CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Les changements climatiques en Afrique représentent un
multiplicateur de menaces qui exacerbe les tendances, les tensions et
l'instabilité existantes.
Même si la contribution de l'Afrique au problème
du changement climatique est insignifiante, elle demeure le continent le plus
durement frappé par les impacts négatifs. Sa variabilité
climatique accrue, couplée avec la très grande dépendance
des économies africaines à l'agriculture et la consommation
directe des ressources naturelles, y crée un potentiel
élevé pour que le changement climatique global ait des
conséquences dramatiques. Le changement climatique imposera un
coût important pour l'économie, le développement humain et
l'environnement.
Des systèmes de marché efficaces sont l'un des
facteurs clés de succès de l'atténuation du changement
climatique et du développement durable. Pour les PED comme l'Afrique, le
MDP pourrait représenter un outil important de mobilisation de capitaux
et de transfert de technologies visant à promouvoir les systèmes
forestiers durables, la gestion durable des déchets urbains et pallier
au déficit énergétique que connait le continent.
Malgré, sa part encore insignifiante des émissions anthropiques
de GES (moins de 4%), l'Afrique, tout comme le reste du monde, peut offrir un
potentiel intéressant d'évitement ou de stabilisation de ces
gaz.
Cependant, plusieurs défis demeurent aux niveaux
national et international. Un plan cadre visant à renforcer des
capacités institutionnelle et humaine, un financement adéquat,
une assistance ciblée, des liaisons avec les organismes de supports au
développement doit être élaboré .C'est ainsi que
nos recommandations s'inscrivent dans la droite ligne de ce plan visant
à déverrouiller le potentiel des projets MDP en Afrique:
Renforcement des capacités : Les
efforts de renforcement de capacité des consultants locaux et les
porteurs de projets et autres acteurs doivent être poursuivis, y compris
avec le secteur privé. Ces activités techniques de renforcements
de capacités devraient s'appuyer sur des stratégies
d'apprentissage par la pratique. Impliquer d'avantage les universités
africaines pour la recherche locale et le développement. A cet effet,
une assistance technique et activités de recherche et
développement sont nécessaires pour garantir une pleine
efficacité et soutenabilité des technologies propre.
Lever les barrières
institutionnelles : Un appui reste nécessaire pour
développer l'expertise et les cadres institutionnels locaux qui
conditionnent l'accès des porteurs de projets. Les institutions
concernées de chaque pays devraient être sensibilisées sur
leurs rôles essentiels de facilitateurs du développement du MDP,
afin qu'elles puissent prendre les mesures nécessaires pour supprimer
les barrières sectorielles spécifiques qui découragent les
promoteurs de projets de GES
Focaliser les efforts sur les projets
d'énergie propre : le MDP serait une opportunité pour
les pays africains qui doivent trouver des solutions pour leurs besoins
énergétiques , Donc il leur appartient de promouvoir un
accès approprié aux marchés de l'énergie, une
« flexibilité fiscale » adéquate car jusqu'à
présent, les lacunes réglementaires dans le secteur
énergétique de la région freineraient ou
empêcheraient les projets d'énergie propre de vendre leur
production d'énergie.
Rôle actif du secteur privé :
Bien que le secteur privé de l'Afrique subsaharienne soit
de petite taille, sa mobilisation serait très importante. Dans d'autres
régions en développement, les projets d'énergie propre
éligibles au MDP ont été essentiellement
développés par le secteur privé, et la plupart des
contrats d'achat de réductions d'émissions ont été
signés avec des entreprises privées, lesquelles ont
montées elles-mêmes le financement de leur investissement.
Focus sur les barrières du financement en
Afrique : Du fait de leur petite taille, beaucoup de projets des
pays d'Afrique subsaharienne ont besoin d'une coordination internationale pour
faciliter le développement de grands projets. Il s'agit donc
de :
- rechercher des coopérations des organisations qui ont
pour objectifs la création de fonds d'achats de crédits carbone
et/ou d'outils financiers spécifiques au marché carbone (Fond
prototype carbone, Renewable Energy and Energy Efficiency Fund, etc.).
- envisager la création d'un fonds pour le transfert
des technologies qui devrait être alimenté par les pays
industrialisés et dans lequel les pays en développement
pourraient puiser pour financer des projets de technologies
énergétiques propres ou pour acheter des brevets.
- alléger certains frais liés aux coûts
exorbitants de transaction des projets MDP qui affectent l'attractivité
des petits projets MDP. Encourager le niveau d'enregistrement des projets MDP
sous un programme d'activités (Activités programmatiques), pour
bénéficier du financement additionnel.
Assistance ciblée : Renforcer une
coopération avec la Banque Mondiale afin d'aider les pays africain
à s'organiser sur le plan institutionnel, technique et financier. Il
convient de renforcer l'assistance de la finance carbone qui est un instrument
financier destiné à attirer des ressources financières et
les diriger vers des investissements à faibles émissions de
carbone.
Fonds carbone post-Kyoto sont nécessaires pour
internaliser les bénéfices globaux des
investissements : la plupart des transactions de
financement carbone sont limitées à la « première
période d'engagement » du protocole de Kyoto, laquelle se termine
en 2012. Du fait de l'incertitude quant au régime post-Kyoto, il est
difficile, voire impossible, pour les projets MDP de monétiser leurs
réductions d'émissions de GES au-delà de 2012.De nouveaux
fonds carbone achetant des URCE post 2012 sont une condition primordiale pour
que les pays de l'Afrique subsaharienne développent leur large potentiel
de projets MDP.
En ce qui concerne les projets UTUTF, il faut
promouvoir un cadre institutionnel approprié qui offre aux investisseurs
la stabilité (absence de conflits foncier) et de faibles risques ainsi
que le développement des statistiques de l'environnement.
La stabilité socio-politique des pays
s'avère importante pour la mise en oeuvre de ces recommandations.
En somme, la gestion du changement climatique par le
marché exige des mises au point et des ajustements sans fin. Elle doit
être soutenue par des observations et des analyses approfondies ainsi que
par des réformes politiques et réglementaires rapides et
réfléchies, au fur et à mesure que l'on prend conscience
de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas. Il faudra donc
établir des différences au sein du groupe des PED pour faire
évoluer le régime. Le Protocole de Kyoto a constitué une
contribution extraordinaire et riche d'enseignements qui nous a permis de mieux
comprendre comment financer la décarburation et la résistance aux
changements climatiques grâce aux mécanismes de marché.
Le flux de ressources liés à la mise en oeuvre
de ce mécanisme dépendra de la capacité des PED à
s'adapter aux conditions concurrentielles du marché.
Toutefois, l'efficacité de la lutte contre le
changement climatique ne saurait dépendre exclusivement de la mise en
place d'instruments économiques dans une logique compensatrice. Une
politique d'atténuation effective requiert en effet des changements
fondamentaux dans nos modes de consommation ,de production et de transport
dans une perspective de développement durable telle que le propose le
rapport Brundtland (1987).
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