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Problématique de la satisfaction durable des besoins en eau autour des barrages de Fara et de Guido

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par David Luther SANOU
Université de Ouagadougou Burkina Faso - Maà®trise es géographie 2010
  

Disponible en mode multipage

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    Année universitaire 2010-2011

    MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE BURKINA FASO

    SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE Unité - Progrès - Justice

    UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU

     

    UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCE HUMAINES (UFR/SH)

    DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

    MEMOIRE DE MAITRISE

    (Option Rurale)

    THEME

    PROBLEMATIQUE DE LA
    SATISFACTION DURABLE DES BESOINS
    EN EAU AUTOUR DES BARRAGES DE
    FARA ET DE GUIDO

    Présenté par :

    SANOU David Luther

    Sous la direction de :

    Pr. SOME P. Honoré. Maître de conférences

    i

    DEDICACE

    Je dédie ce mémoire à toutes les personnes qui me sont très chères :

    Mon père et ma mère ;

    Mes frères et mes soeurs ;

    Mes amis et mes proches.

    ii

    REMERCIEMENTS

    Ce mémoire est la concrétisation d'un processus de formation et de recherche. Sa réalisation résulte d'une synergie d'efforts et de sacrifices fournis par un ensemble de personnes de bonnes volontés. Cela nous donne l'occasion d'adresser nos sincères remerciements à :

    Tous les enseignants du Département de Géographie, pour la formation dont nous avons bénéficié ;

    Monsieur Honoré P. SOME, notre directeur de mémoire qui, en dépit de ses multiples occupations, a été disponible pour nous guider par ses précieux conseils ;

    Monsieur Dapola Evariste C. DA, pour nous avoir permis d'accéder au laboratoire de SIG et de télédétection où nous avons bénéficié d'un renforcement conséquent de capacités ;

    Monsieur Lucien DAMIBA, notre maître de stage, Coordinateur de la Cellule Hydraulique de l'OCADES Burkina, et Monsieur Michel COMPAORE, pour leurs conseils et disponibilité ;

    Monsieur Dieudonné DOULKOM, Chargé de programme de la VAREK et ses collaborateurs, en particulier Mme ZIDA née BAKOAN Florence et Monsieur Joseph BADOLO, animateurs à la VAREK ;

    Monsieur Paul Y. BAMOGO et son épouse à Koudougou, pour leur hospitalité ;

    Les populations de Fara et de Guido, pour leur accueil chaleureux et leur hospitalité durant notre séjour sur les sites ;

    L'ensemble des stagiaires du laboratoire de SIG et de télédétection, pour leur soutien;

    Toutes les personnes qui nous ont apporté un quelconque soutien.

    iii

    SOMMAIRE

    DEDICACE i

    REMERCIEMENTS ii

    SOMMAIRE iii

    SIGLES ET ACCRONYMES iv

    RESUME 1

    SUMMARY 2

    INTRODUCTION GENERALE 3

    PREMIERE PARTIE : L'ENVIRONNEMENT DES DEUX BARRAGES 16

    CHAPITRE I : L'ENVIRONNEMENT PHYSIQUE ET HUMAIN DES BARRAGES 17

    CHAPITRE II : LA GESTION DE L'EAU AU BURKINA FASO 29

    DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DU VOLUME D'EAU DISPONIBLE ET DES

    PRELEVEMENTS. 38

    CHAPITRE III : LES CONDITIONS DE DURABILITE DES OUVRAGES 39

    CHAPITRE IV : LES RETOMBEES SOCIOECONOMIQUES ET LES 65

    PERSPECTIVES POUR UNE MEILLEURE GESTION DES 65

    OUVRAGES 65

    CONCLUSION GENERALE 76

    BIBLIOGRAPHIE 77

    ANNEXES 84

    iv

    SIGLES ET ACCRONYMES

    A.M.B.

    Action Micro Barrages

    BUNASOL

    Bureau National des Sols

    ASDI

    Agence Suédoise de Développement International

    CLE

    Comité Local de l'Eau

    D.G.M.

    Direction Générale de la Météorologie

    D.G.R.E

    Direction Générale des Ressources en Eau

    FAO

    Food and Agriculture Organization

    FEER

    Fond de l'Eau et de l'Equipement Rural

    FIT

    Front Inter Tropical

    GIRE

    Gestion Intégrée des Ressources en Eau

    G.P.S.

    Global Positionning System

    I.D.H.

    Indice de Développement Humain

    I.R.D

    Institut de Recherche pour le Développement

    M.A.H.R.H.

    Ministère de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques

    OCADES

    Organisation Catholique pour le Développement et la Solidarité

    O.N.B.I

    Office National des Barrages et d'Irrigation

    O.N.G

    Organisation Non Gouvernementale

    PAGIRE

    Plan d'Action pour la Gestion Intégrée des Ressources en Eau

    P.I.B.

    Produit Intérieur Brut

    S.I.G.

    Systèmes d'Information Géographiques

    UMEC

    Unité Mécanique

    VAREK

    Valorisation des Ressources en Eau de Koudougou

    RESUME

    Le caractère essentiel de l'eau à la vie fait qu'elle a toujours été l'objet d'une attention particulière de la part des hommes. De ce fait, dans le milieu rural burkinabè, les périodes de sécheresse des années 1970 furent durement ressenties par les populations. Les petits barrages alors réalisés dans les villages de Fara et de Guido à l'époque ont certes soulagé les souffrances des populations locales. Cependant quatre décennies après, suite à la croissance démographique qui entraine une augmentation des besoins en eau et des exploitations et face à l'effet destructeur du poids du temps et des activités sur les ouvrages, on s'inquiète de la satisfaction durable de ces besoins en eau autour desdits barrages. On se demande quelles sont les dispositions prises pour préserver et sauvegarder la ressource afin quelle puisse continuer de répondre aux sollicitations dont elle fait l'objet ?

    Pour répondre à cette préoccupation, nous nous sommes fixés comme objectif d'analyser le mode de gestion de l'eau des deux retenues et ce, en vu de vérifier l'hypothèse selon laquelle les populations riveraines desdites retenues ignoreraient tout de l'exploitation et de la gestion d'une retenue d'eau. Sur la base d'une recherche documentaire approfondie, nous avons dégagé les indicateurs et les variables appropriés pour bâtir une méthodologie de recherche dont la mise en oeuvre nous a conduit à des enquêtes et des observations sur le terrain pour collecter les données nécessaires à notre étude.

    Il ressort substantiellement que ces ouvrages sont perçus par les bénéficiaires comme appartenant au monde moderne, d'où l'absence de la perception culturelle et traditionnelle de l'eau faisant d'elle une ressource à accès libre et exempte de toute discrimination. Les barrages sont de ce fait la zone de prédilection de tout type d'activités et de demandes en eau. L'irrigation, le maraîchage, l'abreuvement du bétail, les usages domestiques, la construction, l'orpaillage, etc. sont les multiples sollicitations de la ressource qui génèrent des retombées économiques et sociales considérables pour les localités concernées. Cet état de fait provoque une exploitation anarchique des ouvrages entravant alors leur pérennité et compromettant leur durabilité. Ainsi, une organisation de la gestion des retenues s'impose au niveau local par l'application de normes modernes et l'implication effective des autorités locales.

    1

    Mots clés : Burkina Faso, Fara, Guido, barrages, eau.

    SUMMARY

    The necessity of water for maintaining life has always been the object of special attention for humankind. The droughts of the 1970s were intensely felt by the rural population of Burkina Faso. At the time, small dams that were made in the villages of Fara and Guido helped to ease the suffering of locals. Four decades later, however, following population growths that lead to increased water consumption and being faced with degraded infrastructure, there are concerns about the sustainability of said dams. In light of this, one asks the question: What steps are being taken to preserve and protect this resource so that it can continue to meet the demands placed upon it?

    To address this concern, we analyzed the current method of water management and in view of testing the hypothesis, local populations of the said deductions were unaware of how to care-for and manage the reservoirs. Based on an extensive literature search, we identified indicators and variables to build an appropriate research methodology whose implementation has led to investigations and field observations to collect data for our study.

    It appears that reservoirs are largely perceived by beneficiaries as being a part of the modern world, hence the lack of cultural and traditional understanding. Beneficiaries also hold the reservoir as a resource for everyone -- free of discrimination. Dams are therefore the preferred area for water consumption. Irrigation, market gardening, livestock watering, domestic uses, construction, and gold mining are some of the uses for the resource that generates considerable social and economic benefits for the involved communities. This aspect promotes the unfettered exploitation of the manmade dams, which reduces their lifespan and compromises their durability. Therefore, an organization is needed to manage water use by the community using modern standards and practices and with the cooperation of local authorities.

    2

    Keywords: Burkina Faso, Fara, Guido, dam, water.

    3

    INTRODUCTION GENERALE

    Depuis le troisième millénaire Av. J.C., les égyptiens considéraient l'eau comme la force primordiale de la vie. «...c'est elle qui, combinée avec le soleil, donne la vie » affirmaient-ils à travers les hiéroglyphes. Cette assertion traduit le caractère indispensable de l'eau à toute vie animale ou végétale. Son importance se révèle davantage de nos jours dans les quatre coins de la planète, ce qui lui vaut le qualificatif d'« or bleu du XXIème siècle» (S. FEUILLETTE, 2001)

    Dans le cas du Burkina Faso, il importe d'accorder une attention particulière à la question, vue l'état d'enclavement du pays, sa situation dans la ceinture sahélienne et ses caractéristiques géomorphologiques et géologiques.

    En effet, localisé entre le 14e degré de longitude Ouest et le 2e de longitude Est, et entre le 14e et le 10e degré de latitude Nord, le pays n'a aucune frontière maritime et est sous l'influence d'un climat soudano sahélien. Ainsi, les mouvements du FIT lui confèrent deux saisons bien tranchées que sont:

    - une saison sèche d'octobre à mai,

    - une saison pluvieuse de juin à septembre.

    Toute la quantité d'eau tombée se trouve alors concentrée sur cinq mois pendant que les sept mois de saison sèche connaissent une pénurie de pluie. A l'inégale répartition spatio-temporelle des pluies, s'ajoute une diminution progressive des quantités d'eau qui tombent au fil des ans. Constat qu'atteste le balancement de l'isohyète 500 mm du nord vers le sud du pays et la disparition de l'isohyète 1400 mm.

    Outre la pluviométrie défavorable, la platitude d'ensemble du relief a comme résultante le manque de grands cours d'eau à même de retenir les quantités d'eau tombées. Une bonne partie des eaux de surface est drainée hors du pays, tandis que le reste est soumis à l'infiltration et à une intense évaporation. La structure géologique du sol, à dominance granitique, constitue par ailleurs un frein à l'infiltration des eaux d'où une faible recharge des nappes aquifères. Le volume d'eau de pluie que reçoit le pays est estimé à 206,9 milliards de mètres cube par an dont 8,79 s'écoulent vers l'extérieur. 32,43 milliards de mètres cube s'infiltrent tandis que 144,83 milliards de mètre cube se perdent par évaporation (GIRE, mai 2001). Dès lors, on se pose la question de savoir à quel niveau se situe le problème d'eau que vit le pays ? Est il d'ordre structurel ou est il lié au mode d'exploitation de la ressource disponible ?

    Plus de 80% de la quantité d'eau reçue sont inexploitables parce que drainés vers l'extérieur ou perdus suite à l'évaporation ; exposant ainsi la population aux pénuries d'eau en

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    saison sèche. Les principaux facteurs de croissance de l'économie nationale que sont l'agriculture et l'élevage en souffrent énormément. Ceux-ci contribuent pour près de 31% au PIB et 60% aux exportations. Le secteur agricole emploi 92% de la population active qui se trouve alors sans activités pendant les longues saisons sèches.

    Dès lors, on perçoit toute l'urgence d'apporter un correctif à ce déficit naturel par la mobilisation de la ressource eau, en créant des retenues artificielles. Le but étant de réduire les pertes, surtout par écoulement, en construisant des barrages pour ainsi palier les longues périodes de sècheresse saisonnières. Dans ce contexte, l'accès à l'eau restera toujours une préoccupation pour tout le monde : gouvernement, ONG et populations.

    Depuis les années 1920 (année de réalisation du premier barrage au Burkina Faso) de nombreux barrages ont été réalisés à travers le pays. Dès lors, l'évolution des réalisations donne :

    - 27 barrages en 1947,

    - 90 barrages en 1956,

    - 430 barrages en 1984,

    - 2088 barrages en 1995 et

    - 2100 barrages en 2001

    Plusieurs autres retenues ont été réalisées après cette date. De cet effectif, on dénombre 150 ouvrages réalisés par l'Eglise Famille1 du Burkina Faso dans le but de :

    - renforcer la sécurité alimentaire,

    - améliorer les revenus et les conditions de vie des populations rurales, - protéger et restaurer l'environnement,

    - limiter l'exode rural et les migrations vers les régions côtières etc.

    Les objectifs poursuivis par cette action commune de réalisation des barrages sont pertinents et les résultats atteints sont relativement appréciables de nos jours, vu les conséquences des sècheresses qu'ils ont contribué à atténuer. Seulement, les besoins en eau des populations augmentent avec la croissance démographique et le développement des activités économiques, faisant du problème d'eau une question récurrente. D'emblée, la gestion de l'eau ainsi mobilisée se place au centre des préoccupations et requiert une attention particulière. L'on s'interroge donc sur les conditions de mobilisation et d'exploitation des ressources hydrauliques. Réaliser des barrages permet certes de mobiliser et de satisfaire les besoins en eau pendant une période donnée, mais qu'en est-il de la durabilité de ces retenues ?

    1 Eglise Famille : appellation donnée à l'ensemble des catholiques pour signifier la cohésion sociale entre les adeptes

    5

    Le mode d'exploitation des ressources en eau s'inscrit-il dans une perspective de durabilité ?

    I- LA PROBLEMATIQUE

    A travers le monde, l'augmentation de la demande en eau et la difficile maîtrise des eaux de surface accentue le risque de déséquilibre entre les besoins et la disponibilité en eau. La gestion des eaux de surface a fait l'objet de nombreuses études et s'avère encore plus critique de nos jours vu la croissance démographique et le développement des activités socio-économiques entraînant une augmentation exponentielle des demandes pour une ressource en eau dont l'accès devient de plus en plus difficile. Ce problème d'eau que l'on vit est-il lié à des difficultés de mobilisation ou à de mauvaises pratiques dans l'exploitation des ressources hydriques disponibles ?

    Dans le cas du Burkina Faso, la ressource en eau disponible donne 820 m3/habitant /an. Ce qui est nettement en deçà du seuil de pénurie d'eau situé à 1000m3/habitant/an. Il convient alors de situer la problématique nationale de l'eau au niveau de celui de la mobilisation et surtout celui de l'exploitation de la ressource mobilisée et de se demander à quel type de gestion et d'exploitation est destinée cette pléthore de barrages ?

    Dans quelles conditions sont faits les prélèvements d'eau au niveau des retenues et quel entretien leur est réservé ?

    En 2002, l'Observatoire du Sahara et du Sahel (O.S.S)2 montrait qu'au Burkina Faso les prélèvements d'eau sont supérieurs aux besoins, soit 0,11km3 contre 0,35km3 en 1996. Il prévoyait pour 2030, 0,20km3 pour les besoins et 0,63km3 pour les prélèvements. L'exploitation durable des ressources en eau est alors l'équation prioritaire à résoudre.

    Ces prélèvements exorbitants sont d'une part imputables aux facteurs physiques tels que l'infiltration et l'évaporation qui prélèvent à elles seules prêt de 70% des eaux de surfaces exploitables. Cependant, des études montrent que ces pertes sont difficiles à contrecarrer et les moyens pour y parvenir trop onéreux.

    D'autre part, on sait que réaliser des ouvrages pour que soit disponible l'eau de surface, contribue à la fixation des populations locales et la création de nombreuses activités dont les paysans tirent des revenus non négligeables en saison sèche mais, des mesures d'accompagnement (inexistantes dans la plupart des cas) sont nécessaires pour assurer une durabilité des exploitations.

    En effet, la construction des retenues d'eau, même de dimensions modestes est intéressante à bien des égards, de la recharge de la nappe phréatique à la fixation de la

    2 O.S.S. Organisation internationale créée en 1992 dont le siège est à Tunis. Elle regroupe 22 pays africains et 5 pays occidentaux ayant pour objectif la lutte contre la sécheresse en Afrique.

    6

    population en passant par le développement d'activités telles que l'agriculture en saison sèche, l'élevage, la pêche, la consommation humaine et toute autre activité dont la réalisation nécessite la présence de la ressource. Le chômage se trouve ainsi réduit, l'alimentation des populations rurales est diversifiée et enrichie par la disponibilité de légumes et de poisson frais et les revenus des exploitants sont accrus. Nonobstant cette pléthore d'intérêts, on est le plus souvent tenté de se demander si des mesures sont prises parallèlement à ces constructions et leurs retombées, pour préserver les acquis et en assurer une exploitation durable. A-t-on pensé à la restauration et à la protection de ces milieux qui déjà dégradés, se trouvent désormais menacés davantage suite à la pression humaine qu'entraînera le point d'eau ?

    A-t-on pris des dispositions pour contrôler les multiples prélèvements d'eau et prévoir les éventuels conflits qui peuvent éclater entre usagers, quand on sait que les intérêts des exploitants sont divergents et parfois même contradictoires ? A-t-on pensé aux risques sanitaires que courent la population riveraine et ces animaux qui s'y abreuvent tout le long de la saison sèche ?

    Autant de questions auxquelles on pourrait répondre par la négative vu l'état de détérioration de la plupart des ouvrages et l'anarchie qui règne autour. La négligence de ces aspects a des conséquences graves susceptibles à la longue de compromettre toute la rentabilité des investissements consentis. Ainsi, nos inquiétudes sont légitimées par le paradoxe lié aux niveaux d'utilisation de ces petits barrages en rapport avec les prévisions. La préoccupation majeure de la présente étude s'articule autour des conditions d'exploitation de cette ressource aussi rare que chère dans un pays sahélien comme le notre. Elle interpelle alors à la fois les donateurs et les populations bénéficiaires. S'intéressant à la valorisation des petites retenues d'eau, l'intérêt d'une telle étude est évident et multiple dans la mesure où elle s'articule autour de la satisfaction durable des besoins en eau.

    Dans le cadre d'un mémoire de maîtrise, il serait utopique de traiter la question au niveau national, ainsi avons-nous choisi de porter nos investigations sur les barrages de Guido et de Fara qui expriment de façon éloquente la problématique ci-dessus posée.

    De fait, ces deux ouvrages à l'image de centaines d'autres, ont été réalisés suite à la sècheresse des années 70 et 71. Bien que situés dans deux régions administratives différentes : Guido dans le Sanguié (Centre ouest) et Fara dans les Balé (Boucle du Mouhoun), ces barrages appartiennent au même bassin hydrographique ; celui du fleuve Mouhoun. A l'époque, les problèmes d'eau ont été durement ressentis par les populations de ces deux localités qui l'ont assez évoqué lors de nos entretiens. Ils doivent alors leur salut à la présence de ces plans d'eau réalisés seulement en 1983 à Guido et 1992 à Fara et qui dès lors, sont

    7

    devenus les lieux de satisfaction de toutes les sollicitations d'eau. Mais aujourd'hui, le constat est alarmant car ces ouvrages ont l'amont et la quasi-totalité de leurs berges colonisés par des exploitants maraîchers et rizicoles. D'innombrables troupeaux de bétail viennent s'y désaltérer en même temps que les riverains prélevant l'eau pour les usages domestiques. Cette anarchie atteint son paroxysme pendant les périodes de pointe (janvier-avril). Par ailleurs, ces retenues baignent dans un délaissement total dont les conséquences sont la détérioration des digues, des déversoirs et la perte de leur capacité de rétention d'eau. La pire des menaces est qu'étant autrefois pérennes toute la saison sèche, ces barrages tarissent de plus en plus précocement depuis une décennie suscitant ainsi des inquiétudes quant à la durabilité des activités qui en dépendent. On assiste de ce fait à un retour progressif à la cage départ. C'est dans ce souci que s'inscrit la présente étude qui cherche d'une part, à établir la perception des populations bénéficiaires liée à l'utilisation de cette eau et d'autre part, à discuter l'investissement de donateurs et autres services techniques quant à une appropriation réelle et efficiente des enjeux se rapportant à la gestion durable de ladite ressource par les bénéficiaires.

    Ces comportements s'expliquent-ils par l'ignorance des bénéficiaires ou par l'illusion de disposer d'une ressource inépuisable ?

    Qu'est ce qui explique le manque d'entretien des ouvrages et l'anarchie autours, compromettant ainsi leur pérennité et leur durabilité?

    Quelles stratégies développer pour assurer une exploitation efficiente et durable des retenues d'eau ?

    II. LES HYPOTHESES DE L'ETUDE

    La principale hypothèse est que les populations riveraines des barrages de Guido et de

    Fara ignorent tout de l'exploitation et de la gestion d'une retenue d'eau.

    De façon spécifique nous disons que :

    - les activités en amont et sur les berges des barrages accélèrent leur envasement ;

    - diverses sollicitations concurrentes s'expriment sans arbitrage autour des barrages ;

    - les riverains ont une perception traditionnelle de l'eau rendant difficile l'instauration

    de règles modernes de gestion ;

    - il n'y a pas de contrôle sur les prélèvements d'eau, ni sur leurs fréquences et leur
    volume.

    Pour vérifier ces hypothèses nous nous sommes fixés les objectifs suivants :

    8

    III. LES OBJECTIFS DE L'ETUDE

    L'objectif global de l'étude est d'analyser les modes de gestion de l'eau des retenues. De façon spécifique il s'agira:

    - d'analyser l'impact des activités en amont et sur les berges sur la réduction du volume d'eau des retenues ;

    - d'inventorier et analyser les différentes formes de prélèvement de l'eau des retenues ;

    - d'examiner l'incidence de la perception paysanne de l'eau sur la gestion des ouvrages ;

    - d'apprécier le niveau d'organisation pour la gestion de l'eau.

    IV. LA DEMARCHE METHODOLOGIQUE

    Elle s'articule autour de deux axes :

    ? une recherche documentaire ;

    ? la collecte des données sur le terrain.

    4.1- La recherche documentaire

    Il existe une importante documentation qui traite de la problématique de l'eau sur le plan national et international. Dans notre cas, nous avons orienté notre recherche documentaire vers la mobilisation et la gestion de l'eau de surface notamment les petits barrages. Ainsi, a- telle consisté à la collecte des données secondaires au niveau international, national, régional et local en rapport avec notre thème de recherche. Les principaux documents exploités sont ceux portants sur la politique nationale en matière d'eau, les rapports des structures intervenant dans le domaine de l'eau, les rapports du Ministère de l'Agriculture de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques (MAHRH), les rapports des institutions qui y sont rattachées, des rapports de recherche et des études effectuées par la Cellule Hydraulique du Secrétariat National de l'OCADES Burkina et le Programme de Valorisation des Ressources en Eau de Koudougou (VAREK)3 portant sur la problématique de la gestion des retenues d'eau.

    Cette recherche a permis de faire la lumière sur la définition de certains termes clés que nous utilisons dans le contexte de notre étude.

    Petit barrage : « Un petit barrage est un ouvrage en terre ayant les caractéristiques suivantes : une profondeur moyenne inférieure à 10 m, une capacité de rétention d'eau inférieure ou égale à 1.000.000 m3, une superficie inondable de quelques dizaines de km2. »

    3 Programme de Valorisation des Ressources en Eau de Koudougou ; c'est notre projet de tutelle lors du stage pour la réalisation du présent document ( www.varek.org)

    9

    (Historique des retenues cité par SIGUIBEOGO T. R., 1987). Les barrages de Fara et de Guido répondent à cette définition.

    Besoin en eau : « concept théorique déterminé par les objectifs de l'activité qui l'engendre et par la relation d'efficacité entre usage de l'eau en quantité et en qualité données - et les résultats. Il est donc exprimé le plus souvent de manière « unitaire » (par habitant, par hectare irrigué, par tête de bétail, par unité de production). Le besoin en eau a un caractère normatif (référence pour évaluer la demande présente et prévisionnelle). Il est indépendant de l'offre » (O.S.S. 2002)

    Demande en eau : « la demande en eau est un fait réel observable, déterminé non seulement par les nécessités de l'activité utilisatrice, mais aussi par l'influence de l'offre (Celle de la nature de la ressource aussi bien que celle d'un secteur intermédiaire de production/distribution). La demande peut alors être supérieure au besoin (en cas d'offre surabondante et très accessible) ou inférieure (en cas d'offre rare et coûteuse), en quantité comme en qualité. La prévision des demandes ne peut donc être indépendante de celle de l'offre » (O.S.S. 2002).

    Prélèvement d'eau : c'est la quantité d'eau soustraite de la source d'approvisionnement pour satisfaire la demande. (Elle est généralement supérieure à la demande à cause des pertes par évaporation, par infiltration ou lors du transport). Dans le cas de l'irrigation les pertes peuvent être dues à la mauvaise qualité des canaux d'irrigation qui occasionnent l'infiltration ou l'évaporation.

    Ressources en eau : selon Jean MARGATE, (Octobre 1995) dans le Dictionnaire français d'hydrologie le concept de « ressources en eau peut revêtir deux Significations.

    Au sens strict premier, les ressources en eau représentent « l'eau dont dispose ou peut disposer un utilisateur ou un ensemble d'utilisateurs pour couvrir ses besoins. »

    Au Sens élargi, les ressources en eau représentent « Les eaux de la nature considérées du point de vue de leur utilité pour les humains et des possibilités de les utiliser. »

    Selon le glossaire international d'hydrologie (UNESCO-OMM, 1992), les ressources en eau représentent l'ensemble des eaux disponibles, ou que l'on peut mobiliser, pour satisfaire en quantité et en qualité une demande donnée en un lieu donné, pendant une période appropriée.

    Gestion de l'eau : le glossaire international d'hydrologie (UNESCO-OMM, 1992), défini la gestion de l'eau comme la « planification de la mise en valeur, de la distribution et de l'utilisation des ressources en eau ».

    10

    4.2- Le choix des sites

    L'étude porte sur les barrages de Fara et de Guido, autour desquels ont été analysés les volumes, la fréquence, la destination et l'organisation des prélèvements d'eau. Ce choix se justifie par des arguments essentiels suivants:

    - Les deux ouvrages ont été retenus par le Programme VAREK pour une analyse plus approfondie vue leur importance économique pour les populations locales et l'intensité des activités qui se mènent autour (agriculture, élevage, orpaillage, usages domestiques, fabrication de briques...) ;

    - Le site de Fara, outre les autres types d'exploitations, est doté d'un périmètre irrigué dont les exploitants sont organisés en groupement. A Guido par contre, on a affaire à une exploitation maraîchère de type traditionnel et inorganisée jusque là. Mais face à l'intensité de l'activité autour du barrage, une organisation des exploitants s'impose ;

    - Les exploitations des barrages diffèrent l'une de l'autre par les communautés qui y travaillent et qui ont par conséquent une perception différente des ouvrages et de leur entretien. Une communauté Lyélé (Gourounsi) à Guido et une communauté composée de migrants à majorité Mossé à Fara.

    4. 3- La revue de la littérature

    La politique de construction des petites retenue d'eau adoptée par l'Etat burkinabé, répond à des exigences d'ordre économique, physique et même social. En effet, la précarité de la pluviométrie demande que des mesures palliatives soient prises pour contrecarrer la longue saison sèche afin de stimuler un développement basé sur l'agriculture et l'élevage, secteurs constituant le socle de l'économie nationale. C'est pour répondre à cette exigence que des efforts sont consentis tant par les autorités que par les opérateurs privés (O.N.G. et collectivités locales), pour la construction de retenues d'eau avec un intérêt particulier pour les petits barrages (environ 2100 retenues d'eau en 2001 selon le MAHRH) au détriment des grandes retenues parce que ces derniers nécessitent de grands investissements financiers pour leur réalisation et leur gestion. De plus, les grandes retenues exigent d'importants aménagements entraînant souvent d'énormes déménagements pouvant toucher des villages entiers et sont difficilement appropriées par les populations rurales. Par ailleurs, leur envergure favorise les effets de l'insolation et des vents qui occasionnent d'importantes pertes par évaporation.

    SANOU D ; 1988, dans ces travaux sur le maraîchage, fait ressortir les avantages qu'offrent les petites retenues d'eau. Celles-ci permettent de freiner l'écoulement des eaux de

    11

    ruissellement permettant ainsi le recule des délais d'assèchement. Elles favorisent également le relèvement du niveau de la nappe phréatique par l'infiltration des eaux stagnantes, ce qui assure une pérennité des puits et forages avoisinants. Aussi, en saison sèche, ces retenues d'eau offrent des possibilités d'irrigation, d'abreuvement des animaux et de satisfaction des besoins domestiques en eau. Enfin, leur gestion est relativement plus aisée que les barrages de grande envergure. De ce fait, dans un pays sahélien à longue saison sèche comme le Burkina Faso, elles constituent un facteur de stimulation du développement locale. Ces multiples avantages justifient également le choix de l'Eglise Famille du Burkina Faso qui, depuis 1929 construit de petits barrages à travers le pays. De nos jours, face à la multiplication des activités d'exploitation de ces barrages, face également au manque d'appropriation de ces ouvrages par les exploitants, un grand nombre d'entre eux se trouvent dans un état précaire générant des inquiétudes quant à leur durabilité.

    La problématique des retenues d'eau a fait l'objet de plusieurs études au Burkina Faso et sur différents aspects. Une des questions récurrentes est celle de l'envasement qui compromet véritablement les résultats escomptés lors de la réalisation des ouvrages. La conséquence est l'amenuisement des ressources en eau disponibles. Les recherches de DIPAMA, J.M. (1991) sur les barrages numéros 1, 2 et 3 de Ouagadougou, OUEDRAOGO, A. (1994) sur le barrage de Laaba dans le Yatenga et de YADILA (2000) et OUEDRAOGO, N (2003) sur le lac Dem, démontrent l'importance de ce phénomène et les conséquences socioéconomiques. L'ensablement des retenues d'eau détériore les ouvrages et accélère l'infiltration. Dans le Tome I de l'Hydrologie des petits barrages, paru en décembre 1984, on estime les pertes d'eau par infiltration de 0,7 à 1m des hauteurs d'eau retenues par an. D'autres facteurs tels que le manque d'entretien des ouvrages, la mauvaise organisation des exploitants et la multiplicité des activités, hypothèquent davantage la durabilité des ouvrages. Ainsi, pour lutter efficacement contre l'ensablement et l'exploitation anarchique des retenues d'eau, il importe d'en appréhender la perception paysanne.

    On arrive à la conclusion que pour une satisfaction durable des besoins en eau, il faut instaurer une gestion des retenues d'eau qui passe par l'action simultanée des donateurs et des bénéficiaires comme l'indique FEUILLETTE S. (2001). Elle conseille la mise en place de mesures intermédiaires à même d'assurer une disponibilité continue de la ressource. Toutes les parties prenantes doivent mener des actions conjuguées à trois niveaux : modifier la disponibilité de l'eau par des investissements structurels, modifier ou augmenter l'efficience des usages par des mesures incitatives et enfin, instaurer les mesures intermédiaires sur la distribution pour réduire les pertes.

    12

    Elle démontre que le rationnement de la demande en eau au niveau d'une ressource « communautaire à accès libre », passe nécessairement par la responsabilisation des premiers acteurs que sont les exploitants. Il s'agit de les amener à prendre conscience des aspects « communautaire » et « fini » de la ressource et du rôle que joue chacun d'eux pour sa sauvegarde.

    Notre étude prendra en compte ces aspects en mettant un accent particulier sur la gestion de la demande4 qui passe par un ensemble d'actions telles que l'éducation (information, sensibilisation et formation), l'organisation des riverains et l'instauration d'instruments de gestion permettant le contrôle des prélèvements et la réduction des pertes.

    Cette revue est intéressante à bien des égards compte tenu du fait qu'elle donne des éléments de réponse à une partie de nos inquiétudes. De là se dégage alors l'intérêt qui est porté sur les barrages de Guido et de Fara, parce que les problèmes abordés ci-dessus y sont réels et nécessitent une solution impérative.

    V- LES ENQUETES DE TERRAIN

    5.1- L'échantillonnage démographique

    <<L'eau des deux barrages est destinée à quatre usages principaux à savoir : le maraîchage, l'abreuvement des animaux, la construction, et les usages domestiques. >> (Cellule hydraulique OCADES, 2006). La population cible se compose de maraîchers, d'éleveurs et d'usagers divers : domestiques, briquetiers, pêcheurs, orpailleurs et autres. Nous avons aussi interrogé quelques personnes exploitant l'amont des retenues en saison pluvieuse.

    Les enquêtes se sont déroulées en début de la période où les demandes d'eau sont fortes (février) en raison du tarissement des autres points d'eau. Nous avons eu des entretiens avec tous les types d'exploitants et avec des personnes ressources des deux villages : les chefs de terres de Guido et de Fara, le groupement des producteurs du Périmètre Irrigué (P.I.) de Fara, les animateurs et le coordinateur du projet VAREK intervenant sur les sites d'étude; soit au total 152 personnes.

    5.2- Les outils de collectes des données

    Les principaux outils utilisés pour la collecte des données sont le questionnaire et le guide d'entretien. A cet effet, une fiche d'enquête a été élaborée et adressée aux maraîchers, aux éleveurs, aux briquetiers et aux usagers domestiques. Les guides d'entretien ont permis de

    4 Grimble et all. (1996) in Feuillette S. 2001, indique que la gestion de la demande porte surtout sur la modification des différentes sollicitations de la ressource.

    13

    recueillir des informations lors des rencontres avec les différentes personnes ressources des

    sites. A travers cette collecte nous avons recherché les informations suivantes:

    > Les perceptions culturelles de l'eau par les populations riveraines ;

    > Les perspectives paysannes par rapport à la durabilité et l'eutrophisation de la

    ressource ;

    > La perception paysanne des causes et des conséquences de la réduction de la capacité

    des retenues ;

    > Les destinations des prélèvements d'eau (toute activité dont la réalisation utilise l'eau

    des retenues.) ;

    > L'organisation des prélèvements d'eau et de la gestion des retenues ;

    > Le niveau d'instruction, de formation et d'information des exploitants.

    Nous avons aussi traqué les barrages et les parcelles de culture au G.P.S. Toutes ces

    informations recueillies sont renforcées par des observations sur le terrain.

    14

    Tableau 1: la grille conceptuelle

    Hypothèses

    Objectifs

    Variables

    Indicateurs

    Population cible

    Echelle d'analyse

    Sources

    les activités en amont et sur les berges des barrages accélèrent leur envasement.

    analyser l'impact des activités en amonts et sur les berges sur la réduction du volume d'eau des retenues.

    -facteurs physiques, -les activités humaines, -volume des retenues.

    -infiltration,

    -évaporation,

    -activités en amont,

    -envasement des retenues, - périodes de pénurie d'eau

    -exploitants,

    - Site d'exploitation - Village

    - enquêtes, documentation, entretiens.

    diverses sollicitations concurrentes s'expriment sans arbitrage autour des barrages.

    inventorier et analyser les différentes formes

    de prélèvement de
    l'eau des retenues.

    -destinations des

    prélèvements d'eau. -modes de prélèvement de l'eau.

    - systèmes d'irrigation,

    -systèmes abreuvement des animaux,

    -usages domestiques,

    -construction,

    -autres...

    - exploitants

    Site d'exploitation

    - enquêtes, -documentation, - observations.

    les riverains ont une perception

    traditionnelle de l'eau rendant

    difficile l'instauration de règles
    modernes de gestion.

    examiner l'incidence

    de la perception
    paysanne de l'eau sur la gestion des ouvrages

    -perception culturelle

    de l'eau. -perception

    individuelle de l'eau

    - religions,

    -représentation de l'eau,

    -pratiques culturelles liées à l'eau,

    -responsables coutumiers, -exploitants

    - Site d'exploitation - Village

    - enquêtes, -documentation, - entretiens

    il n'y a pas de contrôle sur les prélèvements d'eau, ni sur leurs fréquences et leur volume.

    apprécier le niveau

    d'organisation pour la gestion de l'eau.

    - conditions d'accès à l'eau,

    -volume d'eau prélevé.

    - infrastructures hydrauliques -moyens d'exhaure,

    -fréquence et conditions des
    prélèvements,

    Exploitants

    Site d'exploitation

    - enquêtes, -entretiens -documentation,

    15

    5.3- Le traitement des données

    Les données brutes ainsi recueillies ont fait l'objet d'un traitement en vue d'une meilleure analyse et interprétation. A cet effet, le logiciel Excel a permis de faire le dépouillement des questionnaires et le logiciel Word pour le traitement de texte. Pour les données cartographiques les logiciels Arc info et ArcView ont été utilisés.

    Compte tenu des objectifs de l'étude, des documents disponibles et l'importance de la question liée à la problématique de l'eau, nous avons jugé opportun de présenter le travail en quatre chapitres repartis en deux parties constitutives du présent mémoire :

    ? La première partie comprend deux chapitres dont le premier présente le cadre général de l'étude et le second la politique nationale en matière d'eau

    ? La deuxième partie est également structurée en deux chapitres dont, le premier, présente les caractéristiques des prélèvements d'eau et leurs impacts socioéconomiques et physiques et le second donne les contraintes et les perspectives pour une satisfaction durable des besoins en eau autour des deux barrages.

    16

    PREMIERE PARTIE : L'ENVIRONNEMENT DES DEUX

    BARRAGES

    Les villages de Guido et de Fara sont localisés respectivement dans les provinces du Sanguié (Région du Centre Ouest) et des Balés (Région de la Boucle du Mouhoun). Leur situation en milieu rural leur confère certes des similitudes mais aussi des différences. Cette première partie fait ressortir respectivement l'environnement physique et humain des barrages dans le premier chapitre et le cadre institutionnel et règlementaire de la gestion de l'eau au Burkina Faso dans le second.

    17

    CHAPITRE I : L'ENVIRONNEMENT PHYSIQUE ET HUMAIN DES BARRAGES

    1.1- LES DONNEES PHYSIQUES SUR LES BARRAGES

    1.1.1- Situation géographique

    Le village de Fara est le chef lieu du département du même nom. Situé à l'extrême sud de la province des Balés à 45 km de Borormo (chef lieu de la province), le département de Fara couvre une superficie de 704 km2 subdivisés en 24 terroirs villageois. Le village est accessible par l'axe Ouagadougou-Dano, à partir du Carrefour de Poura sur la route nationale numéro un (RN 1).

    Guido se situe à 11 km de la ville de Réo, qui est à la fois le chef lieu du département du même nom et de la province du Sanguié. Ce département couvre une superficie de 448 km2 subdivisés en 12 terroirs villageois. Le village est accessible par l'axe Réo-Toma. La faible distance entre les deux localités (environ 100 km à vol d'oiseau) fait que la variation des paramètres physiques est très faible, voire négligeable.

    Bassin du Mouhoun

    Guido Site d'étude

    M m

    # Localités

    # Rétenue d'eau

    Burkina Faso

    Réseau hydrographique

    Réseau routier

    0 80

    Situation géographique des sites d'étude

    Réseau hydrographique

    Bassin versant du Mouhoun

    #

    Bobo-Dioulasso

    #

    Nouna

    40 km M

    0

    #

    #

    #

    Dédougou

    Koudougou

    Bassin versant du Mouhoun

    #

    Fara

    #

    #

    Guido

    #

    Réo

    N

    18

    Source Bf_SIG Octobre 2008 SANOU D. Luther

    19

    1.1.2- L'hydrographie

    Le bassin du Mouhoun est le plus important des quatre bassins hydrographiques nationaux que sont : le Nakambé 81 932 km2, la Comoé 17 590 km2, le Niger 83 442 km2 et le Mouhoun 91 036 km2. Ce dernier se subdivise en trois sous bassins: le Sourou 15 256 km2, le Mouhoun supérieur 20 978 km2 et le Mouhoun inférieur 54 802 km2. Il est drainé par des fleuves pérennes tels que le Mouhoun, le Kou, et le Banafing. Fara et Guido sont situés dans ce sous bassin.

    Dans ce sous bassin, le fleuve Mouhoun qui coule vers le nord-ouest, décrit une courbe et prend la direction du sud, faisant ainsi frontière avec le Ghana à partir de Ouéssa. Les prélèvements en amont perturbent le régime du fleuve et lui donne un débit d'étiage médian évalué à 5.9 m3/s à Boromo (ORSTOM, 1977). Le barrage de Fara se localise à 7 km du fleuve sur un affluent temporaire localement appelé le « Léné ».

    Quant à la province du Sanguié, elle est drainée par un cours d'eau principale qui traverse le département de Dassa et longe ceux de Ténado, du Pouni et de Zawara. Les multiples petits cours d'eau qui parcourent la province sont intermittents et sont des affluents du fleuve Mouhoun que sont : le Bobo, le marigot de Koudougou et le Vranso. Le barrage de Guido se situe sur une branche de ce dernier.

    Les barrages de Fara et de Guido sont donc de petites retenues d'eau parce que situés sur des cours d'eau d'une moindre importance tarissant dès la fin des pluies.

    1.1.3- Le climat

    Les précipitations, la température et les vents sont les principaux facteurs climatiques qui ont une incidence plus ou moins importante sur la disponibilité de l'eau. Ils agissent d'une part, sur les quantités d'eau tombées et d'autre part sur les pertes par évaporation. Ainsi, la présentation de ces éléments au niveau du bassin du Mouhoun inférieur permettra de mieux comprendre leurs influences sur les deux retenues.

    La pluviométrie

    Le mécanisme des précipitations est réglé sur l'ensemble du pays par les mouvements de deux masses d'air, l'une chaude et humide (la Mousson) et l'autre chaude et sèche (l'Harmattan).

    Les départements de Fara et de Réo, bien qu'étant proche l'un de l'autre à vol d'oiseau, n'enregistrent pas les mêmes quantités d'eau.

    En effet, Fara au sud est traversé par l'isohyète 1100 mm. Les premières pluies tombent

    20

    dès fin avril début mai et la saison s'installe pleinement vers mi-mai. On enregistre alors une moyenne pluviométrique mensuelle de 75 mm de mai à septembre, voire octobre. Les mois les plus pluvieux sont ceux de juillet, d'août et de septembre avec un maximum pouvant atteindre 343 mm en août soit 31,18% de la hauteur d'eau tombée.

    Par contre, la province du Sanguié se situe entre les isohyètes de 700 mm et 800 mm. Les totaux pluviométriques varient entre 500 à 1000 mm par an. En comparaison au reste de la province, le département auquel appartient Guido (Réo) est le moins arrosé avec une moyenne pluviométrique de 723 mm par an. Les mois les plus pluvieux sont ceux de juillet et d'août avec un maximum atteignant 260 mm en août soit 35,96% de la hauteur d'eau tombée.

    Il ressort que les deux sites connaissent une courte saison pluvieuse, ce qui est préjudiciable aux activités agricoles ; préjudice plus ressentie à Guido qu'à Fara.

    De façon générale, on retient de nos jours trois caractéristiques essentielles de la pluviométrie: une durée irrégulière de la saison pluvieuse. Une grande variabilité dans les précipitations inter saisonnières et au cours d'une même saison et une faiblesse des quantités d'eau qui tombent. La saison sèche dure entre huit et neuf mois selon les années.

    Ces données présentent bien le problème d'eau auquel le pays est confronté. D'une part, on a une grande quantité d'eau qui tombe sur seulement trois à quatre mois de l'année et qui est cependant inutilisable si elle n'est pas retenue. Alors que dès le mois d'octobre on assiste à une pénurie criarde en eau. D'autre part, la grande variabilité pluviométrique entre les mois d'une même saison joue énormément en faveur du ruissellement d'où l'importance des apports d'éléments issus de l'érosion et qui contribuent à envaser les retenues.

    Les températures

    Compte tenu de l'absence de station synoptique à Fara, la caractérisation des températures est faite sur la base de celles enregistrées à Boromo qui est la station météorologique la plus proche. Celles de Guido relèvent des enregistrements de Réo. Les températures les plus élevées sont enregistrées pendant les mois de mars, avril et mai avec un maximum de 40°c en avril. La plus basse température est relevée en décembre et Janvier et peut atteindre 17°c à Fara et 12°c à Guido. La température moyenne annuelle varie entre 30°c et 38°c. Elles varient selon les périodes de l'année. Ainsi, d'octobre à mai correspondent les périodes froides puis sèches (cf. Graphique 1). A partir de fin décembre, l'harmattan commence à souffler et se poursuit jusqu'en février. La chaleur prend la relève au mois de mars, accompagnée de rafales de vents chauds et secs jusqu'à l'arrivée des premières pluies. Ces fortes valeurs thermiques ont pour effets une importante évaporation des plans d'eau. En effet, les chiffres (de 1970 à 2007) laissent observer une évaporation intense atteignant son maximum aux mois de

    21

    janvier 254 mm, février 279 mm, mars 341 mm et avril 329 mm et mai 313 mm correspondant aux pertes des quantités d'eau retenues.

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    300

    250

    Mois

     
     

    Diagramme ombro thermique de Fara et de Guido

    150

    200

    125

    100

    150

    75

    50

    25

    0 0

    Années

    Source : D'après les données de la Direction Générale de la Météorologie Nationale

    Guido

    Fara

    Tc°

    100

    50

    u

    °)c Tpérure

    1.1.4- Le relief et les sols

    La morphologie d'un terrain est fortement tributaire de la structure géologique sous-jacente. On trouve deux grands ensembles structuraux au Burkina Faso : les grès au sud et le granite sur le reste du territoire national. Le Mouhoun inférieur où se localisent Guido et Fara est situé dans le deuxième grand ensemble. Son sous-sol est de ce fait constitué de roches plutoniques correspondant à des granites syntectoniques à amphiboles de couleur grise ou rose à texture légèrement gneissique. On les rencontre surtout dans les Balés vers la région de Fara, Poné, Toné et Caro. Des poches de roches vertes constituées de gabbros, de basaltes et de dolérites sont également présentes sur la chaîne de colline entre Daho, Kabourou et Nahon. Vers Guido dans le Sanguié, les formations précambriennes et granitiques sont essentiellement couvertes de cuirasse et de sable.

    Les éléments de la morphologie de ces espaces épousent grossièrement l'ossature géologique en présence. Les provinces en place appartiennent à un modelé du socle cristallin. En effet, les provinces des Balés et du Sanguié, à l'instar de l'ensemble du bassin versant du fleuve Mouhoun, sont installées sur une vaste surface d'aplanissement soutenue par des glacis piquetés de buttes témoins et de plateaux cuirassés. Le cuirassement y est très important et caractérisé par le Pliovillafranchien et le Quaternaire. On y observe également des cuirasses de bas niveau

    22

    apparaissant le long des axes de drainage. A certains niveaux des glacis, émergent des affleurements rocheux qui confèrent à la région des altitudes variant entre 150 et 439 m. C'est l'exemple du mont Sanguié qui culmine à 400 m d'altitude et de la chaîne de colline vers Daho et Nabo.

    Ce relief plat constitue d'une part une entrave à la réalisation de retenues d'eau profonde et d'autre part, il favorise l'étalement des nappes d'eau de surface accentuant ainsi l'évaporation. De plus, la structure cristalline du sous-sol empêche l'infiltration des eaux et la recharge de la nappe phréatique.

    Les sols en place résultent de la dynamique érosive qui s'effectue sur ce vaste ensemble peu élevé. Ces sols diffèrent peu d'une localité à l'autre et peuvent être classifiés selon le BUNASOL, en cinq grandes classes que sont : les sols minéraux brutes, les sols peu évolués, les sols brunifiés, les sols à sexqui oxyde de fer et de manganèse et les sols hydromorphes.

    Ces classes de sols peuvent se subdiviser en treize unités morpho pédologiques dont les principaux sont :

    - Les lithosols : Ils se localisent en hauteur, sur les sommets des buttes et des collines et se caractérisent par leur faible capacité à retenir l'eau. Ils sont inaptes à l'agriculture parce que peu favorables à l'enracinement des plantes et très exposés à l'érosion.

    - Les sols ferrugineux : Recouvrant surtout les versants des élévations, ils retiennent également très peu d'eau. Ces sols se prêtent alors moyennement à la production céréalière et maraîchère. Ces deux premiers types de sols sont très rependus sur le terroir villageois de Guido et sont en partie la cause de la faiblesse de la production céréalière locale.

    - Les sols hydromorphes : Favorables à l'enracinement des plantes, cette unité de sols à une grande capacité à retenir les eaux pluviales d'où leur aptitude à l'agriculture et au maraîchage. Cette dernière catégorie de sol se localise dans les bas-fonds. Ils sont beaucoup répandus dans la zone de Fara et ses environs.

    D'une façon générale, les Balé et le Sanguié ne revêtent pas les mêmes caractéristiques morphopédologiques. Les dissemblances se révèlent quand on fait une approche locale axée sur les terroirs villageois. Il en ressort que Fara a de meilleures conditions agroclimatiques que Guido. A Guido l'appauvrissement des terres est très accentué. Celles-ci sont de structure gravillonnaire, sableuse, latéritique, (quelque fois argileuses) et ne se prêtent qu'à la culture de mil, de Sorgho de l'arachide et du niébé. Le maïs est seulement cultivé dans les champs régulièrement pourvus par les ordures ménagères.

    Ceci explique peut être l'engouement de la population de Guido pour le maraîchage susceptible de combler les déficits de l'agriculture pluviale.

    23

    1.1.5- La végétation

    Les provinces du Sanguié et des Balés de par leur position sur le bassin versant du fleuve Mouhoun, sont sous l'influence d'un climat soudano sahélien. Selon la caractérisation faite par Guinko S et All. (1984), elles se situent dans le domaine phytogéographique soudanien, plus précisément dans les districts Ouest-Mouhoun et Est-Mouhoun.

    Le couvert végétal des deux provinces est semblable et essentiellement constitué d'une savane arborée devenant arbustive par endroit. Les principales espèces existantes sont le karité (Butyrospernum parkii), le néré (Parkia biqlobosa), L'(Acacia albida), le baobab (Butyrospernum digitat)a, le tamarinier (Tamarindus indus) et le résinier (lanéa microcarpa). Ces espèces constitutives de la savane, forment des galeries forestières très pauvres en espèces guinéennes que l'on ne trouve que sous forme rupicoles. Ces forêts sont fortement tributaires de l'état temporaire des cours d'eau. Le tapis herbacé est essentiellement constitué d'Andropogon qayanus, Andropogon aseinodis et d'Andropogon toguindus, loudetia togoensis et forme avec la savane arborée la végétation des glacis.

    Il faut noter que cette végétation est fortement dégradée en raison de la pression démographique de plus en plus croissante et des systèmes de cultures extensifs et archaïques. La dégradation de la végétation met à nu les sols, les rendant ainsi plus vulnérables à l'érosion. Les particules décapées sur les sols dénudés ont pour destination les dépressions des cours et retenues d'eau d'où leur comblement.

    Les conditions physiques précédemment décrites déterminent fortement la dynamique de la population et ses activités.

    1.2- LES DONNEES DEMOGRAPHIQUES

    La présentation de la population à travers son histoire, sa dynamique, sa structure et sa localisation permet de comprendre les activités socioéconomiques auxquelles elle se livre et leurs relations avec les retenues d'eau.

    1.2.1- Les mouvements de la population des deux villages

    La population du village de Fara connaît une croissance rapide : de 5398 habitants en 1985, ce nombre est passé à 7808 habitants en 1996. Mais en 2006, ce village comptait 2572 habitants. Cela est dû au fait que certains quartiers de ce village en 1996 sont de nos jours érigés en villages administratifs. Le village enregistre un grand nombre d'immigrants attirés par le commerce avec le Ghana, la mine d'or de Poura et l'orpaillage traditionnel. Guido par contre relevait de Bonyolo en 1985 qui comptait 5377 habitants à l'époque. Erigé en village

    24

    administratif, il avait 2112 habitants en 1996 et 2627 habitants en 2006. En comparaison à Fara, la population de Guido croit moins vite.

    1.2.2- La structure et la densité des populations des villages

    La grande partie de la population de Fara est très jeune. Les moins de 14 ans représentent 48% de la population totale. La population active (15 à 64 ans) représente 36%. Le sexe ratio est en faveur des hommes avec 1298 hommes contre 1274 femmes. L'immigration en est la principale raison. Au vu des résultats du recensement démographique de 2006, la densité moyenne communale s'établi à 52 habitants /km2.

    Par contre à Guido, la jeunesse de la population s'exprime à travers les chiffres de 49% de 0 à 14 ans, 45% de 15 à 64 ans, on compte 1422 femmes contre 1205 hommes pendant que la densité moyenne communale atteint 121 habitants /km2. Ce département abrite le cinquième de la population provinciale. Ce chiffre affecte peu le village de Guido qui se situe seulement à 11 km de Réo.

    1.2.3- Les ethnies en présence sur les deux sites

    Le village de Fara a été fondé par des Bobo-dioulas venus de Baré (village de la province des Banwa) à la recherche de l'or. De nos jours, ils ont été absorbés par des immigrants Moosé venus de Koudougou (Province du Boulkiemdé) attirés eux aussi pour la plus part, par l'or et les bonnes conditions agro climatiques. Les autres ethnies en présence sont Nouni, Dagara, Kô, Bwaba, etc. Les exploitants du site du barrage sont à 98% Moosé et 2 % de Dagara. On note une absence des autres ethnies. Cela pourrait s'expliquer par le fait que le village enregistre une écrasante majorité de Moosé par rapport aux autres ethnies qui en plus de leur minorité, sont relativement éloignées de la retenue.

    Le Village de Guido crée par les BAYALA venus de Nébou près de Boromo, est exclusivement peuplé de Lyélé, lesquels regroupent les grandes familles BAYALA et BABINE. Ces deux familles ont comme dialecte le Lyélé.

    Les exploitants permanents de la retenue d'eau sont donc à 100% des Lyélé autochtones de Guido et des villages voisins, auxquels s'ajoutent des exploitants temporaires que sont les orpailleurs. Dans ce dernier cas, il s'agit des Mossé.

    On peut retenir de l'analyse démographique que le barrage de Fara est exploité par des immigrants tandis que celui de Guido est exploité par des autochtones. Ce qui pourrait induire des différences de comportement face à la ressource.

    25

    1.3- LES ACTIVITES SOCIOECONOMIQUES

    La population de Fara exerce deux types d'activités à savoir l'agriculture et l'élevage d'une part et le commerce d'autre part, tandis que l'agriculture demeure l'activité principale à Guido.

    1.3.1- Les modes traditionnels d'accès à l'eau et à la terre

    Sur l'ensemble du bassin hydrographique du Mouhoun, le droit de « possession » de l'eau est associé à celui de la terre. C'est un « droit collectif » et d' « accès libre ». Chaque village a sa tranche de fleuve et/ou de marigot, ses mares, etc. Les procédures coutumières de contrôle et de partage des ressources halieutiques sont analogues à celles du régime foncier. Le mode d'exploitation des terres et les pratiques culturales ont organisé l'espace en auréoles concentriques constituées de champs de case et de champs de brousse. Le village de Fara connait une forte pression foncière due à la fertilité des sols. Selon les autorités coutumières, le contrôle des attributions de champs leur échappe de nos jours. Cependant, elles sont interpellées pour trancher certains litiges liés au foncier.

    La ressource eau se fait rare du fait de la croissance des besoins et de la multiplicité des sollicitations. Les infrastructures hydrauliques modernes (bornes fontaines et forages) ne suffisent pas à y faire face, d'où la sollicitation des puits traditionnels et surtout des barrages. L'accès libre à l'eau auquel la population est habitué s'oppose à toute réglementation en vue d'harmoniser les prélèvements, d'où l'anarchie autour des points d'eau.

    1.3.2- L'agriculture

    Elle occupe 60 à 70% des ménages à Fara contre 90% à Guido. Cela s'explique par le fait que Fara est plus urbanisé que Guido. En plus de l'agriculture pluviale, on note l'existence de quelques pratiques agricoles en saison sèche grâce à l'irrigation.

    Les cultures de saison pluvieuse sont axées sur les productions céréalières (sorgho, mil, maïs, riz) et les cultures de rente (coton, arachide, niébé etc.). La production céréalière est le reflet des habitudes alimentaires des populations locales. A Guido les terres sont très pauvres et se prêtent peu à la céréaliculture.

    Le coton, principale culture de rente dans la Région de la Boucle du Mouhoun, ne semble pas intéresser les populations de Fara et de Guido contrairement au maraîchage qui reste dominant malgré les difficultés liées à l'indisponibilité de l'eau de production en toute saison et la divagation des animaux. Les principales spéculations maraîchères sont: le chou, l'oignon, la tomate, l'aubergine, le piment et le gombo.

    La prédominance des systèmes culturaux traditionnels (cultures sur brûlis, utilisation de la daba...) montre que l'agriculture reste encore très archaïque, caractérisée par une extension

    26

    continue des superficies emblavées. Ces systèmes de culture rudimentaires entraînent une destruction importante du couvert végétal. Les sols se trouvent alors dénudés, fragilisés et à la merci de l'érosion.

    A titre indicatif, le tableau ci-dessous montre l'évolution des superficies emblavées dans les deux départements entre 1992 et 2002.

    Tableau 2 : évolution des superficies cultivées sur les deux départements entre 1992 et 2002

    Départements

    Superficies en 1992 (Ha)

    Superficies en 2002 (Ha)

    Evolution de 1992 à 2002

    Réo

    4

    208

    250,5

    5

    900

    780,4

    + 169 252,8

     
     
     
     
     
     
     

    (4,02%)

    Fara

     

    118

    202,6

     

    160

    955,1

    + 42 752,5

     
     
     
     
     
     
     

    (36,16%)

    Source : Base de Données sur l'Occupation des Terres 1992-2002 (Institut Géographique du Burkina)

    L'extension des superficies exploitées suppose la destruction de la végétation et les sols ainsi exposés au soleil, à la pluie et au vent sont très vulnérables face à l'érosion qui les décape et entraîne les particules arrachées dans les dépressions, en occurrence les retenues d'eau.

    1.3.3- L'élevage

    L'élevage constitue une des principales ressources des deux provinces et environ 90% des producteurs l'associent à l'agriculture. Il constitue la seconde activité après l'agriculture et comporte deux composantes :

    ? Un élevage sédentaire pratiqué par les agriculteurs Lyélé, Mossi, et Nouni. Les ménages possèdent du bétail (bovins et asins) destiné à l'agriculture attelée auquel s'ajoutent les ovins, les caprins, les asins, les porcins et la volaille. A Guido, la production porcine joue un rôle particulièrement important. Elle est pratiquée par les femmes qui composent 51% de la population et ne rencontre aucune contrainte d'ordre socioculturel contrairement aux ruminants dont l'élevage n'est pas permis à tout le monde. En effet, un jeune Lyélé ne peut posséder des ruminants avant que ses parents n'en aient. Ce qui y réduit les effectifs du bétail dans ce village.

    ? Un élevage transhumant pratiqué par les Peuhls dont les troupeaux sont constitués essentiellement de zébus. Mais ils se sédentarisent progressivement pour éviter les nombreux conflits qui ont lieux lors des déplacements du bétail. Ce type d'élevage est très présent à Fara où les effectifs sont plus importants qu'à Guido.

    27

    Tableau 3 : Effectifs du cheptel des provinces des Balés et du Sanguié en 1989 et 2004

     

    Espèces

    Provinces

    Années

    Bovins

    Ovins

    Caprins

    Camelins

    Equins

    Asins

    Balés

    1989

    57 820

    79 090

    104 582

    0

    --

    17 286

    2004

    60 863

    80 704

    107 817

    0

    103

    18 389

    Sanguié

    1989

    90 424

    173 423

    270 378

    --

    --

    22 990

    2004

    95 183

    176 962

    278 740

    0

    0

    24 457

    Source : Enquête Nationale sur l'Effectif du Cheptel au Burkina Faso : phase I et II

    On constate une augmentation des effectifs au fil des années dans les deux provinces dont les conséquences sont la destruction du couvert végétale, la fragilisation des sols par le piétinement des animaux et l'augmentation des besoins en eau. Cela accentue les effets de l'érosion et l'envasement des retenues d'eau.

    1.3.4- Le commerce

    Le secteur du commerce occupe une place importante dans les activités économiques de la commune de Fara, en raison de sa position sur la route du Ghana et de sa proximité de la mine d'or de Poura. On note la présence de commerçants du Ghana (frontière à 60 km), de Boromo (à 45 km), de Bobo-Dioulasso, de Koudougou, et de Ouagadougou. Par ailleurs, les mineurs constituent un marché potentiel pour l'écoulement des produits frais. Les produits maraîchers et des cultures irriguées sont pratiquement écoulés sur place.

    A Guido par contre, l'activité commerciale se limite à la vente des produits maraîchers pendant la saison sèche.

    La vente des porcs, du bois énergie, des produits de la pèche, de la cueillette (amandes de karité) et de l'artisanat procure des revenus non négligeables aux populations en toute saison.

    Au terme de ce chapitre, il ressort que les facteurs physiques tels que les fortes températures, les vents et la précarité de la pluviométrie, joints aux facteurs géologiques et morpho pédologiques des bassins versants des retenues limitent considérablement la disponibilité des eaux de surface. Par ailleurs, les comportements des sociétés bénéficiaires de ces retenus bien que quelque peu différents d'une localité à l'autre, ne sont pas de type à favoriser la continuité et la durabilité de la satisfaction des besoins en eau. En effet, face aux conditions agroclimatiques moins favorables à Guido on observe un important engouement pour l'eau à des fins agricoles par rapport à Fara. Toujours est-il que les barrages sont en proie aux mêmes conditions d'exploitation qui hypothèquent leur durabilité.

    La situation est alarmante et interpelle plus d'un quant on sait que les prévisions en matière d'eau (aussi bien au niveau national qu'international) sont inquiétantes vue la croissance

    28

    continue des besoins face à une ressource qui s'amenuise au fil du temps. Fort de ce constat, il convient de prendre urgemment les dispositions nécessaires à une gestion convenable des ressources en eau afin de relever les défis futurs. Dans un tel contexte, il importe de prime abord, de connaître l'environnement de la gestion de l'eau au niveau national.

    29

    CHAPITRE II : LA GESTION DE L'EAU AU BURKINA FASO

    Au Burkina Faso, la gestion de la ressource eau est soumise à des normes et des réglementations émises par les institutions nationales et/ou internationales. Le cadre juridique et institutionnel est établi au regard de la ressource disponible en rapport avec les besoins présents et futurs. C'est dans ce contexte que le Burkina Faso a adopté la loi n°002-2001/AN du 08 février 2001 portant Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE). Pour une meilleure compréhension du contexte d'application de ce concept dans le pays, il est nécessaire d'avoir une idée du potentiel hydrique national.

    2.1- LE POTENTIEL HYDRIQUE DU BURKINA FASO

    2.1.1- Les eaux de surface

    Les quantités d'eau qui tombent varient entre 500 mm au nord et 1400 mm au sud. Le volume moyen annuel est de 206,9 milliards de m3. 8,79 milliards de m3 s'écoulent tandis que 32,43 milliards de m3 s'infiltrent soit un potentiel renouvelable 41 milliards de m3. Ces volumes d'eau connaissent une baisse progressive au fil des ans, ce qui réduit les volumes d'eaux stagnantes dans les différentes retenues artificielles et les mares du pays. Selon la Direction Générale de l'Hydraulique, le pays comptait 2100 retenues d'eau en 1996 dont 380 permanents. La capacité des principaux plans d'eau va de 6 millions de mètres cube d'eau pour le lac Sian à 2050 millions de mètres cube pour le barrage de Kompienga. Les principales retenues d'eau de surface du pays se présentent comme suite :

    Tableau 4 : les principales barrages du Burkina Faso

    Localisation

    Nom du plan d'eau

    Capacité initiale (Millions de m3)

    Ouest

    Douna

    50

    Moussodougou

    38,5

    Nord-Ouest

    Sourou

    300

    Nord

    Bam

    41,2

    Dem

    12

    Sian

    6

    Centre Nord

    Loumbila

    36

    Kanazoé

    75

    Centre Est

    Bagré

    1700

    Est

    Kompienga

    2050

    Source : Gestion Intégrée des Ressources en Eau

    Ces principaux ouvrages stockent 80% des eaux de surface du pays, exploitées à des fins diverses telles que : la culture irriguée, l'élevage, l'industrie, l'hydroélectricité, la pêche

    30

    et la pisciculture, l'extraction minière, etc. La demande annuelle est estimée à 2500 millions de m3 dont 80% pour l'hydroélectricité. Mais les prélèvements réels d'eau sont estimés à 505 millions de m3 par an et répartis essentiellement entre l'irrigation (64%), les usages domestiques (21%), et l'élevage (14%).

    2.1.2- Les eaux souterraines

    Les nappes aquifères du pays sont moins alimentées depuis 1971 (DGH, 2001) à cause de la baisse des totaux pluviométriques. Par ailleurs, les conditions d'infiltration dépendent des ensembles structuraux. On en distingue deux : un socle cristallin et un, sédimentaire :

    - Le socle cristallin occupe la majeure partie du pays (environ 65%). Il est imperméable et les débits moyens des forages y vont de 2 à 3 m3/h ;

    - Les sédimentaires, essentiellement constitués de grès, occupent environ 33 % du territoire national. Les débits des forages peuvent y atteindre 100 m3/h.

    Les réserves en eau souterraine sont évaluées à 113,5 milliards de m3 dont seulement 08.37% sont exploitées soit un volume de 9,5 milliards m3. La disponibilité théorique, estimée à 820 m3/an/hbt (FAO, 2011) (eaux de surface et souterraine confondues) place le pays en deçà des 1000 m3/an/hbt considérés comme seuil de pénurie. Face à cette problématique de l'eau que le pays connait, un nouveau cadre institutionnel a été crée pour tenter d'y remédier.

    2.2- LE CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL DE LA GESTION DE L'EAU

    Le Burkina Faso a entrepris depuis le milieu des années 90, un processus de réforme du cadre de gestion de l'eau pour faire face au problème d'eau. Ce processus s'inscrit dans la logique internationale de réforme du secteur de l'eau. La politique nationale de l'eau a été adoptée en 1998 avec comme objectif d'apporter des solutions appropriées à ce problème d'eau. C'est à cette fin qu'un plan d'action a été adopté pour la mise en oeuvre de la Gestion Intégrée des Ressources en Eaux (GIRE).

    2.2.1- La Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE)

    Le concept de Gestion intégrée des ressources en eau fait suite à la prise de conscience de la communauté internationale face à la problématique de l'eau. Cet état de fait a suscité des manifestations internationales depuis des décennies et qui se sont traduites par des rencontres entre chercheurs et décideurs politiques. A titre d'exemple on peut retenir

    - la conférence des Nations Unies à Stockholm en 1972, sur l'environnement ;

    - la conférence de Mar Del Plata en 1977, qui lance les enjeux de l'eau et de l'assainissement et propose la Décennie Internationale de l'Eau Potable et de l'Assainissement (1980 - 1990). Cette conférence recommande l'évaluation systématique des ressources en eau et

    31

    la nécessité d'une conception de principes communs qui guideront les efforts des peuples du monde pour préserver et améliorer l'environnement.

    - la conférence de Dublin en 1992 (26 - 31 janv.) sur l'eau et l'environnement qui demande que l'évaluation, la mise en valeur et la gestion des ressources en eau soient abordées dans une perspective radicalement nouvelle. Elle adopte ce qu'on appelle la «déclaration de Dublin sur l'eau dans la perspective d'un développement durable ». C'est à cette conférence que fut adopté le programme de Gestion Intégrée des Ressources en Eau qui comporte 4 principes directeurs se définissant comme suite :

    ? Principe I : « L'eau est une ressource limitée et vulnérable qui est indispensable à la vie, au développement et à l'environnement ». Il faut assurer une bonne gestion et protection de la ressource eau selon une approche globale qui concilie développement économique et protection des écosystèmes naturels.

    ? Principe II : « La mise en valeur et la gestion de l'eau doivent avoir un caractère participatif et associer les utilisateurs, les planificateurs et les décideurs à tous les niveaux ». Cela suppose que l'ensemble des acteurs soient bien conscients de l'importance des ressources en eau et que les décisions sont prises à l'échelon compétent le plus bas en accord avec l'opinion publique.

    ? Principe III : « Les femmes jouent un rôle déterminant dans l'approvisionnement, la gestion et la préservation de l'eau ». Il ressort que les arrangements institutionnels relatifs à la mise en valeur et à la gestion des ressources en eau tiennent compte du rôle primordial de la femme. Il faut alors donner aux femmes les moyens et le pouvoir de participer, à tous les niveaux, aux programmes conduits dans le domaine de l'eau.

    ? Principe IV : « L'eau est utilisée à de multiples fins et a une valeur économique et l'on doit la reconnaître comme un bien économique ». A ce niveau des inquiétudes sont exprimées quant aux répercussions sociales du concept de « bien économique » : Considérer l'eau comme un bien économique pourrait compromettre son accès aux populations les plus démunies. Toujours est-il que considérer l'eau comme un bien économique et la gérer en conséquence, c'est ouvrir la voie à une utilisation efficace et une répartition équitable de cette ressource, à sa préservation et à sa protection.

    En combinant ces principes directeurs, la GIRE a pour objectif d'atteindre un équilibre entre l'utilisation de l'eau en tant que fondement pour la subsistance d'une population mondiale en plein essor, et sa protection et sa conservation en vue de garantir la pérennité de ses fonctions et caractéristiques. Ainsi, cutis a été donné à chaque pays de prendre les dispositions pour l'atteinte de cet objectif. Les institutions nationales en charge de la gestion de l'eau devront donc se structurer en conséquence.

    32

    2.2.2- Le cadre institutionnel de la gestion de l'eau au Burkina Faso

    L'organisation du secteur ministériel en charge de l'eau au Burkina Faso a connu une évolution historique en relation avec la prise de conscience grandissante à tous les niveaux des enjeux et du rôle de cette ressource dans le processus de développement. Avant l'indépendance et jusqu'en 1965 l'approvisionnement en eau potable était rattaché au Ministère des Travaux Publics et l'aménagement hydro-agricole, rattaché au Ministère de l'Agriculture. En 1965, on assiste à la création d'une Direction de l'Hydraulique et de l'Équipement Rural (HER), cumulant l'approvisionnement en eau potable et le Génie Rural. Cette direction a été placée sous la tutelle de différents ministères dont le Ministère du Développement Rural (MDR) qui disposait en son sein, de 1981 à 1984, d'un Secrétariat d'État chargé des ressources en eau. Le Ministère de l'Eau crée en 1985, confère au domaine de l'eau un cadre institutionnel propre. Ce dernier fait place en 1995, au Ministère de l'Environnement et de l'Eau dans le but d'assurer une cohérence de la politique dans ce domaine. Depuis 2002, la tutelle du secteur eau est assurée par le Ministère de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques (MAHRH) avec une pléiade de ministères rattachés à savoir :

    - le Ministère chargé des Finances et du Budget pour le financement du secteur ;

    - le Ministère chargé des Affaires Etrangères coordonnant la coopération en matière d'eau partagée ;

    - le Ministère chargé de la Justice pour le règlement des contentieux ;

    - le Ministère chargé de l'Administration Territoriale en charge de la décentralisation, la déconcentration, et la police des eaux ;

    - le Ministère chargé du Commerce, de l'Industrie et de l'Artisanat intervenant dans les usages de l'eau, les pollutions des eaux, et l'industrie de l'eau ;

    - le Ministère chargé de l'Énergie et des Mines, oeuvrant également dans l'usage de l'eau, la pollution des eaux et l'énergie hydro-électrique ;

    - le Ministère chargé des Enseignements secondaires, supérieur et de la recherche scientifique pour la formation professionnelle et la recherche hydraulique ;

    - le Ministère chargé de la Santé qui travaille à assurer l'hygiène publique et le contrôle sanitaire de l'eau ;

    - le Ministère chargé de l'Élevage, concerné par l'usage et la pollution des eaux ;

    - le Ministère de l'Enseignement de Base assurant l'éducation à l'hygiène et à la santé ;

    - le Ministère chargé des Affaires Sociales et de la Famille qui s'occupe des aspects genre et équité dans le domaine de l'eau ;

    - le Ministère chargé des Travaux Publics et de l'Urbanisme qui assure le drainage des eaux pluviales et la mobilisation des eaux de surface ;

    33

    - et enfin le Ministère chargé du Tourisme qui assure l'exploitation des milieux aquatiques et des zones humides à des fins touristiques.

    Cette multitude d'acteurs institutionnels a imposé de mettre en place un cadre institutionnel adéquat et une coordination intersectorielle et interministérielle forte indépendamment de toute configuration des départements ministériels. C'est ainsi que la réforme du cadre du secteur de l'eau marque une rupture avec la vision sectorielle de la gestion de l'eau et consacre la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) comme voie de résolution des questions liées à l'eau.

    Cette réforme s'est faite en trois étapes essentielles :

    ? en juillet 1998, le gouvernement adopte le document de la politique et stratégies en matière d'eau ;

    ? en février 2001, le Parlement de la Loi d'orientation relative à la gestion de l'eau ;

    ? en mars 2003, on assiste à l'adoption par le Gouvernement du Plan d'Action pour la Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PAGIRE).

    2.2.3- Le Plan d'Action pour la Gestion Intégrée des Ressources en Eau

    (PAGIRE)

    Découlant de la réforme globale du secteur de l'eau, le PAGIRE couvre la période 20032015. Son objectif est de créer un environnement favorable à la gestion intégrée des ressources en eau. Cet objectif se décline en deux objectifs spécifiques :

    - définir et planifier la mise en oeuvre du futur cadre de gestion intégrée des ressources en eau;

    - identifier les actions spécifiques et proposer les moyens nécessaires à leur mise en oeuvre. La démarche globale recommande de :

    - privilégier l'approche intégrée par rapport à l'approche sectorielle;

    - soutenir le désengagement de l'Etat en matière de production d'eau et de gestion des périmètres irrigués ;

    - proposer un scénario à effectif suffisant pour la restructuration progressive de l'administration publique dans le domaine de l'eau ;

    - concevoir un cadre de gestion stable dans toute configuration ministérielle ;

    - proposer une restructuration progressive.

    Ce plan d'action prévoit une exécution à quatre niveaux géographiques (au niveau central, au niveau du bassin hydrographique, au niveau régional/provincial et au niveau local) où interviendront quatre catégories d'acteur (l'administration publique centrale et déconcentrée, les collectivités locales, les organismes de bassin et les autres acteurs tels que les usagers, le secteur

    34

    privé, les ONG, etc.). Le niveau de base de cette gestion intégrée des ressources en eau reste le bassin hydrographique dont la gestion est assurée par le Comité Local de l'Eau (CLE) (cf. annexe I) considéré comme « maillons de base du cadre institutionnel de Gestion Intégrée des Ressources en Eau du Burkina Faso ». C'est l'instance locale de concertation, d'échange, d'animation et de promotion, qui associe directement tous les acteurs concernés au niveau local dont la mise en oeuvre répond au souci des principes de subsidiarité et de participation.

    L'analyse de ce nouveau cadre de gestion de l'eau permet cependant de relever certaines insuffisances liées au souci de subsidiarité, car à notre sens le niveau du bassin hydrographique est trop vaste pour résoudre réellement les problèmes de gestion au niveau des plans et cours d'eau qui constituent le bassin. En effet, il n'est pas prévu de structures pour répondre à la problématique sur les plans d'eau. Même les associations des usagers de l'eau (AUE) ne semblent pas prendre en compte cet aspect.

    2.2.4- Le programme hydraulique de l'Eglise Famille

    L'Eglise Famille du Burkina Faso oeuvre au coté de l'Etat comme d'autres partenaires au développement économique et sociale des populations. Elle a réalisé de nombreux barrages hydrauliques pour l'alimentation en eau des populations et la production agricole. Son action a beaucoup évolué dans le temps. De l'aide d'urgence au départ, on est passé à une implication de plus en plus profonde et diversifiée dans la formation et la mobilisation de la population pour son auto développement. L'OCADES en est le fer de lance. La Cellule Hydraulique s'occupe de la coordination et de la gestion des programmes et projets hydrauliques. Elle centralise les données des programmes hydrauliques des différents diocèses du pays. L'inventaire de 2006 fait état de 150 petites retenues d'eau et bas-fonds aménagés dont 80 dans le seul diocèse de Koudougou.

    Ce diocèse disposait d'une Unité Mécanique (UMEC)5 depuis 1974 pour la réalisation des ouvrages. Ainsi, en 1981 et1992 les barrages de Guido et de Fara ont été construits dans le but de répondre à la situation d'urgence des besoins en eau dans ces villages.

    Le programme de Valorisation des Ressources en Eau de Koudougou (VAREK) a été lancé en 1998 pour susciter une exploitation efficiente des plans d'eau du diocèse. La VAREK s'inscrit dans la politique nationale de l'eau.

    2.3- LES LIMITES DE LA GESTION DE L'EAU AU BURKINA FASO

    La gestion des ressources en eau est confrontée à des contraintes d'ordres structurelles, financières et sociologiques.

    5 Unité MECanique : une des structures techniques de l'Eglise Famille située à Koudougou et chargée de la réalisation des ouvrages hydrauliques.

    35

    2.3.1- Les contraintes structurelles

    Les cadres de concertation des ONG et associations (SP-ONG) fonctionnent difficilement faute d'organisation et de moyens financiers. De plus, leurs actions sont peu coordonnées avec celles des structures étatiques. Or les acteurs du privé ont besoins d'être imprégnés des politiques et formés au même titre que les structures de l'Etat. Ce manque de coordination des actions a pour conséquence la faible professionnalisation des interventions. On constate en effet un désordre et même souvent des contradictions sur le terrain entre les politiques étatiques et les interventions de certains opérateurs privés. Le secteur de l'eau mérite alors qu'il y ait autant de rigueurs dans l'exécution des programmes que leur conception.

    2.3.2- Les contraintes financières

    Le PAGIRE se déroule en deux phases (2003-2008 et 2009-2015). La première (20032008) a absorbé un budget total estimé à 13,6 milliards de francs CFA financé à plus de 50% par les partenaires techniques et financiers externes tels que DANIDA, ASDI, l'Union Européenne, la coopération belge etc. (MAHRH, 2006). L'une des plus grandes difficultés reste le financement des projets par l'Etat. La participation financière des bénéficiaires est également très infime et difficile à mobiliser notamment dans les pays du sud car il est souvent difficile d'exiger plus. Pour y palier, l'on a lancé l'initiative du « centime par mètre cube » qui préconise de prélever une taxe d'un centime par mètre cube d'eau consommé dans les pays riches pour alimenter les fonds d'investissement des pays pauvres. Par ailleurs, très peu de programmes hydrauliques bénéficient de l'appui de l'Etat qui vit lui-même des financements extérieurs.

    2.3.3- Les contraintes socioculturelles

    Les difficultés de la gestion de l'eau découlent de la confrontation de divers facteurs : historiques, sociaux, économiques, politiques et juridiques. Le PAGIRE prend bien en compte les règles et autorités coutumières dans le futur cadre de gestion de l'eau mais son exécution sur le terrain laisse entrevoir un manque à gagner. En effet, elles ne sont pas très impliquées jusqu'à présent dans l'exécution du système moderne de gestion des ressources naturelles en générale et celle de l'eau en particulier bien qu'elles aient toujours une importance effective au niveau du village/de la commune (et du lignage). Les autorités traditionnelles (chefs de terre, chefs de village) sont les garants d'un système traditionnel de gestion des ressources qui reste intensément vécus et respecté par les communautés rurales. L'omission de cet état de fait pourrait poser des problèmes pour la réalisation effective du futur cadre institutionnel de gestion des ressources en eau au niveau décentralisé. A l'heure actuelle, c'est encore le droit coutumier qui gère l'accès à la terre et à l'eau au niveau villageois et communal. De multiples conflits se produisent donc sur le terrain lors de l'application du système foncier dit moderne (propriété individuelle, monétaire)

    36

    qui se heurte au système foncier dit traditionnel (usage collectif, lignager de la terre, marginalisation de la femme). Il sera difficile de mettre en oeuvre la GIRE si toutefois les réalités locales ne sont pas prises en compte, ne serait-ce qu'à titre consultatif.

    On retient que pour une réussite de la GIRE de nombreux défis restent à être relevés à divers niveaux. La problématique de l'eau au niveau national résulte de la combinaison de plusieurs facteurs tant structurels que conjoncturels qui constituent des contraintes à des degrés divers. La mise en place effective de la GIRE devra donc prendre en compte la diversité politique et socioculturelle des différents intervenants à tous les niveaux.

    37

    CONCLUSION PARTIELLE

    L'analyse du cadre général de l'étude montre que la problématique de l'eau est liée à plusieurs facteurs. L'exploitation et la gestion des retenues d'eau évoluent dans un contexte de croissance continue des besoins en eau tandis que l'amenuisement de la ressource est de plus en plus crucial au fil des ans. Les facteurs qui concourent à cet état de fait sont aussi multiples que diversifiés et dérivent tant bien des facteurs physiques que des comportements des acteurs vis-à-vis de la ressource. Cette situation impose que la gestion de l'eau soit appréhendée dans toutes ses dimensions en intégrant toutes ses formes d'existence. Ce à quoi s'attèle la GIRE à travers le PAGIRE dont la conception semble avoir cerné la problématique. Cependant, l'implication réelle des acteurs à la base est insuffisante. Par conséquent son exécution se trouve confrontée à des limites de divers ordres. Cette situation explique l'environnement critique dans lequel évoluent les barrages de Fara et de Guido.

    38

    DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DU VOLUME D'EAU
    DISPONIBLE ET DES PRELEVEMENTS
    .

    Les chapitres 3 et 4 font ressortir successivement les conditions de durabilité des retenues par le croisement des volumes d'eau disponible avec ceux prélevés (chapitre 3) et les retombées socioéconomiques de l'exploitation des ouvrages suivi des perspectives pour améliorer leur gestion (chapitre 4).

    39

    CHAPITRE III : LES CONDITIONS DE DURABILITE DES OUVRAGES

    Le contexte de réalisation et la localisation des ouvrages font d'eux le lieu de prédilection de multiples activités dont la conduite ne se fait pas toujours de façon efficiente. La durabilité des ouvrages dépend de ce fait, des conditions d'exploitations auxquelles ils sont soumis. Le présent chapitre tente de faire une illustration de l'environnement d'exploitation dans lequel évoluent les barrages.

    3.1- LE VOLUME D'EAU DISPONIBLE DANS LES DEUX RETENUES

    Les caractéristiques géomorphologiques, hydrographiques et climatiques du milieu dans lequel sont réalisés les barrages influent incontestablement sur leur capacité à retenir l'eau en quantité suffisante et de façon pérenne.

    3.1.1- La construction des retenues

    L'Eglise Famille du Burkina Faso oeuvre depuis plus de cent ans aux cotés de l'Etat et autres partenaires dans le développement économique et social des populations. Ainsi, de nombreuses réalisations hydrauliques ont été exécutées à des fins d'alimentation en eau des populations et de production agricole. L'inventaire des infrastructures hydrauliques réalisées par l'Eglise en 2006 fait état de plus d'une cinquantaine de petits barrages réalisés entre 1975 et 2003 dans le seul diocèse de Koudougou qui couvre les provinces du Passoré, du Sanguié, du Boulkiemdé de la Sissili, du Ziro et une partie de celle des Ballés. Dans la région du Centre-ouest qui couvre les mêmes provinces que le diocèse à l'exception de celles du Passoré et des Ballés, l'Eglise à réalisé exactement 61 petits barrages sur les 182 qu'elle compte, soit 33,5%. En termes de capacité, il s'agit de plus de 5 millions de m3 d'eau qui sont mis à la disposition des populations soit 30% des 16 millions de m3 d'eau disponible dans les retenues de la zone.

    Cette multitude de réalisations fait suite à la période de sécheresse qu'a connu le pays dans les années 70. Les ouvrages ont été réalisés dans des localités où les problèmes d'eau étaient criards. Ces problèmes ont été durement ressentis par les populations de Fara et de Guido qui l'ont longtemps évoqué lors des entretiens. La vocation première de ces barrages est la recharge de la nappe phréatique afin d'assurer une disponibilité continue de l'eau pour les besoins humains. Cependant de nos jours, plus de 80% des villages utilisent leurs barrages pour l'abreuvement du bétail. L'eau est également utilisée pour la construction, ce qui influence l'évolution de l'habitat et génère une activité économique liée à la vente des briques. Un peu moins de 50% de ces ouvrages hydrauliques sont utilisées pour des activités agricoles mais, cette activité demeure faible au vu des potentialités offertes. Les consommations domestiques concernent environs 20% des barrages dépendamment de leur proximité des villages. De

    40

    l'intervention en aide d'urgence dans les années 70, on est aujourd'hui à l'implication des populations à travers l'approche participative pour la valorisation efficiente de la ressource eau.

    D'une manière générale, une très grande partie de la mémoire des réalisations a été perdue et la description des ouvrages pose problème. Toujours est-il que la mémoire restante que nous avons complété avec les enquêtes de terrains nous a permit d'avoir une idée de l'envergure des barrages. Il s'agit effectivement de barrages de petites dimensions dont le plus grand d'une capacité initiale de 447 000 m3, se localise à Salo dans le Boulkiemdé et le plus petit à Tio dans le Sanguié d'une capacité de 100 000 m3. Cela nous donne une idée de l'envergure des barrages de Fara et de Guido qui ont des capacités initiales de rétention respectives de 233 000 m3 et 400 000 m3.

    Pour la construction de ces ouvrages, on a utilisé au maximum des matériaux de bord : des blocs de cailloux, du gravier, de la terre argileuse et du sable. En plus d'une contribution financière demandée à la population locale, cette dernière a été sollicitée pour la main d'oeuvre non spécialisée. Seul le ciment, le fer, les outils et la main d'oeuvre spécialisée ont été apportés. Les coûts de réalisation des barrages s'estiment à environ 102.000.000 Fr. pour Guido et 45.987.760 Fr pour Fara, mais ces coûts sont à prendre avec beaucoup de réserves, vu l'insuffisance et l'imprécision de la mémoire disponible.

    3.1.2- Les apports d'eau dans les retenues

    L'essentiel de l'eau contenue dans les retenues est apportée en saison pluvieuse grâce aux eaux de pluies et de ruissellement.

    L'observation du diagramme ombro thermique (cf. Graphique n°1) fait ressortir une faible différence dans les quantités d'eau tombées dans les deux localités. Les mois les plus pluvieux sont ceux de juin, juillet, aout et septembre et constituent les périodes d'alimentation en eau des retenues. Les hauteurs d'eau tombées (en moyenne 710 mm à Fara et 648 mm à Guido) pendant ces quatre mois sont largement suffisantes pour le remplissage des barrages. En effet, lors de nos sorties sur le terrain nous avons été surpris par une importante pluie sur le site de Guido qui, à elle seule a suffit à remplir la retenue pourtant à moitié vide. Cela exprime la faiblesse de la capacité de rétention des retenues qui de surcroit se trouve réduite suite à l'ensablement.

    Les apports par ruissellement se font par les cours d'eau temporaires sur lesquels sont construits les barrages. Comme on l'a vu plus haut (chapitre I), il s'agit des affluents secondaires du fleuve Mouhoun dans lesquels l'écoulement des eaux dure seulement quelques heures ou quelques jours après chaque pluie. Leurs lits restent secs le reste du temps et durant toute la saison sèche. Les apports sont donc uniquement constitués par les eaux de pluies et de ce fait, ils

    41

    ne se produisent qu'en saison pluvieuse, notamment aux mois les plus pluvieux avec un maximum en juillet et août.

    3.1.3- Les pertes d'eau

    La platitude du relief impose l'inondation de grandes superficies sous faible hauteurs d'eau pour obtenir des stockages suffisants. De ce fait, les facteurs climatiques tels que les vents et les températures ont une grande influence sur les plans d'eau et constituent des contraintes dans la mobilisation des ressources en eau. Les fortes valeurs thermiques, la vitesse et la sécheresse des vents provoquent une évaporation très importante qui réduit considérablement les quantités d'eau retenues.

    En effet, « l'ONBI estime qu'au Burkina Faso, les eaux effectivement utilisables dans les retenues ne représentent que 30% du total stocké » (OUATTARA S. 1984). A titre d'exemple, selon le Seureca en 1972, le barrage de Loumbila a enregistré comme hauteur maximal d'eau 6,10 m ce qui correspond à 26 500 000 m3. La même année, 11 400 000 m3 ont été perdu par évaporation, ce qui représente une tranche d'eau égale à 2 m soit 43% du volume d'eau stocké. A cela il faut ajouter les pertes d'eau par infiltration, éclusés et les volumes non exploitables à cause des vases. Ainsi, dans les conditions les plus optimistes, les volumes d'eau utilisables à Fara et Guido sont respectivement de l'ordre de 69 900 m3 et de 120 000 m3. Toujours est-il que ces volumes restent théoriques au vu de la dégradation des berges des barrages et de l'ampleur de l'érosion en amont. Toute chose qui pourrait augmenter les vases et réduire incontestablement les quantités d'eau utilisables.

    Tableau 5 : Caractéristiques des barrages de Fara et de Guido.

    Nom de l'ouvrage

    Date de réalisation

    Capacité initiale en m3

    Volume théorique

    d'eau utilisable

    Fara

    1991-1993

    233 000

    69 900

    Guido

    1982-1983

    400 000

    120 000

    Source : Herbert Beckmann 2004 et enquêtes de terrain

    En somme, on a des apports énormes en eau mais non réellement utilisables vue l'importance des pertes notamment par évaporation. De même, les infiltrations peuvent être élevées et jouer un grand rôle dans la variation des plans d'eau et partant, la réduction des volumes d'eau. De ce fait, vu la diversité des utilisations de l'eau, les risques de pénuries sont énormes.

    42

    3.2- LES SOLLICITATIONS DE L'EAU DES RETENUES

    De multiples raisons ont guidé notre choix vers la gestion de l'exploitation des ces deux retenues. Parmi ces raisons on peut retenir essentiellement la diversité des sollicitations auxquelles elles sont soumises et qui contribuent énormément au développement du monde rural dans lequel ils se trouvent. Pour bien élucider cette situation, nous avons tenté d'analyser chacune de ces activités initiées.

    3.2.1- La consommation humaine

    Traditionnellement, les populations rurales, pour résoudre le problème d'approvisionnement en eau, concentrent leurs habitats le long des cours d'eau. Cette forme d'adaptation se justifie surtout en saison sèche avec l'assèchement des cours d'eau temporaires. Pendant cette période, les paysans creusent des puits dans le lit des cours d'eau pour exploiter la nappe qui est encore peu profonde. Dans notre cas, on constate que les abords des barrages à Guido comme à Fara, sont jonchés de puits en vue de récupérer une partie des eaux infiltrées. La pratique est aussi remarquable dans tous les villages riverains des barrages (Bonyolo, Perkoan, un peu partout dans la ville de Fara...). En amont comme en aval des barrages, les habitants des villages situés le long des rivières sur lesquels sont réalisés les barrages prétendent n'avoir disposé d'eau dans leurs puits qu'après la réalisation des ouvrages. Ils établissent alors une relation entre la pérennité des barrages et celle des puits et prétendent que le débit de ces derniers baisse systématiquement quand les retenues tarissent. Ainsi, l'eau des barrages est indirectement consommée par les villages riverains à travers les puits par lesquels les riverains récupèrent l'eau infiltrée.

    Outre ce type de consommation, on note une affluence au niveau des barrages pour les prélèvements directs de l'eau à des fins domestiques. Cette affluence est plus remarquable à Fara en raison de son urbanisation. A Guido il se limite à quelques prélèvements sporadiques. Pour estimer les volumes d'eau soustraits à cette fin, nous avons recensé et questionné les personnes qui s'y adonnent. Ceux-ci se répartissent comme suite :

    - Ceux prélevant l'eau pour des besoins ménagers tels que la cuisine, la vaisselle, la lessive et la boisson. Ils se ravitaillent dans un puits que l'eau du barrage submerge en saison pluvieuse. A la fin des pluies, l'eau se retire laissant émerger le puits qui est alors intarissable. On dénombre en moyenne 18 charrettes par jour, chargée chacune de deux barriques de 200 litres, plus trois à quatre bidons de 20 litres. Ces charretiers font chacun deux voyages par jour.

    - Ceux utilisant l'eau pour la construction d'habitat. Ces derniers amènent l'eau sur les sites de construction et utilisent les mêmes moyens de transport que les premiers. La demande

    43

    est assez forte concernant cet aspect. On dénombre en moyenne cinq usagers par jour avec une fréquence journalière de sept à dix voyages.

    En considérant que ces prélèvements ne durent que la saison sèche (octobre -mai soit environ 240 jours), nous avons estimé le volume d'eau prélevé comme l'indique le tableau suivant :

    Tableau 6 : Estimation des prélèvements d'eau pour les usages domestiques.

    Localités

    Destinations des

    prélèvements

    Moyens de transport

    Moyenne journalière

    Volumes

    Volume total prélevé

     

    Construction

    2 barriques (400 L) +4

    18 x 2 = 36

    480 x 36 =

    (17280 +

     
     

    bidons (80 L)

    voyages

    17280 L

    19200=

    Fara

    Usages

    2 barriques (400 L) +

    5 x 8 = 40

    480 x 40 =

    36480 L) x

     

    domestiques

    4 bidons (80 L)

    voyages

    19200 L

    240 =

     
     
     
     
     

    8755200 L

     
     
     
     
     

    = 8755,2 m3

    Source : enquêtes de terrain

    A Guido ce type de prélèvement se fait rare mais le fait marquant est la consommation directe de l'eau des puits creusés dans les jardins par les maraîchers.

    Photo 1 : Charrette chargée de deux barriques d'eau à des fins domestiques

    SANOU David .Luther 2008

    44

    3.2.2- L'irrigation

    L'existence d'un point d'eau permanent en milieu rural signifie pour les paysans une source à même de générer des revenus en saison sèche. Ainsi, aménagent- ils des petites parcelles à proximité des points d'eau pour une production essentiellement maraîchère. Toutefois, cette activité peut être modernisée si les paysans bénéficient d'appuis externes pour rationnaliser la production. Dans le cas contraire, l'activité reste telle avec toutes les conséquences négatives possibles.

    3.2.2.1- L'irrigation traditionnelle

    A Guido et à l'exemple des sites de la province du Sanguié, on assiste à un type d'irrigation que nous qualifions de traditionnel pratiqué par 25.4% des exploitants enquêtés sur le site.

    ? Les parcelles familiales

    La production de contre saison se limite habituellement aux légumes notamment, l'oignon produit dans des jardins familiaux auquel sont quelquefois associés le chou, le piment, et les aubergines. C'est une pratique héritée d'une longue expérience de production d'oignon reconnue à toute la province du Sanguié. Comme le précise Ouédraogo M., 2005 qui a travaillé sur la culture de l'oignon dans la région, la production se fait généralement en saison sèche par les familles dans les champs de case. Ce fait est en effet remarquable dans la quasi-totalité des villages Lyélé dans le Sanguié.

    Pour ce qui est de Guido, la réalisation du barrage a provoqué un attrait de la population locale qui a alors colonisé les berges de la retenue à la recherche d'une source d'eau pérenne. On dénombre au total 122 exploitations d'une superficie moyenne de 250 m2 chacune ; soit environ 30500 m2 (3,05 ha) localisées sur les pourtours immédiats du barrage. L'installation est faite de façon anarchique et les exploitations installées loin du barrage sont ceux qui n'ont pas trouvé de place sur les berges. A l'intérieur des parcelles sont confectionnés des poquets en guise de planches d'environ 1 m de côté ayant une forme de cuvette pour faciliter la rétention de l'eau lors des arrosages.

    Les semis sont collectionnés de façon artisanale et les pépinières confectionnées en fin août permettent de faire trois récoltes par campagne. Les fertilisants utilisés sont principalement l'engrais chimique et les pesticides pour le traitement phytosanitaire.

    ? Les volumes d'eau utilisés

    L'apport d'eau aux plantes se fait à la volée avec les moyens de bord dont peuvent facilement disposer les paysans. Il s'agit de bidons de 20 litres qui ont été divisés en deux et dont chaque partie sert en même temps de puisette et d'arrosoir. Les planches sont directement

    45

    aspergées d'eau à l'aide de cette puisette une fois hissée du puisard. Ce type d'arrosage nécessite que la source d'eau soit à proximité des planches pour éviter la marche. Plusieurs puisards sont alors creusés dans une même parcelle. On dénombre par conséquent, une moyenne de 3 puisards par parcelle ; soit plus de 300 puisards autour du barrage. L'arrosage se fait deux fois par jours (le matin et le soir) en raison de trois à quatre puisettes par planche jusqu'à stagnation de l'eau.

    Nous avons tenté d'estimer le volume d'eau utilisé en une année à cette fin de la manière suivante : en considérant une moyenne de 10 L par puisette, nous avons entre 30 à 40 L (35 L en moyenne) par planche ; soit environ 4375 L par parcelle pour chaque arrosage. La période de maraîchage autour du barrage étant de 9 mois (septembre à mai=270 jours), on peut estimer le volume d'eau utilisé à 288225 m3 (288 225 000 L) par an, pour une superficie d'environ 3 ha. Cette estimation est minimale parce que nous n'avons tenu compte que des parcelles situées sur les berges immédiates et quelquefois même dans le lit d'inondation du barrage où le plan d'eau est directement utilisé à travers les puisards.

    Il convient de signaler que ce mode d'arrosage consomme plus d'eau qu'il en faut pour la production d'oignon. En effet, en comparaison aux normes techniques, les besoins d'eau pour l'oignon sont de l'ordre 4000 à 6000 m3/ha/cycle de production, alors que les estimations à Guido donne environ 32025 m3/ha /cycle. Les quantités d'eau utilisées sont quatre à cinq fois plus élevées que les besoins en eau de l'oignon. Cela démontre que les maraîchers gaspillent l'eau par ignorance et/ou par l'illusion d'en disposer suffisamment. Il est alors judicieux de revoir le système de production, allant de la confection des planches au mode d'arrosage et travailler à susciter un changement de mentalité de la part des producteurs surtout que les superficies destinées à l'activité ne font qu'augmenter d'année en année.

    Photo 2 : parcelle d'oignon sur la berge du barrage de Guido

    SANOU David Luther 2008

    46

    3.2.2.2- L'irrigation moderne

    Bénéficiant de l'appui de la VAREK, le barrage de Fara abrite un périmètre irrigué avec un système d'irrigation modernisé.

    ? Le périmètre irrigué

    Au niveau de ce barrage, l'irrigation couvre de façon rotative le maraîchage et la culture de céréale. Les spéculations produites sont essentiellement le maïs, le haricot, l'oignon et le manioc ce, en fonction des aptitudes du sol, de la rentabilité et de la demande sur le marché local. Les semences utilisées sont des variétés améliorées offertes par le Programme VAREK. Les fertilisants utilisés sont essentiellement les engrais chimiques et quelquefois la fumure organique. Le P.I. a été installé par le Programme VAREK en 2006 sur demande de la population locale essentiellement composée de migrants. Il est exploité par un groupement villageois dénommé « Suugri Nooma » composé de 64 membres dont 48 femmes et 16 hommes. L'activité était pratiquée de façon sommaire mais avec l'installation du PI, elle a pris de l'ampleur et constitue une importante source de revenu pour les exploitants.

    Installé sur la berge du barrage, ce PI a une superficie de 4,5 ha subdivisés en 68 parcelles de 637 m2 chacune. Le type d'irrigation est un système gravitaire qui exploite la micro topographie du terrain. Ce système est «une technique d'arrosage dans lequel la répartition de l'eau sur la parcelle se fait entièrement à l'air libre par simple écoulement de l'eau sur le sol» (Gadiéré A.2004). Une motopompe est mise à la disposition des exploitants à cet effet.

    ? Les volumes d'eau utilisés

    L'apport d'eau dans le périmètre est continu en saison sèche et complémentaire en saison de pluies. Tous les exploitants produisent la même spéculation pendant la même campagne pour répondre au besoin d'uniformité du système d'arrosage. Vue l'étendue à desservir en eau et la disponibilité d'une seule motopompe, l'arrosage se fait tous les jours de 06h à 18h pendant les productions de saison sèche. La motopompe a une puissance maximale de 80 m3 /h mais elle fonctionne avec un dédit de 70 m3/h. Pour estimer les quantités d'eau prélevées à cet effet, nous considérons une période de production de 120 jours (d'octobre à janvier) qui correspond au cycle végétatif de l'oignon parce que nous avons une seule production par campagne. Le volume d'eau utilisé sur cette période est alors de 100 800 m3 (70 x 12 x 120).

    Théoriquement ces apports d'eau sont insuffisants pour la production de l'oignon. En comparaison aux normes, les besoins en eau de l'oignon sont de l'ordre de 4000 à 6000 m3/ cycle contre 2420 m3 dans notre cas pour les estimations les plus optimistes car le système d'irrigation occasionne d'énorme pertes d'eau par infiltration. En effet, les canaux d'irrigation sont construits en terre simple et l'eau se perd non seulement par infiltration mais aussi et surtout

    47

    par écoulement à travers les fissures des canaux d'irrigation comme l'illustre la photographie n°3. De ce fait, elles sont difficilement contrôlables et estimables, toujours est il que les quantités d'eau qui parviennent aux plants sont considérablement réduites ; ce qui porte préjudice aux rendements.

    Au terme de nos analyses, il ressort que le système d'irrigation reste à perfectionner si toutefois on tend à ce que l'utilisation de l'eau soit rationnée.

    Photo 3 : vue partielle du PI de Fara

    SANOU David Luther 2008

    En somme, les deux sites présentent des failles quant aux systèmes d'irrigation. Toutefois, une analyse comparée des deux sites permet de se rendre compte que celui de Guido gaspille plus d'eau que celui de Fara. Par ailleurs, une véritable anarchie s'exprime à travers le mode d'occupation des terres autour des plans d'eau (cf. figure n°3 a et b)

    a.

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    Figure 3 : Cartes de l'occupation de l'espace autour des barrages de Guido (a) et de Fara (b)

    #

    #

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    0 200 m

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    #

    Occupation de l'espace autour du barrage de Guido

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    # Puits

    Rivière

    Voie de communication

    Zone de maraîchage

    Barrage de Guido

    N

    Source : BDOT 2002 et travaux de terrain Juillet 2008 SANOU D. Luther

    49

    Juillet 2008

    SANOU D. Luther

    Source : BDOT 2002 et travaux de terrain

    b.

    0 100 m

    Occupation de l'espace autour du barrage de FARA

    Périmètre irrigué (PI)

    Maraîchers installés

    hors PI

    Puits Puits

    #

    Barrage de FARA

    Rivière

    Bancotière

    N

    50

    3.2.3- L'abreuvement des animaux

    Nous nous sommes également intéressés aux animaux qui s'abreuvent dans les retenues. Cette demande est d'autant plus importante que la taille des troupeaux est grande et leur provenance diverse. L'agriculture étant l'activité principale et dans la majorité des cas, associée à l'élevage la plus part des paysans résidant dans les deux localités et environs sont des agropasteurs dont certains ont des troupeaux très importants.

    3.2.3.1- La provenance du bétail

    Les barrages étant les seuls points pérennes des localités, ils sont alors très sollicités pour l'abreuvement du bétail en saison sèche plus précisément d'octobre à mai lorsque les rivières et les marres naturelles s'assèchent. Le bétail recensé a deux provenances à savoir les villages riverains et le bétail transhumant.

    Les enquêtes révèlent à Fara une moyenne journalière d'environ 830 gros bétail et 150 ovins et caprins en provenance de la ville de Fara et des villages voisins tels que Poura, Nananon, Warzawi, Ton, Bakporé etc. Ces animaux qui arrivent de façon désordonnée (tantôt en troupeaux tantôt solitaire) parcourent en moyenne 10 à 15 km par jour pour s'abreuver. Dans ce cas, l'éloignement de la retenue réduit le nombre d'abreuvements à un par jour, ce qui est insuffisant pour les animaux. Pour ce qui est du bétail venant du village de Fara, l'apparition au barrage se fait deux fois : le matin et le soir.

    A Guido cependant, les enquêtes révèlent un effectif en deçà de celui de Fara pour le gros bétail. En effet, on enregistre pendant la même période 225 gros bétails et 294 ovins et caprins comme nombre moyen journalier de bétail venant s'abreuver dans la retenue. Ces animaux proviennent de Guido et des villages voisins tels que Perkoan, Bepoadir, Vour et Bonyolo et apparaissent deux fois par jour vu que les distances à parcourir sont relativement réduites (environ 5 km en moyenne).

    Deux facteurs semblent expliquer la faiblesse du nombre de bétail enregistré au niveau de cette retenue :

    - La présence d'un autre barrage à Séboun, localité située à 15 km de Guido et qui constitue depuis 2003 la destination d'une partie des gros troupeaux de la région.

    - Traditionnellement, il est interdit à toute personne de posséder des boeufs pendant que ses parents n'en possèdent pas. Cela constitue un frein à l'élevage du gros bétail dans la localité et réduit le nombre de bétail au niveau de la retenue.

    A cela il faut ajouter les troupeaux en transhumance et qui au passage viennent se désaltérer dans les retenues.

    51

    Notons qu'un décompte plus minutieux enregistrera certainement des effectifs plus élevés parce que dans notre cas, nous ne nous sommes intéressés qu'aux troupeaux de cinq têtes au moins car il était difficile de percevoir toutes les arrivées individuelles d'animaux. Par ailleurs, les éleveurs ou les gardiens des troupeaux sont toujours réticents à donner l'effectif exact du bétail qu'ils gardent. Toujours est-il que nous avons fait en sorte de prendre en compte le maximum. De ce fait, la consommation en eau des animaux est basée sur des estimations quelque peu aléatoires. Néanmoins, nous tentons d'en donner une idée.

    3.2.3.2- Les quantités d'eau consommées

    A l'instar des consommations d'eau pour le maraîchage, nous procédons à une estimation des besoins et des consommations d'eau par les animaux qui du reste, manque d'une grande précision. Les enquêtes de terrain menées par le CIEH (GIRE, 2001) montrent que les besoins en eau du cheptel dépendent entre autres de l'espèce animale, de la qualité du fourrage consommé et du climat dans lequel il vit. Les consommations spécifiques généralement utilisées sont variables mais les écarts ne sont pas très significatifs. On retient les chiffres suivants :

    · bovins : 39,2 l/j/tête

    · ovins : 4,3 l/j/tête

    · caprins : 4,3 l/j/tête

    · asins : 30 l/j/tête

    · équins : 23 l/j/tête.

    Pour plus d'efficacité, la consommation spécifique est exprimée par Unité de Bétail Tropical (UBT) et on retient la valeur de 35 l/j/UBT pour signifier la consommation moyenne d'un animal. L'estimation de la demande en eau pour l'élevage se fait à partir du nombre d'UBT et de cette consommation spécifique.

    En considérant que l'utilisation de l'eau des barrages par l'élevage ne dure que la saison sèche (octobre à mai soit 240 jours) et en tenant compte de la consommation moyenne journalière par bête, la consommation annuelle d'eau peut être estimée à 8232 m3 à Fara (830 + 150 x 35 x 240) et 4359,6 m3 à Guido (.225 + 294 x 35 x 240) Cette estimation est minimale car elle ne prend en compte ni la consommation des animaux qui arrivent individuellement comme signalé plus haut ni les consommations d'eau en saison pluvieuse.

    Cependant, la consommation de l'eau ne se fait pas sans difficultés pour le bétail qui se trouve alors exposé aux risques de pénurie d'eau en ce sens que les retenues constituent les seuls points d'eau pérennes dans les localités, surtout à Fara. Dans ce cas, lorsque l'eau se retire dans le lit mineur, les animaux vont plus en profondeur pour se désaltérer courant ainsi le risque de s'embourber. Selon les bergers, la pelouse des animaux s'effrite quand ils consomment de l'eau

    52

    boueuse. Par ailleurs, le tarissement du barrage amène certains éleveurs à parcourir plus de quinze kilomètres pour abreuver leurs animaux dans le fleuve Mouhoun. Cette distance parcourue tous les jours a des conséquences dramatiques sur la santé du bétail particulièrement sur les veaux.

    D'autre part, les animaux courent des risques sanitaires suite à la consommation de cette eau qui du reste, constitue le lieu de concentration des éléments polluants. En effet, les intrants agricoles (engrais chimiques et pesticides) et les déchets biologiques déversés sur les bassins versants sont tous véhiculés dans les lits des barrages par les eaux de ruissellement transformant ainsi ces endroits en des nids de pathologies diverses pour tout exploitant et consommateur. En outre, le risque d'infection et de contagion est très élevé en cas d'épidémie animale parce que les animaux défèquent dans l'eau en même temps qu'ils la consomment. Les risques sont aussi réels pour les retenues dont les digues sont menacées de dégradation suite aux piétinements fréquents des troupeaux qui passent de tout côté pour accéder à l'eau.

    Cette pollution est d'autant plus grave que les activités d'exploitation sont diversifiées en amont de l'ouvrage étant donné que certaines activités sont particulièrement polluantes. A titre d'exemple, l'eau du barrage de Guido connait une très grave pollution causée par l'orpaillage (utilisation de produits toxiques) qui de plus absorbe une importante quantité d'eau.

    Photo 4: Bétail s'abreuvant dans le barrage

    (Fait observable à Guido et Fara)

    SANOU David Luther 2008

    53

    3.2.4- L'orpaillage

    L'orpaillage est une activité passagère qui n'est enregistrée que sur le barrage de Guido. Pour le cas de Fara, le site d'orpaillage de Poura est si éloigné que les orpailleurs ne peuvent se rendrent à Fara pour prélever l'eau. Les enquêtes effectuées sur le site de Guido montrent que l'activité y est présente depuis seulement un an et est l'oeuvre de migrants. Localisée à environ un kilomètre du barrage, l'activité est grande demandeuse d'eau en témoigne le flux de charrettes qui font la navette pour le ravitaillement en eau. Il s'agit d'apporter l'eau sur le site d'orpaillage à l'aide d'une charrette chargée de deux barriques de 200 litres chacune auxquelles s'ajoutent le plus souvent trois à quatre bidons de 20 litres. Cette eau qui sert au lessivage de la pierre n'est plus réutilisable d'où la nécessité de la renouveler. Nous avons pu dénombrer pendant notre séjour qui correspondait à la période de pointe de l'activité, une moyenne journalière de 23 charrettes oeuvrant à cet effet en raison de cinq voyages par jour.

    Pour estimer les quantités d'eau utilisées, nous avons procédé à un calcul qui nous permet d'évaluer la quantité d'eau prélevée à 2,400 m3 par charrette et par jour, donc 55,200 m3 pour les 23 charrettes. En considérant que les prélèvements sont accrus sur la saison sèche (240 jours), on peut affirmer avec beaucoup de réserve que la quantité d'eau prélevée par an pour l'orpaillage vaut 13248 m3. Toute chose qui contribue énormément à épuiser la quantité d'eau retenue dans le barrage.

    Par ailleurs, force est de constater que les orpailleurs jouent un rôle très remarquable dans la pollution de l'environnement en générale et de l'eau du barrage en particulier en s'y baignant et en y lavant le matériel d'orpaillage à l'aide de produits chimiques toxiques (savon, cyanure...) donc dangereux pour la faune aquatique, les hommes et le bétail.

    Cependant, les prévisions augurent de lendemains meilleurs en ce sens que l'activité est passagère. En effet, cet or exploité de façon artisanale était en voie d'épuisement après une année d'exploitation. Toutefois, des mesures devront être prises pour éviter la pollution des eaux avant que les effets néfastes ne soient irréversibles sur la santé humaine et animale.

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    Photo 5 : Utilisation de l'eau par les orpailleurs

    SANOU David Luther 2008

    3.2.5- Les autres types de prélèvements

    A ce titre, nous faisons allusion aux briquetiers, les exécutants des travaux spontanés tels que la construction/réfection des routes et toute autre activité dont la réalisation demande l'utilisation d'eau en quantité non négligeable.

    La confection des briques est une activité enregistrée seulement autour de la retenue de Fara et qui intéresse seulement quelques personnes. Elle est liée à deux phénomènes spécifiques qui sont la proximité de l'eau et la structure limoneuse de la boue accumulée au fond de la retenue. Il s'agit des sédiments résultants de l'érosion en amont. Pour ce centre semi urbain en pleine croissance, les besoins de constructions sont légions. La demande en briques est forte et permanente, faisant de la confection de briques une activité génératrice de revenus pour certains jeunes. Les investigations ont permis d'identifier huit fabricants /vendeurs de briques. Tous ceux qui s'adonnent à cette pratique sont situés dans le lit du barrage, extirpant la boue limoneuse déjà humide et très résistante quand elle sèche. Ils obtiennent ainsi des briques résistantes et très prisées par la population. Dans ce cas, la demande d'eau est relativement faible et difficilement estimable. Néanmoins un léger calcul permet de l'évaluer à une barrique d'eau pour environ 50 briques.

    Chacun confectionne en moyenne 150 briques par jour qui sont vendues aux habitants à 10 Fr. CFA l'unité. L'activité leur procure un revenu moyen journalier de 1500 fr CFA.

    Cependant, leur activité provoque un surcreusement de la partie amont de la retenue. Ce qui pourrait avoir un impact sur l'hydrologie du lac suite au changement de la configuration de l'assiette.

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    La demande d'eau pour la construction/réfection des routes est sporadique mais importante. La proximité des retenues est mise à profit par les entrepreneurs, qui ne mesurent pas la portée de leurs actes sur les autres activités et l'état des retenues. Les témoignages confirment la présence de cette pratique lors de la réfection des routes. Les maraîchers trouvent qu'elle diminue beaucoup la quantité d'eau retenue et surtout, fragilise la digue que les camions-citernes empruntent pour accéder à l'eau du barrage.

    Au terme de cette description, on se rend compte de l'importance capitale des deux ouvrages pour les populations riveraines, en témoigne la multitude d'activités qui sont développées autour. Des cultures irriguées à l'orpaillage en passant par l'abreuvement du bétail, la construction, la confection des briques, les usages domestiques etc. Tous les besoins en eau au niveau locale sollicitent plus ou moins les retenues.

    Des dissemblances sont cependant observables entre les différents types de demandes soit au niveau des volumes d'eau prélevés pour une même activité ou soit par la présence et/ou l'absence de telle ou telle activité sur chacun des sites. En effet, le constat est que l'abreuvement du bétail demande deux fois plus d'eau à Fara qu'à Guido tandis que l'orpaillage est présente à Guido contrairement à Fara où on enregistre la consommation humaine (cf. Figure n°2 et 3). On peut donc affirmer sans risque de se tromper que les sollicitations d'eau sont relatives aux réalités locales. Ceci étant, les projets d'aménagement des petites retenues d'eau devraient tenir compte de ces réalités locales afin d'optimiser leur durabilité.

    Figure 4 : Répartition des principaux prélèvements d'eau à Guido

    Source : Enquêtes de terrain

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    Figure 5 : Répartition des principaux prélèvements d'eau à Fara

    Source : Enquêtes de terrain

    Par ailleurs, on remarque que les volumes d'eau prélevés pour satisfaire les différents types de demandes sont supérieurs aux capacités théoriques utilisables des barrages comme l'illustre le tableau ci-dessous.

    Tableau 7: Aperçu des volumes d'eau prélevés et de ceux disponibles

    Nom du

    barrage

    Volumes d'eau prélevé annuellement pour chaque type de
    demande (m3 )

    Volume théorique d'eau utilisable (m3 )

    Irrigation

    Elevage

    Orpaillage

    Consommation humaine

    Totaux des

    prélèvements

    Fara

    100 800

    8 232

    00

    8 755,2

    117 787,2

    69 900

    Guido

    288 225

    4 359,6

    13 248

    00

    305 832,6

    120 000

    Source : Enquêtes de terrain

    Cela peut paraître paradoxale mais, l'explication se trouve dans le fait que les prélèvements baissent considérablement dès le mois de mars suite au tarissement des retenues alors que les estimations ont été faites sur la base des enquêtes effectuées en période de pointe et ensuite extrapolées sur toute la saison sèche. Après le mois de mars, les prélèvements portent essentiellement sur les eaux souterraines par le biais des puisards creusés à proximité des retenues et permettant ainsi de récupérer les eaux d'infiltration.

    La situation est d'autant plus alarmante quand on sait que l'anarchie qui règne autour des ouvrages est de nature à compromettre leur durabilité surtout en réduisant leur capacité à retenir

    57

    l'eau pendant que la demande ne fait qu'augmenter conséquemment à la croissance démographique et au développement des activités socioéconomiques.

    3.3- L'EVOLUTION DE LA CAPACITE DES BARRAGES ET LES EFFETS

    INDUITS

    Des difficultés résident dans l'exploitation des retenues, qui menacent dangereusement leur durabilité. Les modes d'exploitations présentés ci-dessus génèrent des phénomènes dont les conséquences sont très néfastes tant sur l'état des retenues que sur les activités induites par leur présence. Les conséquences se perçoivent à travers la réduction rapide des quantités d'eau retenues et la dégradation de leur qualité.

    3.3.1- La réduction progressive et la destruction des volumes d'eau retenue

    La dégradation des retenues s'exprime notamment à travers la perte de la profondeur, le retrait rapide de l'eau, le tarissement précoce des puits sur les berges, etc. Sont en cause les activités zoo anthropiques menées autour des retenues et sur leurs bassins versants auxquelles s'ajoutent les effets des facteurs physiques, c'est-à-dire géologiques, géomorphologiques et climatiques entraînant l'envasement des retenues. Avant de passer à l'explication de ces phénomènes et de leurs conséquences il convient d'abords d'en appréhender la perception paysanne.

    3.3.1.1- Le constat des paysans

    Les paysans perçoivent plus ou moins bien les différents aspects de la détérioration des barrages. Les points suivants nous ont permis d'apprécier leur base d'analyse :

    - La perte de la profondeur des lacs : Elle est perçue par 88% des enquêtés à Guido
    et 12% à Fara. Ils justifient leurs propos par le fait que depuis un certain nombre d'années, il est possible de traverser les barrages à la marche sans risque de se noyer. Ce qui n'était possible qu'en avril lors de la mise en eau des ouvrages. La boue a donc occupé la place de l'eau. De plus, les pêcheurs constatent une accumulation massive et croissante de boue au fond de l'eau. Quelques personnes démontrent la diminution de la profondeur des retenues par le fait que de nos jours, il suffit de trois à quatre grandes pluies pour les remplir; ce qui n'était pas le cas il y a quelques années. « Les barrages sont donc ensablés. Après les pluies, l'eau passe au lieu de stagner » soutiennent-ils.

    - Le retrait rapide de l'eau dans le lit mineur est constaté par 23% des exploitants à
    Guido contre seulement 5% à Fara. A Guido, ils avancent comme preuve le fait que d'année en année, des jardins sont abandonnés avant même la maturité de l'oignon. A Fara le constat est fait par des maraîchers hors du P.I. et qui ont une longue expérience de la pratique. Ces derniers

    58

    évoquent également l'abandon de certaines de leurs parcelles qu'ils ont cependant mises en valeur les années précédentes.

    - Le tarissement précoce des puits : L'abandon des parcelles (surtout à Guido) est
    tributaire de ce dernier aspect. En effet, l'arrosage se faisant à l'aide des puits, tout abandon de parcelle équivaut à un tarissement des puits qui s'y trouvent. A ce propos, les maraîchers établissent une relation étroite entre la pérennité des puits et celle du barrage et estiment que si rien n'est fait, le barrage disparaîtra et le maraîchage avec. Un autre aspect de la dégradation est vu par quelques personnes qui pensent que les orpailleurs polluent l'eau.

    Quant aux causes de ces différents phénomènes, elles sont également perçues par les paysans. L'envasement des retenues est la principale cause évoquée par 78% des exploitants à Guido et 11% à Fara. Ceux-ci pensent en même temps être à l'origine de ce processus par leurs agissements en amont et sur les berges. Les maraîchers de Guido accusent surtout la terre extraite des multiples puits creusés dans les jardins. A Fara les doigts sont pointés sur le P.I. où le sol est également remué de façon permanente. Seulement 12% de l'ensemble des enquêtés (Fara et Guido) mettent en cause les activités sur les bassins versant. Ceux-ci inculpent respectivement la pratique de l'agriculture, la destruction des végétaux par les hommes, la divagation des animaux, et même l'avancée du désert. Pour contrecarrer le phénomène, ces derniers mènent quelques activités de CES/DRS.

    Il ressort de cette analyse que le phénomène d'ensablement des retenues est bien perçu par les paysans mais, les causes sont mal connues. En outre, on constate que plus le contact avec la ressource est direct (Guido), mieux sa dégradation est perçue.

    3.3.1.2- Les risques d'envasement des retenues

    Sur la base des documents consultés et de nos observations sur le terrain, il se dégage effectivement des risques d'envasement des retenues attestant les propos des paysans. La baisse de la capacité de rétention des barrages est imputable à l'envasement, l'accumulation de sédiments au fond de l'eau. Ce fait est perceptible à travers plusieurs aspects dont les plus expressifs sont :

    - L'étalement du plan d'eau : Il est très remarquable à Guido. En effet, on y constate un agrandissement du lit majeur surtout en amont du barrage. Pour preuve, une route réalisée à environ 2 km en amont quelques années après la réalisation de la dite retenue, est de nos jours impraticable parce qu'entièrement détruite par l'eau (cf. photo n°6). A la date de construction de la route, l'eau du barrage n'atteignait pas ces lieux. La remontée des eaux provoque des oscillations qui ont érodé cette piste de nos jours. Ce qui signifie que le fond de la retenue est occupé par des sédiments qui obligent l'eau à quitter son assiette d'antan et à s'étaler. De plus,

    59

    les champs de mil qui occupaient les terres entre la route et l'ancienne limite des eaux, sont aujourd'hui exploités en riz. Preuve que l'eau y stagne à présent.

    Photo 6 : Piste érodée par l'eau en amont du barrage de Guido

    Vers le barrage

    SANOU David Luther 2008

    - Les fentes de dessiccation : celles-ci sont perceptibles sur les parties asséchées des retenues montrant une accumulation de vase constituée de limons qui sont des éléments d'apport. Cet entassement de sédiments allochtones forme une pellicule dont l'épaisseur varie entre 8 et 14 cm selon les endroits.

    Photo 7 : Fentes de dessiccation dans le lit des barrages.

    SANOU David Luther 2008

    60

    - Le retrait rapide de l'eau dans le lit mineur : Ce phénomène prouve davantage que les retenues n'ont plus leur profondeur initiale. Le volume autrefois occupé par l'eau est à présent occupé par la vase. Cette eau dépourvue d'espace de stagnation, soit elle s'écoule par le déversoir, ou s'étale en fine pellicule à l'arrière des digues. Elle s'épuise vite face à l'exploitation, l'évaporation et l'infiltration ; ce qui engendre le retrait rapide dans le lit mineur.

    - Outre ces constats, d'autres phénomènes mettent en exergue la diminution de la capacité des ouvrages. Il s'agit notamment de l'inondation d'une concession à proximité de la retenue et du passage de l'eau l'hivernage précédente sur la digue du barrage de Guido provocant sa destruction partielle. Ces phénomènes n'ont jamais été enregistrés depuis la construction du barrage en 1983.

    Les manifestations sont plus perceptibles à Guido qu'à Fara. La situation pourrait s'expliquer d'une part, par l'âge du barrage de Guido réalisé 10 ans avant celui de Fara et d'autre part, par l'ampleur des mauvaises pratiques du maraîchage sur les berges de celui-ci ; notamment le creusement des puits et la confection des planches.

    Les causes du comblement de ces retenues sont diverses et résultent d'un long processus concernant non seulement les abords immédiats des plans d'eau mais aussi l'ensemble des bassins versants respectifs. Selon MANUS M. 1985, cité par OUATTARA I. en 2004 « le débit d'apport dans une retenue est largement déterminé par les conditions climatiques. Mais des facteurs tels que le relief, la végétation, l'activité agricole et la géologie du site jouent un rôle important ». Ces facteurs interviennent différemment dans le processus de comblement des lacs à travers des agents d'érosion tant « climatiques, physiques que zoo anthropiques » :

    ? La péjoration climatique agit à travers les effets des :

    ? variations thermiques dues à la combinaison de différents facteurs tels que
    l'humidité relative, les températures et l'évaporation ;

    ? la déflation éolienne résultant de l'effet des vents qui, relativement à leur force et
    leur vitesse, transportent les éléments par reptation, par saltation ou par suspension et les déposent dans les lacs ;

    ? la dynamique pluviale qui est le principal agent de la dynamique érosive en milieu
    tropical. Dans les zones d'étude, toutes les pluies sont concentrées sur quatre mois (mai, juin, juillet, août). Elles accentuent ainsi la sédimentation suite à leur agressivité sur les sols des bassins versants mal protégés par le couvert végétal. Cette pluviométrie constitue alors le principal agent de morphogenèse donc de sédimentation des barrages.

    61

    ? L'impact zoo anthropique :

    Il s'agit des effets des « multiples exploitation des ressources naturelles » (OUATTARA I. 2004). Cet impact s'exprime à travers la dégradation du couvert végétal et des sols. Ces derniers aspects sont imputables aux pratiques culturales et au piétinement des animaux. Pour ce qui est des pratiques culturales de la zone d'étude, elles demeurent archaïques et fortement dominées par l'utilisation de la daba. Les sols remués chaque année se fragilisent et deviennent vulnérables à l'érosion. Les labours effectués à la charrue sont pour la plupart perpendiculaires aux courbes de niveau ; toute chose qui joue en faveur des ruissellements, donc de l'érosion. Seulement 12% des paysans pratiques la lutte anti érosive. Pour ce qui est de l'exploitation des berges, le P.I. de Fara et la réalisation des puits et la confection des planches à Guido restent largement mis en causes. Le piétinement des animaux est omniprésent sur les deux bassins versants et ce, durant toute l'année. L'inconvénient est l'ameublissement des sols par la multiplication des pistes à bétail.

    Tous ces paramètres concourent à la dégradation des retenues en réduisant non seulement leur volume, mais également en polluant les eaux.

    3.3.1.3- La dégradation des digues et des berges

    Dans les deux cas, les digues des barrages constituent les pistes favorites pour les hommes et les animaux. Les grands effectifs de bétail passent par les digues pour s'abreuver. Les ouvrages ne disposant pas d'aménagements propices à une bonne exploitation, les digues constituent un passage idéal pour se ravitailler directement dans les retenues. La dégradation est aussi perceptible à travers la colonisation des digues par des espèces ligneuses. Les racines de ces arbres en quête d'humidité, vont fissurer le gabion pour se frayer un passage. Ces paramètres ont de lourds effets parce que la fréquence des passages, et le poids relatifs des engins contribuent à détruire les digues déjà fragilisées par les racines des ligneux. Les conséquences probables sont les ruptures et le passage de l'eau à travers les fissures qui peuvent aussi être cause de tarissement précoce des retenues. Le poids du temps et l'absence d'entretien se perçoivent à travers l'état défectueux du déversoir du barrage de Guido (cf. photo n°8).

    62

    Photo 8 : Vue partielle du déversoir dégradé du barrage de Guido

    SANOU David Luther 2008

    3.3.1.4- Les risques de pollution des eaux

    La pollution serait l'introduction de polluants (des substances chimiques, génétiques ou énergétiques sous forme de bruit, de chaleur, ou de lumière) dans un environnement à tel point que ses effets deviennent nuisibles à la santé humaine, à celle des autres organismes vivants, à l'environnement ou même au climat. On appelle pollution de l'eau, toute modification chimique, physique ou biologique de la qualité de l'eau qui perturbe les conditions de vie et l'équilibre du milieu aquatique (écosystème) et compromet les utilisations de l'eau. Elle est provoquée par l'Homme (pollution anthropique) et ses activités. A ce titre on distingue les pollutions d'origine agricole, domestique, urbaine ou industrielle.

    Sur les sites d'étude, la pollution est réelle et est l'effet du maraîchage, de l'élevage, de la lessive et des baignades dans les plans d'eau. Les maraîchers utilisent du fumier organique, des engrais chimiques, et des pesticides pour l'entretien des parcelles et des plantes. Ces produits utilisés en amont et sur les berges se retrouvent tous dans les retenues suite aux ruissellements. Le bétail venu se désaltérer, dépose leurs déchets dans l'eau. La proximité des villages (leur situation sur les bassins versants) et surtout du site aurifère de Guido fait que les orpailleurs viennent se laver dans le barrage en utilisant du savon et tous les déchets domestiques ont pour destination les plans d'eau. Plus loin, les pesticides utilisés dans les champs sur les bassins versants en saison pluvieuse sont dissous et charrués dans les barrages. La stagnation de cette eau favorise la prolifération de bactéries de tout genre et la concentration des polluants. Les riverains et leurs animaux courent donc des risques énormes en consommant cette eau. De plus, ces produits chimiques détruisent la faune aquatique, notamment les poissons.

    63

    Vue cette précarité, on se demande quelle est l'avenir des activités qui dépendent des ouvrages.

    3.3.2- Quelle durabilité pour les activités autour des barrages ?

    La réduction progressive des quantités d'eau consécutive à l'ampleur des demandes et la dégradation des retenues freine incontestablement les activités qui en dépendent. Ainsi, l'abreuvement du bétail, le maraîchage et la pêche sont victimes du préjudice causé par cet état de fait.

    3.3.2.1- L'insatisfaction des demandes d'eau

    Le maraîchage est l'activité la plus sensible parce qu'elle est étroitement liée à la présence des plans d'eau. En effet, le manque d'eau consécutif à la réduction progressive de la capacité de stockage, est de plus en plus crucial au fil des années. La situation est moins critique et moins visible à Fara parce que le système d'irrigation gravitaire assure un arrosage uniforme. On note cependant que 10% du périmètre ne sont pas mis en valeur par mesure de prudence face à la pénurie d'eau précoce. Le déficit en eau se fait ressentir dès le mois de mars. A Guido en revanche, les données de l'enquête sont très expressives. « De par le passé, il était possible de faire trois récoltes d'oignon par campagne, mais au fil des années ce nombre est réduit et aujourd'hui certains ne peuvent faire qu'une seule récolte parce que leurs puits tarissent dès fin janviers.» affirment les maraîchers. Certains ajoutent que si rien n'est fait d'ici cinq ans le barrage disparaîtra, ou sera pour le moins inexploitable. Ces propos se confirment par les chiffres que donne l'enquête. 10% des parcelles manque d'eau dès le mois de février, 29% sont dans le cas dès mars et en avril, environ la moitié (46%) des exploitants notamment les maraîchers manque d'eau.

    De l'analyse du calendrier de maraîchage de Guido, il ressort qu'une seule récolte est possible pour ceux qui manquent d'eau en février, la période de végétation de l'oignon étant quatre mois. Les parcelles abandonnées appartiennent à ces derniers. Ceux qui tombent dans la pénurie d'eau en mars ne peuvent faire que deux récoltes. Les trois récoltes ne sont possibles que pour les maraîchers qui sont situés à l'intérieure du lit majeur du barrage. Cela reste encore aléatoire parce que dès les premières pluies, une grande partie des parcelles est inondée.

    Il ressort que la pénurie d'eau réduit le nombre de récoltes et par ricochet les revenus des maraîchers qu'elle touche, alors que cette activité est la première source de revenus des villageois pour le site de Guido. Cependant, on peut tirer profit de l'expérience dont fait montre ces derniers dans le maraîchage.

    Les pénuries d'eau dans les retenues sont aussi fatales pour d'autres types d'exploitants que sont les briquetiers et les pêcheurs. De fait, les pêcheurs constatent une baisse

    64

    considérable des prises de poissons durant ces dernières années. Ils expliquent que de par le passé ils pouvaient amasser en moyenne deux à trois kilogrammes de poisson par jour ce qui leur procurait un revenu moyen de mille à mille cinq cent franc. Ainsi, cette activité permettait-elle d'améliorer un temps soit peu la qualité des plats et les revenus financiers. Mais de nos jours, certains peuvent passer toute la journée sans capturer un seul poisson. Cela s'expliquerait par les raisons suivantes :

    - La perte de la profondeur des retenues diminue la quantité d'eau stagnante et crée ainsi un milieu impropre au développement de la faune aquatique en générale et des poissons en particulier.

    - L'excès de boue accumulée au fond des retenues constitue un refuge pour le poisson qui échappe ainsi à la prise des filets. Cette boue entrave également la prolifération des alevins.

    En ce qui concerne les briquetiers, le manque d'eau pourrait être fatal en ce qu'ils stopperaient leur activité et seraient au chômage. La conséquence principale est l'augmentation du coût des constructions.

    3.3.2.1- Les risques sanitaires

    La pléthore d'activités qui sollicitent la ressource n'a pas pour seule conséquence une dégradation physique des lacs se manifestant par le manque d'eau. On assiste en plus à une pollution des eaux par des éléments chimiques et biologiques qui sont source de plusieurs maux (maladies). En effet, ces eaux deviennent suite à la pollution, des nids de pathologies infectieuses et parasitaires. La consommation d'une telle eau est dangereuse tant pour les hommes que pour les animaux.

    En définitive, l'analyse des principaux paramètres abordés ci-dessus fait ressortir l'importance que revêt l'exploitation des retenues dans le développement socio économiques des populations locales. Cependant, l'anarchie qui règne dans le mode d'exploitation de la ressource compromet dangereusement la survie des retenues et par ricochet, remet en cause la bonne continuation des activités. Sont en cause à cette hypothèque des facteurs techniques et organisationnels.

    65

    CHAPITRE IV : LES RETOMBEES SOCIOECONOMIQUES ET LES
    PERSPECTIVES POUR UNE MEILLEURE GESTION DES

    OUVRAGES

    4.1- ANALYSE SOCIOECONOMIQUE DES ACTIVITES AUTOUR DES BARRAGES Les effets induits par l'exploitation des deux retenues dans les localités concernées sont multiples et peuvent être classés en deux volets: les retombées économiques et les transformations sociales.

    4.1.1- Les apports économiques des activités autours des retenues

    Ils s'apprécient par la mesure des facteurs tels que les quantités produites, les revenus financiers générés par la vente des produits et l'utilisation des sommes ainsi perçues. Pour ce qui est de la production engendrée par l'irrigation, le site de Fara a permis la récolte des quantités suivantes sur trois campagnes. Il s'agit d'estimation parce qu'une partie du maïs a été consomme frais (maïs grillé).

    Tableau 8 : rendements et productions du PI de Fara de 2006 à 2007

     

    Cultures

    Superficie (ha)

    Rendements (T/ha)

    Production

    1ere campagne

    Maïs

    4,5

    2,4

    10,7 tonnes

    2emecampagne

    Niébé

    4,5

    44.10-3

    0,200 tonnes

    3emecampagne

    Oignons

    4

    18,55

    74,200 tonnes

    Source : Rapport de stage ZOUNGRANA O. 2007.

    NB : la récolte de niébé fut médiocre en raison d'une attaque de parasites

    Ce P.I. est économiquement rentable en ce qu'il constitue une source de revenus substantiels grâce à la vente des produits, soit en moyenne 100 000 à 150 000 Fr. CFA par personne et par campagne.

    Selon OUEDRAOGO M., dans la province du Sanguié il y a généralement une seule récolte d'oignon au cours d'une campagne à cause du manque d'eau en mars et en avril. La production d'oignon est de 1912,5 kg en moyenne par récolte et par maraîcher. En ce qui concerne le maraîchage à Guido, les enquêtes ont relevé que la majorité des maraîchers autour du barrage font deux récoltes et certains font exceptionnellement trois récoltes par campagne grâce à la présence de la retenue. Ce qui donne une moyenne de 3824 kg d'oignon par campagne et par maraîchers. Ainsi, la production totale d'oignon générée par la présence du barrage peut être estimée à environ 466,5 tonnes par an. Les revenus financiers sont énormes et varient entre 125 000 et 380 000 Fr. CFA par campagne pour chaque producteur.

    66

    Dans les deux cas, il ressort que la pratique de l'irrigation favorisée par la présence des retenues est économiquement rentable. Elle procure aux exploitants des revenus oscillant entre 100 000 et 380 000 Fr. CFA par campagne et par producteur, soit un revenu nettement supérieur au seuil national de pauvreté estimé à 82 672fr. CFA en 2003.

    Les autres activités ne sont pas moins rentables. En effet, le poisson capturé par les pêcheurs à Fara comme à Guido est en grande partie vendu aux maraîchers sur place et procure aux pratiquants un revenu moyen journalier variant entre 750 et 1500 Fr. CFA. Les confectionneurs de briques de Fara font également de bonnes recettes. Chacun des huit pratiquants de ce commerce s'en sort avec en moyenne 1500 Fr. CFA par jour. Sans oublier les sommes amassées grâce à la vente de l'eau aux orpailleurs par les femmes à Guido.

    Par ailleurs, il convient de signaler que les comités de gestion des barrages respectifs imposent des taxes pour les prélèvements d'eau au niveau des retenues. Lors des enquêtes, ces taxes étaient en restructuration pour la retenue de Fara en raison d'un dysfonctionnement du comité qui a entraîné la vidange de la caisse. A la même époque le comité de gestion du barrage de Guido totalisait la somme de 275 000 Fr. CFA dans sa caisse d'épargne. Cette somme leur permet de procéder à quelques réfections du déversoir du barrage.

    La réalisation des retenues dans les villages a entraîné des effets induits qui sont pour le moins, économiquement rentables et partant, influent sur les conditions de vie des riverains.

    4.1.2- Les incidences sociales de l'exploitation des retenues

    Les incidences sociales qui en découlent sont diverses. Elles vont de l'amélioration du niveau de vie, à la promotion de la femme en passant par la réinsertion sociale.

    Par la diversité des produits générés, l'exploitation des lacs contribue à l'équilibre alimentaire en permettant la consommation du poisson et des légumes frais. L'insécurité alimentaire est amoindrie surtout à Guido où la pauvreté des sols fait que la céréaliculture en saison pluvieuse n'est pas très rentable. Ceci étant, les sommes perçues après la vente de l'oignon servent à se ravitailler en céréales notamment en maïs, pour combler les périodes de soudures très fréquentes dans le village. « L'oignon remplace le coton pour nous parce qu'il est beaucoup plus rentable. L'infertilité des sols et l'exigence du coton ont fait que tous ceux qui l'ont produit ont fait faillite. ». Tels sont les propos de quelques personnes interrogées. A titre d'exemple un exploitant prétend être arrivé à payer la scolarité de ses trois fils au collège. Il se serait même procuré une moto avec les revenus de cette activité.

    Les sommes recueillies dans la vente de l'eau à Guido et celles des légumes et du maïs « grillé » à Fara permettent aux femmes d'assurer quelques dépenses familiales. Les

    67

    confectionneurs de briques estiment que l'activité leur évite l'oisiveté, leur procure de quoi s'acheter des vêtements et faire quelques petites dépenses.

    Sur le plan social, la présence des plans d'eau est d'une importance notoire. Les exploitants du barrage de Guido sont jeunes pour la plus part. L'âge moyen est de 31 ans. Plusieurs d'entre eux affirment avoir été en Côte d'Ivoire avant de revenir s'installer à Guido pour soutenir les parents beaucoup avancés en âge. Ils prétendent que le barrage est pour beaucoup dans leur fixation dans le village parce qu'aucune autre activité n'est aussi rentable que la production de l'oignon, d'autant plus qu'ils ont la possibilité de faire deux à trois récoltes par campagne. Si le barrage venait à disparaître, ils préféreraient retourner en ville que de rester pour produire sur des terres infertiles. Ces propos sont légitimés quand on sait qu'environ 9% des exploitants sont des migrants journaliers attirés des villages voisins par le maraîchage.

    A Fara, la présence du barrage est une véritable aubaine surtout pour la construction, en atteste l'affluence des briquetiers et le volume d'eau destinée à cette fin. A côté, certaines femmes affirment ne pas pouvoir supporter le coût de l'eau et les longues files d'attente sur les points d'eau modernes. L'eau du barrage est la solution. A l'intérieur du P.I. deux femmes et un jeune homme prétendent être rapatriés de la Côte d'Ivoire mais grâce à l'irrigation ils arrivent à se retrouver.

    La question de la femme anime toujours les discussions dans le domaine du foncier. Malgré les textes stipulés par la R.A.F, force est de constater qu'en milieu rural le régime foncier est fortement sous l'emprise des coutumes qui ne reconnaissent ni le droit de propriété ni le droit d'exploitation de la terre à la femme. A Guido par exemple, les terres sont inaccessibles aux femmes. Celles que nous avons pu interroger travaillaient sur les parcelles de leur mari. La présence des retenues résout quelque peu cette exclusion de la femme parce que les barrages sont considérés comme appartenant à l'autorité moderne. Le coutumier ne s'ingère pas dans la gestion de cette ressource moderne. Ainsi à Guido, l'eau est vendue aux orpailleurs par les femmes. Le P.I. de Fara enregistre plus de femmes que d'hommes, soit 48 femmes et 16 hommes. Cela permet la promotion de la femme par l'augmentation de ses revenus et partant, son indépendance.

    L'importance des deux retenues se révèle d'avantage à travers les aspects abordés ci- dessus. En plus de la rentabilité économique et l'amélioration du niveau de vie, elles contribuent à la réinsertion sociale, au freinage de l'exode rurale et à la promotion de la femme.

    68

    4.1.3- Les aires d'influence des retenues

    L'importance des retenues se perçoit davantage lors qu'on s'intéresse à la provenance des différentes catégories d'exploitants. De ce point de vue, les retenues ont une zone d'influence plus ou moins large selon la localité ou le type d'activité et même selon la période de l'année.

    En saison pluvieuse, la présence des marres et la suspension du maraîchage font que les barrages n'ont pas une grande influence dans les localités respectives. Le troupeau est abreuvé dans les marres, les autres points d'eau, à savoir les puits traditionnels et modernes sont pérennes et les maraîchers retournent aux travaux champêtres. Les barrages sont de ce fait peu sollicités à cette période d'où la disparition quasi-totale de leur influence.

    La demande commence à se faire ressentir dès la fin des pluies, quand les marres tarissent et que débutent les travaux d'irrigation. Cette période connaît une affluence des maraîchers à Guido dès le mois de septembre. Ceux-ci sont pour la plupart originaires de Guido. Mais une partie provient des villages voisins tels que Bonyolo, Bepoadir et Perkoan. Ces villages se situent à une distance moyenne de quatre kilomètres de Guido. Le plus éloigné étant Perkoan, localisé à cinq kilomètres. L'aire d'influence de cette retenue se trouve déterminée par la provenance des maraîchers puisque les éleveurs étrangers qui s'y rendent viennent de Bonyolo et Bepoadir, donc des localités moins éloignées que Perkoan.

    Du côté de Fara se présente un autre cas de figure. C'est plutôt les éleveurs qui déterminent la zone d'influence de la retenue, la totalité des irrigants étant originaire de Fara. L'absence de point d'eau pérenne dans la localité amène les éleveurs dans un rayon de 7 à 15 km à effectuer le déplacement vers le barrage. La ville de Poura (Poura village) constitue de ce fait la localité la plus éloignée.

    Il se présente alors des situations qui diffèrent en fonction des saisons et de la localité. D'un côté, le maraîchage attire plus de monde, ce qui donne à ladite retenue une vocation plus maraîchère que pastorale et de l'autre c'est l'abreuvement des animaux qui l'emporte. De plus, l'influence de ce dernier va au delà du département tandis que celle du premier ouvrage est confinée à l'intérieur du département de Réo

    Les aménagements visant à assurer une meilleure exploitation de ces retenues devraient tenir compte de ces facteurs afin de mieux satisfaire les bénéficiaires.

    69

    Figure 6: Cartes des zones d'influence des retenues de Guido et de Fara

    DIDYR : Nom de département Guido : Nom de localité

    # : Localité

    DASSA

    2 km

    Aire d'influence du barrage de Guido

    KYON Ekoulkoala

    0 4 km

    DIDYR

    Perkoan

    TENADO

    #

    Sandie

    #

    Guido

    Kilsio

    #

    #

    Semapoun

    #

    #

    Bouyolo

    #

    REO

    Zoula

    Vour

    #

    #

    #

    #

    KORDIE

    #

    REO

    KOUDOUGOU

    Zone d'influence du

    barrage de Guido

    : Barage de Guido

    IMASGO

    N

    Source : BNDT et BDOt 2002 Juillet 2008 SANOU D. Luther

    70

     
     
     
     
     
     
     

    Aire d'influence du barrage de FARA

    BOROMO Bourou

    #

    POURA VILLAGE

    #

    Poura-Mine # Ton

    #

    Lama

    #

    FARA

    ZAWARA

    #

    SILLY

    NIABOURI

    N

    Tialla

    #

    Pomain FARA

    #

    Indeni

    #

    Haba

    #

    KOTI

     
     
     
     
     

    DANO uh

     
     
     

    3,5 km 0 7 km

     
     
     

    FARA

    FARA : Nom de département : Barrage de

     

    KOPER

    BOROMO:

    # : Localité
    : Fleuve

    Mouhoun

    : Zone d'influence

    Nom de département #

    Source : BNDT et BDOT 2002 Juillet 2008 SANOU D. Luther

    71

    L'importance des ouvrages pour le développement économique et l'épanouissement sociale des populations s'exprime alors à travers les paramètres analysés ci-dessus. Ce qui amène CECCHI P.2006, à dire que « ces petits barrages sont un vecteur du changement sociale et de mutations des réalités rurales ». Ceci étant, ils sont sous l'emprise d'une très forte pression exercée par une demande aussi diversifiée qu'inorganisée. Cet état de fait s'explique par la diversité des demandes d'eau tributaires à des acteurs aux intérêts différents voire contradictoires. Il en résulte une exploitation accrue par la demande en vue de satisfaire les besoins, surtout que l'accès aux retenues est libre et sans contrôle. Dans une telle situation, l'extraction de chaque usager, en entraînant un abaissement du niveau de la ressource, provoque une augmentation des efforts de pompage (prélèvements) pour l'ensemble des usagers. « Personne n'assume entièrement les coûts des comportements individuels, ce qui encourage la "course au pompage", et donc la surexploitation, voire la destruction de la ressource» (FEUILLETTE, 2001). Cet aspect du problème de gestion se perçoit à travers l'anarchie qui règne sur les sites. Chaque exploitant a sa perception de la ressource et ses objectifs qui ne sont pas forcement ceux de son voisin. Il se crée donc une sorte de conflit entre les exploitants, chacun considérant l'autre comme un concurrent potentiel voire un adversaire. Les usages d'eau deviennent concurrentiels, mettant en péril l'économie d'eau parce que personne ne se préoccupe du rationnement des prélèvements. Ce qui n'est pas sans conséquences sur la ressource et les retenues. Cependant, les recherches effectuées sur différents aspects de la problématique, proposent des voies pour minimiser les pertes.

    4.2- LES RECOMMANDATIONS ET LES PERSPECTIVES

    L'efficience de la gestion des retenues passe nécessairement par la prise de mesures aussi bien techniques qu'organisationnelles. Les mesures techniques devront être d'ordre préventive et curative et les mesures organisationnelles porteront tant sur le renforcement des structures de gestion que sur leurs capacités.

    4.2.1- La protection des bassins versants et des plans d'eau

    Vu que la dégradation des retenues est due en partie aux facteurs physiques et anthropiques se produisant sur l'ensemble des bassins versants, les mesures de protection doivent concerner tous ces espaces géographiques. Des actions de sensibilisations devront être organisées portant sur les thèmes de la dégradation de la végétation et des sols. Il s'agira de vulgariser et de renforcer l'implantation des ouvrages antiérosifs sur les bassins versant pour limiter le ruissellement et favoriser l'infiltration des eaux de pluie. Selon les travaux de OUATTARA I. en 2004 sur le comblement du lac Dem, ces mesures de protection doivent être menées sur un grand espace pour être efficaces.

    72

    Au niveau des plans d'eau, des actions urgentes doivent également être exécutées. Celles-ci concernent les moyens curatifs en vue de récupérer la capacité des retenues. A ce propos, OUATTARA I. cite RAPPON A., 1990, qui propose trois types de « moyens curatifs » : le dragage, le curage et les vidanges de fonds. Ces moyens consistent à extraire les sédiments accumulés dans la cuvette. On récupère ainsi le volume de stockage occupé par les sédiments. C'est des méthodes très coûteuses qui nécessitent une étude minutieuse. Or mis les méthodes de vidange de fonds, le dragage et le curage sont adaptées au traitement des petites retenues. La totalité des exploitants à Guido en font la proposition.

    Comme autres méthodes, nous préconisons le rehaussement des digues pour permettre aux barrages de retenir plus d'eau. A titre d'exemple, « le barrage construit à Donsé, en 1961 avait un volume inférieur à un million de mètres cube. Avec le relèvement de la digue en 1981, il permit d'obtenir 2,25million de mètres cube. » (SIGUIBEOGO T. R., 1987).

    En plus de ces actions qui peuvent permettre chacune de récupérer la capacité des lacs, il faudrait observer une distance d'au moins 50 m entre les parcelles maraîchères et la zone de marnage des lacs, afin d'éviter l'acheminement des sédiments dans les retenues par le ruissellement et les vagues en période de hautes eaux. Il faut également procéder à l'interdiction du creusement des canaux d'amené, et à l'installation d'un écran de végétation entre toutes les activités en amont et les plans d'eau.

    4.2.2- La modernisation des techniques de prélèvement d'eau

    Cet aspect consiste à l'instauration d'«instruments techniques de gestion de l'eau de la demande. » (FEUILLETTE S. 2001). Ces outils permettent une utilisation plus efficiente de l'eau en encourageant l'économie d'eau. Ils sont applicables à la production agricole. A ce titre, l'exemple du P.I. de Fara devra être adapté à la retenue de Guido. Il faudra également doter le P.I. de Fara d'une deuxième motopompe en vue d'accroître la fréquence des arrosages, cimenter les parois des canaux d'irrigation pour réduire les pertes d'eau par percolation, ou procéder à l'installation d'un réseau sous pression. A ce niveau, le cas de Guido nécessite une approche singulière parce que la population est hostile au rassemblement, surtout pour le maraîchage. Nous recommandons donc de mettre à sa disposition des puits busés pour éviter la rupture brusque avec ses habitudes maraîchères. Des deux cotés (surtout à Fara), les activités de maraîchage devront commencer plus tôt. La période que nous recommandons est celle des mois de septembre et octobre, période à la quelle l'évaporation est encore moindre et les retenues ne sont pas encore très sollicitées par les autres besoins.

    73

    Des abreuvoirs doivent être construits en aval des retenues et accessibles par des pistes à bétails pour éviter l'accès du bétail à l'intérieur des lacs. Ce qui réduira du même coup l'effet des piétinements sur les berges et la pollution de l'eau par les excréments.

    Il faut encourager l'utilisation de la fumure organique au détriment des engrais chimiques, nocifs pour la faune aquatique.

    4.2.3- L'organisation de séances de formation et de sensibilisation

    L'éducation et l'information sont des volets très importants dans la gestion des retenues. Selon FEUILLETTE S., (2001), « L'éducation peut inciter les usagers à l'économie et à une gestion plus efficiente, et leur faire prendre conscience du caractère collectif de la ressource.». De ce point de vue, des sessions de sensibilisation doivent être organisées à l'intension des usagers et de la population riveraine. « Cela pourrait susciter des discussions et une participation dans les processus de décision dans le cadre d'une gestion décentralisée » (NAGARA J. et al. 2000 cité par FEUILLETTE S. 2001).

    Pour ce qui est des animateurs, les modules de formation porteront sur les aspects de la dynamique environnementale de la dégradation des ouvrages et sur l'organisation et l'information des hommes dans la gestion.

    Les comités de gestion des barrages doivent être renforcés tant dans leur structure que dans leur fonctionnement. Ils devront intégrer les dimensions genre par l'implication des jeunes et des femmes et comporter toutes les catégories d'exploitants. On évitera ainsi les exclusions et les conflits entre les types de demande. Par ailleurs, des formations devront être organisées dans l'optique de faire comprendre à chacun son rôle, ses devoirs et ses prérogatives. Ces actions pourront être couronnées par des voyages d'étude sur des sites exemplaires.

    4.2.4- L'instauration des instruments de gestion de la demande

    Selon FEUILLETTE, « Un instrument de gestion de la demande doit être susceptible de modifier la demande de manière directe (autoritaire ou consensuelle) ou indirecte (incitative), pour tendre vers un équilibre offre/demande, ou du moins maîtriser la demande. ». De ce point de vue, nous proposons les instruments suivants, qui sont les plus adaptés à la gestion d'« une ressource collective à accès libre » :

    - les instruments techniques de la gestion de la demande. Il s'agit du
    perfectionnement du périmètre irrigué à Fara et de la réalisation des puits busés à Guido.

    - Les instruments économiques de la gestion de la demande : ceux-ci sont de type
    direct et influencent le comportement des usagers par des incitations basées sur des mécanismes de marché. Il s'agit des tarifications, des taxes, des redevances et des droits d'accès payant. L'utilisation d'un de ces instruments permettra de réduire la demande en faisant payer à l'usager

    74

    le prix de la rareté de l'eau et les frais de gestion de la retenue conduisant ainsi à considérer l'eau comme un bien économique.

    - Les instruments non économiques de la gestion de la demande, consistant en la
    prescription de règles. « Les règles peuvent être imposées par une autorité centrale (l'Etat) ou être établies par un groupe local de gestion, dans le cadre d'un consensus plus ou moins formalisé entre usagers. » (FEUILLETTE S. 2001)

    ? Les règles peuvent prescrire des normes techniques, d'accès, d'usages visant à réduire la consommation d'eau (utilisation obligatoire des techniques modernes d'irrigation ou un espacement limite entre les puits).

    ? Les règles peuvent aussi prescrire des droits d'accès à la ressource, d'usage, de temps d'accès, de propriété etc.

    Pour être efficaces, ces normes doivent être comprises par les usagers et doivent être accompagnées d'un contrôle et de sanctions en cas de non respect. Lorsqu'elles sont élaborées par les usagers eux-mêmes, l'auto surveillance et la confiance mutuelle peuvent remplacer le contrôle autoritaire.

    4.2.5- L'implication des autorités communales

    Les recommandations faites ci dessus ne trouveront une pleine application que si elles sont coordonnées par une structure connue et reconnue officiellement dans les localités et mandatée par les autorités communales, voire étatiques. Les comités de gestion des barrages agiront donc avec l'appui des Comités Locaux de l'Eau (CLE) qui sont les organes de base de la GIRE qui doit d'ailleurs leur prévoir un cadre légitime. Sous cette coupole, les commis de la gestion des retenues seront plus efficaces dans l'application des instruments normatifs de gestion des retenues, donc de la ressource.

    75

    CONCLUSION PARTIELLE

    Les conditions de construction de barrages constituent des facteurs qui influencent leur durabilité. De la situation géographique au contexte de réalisation, toutes les circonstances concourent à une exploitation accrue et anarchique de ces retenues d'eau qui sont du reste très bénéfiques aux bénéficiaires. La course aux prélèvements d'eau prévalant autour des retenues contribue alors à la création d'une atmosphère conflictuelle et à la destruction progressive de la ressource. Cependant, tout espoir n'est pas perdu car des mesures palliatives existent pour freiner la tendance à la destruction et préserver la ressource encore existante. Ces mesures passent nécessaire par l'implication effectives de tous les acteurs locaux.

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    CONCLUSION GENERALE

    Cette étude, par son approche locale de la problématique de la gestion des petits barrages, a permis de mettre à nu différents faciès. La situation géographique des retenues d'eau en milieu rural répond à une nécessité imposée par un contexte climatique préjudiciable aux sociétés qui y vivent. Par conséquent, la disponibilité de la ressource, en résolvant partiellement les besoins pléthoriques d'eau inhérents à l'évolution de la société, va subjuguer une force au développement socioéconomique des bénéficiaires. En effet, de la pratique du maraîchage et même de l'agriculture sur les berges des barrages à la construction des briques, en passant par l'orpaillage, l'abreuvement du bétail, les usages domestiques, la pêche etc., l'exploitation des ouvrages est telle qu'elle participe malheureusement à leur détérioration progressive. Ce qui confirme notre première hypothèse d'étude selon laquelle les activités en amont et sur les berges des barrages accélèrent leur envasement.

    La deuxième hypothèse se confirme du même coup, vu que toutes ces sollicitations aussi diverses que concurrentes s'expriment effectivement sans arbitrage autour des barrages. La perception subjective de la ressource par les différentes catégories d'usagers crée des comportements concurrentiels de la part d'exploitants aux intérêts divergents, voire antagonistes. Ce facteur est générateur d'une surexploitation de la ressource, en cause à sa destruction. Les ouvrages étant le résultat d'investissements externes, ils sont perçus comme appartenant au monde moderne contrairement à ce qu'affirme l'hypothèse trois. Ce qui exempte leur contenu de toute perception traditionnelle et explique l'absence de régulation des prélèvements d'eau. Aucun exploitant ne se sans vraiment interpelé par l'anarchie qui règne autour. La liberté d'accès aux retenues, l'absence de contrôle des prélèvements et le manque d'entretien des ouvrages, l'inorganisation et l'ignorance des exploitants, sont autant de paramètres donnant lieu à un gaspillage de la ressource. L'hypothèse quatre stipulant qu'il n'y a pas de contrôle sur les prélèvements d'eau, ni sur leurs fréquences et leur volume est alors sans équivoque.

    Par ailleurs, force est de constater que des dissemblances existent entre les deux localités quand à la demande en eau. Face à des conditions agro climatiques peu semblables, certains types de demandes sont soit absents, soit plus ou moins forts selon que l'on se trouve dans l'un ou l'autre des deux villages. Cet état de fait devra désormais orienter les actions d'aménagement des plans d'eau.

    La préservation des ouvrages passe donc par une synergie d'actions techniques et organisationnelles, simultanément préventives et curatives

    Notre espoir est que cette étude apporte sa contribution, aussi modeste soit elle, à la gestion efficiente des petites retenues d'eau.

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    http://webworld.unesco.org/water/ihp/db/glossary/glu/HINDFRT.HTM

    81

    Liste des tableaux

    Tableau 1: La grille conceptuelle 14

    Tableau 2 : Evolution des superficies cultivées sur les deux départements entre 1992 et 2002 26

    Tableau 3 : Effectifs du cheptel des provinces des Balés et du Sanguié en 1989 et 2004 27

    Tableau 4 : Les principales retenues d'eau du Burkina Faso 29

    Tableau 5 : Caractéristiques des barrages de Fara et de Guido. 41

    Tableau 6 : Estimation des prélèvements d'eau pour les usages domestiques. 43

    Tableau 7: Aperçu des volumes d'eau prélevés et de ceux disponibles 56

    Tableau 8 : Rendements et productions du PI de Fara de 2006 à 2007 65

    82

    Liste des photographies

    Photo 1 : Charrette chargée de deux barriques d'eau à des fins domestiques 43

    Photo 2 : Parcelle d'oignon sur la berge du barrage de Guido 45

    Photo 3 : Vue partielle du PI de Fara 47

    Photo 4: Bétail s'abreuvant dans le barrage 52

    Photo 5 : Utilisation de l'eau par les orpailleurs 54

    Photo 6 : Piste érodée par l'eau en amont du barrage de Guido 59

    Photo 7 : Fentes de dessiccation dans le lit des barrages. 59

    Photo 8 : Vue partielle du déversoir dégradé du barrage de Guido 62

    83

    Liste des figures

    Figure 1 : Situation géographique des sites d'étude 18

    Figure 2 : Diagramme ombro thermique de Fara et de Guido Erreur ! Signet non

    défini.Erreur ! Signet non défini.

    Figure 3 : Cartes de l'occupation de l'espace autour des barrages de Guido (a) et de Fara (b) .... 48

    Figure 4 : Répartition des principaux prélèvements d'eau à Guido 55

    Figure 5 : Répartition des principaux prélèvements d'eau à Fara 56

    Figure 6: Cartes des zones d'influence des retenues de Guido (a) et de Fara (b) 69

    84

    85

    Annexes

    Annexe I : cadre institutionnel de la gestion de l'eau au Burkina Faso

    ct6gorlor

    NIraau daci urI
    G ograpnlque d'Intoryenion4

    Roui cille institutionnel de la gestion des ressources en eau

    432 iS

    su iS

    Régions

    r~Nèrarc~le I

    Ap pkatron des lors

    ta C ,'~rx Irsc V r. Plissions d

    Biveau

    Département

    Autres

    Département de

    national

    chargé de rEau

    D épartements

    l'Administration

     
     
     

    Territoriale

    Cadre de
    CEC
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    I I ie rde rr ls
    de re71

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    V et règle lee nt.F

    {Jé NkE#
    deC Yce Ytei
    a rte. # départem.

    Conseil National de l'Eau (C NE)

    fleka orrade souveralrreté

    Appkatkn de .F e t reglere ends

    Ma ri. e d'otiwage

    Maitise d'ouvrage

    Organes d lie rrrrstratrar Agences de bassin

    Olga rres d'ex6auta rr

    S DA GE
    SAGE
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    Organe de cancertatonnadlanale A

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    Communes

    .50rrver3rrre te
    ·

    Niveau dti bassin

    Niveau
    regvorrai' 1
    provinc
    lal

    Niveau ico ar

    Comité Teahréque de l'Eau

    Organe de coo rdlrra ro rr rude lao- lrrlsd6 lieue

    Ciroon scription s Administratives

    Régions

    4

    Comités de Gestion Fei_

    de Bassin (C013) --

    SAGE

    Provinces

    A,aplrcatron des lors et règle rie r#

    Provinces

    Martise d'ouvrage

    ruIcez

    d!COY CE. 'tel atagé#de real

    f

    Comités locaux de veau

    86

    A d mira stratiorr ptibl rxere

     

    Co llectivltés
    loca
    les

    Organismes
    de bassin

    A titres
    acteurs

    87

    Annexes 1I : Les guides d'entretien

    Entretien avec les responsables coutumiers

    1- Signification du nom du village, son origine, son historique, les langues parlées.

    2- Organisation sociale, chefferie traditionnelle, son emprise sur la population surtout en matière d'eau.

    3- Réglementation de l'accès à la terre surtout autour des points d'eau, connaissance du régime foncier moderne.

    4- Question des conflits liés à l'eau et à la terre autour des retenues d'eau et modes de résolution.

    5- Exploitation traditionnelle des ressources hydriques pour les différentes activités

    6- Question des migrations, en particulier les immigrants attirés par l'eau, leur mode d'accueil et d'installation.

    7- Représentation et perception traditionnelle de l'eau, gestion traditionnelle de l'eau (de même que dans les autres religions).

    8- Modes traditionnels de résolution des problèmes d'eau. (De même que dans les autres religions).

    9- Connaissance de la GIRE et du CLE. (Comité Local de l'Eau)

    10- Vos sujétions et recommandations pour améliorer les conditions d'exploitation de vos barrages.

    88

    Entretien avec le responsable et les animateurs de la VAREK.

    1- Historique de l'infrastructure, raisons de réalisation, conditions de réalisation, atouts et contraintes de la réalisation et changements engendrés.

    2- Moyens mobilisés pour la mise en place de l'ouvrage (moyens financiers, humains, matériels....).

    3- Problématique de l'eau dans le département, le village et sur le site. Périodes des pénuries et de crues, et modes de résolution.

    4- Accessibilité et disponibilité de l'eau dans le village et sur le site.

    5- Appréciation des conditions d'exploitation et du niveau d'appropriation du barrage par les bénéficiaires.

    6- Les raisons qui justifient les comportements des exploitants vis à vis de l'eau.

    7- Les actions entreprises pour améliorer les conditions d'exploitation de l'ouvrage.

    8- Perception et représentation de l'eau pour l'OCADES (sur les plans religieux et laïc).

    9- La gestion des récoltes par les producteurs (autoconsommation, vente, proximité du marché...)

    10- Sujétions et recommandations pour améliorer les conditions d'exploitation.

    11- Informations sur l'organisation des comités de gestion locale de l'eau des barrages.

    89

    Annexes III : Le questionnaire

    I- Identification de l'enquêter.

    1- Nom :...Prénom :...

    2- Age :...3- Sexe : Masculin /___/ Féminin /___/ 4- Religion...5-Ethnie... 6-Origine : Autochtone /___/ Migrant : temporaire /___/ définitif /___/Périodicité :... 7- Date d'arrivée...8- Raison de migration :...

    9- Activités pratiquées : Activités : Agriculture : pluviale/___/ Irriguée/___/ Elevage/___/

    Construction !___! Autres...

    10- Localisation : Amont /___/ Aval /___/ Autres...

    II- Analyse de l'impact des facteurs physiques sur la réduction de la

    capacité des retenues d'eau (éleveurs et exploitants en amont)

    11- La profondeur du barrage a t-il varié ? Oui /___/ Non /___/

    12- La capacité de rétention du barrage diminue- t- elle ? Oui /___/ Non/___/

    13- Si oui, comment le constatez-vous ?...

    14- Pourquoi cette variation ? Comblement /___/ Baisse des pluies /___/ Evaporation /___/

    Infiltration /___/ Gaspillage !___! Autres...

    15- pensez vous être à l'origine du comblement ? Oui /___/ Non /___/

    Quelles conséquences pensez vous que cela puisse avoir sur vos activités ?

    16- Y a-t-il des périodes de pénurie d'eau ? : Oui/___/ non /___/

    Quand ?...

    17- Avez-vous un champ à l'amont du barrage ? Oui /___/ Non /___/

    18- L'eau coule t il dedans ? Oui /___/ Non /___/

    19- Si oui, y menez des activités de CES/DRS? Oui /___/ Non /___/

    20- lesquelles ? Cordons pierreux !____! digues filtrantes !___! Autres...

    21- Pensez vous qu'il y a des exploitants qui gaspillent l'eau ? Oui /___/ Non /___/

    22- Si oui, par quelles pratiques ?

    23- Conséquences ? :...

    24- Comment peut on y remédier ?...

    90

    III- Analyse de la perception de l'eau.

    25- Que représente l'eau pour vous ? : Don de Dieu /___/ Don de la nature/___/ don des

    ancêtres /___/ autres

    26- Que représente l'eau dans votre religion 7 Je ne sais pas /___/

    27- Y a t il des enseignements sur son l'utilisation ? Oui /___/ Non /___/ Je ne sais pas/___/

    28- Si oui, lesquels 7

    29- Y a t il des enseignements sur sa conservation ? Oui /___/ Non /___/ Je ne sais pas /___/

    30- Si oui, lesquels 7

    31- Que faites vous avec l'eau dans vos coutumes 7

    32- Utilisez-vous l'eau du barrage à ces effets ? Oui /___/ Non /___/

    33- Pourquoi 7

    34- Y a t il des enseignements sur sa gestion ? Oui /___/ Non /___/ Je ne sais pas /___/

    35- Lesquels 7

    36- Respectez-vous tous ces enseignements ? Oui /___/ Non /__/

    37- Si non, pourquoi ?

    38- Quelles doivent être les conditions d'accès à l'eau ? Libre /___/ Vente /___/

    39- Pourquoi ?

    40- Vos propositions pour résoudre les problèmes d'eau

    IV- Enseignements reçus en matière d'eau.

    41- Quel niveau d'instruction avez-vous ? Enseignement classique /___/ Alphabétisation /___/

    42- Autres formations reçues

    43- y avait-il une relation avec la gestion de l'eau ? Oui /___/ Non /___/

    44- Quelles leçons avez vous retenues 7

    45- Qui était le formateur ? OCADES /___/ Autres

    46- Que savez-vous de la GIRE ?

    47- Que voulez vous qu'on vous enseigne en matière d'eau ?

    91

    IV- Informations sur le mode de prélèvement et la destination des prélèvements d'eau

    48- Utilisation de l'eau pour l'irrigation (maraîchers)

    Spéculations

    Superficie

    Périodes

    Nombre de

    récoltes/an

    Semis

    Récoltes

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    49- Estimation des volumes d'eau prélèvements:

    Spéculations

    Mode d'arrosage

    Qté d'eau /arrosage

    Nbr d'arrosage /jr

    50- Destinations des récoltes ? Autos consommées/___/ Vendues /___/

    51- Lieu de vente Problèmes rencontrés

    52- Utilisez-vous d'autres sources d'eau ? Non /___/ Oui /___/ Lesquelles ?

    53- A quelles périodes et Pourquoi ?

    54- Quelles sont les conséquences sur vos activités ?

    55- Qui d'autres utilisent l'eau du barrage ?

    56- D'où viennent-ils ?

    57- Pourquoi se ravitaillent-ils au barrage ? Manque d'eau ailleurs !___! Accès facile !___!

    58- Autres

    59- A quelle période ? Que font ils avec ?

    60- Y a t-il des conséquences sur le barrage ? Oui /___/ Non /___/ Je ne sais pas /___/

    61- Si oui, lesquelles ?

    62-

    92

    Y a t-il des conséquences sur vos activités ? Oui /___/ Non /___/ Je ne sais pas /___/

    63- Si oui, lesquelles ? Tarissement précoce /___/ Détérioration de l'ouvrage /___/ Autres

    64- Comment obtient-on une parcelle ? Par achat /___/ par demande /___/ Par héritage /___/

    65- Y a t il des problèmes de terres ? : Non /___/ Oui /___/

    66- Si oui, lesquels ? :

    67- Modes de résolution

    68- Utilisation de l'eau pour l'élevage (questionnaire aux éleveurs)

    69- Composition du bétail.

    Espèces

    Bovins

    Ovins

    Caprins

    Asines

    Camélines

    Equins

    Nombre

     
     
     
     
     
     
     

    70- Mode d'abreuvement Origine

    71- Fréquence /jour Y a t-il un lieu d'abreuvement ? : Oui /___/ Non /___/

    72- Comment vous rendez vous au barrage ? Par des pistes /___/ Autres

    73- Utilisez-vous d'autres sources d'eau ? Non /___/ Oui /___/

    74- Si oui, lesquelles ?

    75- Pourquoi ?

    76- Conditions d'accès à l'eau : Payant /___/ Libre /___/

    77- Comment payez-vous l'eau ? Récipient : Capacité /_____/ Prix /_____/

    78- Quels conflits y a t il ? Agriculteur/éleveur/____/ Agriculteur/ autre/____/ éleveurs/autres

    79- Pourquoi ? Problèmes de pistes /____/ Problèmes d'eau /___/ Autres...

    80- Autres contraintes :

    81- Usages domestiques de l'eau (questionnaire aux femmes)

    82- Pourquoi utilisez-vous l'eau du barrage ? Manque d'eau ailleurs /___/ Accès facile /___/ Accès libre /___/

    83 Qu'en faites-vous ? Boisson /___/ Cuisine /___/Vaisselle /___/ Lessive /___ / toilette /___/

    84 Autre

    85- Connaissez-vous les risques liés à ces usages ? Oui /___/ Non /___/

    86- Si oui, lesquels

    87- Avec quel récipient transportez-vous l'eau ? Bidon...l Seau...l Barrique...l

    88- Autres .l.

    89- Combien de fois faites-vous la navette par jour ?

    93

    VI- Situation de l'organisation des prélèvements d'eau (comité de gestion et

    organisation).

    90- Y a-t-il un comité de gestion de l'eau ? Oui /___/ Non /___/

    91- Quel est le travail de ce comité ?

    92- Qui l'a mis en place ? OCADES /___/ Les exploitants /___/

    93- Faites vous parti du comité de gestion de l'eau ? Non /___/ Oui /___/

    94- Conditions d'accès à l'eau : Payant /____/ Libre /____/ Autres

    95- le travail du comité vous satisfait il ? Oui /___/ Non /___/

    96- Sa constitution vous satisfaite il ? Oui /___/ Non /___/

    97- comment auriez vous souhaité qu'il soit constitué ?

    98- Quel rôle lui auriez vous assigné ?

    Code : Oui=1 Non=2 Je ne sais pas=3 Autres =4

    94

    DEDICACE i

    REMERCIEMENTS ii

    SOMMAIRE iii

    SIGLES ET ACCRONYMES iv

    RESUME 1

    SUMMARY 2

    INTRODUCTION GENERALE 3

    I-LES HYPOTHESES DE L'ETUDE 7

    II-LES OBJECTIFS DE L'ETUDE 8

    III-LA DEMARCHE METHODOLOGIQUE 8

    3.1- La recherche documentaire 8

    3.2- Le choix des sites 10

    3.3- La revue de la littérature 10

    IV- LES ENQUETES DE TERRAIN 12

    4.1-L'échantillonnage démographique 12

    4.2-Les outils de collectes des données 12

    4.3- Le traitement des données 15

    PREMIERE PARTIE : L'ENVIRONNEMENT DES DEUX BARRAGES 16

    CHAPITRE I : L'ENVIRONNEMENT PHYSIQUE ET HUMAIN DES BARRAGES 17

    1.1-LES DONNEES PHYSIQUES SUR LES BARRAGES 17

    1.1.2-L'hydrographie 19

    1.1.3-Le climat 19

    La pluviométrie 19

    Les températures 20

    1.1.4-Le relief et les sols 21

    1.1.5-La végétation 23

    1.2-LES DONNEES DEMOGRAPHIQUES 23

    1.2.1- Les mouvements de la population des deux villages 23

    1.2.2- La structure et la densité des populations des villages 24

    1.2.3- Les ethnies en présence sur les deux sites 24

    1.3-LES ACTIVITES SOCIOECONOMIQUES 25

    1.3.1-Les modes traditionnels d'accès à l'eau et à la terre 25

    1.3.2-L'agriculture 25

    1.3.3-L'élevage 26

    1.3.4-Le commerce 27

    CHAPITRE II : LA GESTION DE L'EAU AU BURKINA FASO 29

    2.1-LE POTENTIEL HYDRIQUE DU BURKINA FASO 29

    2.1.1-Les eaux de surface 29

    2.1.2-Les eaux souterraines 30

    2.2-LE CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL DE LA GESTION DE L'EAU 30

    2.2.1-La Gestion Intégrée des Ressources en Eau (GIRE) 30

    2.2.2-Le cadre institutionnel de la gestion de l'eau au Burkina Faso 32

    2.2.3-Le Plan d'Action pour la Gestion Intégrée des Ressources en Eau 33

    (PAGIRE) 33

    2.2.4-Le programme hydraulique de l'Eglise Famille 34

    95

    2.3-LES LIMITES DE LA GESTION DE L'EAU AU BURKINA FASO 34

    2.3.1- Les contraintes structurelles 35

    2.3.2-Les contraintes financières 35

    2.3.3-Les contraintes socioculturelles 35

    CONCLUSION PARTIELLE 37

    DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DU VOLUME D'EAU DISPONIBLE ET DES

    PRELEVEMENTS. 38

    CHAPITRE III : LES CONDITIONS DE DURABILITE DES OUVRAGES 39

    3.1-LE VOLUME D'EAU DISPONIBLE DANS LES DEUX RETENUES 39

    3.1.1-La construction des retenues 39

    3.1.2-Les apports d'eau dans les retenues 40

    3.1.3-Les pertes d'eau 41

    3.2-LES SOLLICITATIONS DE L'EAU DES RETENUES 42

    3.2.1-La consommation humaine 42

    3.2.2-L'irrigation 44

    3.2.3-L'abreuvement des animaux 50

    3.2.4-L'orpaillage 53

    3.2.5-Les autres types de prélèvements 54

    3.3-L'EVOLUTION DE LA CAPACITE DES BARRAGES ET LES EFFETS INDUITS57

    3.3.1- La réduction progressive et la destruction des volumes d'eau retenue 57

    3.3.1.1-Le constat des paysans 57

    3.3.1.2-Les risques d'envasement des retenues 58

    3.3.1.3-La dégradation des digues et des berges 61

    3.3.1.4-Les risques de pollution des eaux 62

    3.3.2-Quelle durabilité pour les activités autour des barrages ? 63

    3.3.2.1- L'insatisfaction des demandes d'eau 63

    3.3.2.1-Les risques sanitaires 64

    CHAPITRE IV : LES RETOMBEES SOCIOECONOMIQUES ET LES 65

    PERSPECTIVES POUR UNE MEILLEURE GESTION DES 65

    OUVRAGES 65

    4.1- ANALYSE SOCIOECONOMIQUE DES ACTIVITES AUTOUR DES

    BARRAGES 65

    4.1.1-Les apports économiques des activités autours des retenues 65

    4.1.2-Les incidences sociales de l'exploitation des retenues 66

    4.1.3-Les aires d'influence des retenues 68

    4.2- LES RECOMMANDATIONS ET LES PERSPECTIVES 71

    4.2.1-La protection des bassins versants et des plans d'eau 71

    4.2.2-La modernisation des techniques de prélèvement d'eau 72

    4.2.3-L'organisation de séances de formation et de sensibilisation 73

    4.2.4-L'instauration des instruments de gestion de la demande 73

    4.2.5-L'implication des autorités communales 74

    CONCLUSION GENERALE 76

    BIBLIOGRAPHIE 77

    Annexe I : cadre institutionnel de la gestion de l'eau au Burkina Faso 85

    Annexes 1I : Les guides d'entretien 86

    Annexes III : Le questionnaire 88






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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius