RESUME
ANAGO Mahena Gildas, Ingénieur des Travaux
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Ce rapport a pour objectif principal l'étude des
relations entre la consommation d'électricité et la croissance
économique en Côte d'ivoire. Pour ce faire, nous avons eu recours
au test de cointégration de Pesaran Shin et Smith (2001) et au test de
causalité de Toda-Yamamoto (1995). Les données de nos
études proviennent de la banque mondiale et concernent la consommation
d'électricité, la croissance économique et la formation
brute de capitale fixe sur la période 1971-2008. Les estimations du test
de cointégration de Pesaran (2001) indiquent que la consommation
d'électricité agit positivement sur la croissance
économique à long terme, par contre à court terme son
influence sur la croissance économique n'est pas significative. Par
ailleurs, le test de causalité de Toda-Yamamoto relève une
causalité unidirectionnelle allant du PIB vers la consommation
d'électricité stipulant ainsi que les politiques de restriction
de l'électricité n'ont aucun impact sur la croissance
économique.
Mots clés : Croissance
économique, consommation d'électricité,
cointégration, causalité
ABSTRACT
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ABSTRACT
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The main objective of this study is to find the relationship
between electricity consumption and economic growth in Cote d'Ivoire. We have
used the co-integration test of Pesaran Shin and Smith (2001) and the test of
causality proposed by Toda-Yamamoto (1995). The data of our study came from
World Bank; it concerned electricity consumption, economic growth and gross
fixed capital formation during 1971-2008. The estimation of Pesaran's
co-integration test (2001) indicates that electricity consumption and economic
growth are co integrates. However, in the short run, its influence is almost
zero. The test of causality proposed by Toda-Yamamoto finds a unidirectional
sense ruining from economic growth to GDP. It means that policies of
restriction of electricity have no impact on economic growth.
KEYWORDS: Economic growth,
Electricity Consumption, Cointegration, Causality
INTRODUCTION
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Utilisée par les agents économiques pour leurs
activités de production ainsi que pour leurs besoins quotidiens,
l'énergie électrique occupe une place importante dans le
processus de développement de toute nation. Depuis longtemps, le
rôle que joue l'énergie électrique dans la croissance
économique n'est plus à démontrer dans la mesure où
cette dernière a été d'une grande utilité dans le
processus de développement des pays industrialisés.
Ainsi, pour atteindre le niveau de développement des
pays développés, l'Afrique se doit de définir des
politiques ayant pour but de relever le défi d'une croissance
élevée et soutenue dans laquelle le secteur de
l'électricité ne doit pas être négligé.
Néanmoins, bien que la disponibilité en
énergie électrique ne constitue pas en elle seule la
panacée aux problèmes économiques et sociaux se posant
dans les pays en développement, il est par contre admis que
l'approvisionnement régulier en électricité soit une
condition nécessaire pour le développement économique et
social du continent (KANE, 2009). En effet, selon les statistiques de l'Agence
Internationale de l'Energie (AIE) publiée en 2009, il existe une forte
corrélation entre la consommation d'électricité et la
richesse d'un pays. De même, il est aussi admis qu'un faible accès
aux services énergétiques modernes est également
corrélé avec un nombre élevé de personnes vivant
avec moins de 2 $US par jour (AIE, 2002). Au niveau microéconomique, les
études empiriques établissent aussi que le service de
l'électricité semble être l'un des services les plus
importants pour améliorer le bien-être de l'individu pauvre (AIE
2002).
De même, avec cette nouvelle ère marquée
par l'avancée des Technologies de l'Information et de la Communication
(TIC), il apparaît quasi impossible d'envisager un développement
sans des services de l'énergie électrique adéquats. Ainsi,
l'électricité et les autres sources d'énergie moderne
constituent un élément essentiel
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pour le développement économique et social de
toute nation (AIE, 2002). C'est pour corroborer ce fait que Philipe Busquin
commissaire européen affirmera que « l'énergie
électrique est au même titre que les Technologies de l'Information
et de la Communication (TIC) un bien vital pour la
société.»1
Afin de faire du secteur de l'électricité un
secteur dynamique capable de booster la croissance économique, bon
nombre de pays africains ont entrepris à la faveur des programmes
d'ajustement structurel un vaste programme de restructuration de leurs
économies. La Côte d'Ivoire n'est pas restée en marge de
cette vague de changement. Elle a initié à la faveur de ces
programmes recommandés par les partenaires aux développements
(FMI, Banque Mondiale) un vaste mouvement de privatisation des
sociétés publiques. C'est ainsi que le secteur de
l'électricité n'a pas été épargné ;
une vague de réformes se décomposant essentiellement en
programmes de restructuration, de privatisation et d'ouverture du marché
de la production électrique à la concurrence a
débuté dans les années 90. Le but ultime de ces vagues de
restructuration étant d'améliorer les performances de gestion et
de lever la contrainte financière qui empêche l'extension de
l'électrification dans les agglomérations et surtout dans les
zones rurales.
Ces séries de réformes dans le domaine de
l'énergie électrique ne sont pas restées sans
conséquence. En effet, elles ont permis une amélioration des
services dédiés au secteur de l'énergie électrique.
Selon les statistiques de la DCPE publiées en 2009, la concession par
l'Etat des segments de la production, de l'exploitation, de la distribution et
du transport a permis d'améliorer la consommation
d'électricité. La consommation d'énergie électrique
par habitant qui était de 151,702 KWh en 1990 a connu une hausse en 2006
pour s'établir à 173,229 KWh avant de passer à 186,292 KWh
en 2009. Au niveau global, la consommation d'électricité a
presque été multipliée par 1,5, elle a atteint 3.703,5 GWh
en 2008 contre 2863 GWh en 2001 (DCPE, 2009). Aussi, durant la période
2000-2008 on a assisté à une nette progression
1 Citation provenant de la communication sur l'énergie et
la croissance économiques de Busquin faite le 14 mars 2004 à
Bruxelles.
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de la consommation d'électricité avec un taux
d'accroissement annuel moyen de 3,1%.
Par ailleurs, la production d'électricité qui
était assurée par six barrages hydroélectriques
(Ayamé 1, Ayamé 2, Kossou, Taabo, Buyo et Fayé) a connu
avec l'arrivée des producteurs privés et l'installation de trois
centrales thermiques (Vridi 1, CIPREL, AZITO). La capacité de production
est alors basée sur une puissance totale installée de 1200 MW
dont 600 MW pour les centrales hydrauliques. En 2008, la production totale
d'énergie électrique était de 5 800 GWH dont 32,72%
d'origine hydraulique et 65,08% d'origine thermique (Banque Mondiale, 2010).
Ces statistiques montrent une prédominance des hydrocarbures (gaz
naturel) pour la production d'électricité. Ainsi, les
performances enregistrées dans ce secteur ont permis à la
Côte d'Ivoire d'être autosuffisante en électricité et
d'exporter une partie de sa production vers certains pays voisins notamment le
Bénin, le Burkina Faso, le Ghana, le Mali et le Togo (DSRP, 2009).
Cependant, ces réformes engagées dans le secteur
de l'électricité n'ont pas permis à la Côte d'Ivoire
d'être exempte d'une crise énergétique découlant
principalement d'une offre insuffisante en énergie électrique
face à une demande en forte croissance. Cette situation s'est
aggravée avec la conjoncture défavorable pour les pays
importateurs de pétrole due à la hausse continue du prix des
hydrocarbures qui a atteint en 2008 des niveaux jamais égalés.
Cette hausse des prix du pétrole contribue à engendrer des
contre-performances dans le secteur de l'électricité d'autant
plus que la production de ce pays est basée sur des technologies
utilisant de façon abondante le gaz naturel (la source de production
étant à plus de 70% d'origine thermique contre 30% d'origine
hydraulique).
Face à cette situation, l'atteinte des Objectifs du
Millénaire pour le développement (OMD) risquerait de se trouver
entravée par les contre-performances enregistrées par le secteur
de l'électricité dans la mesure où ce secteur permet aux
entreprises de produire davantage à grande échelle et aussi aux
ménages de satisfaire leurs besoins quotidiens. Pour Secou SARR «
Vouloir répondre aux exigences
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définies dans les OMD requiert une amélioration
de l'accès aux services énergétiques car l'énergie
est nécessaire à toute activité humaine et indispensable
à la satisfaction des besoins sociaux de base (eau, nourriture,
santé, éducation, etc.) mais, également, pour assurer le
développement économique. »2 Synergie entre
l'énergie et les autres secteurs stratégiques de lutte contre la
pauvreté préparé par l'organisation ENDA-TM.
Au regard de tous ces constats, il apparait judicieux de
donner un nouveau souffle à la politique dans le secteur
électrique ivoirien pour une nouvelle approche de planification et une
meilleure maîtrise des facteurs de la croissance économique.
Le développement économique exige au
préalable une forte croissance économique qui nécessite
une utilisation de l'électricité tant pour l'usage final que pour
la consommation industrielle. La mise en place d'une politique dynamique et
efficace passe par la recherche de réponses à ces interrogations
:
- Quelles sont les relations éventuelles qui pourraient
exister entre la croissance économique et la consommation
d'électricité ?
- Quelle est la place de l'énergie électrique dans
l'économie ivoirienne ?
- Comment est organisé le secteur de
l'électricité en Côte d'Ivoire ?
- Est-ce la consommation d'électricité qui
stimule la croissance économique en Côte d'Ivoire ?
- Est-ce la croissance économique qui contribue
à améliorer la consommation de l'électricité en
Côte d'Ivoire ?
Objectif général
Cette étude vise principalement à identifier les
relations qui pourraient exister entre la consommation
d'électricité et la croissance du PIB en Côte d'Ivoire en
vue de proposer des politiques énergétiques adéquates.
2 Oumar SARR est coordonnateur du programme Energie d' ENDA-TM
dans le cadre d'un document préparé par l'Organisation ENDA-TM au
titre de son appui technique au comité multisectoriel du
Sénégal.
INTRODUCTION
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Objectifs Spécifiques
De façon spécifique, il s'agira :
- de montrer l'évolution de la consommation
d'énergie électrique et la croissance économique en
Côte d'Ivoire
- d'identifier le type de relation qui pourrait exister entre
la consommation d'électricité et la croissance
économique
- de déterminer le sens de la causalité entre
consommation d'électricité et la croissance économique.
- de définir des politiques énergétiques
afin de faire du secteur de l'énergie électrique un levier du
développement économique ivoirien.
Hypothèses de recherche
Dans le but d'atteindre les objectifs cités plus haut,
nous formulons les hypothèses suivantes :
Hypothèse 1 : Il existe une relation de long terme
entre la croissance économique et la consommation
d'électricité. En effet, la croissance économique
étant un phénomène de long terme, nous postulons pour
cette hypothèse pour appréhender l'effet de long terme de la
consommation d'électricité sur la croissance
économique.
Hypothèse 2 : Il existe une relation de court terme
entre la consommation d'électricité et la croissance
économique. Cette hypothèse trouve son importance dans la mesure
où l'électricité est utilisée par tous les secteurs
de l'activité économique. Ainsi, la consommation
d'électricité pourrait avoir une influence sur la croissance
économique à court terme en dépit de sa relation de long
terme postulée dans l'hypothèse 1.
Hypothèse 3 : La croissance économique cause la
consommation d'électricité. Nous postulons pour cette
hypothèse que la croissance économique pourra dans le but de
vérifier les conclusions de l'étude de Wolde Rufael (2005) (sur
un panel de pays)
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qui trouve à partir du test de causalité de
Granger qu'il existe une relation de causalité allant de la croissance
économique vers la demande d'électricité en Côte
d'Ivoire sur la période 1971-2001.
La réponse à ces interrogations nous conduira
(i) à analyser le secteur de l'électricité en Côte
d'Ivoire, (ii) à faire un état des lieux de l'évolution de
la consommation d'électricité et de la croissance
économique en Côte d'Ivoire, (iii) à procéder
à une estimation économétrique visant à
vérifier le type de relation et le sens de causalité qui pourrait
exister entre la consommation d'électricité et la croissance
économique.
L'analyse des relations entre la consommation
d'électricité et croissance économique a fait l'objet de
nombreuses publications dans la littérature économique. Dans la
plus part de ces études, le lien de causalité entre la
consommation d'énergie électrique a été
testé par l'approche de Granger appliquée à un
modèle à correction d'erreur ou à un modèle
vectoriel auto régressif. Par contre, très peu d'études se
sont intéressées à l'utilisation du modèle
autorégressif à décalage temporel (ARDL). A ce titre,
cette étude se propose d'examiner les relations qui existent entre la
consommation d'électricité et la croissance économique
à travers le test de Granger proposé par Toda Yamamoto (1995) et
le test de cointégration de Pesaran et al (2001).
Pour atteindre les objectifs définis dans notre
étude, la démarche méthodologique que nous adoptons
présente deux approches qui sont l'approche descriptive et l'analyse
économétrique. L'approche descriptive nous permettra de faire
l'état des lieux et de décrire la situation de l'énergie
électrique ainsi que l'évolution du PIB sur notre période
d'étude. L'approche économétrique sera fondée sur
la méthodologie des séries temporelles basée sur des tests
de racine unitaire, le test de causalité admis dans notre analyse sera
celui de Granger proposé par Toda et Yamamoto (1995)
développé dans un modèle autorégressif à
décalage temporel (ARDL), ce dernier étant introduit par Pesaran
et al (2001).
INTRODUCTION
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L'ossature de notre travail comportera trois chapitres. Le
premier chapitre se penchera sur la définition des concepts ainsi que
sur la revue de la littérature. Dans le second chapitre, nous ferons un
état des lieux de l'évolution de la consommation
d'électricité ainsi que de la croissance économique en
Côte d'Ivoire. Enfin, le troisième chapitre va mettre en
évidence la méthodologie utilisée pour notre étude
ainsi que l'analyse et l'interprétation des résultats de nos
estimations. Nous terminerons notre travail par la formulation des
recommandations.
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CHAPITRE 1 : ENERGIE ET CROISSANCE ECONOMIQUE : Définition des
concepts et Revue de la littérature
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CHAPITRE 1
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Avec le développement des sociétés
capitalistes, les débats sur le lien de causalité entre la
consommation d'électricité et la croissance économique ont
connu une véritable évolution conduisant pour la plupart à
des résultats antagonistes.
Il apparait donc important de voir comment ces théories
ont progressé au cours de ces dernières années.
Ce chapitre comprend deux sections. Dans la première
section, il sera question de faire une mise au point des différents
concepts. Dans la seconde section, il s'agira de faire un bref
résumé des études théoriques et empiriques sur la
consommation d'énergie et la croissance économique.
I. DEFINITION DES CONCEPTS SUR L'ENERGIE
1.1 Définition de l'énergie
L'énergie est un concept ancien qui vient du latin
energia, lui-même issu du grec ancien enérgeia, qui signifie
« force en action ». Selon le dictionnaire universel,
l'énergie 3 est la capacité d'un système
à modifier un état, à produire un travail entraînant
un mouvement, de la lumière ou de la chaleur. On définit aussi
l'énergie comme étant une grandeur physique qui
caractérise l'état d'un système qui est globalement
conservée au cours des différents processus de
transformation4.
En outre, on peut également qualifier l'énergie
en fonction de sa source d'extraction et le moyen par lequel il est
acheminé. Ainsi, on distingue des énergies dites renouvelables et
d'autres non renouvelables.
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V' Energie renouvelable : Une énergie
est dite renouvelable lorsqu'elle provient d'une source d'énergie qui se
renouvelle assez rapidement pour être considérée comme
inépuisable à l'échelle de temps humain. On peut citer
comme exemple l'énergie solaire, l'énergie thermique,
l'énergie provenant de la biomasse, l'énergie hydraulique et
l'énergie éolienne.
V' Energie non renouvelable : A l'
opposé des énergies renouvelables, une énergie non
renouvelable est une énergie dont la source ne se renouvelle pas assez
vite pour être considérée comme inépuisable à
l'échelle de l'homme. Elles proviennent pour l'essentiel du
pétrole, du nucléaire, du gaz naturel.
Enfin, que l'on se situe dans les domaines des sciences
physiques, des sciences humaines ou dans le domaine des sciences sociales, le
vocable énergie admet différentes définitions qui se
rejoignent en partie :
? Energie au sens de la science physique ;
? Energie humaine ; qui découle d'un
phénomène physiologique (vigueur physique) ou psychologique
(force donnée par la volonté) ;
? L'énergie utilisée par les sociétés
humaines (Electricité, Gaz, Biomasse, etc.).
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