressource afin quelle puisse continuer de répondre aux
sollicitations dont elle fait l'objet ?
Pour répondre à cette préoccupation, nous
nous sommes fixés comme objectif d'analyser le mode de gestion de l'eau
des deux retenues et ce, en vu de vérifier l'hypothèse selon
laquelle les populations riveraines desdites retenues ignoreraient tout de
l'exploitation et de la gestion d'une retenue d'eau. Sur la base d'une
recherche documentaire approfondie, nous avons dégagé les
indicateurs et les variables appropriés pour bâtir une
méthodologie de recherche dont la mise en oeuvre nous a conduit à
des enquêtes et des observations sur le terrain pour collecter les
données nécessaires à notre étude.
Il ressort substantiellement que ces ouvrages sont
perçus par les bénéficiaires comme appartenant au monde
moderne, d'où l'absence de la perception culturelle et traditionnelle de
l'eau faisant d'elle une ressource à accès libre et exempte de
toute discrimination. Les barrages sont de ce fait la zone de
prédilection de tout type d'activités et de demandes en eau.
L'irrigation, le maraîchage, l'abreuvement du bétail, les usages
domestiques, la construction, l'orpaillage, etc. sont les multiples
sollicitations de la ressource qui génèrent des retombées
économiques et sociales considérables pour les localités
concernées. Cet état de fait provoque une exploitation anarchique
des ouvrages entravant alors leur pérennité et compromettant leur
durabilité. Ainsi, une organisation de la gestion des retenues s'impose
au niveau local par l'application de normes modernes et l'implication effective
des autorités locales.
1
Mots clés : Burkina Faso, Fara, Guido,
barrages, eau.
SUMMARY
The necessity of water for maintaining life has always been
the object of special attention for humankind. The droughts of the 1970s were
intensely felt by the rural population of Burkina Faso. At the time, small dams
that were made in the villages of Fara and Guido helped to ease the suffering
of locals. Four decades later, however, following population growths that lead
to increased water consumption and being faced with degraded infrastructure,
there are concerns about the sustainability of said dams. In light of this, one
asks the question: What steps are being taken to preserve and protect this
resource so that it can continue to meet the demands placed upon it?
To address this concern, we analyzed the current method of
water management and in view of testing the hypothesis, local populations of
the said deductions were unaware of how to care-for and manage the reservoirs.
Based on an extensive literature search, we identified indicators and variables
to build an appropriate research methodology whose implementation has led to
investigations and field observations to collect data for our study.
It appears that reservoirs are largely perceived by
beneficiaries as being a part of the modern world, hence the lack of cultural
and traditional understanding. Beneficiaries also hold the reservoir as a
resource for everyone -- free of discrimination. Dams are therefore the
preferred area for water consumption. Irrigation, market gardening, livestock
watering, domestic uses, construction, and gold mining are some of the uses for
the resource that generates considerable social and economic benefits for the
involved communities. This aspect promotes the unfettered exploitation of the
manmade dams, which reduces their lifespan and compromises their durability.
Therefore, an organization is needed to manage water use by the community using
modern standards and practices and with the cooperation of local
authorities.
2
Keywords: Burkina Faso, Fara, Guido, dam, water.
3
INTRODUCTION GENERALE
Depuis le troisième millénaire Av. J.C., les
égyptiens considéraient l'eau comme la force primordiale de la
vie. «...c'est elle qui, combinée avec le soleil, donne la vie
» affirmaient-ils à travers les hiéroglyphes. Cette
assertion traduit le caractère indispensable de l'eau à toute vie
animale ou végétale. Son importance se révèle
davantage de nos jours dans les quatre coins de la planète, ce qui lui
vaut le qualificatif d'« or bleu du XXIème
siècle» (S. FEUILLETTE, 2001)
Dans le cas du Burkina Faso, il importe d'accorder une
attention particulière à la question, vue l'état
d'enclavement du pays, sa situation dans la ceinture sahélienne et ses
caractéristiques géomorphologiques et géologiques.
En effet, localisé entre le 14e degré
de longitude Ouest et le 2e de longitude Est, et entre le
14e et le 10e degré de latitude Nord, le pays n'a
aucune frontière maritime et est sous l'influence d'un climat soudano
sahélien. Ainsi, les mouvements du FIT lui confèrent deux saisons
bien tranchées que sont:
- une saison sèche d'octobre à mai,
- une saison pluvieuse de juin à septembre.
Toute la quantité d'eau tombée se trouve alors
concentrée sur cinq mois pendant que les sept mois de saison
sèche connaissent une pénurie de pluie. A l'inégale
répartition spatio-temporelle des pluies, s'ajoute une diminution
progressive des quantités d'eau qui tombent au fil des ans. Constat
qu'atteste le balancement de l'isohyète 500 mm du nord vers le sud du
pays et la disparition de l'isohyète 1400 mm.
Outre la pluviométrie défavorable, la platitude
d'ensemble du relief a comme résultante le manque de grands cours d'eau
à même de retenir les quantités d'eau tombées. Une
bonne partie des eaux de surface est drainée hors du pays, tandis que le
reste est soumis à l'infiltration et à une intense
évaporation. La structure géologique du sol, à dominance
granitique, constitue par ailleurs un frein à l'infiltration des eaux
d'où une faible recharge des nappes aquifères. Le volume d'eau de
pluie que reçoit le pays est estimé à 206,9 milliards de
mètres cube par an dont 8,79 s'écoulent vers l'extérieur.
32,43 milliards de mètres cube s'infiltrent tandis que 144,83 milliards
de mètre cube se perdent par évaporation (GIRE, mai 2001).
Dès lors, on se pose la question de savoir à quel niveau se situe
le problème d'eau que vit le pays ? Est il d'ordre structurel ou est il
lié au mode d'exploitation de la ressource disponible ?
Plus de 80% de la quantité d'eau reçue sont
inexploitables parce que drainés vers l'extérieur ou perdus suite
à l'évaporation ; exposant ainsi la population aux
pénuries d'eau en
4
saison sèche. Les principaux facteurs de croissance de
l'économie nationale que sont l'agriculture et l'élevage en
souffrent énormément. Ceux-ci contribuent pour près de 31%
au PIB et 60% aux exportations. Le secteur agricole emploi 92% de la population
active qui se trouve alors sans activités pendant les longues saisons
sèches.
Dès lors, on perçoit toute l'urgence d'apporter
un correctif à ce déficit naturel par la mobilisation de la
ressource eau, en créant des retenues artificielles. Le but étant
de réduire les pertes, surtout par écoulement, en construisant
des barrages pour ainsi palier les longues périodes de sècheresse
saisonnières. Dans ce contexte, l'accès à l'eau restera
toujours une préoccupation pour tout le monde : gouvernement, ONG et
populations.
Depuis les années 1920 (année de
réalisation du premier barrage au Burkina Faso) de nombreux barrages ont
été réalisés à travers le pays. Dès
lors, l'évolution des réalisations donne :
- 27 barrages en 1947,
- 90 barrages en 1956,
- 430 barrages en 1984,
- 2088 barrages en 1995 et
- 2100 barrages en 2001
Plusieurs autres retenues ont été
réalisées après cette date. De cet effectif, on
dénombre 150 ouvrages réalisés par l'Eglise
Famille1 du Burkina Faso dans le but de :
- renforcer la sécurité alimentaire,
- améliorer les revenus et les conditions de vie des
populations rurales, - protéger et restaurer l'environnement,
- limiter l'exode rural et les migrations vers les régions
côtières etc.
Les objectifs poursuivis par cette action commune de
réalisation des barrages sont pertinents et les résultats
atteints sont relativement appréciables de nos jours, vu les
conséquences des sècheresses qu'ils ont contribué à
atténuer. Seulement, les besoins en eau des populations augmentent avec
la croissance démographique et le développement des
activités économiques, faisant du problème d'eau une
question récurrente. D'emblée, la gestion de l'eau ainsi
mobilisée se place au centre des préoccupations et requiert une
attention particulière. L'on s'interroge donc sur les conditions de
mobilisation et d'exploitation des ressources hydrauliques. Réaliser des
barrages permet certes de mobiliser et de satisfaire les besoins en eau pendant
une période donnée, mais qu'en est-il de la durabilité de
ces retenues ?
1 Eglise Famille : appellation donnée
à l'ensemble des catholiques pour signifier la cohésion sociale
entre les adeptes
5
Le mode d'exploitation des ressources en eau s'inscrit-il dans
une perspective de durabilité ?
I- LA PROBLEMATIQUE
A travers le monde, l'augmentation de la demande en eau et la
difficile maîtrise des eaux de surface accentue le risque de
déséquilibre entre les besoins et la disponibilité en eau.
La gestion des eaux de surface a fait l'objet de nombreuses études et
s'avère encore plus critique de nos jours vu la croissance
démographique et le développement des activités
socio-économiques entraînant une augmentation exponentielle des
demandes pour une ressource en eau dont l'accès devient de plus en plus
difficile. Ce problème d'eau que l'on vit est-il lié à des
difficultés de mobilisation ou à de mauvaises pratiques dans
l'exploitation des ressources hydriques disponibles ?
Dans le cas du Burkina Faso, la ressource en eau disponible
donne 820 m3/habitant /an. Ce qui est nettement en
deçà du seuil de pénurie d'eau situé à
1000m3/habitant/an. Il convient alors de situer la
problématique nationale de l'eau au niveau de celui de la mobilisation
et surtout celui de l'exploitation de la ressource mobilisée et de se
demander à quel type de gestion et d'exploitation est destinée
cette pléthore de barrages ?
Dans quelles conditions sont faits les
prélèvements d'eau au niveau des retenues et quel entretien leur
est réservé ?
En 2002, l'Observatoire du Sahara et du Sahel
(O.S.S)2 montrait qu'au Burkina Faso les prélèvements
d'eau sont supérieurs aux besoins, soit 0,11km3 contre
0,35km3 en 1996. Il prévoyait pour 2030, 0,20km3
pour les besoins et 0,63km3 pour les prélèvements.
L'exploitation durable des ressources en eau est alors l'équation
prioritaire à résoudre.
Ces prélèvements exorbitants sont d'une part
imputables aux facteurs physiques tels que l'infiltration et
l'évaporation qui prélèvent à elles seules
prêt de 70% des eaux de surfaces exploitables. Cependant, des
études montrent que ces pertes sont difficiles à contrecarrer et
les moyens pour y parvenir trop onéreux.
D'autre part, on sait que réaliser des ouvrages pour
que soit disponible l'eau de surface, contribue à la fixation des
populations locales et la création de nombreuses activités dont
les paysans tirent des revenus non négligeables en saison sèche
mais, des mesures d'accompagnement (inexistantes dans la plupart des cas) sont
nécessaires pour assurer une durabilité des exploitations.
En effet, la construction des retenues d'eau, même de
dimensions modestes est intéressante à bien des égards, de
la recharge de la nappe phréatique à la fixation de la
2 O.S.S. Organisation internationale
créée en 1992 dont le siège est à Tunis. Elle
regroupe 22 pays africains et 5 pays occidentaux ayant pour objectif la lutte
contre la sécheresse en Afrique.
6
population en passant par le développement
d'activités telles que l'agriculture en saison sèche,
l'élevage, la pêche, la consommation humaine et toute autre
activité dont la réalisation nécessite la présence
de la ressource. Le chômage se trouve ainsi réduit, l'alimentation
des populations rurales est diversifiée et enrichie par la
disponibilité de légumes et de poisson frais et les revenus des
exploitants sont accrus. Nonobstant cette pléthore
d'intérêts, on est le plus souvent tenté de se demander si
des mesures sont prises parallèlement à ces constructions et
leurs retombées, pour préserver les acquis et en assurer une
exploitation durable. A-t-on pensé à la restauration et à
la protection de ces milieux qui déjà dégradés, se
trouvent désormais menacés davantage suite à la pression
humaine qu'entraînera le point d'eau ?
A-t-on pris des dispositions pour contrôler les
multiples prélèvements d'eau et prévoir les
éventuels conflits qui peuvent éclater entre usagers, quand on
sait que les intérêts des exploitants sont divergents et parfois
même contradictoires ? A-t-on pensé aux risques sanitaires que
courent la population riveraine et ces animaux qui s'y abreuvent tout le long
de la saison sèche ?
Autant de questions auxquelles on pourrait répondre par
la négative vu l'état de détérioration de la
plupart des ouvrages et l'anarchie qui règne autour. La
négligence de ces aspects a des conséquences graves susceptibles
à la longue de compromettre toute la rentabilité des
investissements consentis. Ainsi, nos inquiétudes sont
légitimées par le paradoxe lié aux niveaux d'utilisation
de ces petits barrages en rapport avec les prévisions. La
préoccupation majeure de la présente étude s'articule
autour des conditions d'exploitation de cette ressource aussi rare que
chère dans un pays sahélien comme le notre. Elle interpelle alors
à la fois les donateurs et les populations bénéficiaires.
S'intéressant à la valorisation des petites retenues d'eau,
l'intérêt d'une telle étude est évident et multiple
dans la mesure où elle s'articule autour de la satisfaction durable des
besoins en eau.
Dans le cadre d'un mémoire de maîtrise, il serait
utopique de traiter la question au niveau national, ainsi avons-nous choisi de
porter nos investigations sur les barrages de Guido et de Fara qui expriment de
façon éloquente la problématique ci-dessus
posée.
De fait, ces deux ouvrages à l'image de centaines
d'autres, ont été réalisés suite à la
sècheresse des années 70 et 71. Bien que situés dans deux
régions administratives différentes : Guido dans le
Sanguié (Centre ouest) et Fara dans les Balé (Boucle du Mouhoun),
ces barrages appartiennent au même bassin hydrographique ; celui du
fleuve Mouhoun. A l'époque, les problèmes d'eau ont
été durement ressentis par les populations de ces deux
localités qui l'ont assez évoqué lors de nos entretiens.
Ils doivent alors leur salut à la présence de ces plans d'eau
réalisés seulement en 1983 à Guido et 1992 à Fara
et qui dès lors, sont
7
devenus les lieux de satisfaction de toutes les sollicitations
d'eau. Mais aujourd'hui, le constat est alarmant car ces ouvrages ont l'amont
et la quasi-totalité de leurs berges colonisés par des
exploitants maraîchers et rizicoles. D'innombrables troupeaux de
bétail viennent s'y désaltérer en même temps que les
riverains prélevant l'eau pour les usages domestiques. Cette anarchie
atteint son paroxysme pendant les périodes de pointe (janvier-avril).
Par ailleurs, ces retenues baignent dans un délaissement total dont les
conséquences sont la détérioration des digues, des
déversoirs et la perte de leur capacité de rétention
d'eau. La pire des menaces est qu'étant autrefois pérennes toute
la saison sèche, ces barrages tarissent de plus en plus
précocement depuis une décennie suscitant ainsi des
inquiétudes quant à la durabilité des activités qui
en dépendent. On assiste de ce fait à un retour progressif
à la cage départ. C'est dans ce souci que s'inscrit la
présente étude qui cherche d'une part, à établir la
perception des populations bénéficiaires liée à
l'utilisation de cette eau et d'autre part, à discuter l'investissement
de donateurs et autres services techniques quant à une appropriation
réelle et efficiente des enjeux se rapportant à la gestion
durable de ladite ressource par les bénéficiaires.
Ces comportements s'expliquent-ils par l'ignorance des
bénéficiaires ou par l'illusion de disposer d'une ressource
inépuisable ?
Qu'est ce qui explique le manque d'entretien des ouvrages et
l'anarchie autours, compromettant ainsi leur pérennité et leur
durabilité?
Quelles stratégies développer pour assurer une
exploitation efficiente et durable des retenues d'eau ?
II. LES HYPOTHESES DE L'ETUDE
La principale hypothèse est que les populations
riveraines des barrages de Guido et de
Fara ignorent tout de l'exploitation et de la gestion d'une
retenue d'eau.
De façon spécifique nous disons que :
- les activités en amont et sur les berges des barrages
accélèrent leur envasement ;
- diverses sollicitations concurrentes s'expriment sans arbitrage
autour des barrages ;
- les riverains ont une perception traditionnelle de l'eau
rendant difficile l'instauration
de règles modernes de gestion ;
- il n'y a pas de contrôle sur les
prélèvements d'eau, ni sur leurs fréquences et
leur
volume.
Pour vérifier ces hypothèses nous nous sommes
fixés les objectifs suivants :
8
III. LES OBJECTIFS DE L'ETUDE
L'objectif global de l'étude est d'analyser les modes de
gestion de l'eau des retenues. De façon spécifique il s'agira:
- d'analyser l'impact des activités en amont et sur les
berges sur la réduction du volume d'eau des retenues ;
- d'inventorier et analyser les différentes formes de
prélèvement de l'eau des retenues ;
- d'examiner l'incidence de la perception paysanne de l'eau
sur la gestion des ouvrages ;
- d'apprécier le niveau d'organisation pour la gestion de
l'eau.
IV. LA DEMARCHE METHODOLOGIQUE
Elle s'articule autour de deux axes :
? une recherche documentaire ;
? la collecte des données sur le terrain.
4.1- La recherche documentaire
Il existe une importante documentation qui traite de la
problématique de l'eau sur le plan national et international. Dans notre
cas, nous avons orienté notre recherche documentaire vers la
mobilisation et la gestion de l'eau de surface notamment les petits barrages.
Ainsi, a- telle consisté à la collecte des données
secondaires au niveau international, national, régional et local en
rapport avec notre thème de recherche. Les principaux documents
exploités sont ceux portants sur la politique nationale en
matière d'eau, les rapports des structures intervenant dans le domaine
de l'eau, les rapports du Ministère de l'Agriculture de l'Hydraulique et
des Ressources Halieutiques (MAHRH), les rapports des institutions qui y sont
rattachées, des rapports de recherche et des études
effectuées par la Cellule Hydraulique du Secrétariat National de
l'OCADES Burkina et le Programme de Valorisation des Ressources en Eau de
Koudougou (VAREK)3 portant sur la problématique de la gestion
des retenues d'eau.
Cette recherche a permis de faire la lumière sur la
définition de certains termes clés que nous utilisons dans le
contexte de notre étude.
Petit barrage : « Un petit barrage est
un ouvrage en terre ayant les caractéristiques suivantes : une
profondeur moyenne inférieure à 10 m, une capacité de
rétention d'eau inférieure ou égale à 1.000.000
m3, une superficie inondable de quelques dizaines de km2.
»
3 Programme de Valorisation des Ressources en Eau de
Koudougou ; c'est notre projet de tutelle lors du stage pour la
réalisation du présent document (
www.varek.org)
9
(Historique des retenues cité par SIGUIBEOGO T. R.,
1987). Les barrages de Fara et de Guido répondent à cette
définition.
Besoin en eau : « concept
théorique déterminé par les objectifs de l'activité
qui l'engendre et par la relation d'efficacité entre usage de l'eau en
quantité et en qualité données - et les résultats.
Il est donc exprimé le plus souvent de manière « unitaire
» (par habitant, par hectare irrigué, par tête de
bétail, par unité de production). Le besoin en eau a un
caractère normatif (référence pour évaluer la
demande présente et prévisionnelle). Il est indépendant de
l'offre » (O.S.S. 2002)
Demande en eau : « la demande en eau est
un fait réel observable, déterminé non seulement par les
nécessités de l'activité utilisatrice, mais aussi par
l'influence de l'offre (Celle de la nature de la ressource aussi bien que celle
d'un secteur intermédiaire de production/distribution). La demande peut
alors être supérieure au besoin (en cas d'offre surabondante et
très accessible) ou inférieure (en cas d'offre rare et
coûteuse), en quantité comme en qualité. La
prévision des demandes ne peut donc être indépendante de
celle de l'offre » (O.S.S. 2002).
Prélèvement d'eau : c'est la
quantité d'eau soustraite de la source d'approvisionnement pour
satisfaire la demande. (Elle est généralement supérieure
à la demande à cause des pertes par évaporation, par
infiltration ou lors du transport). Dans le cas de l'irrigation les pertes
peuvent être dues à la mauvaise qualité des canaux
d'irrigation qui occasionnent l'infiltration ou l'évaporation.
Ressources en eau : selon Jean MARGATE,
(Octobre 1995) dans le Dictionnaire français d'hydrologie le concept de
« ressources en eau peut revêtir deux Significations.
Au sens strict premier, les ressources en eau
représentent « l'eau dont dispose ou peut disposer un utilisateur
ou un ensemble d'utilisateurs pour couvrir ses besoins. »
Au Sens élargi, les ressources en eau
représentent « Les eaux de la nature considérées du
point de vue de leur utilité pour les humains et des possibilités
de les utiliser. »
Selon le glossaire international d'hydrologie (UNESCO-OMM,
1992), les ressources en eau représentent l'ensemble des eaux
disponibles, ou que l'on peut mobiliser, pour satisfaire en quantité et
en qualité une demande donnée en un lieu donné, pendant
une période appropriée.
Gestion de l'eau : le glossaire international
d'hydrologie (UNESCO-OMM, 1992), défini la gestion de l'eau comme la
« planification de la mise en valeur, de la distribution
et de l'utilisation des ressources en eau ».
10
4.2- Le choix des sites
L'étude porte sur les barrages de Fara et de Guido,
autour desquels ont été analysés les volumes, la
fréquence, la destination et l'organisation des
prélèvements d'eau. Ce choix se justifie par des arguments
essentiels suivants:
- Les deux ouvrages ont été retenus par le
Programme VAREK pour une analyse plus approfondie vue leur importance
économique pour les populations locales et l'intensité des
activités qui se mènent autour (agriculture, élevage,
orpaillage, usages domestiques, fabrication de briques...) ;
- Le site de Fara, outre les autres types d'exploitations, est
doté d'un périmètre irrigué dont les exploitants
sont organisés en groupement. A Guido par contre, on a affaire à
une exploitation maraîchère de type traditionnel et
inorganisée jusque là. Mais face à l'intensité de
l'activité autour du barrage, une organisation des exploitants s'impose
;
- Les exploitations des barrages diffèrent l'une de
l'autre par les communautés qui y travaillent et qui ont par
conséquent une perception différente des ouvrages et de leur
entretien. Une communauté Lyélé (Gourounsi) à Guido
et une communauté composée de migrants à majorité
Mossé à Fara.
4. 3- La revue de la littérature
La politique de construction des petites retenue d'eau
adoptée par l'Etat burkinabé, répond à des
exigences d'ordre économique, physique et même social. En effet,
la précarité de la pluviométrie demande que des mesures
palliatives soient prises pour contrecarrer la longue saison sèche afin
de stimuler un développement basé sur l'agriculture et
l'élevage, secteurs constituant le socle de l'économie nationale.
C'est pour répondre à cette exigence que des efforts sont
consentis tant par les autorités que par les opérateurs
privés (O.N.G. et collectivités locales), pour la construction de
retenues d'eau avec un intérêt particulier pour les petits
barrages (environ 2100 retenues d'eau en 2001 selon le MAHRH) au
détriment des grandes retenues parce que ces derniers nécessitent
de grands investissements financiers pour leur réalisation et leur
gestion. De plus, les grandes retenues exigent d'importants aménagements
entraînant souvent d'énormes déménagements pouvant
toucher des villages entiers et sont difficilement appropriées par les
populations rurales. Par ailleurs, leur envergure favorise les effets de
l'insolation et des vents qui occasionnent d'importantes pertes par
évaporation.
SANOU D ; 1988, dans ces travaux sur le maraîchage, fait
ressortir les avantages qu'offrent les petites retenues d'eau. Celles-ci
permettent de freiner l'écoulement des eaux de
11
ruissellement permettant ainsi le recule des délais
d'assèchement. Elles favorisent également le relèvement du
niveau de la nappe phréatique par l'infiltration des eaux stagnantes, ce
qui assure une pérennité des puits et forages avoisinants. Aussi,
en saison sèche, ces retenues d'eau offrent des possibilités
d'irrigation, d'abreuvement des animaux et de satisfaction des besoins
domestiques en eau. Enfin, leur gestion est relativement plus aisée que
les barrages de grande envergure. De ce fait, dans un pays sahélien
à longue saison sèche comme le Burkina Faso, elles constituent un
facteur de stimulation du développement locale. Ces multiples avantages
justifient également le choix de l'Eglise Famille du Burkina Faso qui,
depuis 1929 construit de petits barrages à travers le pays. De nos
jours, face à la multiplication des activités d'exploitation de
ces barrages, face également au manque d'appropriation de ces ouvrages
par les exploitants, un grand nombre d'entre eux se trouvent dans un
état précaire générant des inquiétudes quant
à leur durabilité.
La problématique des retenues d'eau a fait l'objet de
plusieurs études au Burkina Faso et sur différents aspects. Une
des questions récurrentes est celle de l'envasement qui compromet
véritablement les résultats escomptés lors de la
réalisation des ouvrages. La conséquence est l'amenuisement des
ressources en eau disponibles. Les recherches de DIPAMA, J.M. (1991) sur les
barrages numéros 1, 2 et 3 de Ouagadougou, OUEDRAOGO, A. (1994) sur le
barrage de Laaba dans le Yatenga et de YADILA (2000) et OUEDRAOGO, N (2003) sur
le lac Dem, démontrent l'importance de ce phénomène et les
conséquences socioéconomiques. L'ensablement des retenues d'eau
détériore les ouvrages et accélère l'infiltration.
Dans le Tome I de l'Hydrologie des petits barrages, paru en décembre
1984, on estime les pertes d'eau par infiltration de 0,7 à 1m des
hauteurs d'eau retenues par an. D'autres facteurs tels que le manque
d'entretien des ouvrages, la mauvaise organisation des exploitants et la
multiplicité des activités, hypothèquent davantage la
durabilité des ouvrages. Ainsi, pour lutter efficacement contre
l'ensablement et l'exploitation anarchique des retenues d'eau, il importe d'en
appréhender la perception paysanne.
On arrive à la conclusion que pour une satisfaction
durable des besoins en eau, il faut instaurer une gestion des retenues d'eau
qui passe par l'action simultanée des donateurs et des
bénéficiaires comme l'indique FEUILLETTE S. (2001). Elle
conseille la mise en place de mesures intermédiaires à même
d'assurer une disponibilité continue de la ressource. Toutes les parties
prenantes doivent mener des actions conjuguées à trois niveaux :
modifier la disponibilité de l'eau par des investissements structurels,
modifier ou augmenter l'efficience des usages par des mesures incitatives et
enfin, instaurer les mesures intermédiaires sur la distribution pour
réduire les pertes.
12
Elle démontre que le rationnement de la demande en eau
au niveau d'une ressource « communautaire à accès libre
», passe nécessairement par la responsabilisation des premiers
acteurs que sont les exploitants. Il s'agit de les amener à prendre
conscience des aspects « communautaire » et « fini » de la
ressource et du rôle que joue chacun d'eux pour sa sauvegarde.
Notre étude prendra en compte ces aspects en mettant un
accent particulier sur la gestion de la demande4 qui passe par un
ensemble d'actions telles que l'éducation (information, sensibilisation
et formation), l'organisation des riverains et l'instauration d'instruments de
gestion permettant le contrôle des prélèvements et la
réduction des pertes.
Cette revue est intéressante à bien des
égards compte tenu du fait qu'elle donne des éléments de
réponse à une partie de nos inquiétudes. De là se
dégage alors l'intérêt qui est porté sur les
barrages de Guido et de Fara, parce que les problèmes abordés
ci-dessus y sont réels et nécessitent une solution
impérative.
V- LES ENQUETES DE TERRAIN
5.1- L'échantillonnage démographique
<<L'eau des deux barrages est destinée à
quatre usages principaux à savoir : le maraîchage, l'abreuvement
des animaux, la construction, et les usages domestiques. >> (Cellule
hydraulique OCADES, 2006). La population cible se compose de maraîchers,
d'éleveurs et d'usagers divers : domestiques, briquetiers,
pêcheurs, orpailleurs et autres. Nous avons aussi interrogé
quelques personnes exploitant l'amont des retenues en saison pluvieuse.
Les enquêtes se sont déroulées en
début de la période où les demandes d'eau sont fortes
(février) en raison du tarissement des autres points d'eau. Nous avons
eu des entretiens avec tous les types d'exploitants et avec des personnes
ressources des deux villages : les chefs de terres de Guido et de Fara, le
groupement des producteurs du Périmètre Irrigué (P.I.) de
Fara, les animateurs et le coordinateur du projet VAREK intervenant sur les
sites d'étude; soit au total 152 personnes.
5.2- Les outils de collectes des données
Les principaux outils utilisés pour la collecte des
données sont le questionnaire et le guide d'entretien. A cet effet, une
fiche d'enquête a été élaborée et
adressée aux maraîchers, aux éleveurs, aux briquetiers et
aux usagers domestiques. Les guides d'entretien ont permis de
4 Grimble et all. (1996) in Feuillette S. 2001,
indique que la gestion de la demande porte surtout sur la modification des
différentes sollicitations de la ressource.
13
recueillir des informations lors des rencontres avec les
différentes personnes ressources des
sites. A travers cette collecte nous avons recherché les
informations suivantes:
> Les perceptions culturelles de l'eau par les populations
riveraines ;
> Les perspectives paysannes par rapport à la
durabilité et l'eutrophisation de la
ressource ;
> La perception paysanne des causes et des conséquences
de la réduction de la capacité
des retenues ;
> Les destinations des prélèvements d'eau (toute
activité dont la réalisation utilise l'eau
des retenues.) ;
> L'organisation des prélèvements d'eau et de la
gestion des retenues ;
> Le niveau d'instruction, de formation et d'information des
exploitants.
Nous avons aussi traqué les barrages et les parcelles de
culture au G.P.S. Toutes ces
informations recueillies sont renforcées par des
observations sur le terrain.
14
Tableau 1: la grille conceptuelle
Hypothèses
|
Objectifs
|
Variables
|
Indicateurs
|
Population cible
|
Echelle d'analyse
|
Sources
|
les activités en amont et sur les berges des barrages
accélèrent leur envasement.
|
analyser l'impact des activités en amonts et sur les
berges sur la réduction du volume d'eau des retenues.
|
-facteurs physiques, -les activités humaines, -volume des
retenues.
|
-infiltration,
-évaporation,
-activités en amont,
-envasement des retenues, - périodes de pénurie
d'eau
|
-exploitants,
|
- Site d'exploitation - Village
|
- enquêtes, documentation, entretiens.
|
diverses sollicitations concurrentes s'expriment sans
arbitrage autour des barrages.
|
inventorier et analyser les différentes formes
de prélèvement de l'eau des retenues.
|
-destinations des
prélèvements d'eau. -modes de
prélèvement de l'eau.
|
- systèmes d'irrigation,
-systèmes abreuvement des animaux,
-usages domestiques,
-construction,
-autres...
|
- exploitants
|
Site d'exploitation
|
- enquêtes, -documentation, - observations.
|
les riverains ont une perception
traditionnelle de l'eau rendant
difficile l'instauration de règles modernes de
gestion.
|
examiner l'incidence
de la perception paysanne de l'eau sur la gestion des
ouvrages
|
-perception culturelle
de l'eau. -perception
individuelle de l'eau
|
- religions,
-représentation de l'eau,
-pratiques culturelles liées à l'eau,
|
-responsables coutumiers, -exploitants
|
- Site d'exploitation - Village
|
- enquêtes, -documentation, - entretiens
|
il n'y a pas de contrôle sur les prélèvements
d'eau, ni sur leurs fréquences et leur volume.
|
apprécier le niveau
d'organisation pour la gestion de l'eau.
|
- conditions d'accès à l'eau,
-volume d'eau prélevé.
|
- infrastructures hydrauliques -moyens d'exhaure,
-fréquence et conditions
des prélèvements,
|
Exploitants
|
Site d'exploitation
|
- enquêtes, -entretiens -documentation,
|
15
5.3- Le traitement des données
Les données brutes ainsi recueillies ont fait l'objet
d'un traitement en vue d'une meilleure analyse et interprétation. A cet
effet, le logiciel Excel a permis de faire le dépouillement des
questionnaires et le logiciel Word pour le traitement de texte. Pour les
données cartographiques les logiciels Arc info et ArcView ont
été utilisés.
Compte tenu des objectifs de l'étude, des documents
disponibles et l'importance de la question liée à la
problématique de l'eau, nous avons jugé opportun de
présenter le travail en quatre chapitres repartis en deux parties
constitutives du présent mémoire :
? La première partie comprend deux chapitres dont le
premier présente le cadre général de l'étude et le
second la politique nationale en matière d'eau
? La deuxième partie est également
structurée en deux chapitres dont, le premier, présente les
caractéristiques des prélèvements d'eau et leurs impacts
socioéconomiques et physiques et le second donne les contraintes et les
perspectives pour une satisfaction durable des besoins en eau autour des deux
barrages.
16
PREMIERE PARTIE : L'ENVIRONNEMENT DES DEUX
BARRAGES
Les villages de Guido et de Fara sont localisés
respectivement dans les provinces du Sanguié (Région du Centre
Ouest) et des Balés (Région de la Boucle du Mouhoun). Leur
situation en milieu rural leur confère certes des similitudes mais aussi
des différences. Cette première partie fait ressortir
respectivement l'environnement physique et humain des barrages dans le premier
chapitre et le cadre institutionnel et règlementaire de la gestion de
l'eau au Burkina Faso dans le second.
17
CHAPITRE I : L'ENVIRONNEMENT PHYSIQUE ET HUMAIN DES
BARRAGES
1.1- LES DONNEES PHYSIQUES SUR LES BARRAGES
1.1.1- Situation géographique
Le village de Fara est le chef lieu du département du
même nom. Situé à l'extrême sud de la province des
Balés à 45 km de Borormo (chef lieu de la province), le
département de Fara couvre une superficie de 704 km2
subdivisés en 24 terroirs villageois. Le village est accessible par
l'axe Ouagadougou-Dano, à partir du Carrefour de Poura sur la route
nationale numéro un (RN 1).
Guido se situe à 11 km de la ville de Réo, qui
est à la fois le chef lieu du département du même nom et de
la province du Sanguié. Ce département couvre une superficie de
448 km2 subdivisés en 12 terroirs villageois. Le village est
accessible par l'axe Réo-Toma. La faible distance entre les deux
localités (environ 100 km à vol d'oiseau) fait que la variation
des paramètres physiques est très faible, voire
négligeable.
Bassin du Mouhoun
Guido Site d'étude
M m
# Localités
# Rétenue d'eau
Burkina Faso
Réseau hydrographique
Réseau routier
0 80
Situation géographique des sites
d'étude
Réseau hydrographique
Bassin versant du Mouhoun
#
Bobo-Dioulasso
#
Nouna
40 km M
0
#
#
#
Dédougou
Koudougou
Bassin versant du Mouhoun
#
Fara
#
#
Guido
#
Réo
N
18
Source Bf_SIG Octobre 2008 SANOU D. Luther
19
1.1.2- L'hydrographie
Le bassin du Mouhoun est le plus important des quatre bassins
hydrographiques nationaux que sont : le Nakambé 81 932 km2,
la Comoé 17 590 km2, le Niger 83 442 km2 et le
Mouhoun 91 036 km2. Ce dernier se subdivise en trois sous bassins:
le Sourou 15 256 km2, le Mouhoun supérieur 20 978
km2 et le Mouhoun inférieur 54 802 km2. Il est
drainé par des fleuves pérennes tels que le Mouhoun, le Kou, et
le Banafing. Fara et Guido sont situés dans ce sous bassin.
Dans ce sous bassin, le fleuve Mouhoun qui coule vers le
nord-ouest, décrit une courbe et prend la direction du sud, faisant
ainsi frontière avec le Ghana à partir de Ouéssa. Les
prélèvements en amont perturbent le régime du fleuve et
lui donne un débit d'étiage médian évalué
à 5.9 m3/s à Boromo (ORSTOM, 1977). Le barrage de Fara
se localise à 7 km du fleuve sur un affluent temporaire localement
appelé le « Léné ».
Quant à la province du Sanguié, elle est
drainée par un cours d'eau principale qui traverse le département
de Dassa et longe ceux de Ténado, du Pouni et de Zawara. Les multiples
petits cours d'eau qui parcourent la province sont intermittents et sont des
affluents du fleuve Mouhoun que sont : le Bobo, le marigot de Koudougou et le
Vranso. Le barrage de Guido se situe sur une branche de ce dernier.
Les barrages de Fara et de Guido sont donc de petites retenues
d'eau parce que situés sur des cours d'eau d'une moindre importance
tarissant dès la fin des pluies.
1.1.3- Le climat
Les précipitations, la température et les vents
sont les principaux facteurs climatiques qui ont une incidence plus ou moins
importante sur la disponibilité de l'eau. Ils agissent d'une part, sur
les quantités d'eau tombées et d'autre part sur les pertes par
évaporation. Ainsi, la présentation de ces éléments
au niveau du bassin du Mouhoun inférieur permettra de mieux comprendre
leurs influences sur les deux retenues.
La pluviométrie
Le mécanisme des précipitations est
réglé sur l'ensemble du pays par les mouvements de deux masses
d'air, l'une chaude et humide (la Mousson) et l'autre chaude et sèche
(l'Harmattan).
Les départements de Fara et de Réo, bien
qu'étant proche l'un de l'autre à vol d'oiseau, n'enregistrent
pas les mêmes quantités d'eau.
En effet, Fara au sud est traversé par
l'isohyète 1100 mm. Les premières pluies tombent
20
dès fin avril début mai et la saison s'installe
pleinement vers mi-mai. On enregistre alors une moyenne pluviométrique
mensuelle de 75 mm de mai à septembre, voire octobre. Les mois les plus
pluvieux sont ceux de juillet, d'août et de septembre avec un maximum
pouvant atteindre 343 mm en août soit 31,18% de la hauteur d'eau
tombée.
Par contre, la province du Sanguié se situe entre les
isohyètes de 700 mm et 800 mm. Les totaux pluviométriques varient
entre 500 à 1000 mm par an. En comparaison au reste de la province, le
département auquel appartient Guido (Réo) est le moins
arrosé avec une moyenne pluviométrique de 723 mm par an. Les mois
les plus pluvieux sont ceux de juillet et d'août avec un maximum
atteignant 260 mm en août soit 35,96% de la hauteur d'eau
tombée.
Il ressort que les deux sites connaissent une courte saison
pluvieuse, ce qui est préjudiciable aux activités agricoles ;
préjudice plus ressentie à Guido qu'à Fara.
De façon générale, on retient de nos
jours trois caractéristiques essentielles de la pluviométrie: une
durée irrégulière de la saison pluvieuse. Une grande
variabilité dans les précipitations inter saisonnières et
au cours d'une même saison et une faiblesse des quantités d'eau
qui tombent. La saison sèche dure entre huit et neuf mois selon les
années.
Ces données présentent bien le problème
d'eau auquel le pays est confronté. D'une part, on a une grande
quantité d'eau qui tombe sur seulement trois à quatre mois de
l'année et qui est cependant inutilisable si elle n'est pas retenue.
Alors que dès le mois d'octobre on assiste à une pénurie
criarde en eau. D'autre part, la grande variabilité
pluviométrique entre les mois d'une même saison joue
énormément en faveur du ruissellement d'où l'importance
des apports d'éléments issus de l'érosion et qui
contribuent à envaser les retenues.
Les températures
Compte tenu de l'absence de station synoptique à Fara,
la caractérisation des températures est faite sur la base de
celles enregistrées à Boromo qui est la station
météorologique la plus proche. Celles de Guido relèvent
des enregistrements de Réo. Les températures les plus
élevées sont enregistrées pendant les mois de mars, avril
et mai avec un maximum de 40°c en avril. La plus basse température
est relevée en décembre et Janvier et peut atteindre 17°c
à Fara et 12°c à Guido. La température moyenne
annuelle varie entre 30°c et 38°c. Elles varient selon les
périodes de l'année. Ainsi, d'octobre à mai correspondent
les périodes froides puis sèches (cf. Graphique 1). A partir de
fin décembre, l'harmattan commence à souffler et se poursuit
jusqu'en février. La chaleur prend la relève au mois de mars,
accompagnée de rafales de vents chauds et secs jusqu'à
l'arrivée des premières pluies. Ces fortes valeurs thermiques ont
pour effets une importante évaporation des plans d'eau. En effet, les
chiffres (de 1970 à 2007) laissent observer une évaporation
intense atteignant son maximum aux mois de
21
janvier 254 mm, février 279 mm, mars 341 mm et avril
329 mm et mai 313 mm correspondant aux pertes des quantités d'eau
retenues.
Diagramme ombro thermique de Fara et de
Guido
150
200
125
100
150
75
50
25
0 0
Années
Source : D'après les données de la Direction
Générale de la Météorologie Nationale
Guido
Fara
Tc°
100
50
u
°)c Tpérure
1.1.4- Le relief et les sols
La morphologie d'un terrain est fortement tributaire de la
structure géologique sous-jacente. On trouve deux grands ensembles
structuraux au Burkina Faso : les grès au sud et le granite sur le reste
du territoire national. Le Mouhoun inférieur où se localisent
Guido et Fara est situé dans le deuxième grand ensemble. Son
sous-sol est de ce fait constitué de roches plutoniques correspondant
à des granites syntectoniques à amphiboles de couleur grise ou
rose à texture légèrement gneissique. On les rencontre
surtout dans les Balés vers la région de Fara, Poné,
Toné et Caro. Des poches de roches vertes constituées de gabbros,
de basaltes et de dolérites sont également présentes sur
la chaîne de colline entre Daho, Kabourou et Nahon. Vers Guido dans le
Sanguié, les formations précambriennes et granitiques sont
essentiellement couvertes de cuirasse et de sable.
Les éléments de la morphologie de ces espaces
épousent grossièrement l'ossature géologique en
présence. Les provinces en place appartiennent à un modelé
du socle cristallin. En effet, les provinces des Balés et du
Sanguié, à l'instar de l'ensemble du bassin versant du fleuve
Mouhoun, sont installées sur une vaste surface d'aplanissement soutenue
par des glacis piquetés de buttes témoins et de plateaux
cuirassés. Le cuirassement y est très important et
caractérisé par le Pliovillafranchien et le Quaternaire. On y
observe également des cuirasses de bas niveau
22
apparaissant le long des axes de drainage. A certains niveaux
des glacis, émergent des affleurements rocheux qui confèrent
à la région des altitudes variant entre 150 et 439 m. C'est
l'exemple du mont Sanguié qui culmine à 400 m d'altitude et de la
chaîne de colline vers Daho et Nabo.
Ce relief plat constitue d'une part une entrave à la
réalisation de retenues d'eau profonde et d'autre part, il favorise
l'étalement des nappes d'eau de surface accentuant ainsi
l'évaporation. De plus, la structure cristalline du sous-sol
empêche l'infiltration des eaux et la recharge de la nappe
phréatique.
Les sols en place résultent de la dynamique
érosive qui s'effectue sur ce vaste ensemble peu élevé.
Ces sols diffèrent peu d'une localité à l'autre et peuvent
être classifiés selon le BUNASOL, en cinq grandes classes que sont
: les sols minéraux brutes, les sols peu évolués, les sols
brunifiés, les sols à sexqui oxyde de fer et de manganèse
et les sols hydromorphes.
Ces classes de sols peuvent se subdiviser en treize
unités morpho pédologiques dont les principaux sont :
- Les lithosols : Ils se localisent en hauteur, sur les
sommets des buttes et des collines et se caractérisent par leur faible
capacité à retenir l'eau. Ils sont inaptes à l'agriculture
parce que peu favorables à l'enracinement des plantes et très
exposés à l'érosion.
- Les sols ferrugineux : Recouvrant surtout les versants des
élévations, ils retiennent également très peu
d'eau. Ces sols se prêtent alors moyennement à la production
céréalière et maraîchère. Ces deux premiers
types de sols sont très rependus sur le terroir villageois de Guido et
sont en partie la cause de la faiblesse de la production
céréalière locale.
- Les sols hydromorphes : Favorables à l'enracinement
des plantes, cette unité de sols à une grande capacité
à retenir les eaux pluviales d'où leur aptitude à
l'agriculture et au maraîchage. Cette dernière catégorie de
sol se localise dans les bas-fonds. Ils sont beaucoup répandus dans la
zone de Fara et ses environs.
D'une façon générale, les Balé et
le Sanguié ne revêtent pas les mêmes caractéristiques
morphopédologiques. Les dissemblances se révèlent quand on
fait une approche locale axée sur les terroirs villageois. Il en ressort
que Fara a de meilleures conditions agroclimatiques que Guido. A Guido
l'appauvrissement des terres est très accentué. Celles-ci sont de
structure gravillonnaire, sableuse, latéritique, (quelque fois
argileuses) et ne se prêtent qu'à la culture de mil, de Sorgho de
l'arachide et du niébé. Le maïs est seulement cultivé
dans les champs régulièrement pourvus par les ordures
ménagères.
Ceci explique peut être l'engouement de la population de
Guido pour le maraîchage susceptible de combler les déficits de
l'agriculture pluviale.
23
1.1.5- La végétation
Les provinces du Sanguié et des Balés de par
leur position sur le bassin versant du fleuve Mouhoun, sont sous l'influence
d'un climat soudano sahélien. Selon la caractérisation faite par
Guinko S et All. (1984), elles se situent dans le domaine
phytogéographique soudanien, plus précisément dans les
districts Ouest-Mouhoun et Est-Mouhoun.
Le couvert végétal des deux provinces est
semblable et essentiellement constitué d'une savane arborée
devenant arbustive par endroit. Les principales espèces existantes sont
le karité (Butyrospernum parkii), le néré
(Parkia biqlobosa), L'(Acacia albida), le baobab
(Butyrospernum digitat)a, le tamarinier (Tamarindus indus) et
le résinier (lanéa microcarpa). Ces espèces
constitutives de la savane, forment des galeries forestières très
pauvres en espèces guinéennes que l'on ne trouve que sous forme
rupicoles. Ces forêts sont fortement tributaires de l'état
temporaire des cours d'eau. Le tapis herbacé est essentiellement
constitué d'Andropogon qayanus, Andropogon aseinodis et
d'Andropogon toguindus, loudetia togoensis et forme avec la savane
arborée la végétation des glacis.
Il faut noter que cette végétation est fortement
dégradée en raison de la pression démographique de plus en
plus croissante et des systèmes de cultures extensifs et
archaïques. La dégradation de la végétation met
à nu les sols, les rendant ainsi plus vulnérables à
l'érosion. Les particules décapées sur les sols
dénudés ont pour destination les dépressions des cours et
retenues d'eau d'où leur comblement.
Les conditions physiques précédemment
décrites déterminent fortement la dynamique de la population et
ses activités.
1.2- LES DONNEES DEMOGRAPHIQUES
La présentation de la population à travers son
histoire, sa dynamique, sa structure et sa localisation permet de comprendre
les activités socioéconomiques auxquelles elle se livre et leurs
relations avec les retenues d'eau.
1.2.1- Les mouvements de la population des deux
villages
La population du village de Fara connaît une croissance
rapide : de 5398 habitants en 1985, ce nombre est passé à 7808
habitants en 1996. Mais en 2006, ce village comptait 2572 habitants. Cela est
dû au fait que certains quartiers de ce village en 1996 sont de nos jours
érigés en villages administratifs. Le village enregistre un grand
nombre d'immigrants attirés par le commerce avec le Ghana, la mine d'or
de Poura et l'orpaillage traditionnel. Guido par contre relevait de Bonyolo en
1985 qui comptait 5377 habitants à l'époque. Erigé en
village
24
administratif, il avait 2112 habitants en 1996 et 2627
habitants en 2006. En comparaison à Fara, la population de Guido croit
moins vite.
1.2.2- La structure et la densité des populations
des villages
La grande partie de la population de Fara est très
jeune. Les moins de 14 ans représentent 48% de la population totale. La
population active (15 à 64 ans) représente 36%. Le sexe ratio est
en faveur des hommes avec 1298 hommes contre 1274 femmes. L'immigration en est
la principale raison. Au vu des résultats du recensement
démographique de 2006, la densité moyenne communale
s'établi à 52 habitants /km2.
Par contre à Guido, la jeunesse de la population
s'exprime à travers les chiffres de 49% de 0 à 14 ans, 45% de 15
à 64 ans, on compte 1422 femmes contre 1205 hommes pendant que la
densité moyenne communale atteint 121 habitants /km2. Ce
département abrite le cinquième de la population provinciale. Ce
chiffre affecte peu le village de Guido qui se situe seulement à 11 km
de Réo.
1.2.3- Les ethnies en présence sur les deux
sites
Le village de Fara a été fondé par des
Bobo-dioulas venus de Baré (village de la province des Banwa) à
la recherche de l'or. De nos jours, ils ont été absorbés
par des immigrants Moosé venus de Koudougou (Province du
Boulkiemdé) attirés eux aussi pour la plus part, par l'or et les
bonnes conditions agro climatiques. Les autres ethnies en présence sont
Nouni, Dagara, Kô, Bwaba, etc. Les exploitants du site du barrage sont
à 98% Moosé et 2 % de Dagara. On note une absence des autres
ethnies. Cela pourrait s'expliquer par le fait que le village enregistre une
écrasante majorité de Moosé par rapport aux autres ethnies
qui en plus de leur minorité, sont relativement éloignées
de la retenue.
Le Village de Guido crée par les BAYALA venus de
Nébou près de Boromo, est exclusivement peuplé de
Lyélé, lesquels regroupent les grandes familles BAYALA et BABINE.
Ces deux familles ont comme dialecte le Lyélé.
Les exploitants permanents de la retenue d'eau sont donc
à 100% des Lyélé autochtones de Guido et des villages
voisins, auxquels s'ajoutent des exploitants temporaires que sont les
orpailleurs. Dans ce dernier cas, il s'agit des Mossé.
On peut retenir de l'analyse démographique que le
barrage de Fara est exploité par des immigrants tandis que celui de
Guido est exploité par des autochtones. Ce qui pourrait induire des
différences de comportement face à la ressource.
25
1.3- LES ACTIVITES SOCIOECONOMIQUES
La population de Fara exerce deux types d'activités
à savoir l'agriculture et l'élevage d'une part et le commerce
d'autre part, tandis que l'agriculture demeure l'activité principale
à Guido.
1.3.1- Les modes traditionnels d'accès à
l'eau et à la terre
Sur l'ensemble du bassin hydrographique du Mouhoun, le droit
de « possession » de l'eau est associé à celui de la
terre. C'est un « droit collectif » et d' « accès libre
». Chaque village a sa tranche de fleuve et/ou de marigot, ses mares, etc.
Les procédures coutumières de contrôle et de partage des
ressources halieutiques sont analogues à celles du régime
foncier. Le mode d'exploitation des terres et les pratiques culturales ont
organisé l'espace en auréoles concentriques constituées de
champs de case et de champs de brousse. Le village de Fara connait une forte
pression foncière due à la fertilité des sols. Selon les
autorités coutumières, le contrôle des attributions de
champs leur échappe de nos jours. Cependant, elles sont
interpellées pour trancher certains litiges liés au foncier.
La ressource eau se fait rare du fait de la croissance des
besoins et de la multiplicité des sollicitations. Les infrastructures
hydrauliques modernes (bornes fontaines et forages) ne suffisent pas à y
faire face, d'où la sollicitation des puits traditionnels et surtout des
barrages. L'accès libre à l'eau auquel la population est
habitué s'oppose à toute réglementation en vue
d'harmoniser les prélèvements, d'où l'anarchie autour des
points d'eau.
1.3.2- L'agriculture
Elle occupe 60 à 70% des ménages à Fara
contre 90% à Guido. Cela s'explique par le fait que Fara est plus
urbanisé que Guido. En plus de l'agriculture pluviale, on note
l'existence de quelques pratiques agricoles en saison sèche grâce
à l'irrigation.
Les cultures de saison pluvieuse sont axées sur les
productions céréalières (sorgho, mil, maïs, riz) et
les cultures de rente (coton, arachide, niébé etc.). La
production céréalière est le reflet des habitudes
alimentaires des populations locales. A Guido les terres sont très
pauvres et se prêtent peu à la céréaliculture.
Le coton, principale culture de rente dans la Région de
la Boucle du Mouhoun, ne semble pas intéresser les populations de Fara
et de Guido contrairement au maraîchage qui reste dominant malgré
les difficultés liées à l'indisponibilité de l'eau
de production en toute saison et la divagation des animaux. Les principales
spéculations maraîchères sont: le chou, l'oignon, la
tomate, l'aubergine, le piment et le gombo.
La prédominance des systèmes culturaux
traditionnels (cultures sur brûlis, utilisation de la daba...) montre que
l'agriculture reste encore très archaïque,
caractérisée par une extension
26
continue des superficies emblavées. Ces systèmes de
culture rudimentaires entraînent une destruction importante du couvert
végétal. Les sols se trouvent alors dénudés,
fragilisés et à la merci de l'érosion.
A titre indicatif, le tableau ci-dessous montre
l'évolution des superficies emblavées dans les deux
départements entre 1992 et 2002.
Tableau 2 : évolution des superficies cultivées sur
les deux départements entre 1992 et 2002
Départements
|
Superficies en 1992 (Ha)
|
Superficies en 2002 (Ha)
|
Evolution de 1992 à 2002
|
Réo
|
4
|
208
|
250,5
|
5
|
900
|
780,4
|
+ 169 252,8
|
|
|
|
|
|
|
|
(4,02%)
|
Fara
|
|
118
|
202,6
|
|
160
|
955,1
|
+ 42 752,5
|
|
|
|
|
|
|
|
(36,16%)
|
Source : Base de Données sur l'Occupation des Terres
1992-2002 (Institut Géographique du Burkina)
L'extension des superficies exploitées suppose la
destruction de la végétation et les sols ainsi exposés au
soleil, à la pluie et au vent sont très vulnérables face
à l'érosion qui les décape et entraîne les
particules arrachées dans les dépressions, en occurrence les
retenues d'eau.
1.3.3- L'élevage
L'élevage constitue une des principales ressources des
deux provinces et environ 90% des producteurs l'associent à
l'agriculture. Il constitue la seconde activité après
l'agriculture et comporte deux composantes :
? Un élevage sédentaire pratiqué par les
agriculteurs Lyélé, Mossi, et Nouni. Les ménages
possèdent du bétail (bovins et asins) destiné à
l'agriculture attelée auquel s'ajoutent les ovins, les caprins, les
asins, les porcins et la volaille. A Guido, la production porcine joue un
rôle particulièrement important. Elle est pratiquée par les
femmes qui composent 51% de la population et ne rencontre aucune contrainte
d'ordre socioculturel contrairement aux ruminants dont l'élevage n'est
pas permis à tout le monde. En effet, un jeune Lyélé ne
peut posséder des ruminants avant que ses parents n'en aient. Ce qui y
réduit les effectifs du bétail dans ce village.
? Un élevage transhumant pratiqué par les Peuhls
dont les troupeaux sont constitués essentiellement de zébus. Mais
ils se sédentarisent progressivement pour éviter les nombreux
conflits qui ont lieux lors des déplacements du bétail. Ce type
d'élevage est très présent à Fara où les
effectifs sont plus importants qu'à Guido.
27
Tableau 3 : Effectifs du cheptel des provinces des Balés
et du Sanguié en 1989 et 2004
|
Espèces
|
Provinces
|
Années
|
Bovins
|
Ovins
|
Caprins
|
Camelins
|
Equins
|
Asins
|
Balés
|
1989
|
57 820
|
79 090
|
104 582
|
0
|
--
|
17 286
|
2004
|
60 863
|
80 704
|
107 817
|
0
|
103
|
18 389
|
Sanguié
|
1989
|
90 424
|
173 423
|
270 378
|
--
|
--
|
22 990
|
2004
|
95 183
|
176 962
|
278 740
|
0
|
0
|
24 457
|
Source : Enquête Nationale sur l'Effectif du Cheptel au
Burkina Faso : phase I et II
On constate une augmentation des effectifs au fil des
années dans les deux provinces dont les conséquences sont la
destruction du couvert végétale, la fragilisation des sols par le
piétinement des animaux et l'augmentation des besoins en eau. Cela
accentue les effets de l'érosion et l'envasement des retenues d'eau.
1.3.4- Le commerce
Le secteur du commerce occupe une place importante dans les
activités économiques de la commune de Fara, en raison de sa
position sur la route du Ghana et de sa proximité de la mine d'or de
Poura. On note la présence de commerçants du Ghana
(frontière à 60 km), de Boromo (à 45 km), de
Bobo-Dioulasso, de Koudougou, et de Ouagadougou. Par ailleurs, les mineurs
constituent un marché potentiel pour l'écoulement des produits
frais. Les produits maraîchers et des cultures irriguées sont
pratiquement écoulés sur place.
A Guido par contre, l'activité commerciale se limite
à la vente des produits maraîchers pendant la saison
sèche.
La vente des porcs, du bois énergie, des produits de la
pèche, de la cueillette (amandes de karité) et de l'artisanat
procure des revenus non négligeables aux populations en toute saison.
Au terme de ce chapitre, il ressort que les facteurs physiques
tels que les fortes températures, les vents et la
précarité de la pluviométrie, joints aux facteurs
géologiques et morpho pédologiques des bassins versants des
retenues limitent considérablement la disponibilité des eaux de
surface. Par ailleurs, les comportements des sociétés
bénéficiaires de ces retenus bien que quelque peu
différents d'une localité à l'autre, ne sont pas de type
à favoriser la continuité et la durabilité de la
satisfaction des besoins en eau. En effet, face aux conditions agroclimatiques
moins favorables à Guido on observe un important engouement pour l'eau
à des fins agricoles par rapport à Fara. Toujours est-il que les
barrages sont en proie aux mêmes conditions d'exploitation qui
hypothèquent leur durabilité.
La situation est alarmante et interpelle plus d'un quant on
sait que les prévisions en matière d'eau (aussi bien au niveau
national qu'international) sont inquiétantes vue la croissance
28
continue des besoins face à une ressource qui
s'amenuise au fil du temps. Fort de ce constat, il convient de prendre
urgemment les dispositions nécessaires à une gestion convenable
des ressources en eau afin de relever les défis futurs. Dans un tel
contexte, il importe de prime abord, de connaître l'environnement de la
gestion de l'eau au niveau national.
29
CHAPITRE II : LA GESTION DE L'EAU AU BURKINA FASO
Au Burkina Faso, la gestion de la ressource eau est soumise
à des normes et des réglementations émises par les
institutions nationales et/ou internationales. Le cadre juridique et
institutionnel est établi au regard de la ressource disponible en
rapport avec les besoins présents et futurs. C'est dans ce contexte que
le Burkina Faso a adopté la loi n°002-2001/AN du 08 février
2001 portant Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE). Pour
une meilleure compréhension du contexte d'application de ce concept dans
le pays, il est nécessaire d'avoir une idée du potentiel hydrique
national.
2.1- LE POTENTIEL HYDRIQUE DU BURKINA FASO
2.1.1- Les eaux de surface
Les quantités d'eau qui tombent varient entre 500 mm au
nord et 1400 mm au sud. Le volume moyen annuel est de 206,9 milliards de
m3. 8,79 milliards de m3 s'écoulent tandis que
32,43 milliards de m3 s'infiltrent soit un potentiel renouvelable 41
milliards de m3. Ces volumes d'eau connaissent une baisse
progressive au fil des ans, ce qui réduit les volumes d'eaux stagnantes
dans les différentes retenues artificielles et les mares du pays. Selon
la Direction Générale de l'Hydraulique, le pays comptait 2100
retenues d'eau en 1996 dont 380 permanents. La capacité des principaux
plans d'eau va de 6 millions de mètres cube d'eau pour le lac Sian
à 2050 millions de mètres cube pour le barrage de Kompienga. Les
principales retenues d'eau de surface du pays se présentent comme suite
:
Tableau 4 : les principales barrages du Burkina Faso
Localisation
|
Nom du plan d'eau
|
Capacité initiale (Millions de
m3)
|
Ouest
|
Douna
|
50
|
Moussodougou
|
38,5
|
Nord-Ouest
|
Sourou
|
300
|
Nord
|
Bam
|
41,2
|
Dem
|
12
|
Sian
|
6
|
Centre Nord
|
Loumbila
|
36
|
Kanazoé
|
75
|
Centre Est
|
Bagré
|
1700
|
Est
|
Kompienga
|
2050
|
Source : Gestion Intégrée des Ressources en Eau
Ces principaux ouvrages stockent 80% des eaux de surface du
pays, exploitées à des fins diverses telles que : la culture
irriguée, l'élevage, l'industrie,
l'hydroélectricité, la pêche
30
et la pisciculture, l'extraction minière, etc. La
demande annuelle est estimée à 2500 millions de m3 dont 80% pour
l'hydroélectricité. Mais les prélèvements
réels d'eau sont estimés à 505 millions de m3
par an et répartis essentiellement entre l'irrigation (64%), les usages
domestiques (21%), et l'élevage (14%).
2.1.2- Les eaux souterraines
Les nappes aquifères du pays sont moins
alimentées depuis 1971 (DGH, 2001) à cause de la baisse des
totaux pluviométriques. Par ailleurs, les conditions d'infiltration
dépendent des ensembles structuraux. On en distingue deux : un socle
cristallin et un, sédimentaire :
- Le socle cristallin occupe la majeure partie du pays
(environ 65%). Il est imperméable et les débits moyens des
forages y vont de 2 à 3 m3/h ;
- Les sédimentaires, essentiellement constitués
de grès, occupent environ 33 % du territoire national. Les débits
des forages peuvent y atteindre 100 m3/h.
Les réserves en eau souterraine sont
évaluées à 113,5 milliards de m3 dont seulement
08.37% sont exploitées soit un volume de 9,5 milliards m3. La
disponibilité théorique, estimée à 820
m3/an/hbt (FAO, 2011) (eaux de surface et souterraine confondues)
place le pays en deçà des 1000 m3/an/hbt
considérés comme seuil de pénurie. Face à cette
problématique de l'eau que le pays connait, un nouveau cadre
institutionnel a été crée pour tenter d'y
remédier.
2.2- LE CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL DE LA GESTION
DE L'EAU
Le Burkina Faso a entrepris depuis le milieu des années
90, un processus de réforme du cadre de gestion de l'eau pour faire face
au problème d'eau. Ce processus s'inscrit dans la logique internationale
de réforme du secteur de l'eau. La politique nationale de l'eau a
été adoptée en 1998 avec comme objectif d'apporter des
solutions appropriées à ce problème d'eau. C'est à
cette fin qu'un plan d'action a été adopté pour la mise en
oeuvre de la Gestion Intégrée des Ressources en Eaux (GIRE).
2.2.1- La Gestion Intégrée des Ressources en
Eau (GIRE)
Le concept de Gestion intégrée des ressources en
eau fait suite à la prise de conscience de la communauté
internationale face à la problématique de l'eau. Cet état
de fait a suscité des manifestations internationales depuis des
décennies et qui se sont traduites par des rencontres entre chercheurs
et décideurs politiques. A titre d'exemple on peut retenir
- la conférence des Nations Unies à Stockholm en
1972, sur l'environnement ;
- la conférence de Mar Del Plata en 1977, qui lance les
enjeux de l'eau et de l'assainissement et propose la Décennie
Internationale de l'Eau Potable et de l'Assainissement (1980 - 1990). Cette
conférence recommande l'évaluation systématique des
ressources en eau et
31
la nécessité d'une conception de principes
communs qui guideront les efforts des peuples du monde pour préserver et
améliorer l'environnement.
- la conférence de Dublin en 1992 (26 - 31 janv.) sur
l'eau et l'environnement qui demande que l'évaluation, la mise en valeur
et la gestion des ressources en eau soient abordées dans une perspective
radicalement nouvelle. Elle adopte ce qu'on appelle la «déclaration
de Dublin sur l'eau dans la perspective d'un développement durable
». C'est à cette conférence que fut adopté le
programme de Gestion Intégrée des Ressources en Eau qui comporte
4 principes directeurs se définissant comme suite :
? Principe I : « L'eau est une ressource limitée
et vulnérable qui est indispensable à la vie, au
développement et à l'environnement ». Il faut assurer une
bonne gestion et protection de la ressource eau selon une approche globale qui
concilie développement économique et protection des
écosystèmes naturels.
? Principe II : « La mise en valeur et la gestion de
l'eau doivent avoir un caractère participatif et associer les
utilisateurs, les planificateurs et les décideurs à tous les
niveaux ». Cela suppose que l'ensemble des acteurs soient bien conscients
de l'importance des ressources en eau et que les décisions sont prises
à l'échelon compétent le plus bas en accord avec l'opinion
publique.
? Principe III : « Les femmes jouent un rôle
déterminant dans l'approvisionnement, la gestion et la
préservation de l'eau ». Il ressort que les arrangements
institutionnels relatifs à la mise en valeur et à la gestion des
ressources en eau tiennent compte du rôle primordial de la femme. Il faut
alors donner aux femmes les moyens et le pouvoir de participer, à tous
les niveaux, aux programmes conduits dans le domaine de l'eau.
? Principe IV : « L'eau est utilisée à de
multiples fins et a une valeur économique et l'on doit la
reconnaître comme un bien économique ». A ce niveau des
inquiétudes sont exprimées quant aux répercussions
sociales du concept de « bien économique » : Considérer
l'eau comme un bien économique pourrait compromettre son accès
aux populations les plus démunies. Toujours est-il que considérer
l'eau comme un bien économique et la gérer en conséquence,
c'est ouvrir la voie à une utilisation efficace et une
répartition équitable de cette ressource, à sa
préservation et à sa protection.
En combinant ces principes directeurs, la GIRE a pour objectif
d'atteindre un équilibre entre l'utilisation de l'eau en tant que
fondement pour la subsistance d'une population mondiale en plein essor, et sa
protection et sa conservation en vue de garantir la pérennité de
ses fonctions et caractéristiques. Ainsi, cutis a été
donné à chaque pays de prendre les dispositions pour l'atteinte
de cet objectif. Les institutions nationales en charge de la gestion de l'eau
devront donc se structurer en conséquence.
32
2.2.2- Le cadre institutionnel de la gestion de l'eau au
Burkina Faso
L'organisation du secteur ministériel en charge de
l'eau au Burkina Faso a connu une évolution historique en relation avec
la prise de conscience grandissante à tous les niveaux des enjeux et du
rôle de cette ressource dans le processus de développement. Avant
l'indépendance et jusqu'en 1965 l'approvisionnement en eau potable
était rattaché au Ministère des Travaux Publics et
l'aménagement hydro-agricole, rattaché au Ministère de
l'Agriculture. En 1965, on assiste à la création d'une Direction
de l'Hydraulique et de l'Équipement Rural (HER), cumulant
l'approvisionnement en eau potable et le Génie Rural. Cette direction a
été placée sous la tutelle de différents
ministères dont le Ministère du Développement Rural (MDR)
qui disposait en son sein, de 1981 à 1984, d'un Secrétariat
d'État chargé des ressources en eau. Le Ministère de l'Eau
crée en 1985, confère au domaine de l'eau un cadre institutionnel
propre. Ce dernier fait place en 1995, au Ministère de l'Environnement
et de l'Eau dans le but d'assurer une cohérence de la politique dans ce
domaine. Depuis 2002, la tutelle du secteur eau est assurée par le
Ministère de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources
Halieutiques (MAHRH) avec une pléiade de ministères
rattachés à savoir :
- le Ministère chargé des Finances et du Budget
pour le financement du secteur ;
- le Ministère chargé des Affaires
Etrangères coordonnant la coopération en matière d'eau
partagée ;
- le Ministère chargé de la Justice pour le
règlement des contentieux ;
- le Ministère chargé de l'Administration
Territoriale en charge de la décentralisation, la
déconcentration, et la police des eaux ;
- le Ministère chargé du Commerce, de
l'Industrie et de l'Artisanat intervenant dans les usages de l'eau, les
pollutions des eaux, et l'industrie de l'eau ;
- le Ministère chargé de l'Énergie et des
Mines, oeuvrant également dans l'usage de l'eau, la pollution des eaux
et l'énergie hydro-électrique ;
- le Ministère chargé des Enseignements
secondaires, supérieur et de la recherche scientifique pour la formation
professionnelle et la recherche hydraulique ;
- le Ministère chargé de la Santé qui
travaille à assurer l'hygiène publique et le contrôle
sanitaire de l'eau ;
- le Ministère chargé de l'Élevage,
concerné par l'usage et la pollution des eaux ;
- le Ministère de l'Enseignement de Base assurant
l'éducation à l'hygiène et à la santé ;
- le Ministère chargé des Affaires Sociales et
de la Famille qui s'occupe des aspects genre et équité dans le
domaine de l'eau ;
- le Ministère chargé des Travaux Publics et de
l'Urbanisme qui assure le drainage des eaux pluviales et la mobilisation des
eaux de surface ;
33
- et enfin le Ministère chargé du Tourisme qui
assure l'exploitation des milieux aquatiques et des zones humides à des
fins touristiques.
Cette multitude d'acteurs institutionnels a imposé de
mettre en place un cadre institutionnel adéquat et une coordination
intersectorielle et interministérielle forte indépendamment de
toute configuration des départements ministériels. C'est ainsi
que la réforme du cadre du secteur de l'eau marque une rupture avec la
vision sectorielle de la gestion de l'eau et consacre la Gestion
Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) comme voie de
résolution des questions liées à l'eau.
Cette réforme s'est faite en trois étapes
essentielles :
? en juillet 1998, le gouvernement adopte le document de la
politique et stratégies en matière d'eau ;
? en février 2001, le Parlement de la Loi d'orientation
relative à la gestion de l'eau ;
? en mars 2003, on assiste à l'adoption par le
Gouvernement du Plan d'Action pour la Gestion Intégrée des
Ressources en Eau (PAGIRE).
2.2.3- Le Plan d'Action pour la Gestion
Intégrée des Ressources en Eau
(PAGIRE)
Découlant de la réforme globale du secteur de
l'eau, le PAGIRE couvre la période 20032015. Son objectif est de
créer un environnement favorable à la gestion
intégrée des ressources en eau. Cet objectif se décline en
deux objectifs spécifiques :
- définir et planifier la mise en oeuvre du futur cadre de
gestion intégrée des ressources en eau;
- identifier les actions spécifiques et proposer les
moyens nécessaires à leur mise en oeuvre. La démarche
globale recommande de :
- privilégier l'approche intégrée par
rapport à l'approche sectorielle;
- soutenir le désengagement de l'Etat en matière
de production d'eau et de gestion des périmètres irrigués
;
- proposer un scénario à effectif suffisant pour
la restructuration progressive de l'administration publique dans le domaine de
l'eau ;
- concevoir un cadre de gestion stable dans toute configuration
ministérielle ;
- proposer une restructuration progressive.
Ce plan d'action prévoit une exécution à
quatre niveaux géographiques (au niveau central, au niveau du bassin
hydrographique, au niveau régional/provincial et au niveau local)
où interviendront quatre catégories d'acteur (l'administration
publique centrale et déconcentrée, les collectivités
locales, les organismes de bassin et les autres acteurs tels que les usagers,
le secteur
34
privé, les ONG, etc.). Le niveau de base de cette
gestion intégrée des ressources en eau reste le bassin
hydrographique dont la gestion est assurée par le Comité Local de
l'Eau (CLE) (cf. annexe I) considéré comme « maillons de
base du cadre institutionnel de Gestion Intégrée des Ressources
en Eau du Burkina Faso ». C'est l'instance locale de concertation,
d'échange, d'animation et de promotion, qui associe directement tous les
acteurs concernés au niveau local dont la mise en oeuvre répond
au souci des principes de subsidiarité et de participation.
L'analyse de ce nouveau cadre de gestion de l'eau permet
cependant de relever certaines insuffisances liées au souci de
subsidiarité, car à notre sens le niveau du bassin hydrographique
est trop vaste pour résoudre réellement les problèmes de
gestion au niveau des plans et cours d'eau qui constituent le bassin. En effet,
il n'est pas prévu de structures pour répondre à la
problématique sur les plans d'eau. Même les associations des
usagers de l'eau (AUE) ne semblent pas prendre en compte cet aspect.
2.2.4- Le programme hydraulique de l'Eglise Famille
L'Eglise Famille du Burkina Faso oeuvre au coté de
l'Etat comme d'autres partenaires au développement économique et
sociale des populations. Elle a réalisé de nombreux barrages
hydrauliques pour l'alimentation en eau des populations et la production
agricole. Son action a beaucoup évolué dans le temps. De l'aide
d'urgence au départ, on est passé à une implication de
plus en plus profonde et diversifiée dans la formation et la
mobilisation de la population pour son auto développement. L'OCADES en
est le fer de lance. La Cellule Hydraulique s'occupe de la coordination et de
la gestion des programmes et projets hydrauliques. Elle centralise les
données des programmes hydrauliques des différents
diocèses du pays. L'inventaire de 2006 fait état de 150 petites
retenues d'eau et bas-fonds aménagés dont 80 dans le seul
diocèse de Koudougou.
Ce diocèse disposait d'une Unité
Mécanique (UMEC)5 depuis 1974 pour la réalisation des
ouvrages. Ainsi, en 1981 et1992 les barrages de Guido et de Fara ont
été construits dans le but de répondre à la
situation d'urgence des besoins en eau dans ces villages.
Le programme de Valorisation des Ressources en Eau de
Koudougou (VAREK) a été lancé en 1998 pour susciter une
exploitation efficiente des plans d'eau du diocèse. La VAREK s'inscrit
dans la politique nationale de l'eau.
2.3- LES LIMITES DE LA GESTION DE L'EAU AU BURKINA
FASO
La gestion des ressources en eau est confrontée
à des contraintes d'ordres structurelles, financières et
sociologiques.
5 Unité MECanique : une des structures
techniques de l'Eglise Famille située à Koudougou et
chargée de la réalisation des ouvrages hydrauliques.
35
2.3.1- Les contraintes structurelles
Les cadres de concertation des ONG et associations (SP-ONG)
fonctionnent difficilement faute d'organisation et de moyens financiers. De
plus, leurs actions sont peu coordonnées avec celles des structures
étatiques. Or les acteurs du privé ont besoins d'être
imprégnés des politiques et formés au même titre que
les structures de l'Etat. Ce manque de coordination des actions a pour
conséquence la faible professionnalisation des interventions. On
constate en effet un désordre et même souvent des contradictions
sur le terrain entre les politiques étatiques et les interventions de
certains opérateurs privés. Le secteur de l'eau mérite
alors qu'il y ait autant de rigueurs dans l'exécution des programmes que
leur conception.
2.3.2- Les contraintes financières
Le PAGIRE se déroule en deux phases (2003-2008 et
2009-2015). La première (20032008) a absorbé un budget total
estimé à 13,6 milliards de francs CFA financé à
plus de 50% par les partenaires techniques et financiers externes tels que
DANIDA, ASDI, l'Union Européenne, la coopération belge etc.
(MAHRH, 2006). L'une des plus grandes difficultés reste le financement
des projets par l'Etat. La participation financière des
bénéficiaires est également très infime et
difficile à mobiliser notamment dans les pays du sud car il est souvent
difficile d'exiger plus. Pour y palier, l'on a lancé l'initiative du
« centime par mètre cube » qui préconise de
prélever une taxe d'un centime par mètre cube d'eau
consommé dans les pays riches pour alimenter les fonds d'investissement
des pays pauvres. Par ailleurs, très peu de programmes hydrauliques
bénéficient de l'appui de l'Etat qui vit lui-même des
financements extérieurs.
2.3.3- Les contraintes socioculturelles
Les difficultés de la gestion de l'eau découlent
de la confrontation de divers facteurs : historiques, sociaux,
économiques, politiques et juridiques. Le PAGIRE prend bien en compte
les règles et autorités coutumières dans le futur cadre de
gestion de l'eau mais son exécution sur le terrain laisse entrevoir un
manque à gagner. En effet, elles ne sont pas très
impliquées jusqu'à présent dans l'exécution du
système moderne de gestion des ressources naturelles en
générale et celle de l'eau en particulier bien qu'elles aient
toujours une importance effective au niveau du village/de la commune (et du
lignage). Les autorités traditionnelles (chefs de terre, chefs de
village) sont les garants d'un système traditionnel de gestion des
ressources qui reste intensément vécus et respecté par les
communautés rurales. L'omission de cet état de fait pourrait
poser des problèmes pour la réalisation effective du futur cadre
institutionnel de gestion des ressources en eau au niveau
décentralisé. A l'heure actuelle, c'est encore le droit coutumier
qui gère l'accès à la terre et à l'eau au niveau
villageois et communal. De multiples conflits se produisent donc sur le terrain
lors de l'application du système foncier dit moderne
(propriété individuelle, monétaire)
36
qui se heurte au système foncier dit traditionnel
(usage collectif, lignager de la terre, marginalisation de la femme). Il sera
difficile de mettre en oeuvre la GIRE si toutefois les réalités
locales ne sont pas prises en compte, ne serait-ce qu'à titre
consultatif.
On retient que pour une réussite de la GIRE de nombreux
défis restent à être relevés à divers
niveaux. La problématique de l'eau au niveau national résulte de
la combinaison de plusieurs facteurs tant structurels que conjoncturels qui
constituent des contraintes à des degrés divers. La mise en place
effective de la GIRE devra donc prendre en compte la diversité politique
et socioculturelle des différents intervenants à tous les
niveaux.
37
CONCLUSION PARTIELLE
L'analyse du cadre général de l'étude
montre que la problématique de l'eau est liée à plusieurs
facteurs. L'exploitation et la gestion des retenues d'eau évoluent dans
un contexte de croissance continue des besoins en eau tandis que l'amenuisement
de la ressource est de plus en plus crucial au fil des ans. Les facteurs qui
concourent à cet état de fait sont aussi multiples que
diversifiés et dérivent tant bien des facteurs physiques que des
comportements des acteurs vis-à-vis de la ressource. Cette situation
impose que la gestion de l'eau soit appréhendée dans toutes ses
dimensions en intégrant toutes ses formes d'existence. Ce à quoi
s'attèle la GIRE à travers le PAGIRE dont la conception semble
avoir cerné la problématique. Cependant, l'implication
réelle des acteurs à la base est insuffisante. Par
conséquent son exécution se trouve confrontée à des
limites de divers ordres. Cette situation explique l'environnement critique
dans lequel évoluent les barrages de Fara et de Guido.
38
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DU VOLUME D'EAU
DISPONIBLE
ET DES PRELEVEMENTS.
Les chapitres 3 et 4 font ressortir successivement les
conditions de durabilité des retenues par le croisement des volumes
d'eau disponible avec ceux prélevés (chapitre 3) et les
retombées socioéconomiques de l'exploitation des ouvrages suivi
des perspectives pour améliorer leur gestion (chapitre 4).
39
CHAPITRE III : LES CONDITIONS DE DURABILITE DES
OUVRAGES
Le contexte de réalisation et la localisation des
ouvrages font d'eux le lieu de prédilection de multiples
activités dont la conduite ne se fait pas toujours de façon
efficiente. La durabilité des ouvrages dépend de ce fait, des
conditions d'exploitations auxquelles ils sont soumis. Le présent
chapitre tente de faire une illustration de l'environnement d'exploitation dans
lequel évoluent les barrages.
3.1- LE VOLUME D'EAU DISPONIBLE DANS LES DEUX
RETENUES
Les caractéristiques géomorphologiques,
hydrographiques et climatiques du milieu dans lequel sont
réalisés les barrages influent incontestablement sur leur
capacité à retenir l'eau en quantité suffisante et de
façon pérenne.
3.1.1- La construction des retenues
L'Eglise Famille du Burkina Faso oeuvre depuis plus de cent
ans aux cotés de l'Etat et autres partenaires dans le
développement économique et social des populations. Ainsi, de
nombreuses réalisations hydrauliques ont été
exécutées à des fins d'alimentation en eau des populations
et de production agricole. L'inventaire des infrastructures hydrauliques
réalisées par l'Eglise en 2006 fait état de plus d'une
cinquantaine de petits barrages réalisés entre 1975 et 2003 dans
le seul diocèse de Koudougou qui couvre les provinces du Passoré,
du Sanguié, du Boulkiemdé de la Sissili, du Ziro et une partie de
celle des Ballés. Dans la région du Centre-ouest qui couvre les
mêmes provinces que le diocèse à l'exception de celles du
Passoré et des Ballés, l'Eglise à réalisé
exactement 61 petits barrages sur les 182 qu'elle compte, soit 33,5%. En termes
de capacité, il s'agit de plus de 5 millions de m3 d'eau qui
sont mis à la disposition des populations soit 30% des 16 millions de
m3 d'eau disponible dans les retenues de la zone.
Cette multitude de réalisations fait suite à la
période de sécheresse qu'a connu le pays dans les années
70. Les ouvrages ont été réalisés dans des
localités où les problèmes d'eau étaient criards.
Ces problèmes ont été durement ressentis par les
populations de Fara et de Guido qui l'ont longtemps évoqué lors
des entretiens. La vocation première de ces barrages est la recharge de
la nappe phréatique afin d'assurer une disponibilité continue de
l'eau pour les besoins humains. Cependant de nos jours, plus de 80% des
villages utilisent leurs barrages pour l'abreuvement du bétail. L'eau
est également utilisée pour la construction, ce qui influence
l'évolution de l'habitat et génère une activité
économique liée à la vente des briques. Un peu moins de
50% de ces ouvrages hydrauliques sont utilisées pour des
activités agricoles mais, cette activité demeure faible au vu des
potentialités offertes. Les consommations domestiques concernent
environs 20% des barrages dépendamment de leur proximité des
villages. De
40
l'intervention en aide d'urgence dans les années 70, on
est aujourd'hui à l'implication des populations à travers
l'approche participative pour la valorisation efficiente de la ressource
eau.
D'une manière générale, une très
grande partie de la mémoire des réalisations a été
perdue et la description des ouvrages pose problème. Toujours est-il que
la mémoire restante que nous avons complété avec les
enquêtes de terrains nous a permit d'avoir une idée de l'envergure
des barrages. Il s'agit effectivement de barrages de petites dimensions dont le
plus grand d'une capacité initiale de 447 000 m3, se localise
à Salo dans le Boulkiemdé et le plus petit à Tio dans le
Sanguié d'une capacité de 100 000 m3. Cela nous donne
une idée de l'envergure des barrages de Fara et de Guido qui ont des
capacités initiales de rétention respectives de 233 000
m3 et 400 000 m3.
Pour la construction de ces ouvrages, on a utilisé au
maximum des matériaux de bord : des blocs de cailloux, du gravier, de la
terre argileuse et du sable. En plus d'une contribution financière
demandée à la population locale, cette dernière a
été sollicitée pour la main d'oeuvre non
spécialisée. Seul le ciment, le fer, les outils et la main
d'oeuvre spécialisée ont été apportés. Les
coûts de réalisation des barrages s'estiment à environ
102.000.000 Fr. pour Guido et 45.987.760 Fr pour Fara, mais ces coûts
sont à prendre avec beaucoup de réserves, vu l'insuffisance et
l'imprécision de la mémoire disponible.
3.1.2- Les apports d'eau dans les retenues
L'essentiel de l'eau contenue dans les retenues est
apportée en saison pluvieuse grâce aux eaux de pluies et de
ruissellement.
L'observation du diagramme ombro thermique (cf. Graphique
n°1) fait ressortir une faible différence dans les quantités
d'eau tombées dans les deux localités. Les mois les plus pluvieux
sont ceux de juin, juillet, aout et septembre et constituent les
périodes d'alimentation en eau des retenues. Les hauteurs d'eau
tombées (en moyenne 710 mm à Fara et 648 mm à Guido)
pendant ces quatre mois sont largement suffisantes pour le remplissage des
barrages. En effet, lors de nos sorties sur le terrain nous avons
été surpris par une importante pluie sur le site de Guido qui,
à elle seule a suffit à remplir la retenue pourtant à
moitié vide. Cela exprime la faiblesse de la capacité de
rétention des retenues qui de surcroit se trouve réduite suite
à l'ensablement.
Les apports par ruissellement se font par les cours d'eau
temporaires sur lesquels sont construits les barrages. Comme on l'a vu plus
haut (chapitre I), il s'agit des affluents secondaires du fleuve Mouhoun dans
lesquels l'écoulement des eaux dure seulement quelques heures ou
quelques jours après chaque pluie. Leurs lits restent secs le reste du
temps et durant toute la saison sèche. Les apports sont donc uniquement
constitués par les eaux de pluies et de ce fait, ils
41
ne se produisent qu'en saison pluvieuse, notamment aux mois
les plus pluvieux avec un maximum en juillet et août.
3.1.3- Les pertes d'eau
La platitude du relief impose l'inondation de grandes
superficies sous faible hauteurs d'eau pour obtenir des stockages suffisants.
De ce fait, les facteurs climatiques tels que les vents et les
températures ont une grande influence sur les plans d'eau et constituent
des contraintes dans la mobilisation des ressources en eau. Les fortes valeurs
thermiques, la vitesse et la sécheresse des vents provoquent une
évaporation très importante qui réduit
considérablement les quantités d'eau retenues.
En effet, « l'ONBI estime qu'au Burkina Faso, les eaux
effectivement utilisables dans les retenues ne représentent que 30% du
total stocké » (OUATTARA S. 1984). A titre d'exemple, selon le
Seureca en 1972, le barrage de Loumbila a enregistré comme hauteur
maximal d'eau 6,10 m ce qui correspond à 26 500 000 m3. La
même année, 11 400 000 m3 ont été perdu
par évaporation, ce qui représente une tranche d'eau égale
à 2 m soit 43% du volume d'eau stocké. A cela il faut ajouter les
pertes d'eau par infiltration, éclusés et les volumes non
exploitables à cause des vases. Ainsi, dans les conditions les plus
optimistes, les volumes d'eau utilisables à Fara et Guido sont
respectivement de l'ordre de 69 900 m3 et de 120 000 m3.
Toujours est-il que ces volumes restent théoriques au vu de la
dégradation des berges des barrages et de l'ampleur de l'érosion
en amont. Toute chose qui pourrait augmenter les vases et réduire
incontestablement les quantités d'eau utilisables.
Tableau 5 : Caractéristiques des barrages de Fara et de
Guido.
Nom de l'ouvrage
|
Date de réalisation
|
Capacité initiale en m3
|
Volume théorique
d'eau utilisable
|
Fara
|
1991-1993
|
233 000
|
69 900
|
Guido
|
1982-1983
|
400 000
|
120 000
|
Source : Herbert Beckmann 2004 et enquêtes de terrain
En somme, on a des apports énormes en eau mais non
réellement utilisables vue l'importance des pertes notamment par
évaporation. De même, les infiltrations peuvent être
élevées et jouer un grand rôle dans la variation des plans
d'eau et partant, la réduction des volumes d'eau. De ce fait, vu la
diversité des utilisations de l'eau, les risques de pénuries sont
énormes.
42
3.2- LES SOLLICITATIONS DE L'EAU DES RETENUES
De multiples raisons ont guidé notre choix vers la
gestion de l'exploitation des ces deux retenues. Parmi ces raisons on peut
retenir essentiellement la diversité des sollicitations auxquelles elles
sont soumises et qui contribuent énormément au
développement du monde rural dans lequel ils se trouvent. Pour bien
élucider cette situation, nous avons tenté d'analyser chacune de
ces activités initiées.
3.2.1- La consommation humaine
Traditionnellement, les populations rurales, pour
résoudre le problème d'approvisionnement en eau, concentrent
leurs habitats le long des cours d'eau. Cette forme d'adaptation se justifie
surtout en saison sèche avec l'assèchement des cours d'eau
temporaires. Pendant cette période, les paysans creusent des puits dans
le lit des cours d'eau pour exploiter la nappe qui est encore peu profonde.
Dans notre cas, on constate que les abords des barrages à Guido comme
à Fara, sont jonchés de puits en vue de récupérer
une partie des eaux infiltrées. La pratique est aussi remarquable dans
tous les villages riverains des barrages (Bonyolo, Perkoan, un peu partout dans
la ville de Fara...). En amont comme en aval des barrages, les habitants des
villages situés le long des rivières sur lesquels sont
réalisés les barrages prétendent n'avoir disposé
d'eau dans leurs puits qu'après la réalisation des ouvrages. Ils
établissent alors une relation entre la pérennité des
barrages et celle des puits et prétendent que le débit de ces
derniers baisse systématiquement quand les retenues tarissent. Ainsi,
l'eau des barrages est indirectement consommée par les villages
riverains à travers les puits par lesquels les riverains
récupèrent l'eau infiltrée.
Outre ce type de consommation, on note une affluence au niveau
des barrages pour les prélèvements directs de l'eau à des
fins domestiques. Cette affluence est plus remarquable à Fara en raison
de son urbanisation. A Guido il se limite à quelques
prélèvements sporadiques. Pour estimer les volumes d'eau
soustraits à cette fin, nous avons recensé et questionné
les personnes qui s'y adonnent. Ceux-ci se répartissent comme suite :
- Ceux prélevant l'eau pour des besoins ménagers
tels que la cuisine, la vaisselle, la lessive et la boisson. Ils se
ravitaillent dans un puits que l'eau du barrage submerge en saison pluvieuse. A
la fin des pluies, l'eau se retire laissant émerger le puits qui est
alors intarissable. On dénombre en moyenne 18 charrettes par jour,
chargée chacune de deux barriques de 200 litres, plus trois à
quatre bidons de 20 litres. Ces charretiers font chacun deux voyages par
jour.
- Ceux utilisant l'eau pour la construction d'habitat. Ces
derniers amènent l'eau sur les sites de construction et utilisent les
mêmes moyens de transport que les premiers. La demande
43
est assez forte concernant cet aspect. On dénombre en
moyenne cinq usagers par jour avec une fréquence journalière de
sept à dix voyages.
En considérant que ces prélèvements ne
durent que la saison sèche (octobre -mai soit environ 240 jours), nous
avons estimé le volume d'eau prélevé comme l'indique le
tableau suivant :
Tableau 6 : Estimation des prélèvements d'eau pour
les usages domestiques.
Localités
|
Destinations des
prélèvements
|
Moyens de transport
|
Moyenne journalière
|
Volumes
|
Volume total prélevé
|
|
Construction
|
2 barriques (400 L) +4
|
18 x 2 = 36
|
480 x 36 =
|
(17280 +
|
|
|
bidons (80 L)
|
voyages
|
17280 L
|
19200=
|
Fara
|
Usages
|
2 barriques (400 L) +
|
5 x 8 = 40
|
480 x 40 =
|
36480 L) x
|
|
domestiques
|
4 bidons (80 L)
|
voyages
|
19200 L
|
240 =
|
|
|
|
|
|
8755200 L
|
|
|
|
|
|
= 8755,2 m3
|
Source : enquêtes de terrain
A Guido ce type de prélèvement se fait rare mais
le fait marquant est la consommation directe de l'eau des puits creusés
dans les jardins par les maraîchers.
Photo 1 : Charrette chargée de deux barriques d'eau
à des fins domestiques
SANOU David .Luther 2008
44
3.2.2- L'irrigation
L'existence d'un point d'eau permanent en milieu rural
signifie pour les paysans une source à même de
générer des revenus en saison sèche. Ainsi,
aménagent- ils des petites parcelles à proximité des
points d'eau pour une production essentiellement maraîchère.
Toutefois, cette activité peut être modernisée si les
paysans bénéficient d'appuis externes pour rationnaliser la
production. Dans le cas contraire, l'activité reste telle avec toutes
les conséquences négatives possibles.
3.2.2.1- L'irrigation traditionnelle
A Guido et à l'exemple des sites de la province du
Sanguié, on assiste à un type d'irrigation que nous qualifions de
traditionnel pratiqué par 25.4% des exploitants enquêtés
sur le site.
? Les parcelles familiales
La production de contre saison se limite habituellement aux
légumes notamment, l'oignon produit dans des jardins familiaux auquel
sont quelquefois associés le chou, le piment, et les aubergines. C'est
une pratique héritée d'une longue expérience de production
d'oignon reconnue à toute la province du Sanguié. Comme le
précise Ouédraogo M., 2005 qui a travaillé sur la culture
de l'oignon dans la région, la production se fait
généralement en saison sèche par les familles dans les
champs de case. Ce fait est en effet remarquable dans la quasi-totalité
des villages Lyélé dans le Sanguié.
Pour ce qui est de Guido, la réalisation du barrage a
provoqué un attrait de la population locale qui a alors colonisé
les berges de la retenue à la recherche d'une source d'eau
pérenne. On dénombre au total 122 exploitations d'une superficie
moyenne de 250 m2 chacune ; soit environ 30500 m2 (3,05
ha) localisées sur les pourtours immédiats du barrage.
L'installation est faite de façon anarchique et les exploitations
installées loin du barrage sont ceux qui n'ont pas trouvé de
place sur les berges. A l'intérieur des parcelles sont
confectionnés des poquets en guise de planches d'environ 1 m de
côté ayant une forme de cuvette pour faciliter la rétention
de l'eau lors des arrosages.
Les semis sont collectionnés de façon artisanale
et les pépinières confectionnées en fin août
permettent de faire trois récoltes par campagne. Les fertilisants
utilisés sont principalement l'engrais chimique et les pesticides pour
le traitement phytosanitaire.
? Les volumes d'eau utilisés
L'apport d'eau aux plantes se fait à la volée
avec les moyens de bord dont peuvent facilement disposer les paysans. Il s'agit
de bidons de 20 litres qui ont été divisés en deux et dont
chaque partie sert en même temps de puisette et d'arrosoir. Les planches
sont directement
45
aspergées d'eau à l'aide de cette puisette une
fois hissée du puisard. Ce type d'arrosage nécessite que la
source d'eau soit à proximité des planches pour éviter la
marche. Plusieurs puisards sont alors creusés dans une même
parcelle. On dénombre par conséquent, une moyenne de 3 puisards
par parcelle ; soit plus de 300 puisards autour du barrage. L'arrosage se fait
deux fois par jours (le matin et le soir) en raison de trois à quatre
puisettes par planche jusqu'à stagnation de l'eau.
Nous avons tenté d'estimer le volume d'eau
utilisé en une année à cette fin de la manière
suivante : en considérant une moyenne de 10 L par puisette, nous avons
entre 30 à 40 L (35 L en moyenne) par planche ; soit environ 4375 L par
parcelle pour chaque arrosage. La période de maraîchage autour du
barrage étant de 9 mois (septembre à mai=270 jours), on peut
estimer le volume d'eau utilisé à 288225 m3 (288 225
000 L) par an, pour une superficie d'environ 3 ha. Cette estimation est
minimale parce que nous n'avons tenu compte que des parcelles situées
sur les berges immédiates et quelquefois même dans le lit
d'inondation du barrage où le plan d'eau est directement utilisé
à travers les puisards.
Il convient de signaler que ce mode d'arrosage consomme plus
d'eau qu'il en faut pour la production d'oignon. En effet, en comparaison aux
normes techniques, les besoins d'eau pour l'oignon sont de l'ordre 4000
à 6000 m3/ha/cycle de production, alors que les estimations
à Guido donne environ 32025 m3/ha /cycle. Les
quantités d'eau utilisées sont quatre à cinq fois plus
élevées que les besoins en eau de l'oignon. Cela démontre
que les maraîchers gaspillent l'eau par ignorance et/ou par l'illusion
d'en disposer suffisamment. Il est alors judicieux de revoir le système
de production, allant de la confection des planches au mode d'arrosage et
travailler à susciter un changement de mentalité de la part des
producteurs surtout que les superficies destinées à
l'activité ne font qu'augmenter d'année en année.
Photo 2 : parcelle d'oignon sur la berge du barrage de Guido
SANOU David Luther 2008
46
3.2.2.2- L'irrigation moderne
Bénéficiant de l'appui de la VAREK, le barrage
de Fara abrite un périmètre irrigué avec un système
d'irrigation modernisé.
? Le périmètre
irrigué
Au niveau de ce barrage, l'irrigation couvre de façon
rotative le maraîchage et la culture de céréale. Les
spéculations produites sont essentiellement le maïs, le haricot,
l'oignon et le manioc ce, en fonction des aptitudes du sol, de la
rentabilité et de la demande sur le marché local. Les semences
utilisées sont des variétés améliorées
offertes par le Programme VAREK. Les fertilisants utilisés sont
essentiellement les engrais chimiques et quelquefois la fumure organique. Le
P.I. a été installé par le Programme VAREK en 2006 sur
demande de la population locale essentiellement composée de migrants. Il
est exploité par un groupement villageois dénommé «
Suugri Nooma » composé de 64 membres dont 48 femmes et 16 hommes.
L'activité était pratiquée de façon sommaire mais
avec l'installation du PI, elle a pris de l'ampleur et constitue une importante
source de revenu pour les exploitants.
Installé sur la berge du barrage, ce PI a une
superficie de 4,5 ha subdivisés en 68 parcelles de 637 m2 chacune. Le
type d'irrigation est un système gravitaire qui exploite la micro
topographie du terrain. Ce système est «une technique d'arrosage
dans lequel la répartition de l'eau sur la parcelle se fait
entièrement à l'air libre par simple écoulement de l'eau
sur le sol» (Gadiéré A.2004). Une motopompe est mise
à la disposition des exploitants à cet effet.
? Les volumes d'eau utilisés
L'apport d'eau dans le périmètre est continu en
saison sèche et complémentaire en saison de pluies. Tous les
exploitants produisent la même spéculation pendant la même
campagne pour répondre au besoin d'uniformité du système
d'arrosage. Vue l'étendue à desservir en eau et la
disponibilité d'une seule motopompe, l'arrosage se fait tous les jours
de 06h à 18h pendant les productions de saison sèche. La
motopompe a une puissance maximale de 80 m3 /h mais elle fonctionne
avec un dédit de 70 m3/h. Pour estimer les quantités
d'eau prélevées à cet effet, nous considérons une
période de production de 120 jours (d'octobre à janvier) qui
correspond au cycle végétatif de l'oignon parce que nous avons
une seule production par campagne. Le volume d'eau utilisé sur cette
période est alors de 100 800 m3 (70 x 12 x 120).
Théoriquement ces apports d'eau sont insuffisants pour
la production de l'oignon. En comparaison aux normes, les besoins en eau de
l'oignon sont de l'ordre de 4000 à 6000 m3/ cycle contre 2420
m3 dans notre cas pour les estimations les plus optimistes car le
système d'irrigation occasionne d'énorme pertes d'eau par
infiltration. En effet, les canaux d'irrigation sont construits en terre simple
et l'eau se perd non seulement par infiltration mais aussi et surtout
47
par écoulement à travers les fissures des canaux
d'irrigation comme l'illustre la photographie n°3. De ce fait, elles sont
difficilement contrôlables et estimables, toujours est il que les
quantités d'eau qui parviennent aux plants sont considérablement
réduites ; ce qui porte préjudice aux rendements.
Au terme de nos analyses, il ressort que le système
d'irrigation reste à perfectionner si toutefois on tend à ce que
l'utilisation de l'eau soit rationnée.
Photo 3 : vue partielle du PI de Fara
SANOU David Luther 2008
En somme, les deux sites présentent des failles quant
aux systèmes d'irrigation. Toutefois, une analyse comparée des
deux sites permet de se rendre compte que celui de Guido gaspille plus d'eau
que celui de Fara. Par ailleurs, une véritable anarchie s'exprime
à travers le mode d'occupation des terres autour des plans d'eau (cf.
figure n°3 a et b)
a.
48
Figure 3 : Cartes de l'occupation de l'espace autour des
barrages de Guido (a) et de Fara (b)
#
#
#
#
#
#
#
#
0 200 m
#
# #
#
#
Occupation de l'espace autour du barrage de Guido
#
#
#
#
#
#
#
#
#
#
#
#
#
#
#
#
# Puits
Rivière
Voie de communication
Zone de maraîchage
Barrage de Guido
N
Source : BDOT 2002 et travaux de terrain Juillet
2008 SANOU D. Luther
49
Juillet 2008
SANOU D. Luther
Source : BDOT 2002 et travaux de terrain
b.
0 100 m
Occupation de l'espace autour du barrage de FARA
Périmètre
irrigué (PI)
Maraîchers
installés
hors PI
Puits Puits
#
Barrage de FARA
Rivière
Bancotière
N
50
3.2.3- L'abreuvement des animaux
Nous nous sommes également intéressés aux
animaux qui s'abreuvent dans les retenues. Cette demande est d'autant plus
importante que la taille des troupeaux est grande et leur provenance diverse.
L'agriculture étant l'activité principale et dans la
majorité des cas, associée à l'élevage la plus part
des paysans résidant dans les deux localités et environs sont des
agropasteurs dont certains ont des troupeaux très importants.
3.2.3.1- La provenance du bétail
Les barrages étant les seuls points pérennes des
localités, ils sont alors très sollicités pour
l'abreuvement du bétail en saison sèche plus
précisément d'octobre à mai lorsque les rivières et
les marres naturelles s'assèchent. Le bétail recensé a
deux provenances à savoir les villages riverains et le bétail
transhumant.
Les enquêtes révèlent à Fara une
moyenne journalière d'environ 830 gros bétail et 150 ovins et
caprins en provenance de la ville de Fara et des villages voisins tels que
Poura, Nananon, Warzawi, Ton, Bakporé etc. Ces animaux qui arrivent de
façon désordonnée (tantôt en troupeaux tantôt
solitaire) parcourent en moyenne 10 à 15 km par jour pour s'abreuver.
Dans ce cas, l'éloignement de la retenue réduit le nombre
d'abreuvements à un par jour, ce qui est insuffisant pour les animaux.
Pour ce qui est du bétail venant du village de Fara, l'apparition au
barrage se fait deux fois : le matin et le soir.
A Guido cependant, les enquêtes révèlent
un effectif en deçà de celui de Fara pour le gros bétail.
En effet, on enregistre pendant la même période 225 gros
bétails et 294 ovins et caprins comme nombre moyen journalier de
bétail venant s'abreuver dans la retenue. Ces animaux proviennent de
Guido et des villages voisins tels que Perkoan, Bepoadir, Vour et Bonyolo et
apparaissent deux fois par jour vu que les distances à parcourir sont
relativement réduites (environ 5 km en moyenne).
Deux facteurs semblent expliquer la faiblesse du nombre de
bétail enregistré au niveau de cette retenue :
- La présence d'un autre barrage à
Séboun, localité située à 15 km de Guido et qui
constitue depuis 2003 la destination d'une partie des gros troupeaux de la
région.
- Traditionnellement, il est interdit à toute personne
de posséder des boeufs pendant que ses parents n'en possèdent
pas. Cela constitue un frein à l'élevage du gros bétail
dans la localité et réduit le nombre de bétail au niveau
de la retenue.
A cela il faut ajouter les troupeaux en transhumance et qui au
passage viennent se désaltérer dans les retenues.
51
Notons qu'un décompte plus minutieux enregistrera
certainement des effectifs plus élevés parce que dans notre cas,
nous ne nous sommes intéressés qu'aux troupeaux de cinq
têtes au moins car il était difficile de percevoir toutes les
arrivées individuelles d'animaux. Par ailleurs, les éleveurs ou
les gardiens des troupeaux sont toujours réticents à donner
l'effectif exact du bétail qu'ils gardent. Toujours est-il que nous
avons fait en sorte de prendre en compte le maximum. De ce fait, la
consommation en eau des animaux est basée sur des estimations quelque
peu aléatoires. Néanmoins, nous tentons d'en donner une
idée.
3.2.3.2- Les quantités d'eau
consommées
A l'instar des consommations d'eau pour le maraîchage,
nous procédons à une estimation des besoins et des consommations
d'eau par les animaux qui du reste, manque d'une grande précision. Les
enquêtes de terrain menées par le CIEH (GIRE, 2001) montrent que
les besoins en eau du cheptel dépendent entre autres de l'espèce
animale, de la qualité du fourrage consommé et du climat dans
lequel il vit. Les consommations spécifiques généralement
utilisées sont variables mais les écarts ne sont pas très
significatifs. On retient les chiffres suivants :
· bovins : 39,2 l/j/tête
· ovins : 4,3 l/j/tête
· caprins : 4,3 l/j/tête
· asins : 30 l/j/tête
· équins : 23 l/j/tête.
Pour plus d'efficacité, la consommation
spécifique est exprimée par Unité de Bétail
Tropical (UBT) et on retient la valeur de 35 l/j/UBT pour signifier la
consommation moyenne d'un animal. L'estimation de la demande en eau pour
l'élevage se fait à partir du nombre d'UBT et de cette
consommation spécifique.
En considérant que l'utilisation de l'eau des barrages
par l'élevage ne dure que la saison sèche (octobre à mai
soit 240 jours) et en tenant compte de la consommation moyenne
journalière par bête, la consommation annuelle d'eau peut
être estimée à 8232 m3 à Fara (830 + 150
x 35 x 240) et 4359,6 m3 à Guido (.225 + 294 x 35 x 240)
Cette estimation est minimale car elle ne prend en compte ni la consommation
des animaux qui arrivent individuellement comme signalé plus haut ni les
consommations d'eau en saison pluvieuse.
Cependant, la consommation de l'eau ne se fait pas sans
difficultés pour le bétail qui se trouve alors exposé aux
risques de pénurie d'eau en ce sens que les retenues constituent les
seuls points d'eau pérennes dans les localités, surtout à
Fara. Dans ce cas, lorsque l'eau se retire dans le lit mineur, les animaux vont
plus en profondeur pour se désaltérer courant ainsi le risque de
s'embourber. Selon les bergers, la pelouse des animaux s'effrite quand ils
consomment de l'eau
52
boueuse. Par ailleurs, le tarissement du barrage amène
certains éleveurs à parcourir plus de quinze kilomètres
pour abreuver leurs animaux dans le fleuve Mouhoun. Cette distance parcourue
tous les jours a des conséquences dramatiques sur la santé du
bétail particulièrement sur les veaux.
D'autre part, les animaux courent des risques sanitaires suite
à la consommation de cette eau qui du reste, constitue le lieu de
concentration des éléments polluants. En effet, les intrants
agricoles (engrais chimiques et pesticides) et les déchets biologiques
déversés sur les bassins versants sont tous
véhiculés dans les lits des barrages par les eaux de
ruissellement transformant ainsi ces endroits en des nids de pathologies
diverses pour tout exploitant et consommateur. En outre, le risque d'infection
et de contagion est très élevé en cas
d'épidémie animale parce que les animaux défèquent
dans l'eau en même temps qu'ils la consomment. Les risques sont aussi
réels pour les retenues dont les digues sont menacées de
dégradation suite aux piétinements fréquents des troupeaux
qui passent de tout côté pour accéder à l'eau.
Cette pollution est d'autant plus grave que les
activités d'exploitation sont diversifiées en amont de l'ouvrage
étant donné que certaines activités sont
particulièrement polluantes. A titre d'exemple, l'eau du barrage de
Guido connait une très grave pollution causée par l'orpaillage
(utilisation de produits toxiques) qui de plus absorbe une importante
quantité d'eau.
Photo 4: Bétail s'abreuvant dans le barrage
(Fait observable à Guido et Fara)
SANOU David Luther 2008
53
3.2.4- L'orpaillage
L'orpaillage est une activité passagère qui
n'est enregistrée que sur le barrage de Guido. Pour le cas de Fara, le
site d'orpaillage de Poura est si éloigné que les orpailleurs ne
peuvent se rendrent à Fara pour prélever l'eau. Les
enquêtes effectuées sur le site de Guido montrent que
l'activité y est présente depuis seulement un an et est l'oeuvre
de migrants. Localisée à environ un kilomètre du barrage,
l'activité est grande demandeuse d'eau en témoigne le flux de
charrettes qui font la navette pour le ravitaillement en eau. Il s'agit
d'apporter l'eau sur le site d'orpaillage à l'aide d'une charrette
chargée de deux barriques de 200 litres chacune auxquelles s'ajoutent le
plus souvent trois à quatre bidons de 20 litres. Cette eau qui sert au
lessivage de la pierre n'est plus réutilisable d'où la
nécessité de la renouveler. Nous avons pu dénombrer
pendant notre séjour qui correspondait à la période de
pointe de l'activité, une moyenne journalière de 23 charrettes
oeuvrant à cet effet en raison de cinq voyages par jour.
Pour estimer les quantités d'eau utilisées, nous
avons procédé à un calcul qui nous permet d'évaluer
la quantité d'eau prélevée à 2,400 m3
par charrette et par jour, donc 55,200 m3 pour les 23 charrettes. En
considérant que les prélèvements sont accrus sur la saison
sèche (240 jours), on peut affirmer avec beaucoup de réserve que
la quantité d'eau prélevée par an pour l'orpaillage vaut
13248 m3. Toute chose qui contribue énormément
à épuiser la quantité d'eau retenue dans le barrage.
Par ailleurs, force est de constater que les orpailleurs
jouent un rôle très remarquable dans la pollution de
l'environnement en générale et de l'eau du barrage en particulier
en s'y baignant et en y lavant le matériel d'orpaillage à l'aide
de produits chimiques toxiques (savon, cyanure...) donc dangereux pour la faune
aquatique, les hommes et le bétail.
Cependant, les prévisions augurent de lendemains
meilleurs en ce sens que l'activité est passagère. En effet, cet
or exploité de façon artisanale était en voie
d'épuisement après une année d'exploitation. Toutefois,
des mesures devront être prises pour éviter la pollution des eaux
avant que les effets néfastes ne soient irréversibles sur la
santé humaine et animale.
54
Photo 5 : Utilisation de l'eau par les orpailleurs
SANOU David Luther 2008
3.2.5- Les autres types de prélèvements
A ce titre, nous faisons allusion aux briquetiers, les
exécutants des travaux spontanés tels que la
construction/réfection des routes et toute autre activité dont la
réalisation demande l'utilisation d'eau en quantité non
négligeable.
La confection des briques est une activité
enregistrée seulement autour de la retenue de Fara et qui
intéresse seulement quelques personnes. Elle est liée à
deux phénomènes spécifiques qui sont la proximité
de l'eau et la structure limoneuse de la boue accumulée au fond de la
retenue. Il s'agit des sédiments résultants de l'érosion
en amont. Pour ce centre semi urbain en pleine croissance, les besoins de
constructions sont légions. La demande en briques est forte et
permanente, faisant de la confection de briques une activité
génératrice de revenus pour certains jeunes. Les investigations
ont permis d'identifier huit fabricants /vendeurs de briques. Tous ceux qui
s'adonnent à cette pratique sont situés dans le lit du barrage,
extirpant la boue limoneuse déjà humide et très
résistante quand elle sèche. Ils obtiennent ainsi des briques
résistantes et très prisées par la population. Dans ce
cas, la demande d'eau est relativement faible et difficilement estimable.
Néanmoins un léger calcul permet de l'évaluer à une
barrique d'eau pour environ 50 briques.
Chacun confectionne en moyenne 150 briques par jour qui sont
vendues aux habitants à 10 Fr. CFA l'unité. L'activité
leur procure un revenu moyen journalier de 1500 fr CFA.
Cependant, leur activité provoque un surcreusement de
la partie amont de la retenue. Ce qui pourrait avoir un impact sur l'hydrologie
du lac suite au changement de la configuration de l'assiette.
55
La demande d'eau pour la construction/réfection des
routes est sporadique mais importante. La proximité des retenues est
mise à profit par les entrepreneurs, qui ne mesurent pas la
portée de leurs actes sur les autres activités et l'état
des retenues. Les témoignages confirment la présence de cette
pratique lors de la réfection des routes. Les maraîchers trouvent
qu'elle diminue beaucoup la quantité d'eau retenue et surtout, fragilise
la digue que les camions-citernes empruntent pour accéder à l'eau
du barrage.
Au terme de cette description, on se rend compte de
l'importance capitale des deux ouvrages pour les populations riveraines, en
témoigne la multitude d'activités qui sont
développées autour. Des cultures irriguées à
l'orpaillage en passant par l'abreuvement du bétail, la construction, la
confection des briques, les usages domestiques etc. Tous les besoins en eau au
niveau locale sollicitent plus ou moins les retenues.
Des dissemblances sont cependant observables entre les
différents types de demandes soit au niveau des volumes d'eau
prélevés pour une même activité ou soit par la
présence et/ou l'absence de telle ou telle activité sur chacun
des sites. En effet, le constat est que l'abreuvement du bétail demande
deux fois plus d'eau à Fara qu'à Guido tandis que l'orpaillage
est présente à Guido contrairement à Fara où on
enregistre la consommation humaine (cf. Figure n°2 et 3). On peut donc
affirmer sans risque de se tromper que les sollicitations d'eau sont relatives
aux réalités locales. Ceci étant, les projets
d'aménagement des petites retenues d'eau devraient tenir compte de ces
réalités locales afin d'optimiser leur durabilité.
Figure 4 : Répartition des principaux
prélèvements d'eau à Guido
Source : Enquêtes de terrain
56
Figure 5 : Répartition des principaux
prélèvements d'eau à Fara
Source : Enquêtes de terrain
Par ailleurs, on remarque que les volumes d'eau
prélevés pour satisfaire les différents types de demandes
sont supérieurs aux capacités théoriques utilisables des
barrages comme l'illustre le tableau ci-dessous.
Tableau 7: Aperçu des volumes d'eau prélevés
et de ceux disponibles
Nom du
barrage
|
Volumes d'eau prélevé annuellement pour
chaque type de demande (m3 )
|
Volume théorique d'eau utilisable (m3
)
|
Irrigation
|
Elevage
|
Orpaillage
|
Consommation humaine
|
Totaux des
prélèvements
|
Fara
|
100 800
|
8 232
|
00
|
8 755,2
|
117 787,2
|
69 900
|
Guido
|
288 225
|
4 359,6
|
13 248
|
00
|
305 832,6
|
120 000
|
Source : Enquêtes de terrain
Cela peut paraître paradoxale mais, l'explication se
trouve dans le fait que les prélèvements baissent
considérablement dès le mois de mars suite au tarissement des
retenues alors que les estimations ont été faites sur la base des
enquêtes effectuées en période de pointe et ensuite
extrapolées sur toute la saison sèche. Après le mois de
mars, les prélèvements portent essentiellement sur les eaux
souterraines par le biais des puisards creusés à proximité
des retenues et permettant ainsi de récupérer les eaux
d'infiltration.
La situation est d'autant plus alarmante quand on sait que
l'anarchie qui règne autour des ouvrages est de nature à
compromettre leur durabilité surtout en réduisant leur
capacité à retenir
57
l'eau pendant que la demande ne fait qu'augmenter
conséquemment à la croissance démographique et au
développement des activités socioéconomiques.
3.3- L'EVOLUTION DE LA CAPACITE DES BARRAGES ET LES
EFFETS
INDUITS
Des difficultés résident dans l'exploitation des
retenues, qui menacent dangereusement leur durabilité. Les modes
d'exploitations présentés ci-dessus génèrent des
phénomènes dont les conséquences sont très
néfastes tant sur l'état des retenues que sur les
activités induites par leur présence. Les conséquences se
perçoivent à travers la réduction rapide des
quantités d'eau retenues et la dégradation de leur
qualité.
3.3.1- La réduction progressive et la destruction
des volumes d'eau retenue
La dégradation des retenues s'exprime notamment
à travers la perte de la profondeur, le retrait rapide de l'eau, le
tarissement précoce des puits sur les berges, etc. Sont en cause les
activités zoo anthropiques menées autour des retenues et sur
leurs bassins versants auxquelles s'ajoutent les effets des facteurs physiques,
c'est-à-dire géologiques, géomorphologiques et climatiques
entraînant l'envasement des retenues. Avant de passer à
l'explication de ces phénomènes et de leurs conséquences
il convient d'abords d'en appréhender la perception paysanne.
3.3.1.1- Le constat des paysans
Les paysans perçoivent plus ou moins bien les
différents aspects de la détérioration des barrages. Les
points suivants nous ont permis d'apprécier leur base d'analyse :
- La perte de la profondeur des lacs : Elle est perçue
par 88% des enquêtés à Guido
et 12% à Fara. Ils
justifient leurs propos par le fait que depuis un certain nombre
d'années, il est possible de traverser les barrages à la marche
sans risque de se noyer. Ce qui n'était possible qu'en avril lors de la
mise en eau des ouvrages. La boue a donc occupé la place de l'eau. De
plus, les pêcheurs constatent une accumulation massive et croissante de
boue au fond de l'eau. Quelques personnes démontrent la diminution de la
profondeur des retenues par le fait que de nos jours, il suffit de trois
à quatre grandes pluies pour les remplir; ce qui n'était pas le
cas il y a quelques années. « Les barrages sont donc
ensablés. Après les pluies, l'eau passe au lieu de stagner »
soutiennent-ils.
- Le retrait rapide de l'eau dans le lit mineur est
constaté par 23% des exploitants à
Guido contre seulement 5%
à Fara. A Guido, ils avancent comme preuve le fait que d'année en
année, des jardins sont abandonnés avant même la
maturité de l'oignon. A Fara le constat est fait par des
maraîchers hors du P.I. et qui ont une longue expérience de la
pratique. Ces derniers
58
évoquent également l'abandon de certaines de
leurs parcelles qu'ils ont cependant mises en valeur les années
précédentes.
- Le tarissement précoce des puits : L'abandon des
parcelles (surtout à Guido) est
tributaire de ce dernier aspect. En
effet, l'arrosage se faisant à l'aide des puits, tout abandon de
parcelle équivaut à un tarissement des puits qui s'y trouvent. A
ce propos, les maraîchers établissent une relation étroite
entre la pérennité des puits et celle du barrage et estiment que
si rien n'est fait, le barrage disparaîtra et le maraîchage avec.
Un autre aspect de la dégradation est vu par quelques personnes qui
pensent que les orpailleurs polluent l'eau.
Quant aux causes de ces différents
phénomènes, elles sont également perçues par les
paysans. L'envasement des retenues est la principale cause
évoquée par 78% des exploitants à Guido et 11% à
Fara. Ceux-ci pensent en même temps être à l'origine de ce
processus par leurs agissements en amont et sur les berges. Les
maraîchers de Guido accusent surtout la terre extraite des multiples
puits creusés dans les jardins. A Fara les doigts sont pointés
sur le P.I. où le sol est également remué de façon
permanente. Seulement 12% de l'ensemble des enquêtés (Fara et
Guido) mettent en cause les activités sur les bassins versant. Ceux-ci
inculpent respectivement la pratique de l'agriculture, la destruction des
végétaux par les hommes, la divagation des animaux, et même
l'avancée du désert. Pour contrecarrer le
phénomène, ces derniers mènent quelques activités
de CES/DRS.
Il ressort de cette analyse que le phénomène
d'ensablement des retenues est bien perçu par les paysans mais, les
causes sont mal connues. En outre, on constate que plus le contact avec la
ressource est direct (Guido), mieux sa dégradation est perçue.
3.3.1.2- Les risques d'envasement des retenues
Sur la base des documents consultés et de nos
observations sur le terrain, il se dégage effectivement des risques
d'envasement des retenues attestant les propos des paysans. La baisse de la
capacité de rétention des barrages est imputable à
l'envasement, l'accumulation de sédiments au fond de l'eau. Ce fait est
perceptible à travers plusieurs aspects dont les plus expressifs sont
:
- L'étalement du plan d'eau : Il est très
remarquable à Guido. En effet, on y constate un agrandissement du lit
majeur surtout en amont du barrage. Pour preuve, une route
réalisée à environ 2 km en amont quelques années
après la réalisation de la dite retenue, est de nos jours
impraticable parce qu'entièrement détruite par l'eau (cf. photo
n°6). A la date de construction de la route, l'eau du barrage n'atteignait
pas ces lieux. La remontée des eaux provoque des oscillations qui ont
érodé cette piste de nos jours. Ce qui signifie que le fond de la
retenue est occupé par des sédiments qui obligent l'eau à
quitter son assiette d'antan et à s'étaler. De plus,
59
les champs de mil qui occupaient les terres entre la route et
l'ancienne limite des eaux, sont aujourd'hui exploités en riz. Preuve
que l'eau y stagne à présent.
Photo 6 : Piste érodée par l'eau en amont du
barrage de Guido
Vers le barrage
SANOU David Luther 2008
- Les fentes de dessiccation : celles-ci sont perceptibles sur
les parties asséchées des retenues montrant une accumulation de
vase constituée de limons qui sont des éléments d'apport.
Cet entassement de sédiments allochtones forme une pellicule dont
l'épaisseur varie entre 8 et 14 cm selon les endroits.
Photo 7 : Fentes de dessiccation dans le lit des barrages.
SANOU David Luther 2008
60
- Le retrait rapide de l'eau dans le lit mineur : Ce
phénomène prouve davantage que les retenues n'ont plus leur
profondeur initiale. Le volume autrefois occupé par l'eau est à
présent occupé par la vase. Cette eau dépourvue d'espace
de stagnation, soit elle s'écoule par le déversoir, ou
s'étale en fine pellicule à l'arrière des digues. Elle
s'épuise vite face à l'exploitation, l'évaporation et
l'infiltration ; ce qui engendre le retrait rapide dans le lit mineur.
- Outre ces constats, d'autres phénomènes
mettent en exergue la diminution de la capacité des ouvrages. Il s'agit
notamment de l'inondation d'une concession à proximité de la
retenue et du passage de l'eau l'hivernage précédente sur la
digue du barrage de Guido provocant sa destruction partielle. Ces
phénomènes n'ont jamais été enregistrés
depuis la construction du barrage en 1983.
Les manifestations sont plus perceptibles à Guido
qu'à Fara. La situation pourrait s'expliquer d'une part, par l'âge
du barrage de Guido réalisé 10 ans avant celui de Fara et d'autre
part, par l'ampleur des mauvaises pratiques du maraîchage sur les berges
de celui-ci ; notamment le creusement des puits et la confection des
planches.
Les causes du comblement de ces retenues sont diverses et
résultent d'un long processus concernant non seulement les abords
immédiats des plans d'eau mais aussi l'ensemble des bassins versants
respectifs. Selon MANUS M. 1985, cité par OUATTARA I. en 2004 « le
débit d'apport dans une retenue est largement déterminé
par les conditions climatiques. Mais des facteurs tels que le relief, la
végétation, l'activité agricole et la géologie du
site jouent un rôle important ». Ces facteurs interviennent
différemment dans le processus de comblement des lacs à travers
des agents d'érosion tant « climatiques, physiques que zoo
anthropiques » :
? La péjoration climatique agit à travers les
effets des :
? variations thermiques dues à la combinaison de
différents facteurs tels que
l'humidité relative, les
températures et l'évaporation ;
? la déflation éolienne résultant de
l'effet des vents qui, relativement à leur force et
leur vitesse,
transportent les éléments par reptation, par saltation ou par
suspension et les déposent dans les lacs ;
? la dynamique pluviale qui est le principal agent de la
dynamique érosive en milieu
tropical. Dans les zones d'étude,
toutes les pluies sont concentrées sur quatre mois (mai, juin, juillet,
août). Elles accentuent ainsi la sédimentation suite à leur
agressivité sur les sols des bassins versants mal protégés
par le couvert végétal. Cette pluviométrie constitue alors
le principal agent de morphogenèse donc de sédimentation des
barrages.
61
? L'impact zoo anthropique :
Il s'agit des effets des « multiples exploitation des
ressources naturelles » (OUATTARA I. 2004). Cet impact s'exprime à
travers la dégradation du couvert végétal et des sols. Ces
derniers aspects sont imputables aux pratiques culturales et au
piétinement des animaux. Pour ce qui est des pratiques culturales de la
zone d'étude, elles demeurent archaïques et fortement
dominées par l'utilisation de la daba. Les sols remués chaque
année se fragilisent et deviennent vulnérables à
l'érosion. Les labours effectués à la charrue sont pour la
plupart perpendiculaires aux courbes de niveau ; toute chose qui joue en faveur
des ruissellements, donc de l'érosion. Seulement 12% des paysans
pratiques la lutte anti érosive. Pour ce qui est de l'exploitation des
berges, le P.I. de Fara et la réalisation des puits et la confection des
planches à Guido restent largement mis en causes. Le piétinement
des animaux est omniprésent sur les deux bassins versants et ce, durant
toute l'année. L'inconvénient est l'ameublissement des sols par
la multiplication des pistes à bétail.
Tous ces paramètres concourent à la
dégradation des retenues en réduisant non seulement leur volume,
mais également en polluant les eaux.
3.3.1.3- La dégradation des digues et des
berges
Dans les deux cas, les digues des barrages constituent les
pistes favorites pour les hommes et les animaux. Les grands effectifs de
bétail passent par les digues pour s'abreuver. Les ouvrages ne disposant
pas d'aménagements propices à une bonne exploitation, les digues
constituent un passage idéal pour se ravitailler directement dans les
retenues. La dégradation est aussi perceptible à travers la
colonisation des digues par des espèces ligneuses. Les racines de ces
arbres en quête d'humidité, vont fissurer le gabion pour se frayer
un passage. Ces paramètres ont de lourds effets parce que la
fréquence des passages, et le poids relatifs des engins contribuent
à détruire les digues déjà fragilisées par
les racines des ligneux. Les conséquences probables sont les ruptures et
le passage de l'eau à travers les fissures qui peuvent aussi être
cause de tarissement précoce des retenues. Le poids du temps et
l'absence d'entretien se perçoivent à travers l'état
défectueux du déversoir du barrage de Guido (cf. photo
n°8).
62
Photo 8 : Vue partielle du déversoir
dégradé du barrage de Guido
SANOU David Luther 2008
3.3.1.4- Les risques de pollution des eaux
La pollution serait l'introduction de polluants (des
substances chimiques, génétiques ou énergétiques
sous forme de bruit, de chaleur, ou de lumière) dans un environnement
à tel point que ses effets deviennent nuisibles à la santé
humaine, à celle des autres organismes vivants, à l'environnement
ou même au climat. On appelle pollution de l'eau, toute modification
chimique, physique ou biologique de la qualité de l'eau qui perturbe les
conditions de vie et l'équilibre du milieu aquatique
(écosystème) et compromet les utilisations de l'eau. Elle est
provoquée par l'Homme (pollution anthropique) et ses activités. A
ce titre on distingue les pollutions d'origine agricole, domestique, urbaine ou
industrielle.
Sur les sites d'étude, la pollution est réelle
et est l'effet du maraîchage, de l'élevage, de la lessive et des
baignades dans les plans d'eau. Les maraîchers utilisent du fumier
organique, des engrais chimiques, et des pesticides pour l'entretien des
parcelles et des plantes. Ces produits utilisés en amont et sur les
berges se retrouvent tous dans les retenues suite aux ruissellements. Le
bétail venu se désaltérer, dépose leurs
déchets dans l'eau. La proximité des villages (leur situation sur
les bassins versants) et surtout du site aurifère de Guido fait que les
orpailleurs viennent se laver dans le barrage en utilisant du savon et tous les
déchets domestiques ont pour destination les plans d'eau. Plus loin, les
pesticides utilisés dans les champs sur les bassins versants en saison
pluvieuse sont dissous et charrués dans les barrages. La stagnation de
cette eau favorise la prolifération de bactéries de tout genre et
la concentration des polluants. Les riverains et leurs animaux courent donc des
risques énormes en consommant cette eau. De plus, ces produits chimiques
détruisent la faune aquatique, notamment les poissons.
63
Vue cette précarité, on se demande quelle est
l'avenir des activités qui dépendent des ouvrages.
3.3.2- Quelle durabilité pour les activités
autour des barrages ?
La réduction progressive des quantités d'eau
consécutive à l'ampleur des demandes et la dégradation des
retenues freine incontestablement les activités qui en dépendent.
Ainsi, l'abreuvement du bétail, le maraîchage et la pêche
sont victimes du préjudice causé par cet état de fait.
3.3.2.1- L'insatisfaction des demandes d'eau
Le maraîchage est l'activité la plus sensible
parce qu'elle est étroitement liée à la présence
des plans d'eau. En effet, le manque d'eau consécutif à la
réduction progressive de la capacité de stockage, est de plus en
plus crucial au fil des années. La situation est moins critique et moins
visible à Fara parce que le système d'irrigation gravitaire
assure un arrosage uniforme. On note cependant que 10% du
périmètre ne sont pas mis en valeur par mesure de prudence face
à la pénurie d'eau précoce. Le déficit en eau se
fait ressentir dès le mois de mars. A Guido en revanche, les
données de l'enquête sont très expressives. « De par
le passé, il était possible de faire trois récoltes
d'oignon par campagne, mais au fil des années ce nombre est
réduit et aujourd'hui certains ne peuvent faire qu'une seule
récolte parce que leurs puits tarissent dès fin janviers.»
affirment les maraîchers. Certains ajoutent que si rien n'est fait d'ici
cinq ans le barrage disparaîtra, ou sera pour le moins inexploitable. Ces
propos se confirment par les chiffres que donne l'enquête. 10% des
parcelles manque d'eau dès le mois de février, 29% sont dans le
cas dès mars et en avril, environ la moitié (46%) des exploitants
notamment les maraîchers manque d'eau.
De l'analyse du calendrier de maraîchage de Guido, il
ressort qu'une seule récolte est possible pour ceux qui manquent d'eau
en février, la période de végétation de l'oignon
étant quatre mois. Les parcelles abandonnées appartiennent
à ces derniers. Ceux qui tombent dans la pénurie d'eau en mars ne
peuvent faire que deux récoltes. Les trois récoltes ne sont
possibles que pour les maraîchers qui sont situés à
l'intérieure du lit majeur du barrage. Cela reste encore
aléatoire parce que dès les premières pluies, une grande
partie des parcelles est inondée.
Il ressort que la pénurie d'eau réduit le nombre
de récoltes et par ricochet les revenus des maraîchers qu'elle
touche, alors que cette activité est la première source de
revenus des villageois pour le site de Guido. Cependant, on peut tirer profit
de l'expérience dont fait montre ces derniers dans le
maraîchage.
Les pénuries d'eau dans les retenues sont aussi fatales
pour d'autres types d'exploitants que sont les briquetiers et les
pêcheurs. De fait, les pêcheurs constatent une baisse
64
considérable des prises de poissons durant ces
dernières années. Ils expliquent que de par le passé ils
pouvaient amasser en moyenne deux à trois kilogrammes de poisson par
jour ce qui leur procurait un revenu moyen de mille à mille cinq cent
franc. Ainsi, cette activité permettait-elle d'améliorer un temps
soit peu la qualité des plats et les revenus financiers. Mais de nos
jours, certains peuvent passer toute la journée sans capturer un seul
poisson. Cela s'expliquerait par les raisons suivantes :
- La perte de la profondeur des retenues diminue la
quantité d'eau stagnante et crée ainsi un milieu impropre au
développement de la faune aquatique en générale et des
poissons en particulier.
- L'excès de boue accumulée au fond des retenues
constitue un refuge pour le poisson qui échappe ainsi à la prise
des filets. Cette boue entrave également la prolifération des
alevins.
En ce qui concerne les briquetiers, le manque d'eau pourrait
être fatal en ce qu'ils stopperaient leur activité et seraient au
chômage. La conséquence principale est l'augmentation du
coût des constructions.
3.3.2.1- Les risques sanitaires
La pléthore d'activités qui sollicitent la
ressource n'a pas pour seule conséquence une dégradation physique
des lacs se manifestant par le manque d'eau. On assiste en plus à une
pollution des eaux par des éléments chimiques et biologiques qui
sont source de plusieurs maux (maladies). En effet, ces eaux deviennent suite
à la pollution, des nids de pathologies infectieuses et parasitaires. La
consommation d'une telle eau est dangereuse tant pour les hommes que pour les
animaux.
En définitive, l'analyse des principaux
paramètres abordés ci-dessus fait ressortir l'importance que
revêt l'exploitation des retenues dans le développement socio
économiques des populations locales. Cependant, l'anarchie qui
règne dans le mode d'exploitation de la ressource compromet
dangereusement la survie des retenues et par ricochet, remet en cause la bonne
continuation des activités. Sont en cause à cette
hypothèque des facteurs techniques et organisationnels.
65
CHAPITRE IV : LES RETOMBEES SOCIOECONOMIQUES ET
LES
PERSPECTIVES POUR UNE MEILLEURE GESTION DES
OUVRAGES
4.1- ANALYSE SOCIOECONOMIQUE DES ACTIVITES AUTOUR DES
BARRAGES Les effets induits par l'exploitation des deux retenues
dans les localités concernées sont multiples et peuvent
être classés en deux volets: les retombées
économiques et les transformations sociales.
4.1.1- Les apports économiques des activités
autours des retenues
Ils s'apprécient par la mesure des facteurs tels que
les quantités produites, les revenus financiers
générés par la vente des produits et l'utilisation des
sommes ainsi perçues. Pour ce qui est de la production engendrée
par l'irrigation, le site de Fara a permis la récolte des
quantités suivantes sur trois campagnes. Il s'agit d'estimation parce
qu'une partie du maïs a été consomme frais (maïs
grillé).
Tableau 8 : rendements et productions du PI de Fara de 2006
à 2007
|
Cultures
|
Superficie (ha)
|
Rendements (T/ha)
|
Production
|
1ere campagne
|
Maïs
|
4,5
|
2,4
|
10,7 tonnes
|
2emecampagne
|
Niébé
|
4,5
|
44.10-3
|
0,200 tonnes
|
3emecampagne
|
Oignons
|
4
|
18,55
|
74,200 tonnes
|
Source : Rapport de stage ZOUNGRANA O. 2007.
NB : la récolte de niébé fut médiocre
en raison d'une attaque de parasites
Ce P.I. est économiquement rentable en ce qu'il
constitue une source de revenus substantiels grâce à la vente des
produits, soit en moyenne 100 000 à 150 000 Fr. CFA par personne et par
campagne.
Selon OUEDRAOGO M., dans la province du Sanguié il y a
généralement une seule récolte d'oignon au cours d'une
campagne à cause du manque d'eau en mars et en avril. La production
d'oignon est de 1912,5 kg en moyenne par récolte et par maraîcher.
En ce qui concerne le maraîchage à Guido, les enquêtes ont
relevé que la majorité des maraîchers autour du barrage
font deux récoltes et certains font exceptionnellement trois
récoltes par campagne grâce à la présence de la
retenue. Ce qui donne une moyenne de 3824 kg d'oignon par campagne et par
maraîchers. Ainsi, la production totale d'oignon
générée par la présence du barrage peut être
estimée à environ 466,5 tonnes par an. Les revenus financiers
sont énormes et varient entre 125 000 et 380 000 Fr. CFA par campagne
pour chaque producteur.
66
Dans les deux cas, il ressort que la pratique de l'irrigation
favorisée par la présence des retenues est économiquement
rentable. Elle procure aux exploitants des revenus oscillant entre 100 000 et
380 000 Fr. CFA par campagne et par producteur, soit un revenu nettement
supérieur au seuil national de pauvreté estimé à 82
672fr. CFA en 2003.
Les autres activités ne sont pas moins rentables. En
effet, le poisson capturé par les pêcheurs à Fara comme
à Guido est en grande partie vendu aux maraîchers sur place et
procure aux pratiquants un revenu moyen journalier variant entre 750 et 1500
Fr. CFA. Les confectionneurs de briques de Fara font également de bonnes
recettes. Chacun des huit pratiquants de ce commerce s'en sort avec en moyenne
1500 Fr. CFA par jour. Sans oublier les sommes amassées grâce
à la vente de l'eau aux orpailleurs par les femmes à Guido.
Par ailleurs, il convient de signaler que les comités
de gestion des barrages respectifs imposent des taxes pour les
prélèvements d'eau au niveau des retenues. Lors des
enquêtes, ces taxes étaient en restructuration pour la retenue de
Fara en raison d'un dysfonctionnement du comité qui a
entraîné la vidange de la caisse. A la même époque le
comité de gestion du barrage de Guido totalisait la somme de 275 000 Fr.
CFA dans sa caisse d'épargne. Cette somme leur permet de procéder
à quelques réfections du déversoir du barrage.
La réalisation des retenues dans les villages a
entraîné des effets induits qui sont pour le moins,
économiquement rentables et partant, influent sur les conditions de vie
des riverains.
4.1.2- Les incidences sociales de l'exploitation des
retenues
Les incidences sociales qui en découlent sont diverses.
Elles vont de l'amélioration du niveau de vie, à la promotion de
la femme en passant par la réinsertion sociale.
Par la diversité des produits
générés, l'exploitation des lacs contribue à
l'équilibre alimentaire en permettant la consommation du poisson et des
légumes frais. L'insécurité alimentaire est amoindrie
surtout à Guido où la pauvreté des sols fait que la
céréaliculture en saison pluvieuse n'est pas très
rentable. Ceci étant, les sommes perçues après la vente de
l'oignon servent à se ravitailler en céréales notamment en
maïs, pour combler les périodes de soudures très
fréquentes dans le village. « L'oignon remplace le coton pour nous
parce qu'il est beaucoup plus rentable. L'infertilité des sols et
l'exigence du coton ont fait que tous ceux qui l'ont produit ont fait faillite.
». Tels sont les propos de quelques personnes interrogées. A titre
d'exemple un exploitant prétend être arrivé à payer
la scolarité de ses trois fils au collège. Il se serait
même procuré une moto avec les revenus de cette
activité.
Les sommes recueillies dans la vente de l'eau à Guido
et celles des légumes et du maïs « grillé »
à Fara permettent aux femmes d'assurer quelques dépenses
familiales. Les
67
confectionneurs de briques estiment que l'activité leur
évite l'oisiveté, leur procure de quoi s'acheter des
vêtements et faire quelques petites dépenses.
Sur le plan social, la présence des plans d'eau est
d'une importance notoire. Les exploitants du barrage de Guido sont jeunes pour
la plus part. L'âge moyen est de 31 ans. Plusieurs d'entre eux affirment
avoir été en Côte d'Ivoire avant de revenir s'installer
à Guido pour soutenir les parents beaucoup avancés en âge.
Ils prétendent que le barrage est pour beaucoup dans leur fixation dans
le village parce qu'aucune autre activité n'est aussi rentable que la
production de l'oignon, d'autant plus qu'ils ont la possibilité de faire
deux à trois récoltes par campagne. Si le barrage venait à
disparaître, ils préféreraient retourner en ville que de
rester pour produire sur des terres infertiles. Ces propos sont
légitimés quand on sait qu'environ 9% des exploitants sont des
migrants journaliers attirés des villages voisins par le
maraîchage.
A Fara, la présence du barrage est une véritable
aubaine surtout pour la construction, en atteste l'affluence des briquetiers et
le volume d'eau destinée à cette fin. A côté,
certaines femmes affirment ne pas pouvoir supporter le coût de l'eau et
les longues files d'attente sur les points d'eau modernes. L'eau du barrage est
la solution. A l'intérieur du P.I. deux femmes et un jeune homme
prétendent être rapatriés de la Côte d'Ivoire mais
grâce à l'irrigation ils arrivent à se retrouver.
La question de la femme anime toujours les discussions dans le
domaine du foncier. Malgré les textes stipulés par la R.A.F,
force est de constater qu'en milieu rural le régime foncier est
fortement sous l'emprise des coutumes qui ne reconnaissent ni le droit de
propriété ni le droit d'exploitation de la terre à la
femme. A Guido par exemple, les terres sont inaccessibles aux femmes. Celles
que nous avons pu interroger travaillaient sur les parcelles de leur mari. La
présence des retenues résout quelque peu cette exclusion de la
femme parce que les barrages sont considérés comme appartenant
à l'autorité moderne. Le coutumier ne s'ingère pas dans la
gestion de cette ressource moderne. Ainsi à Guido, l'eau est vendue aux
orpailleurs par les femmes. Le P.I. de Fara enregistre plus de femmes que
d'hommes, soit 48 femmes et 16 hommes. Cela permet la promotion de la femme par
l'augmentation de ses revenus et partant, son indépendance.
L'importance des deux retenues se révèle
d'avantage à travers les aspects abordés ci- dessus. En plus de
la rentabilité économique et l'amélioration du niveau de
vie, elles contribuent à la réinsertion sociale, au freinage de
l'exode rurale et à la promotion de la femme.
68
4.1.3- Les aires d'influence des retenues
L'importance des retenues se perçoit davantage lors
qu'on s'intéresse à la provenance des différentes
catégories d'exploitants. De ce point de vue, les retenues ont une zone
d'influence plus ou moins large selon la localité ou le type
d'activité et même selon la période de l'année.
En saison pluvieuse, la présence des marres et la
suspension du maraîchage font que les barrages n'ont pas une grande
influence dans les localités respectives. Le troupeau est abreuvé
dans les marres, les autres points d'eau, à savoir les puits
traditionnels et modernes sont pérennes et les maraîchers
retournent aux travaux champêtres. Les barrages sont de ce fait peu
sollicités à cette période d'où la disparition
quasi-totale de leur influence.
La demande commence à se faire ressentir dès la
fin des pluies, quand les marres tarissent et que débutent les travaux
d'irrigation. Cette période connaît une affluence des
maraîchers à Guido dès le mois de septembre. Ceux-ci sont
pour la plupart originaires de Guido. Mais une partie provient des villages
voisins tels que Bonyolo, Bepoadir et Perkoan. Ces villages se situent à
une distance moyenne de quatre kilomètres de Guido. Le plus
éloigné étant Perkoan, localisé à cinq
kilomètres. L'aire d'influence de cette retenue se trouve
déterminée par la provenance des maraîchers puisque les
éleveurs étrangers qui s'y rendent viennent de Bonyolo et
Bepoadir, donc des localités moins éloignées que
Perkoan.
Du côté de Fara se présente un autre cas
de figure. C'est plutôt les éleveurs qui déterminent la
zone d'influence de la retenue, la totalité des irrigants étant
originaire de Fara. L'absence de point d'eau pérenne dans la
localité amène les éleveurs dans un rayon de 7 à 15
km à effectuer le déplacement vers le barrage. La ville de Poura
(Poura village) constitue de ce fait la localité la plus
éloignée.
Il se présente alors des situations qui
diffèrent en fonction des saisons et de la localité. D'un
côté, le maraîchage attire plus de monde, ce qui donne
à ladite retenue une vocation plus maraîchère que pastorale
et de l'autre c'est l'abreuvement des animaux qui l'emporte. De plus,
l'influence de ce dernier va au delà du département tandis que
celle du premier ouvrage est confinée à l'intérieur du
département de Réo
Les aménagements visant à assurer une meilleure
exploitation de ces retenues devraient tenir compte de ces facteurs afin de
mieux satisfaire les bénéficiaires.
69
Figure 6: Cartes des zones d'influence des retenues de Guido et
de Fara
DIDYR : Nom de département
Guido : Nom de localité
# : Localité
DASSA
2 km
Aire d'influence du barrage de
Guido
KYON Ekoulkoala
0 4 km
DIDYR
Perkoan
TENADO
#
Sandie
#
Guido
Kilsio
#
#
Semapoun
#
#
Bouyolo
#
REO
Zoula
Vour
#
#
#
#
KORDIE
#
REO
KOUDOUGOU
Zone d'influence du
barrage de Guido
: Barage de Guido
IMASGO
N
Source : BNDT et BDOt 2002 Juillet 2008 SANOU D.
Luther
70
|
|
|
|
|
|
|
Aire d'influence du barrage de FARA
BOROMO Bourou
#
POURA VILLAGE
#
Poura-Mine # Ton
#
Lama
#
FARA
|
ZAWARA
#
|
SILLY
NIABOURI
|
N
|
Tialla
#
Pomain FARA
#
Indeni
#
Haba
#
KOTI
|
|
|
|
|
|
DANO uh
|
|
|
|
3,5 km 0 7 km
|
|
|
|
FARA
FARA : Nom de département :
Barrage de
|
|
KOPER
BOROMO:
# : Localité
: Fleuve
Mouhoun
: Zone d'influence
Nom de département #
Source : BNDT et BDOT 2002 Juillet 2008 SANOU D.
Luther
71
L'importance des ouvrages pour le développement
économique et l'épanouissement sociale des populations s'exprime
alors à travers les paramètres analysés ci-dessus. Ce qui
amène CECCHI P.2006, à dire que « ces petits barrages sont
un vecteur du changement sociale et de mutations des réalités
rurales ». Ceci étant, ils sont sous l'emprise d'une très
forte pression exercée par une demande aussi diversifiée
qu'inorganisée. Cet état de fait s'explique par la
diversité des demandes d'eau tributaires à des acteurs aux
intérêts différents voire contradictoires. Il en
résulte une exploitation accrue par la demande en vue de satisfaire les
besoins, surtout que l'accès aux retenues est libre et sans
contrôle. Dans une telle situation, l'extraction de chaque usager, en
entraînant un abaissement du niveau de la ressource, provoque une
augmentation des efforts de pompage (prélèvements) pour
l'ensemble des usagers. « Personne n'assume entièrement les
coûts des comportements individuels, ce qui encourage la "course au
pompage", et donc la surexploitation, voire la destruction de la
ressource» (FEUILLETTE, 2001). Cet aspect du problème de gestion se
perçoit à travers l'anarchie qui règne sur les sites.
Chaque exploitant a sa perception de la ressource et ses objectifs qui ne sont
pas forcement ceux de son voisin. Il se crée donc une sorte de conflit
entre les exploitants, chacun considérant l'autre comme un concurrent
potentiel voire un adversaire. Les usages d'eau deviennent concurrentiels,
mettant en péril l'économie d'eau parce que personne ne se
préoccupe du rationnement des prélèvements. Ce qui n'est
pas sans conséquences sur la ressource et les retenues. Cependant, les
recherches effectuées sur différents aspects de la
problématique, proposent des voies pour minimiser les pertes.
4.2- LES RECOMMANDATIONS ET LES PERSPECTIVES
L'efficience de la gestion des retenues passe
nécessairement par la prise de mesures aussi bien techniques
qu'organisationnelles. Les mesures techniques devront être d'ordre
préventive et curative et les mesures organisationnelles porteront tant
sur le renforcement des structures de gestion que sur leurs
capacités.
4.2.1- La protection des bassins versants et des plans
d'eau
Vu que la dégradation des retenues est due en partie
aux facteurs physiques et anthropiques se produisant sur l'ensemble des bassins
versants, les mesures de protection doivent concerner tous ces espaces
géographiques. Des actions de sensibilisations devront être
organisées portant sur les thèmes de la dégradation de la
végétation et des sols. Il s'agira de vulgariser et de renforcer
l'implantation des ouvrages antiérosifs sur les bassins versant pour
limiter le ruissellement et favoriser l'infiltration des eaux de pluie. Selon
les travaux de OUATTARA I. en 2004 sur le comblement du lac Dem, ces mesures de
protection doivent être menées sur un grand espace pour être
efficaces.
72
Au niveau des plans d'eau, des actions urgentes doivent
également être exécutées. Celles-ci concernent les
moyens curatifs en vue de récupérer la capacité des
retenues. A ce propos, OUATTARA I. cite RAPPON A., 1990, qui propose trois
types de « moyens curatifs » : le dragage, le curage et les vidanges
de fonds. Ces moyens consistent à extraire les sédiments
accumulés dans la cuvette. On récupère ainsi le volume de
stockage occupé par les sédiments. C'est des méthodes
très coûteuses qui nécessitent une étude minutieuse.
Or mis les méthodes de vidange de fonds, le dragage et le curage sont
adaptées au traitement des petites retenues. La totalité des
exploitants à Guido en font la proposition.
Comme autres méthodes, nous préconisons le
rehaussement des digues pour permettre aux barrages de retenir plus d'eau. A
titre d'exemple, « le barrage construit à Donsé, en 1961
avait un volume inférieur à un million de mètres cube.
Avec le relèvement de la digue en 1981, il permit d'obtenir 2,25million
de mètres cube. » (SIGUIBEOGO T. R., 1987).
En plus de ces actions qui peuvent permettre chacune de
récupérer la capacité des lacs, il faudrait observer une
distance d'au moins 50 m entre les parcelles maraîchères et la
zone de marnage des lacs, afin d'éviter l'acheminement des
sédiments dans les retenues par le ruissellement et les vagues en
période de hautes eaux. Il faut également procéder
à l'interdiction du creusement des canaux d'amené, et à
l'installation d'un écran de végétation entre toutes les
activités en amont et les plans d'eau.
4.2.2- La modernisation des techniques de
prélèvement d'eau
Cet aspect consiste à l'instauration
d'«instruments techniques de gestion de l'eau de la demande. »
(FEUILLETTE S. 2001). Ces outils permettent une utilisation plus efficiente de
l'eau en encourageant l'économie d'eau. Ils sont applicables à la
production agricole. A ce titre, l'exemple du P.I. de Fara devra être
adapté à la retenue de Guido. Il faudra également doter le
P.I. de Fara d'une deuxième motopompe en vue d'accroître la
fréquence des arrosages, cimenter les parois des canaux d'irrigation
pour réduire les pertes d'eau par percolation, ou procéder
à l'installation d'un réseau sous pression. A ce niveau, le cas
de Guido nécessite une approche singulière parce que la
population est hostile au rassemblement, surtout pour le maraîchage. Nous
recommandons donc de mettre à sa disposition des puits busés pour
éviter la rupture brusque avec ses habitudes maraîchères.
Des deux cotés (surtout à Fara), les activités de
maraîchage devront commencer plus tôt. La période que nous
recommandons est celle des mois de septembre et octobre, période
à la quelle l'évaporation est encore moindre et les retenues ne
sont pas encore très sollicitées par les autres besoins.
73
Des abreuvoirs doivent être construits en aval des
retenues et accessibles par des pistes à bétails pour
éviter l'accès du bétail à l'intérieur des
lacs. Ce qui réduira du même coup l'effet des piétinements
sur les berges et la pollution de l'eau par les excréments.
Il faut encourager l'utilisation de la fumure organique au
détriment des engrais chimiques, nocifs pour la faune aquatique.
4.2.3- L'organisation de séances de formation et de
sensibilisation
L'éducation et l'information sont des volets
très importants dans la gestion des retenues. Selon FEUILLETTE S.,
(2001), « L'éducation peut inciter les usagers à
l'économie et à une gestion plus efficiente, et leur faire
prendre conscience du caractère collectif de la ressource.». De ce
point de vue, des sessions de sensibilisation doivent être
organisées à l'intension des usagers et de la population
riveraine. « Cela pourrait susciter des discussions et une participation
dans les processus de décision dans le cadre d'une gestion
décentralisée » (NAGARA J. et al. 2000 cité
par FEUILLETTE S. 2001).
Pour ce qui est des animateurs, les modules de formation
porteront sur les aspects de la dynamique environnementale de la
dégradation des ouvrages et sur l'organisation et l'information des
hommes dans la gestion.
Les comités de gestion des barrages doivent être
renforcés tant dans leur structure que dans leur fonctionnement. Ils
devront intégrer les dimensions genre par l'implication des jeunes et
des femmes et comporter toutes les catégories d'exploitants. On
évitera ainsi les exclusions et les conflits entre les types de demande.
Par ailleurs, des formations devront être organisées dans
l'optique de faire comprendre à chacun son rôle, ses devoirs et
ses prérogatives. Ces actions pourront être couronnées par
des voyages d'étude sur des sites exemplaires.
4.2.4- L'instauration des instruments de gestion de la
demande
Selon FEUILLETTE, « Un instrument de gestion de la
demande doit être susceptible de modifier la demande de manière
directe (autoritaire ou consensuelle) ou indirecte (incitative), pour tendre
vers un équilibre offre/demande, ou du moins maîtriser la demande.
». De ce point de vue, nous proposons les instruments suivants, qui sont
les plus adaptés à la gestion d'« une ressource collective
à accès libre » :
- les instruments techniques de la gestion de la demande. Il
s'agit du
perfectionnement du périmètre irrigué
à Fara et de la réalisation des puits busés à
Guido.
- Les instruments économiques de la gestion de la
demande : ceux-ci sont de type
direct et influencent le comportement des
usagers par des incitations basées sur des mécanismes de
marché. Il s'agit des tarifications, des taxes, des redevances et des
droits d'accès payant. L'utilisation d'un de ces instruments permettra
de réduire la demande en faisant payer à l'usager
74
le prix de la rareté de l'eau et les frais de gestion
de la retenue conduisant ainsi à considérer l'eau comme un bien
économique.
- Les instruments non économiques de la gestion de la
demande, consistant en la
prescription de règles. «
Les règles peuvent être imposées par une
autorité centrale (l'Etat) ou être établies par un groupe
local de gestion, dans le cadre d'un consensus plus ou moins formalisé
entre usagers. » (FEUILLETTE S. 2001)
? Les règles peuvent prescrire des normes techniques,
d'accès, d'usages visant à réduire la consommation d'eau
(utilisation obligatoire des techniques modernes d'irrigation ou un espacement
limite entre les puits).
? Les règles peuvent aussi prescrire des droits
d'accès à la ressource, d'usage, de temps d'accès, de
propriété etc.
Pour être efficaces, ces normes doivent être
comprises par les usagers et doivent être accompagnées d'un
contrôle et de sanctions en cas de non respect. Lorsqu'elles sont
élaborées par les usagers eux-mêmes, l'auto surveillance et
la confiance mutuelle peuvent remplacer le contrôle autoritaire.
4.2.5- L'implication des autorités communales
Les recommandations faites ci dessus ne trouveront une pleine
application que si elles sont coordonnées par une structure connue et
reconnue officiellement dans les localités et mandatée par les
autorités communales, voire étatiques. Les comités de
gestion des barrages agiront donc avec l'appui des Comités Locaux de
l'Eau (CLE) qui sont les organes de base de la GIRE qui doit d'ailleurs leur
prévoir un cadre légitime. Sous cette coupole, les commis de la
gestion des retenues seront plus efficaces dans l'application des instruments
normatifs de gestion des retenues, donc de la ressource.
75
CONCLUSION PARTIELLE
Les conditions de construction de barrages constituent des
facteurs qui influencent leur durabilité. De la situation
géographique au contexte de réalisation, toutes les circonstances
concourent à une exploitation accrue et anarchique de ces retenues d'eau
qui sont du reste très bénéfiques aux
bénéficiaires. La course aux prélèvements d'eau
prévalant autour des retenues contribue alors à la
création d'une atmosphère conflictuelle et à la
destruction progressive de la ressource. Cependant, tout espoir n'est pas perdu
car des mesures palliatives existent pour freiner la tendance à la
destruction et préserver la ressource encore existante. Ces mesures
passent nécessaire par l'implication effectives de tous les acteurs
locaux.
76
CONCLUSION GENERALE
Cette étude, par son approche locale de la
problématique de la gestion des petits barrages, a permis de mettre
à nu différents faciès. La situation géographique
des retenues d'eau en milieu rural répond à une
nécessité imposée par un contexte climatique
préjudiciable aux sociétés qui y vivent. Par
conséquent, la disponibilité de la ressource, en résolvant
partiellement les besoins pléthoriques d'eau inhérents à
l'évolution de la société, va subjuguer une force au
développement socioéconomique des bénéficiaires. En
effet, de la pratique du maraîchage et même de l'agriculture sur
les berges des barrages à la construction des briques, en passant par
l'orpaillage, l'abreuvement du bétail, les usages domestiques, la
pêche etc., l'exploitation des ouvrages est telle qu'elle participe
malheureusement à leur détérioration progressive. Ce qui
confirme notre première hypothèse d'étude selon laquelle
les activités en amont et sur les berges des barrages
accélèrent leur envasement.
La deuxième hypothèse se confirme du même
coup, vu que toutes ces sollicitations aussi diverses que concurrentes
s'expriment effectivement sans arbitrage autour des barrages. La perception
subjective de la ressource par les différentes catégories
d'usagers crée des comportements concurrentiels de la part d'exploitants
aux intérêts divergents, voire antagonistes. Ce facteur est
générateur d'une surexploitation de la ressource, en cause
à sa destruction. Les ouvrages étant le résultat
d'investissements externes, ils sont perçus comme appartenant au monde
moderne contrairement à ce qu'affirme l'hypothèse trois. Ce qui
exempte leur contenu de toute perception traditionnelle et explique l'absence
de régulation des prélèvements d'eau. Aucun exploitant ne
se sans vraiment interpelé par l'anarchie qui règne autour. La
liberté d'accès aux retenues, l'absence de contrôle des
prélèvements et le manque d'entretien des ouvrages,
l'inorganisation et l'ignorance des exploitants, sont autant de
paramètres donnant lieu à un gaspillage de la ressource.
L'hypothèse quatre stipulant qu'il n'y a pas de contrôle sur les
prélèvements d'eau, ni sur leurs fréquences et leur volume
est alors sans équivoque.
Par ailleurs, force est de constater que des dissemblances
existent entre les deux localités quand à la demande en eau. Face
à des conditions agro climatiques peu semblables, certains types de
demandes sont soit absents, soit plus ou moins forts selon que l'on se trouve
dans l'un ou l'autre des deux villages. Cet état de fait devra
désormais orienter les actions d'aménagement des plans d'eau.
La préservation des ouvrages passe donc par une
synergie d'actions techniques et organisationnelles, simultanément
préventives et curatives
Notre espoir est que cette étude apporte sa
contribution, aussi modeste soit elle, à la gestion efficiente des
petites retenues d'eau.
77
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du comblement du lac Dem dans la province du Sanmatenga, Université
de Ouagadougou/ENRECA, Département de Géographie, UFR/SH,
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aménagements hydro agricoles dans le Sud-Ouest du Burkina Faso :
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PEBASO, 2002, Le concept sur la
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aménagements hydro agricoles dans le Sud-Ouest du Burkina Faso :
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80
ROMBA N., 2005, La gestion de l'eau
à Roumtenga, village périurbain de Ouagadougou,
Université de Ouagadougou, UFR/SH, Département de
Géographie, Mémoire de Maîtrise, 106 p.
SANOU D. 1988, La culture
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Maîtrise en Géographie, (IN.S.HU.S.), 116 p.
SAWADOGO J. M., 1994, Le Burkina Faso
recueille son eau goutte à goutte : barrages et puits communautaires
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SIGUIBEOGO T. R., 1987, Les
activités et formes d'occupations des terres autour des barrages : cas
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Université de Ouagadougou, UFR/SH, Département de
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durabilité de la petite irrigation : Cas du village de TENGRELA dans la
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diplôme de formation Supérieure en planification Régionale
et Aménagement du Territoire 84p
YAMEOGO O., 2007, Commercialisation des
produits maraîchers dans les provinces du Boulkièmdé et du
Sanguié : cas des groupements maraîchers de Nabdogo
(Boulkièmdé) et de Guido (Sanguié), VAREK, 32p.
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Fara, VAREK, 36p.
http://www.inforoute-communale.gov.bf/prov-new/sanguie/Mono-Sanguie.htm
www.eauburkina.org
http://webworld.unesco.org/water/ihp/db/glossary/glu/HINDFRT.HTM
81
Liste des tableaux
Tableau 1: La grille conceptuelle 14
Tableau 2 : Evolution des superficies cultivées sur les
deux départements entre 1992 et 2002 26
Tableau 3 : Effectifs du cheptel des provinces des
Balés et du Sanguié en 1989 et 2004 27
Tableau 4 : Les principales retenues d'eau du Burkina Faso
29
Tableau 5 : Caractéristiques des barrages de Fara et de
Guido. 41
Tableau 6 : Estimation des prélèvements d'eau
pour les usages domestiques. 43
Tableau 7: Aperçu des volumes d'eau
prélevés et de ceux disponibles 56
Tableau 8 : Rendements et productions du PI de Fara de 2006
à 2007 65
82
Liste des photographies
Photo 1 : Charrette chargée de deux barriques d'eau
à des fins domestiques 43
Photo 2 : Parcelle d'oignon sur la berge du barrage de Guido
45
Photo 3 : Vue partielle du PI de Fara 47
Photo 4: Bétail s'abreuvant dans le barrage 52
Photo 5 : Utilisation de l'eau par les orpailleurs 54
Photo 6 : Piste érodée par l'eau en amont du
barrage de Guido 59
Photo 7 : Fentes de dessiccation dans le lit des barrages.
59
Photo 8 : Vue partielle du déversoir
dégradé du barrage de Guido 62
83
Liste des figures
Figure 1 : Situation géographique des sites
d'étude 18
Figure 2 : Diagramme ombro thermique de Fara et de Guido
Erreur ! Signet non
défini.Erreur ! Signet non
défini.
Figure 3 : Cartes de l'occupation de l'espace autour des
barrages de Guido (a) et de Fara (b) .... 48
Figure 4 : Répartition des principaux
prélèvements d'eau à Guido 55
Figure 5 : Répartition des principaux
prélèvements d'eau à Fara 56
Figure 6: Cartes des zones d'influence des retenues de Guido
(a) et de Fara (b) 69
84
85
Annexes
Annexe I : cadre institutionnel de la gestion de l'eau au Burkina
Faso
ct6gorlor
NIraau daci urI
G ograpnlque d'Intoryenion4
Roui cille institutionnel de la gestion des ressources en
eau
432 iS
su iS
Régions
r~Nèrarc~le I
Ap pkatron des lors
ta C ,'~rx Irsc V r. Plissions d
Biveau
|
Département
|
Autres
|
Département de
|
national
|
chargé de rEau
|
D épartements
|
l'Administration
|
|
|
|
Territoriale
|
Cadre de
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départem.
Conseil National de l'Eau (C NE)
fleka orrade souveralrreté
Appkatkn de .F e t reglere ends
Ma ri. e d'otiwage
Maitise d'ouvrage
Organes d lie rrrrstratrar Agences de bassin
Olga rres d'ex6auta rr
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SAGE
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Organe de cancertatonnadlanale
A
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Communes
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Niveau dti bassin
Niveau
regvorrai' 1
provinc lal
Niveau ico ar
Comité Teahréque de l'Eau
Organe de coo rdlrra ro rr rude lao- lrrlsd6
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Ciroon scription s Administratives
Régions
4
Comités de Gestion Fei_
de Bassin (C013) --
SAGE
Provinces
A,aplrcatron des lors et règle rie r#
Provinces
Martise d'ouvrage
ruIcez
d!COY CE. 'tel atagé#de real
f
Comités locaux de veau
86
A d mira stratiorr ptibl rxere
|
Co llectivltés locales
|
Organismes de bassin
|
A titres acteurs
|
87
Annexes 1I : Les guides d'entretien
Entretien avec les responsables coutumiers
1- Signification du nom du village, son origine, son historique,
les langues parlées.
2- Organisation sociale, chefferie traditionnelle, son emprise
sur la population surtout en matière d'eau.
3- Réglementation de l'accès à la terre
surtout autour des points d'eau, connaissance du régime foncier
moderne.
4- Question des conflits liés à l'eau et à
la terre autour des retenues d'eau et modes de résolution.
5- Exploitation traditionnelle des ressources hydriques pour les
différentes activités
6- Question des migrations, en particulier les immigrants
attirés par l'eau, leur mode d'accueil et d'installation.
7- Représentation et perception traditionnelle de l'eau,
gestion traditionnelle de l'eau (de même que dans les autres
religions).
8- Modes traditionnels de résolution des problèmes
d'eau. (De même que dans les autres religions).
9- Connaissance de la GIRE et du CLE. (Comité Local de
l'Eau)
10- Vos sujétions et recommandations pour
améliorer les conditions d'exploitation de vos barrages.
88
Entretien avec le responsable et les animateurs de la
VAREK.
1- Historique de l'infrastructure, raisons de
réalisation, conditions de réalisation, atouts et contraintes de
la réalisation et changements engendrés.
2- Moyens mobilisés pour la mise en place de l'ouvrage
(moyens financiers, humains, matériels....).
3- Problématique de l'eau dans le département, le
village et sur le site. Périodes des pénuries et de crues, et
modes de résolution.
4- Accessibilité et disponibilité de l'eau dans le
village et sur le site.
5- Appréciation des conditions d'exploitation et du
niveau d'appropriation du barrage par les bénéficiaires.
6- Les raisons qui justifient les comportements des exploitants
vis à vis de l'eau.
7- Les actions entreprises pour améliorer les conditions
d'exploitation de l'ouvrage.
8- Perception et représentation de l'eau pour l'OCADES
(sur les plans religieux et laïc).
9- La gestion des récoltes par les producteurs
(autoconsommation, vente, proximité du marché...)
10- Sujétions et recommandations pour améliorer
les conditions d'exploitation.
11- Informations sur l'organisation des comités de
gestion locale de l'eau des barrages.
89
Annexes III : Le questionnaire
I- Identification de l'enquêter.
1- Nom :...Prénom :...
2- Age :...3- Sexe : Masculin /___/ Féminin /___/ 4-
Religion...5-Ethnie... 6-Origine : Autochtone /___/ Migrant : temporaire /___/
définitif /___/Périodicité :... 7- Date
d'arrivée...8- Raison de migration :...
9- Activités pratiquées : Activités :
Agriculture : pluviale/___/ Irriguée/___/ Elevage/___/
Construction !___! Autres...
10- Localisation : Amont /___/ Aval /___/ Autres...
II- Analyse de l'impact des facteurs physiques sur la
réduction de la
capacité des retenues d'eau (éleveurs et
exploitants en amont)
11- La profondeur du barrage a t-il varié ? Oui /___/ Non
/___/
12- La capacité de rétention du barrage diminue-
t- elle ? Oui /___/ Non/___/
13- Si oui, comment le constatez-vous ?...
14- Pourquoi cette variation ? Comblement /___/ Baisse des
pluies /___/ Evaporation /___/
Infiltration /___/ Gaspillage !___! Autres...
15- pensez vous être à l'origine du comblement ?
Oui /___/ Non /___/
Quelles conséquences pensez vous que cela puisse avoir
sur vos activités ?
16- Y a-t-il des périodes de pénurie d'eau ? :
Oui/___/ non /___/
Quand ?...
17- Avez-vous un champ à l'amont du barrage ? Oui /___/
Non /___/
18- L'eau coule t il dedans ? Oui /___/ Non /___/
19- Si oui, y menez des activités de CES/DRS? Oui /___/
Non /___/
20- lesquelles ? Cordons pierreux !____! digues filtrantes !___!
Autres...
21- Pensez vous qu'il y a des exploitants qui gaspillent l'eau ?
Oui /___/ Non /___/
22- Si oui, par quelles pratiques ?
23- Conséquences ? :...
24- Comment peut on y remédier ?...
90
III- Analyse de la perception de l'eau.
25- Que représente l'eau pour vous ? : Don de Dieu /___/
Don de la nature/___/ don des
ancêtres /___/ autres
26- Que représente l'eau dans votre religion 7 Je ne sais
pas /___/
27- Y a t il des enseignements sur son l'utilisation ? Oui /___/
Non /___/ Je ne sais pas/___/
28- Si oui, lesquels 7
29- Y a t il des enseignements sur sa conservation ? Oui /___/
Non /___/ Je ne sais pas /___/
30- Si oui, lesquels 7
31- Que faites vous avec l'eau dans vos coutumes 7
32- Utilisez-vous l'eau du barrage à ces effets ? Oui
/___/ Non /___/
33- Pourquoi 7
34- Y a t il des enseignements sur sa gestion ? Oui /___/ Non
/___/ Je ne sais pas /___/
35- Lesquels 7
36- Respectez-vous tous ces enseignements ? Oui /___/ Non
/__/
37- Si non, pourquoi ?
38- Quelles doivent être les conditions d'accès
à l'eau ? Libre /___/ Vente /___/
39- Pourquoi ?
40- Vos propositions pour résoudre les problèmes
d'eau
IV- Enseignements reçus en matière
d'eau.
41- Quel niveau d'instruction avez-vous ? Enseignement classique
/___/ Alphabétisation /___/
42- Autres formations reçues
43- y avait-il une relation avec la gestion de l'eau ? Oui /___/
Non /___/
44- Quelles leçons avez vous retenues 7
45- Qui était le formateur ? OCADES /___/ Autres
46- Que savez-vous de la GIRE ?
47- Que voulez vous qu'on vous enseigne en matière d'eau
?
91
IV- Informations sur le mode de prélèvement
et la destination des prélèvements d'eau
48- Utilisation de l'eau pour l'irrigation
(maraîchers)
Spéculations
|
Superficie
|
Périodes
|
Nombre de
récoltes/an
|
Semis
|
Récoltes
|
|
|
|
|
|
|
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|
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|
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|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
49- Estimation des volumes d'eau prélèvements:
Spéculations
|
Mode d'arrosage
|
Qté d'eau /arrosage
|
Nbr d'arrosage /jr
|
50- Destinations des récoltes ? Autos
consommées/___/ Vendues /___/
51- Lieu de vente Problèmes rencontrés
52- Utilisez-vous d'autres sources d'eau ? Non /___/ Oui
/___/ Lesquelles ?
53- A quelles périodes et Pourquoi ?
54- Quelles sont les conséquences sur vos
activités ?
55- Qui d'autres utilisent l'eau du barrage ?
56- D'où viennent-ils ?
57- Pourquoi se ravitaillent-ils au barrage ? Manque d'eau
ailleurs !___! Accès facile !___!
58- Autres
59- A quelle période ? Que font ils avec ?
60- Y a t-il des conséquences sur le barrage ? Oui
/___/ Non /___/ Je ne sais pas /___/
61- Si oui, lesquelles ?
62-
92
Y a t-il des conséquences sur vos activités ?
Oui /___/ Non /___/ Je ne sais pas /___/
63- Si oui, lesquelles ? Tarissement précoce /___/
Détérioration de l'ouvrage /___/ Autres
64- Comment obtient-on une parcelle ? Par achat /___/ par
demande /___/ Par héritage /___/
65- Y a t il des problèmes de terres ? : Non /___/ Oui
/___/
66- Si oui, lesquels ? :
67- Modes de résolution
68- Utilisation de l'eau pour l'élevage
(questionnaire aux éleveurs)
69- Composition du bétail.
Espèces
|
Bovins
|
Ovins
|
Caprins
|
Asines
|
Camélines
|
Equins
|
Nombre
|
|
|
|
|
|
|
|
70- Mode d'abreuvement Origine
71- Fréquence /jour Y a t-il un lieu d'abreuvement ? :
Oui /___/ Non /___/
72- Comment vous rendez vous au barrage ? Par des pistes /___/
Autres
73- Utilisez-vous d'autres sources d'eau ? Non /___/ Oui
/___/
74- Si oui, lesquelles ?
75- Pourquoi ?
76- Conditions d'accès à l'eau : Payant /___/
Libre /___/
77- Comment payez-vous l'eau ? Récipient :
Capacité /_____/ Prix /_____/
78- Quels conflits y a t il ? Agriculteur/éleveur/____/
Agriculteur/ autre/____/ éleveurs/autres
79- Pourquoi ? Problèmes de pistes /____/
Problèmes d'eau /___/ Autres...
80- Autres contraintes :
81- Usages domestiques de l'eau (questionnaire aux
femmes)
82- Pourquoi utilisez-vous l'eau du barrage ? Manque d'eau
ailleurs /___/ Accès facile /___/ Accès libre /___/
83 Qu'en faites-vous ? Boisson /___/ Cuisine /___/Vaisselle /___/
Lessive /___ / toilette /___/
84 Autre
85- Connaissez-vous les risques liés à ces usages
? Oui /___/ Non /___/
86- Si oui, lesquels
87- Avec quel récipient transportez-vous l'eau ?
Bidon...l Seau...l Barrique...l
88- Autres .l.
89- Combien de fois faites-vous la navette par jour ?
93
VI- Situation de l'organisation des
prélèvements d'eau (comité de gestion et
organisation).
90- Y a-t-il un comité de gestion de l'eau ? Oui /___/
Non /___/
91- Quel est le travail de ce comité ?
92- Qui l'a mis en place ? OCADES /___/ Les exploitants
/___/
93- Faites vous parti du comité de gestion de l'eau ?
Non /___/ Oui /___/
94- Conditions d'accès à l'eau : Payant /____/
Libre /____/ Autres
95- le travail du comité vous satisfait il ? Oui /___/
Non /___/
96- Sa constitution vous satisfaite il ? Oui /___/ Non
/___/
97- comment auriez vous souhaité qu'il soit
constitué ?
98- Quel rôle lui auriez vous assigné ?
Code : Oui=1 Non=2 Je ne sais pas=3 Autres =4
94
DEDICACE i
REMERCIEMENTS ii
SOMMAIRE iii
SIGLES ET ACCRONYMES iv
RESUME 1
SUMMARY 2
INTRODUCTION GENERALE 3
I-LES HYPOTHESES DE L'ETUDE 7
II-LES OBJECTIFS DE L'ETUDE 8
III-LA DEMARCHE METHODOLOGIQUE 8
3.1- La recherche documentaire 8
3.2- Le choix des sites 10
3.3- La revue de la littérature 10
IV- LES ENQUETES DE TERRAIN 12
4.1-L'échantillonnage démographique 12
4.2-Les outils de collectes des données 12
4.3- Le traitement des données 15
PREMIERE PARTIE : L'ENVIRONNEMENT DES DEUX BARRAGES 16
CHAPITRE I : L'ENVIRONNEMENT PHYSIQUE ET HUMAIN DES BARRAGES
17
1.1-LES DONNEES PHYSIQUES SUR LES BARRAGES 17
1.1.2-L'hydrographie 19
1.1.3-Le climat 19
La pluviométrie 19
Les températures 20
1.1.4-Le relief et les sols 21
1.1.5-La végétation 23
1.2-LES DONNEES DEMOGRAPHIQUES 23
1.2.1- Les mouvements de la population des deux villages 23
1.2.2- La structure et la densité des populations des
villages 24
1.2.3- Les ethnies en présence sur les deux sites 24
1.3-LES ACTIVITES SOCIOECONOMIQUES 25
1.3.1-Les modes traditionnels d'accès à l'eau et
à la terre 25
1.3.2-L'agriculture 25
1.3.3-L'élevage 26
1.3.4-Le commerce 27
CHAPITRE II : LA GESTION DE L'EAU AU BURKINA FASO 29
2.1-LE POTENTIEL HYDRIQUE DU BURKINA FASO 29
2.1.1-Les eaux de surface 29
2.1.2-Les eaux souterraines 30
2.2-LE CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL DE LA GESTION DE L'EAU
30
2.2.1-La Gestion Intégrée des Ressources en Eau
(GIRE) 30
2.2.2-Le cadre institutionnel de la gestion de l'eau au Burkina
Faso 32
2.2.3-Le Plan d'Action pour la Gestion Intégrée des
Ressources en Eau 33
(PAGIRE) 33
2.2.4-Le programme hydraulique de l'Eglise Famille 34
95
2.3-LES LIMITES DE LA GESTION DE L'EAU AU BURKINA FASO 34
2.3.1- Les contraintes structurelles 35
2.3.2-Les contraintes financières 35
2.3.3-Les contraintes socioculturelles 35
CONCLUSION PARTIELLE 37
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DU VOLUME D'EAU DISPONIBLE ET DES
PRELEVEMENTS. 38
CHAPITRE III : LES CONDITIONS DE DURABILITE DES OUVRAGES 39
3.1-LE VOLUME D'EAU DISPONIBLE DANS LES DEUX RETENUES 39
3.1.1-La construction des retenues 39
3.1.2-Les apports d'eau dans les retenues 40
3.1.3-Les pertes d'eau 41
3.2-LES SOLLICITATIONS DE L'EAU DES RETENUES 42
3.2.1-La consommation humaine 42
3.2.2-L'irrigation 44
3.2.3-L'abreuvement des animaux 50
3.2.4-L'orpaillage 53
3.2.5-Les autres types de prélèvements 54
3.3-L'EVOLUTION DE LA CAPACITE DES BARRAGES ET LES EFFETS
INDUITS57
3.3.1- La réduction progressive et la destruction des
volumes d'eau retenue 57
3.3.1.1-Le constat des paysans 57
3.3.1.2-Les risques d'envasement des retenues 58
3.3.1.3-La dégradation des digues et des berges
61
3.3.1.4-Les risques de pollution des eaux 62
3.3.2-Quelle durabilité pour les activités autour
des barrages ? 63
3.3.2.1- L'insatisfaction des demandes d'eau 63
3.3.2.1-Les risques sanitaires 64
CHAPITRE IV : LES RETOMBEES SOCIOECONOMIQUES ET LES 65
PERSPECTIVES POUR UNE MEILLEURE GESTION DES 65
OUVRAGES 65
4.1- ANALYSE SOCIOECONOMIQUE DES ACTIVITES AUTOUR DES
BARRAGES 65
4.1.1-Les apports économiques des activités autours
des retenues 65
4.1.2-Les incidences sociales de l'exploitation des retenues
66
4.1.3-Les aires d'influence des retenues 68
4.2- LES RECOMMANDATIONS ET LES PERSPECTIVES 71
4.2.1-La protection des bassins versants et des plans d'eau 71
4.2.2-La modernisation des techniques de
prélèvement d'eau 72
4.2.3-L'organisation de séances de formation et de
sensibilisation 73
4.2.4-L'instauration des instruments de gestion de la demande
73
4.2.5-L'implication des autorités communales 74
CONCLUSION GENERALE 76
BIBLIOGRAPHIE 77
Annexe I : cadre institutionnel de la gestion de l'eau au Burkina
Faso 85
Annexes 1I : Les guides d'entretien 86
Annexes III : Le questionnaire 88