REPUBLIQUE DE CÔTE D'IVOIRE
______________
UNION-DISCIPLINE-TRAVAIL
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
______________
UNIVERSITE DE COCODY /ABIDJAN
______________
UFR-Sciences Economiques et de Gestion
_______________
Centre Ivoirien de Recherche Economique et
Social
Programme de Formation en Gestion de la Politique
Economique
I. PRESENTE ET SOUTENU PAR :
SOUS LA DIRECTION DE
AGRIGNAN Esso-Sam Abdou
-Rassidou Dr. COULIBALY
DOTE
Enseignant -Chercheur/ UFR-SEG
Mme
BOTI-DOUAYOUA
Chef de
service AND-MDP/ANDE /CI
D.E.S.S
Hautes Etudes en Gestion de la Politique
Economique
Promotion
2008-2009
Août 2009
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce mémoire à
été possible grâce à plusieurs personnes et
institutions dont nous avons le plaisir et l'honneur d'adresser nos
remerciements à leurs endroits. A ce titre :
Nous tenons à exprimer toutes nos gratitudes aux
principaux bailleurs de fonds du programme GPE- Abidjan notamment
« the World Bank » et « African
Capacity Building Foundation » pour leur appui financier durant
toute la durée de notre formation ;
Nous remercions vivement tout le personnel du programme GPE
-Abidjan notamment, son Directeur Dr Paul Seca ASSABA pour la qualité,
la rigueur et les efforts quotidiens consentis pour assurer une formation de
qualité aux auditeurs ;
Nous adressons nos sincères remerciements à
l'endroit du Dr Doté COULIBALY, pour son encadrement et ses conseils
lors de la rédaction de ce mémoire et de notre Dossier de
Politique Economique ainsi que l'ensemble des formateurs pour les
précieux enseignements et l'immense connaissance dont ils nous ont fait
bénéficier durant la formation ;
Nous remercions le Directeur de l'Agence Nationale de
l'Environnement (ANDE), Côte d'Ivoire pour nous avoir acceptés au
sein de son institution et tout le personnel de l'autorité nationale
désignée du Mécanisme pour un Développement(AN-MDP)
Propre pour leurs conseils, soutiens et observations, durant notre visite de
terrain,
Nos vives félicitations à notre chère
encadreur Mme BOTI-DOUAYOUA, Chef de service de l'AN-MDP de
Côte d'Ivoire pour sa compréhension, ses conseils, sa
disponibilité et son implication personnelle et fructueuse au
succès de ce travail ;
Nous exprimons nos profondes gratitudes au Sous Directeur de
la planification de l'ANDE, Dr CISSE Mamadou pour sa disponibilité et
sa collaboration au cours de nos recherches d'informations ;
Nous tenons sincèrement à remercier Messieurs
OURO DJERI Essowè, ESSOBIYOU Thiyu Kahoga respectivement Directeur de
cabinet et Directeur par intérim de l'Environnement, MERF/Togo et
l'ensemble du personnel de la Direction de Environnement, SEBABE Agoro , ABI
Hazou, pour leurs contributions fructueuses ;
Nous n'oublions pas nos amis GBELEGUEWE Moutaka, OURO AKONDO
badarou, NAMOINE Moussa, KOREM Blaise pour leur soutien, à nos
collègue de GPE 10, tous ici trouvent l'expression de nos profondes
gratitudes pour l'ambiance bon enfant qui a prévalue tout au long de
notre séjour en Côte d'Ivoire ;
Nous exprimons toutes nos vives reconnaissances à ma
famille pour les soutiens quotidiens et la sympathie : mon père
AGRIGNAN Esso-Sam, ma mère TCHAGBELE Nawo-Bou, ma femme, OURO NILE
Selima, mes frères, AGRIGNAN Djamila, AGRIGNAN Nouhoum Baba...
AVANT PROPOS
Depuis les années 1970, les préoccupations
environnementales ont envahi le débat public et ont
réveillé l'intérêt de la science économique
pour la relation entre les activités humaines et la nature .Ainsi, il
s'est développé une science de l' « éco
économie »,
Il s'agit d'une économie dont la seule finalité
légitime est le bien-être des hommes. Ce bien-être, qui est
la satisfaction de tous les besoins des hommes, pas seulement ceux que comblent
les consommations marchandes, mais aussi l'ensemble des aspirations qui
échappent à toute évaluation monétaire : la
dignité, la paix, la sécurité, la liberté, la
santé, le loisir, la qualité de l'environnement, le
bien-être des générations futures.
Une économie d'un homme animé de valeurs et
qui ne résout pas tout par le calcul mais aussi par la
coopération, les règles morales, les conventions sociales, le
droit, les institutions politiques, les accords, le respect de
l'écologie.
Une « économie » qui puise ses
fondements dans la théorie des effets externes et des biens publics
(développée au début du XXème siècle) et
débouche aujourd'hui sur les analyses coûts avantages des
régulations inscrites dans le Protocole de Kyoto. Elle constitue aussi
une dimension essentielle de la recherche d'un
« développement durable ».
Notre réflexion est une analyse de la
problématique de la participation des pays de l'Afrique sub saharienne
dans cette nouvelle dynamique de l'éco économie sous tendue par
le dispositif de Kyoto.
Par ailleurs, Ce document est le mémoire professionnel
qui sanctionne la fin de formation du Programme de Gestion de la Politique
Economique(GPE). Lequel programme s'inscrit dans le cadre du renforcement
des capacités des cadres des administrations privées et publiques
des pays en développement. Il est financé par African Capacity
Building Fondation (ACBF) et l'Institut de la Banque Mondiale appuyé par
le Gouvernement Japonais.
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS
i
AVANT PROPOS
ii
TABLE DES MATIERES
iii
SIGLES ET ACRONYMES
vi
NOTE DE SYNTHESE
vii
INTRODUCTION
1
1 Contexte et justification
1
2 Objectif de l'étude
3
3 Méthodologie
3
PREMIERE PARTIE :
DEFIS ECONOMIQUES DES CHANGEMENTS
CLIMATIQUES ET VULNERABILITES
DE L'AFRIQUE SUBSAHARIENNE
5
Chapitre I. CHANGEMENT CLIMATIQUE : ENJEUX
TRANSVERSAUX D'UNE IMPORTANCE PLANETAIRE.
6
1.1 Revue documentaire
6
1.1.1 Changement climatique : une
globalisation en terme d'effets
8
1.1.2 Imminence du risque climatique :
phénomènes extrêmes
9
1.1.3 Enjeux économiques du
changement climatique
10
1.1.3.1Vulnérabilités et coûts
socio-économiques du changement climatique en Afrique
10
1.1.3.2 Coûts socio économiques des
changements climatiques dans les pays développés.
14
1.1.4 Politique de prévention serait
moins coûteuse que des mesures d'adaptation : principe de
précaution
15
1.1.5 Evolution des négociations
sur le changement climatique
16
1.1.6 Coordination
internationale : critère de responsabilité commune mais
différenciée
17
Chapitre II. MARCHE INTERNATIONAL DE CARBONE
19
2.1 Instruments de marché définis
par Kyoto : mécanismes de flexibilité
19
2.1.1 Echange International du Droit
d'Emission(EIDE).
20
2.1.2 Mécanismes de flexibilité
fonctionnant sur la base de projets (MOC et MDP)
20
2.2 Critère d'efficacité
économique
20
2.4 Fonctionnement du marché carbone
21
2.4.1Mécanisme pour un Développement
Propre(MDP)
23
2.4.1.1 Définition du MDP
23
2.4.1.2 Organes de gouvernance institués
dans le cadre du MDP
23
2.4.1.3 Concepts de base du MDP
24
a) Critère d'additionnalité
24
b) Scénario de référence ou
la ligne de base
25
C) Critères de participation
26
2.4 Avantages du MDP pour les Pays en
Développement
26
DEUXIEME PARTIE :
ANALYSE ECONOMIQUE
DU MECANISME POUR UN DEVELOPPEMENT PROPRE
27
Chapitre III. MARCHE INTERNATIONAL DES CREDITS
ISSUS DES PROJETS MDP ET DIFFICULTES DE PARTICIPATION DES PAYS DE
L'AFRIQUE SUB SAHARIENNE
28
3.1 Contribution des projets MDP dans
l'atténuation de changement climatique
28
3.2 Inégale répartition
géographique des projets MDP
29
3.3 Difficultés d'insertion des pays
africains dans le marché carbone
31
3.3.1 Barrières institutionnelles et
législatives
32
3.4.2 Informations générales
insuffisantes
33
3.4.3 Manque de ressources techniques dans
l'élaboration des projets du MDP
33
3.4.4 Problème des projets UTCUTF
(Utilisation des terres, Changement d'utilisation des terres et
foresteries)
34
3.4.5 Lourdeur et complexité des projets
MDP : asymétrie d'information
35
3.4.6 Barrières financières
35
3.4.7 Instabilité politique en Afrique.
36
Chapitre IV. CONTRIBUTION DES PROJETS MDP AU
DEVELOPPEMENT DURABLE : L'EXEMPLE IVOIRIEN
37
4.1Vulnérabilités et Impacts du
changement climatique en Côte d'Ivoire
37
4.2 Mesures d'atténuation des Gaz à
Effet de Serre dans le cadre du MDP
37
4.3 Projet SITRADE - Du traitement des
déchets solides municipaux d'Abidjan à la production
d'électricité (Côte d'Ivoire).
39
4.3.1 Description du projet
39
4.3.2 Scénario de
référence
40
4.3.3Description des réductions
d'émission et d'additionalité
41
4.3.4 Contraintes en l'absence du MDP
41
4.3.5 Bénéfices environnementaux et
socio-économiques du projet
42
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
43
BIBLIOGRAPHIE
46
ANNEXES
I
Liste des figures
Figure 1 : La
population de l'Afrique par rapport à la population mondiale
11
Figure 2 : les projets
existant sur le marché de carbone
23
Figure 3 :
répartition des projets MDP par région
30
Figure 4 :
répartition des projets MDP dans quelques pays
30
Figure 5 :
Participation en termes de génération d'URCEs
31
Figure 6 :
répartition des projets MDP en Afrique
38
Liste des tableaux
Tableau 1 : Nombre
d'évènements climatiques/météorologiques, de
personnes tuées et de personnes touchées par ces
événements, par région, dans les années 80 et 90.
(en milliers)
9
Tableau 2 : impacts de
la variation de température sur l'agriculture en Afrique (milliards de
dollars)
11
Tableau 3 : nombre
d'individus touchés par la sécheresse au Kenya, 1975-2006(en
million)
12
Tableau 4 : Impact des
revenus carbones sur le taux de rentabilité interne (TRI)
21
Tableau 5 :
Populations vulnérables à l'élévation du
niveau marin
37
Tableau 6 : Acteurs et
leur rôle dans le projet
40
SIGLES ET ACRONYMES
ANDE : Agence
Nationale de l'Environnement
AND : Autorité
Nationale Désigné
EIDE Echange
International du Droit
d'Emission
CCNUCC : Convention
Cadre des Nations Unies sur
les Changements Climatiques
CE : Conseil
Exécutif du MDP
CO2 : Dioxyde de Carbone/ gaz
carbonique
CH4 Méthane
CdP/RdP : Conférence des Parties
siégeant en tant que Réunion des Parties
GES : Gaz à effet de serre
GIEC : Groupe d'experts intergouvernemental
sur l'évolution du climat
HFC : Hydro-fluorocarbures
UTCTF : Utilisation des terres,
changement d'affectation des terres et foresterie
MDP : Mécanisme pour
un Développement Propre
MOC : Mise en OEuvre Conjointe
NASA : National Aeronautics and Space
Administration
N2O : Oxyde Nitreux
OMM : Organisation
Météorologique Mondiale
OMS : Organisation
Mondiale de la Santé
ONUAA : Organisation des
Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture
PDD : Document
Descriptif de Projet /Project Design Document
PIN : Note
d'Identification de Projet/Project Idea Notes
PCF Hydrocarbures Perfluorés
PNUE : Programme des
Nations Unies pour
l'Environnement
PED Pays en Développement
PK Protocole de
Kyoto
PMA : Pays les
Moins Avancés
SITRAD :
Société Ivoirienne de
Traitement des Déchets
SF6 Hexafluorure de Soufre
SRES : Special
Report on Emissions Scenarios /Rapport
Spécial sur les Scénarii d'Emissions (RSSE)
Teq/CO2 : Tonne Equivalente Carbone
URCE Unité de
Réduction Certifiée des
Emissions
NOTE DE SYNTHESE
L'objectif de notre étude est d'analyser les
pistes stratégiques pouvant faciliter la mise en oeuvre des projets au
titre du Mécanisme pour un Développement Propre (MDP) en Afrique
subsaharien.
Face aux menaces des changements climatiques sur les
économies, la santé, l'environnement et l'avenir des
générations futures à l'échelle planétaire,
la communauté internationale a adopté la Convention de Rio en
1992 et le Protocole de Kyoto (PK) en 1997. L'objectif étant de
« stabiliser la concentration atmosphérique de gaz à
effet de serre à un niveau qui empêche toute perturbation
anthropique dangereuse du système climatique »
Afin d'aider les pays industrialisés, principaux
responsables de cette situation et ayant pris l'engagement de limitation ou
de réduction de gaz à effet de serre (GES), à atteindre
leur cible à moindre coût ; le PK introduit trois
mécanismes de flexibilité parmi lesquels figure le
Mécanisme pour un Développement Propre (MDP), appelé
à prendre à charge le binôme développement
durable-changement climatique dans sa globalité pour les pays en
développement (PED).
Le MDP incite donc les pays industrialisés
à réaliser des projets permettant de réduire et/ou
d'éviter les émissions de GES sur le territoire d'un pays en
développement en retour de crédits carbone. Le MDP est un
mécanisme financier de marché qui appuie le développement
économique des PED en adoptant des méthodes de production ou de
consommation plus « propres » .
En décembre 2008, Le MDP a enregistré plus
de 800 projets pouvant potentiellement dégager jusqu'à 1 milliard
de tonnes de gaz carbonique (CO2) d'ici à la fin de 2012. Au moins 1 800
autres projets, qui pourraient dégager plus de 1,5 milliard de tonnes
d'ici là sont en cours de certification.
Au total, 8 milliards de dollars ont été
générés entre 2002 et 2006, mobilisant 16 milliards
d'investissement global depuis 2002. Ce sont les pays comme l'Inde, le
Brésil et la chine qui monopolisent presque les 2/3 de tous ces projets
enregistrés. l'Afrique étant restée largement absente avec
moins de 2 % des crédits vendus .Bien qu'étant
considéré comme une aubaine de développement pour ce
continent en terme de transferts de capitaux et de technologies indispensables
à la promotion des énergies, de transport, d'industrie, de
gestion des déchets et autres, l'Afrique sub -saharienne peine donc
à s'insérer dans ce marché de crédits
carbone.
Le faible nombre de projets enregistrés pour ce
continent reflète l'existence de plusieurs obstacles, tels que le manque
de capacités et de compétences locales, le manque de
planification, des lacunes réglementaires et logistique, l'absence de
politiques en la matière dans certains gouvernements et le manque de
financements adéquats.
Pourtant, en raison du nombre élevé de
vulnérabilités du continent notamment sa variabilité
climatique accrue, couplée avec la très grande dépendance
des économies africaines à l'agriculture et la consommation
directe des ressources naturelles ; les changements climatiques en Afrique
vont représenter un multiplicateur de menaces qui vont exacerber les
tensions et l'instabilité existantes puis imposer un coût
important pour l'économie, le développement humain et
l'environnement. D'ailleurs, les changements climatiques pourraient
coûter à l'économie mondiale jusqu'à 5500 milliards
de dollars. Cela représentera environ 5 à 20% du PIB
mondial.
Malgré, sa part encore insignifiante des
émissions anthropiques de GES (moins de 4%), l'Afrique sub-saharienne
pourrait permettre d'éviter ou de stabiliser à l'avenir
l'émission de 740 millions de teqCO2 par an si ces obstacles
cités plus haut sont levés. Le flux de ressources liés
à la mise en oeuvre du MDP dépendra donc de la capacité
des pays africains à s'adapter aux conditions concurrentielles du
marché.
I. INTRODUCTION
1 Contexte et justification
Les changements climatiques constituent l'un des plus graves
problèmes environnementaux auxquels le monde moderne ait dû faire
face jusqu'ici. Ce phénomène est devenu, au cours des vingt
dernières années le sujet le plus fabuleux de la protection
environnementale mondiale et des medias. Il s'agit d'une problématique
assez complexe du fait de la multiplicité des acteurs, et de la
nécessité d'une approche multidisciplinaire afin de comprendre le
phénomène dans sa globalité et d'envisager les
réponses adéquates.
Le changement climatique et les événements
extrêmes susceptibles d'en découler ont actuellement et
continueront d'avoir des répercussions négatives majeures sur
l'environnement, la santé, les économies et les
générations futures de tous les pays. Selon le rapport
STERN1(*)(2006), les
changements climatiques pourraient coûter à l'économie
mondiale jusqu'à 5500 milliards de dollars. Cela représentera
entre 5 et 20% du PIB mondial, voire plus si les gouvernements ne prennent pas
des mesures radicales dans les 20 prochaines années.
Particulièrement les pays insulaires et africains très
vulnérables payeront un lourd tribut de ces impacts. C'est ainsi que la
lutte contre ce phénomène est devenu un défi de taille en
matière de coopération internationale.
Dans le cadre de ces efforts entrepris par la
communauté mondiale visant à y apporter une réponse
effective, deux accords clés ont été adoptés. Il
s'agit de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements
Climatiques(CCNUCC), à l'occasion du sommet de la terre tenu à
Rio de Janeiro en 1992 et le Protocole de Kyoto (PK), à l'occasion de la
3ème Conférence des Parties de la CCNUCC tenue au
Japon en 1997.
Etant donné que la plupart des émissions de gaz
à effet de serre (GES)2(*) dans l'atmosphère sont principalement dues aux
activités des pays industrialisés (75% des émissions de
GES), le PK a attribué à ces derniers les efforts principaux
visant à « stabiliser la concentration
atmosphérique de GES à un niveau qui empêche toute
perturbation anthropique dangereuse du système
climatique ». Les pays en développement (PED), de leur
coté, n'ont pas accepté des obligations quantitatives.
Afin d'aider ces pays industrialisés (pays annexe
B)3(*) ayant un objectif de
limitation ou de réduction de GES à atteindre leur cible à
moindre coût, le PK, principal cadre juridique du système
international de lutte contre le réchauffement climatique, a introduit
trois mécanismes de flexibilité parmi lesquels figure le
Mécanisme pour un Développement Propre( MDP), appelé
à prendre à charge le binôme développement durable
-changement climatique dans sa globalité (pour les pays non annexe
B).
Ainsi, le MDP vise dans tous les PED à promouvoir
la mise en place des projets qui seront financés par les pays
développés. Ces projets réduiront ou feront éviter
les émissions des GES dans ces pays en échange de crédits
d'émission carbone pour les pays industrialisés.
La programmation et la mise en place d'un tel
mécanisme suppose la confrontation des priorités de
développement des pays du sud concernés avec celles de la lutte
contre les émissions de GES dans ces mêmes pays. Pour ce faire,
les PED doivent faire preuve de leur capacité à attirer les
projets relatifs à la décarburation dans leurs modes de
production et de consommation ainsi que la capacité des promoteurs
à développer, à financer et à gérer lesdits
projets. A cet égard, les résultats ne sont pas très
satisfaisants.
Dans ce contexte asymétrique, plusieurs
problématiques concernant la participation des PED
particulièrement de l'Afrique subsaharienne dans le système
d'atténuation du changement climatique méritent d'être
abordées. Elle occupe seulement 1,79% de ce marché contre
25,18% pour l'Amérique latine et 72,49% pour l'Asie.4(*)
Malgré la dispense d'objectifs contraignants en
matière de réduction de GES accordée aux PED et cette
opportunité de développement qui leur est offerte, la
participation des pays de l'Afrique subsaharienne aux efforts de
réduction des GES reste négligeable. Et pourtant, le MDP est
à ce jour le seul mécanisme prévu par le PK qui implique
les PED en général et les pays africains en particulier aux
efforts globaux de réduction des émissions GES.
Entré en vigueur depuis l'année 2005, ce
mécanisme de flexibilité a joué un rôle très
important dans les efforts d'atténuation du changement climatique dans
le monde. Si à première vue, il peut paraître un peu
prématuré d'en vouloir tirer des conclusions, étant
donné que la première période d'engagement Kyoto
(2008-2012) a débuté, il y a un an et demi, le
développement rapide du MDP fournit, pourtant, de nombreux indices
permettant de dresser une analyse relative au fonctionnement et à
l'efficacité de ce mécanisme par rapport aux objectifs
poursuivis.
Dans cette perspective, nous nous proposons d'analyser les
différentes causes qui expliquent les difficultés de mise en
oeuvre des projets MDP en Afrique subsaharienne pourtant
considéré comme une aubaine de développement pour ce
continent en terme de transferts de capitaux et de technologies indispensables
à la promotion des énergies, de transports, d'industries, de
gestion des déchets et autres.
Afin d'approfondir ces réflexions, et sans
prétendre à l'exhaustivité, notre étude s'articule
autour de deux grandes parties :
La première partie est consacrée à
l'analyse des enjeux économiques qui découlent du changement
climatique ainsi qu'aux impacts des changements climatiques sur les
économies des pays de l'Afrique subsaharienne. Nous procéderons
dans la deuxième partie à une analyse économique du MDP
ainsi que les problèmes fondamentaux qui retardent l'Afrique dans
l'insertion de ce marché. Cette analyse sera illustrée par un cas
concret portant sur la Côte d'Ivoire.
2 Objectif de
l'étude
Notre étude vise à analyser des pistes
stratégiques facilitant la mise en oeuvre des projets au titre du MDP
dans les pays de l'Afrique subsaharien. De manière spécifique, il
s'agit de:
- examiner les principaux obstacles qui entravent la mise en
oeuvre des projets MDP et compromettent leur efficacité comme outil
international pour le développement durable.
- attirer l'attention des décideurs sur l'impact des
changements climatiques sur les économies africaines,
- relever les bénéfices socio économiques
de la mise en oeuvre du projet MDP de traitement des déchets solides
municipaux d'Abidjan pour la production d'électricité.
3 Méthodologie
Pour réaliser le présent travail, nous avons eu
recours à une démarche méthodologie structurée
en deux parties : la collecte de données et une analyse
fondée sur la littérature économique et les enjeux
économiques qui sous tendent les accords internationaux
3.1 Sources de données
La collecte de données à consister à
faire une synthèse de la documentation existante sur des rapports
réalisés par le Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du
Climat et de nombreuses études scientifiques et publications sur
l'économie des changements climatiques. Cette documentation a
été complétée par la lecture de rapports d'atelier
et d'articles relatifs au climat et aux différentes formes de
vulnérabilité et d'adaptation en Afrique. Des données
récentes ont été ensuite recueillies auprès des
services et institutions spécialisés notamment l'Agence Nationale
de l'Environnement, Côte d'Ivoire qui est le point focal du MDP , le
Ministère des Mines et de l'Energie et la Société
Ivoirienne du Traitement des Déchets (SITRAD) qui est le porteur de
projet. Quelques sites ont été également consultés
sur Internet.
3.2 Cadre de l'analyse
La méthode retenue dans le cadre de notre étude
est fondée sur le système des permis négociables. Dans ce
contexte, l'
État fixe, en
fonction des contraintes qu'il s'est choisi (
traités
internationaux), la quantité maximale de polluants qu'il souhaite
émettre. Puis, il distribue ou vend des «
droits
à polluer » de façon
« équitable » aux pollueurs. Les
entreprises polluant
moins que prévu par l'
État (ou ayant
dépollué) sont alors gagnantes : elles peuvent revendre
leurs
droits à
polluer inutilisés à d'autres entreprises qui polluent plus
que prévu, et perçoivent donc une récompense pour leur
«
civisme ».
Symétriquement, les entreprises polluant plus sont perdantes, ce qui
satisfait au
principe
pollueur-payeur. La pollution devient d'autant plus chère que les
pollueurs souhaitent polluer (par mécanisme de l'offre et de la demande
de
droits à
polluer), tout en limitant la quantité effectivement émise
à un niveau déterminé par l'
État, correspondant
au montant des droits émis.
Le changement climatique constitue l'une des
défaillances de l'économie de marché. L'un des concepts
théoriques qui permet de caractériser ce problème
lié à la pollution de l'environnement est celui de
l'externalité. La base théorique économique indique
différentes modalités d'internalisation de ces
externalités : réglementation, taxation (Pigou, 1920),
négociation inter-agents (Coase, 1960) et marché de droits
à polluer ou système des permis négociables (Dales,
1968),
En effet, la création des marchés de permis
constitue une des réponses à l'existence d'externalités
dans le domaine de l'environnement. Utilisé initialement aux Etats-Unis,
cet instrument connaît une nouvelle impulsion avec le protocole de
Kyoto(1997). Il est prévu à partir de 2008 la création
d'un marché international de permis négociables où les
pays industrialisés pourront vendre ou acheter des droits
d'émission. Sans ce système, le respect des obligations de Kyoto
coûterait à un pays comme la France 1% de son PIB chaque
année, estime l'économiste Olivier Godard (2006).
Au delà de l'analyse de ce marché libre de
carbone, notre démarche s'inspire aussi des grands enjeux
économiques qui sous tendent les négociations internationales
dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques.
PREMIERE PARTIE
DEFIS ECONOMIQUES DES
CHANGEMENTS
CLIMATIQUES ET
VULNERABILITES
DE L'AFRIQUE
SUBSAHARIENNE
Chapitre I. CHANGEMENT CLIMATIQUE
: ENJEUX TRANSVERSAUX D'UNE IMPORTANCE PLANETAIRE.
Bien que l'impact des activités humaines sur le climat
ait été mentionné dès 18955(*) par la communauté
scientifique, le phénomène des changements climatiques n'a
commencé à préoccuper les décideurs politiques, les
chercheurs scientifiques, le grand public que récemment. Les changements
climatiques s'expliquent à la fois par la variabilité interne du
système climatique et par des facteurs externes. La concentration accrue
de GES expliquerait les changements climatiques actuels. Le lien entre
l'augmentation constatée des GES et le réchauffement climatique
est aujourd'hui considéré par la communauté scientifique
comme « extrêmement probable »
Toutefois, l'incertitude scientifique relative à
l'influence anthropique en tant que facteur générateur de l'effet
de serre constituait l'un des arguments mis en avant par un secteur minoritaire
de la communauté scientifique, soutenu notamment par le groupe de
pression « carbone lobby6(*) » qui s'opposait farouchement à
l'adoption d'une législation contraignante en matière de
réduction des émissions de GES.
Aujourd'hui, le débat lié à ces
incertitudes est largement dépassé. Les scientifiques s'entendent
au niveau international pour affirmer que notre planète
s'échauffe.
1.1. Revue
documentaire
Les changements climatiques proviennent de la
concentration des GES dans l'atmosphère suite aux activités des
hommes ; donc il s'agit d'une externalité
négative. La présence d'externalité est
considérée dans la
théorie
néoclassique comme une
défaillance
du marché, car le prix de marché ne reflète plus
l'ensemble des coûts/bénéfices engendrés, et que
l'équilibre auquel le marché conduit n'est plus un
optimum de Pareto,
du fait de la différence entre coûts ou bénéfices
des participants au marché et de la société en
général. Un des moyens d'y parvenir est de taxer les
pollueurs.
Pigou (1932) définit pour la première fois le
concept d'externalité comme un défaut de marché. Pour lui,
lutter contre la pollution revient à taxer le pollueur en amenant
son coût privé de production au niveau du coût social, qui
inclut les dommages causés aux autres agents (principe du
pollueur-payeur). Le principe général de la taxe est d'inciter le
pollueur à dépolluer jusqu'à ce que le coût de
dépollution soit égal au montant de la taxe.
Ainsi la taxe suédoise sur le souffre s'est traduite
dès 1991 par des niveaux d'émission très inférieurs
à la limite légale jusqu'à 50 % pour les fuels
Un autre exemple cité par Bureau et Mougeot (2004) est
celui de la taxe irlandaise sur les sacs de caisses en plastique. En 2002, une
taxe de 15 centimes d'euro a été instaurée sur chaque sac
distribué. En un an, la consommation de sacs a été
réduite de 90%. On le voit, les taxes pigouviennes (si elles sont
élevées) peuvent être puissantes pour modifier les
comportements.
En Norvège, les taxes sur le CO2
entrées en vigueur en 1991 ont permis de réduire les
émissions des installations fixes de combustion de 21 % par an. Il reste
néanmoins que la détermination d'une telle taxe demande non
seulement la connaissance des fonctions de coûts de lutte contre la
pollution, mais aussi l'estimation monétaire du coût social,
c'est-à-dire le calcul des fonctions de dommage. C'est pourquoi Baumol
et Oates (1971) ont proposé une combinaison de la taxe (instrument
incitatif économique) et de la norme (instrument de contrôle) pour
lutter contre la pollution.
Coase ( 1960) suggère la négociation
bilatérale entre agents économique pour corriger de
manière optimale les externalités. British Petroleum utilise en
1994, cette méthode pour réparer le préjudice subi par
Volvo lorsque cette compagnie a adopté un pétrole moins
léger et contenant plus de soufre dégageant davantage des
émissions corrosives. Cette solution satisfaisante sur le plan local et
sur le plan économique ne l'est pas du tout sur un plan
écologique. La solution adoptée est totalement incomplète
: une partie seulement des externalités est internalisée.
L'instauration de permis d'émissions négociables
(Dales ,1968) permettra de séparer complètement l'effet incitatif
du dispositif (fonction du prix de marché de la tonne de CO2
économisée) de son effet distributif (fonction de l'allocation
initiale des permis)
Aux Etats-Unis, le marché des permis d'émission
négociables a été utilisé pour lutter contre la
pollution du dioxyde de souffre, à la suite de l'échec de la
politique fédérale de normes d'émissions fixées et
contrôlées par l'Agence de protection de l'environnement.
Globalement les instruments économiques, en donnant
à chaque acteur une marge de liberté pour choisir de s'ajuster ou
de payer, permettent de réaliser une répartition moins
coûteuse des efforts de dépollution entre pollueurs et se
révèlent finalement plus efficace en matière de lutte
contre la pollution. La commercialisation des permis de pollution vise
à concilier la protection de l'environnement et la croissance
économique. Le protocole de Kyoto (1997) en fait un de ses instruments
privilégiés pour lutter contre les gaz à effet de serre
.Ce protocole crée un marché international de CO2
sur une période de 2008 à 2009.
Quel est donc le dégré de participation de
chaque acteur notamment des pays africains à ce marché ?
1.1.1. Changement climatique :
une globalisation en terme d'effets
Le troisième rapport7(*) du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur
l'Evolution du Climat (GIEC) a clairement démontré que les
activités humaines sont à l'origine de l'augmentation de la
concentration de GES dans l'atmosphère. L'accroissement de la production
de ces gaz résulterait directement du développement
économique et de l'évolution des modes de vie :
· le gaz carbonique (CO2) résulte en partie de la
combustion de pétrole, de charbon et du gaz naturel;
· le méthane (CH4) et l'oxyde nitreux (N2O),
rejets d'agriculture et conséquences des changements dans l'utilisation
des terres ;
· l'ozone troposphérique (O3), les CFC et les HCFC
; les gaz d'échappement responsables de l'attaque de la couche d'ozone,
ainsi que les substituts des CFC (HFC, PFC et SF6).
Selon les hypothèses8(*) retenues par le GIEC, les conclusions divergent
sensiblement. Mais la quasi-totalité des modèles met en avant
l'ampleur des changements à venir. Ainsi, sous l'hypothèse basse
(diminution drastique des émissions de CO2), l'augmentation de la
température moyenne globale entre 1990 et 2100 se situerait entre
+1.4°C et +5.6°C. L'hypothèse haute (échec de la
limitation), à l'inverse, induirait un réchauffement global
allant de 3.2°C à 5.8°C. Quant au niveau de la mer, il
s'élèverait de 9 à 88 cm d'ici 2100, du fait de la
dilatation thermique des couches supérieures de l'océan et de la
fonte des glaciers (GIEC, 2001).
A la suite de ces travaux, les conséquences d'un tel
réchauffement sont de plus en plus connues et quelques unes sont
déjà perceptibles.
1.1.2. Imminence du risque
climatique : phénomènes extrêmes
Le changement climatique dans le monde se manifeste par des
phénomènes climatiques extrêmes comme des
sécheresses, des ouragans et des inondations dont la fréquence et
l'intensité ont augmenté durant les 30 dernières
années. Les conclusions récentes de l'Organisation Mondiale
Météorologique(OMM) et de l'Organisation Mondiale de la
Santé (OMS) sur la situation de ces phénomènes sont
très alarmantes.
Tableau 1 : Nombre
d'évènements climatiques/météorologiques, de
personnes tuées et de personnes touchées par ces
événements, par région, dans les années 80 et 90.
(en milliers)
|
Années 80
|
Années 90
|
|
événement
|
morts
|
Personnes touchées
|
Evénements
|
morts
|
Personnes touchées
|
Afrique
|
2 43
|
4 17
|
1 37,8
|
2 47
|
1 0
|
1 04,3
|
Europe de l'Est
|
66
|
2
|
0,1
|
150
|
5
|
1 2, 4
|
Méditerranée orientale
|
9 4
|
1 62
|
1 7.8
|
1 39
|
1 4
|
3 6.1
|
Amériques latines et caraïbe
|
2 6 5
|
1 2
|
5 4, 1
|
2 9 8
|
3 0 ,7
|
3 0, 7
|
Asie du sud -Est
|
2 42
|
5 4
|
8 50.5
|
2 86
|
4 58
|
4 27.4
|
Pacifique orientale
|
375
|
3 6
|
2 73.1
|
3 81
|
4 8
|
1 ,199.8
|
Régions développées
|
5 6 3
|
1 0
|
2, 8
|
5 77
|
6
|
4 0 ,8
|
Source : Rapport OMS, Changement
climatique et santé humaine, Risques et mesures à prendre, page
15, Genève, 2004//OMM/PNUE
Ce tableau montre le nombre croissant des catastrophes naturelles
et de ses victimes. Ceci est dû en partie à l'amélioration
de l'information, en partie à une plus grande
vulnérabilité des populations, et aussi sans doute au changement
climatique en cours.
En Afrique, le changement climatique le plus significatif qui
est survenu a été une réduction à long terme des
précipitations dans les régions semi-arides de l'Afrique
occidentale, particulièrement depuis les années 1980. Dans
certaines zones du Sahel, la région la plus sérieusement
affectée, les moyennes des 30 dernières années ont
diminué de 20 à 40 % entre les périodes 1931-60 et 1968-97
(Hoerling et al., 2005). (Brooks, 2007) a estimé que
cette partie du continent a connu une sécheresse
catastrophique au début des années 1970, pendant laquelle environ
300 000 personnes et des millions d'animaux sont morts.
Selon un rapport publié en janvier 20069(*) par l'Institut Goddard
d'études spatiales de la NASA, 2005 a été l'année
la plus chaude depuis la fin du 19ème siècle. Auparavant, le
record de température moyenne maximale avait été
enregistré en 1998, année où le phénomène de
« El Niño »10(*) fut particulièrement sévère. Or,
les températures enregistrées en 2005 avoisinaient celles de
1998, mais ce qui est préoccupant, signale le rapport
référencé, c'est le fait que la vague de chaleur de 2005
s'est produite en l'absence d'un phénomène catalyseur comme
« ElNiño ». Cela serait donc la conséquence d'une
augmentation de la température moyenne de 0.8°C au cours du dernier
siècle, dont 0.6°C au cours des 30 dernières années.
1.1.3 Enjeux
économiques du changement climatique
En dépit d'incertitudes persistantes, il apparaît
que le réchauffement de la planète aura des impacts graves sur
l'écologie, l'économie, le social et risquerait de saper les
efforts réalisés par les Objectifs du Millénaire pour le
Développement en Afrique. De nombreux systèmes de
modélisation climatique ont permis de prévoir que les impacts du
changement climatique n'affecteront pas toutes les régions de la
planète au même degré. Précisément, ce sont
les éléments de base de la vie (l'accès à l'eau, la
production de vivres, la santé, l'utilisation des sols, le cadre de vie)
qui seront particulièrement menacés.
1.1.3.1.
Vulnérabilités et coûts socio-économiques du
changement climatique en Afrique
Les pays en développement en particulier les pays les
moins avancés(PMA)11(*) seront les premiers touchés et les plus
durement affectés :
En premier lieu, le nombre important de
vulnérabilités et de contraintes que l'Afrique rencontre par
rapport aux pays développés : climat chaud,
pauvreté extrême, faiblesse structurelle de leur économie
et manque de capacités en terme de croissance et de
développement, démographie galopante (figure n°1). Il va de
soi que les dommages économiques de ce phénomène peuvent
vraisemblablement être plus significatifs dans ces régions plus
chaudes.
Figure 1 :
La population de l'Afrique par rapport à la population
mondiale
Source : `' le monde a 6
milliards `', ONU, 1999, Perspective Africaine 2002, Banque
mondiale,2002
La plupart des pays de l'Afrique subsaharienne ont une
économie axée sur le secteur agricole qui est
l'un des secteurs économiques le plus sensible aux variations
climatiques. Une étude de l'Organisation des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture (ONUAA) publiée en 2000 sur l'impact du
changement climatique futur sur l'agriculture montre combien les pays en
développement seront touchés par l'augmentation des
températures et comment l'Afrique sera affectée en fonction du
changement climatique qu'elle pourra supporter. Le document
référencé affirme tout d'abord qu'une augmentation modeste
de 1 à 3,5°C serait néfaste .L'étude note ensuite que
des zones actuellement marginales pour l'agriculture pourraient devenir non
exploitables dans l'avenir12(*). Le tableau suivant montre l'impact de la variation
de température sur l'agriculture en Afrique.
Tableau 2 :
impacts de la variation de température sur l'agriculture en Afrique
(milliards de dollars)
|
sensibilité pessimiste
|
sensibilité optimiste
|
Variation de température
|
1°C
|
2°C
|
3.5°C
|
1°C
|
2°C
|
3.5°C
|
Impact
|
- 23
|
-85
|
-165
|
16
|
-1
|
-30
|
Source: «Two essays on climate change
and agriculture: A developing country perspective», ONUAA, 2000,
Pour plusieurs pays de l'Afrique, une étude de
Mendelsohn et al, (2000) basée sur 14 modèles
climatiques différents, donne les résultats du pourcentage du PIB
représenté par le secteur agricole. Les impacts du changement
climatique pour le continent africain pourraient s'élever à une
perte potentielle de 25 milliards de dollars à 194 milliards de dollars
par an, selon la sensibilité climatique utilisée. Plus de 47 %
des revenus du continent pourrait être perdu en raison du
réchauffement climatique.
En deuxième lieu, les PMA sont
caractérisés par une extrême sensibilité aux chocs
économiques extérieurs, aux catastrophes naturelles, aux
épidémies, par un accès limité à
l'éducation, à la santé et aux autres services sociaux,
ainsi qu'aux infrastructures insuffisantes et par un faible accès
technologique. Ce qui rend plus compliqué la prévention du
risque, leur mise en oeuvre des mesures appropriées et leur
capacité de réaction face aux adversités. La
récurrence des sécheresses et des inondations est devenue si
fréquente dans plusieurs régions du continent africain, qu'elle a
affecté les populations de façon exponentielle, comme le montre
le cas du Kenya (tableau 3)
Tableau 3 :
nombre d'individus touchés par la sécheresse au Kenya,
1975-2006 (en million)
Années
|
1975
|
1977
|
1980
|
1984
|
1992
|
1995 -96
|
1999 -00
|
2004 -06
|
personnes affectées
|
0,016
|
0,020
|
0,040
|
0,2
|
1,5
|
1,4
|
4,4
|
3,5
|
Source: Oxfam International, Making the case:
A national drought contingency fund for Kenya, Oxfam Briefing Paper, 2006,
p.89
Sur le plan sanitaire, Les prévisions
indiquent que le changement climatique et de petites modifications dans les
températures et les précipitations engendreront des
épidémies de paludisme en augmentant la population de moustiques.
Or, Le continent africain reste le plus touché par le paludisme. En
effet, 60 à 90 % des épisodes cliniques et des
décès en Afrique dus au paludisme apparaissent au sud du Sahara,
où plus d'un million d'enfants en meurent chaque année13(*). Des études ont d'autre
part montré qu'en Afrique, le changement climatique pourrait affecter 21
millions de personnes supplémentaires (soit 67 millions) vers les
années 208014(*).
Le paludisme contribue par ailleurs à une diminution annuelle moyenne de
la croissance économique de 1,3 % pour les pays africains les plus
touchés, et une perte annuelle15(*)évaluée à 12 milliards de dollars
pour le PIB du continent africain dans son ensemble.
En ce qui concerne les ressources en eau, il
faut donc souligner que si l'Afrique ne parvient pas à s'adapter au
changement climatique, elle sera le théâtre de tensions
considérables, notamment à propos de l'eau et de la terre, qui
pourraient engendrer des migrations massives (refugiés
climatiques ) et dégénérer en conflits violents. Le
GIEC (2001) estime que d'ici à 2025, 9 pays, principalement en Afrique
orientale et australe, feront face à une pénurie d'eau (moins de
1000 m3/personne/an) et 12 pays feront face au stress hydrique (1000
à 1700 m3/hab/an).
Au niveau des intérêts pour se fournir en eau,
l'ampleur du réchauffement climatique pourrait créer de vives
tensions et notamment des conflits dans des régions telles que l'Afrique
occidentale, le bassin du Nil et l'Afrique de l'est. Cette situation limitera
durement la production alimentaire, la protection de l'écosystème
et le développement socio-économique.
Enfin, le faible niveau de revenu de ces pays
les rend plus vulnérables et, en même temps, entrave leur
capacité d'adaptation face au changement climatique. En Afrique
subsaharienne, les revenus ne devraient augmenter que très lentement et
le nombre de personnes vivant dans la pauvreté (moins de 1dollars /
jour) devrait passer de 240 millions en 1990 à 345 millions en 2015, ce
qui correspond à deux habitants de la région sur cinq (Van et al,
2004).
Dans le domaine de la croissance économique, le second
rapport du GIEC16(*)
estime à 1,5 à 2% du PIB mondial le coût des dommages
liés à une augmentation de la température de 2,5°C.
Ce coût atteindrait 1 à 1,5 % du PIB pour les pays
développés, et, plus de 2 %pour les pays en développement.
Le risque potentiel est donc assez considérable pour les pays de
l'Afrique subsaharienne. Dans ces circonstances, pour les pays de l'Afrique, le
changement climatique se traduira sûrement par des coûts
excessifs.
1.1.3.2. Coûts socio
économiques des changements climatiques dans les pays
développés.
Pour les pays développés, le constat est peu
inquiétant. D'abord, les régions de haute latitude comme le
Canada, la Russie ou les pays scandinaves pourraient certes avoir certains
bénéfices à court terme. En effet, une variation positive
de la température de quelques degrés dans les régions les
plus septentrionales pourrait entraîner une augmentation des revenus
liés au secteur agricole, une diminution des coûts
énergétiques, une réduction du taux de mortalité en
hiver et voire même des bénéfices liés aux
activités touristiques et l'ouverture de nouvelles routes maritimes pour
relier l'Europe à l'Asie. Ceci serait le résultat de la
disparition des glaces dans l'océan arctique qui
s`accélère ces dernières années.
Néanmoins, dans l'hypothèse d'une variation
climatique importante, ces régions subiraient un changement abrupt dans
leur mode de vie et leurs ressources en matière de
biodiversité.
Les pays développés à latitudes plus
basses, de leur coté, seront plus vulnérables. Dans un
scénario d'augmentation de la température moyen de 2°C, la
disponibilité d'eau et la production agricole de l'Europe
méridionale pourrait diminuer de 20% (Stern, 2006). Sur la base d'une
augmentation de la température de 1°C, une étude de
l'Institut allemand de recherche économique a chiffré à
2000 milliards dollars le coût annuel du changement climatique aux
Etats-Unis.17(*)
Les coûts économiques dans cette situation sont
donc considérables. Les conséquences de la vague de chaleur en
2003 en Europe sont assez illustratives à cet égard : 35.000
personnes ont perdu la vie et les pertes agricoles ont atteint les 15 milliards
d'euros. (Stern, 2006)
En somme, Dans le domaine socio-économique, les
changements climatiques menaceront, l'agriculture de certaines régions,
alors que, parallèlement, ils profiteront à d'autres. En ce qui
concerne la santé, le changement climatique risque d'avoir de fortes
répercussions sur la diffusion des maladies contagieuses, sur
l'approvisionnement en eau douce et en alimentation suffisante. Il
accroîtrait aussi les risques d'épidémies, de maladies
cardiorespiratoires ou de maladies infectieuses véhiculées par
les insectes tropicaux.
A la suite de ces constats, et en dépit qu'un certain
nombre d'incertitudes demeurent encore, notamment à propos du risque de
changements non linéaires ou de changements irréversibles, il est
évident qu'en l'absence de mesures compensatoires, ces interactions
risquent de porter atteinte au développement et au devenir des
générations futures. C'est ainsi, qu'il est apparu
nécessaire de réduire les émissions anthropiques de
GES .
Il conviendrait d'atteindre ce niveau dans un délai
suffisant pour que les écosystèmes puissent s'adapter
naturellement aux changements climatiques, que la production alimentaire ne
soit pas menacée et que le développement économique puisse
se poursuivre d'une manière durable.
1.1.4. Politique de
prévention serait moins coûteuse que des mesures
d'adaptation principe de précaution
Si nous adoptons des mesures fermes dès à
présent, il est encore temps d'éviter les pires
conséquences du changement climatique. Les preuves
scientifiques sont maintenant accablantes. Le changement climatique constitue
une menace planétaire grave et exige une réponse mondiale de
toute urgence. Il ressort que les coûts engendrés par le
changement climatique seront difficilement supportables,
particulièrement pour les pays les plus pauvres. La conclusion du
rapport Stern (2006) relative aux coûts globaux du changement climatique
est particulièrement révélatrice à ce propos. Ce
rapport estime que dans un scénario d'émission de GES «
Business As Usual », c'est-à-dire
« scenario sans effort de réduction des
émissions » les impacts et les risques du changement
climatique seraient équivalents à une réduction permanente
de la consommation globale par tête d'au moins 5 %.
Ce coût par ailleurs pourrait s'élever à
20 % de la consommation globale si l'on prend en considération des
facteurs tels que les impacts non marchands (impacts sur l'environnement ou sur
la santé), les risques d'emballement ou de rétroaction du
phénomène (à la suite d'une fuite de carbone contenu dans
des puits de carbone), ou des variables appropriées pour mesurer la
distribution géographique des éventuels impacts (Stern, 2006).
Il faut rappeler que même s'il est admis que la plupart
des systèmes de modélisation d'économie environnementale
comportent une certaine marge d'incertitude; toutefois, cette incertitude
n'est pas liée à l'existence ou à l'imminence du risque
en tant que tel mais concerne plutôt « l'évaluation
monétaire » du risque, que ce soit du point de vue
économique ou environnemental. L'étude de STERN (2006) estime
donc qu'il serait moins coûteux pour l'ensemble de la communauté
internationale de mettre en place des politiques appropriées de
prévention du risque que de supporter les conséquences du
changement climatique.
En définitive, si l'imminence du changement
climatique n'est pas aisément perceptible, si son envergure n'est pas
encore quantifiable, le risque est pourtant probable. C'est justement cette
précaution qui a guidé les négociations aboutissant sur
l'adoption de plusieurs dispositifs visant à atténuer le
phénomène, dont le plus important est le Protocole de Kyoto.
1.1.5 Evolution des
négociations sur le changement climatique
A la suite de nombreux travaux scientifiques sur la
problématique des changements climatiques, les pays du monde ont connu
l'urgence d'agir pour réduire les émissions anthropiques de
GES.C'est à l'occasion du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en
1992, qu'était signé la Convention Cadre des Nations Unies pour
le Changement Climatique(CCNUCC). Cette convention d'atténuation de
l'effet de serre, poursuivie par le Protocole de Kyoto (1997) constituent,
aujourd'hui les instruments juridiques fondamentaux du système de
lutte contre le réchauffement climatique. Les principales étapes
ayant abouti à leurs adoptions et mise en vigueur se présentent
succinctement comme suit:
Ø 1988 : Création du Groupe
Intergouvernental sur l'Evolution du Climat(GIEC). Il est chargé
d'évaluer les informations disponibles sur la science, les effets, les
aspects socio-économiques et les options d'atténuation de
l'évolution du climat et d'adaptation.
Ø 1990: Premier rapport
d'évaluation du GIEC. Ce rapport a servi de base scientifique à
la CCNUCC de Rio en 1992.
Ø 1992: Sommet de la Terre de Rio de
Janeiro. Signature de la CCNUCC. Son objectif est de « stabiliser
les concentrations atmosphériques de GES à un niveau qui
empêche toute perturbation humaine dangereuse du système
climatique18(*) ».
Ø 1995: Deuxième rapport
d'évaluation du GIEC. Ce rapport conclut à l'existence d'une
influence anthropique perceptible sur le climat mondial. CdP/CoP1 - Adoption du
«Mandat de Berlin». Des négociations sur de nouveaux
engagements de la part des États sont prévues sur la base des
objectifs quantifiés de limitation et de réduction de GES.
Ø 1997: CoP3: Protocole de Kyoto. Les
pays industrialisés regroupés dans l'annexe B du Protocole
s'engagent à « réduire les émissions de GES
de 5,2% à l'horizon 2012, par rapport au niveau de 199019(*) ».
Ø 2001: Troisième rapport
d'évaluation du GIEC. Il conclut que le réchauffement
planétaire observé depuis les années 70 ne saurait pas
être uniquement expliqué par les variations climatiques
naturelles. CoP7. Accords de Marrakech. Cette conférence a permis de
réglementer les dispositifs de mise en oeuvre du PK. Des moyens
techniques et financiers sont aussi débloqués en faveur des pays
en développement. Les Etats-Unis renoncent à ratifier le PK.
Ø 2002. L'Union européenne, le
Japon et la Chine ratifient le Protocole de Kyoto.
Ø 2004. La Russie ratifie le Protocole
de Kyoto et ouvre la voie à l'entrée en vigueur du PK. En effet,
pour entrer en vigueur, l'accord international devait être ratifié
par au moins 55 pays représentant 55% des émissions de GES.
Ø 2005. Entrée en vigueur du
Protocole de Kyoto. Il couvre période 2008-2012 et est ratifié
par 141 pays, 34 pays industrialisés, à l'exception des
Etats-Unis et de l'Australie (responsables de plus d'un tiers des
émissions de GES), 107 pays en développement.
1.1.6 Coordination
internationale : critère de responsabilité commune mais
différenciée
L'inégalité des responsabilités
passées et futurs, de même que les disparités existantes
des modes d'utilisation d'énergie, ont eu des incidences sur les
motivations des pays aux négociations internationales pour
résoudre le problème du réchauffement climatique.
En effet, plusieurs approches théoriques
préconisent différents modèles d'allocation des quotas de
CO2 :
- Une règle fondée sur
l'égalité des droits imposerait des quotas
d'émissions identiques par habitant. : Cette répartition
des mêmes droits à tous les individus conduirait à une
convergence vers le même volume d'émission par habitant pour tous
les pays.
- Une règle fondée sur la capacité
à payer des pays attribuerait les quotas d'émissions en
proportion inverse du revenu ou PIB par habitant. Plus un pays est riche, plus
son effort est important, plus le coût qu'il supporte est
élevé.
- Le système des droits acquis (grand
fathering) reposant sur la répartition des quotas
d'émissions futures au prorata des émissions passées. Les
droits d'émissions seraient alloués par rapport aux
responsabilités historiques au réchauffement climatique.
C'est cette dernière proposition qui est retenu par
la Convention et énumérée en son article
3.1 :« il appartient aux pays
développés parties d'être à l'avant-garde de la
lutte contre les changements climatiques et leurs effets
néfastes » et que « les politiques
relatives aux changements climatiques doivent rendre compte des divers
degrés de responsabilité historique ». Ainsi,
à ce jour, le PK attribue aux seuls pays développés la
charge des efforts de réduction sur la base d'objectifs quantitatifs. La
participation des PED étant circonscrite au MDP sur la base d'une
logique de coopération internationale.
Le principe de « responsabilité
commune mais différenciée » constitue l'une des
caractéristiques les plus importantes du système de lutte contre
le changement climatique et, en même temps, la principale
difficulté à surmonter dans les négociations pour «
l'après Kyoto ». Il s'agit d'un principe qui renvoie à la
question de la répartition des efforts, c'est-à-dire,
l'imputabilité des causes génératrices du « risque
climatique » et l'attribution des contraintes, ou efforts de
réduction des émissions de GES, dans une perspective
Nord - Sud.20(*)
Il faut donc souligner qu'au cours du dernier Sommet de G8
de Juillet 2009 à Aquila en Italie, les pays riches ont
réitéré la nécessité de voir les pays
émergents notamment l'inde, le brésil, la chine de prendre des
engagements contraignants compte tenu de leur niveau de
développement afin de lutter efficacement contre les changements
climatiques.
Chapitre II. MARCHE INTERNATIONAL
DU CARBONE
2.1 Instruments de
marché définis par Kyoto : mécanismes de
flexibilité
La recherche de l'efficacité économique consiste
à trouver un équilibre entre les mécanismes de
marché et les politiques publiques pour tenir compte des engagements
pris à Kyoto et ceux, probablement qui suivront. Au terme de cet
instrument juridique, les pays ayant des objectifs de réduction
recevront des quotas ou des droits d'émissions équivalant
à leur objectif respectif21(*). Afin d'offrir une flexibilité aux pays qui
ont ces engagements et pour diminuer les coûts des réductions,
trois mécanismes de marché ont été introduits dans
le protocole.
Il s'agit de l'Echange International des Droits d'Emission
(EIDE, article 17), du Mécanisme de Mise en oeuvre Commune (MOC, article
6) et du Mécanisme pour un Développement Propre (MDP, article
12). Les deux derniers sont basés sur la réalisation de projets
de réduction ou d'évitement de GES et donnant lieu à des
crédits d'émissions.
Ces trois mécanismes de flexibilité reposent
sur le principe de flexibilité géographique: le
réchauffement climatique étant un phénomène
globale, le lieu de réduction d'émissions de GES est a
priori sans importance car la concentration de GES dans
l'atmosphère reste la même quelque soit la localisation
géographique des sources d'émission. Il est donc évident
d'inciter à effectuer les efforts de réduction là
où ils sont les moins coûteux.
Les changements climatiques requièrent un bon rapport
coût-efficacité, de manière à garantir des avantages
globaux au coût le plus bas possible (article 3.3). Il s'agit, en effet,
de concilier un critère d'efficacité économique avec un
objectif global de réductions quantitatives de GES.
C'est dans cette logique que des mesures de réduction
d'émissions à moindre coût pourront être mises en
oeuvre soit dans les pays en développement dans le cadre du MPD, soit
dans les pays en transition économique concernant la MOC, ou bien, en
profitant des coûts différentiés dans les pays
développés, ce qui est le principe qui régit
l'échange international du droit d'émission(EIDE).
En ce qui concerne l'efficacité
environnementale de ces dispositifs, il est fondé
sur des réductions d'émissions réelles,
additionnelles et permanentes, afin d'atteindre, au minimum, les objectifs de
réduction de GES établis par le PK, soit une réduction
globale de 5,2 % par rapport aux émissions de 1990.
2.1.1 Echange International du
Droit d'Emission(EIDE).
L'EIDE permet aux pays industriels d'acheter et/ou de vendre
entre eux des droits d'émissions, tout en gardant au plan interne, leur
liberté de respecter les engagements pris au moyen d'instrument
adaptés, dont la taxation. Cette flexibilité est
géographique ou environnementale, elle est aussi temporelle, les
parties, étant dans une certaine mesure, libre de définir un
calendrier de réalisation des objectifs pour en minimiser le
coût.
2.1.2 Mécanismes de
flexibilité fonctionnant sur la base de projets (MOC et MDP)
Au mécanisme principal prévu par le PK, celui
des permis transférables, s'ajoutent la Mise en OEuvre Conjointe (MOC)
et le MDP destinés à mettre à profit les
différences considérables de coûts marginaux pour
réaliser l'allocation optimale des ressources.
La MOC permet le financement de projets destinés
à stocker ou réduire les GES au sein des pays de l'annexe B. Ce
sont les pays à économie en transition qui ont besoins de
transferts de technologie pour améliorer leur efficacité
énergétique. Les projets réalisés dans ses pays
donneront lieu à des crédits d'émission de GES qui
pourront être compatibles dans les engagements pris par les pays
industrialisés et qui seront déduits du quota de ce pays.
Le MDP donne la possibilité aux pays annexe I de
réaliser des projets d'investissement dans les pays en voie de
développement. Ces projets donneront lieu à des crédits
d'émission pour les pays investisseurs.
Si les objectifs de ces mécanismes sont clairs, leurs
modalité pratiques soulèvent de grandes difficulté et les
positions des pays divergent encore, moins sur le principe que sur la
manière de les utiliser. Par rapport à l'échange de droit
d'émission qui n'implique que des transactions au comptant, la MOC et le
MDP sont fondés sur les projets et leurs coûts risque d'être
relativement élevé puis la difficulté d'évaluer
les émissions qui auraient été rejetés si le projet
n'avait pas été mis en oeuvre, ce que l'on appelle la fixation
des niveaux de référence.
2.2 Critère
d'efficacité économique
L'article 3.3 de la CCNUCC consacre que « les
changements climatiques requièrent un bon rapport coût -
efficacité de manière à garantir des avantages globaux au
coût le plus bas possible. ». Ainsi, Les coûts marginaux
de réduction diffèrent dans des proportions considérables
d'un pays à l'autre en fonction de plusieurs facteurs. En effet, il est
plus aisée et moins coûteux de maîtriser les
émissions de CO2 dans des PED que dans des pays où les
énergies consommées présentent une forte concentration de
CO2.
Ainsi, les mécanismes de marché prévus
par le PK favorisent aussi bien la flexibilité géographique des
efforts de réduction que l'optimisation de l'efficacité
économique de l'effort collectif d'atténuation du changement
climatique. L'efficacité escomptée par la mise en oeuvre de ces
mécanismes est la conséquence de la fonction marchande du PK :
la nécessité d'acheter des droits d'émission en cas de
besoin et/ou la possibilité d'en vendre en cas d'excédant devrait
inciter les acteurs économiques à minimiser leurs
émissions de GES en investissant dans des technologies plus
propres.22(*)
La valorisation des crédits dans les pays annexe B
fait augmenter la rentabilité des projets et rend ainsi viable des
technologies propres qui n'auraient pas été exploitées
autrement. De tels projets concernent l'ensemble des GES recensés dans
le Protocole de Kyoto. Le tableau 4 en est une
parfaite illustration.
Tableau 4 : Impact du « volet
carbone » sur le taux de retour sur investissement (TRI)
Pays
|
technologie
|
% du TRI sans carbone
|
%du TRI en carbone
|
Augmentation du TRI %
|
Costa rica
|
Eolien
|
9,7
|
10,6
|
9
|
Jamaïque
|
Eolien
|
17
|
18
|
6
|
Maroc
|
Eolien
|
12
|
14
|
10
|
Chili
|
Hydro
|
9,2
|
10,4
|
13
|
Costa rica
|
Hydro
|
7,1
|
9,7
|
37
|
Guyane
|
Bagasse
|
7 ,2
|
7,7
|
7
|
Nicaragua
|
Bagasse
|
14,6
|
18 ,2
|
25
|
Brésil
|
Biomasse
|
8,3
|
13,5
|
63
|
Inde
|
Methane
|
13 ,8
|
18 ,7
|
36
|
Source : Banque Mondiale, juillet 2001
2.4 Fonctionnement du
marché carbone
Au cours de la période d'engagement (2008-2012), chaque
pays figurant à l'annexe B se voit allouer un quota de réduction
d'émission qu'il peut échanger. Ce quota correspond à la
quantité maximale que ce pays est autorisé à
émettre pendant la période d'engagement.
En réalité, afin d'atteindre ses objectifs de
réduction d'émissions de GES, un pays industrialisé
dispose de trois dispositifs lui permettant de mieux répartir ses
efforts de réduction. Ainsi, un Etat peut choisir: (i) mettre
en oeuvre des politiques internes visant à réduire ses
émissions domestiques; (ii) augmenter le niveau de
séquestration des GES en faisant recours aux puits de carbone, il
obtiendra ainsi des unités d'absorption (UA); (iii) ou bien
acquérir des unités d'autres parties dans le cadre des
mécanismes de flexibilité, que ce soit dans le cadre de l'EIDE,
sous forme d'unités de réduction certifiées
d'émissions (URCE) issues de la mise en oeuvre des projets MDP, ou bien
d'unités de réduction d'émissions (URE), dans le cadre des
projets d'application conjointe.
En somme, c'est la mise en oeuvre de la MOC, du MDP et de
l'EIDE qui a entraîné l'avènement d'un
« marché carbone » global basée sur un prix
unique de carbone. L'ensemble de ces mécanismes,
réglementés ou marchés volontaires, marchés
primaires ou marchés secondaires, activités de compensation, ou
activités des bourses de carbone, etc... constituent le marchés
de carbone. Le Protocole de Kyoto a ouvert ainsi la voie à une
« marchandisation » de la tonne équivalente carbone
(teqC02). Et par ce simple jeu du marchandage, on établit un prix pour
le quota (25 € la tonne deCO2 par exemple).
Par ailleurs, on a assisté à
l'émergence, bien avant la période 2008-2012, des marchés
dérivés, à savoir les marchés à livraison
différée (forward), à terme (futures) ou
à option. Le MDP a entraîné par exemple l'émergence
très rapide d'un marché à livraison
différée, puisqu'il repose par nature sur la production à
coûts maîtrisés de crédits d'émission
«livrables» à terme échu.
Il convient par ailleurs de rappeler qu'il s'agit d'une
internalisation d'une externalité négative, notamment, les
émissions de CO2. Certes, la légitimité d'une telle
démarche est contestée par quelques scientifiques qui estiment
que l'évaluation monétaire de biens et services non marchands
relève plus du «fétichisme de la
marchandise » que d'une démarche explicative. Pourtant,
en l'absence de ces mécanismes incitatifs, il est fort probable que les
pays concernés par des contraintes quantitatives n'auraient pas
acceptés des engagements à la hauteur des enjeux.
Les secteurs de ce marché (Figure 2)
peuvent être des projets d'économie d'énergie, de
changement de combustible, d'énergies renouvelables ou des projets
« puits de carbone », pour le secteur
forestier.
Figure 2 :
les projets existant sur le marché de carbone
Source : Wara, 2007
2.4.1Mécanisme pour un Développement
Propre(MDP)
2.4.1.1 Définition du MDP
Le MDP est un instrument juridique international qui incite
les pays de l'annexe B(pays développés) à réaliser
des projets permettant de réduire et/ou d'éviter les
émissions de GES sur le territoire d' un pays non Annexe B (PED) en
retour de crédits appelés unités certifiées de
réduction des émissions (UCRE).( guide pratique MDP,2001) .
Ainsi, pour chaque tonne de CO2 réduite ou absorbée, les pays
développés dit « investisseurs »
reçoivent du conseil exécutif du MDP et comptabilisent des UCRE
leurs permettant de respecter leur engagement quantifiées de
réduction d'émissions.
2.4.1.2 Organes de gouvernance institués dans le
cadre du MDP
Au plan institutionnel, on note trois entités
responsables de l'administration et de l'application des règles, des
modalités, des procédures et des lignes directrices relatives au
MDP. Il s'agit de la conférence des parties (CdP/RdP) agissant
comme réunion des parties au protocole de Kyoto; le conseil
exécutif et les entités opérationnelles(OE).
la Cdp établit les « modalités et
procédures d'application du MDP », révise la
répartition géographique des MDP et des EO puis aide à
l'obtention du financement alors que le CE et les EO sont responsables de
l'opérationnalités de ces règles.23(*)
On comprend aisément que l'obtention des
crédits de réductions dans le cadre du MDP est un processus
soumis à une stricte supervision du Secrétariat de la CCNUCC,
dans la mesure où les unités de réduction
d'émissions ainsi générées dans un pays en
développement peuvent être utilisées et
comptabilisées dans une logique compensatrice. Il est à noter
que ce sont les projets supplémentaires et additionnels qui sont en
principe éligibles. Ce qui rend complexe la réalisation des
projets MDP.
2.4.1.3 Concepts de base du MDP
L'élaboration du mécanisme pour un
développement propre a engendré quelques concepts fondamentaux
.Ces concepts permettent d'assurer que l'intégrité
écologique des projets de type MDP ait respectée,
c'est-à-dire qu'ils génèrent des réductions de GES
réelles, mesurables, additionnelles et à long terme.
a) Critère d'additionnalité
Au titre des critères d'éligibilité
fixés par les accords de Marrakech figurent le critère
d'additionnalité. Un projet MDP est additionnel lorsque les
émissions totales de GES avec le projet sont inferieures à celles
qui seraient survenues sans le projet. Afin de comptabiliser les
réductions générés par un projet, il est
nécessaire de prouver que la mise en oeuvre du projet en question se
traduira par un niveau d'émission différent à celui qui
aurait prévalu en l'absence du projet, c'est à dire, sous un
scénario de référence
(« business-as-usual » ).
En effet, la notion d'additionnalité dans le cadre du
MDP comporte donc un double sens: il faut, d'une part, apporter la preuve qui
permet d'apprécier que les réductions d'émissions
n'auraient pas eu lieu en l'absence du projet MDP et, d'autre part, il faut
démontrer que le pays hôte n'aurait pas été en
mesure de mettre en oeuvre le projet sans les incitations financières ou
technologiques propres du MDP. Ce qui veut dire qu'en l'absence d'un tel
mécanisme, il n'y aurait aucune diminution du niveau d'émissions
de GES et que le projet en question n'aurait pas été susceptible
d'être mis en oeuvre dans un scénario « business-as-usual
».La figure (3) montre les scenarii de référence et
d'additionalité des projets MDP.
Figure 3 : ligne de base et
additionnalité environnementale
Emission de CO2
Ligne de base (Business as usual)
Reduction de
CO2
Additionnalité
Environnementale
Projet MDP
Implementation
temps (années)
du projet
b) Scénario de référence ou la ligne
de base
La ligne de base sert d'élément de départ
pour évaluer la contribution d'un projet en matière de
réduction d'émission. Elle représente le scénario
le plus probable d'émissions futures de GES dans le secteur
d'activité concerné du pays hôte en l'absence de tout
projet MDP.24(*) Il s'agit
donc d'un scénario « business as usual », qui doit être
établi par le développeur du projet à partir des
méthodologies définies ou agrégées par le Conseil
Exécutif du MDP. Les méthodologies permettent d'établir le
scénario de référence qui prend en comptes les
différents variables socio-économiques, notamment, les politiques
nationales ou sectorielles du secteur d'activité concerné par le
MDP.
La détermination du niveau de référence
est alors essentielle à tout projet MDP, dans la mesure où il
constitue le paramètre qui sert de base de calcul25(*) de l'additionnalité
obtenues. Celle-ci équivaut à la différence entre le
volume des émissions calculées en fonction des conditions de base
(« business-as-usual ») et le niveau d'émissions
attendu par la mise en oeuvre du projet, en tenant compte des
éventuelles fuites26(*) (figure 3).
C) Critères de participation
Pour être éligible aux principes du MDP, les
projets doivent présenter des bénéfices réels,
mesurables et additionnels en matière de réduction
d'émissions et contribuer au développement durable du pays
hôte. De son côté, le pays d'accueil doit avoir
ratifié le PK et s'être engagé volontairement sur des
réductions d'émissions. Il doit également donner son
accord pour le développement de tels projets et mettre en place une
Autorité Nationale Désignée (AND) pour administrer
localement les projets.
En outre, les pays de l'annexe B du protocole
intéressés à y participer doivent satisfaire d'autres
conditions supplémentaires: (i) la fixation de la
quantité d'émissions attribuée en conformité avec
l'article 3 du PK, (ii) la mise en place d'un système national pour le
suivi des émissions de GES, (iii) la réalisation d'un
inventaire annuel d'émissions, (iv) la mise en place d'un
registre national, et (v) la mise en place d'un système de
comptabilisation des ventes et d'achats des réductions
d'émissions.
2.4 Avantages du MDP pour les Pays en
Développement
En dépit de l'absence d'objectifs quantitatifs
contraignants, la participation des PED à l'atténuation des GES a
été prévue par le biais MDP. Le MDP repose sur un
principe de coopération internationale27(*). L'objectif est de contribuer au développement
durable des PED tout en facilitant les pays industrialisés d'honorer
plus aisément leurs engagements chiffrés. En effet, le MDP
entend:
- apporter des contributions positives à
l'environnement (déchets, pollution urbaine etc) ;
- apporter parallèlement des contributions positives
à l'économie, et gérer des impacts sociaux positifs
(accès à l'énergie décentralisée,
création d'emplois développement forestier ...)
- favoriser l'investissement direct étranger (IDE) dans
des nouvelles technologies propres et les transferts de technologie :
efficacité énergétique, procédé industriel,
foresterie durable ;
- fournir une contribution financière durable
additionnelle pour rendre un projet financièrement viable en abaissant
le coût de sa réalisation et de son exploitation
Le MDP offre aussi des avantages économiques pour les
entreprises. Il s'agit d'une source additionnelle de revenus pour le projet,
liés à la génération et à la vente des
URCE.
DEUXIEME PARTIE
ANALYSE ECONOMIQUE
DU MECANISME POUR UN DEVELOPPEMENT PROPRE
Chapitre III. MARCHE INTERNATIONAL DES CREDITS ISSUS
DES PROJETS MDP ET DIFFICULTES DE PARTICIPATION DES PAYS DE L'AFRIQUE
SUB SAHARIENNE
Le Mécanisme pour un développement propre (MDP)
joue un rôle essentiel dans la mise en oeuvre du Protocole de Kyoto. Ses
réalisations sont remarquables, notamment parce que le régime
relatif aux changements climatiques ne possédait encore aucune
expérience du marché il y a à peine cinq ans. Les
mécanismes de marché du Protocole constituent la première
tentative de l'Organisation des Nations Unies de créer et de
réguler un bien mondial. Toutefois, le Protocole est limité dans
son objectif de réduction des émissions à l'échelon
mondial, dans son calendrier (2008-2012) et au niveau des pays qui participent.
Etant donné l'ampleur du défi que représente le changement
climatique, il ne peut s'agir que d'un préambule à un effort
élargi et renforcé, toujours lourdement tributaire de
mécanismes de marché qui devront peut-être évoluer
pour stimuler les transferts de capitaux et de technologies indispensables.
L'étude de STERN(2006) estime que 20 à 30 milliards de dollars
par an doivent être investis pour couvrir les surcoûts de la
décarburation. Le déploiement annuel de capital au moyen des
transactions primaires du Mécanisme pour un développement propre
a doublé passant de 2,4 milliards à 4,8 milliards entre 2005 et
2006 et double à nouveau en 2007. Mais il ne s'agit là que d'une
fraction de ce qui est nécessaire. Le Mécanisme pour un
développement propre peut et doit faire mieux. Etant donné que
certains pays se trouve quasiment en marge du processus.
3.1 Contribution des projets MDP dans
l'atténuation28(*) de
changement climatique
Bien que les règles établies par le
comité exécutif du MDP soient assez complexes, ce qui rend le
montage des projets assez onéreux et compliqués en termes
logistiques, le marché des unités de réduction issues des
projets MDP se développe à un rythme relativement satisfaisant
au plan mondial.
Selon les statistiques du Secrétariat de la CCNUCC,
les MDP ont représenté 5,4 milliards de dollars en 2006 (508
millions de tonnes économisées). Au total, 8 milliards de dollars
ont été générés de cette manière
depuis 2002, mobilisant 16 milliards d'investissement global depuis cette
année.
Durant l'année 2007, les pays en développement
ont contribué à hauteur de 214 millions teqCO2 de
réductions d'émissions de GES dans le cadre du MDP, ce qui
représente, pour l'année 2006, 21% du total des échanges
en termes de volume dans le cadre du marché global de carbone.29(*)
En 2008, le MDP a enregistré plus de 800 projets
pouvant potentiellement dégager jusqu'à 1 milliard de tonnes de
CO2 d'ici à la fin de 2012. Au moins 1 800 autres projets, qui
pourraient dégager plus de 1,5 milliard de tonnes d'ici là sont
en cours de certification.
Cependant, il existe une différence entre le
pourcentage du nombre total des unités échangées et la
valeur monétaire. Cela s'explique par le faible coût
d'émission dans les pays en développement .En effet, en termes
monétaires, la participation du MDP est loin de refléter le
nombre des unités de CO2 négociées. Les transactions
monétaires des crédits issus du MDP pour l'année 2006
s'élèvent à 21.426 millions dollars sur un marché
qui a mobilisé 21.465.87 millions dollars, soit 11 % du marché de
carbone30(*).
Et pourtant, le MDP n'a pas encore fait la preuve de toutes
ses capacités. Jusqu'à présent, l'Afrique reste marginale
sur ce marché. Pourquoi donc le continent africain, malgré ses
énormes potentialités est demeuré en marge de ce
marché relativement complexe ?
3.2 Inégale répartition
géographique des projets MDP
Le MDP est un mécanisme de marché basé
sur la réalisation des projets. Cela suppose outre la dimension
environnementale des projets, le caractère
« mercantiliste » (rentabilité de projets,
financement pour un type de projet) anime les investisseurs de ses projets.
Dans cette perspective, le développement du
marché des crédits de réduction issus des projets MDP
montre clairement que la plupart des projets s'orientent vers les pays les plus
attractifs pour les investissements étrangers, qui d'ailleurs sont
souvent les plus émetteurs de GES et les plus développés
parmi les PED. La figure 4 montre clairement cette disparité
géographique des projets MDP. L'Afrique subsaharienne ne parvient pas
encore à attirer les investissements potentiels.
Figure 3 : répartition des
projets MDP par région
Région
|
Nombre de projets
|
Afrique
|
28
|
Asie et Pacifique
|
471
|
Autres
|
9
|
Amerique latine et Caraibe
|
392
|
Source :http:/cdm.unfccc.int (octobre
2008)
La répartition des projets MDP par pays montre aussi
les disparités assez éloquentes. En Afrique, 28 projets ont
été enregistrés, avec une localisation géographique
correspondante aux économies les plus compétitives soit, 12
projets en Afrique du sud, 3 en Egypte, 4 au Maroc, 2 en Tunisie. La Chine,
l'Inde et le Brésil sont les principaux vendeurs et occupent presque
les 2/3 de tous les projets enregistrés.la figure 4 en est une parfaite
illustration.
Figure 4 : répartition des
projets MDP par quelques pays hôtes.
Source : L'auteur
à partir des données de la CCNUCC / http:/cdm.unfccc.int
Au regard de ce qui précède et afin d'encourager
la participation au mécanisme de Kyoto des pays les plus pauvres, le
Secrétaire général des Nations Unies, lors de la
conférence des parties de Nairobi (Novembre 2006) a annoncé la
création d'un nouveau plan dénommé « Cadre de Nairobi
» qui devrait en principe aider les pays africains à
s'insérer activement dans ce marché de crédit carbone.
Toutefois, le gap y demeure.
En ce qui concerne la participation au marché MDP en
termes monétaires, le marché est « dominé à
80% par 4 pays : la Chine, le Brésil, L'Inde et la Corée du Sud.
Parmi ceux-ci, la Chine domine le panorama mondial avec une participation de
43.55% en moyenne annuelle sur la totalité des URCEs (fig. 5). Durant
l'année 2008, la Chine dominait la vente des URCEs avec une
participation de 61 % sur la totalité des transactions
enregistrées. Ceci s'explique par le fait qu'elle accueille des projets
de taille considérable, notamment en matière de réduction
de hydro fluorocarbures (HF3). Or, le potentiel en matière de
génération des crédits issus des projets de
réduction de HF3 est assez attractif pour les investisseurs car chaque
tonne de HCF23 évitée est équivalente à 11,700
tonnes de CO2, donc 11,700 URCEs. Il faut souligner que le potentiel de
réchauffement31(*)(PR) des GES dépend de la nature et de la
composition de chaque gaz.
Figure 5 : Participation en termes de
génération d'URCEs
.
Source : l'auteur à partir des
données de la convention http:/cdm.unfccc.int : octobre
2008
3.3 Difficultés d'insertion des pays africains
dans le marché carbone
Bien qu'étant considéré comme une
aubaine de développement pour ce continent en terme de transferts de
capitaux et de technologies indispensables à la promotion des
énergies, de transport, d'industrie, de gestion des déchets et
autres, l'Afrique sub -saharienne peine à s'insérer dans le
marché des crédits carbone.
Or, selon les derniers chiffres du Centre Risø du
Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE, 2008), les projets MDP
pourraient drainer en Afrique près de 1 milliard de dollars d'ici 2012,
Le nombre de projets MDP en Afrique devrait passer de 71 actuellement à
entre 150 et 230 d'ici à 2012. Les 71 projets actuels pourraient
générer 66 millions d'URCEs d'ici à 2012, ce qui
correspond avec un prix de l'URCE de 15 dollars à 990 millions
dollars.
Pourtant, sur les 71 projets MDP actuels en portefeuille de
l'Afrique, seuls 28 ont été enregistrés par le conseil
Exécutif du MDP. Cela représente moins de 2 % des projets MDP
enregistrés. Pendant ce temps, le Brésil, la Chine et l'Inde
représentent les 2/3 des projets MDP enregistrés à ce
jour.
Or, avec son potentiel en projets
« MDPeables », l'Afrique sub-saharienne pourrait
permettre d'éviter à l'avenir l'émission de 740 millions
de teqCO2, soit plus que les émissions annuelles de cette région
estimées à 680 millions de teqCO2. (Thioye et al, 2008).
Le faible nombre de projets enregistrés dans les pays
d'Afrique reflète l'existence de plusieurs obstacles, tels que le manque
de capacités et de compétences locales, le manque de
planification, des lacunes en réglementation et logistique, l'absence de
politiques en la matière dans certains gouvernements et le manque de
financements pour ces projets.
3.3.1 Barrières institutionnelles et
législatives
Les obstacles institutionnel et réglementaire
résultent d'incompatibilités entre les exigences internationales
et les règlementations nationales pertinentes dans le pays. Les
incohérences entre les deux instruments juridiques n'ont rien de
surprenant dans la mesure où le MDP est un mécanisme
gouverné par des règles internationales, mais dont la mise en
oeuvre doit être conforme à la politique nationale. Les lacunes
réglementaires dans le secteur énergétique par exemple de
la région freinent ou empêchent les projets d'énergie
propre de vendre leur production d'énergie. L'absence de tarifs de
rachat de l'électricité par les compagnies électriques
publiques en situation de monopole en est un exemple précis.
La plupart des décideurs ne se rendent pas encore
compte des possibilités offertes par le MDP. D'ailleurs, une
étude réalisée par Elkhamlichi en 2008
révèle qu'il y a un faible nombre de points focaux dans beaucoup
de pays; 10 des 47 pays de l'Afrique sub saharienne n'ont pas encore
établi officiellement leurs ANDs.
Le concept de commercialisation des services environnementaux
est nouveau. Les agriculteurs et le privé sont habitués à
produire et à vendre des biens pour le marché international, mais
cela ne s'applique pas aux services de l'environnement. Les
répercussions juridiques de ces services sont difficiles à
comprendre, et les autorités nationales ont un rôle important
à jouer dans la résolution de ce problème.
La surveillance internationale des réductions
d'émissions effectives impose la mise en place de systèmes
complexes pour approuver, vérifier et valider les projets et accumuler
les réductions d'émissions. Il est largement estimé que ce
processus est trop complexe et coûteux pour de nombreux pays en
développement, ou dans le cas de petits projets (aux règles
simplifiées) tout simplement exorbitant. En outre, les projets du MDP
devraient être réalisés par le secteur privé,
souvent dans des domaines (y compris les forêts) qui ne sont pas
normalement gérés en Afrique à l'aide d'investissements
privés.
Donc, Combler de telles lacunes règlementaires est une
priorité dont la mise en oeuvre nécessite une assistance
technique afin de faciliter le transfert des meilleures expériences
internationales en la matière.
3.4.2 Informations générales
insuffisantes
En Afrique subsaharienne, l'implémentation des projets
MDP est compromise par un manque de connaissances techniques, de diffusion de
l'information, et l'insuffisance de formation de la main d'oeuvre, ainsi que
par l'absence des données statistiques ou d'inventaires des ressources
potentielles.
Le MDP est un instrument international relativement neuf, et
la plupart des acteurs ignorent tout ou presque tout de ses
possibilités naissantes. Par exemple, la plupart des petites et moyennes
industries de la région ignorent les opportunités offertes par
les projets d'économie d'énergie en termes d'amélioration
de leur rentabilité et de leur compétitivité. On doit
vulgariser des informations sur les bienfaits économiques, sociaux et
environnementaux des projets du MDP ou de leurs avantages par rapport aux
activités traditionnelles.
Les universités, Les institutions de recherche et
développement sont jusqu'à présent en marge de ce
processus. Or ce sont ces institutions qui sont habiletés à
proposer des programmes visant à produire les informations techniques
(facteurs relatifs à la biomasse, équations et modèles
calibrés) nécessaires pour élaborer et mettre en oeuvre
des projets qui répondent aux critères locaux du MDP.
3.4.3 Manque de ressources techniques dans
l'élaboration des projets du MDP
Les capacités (conseillers locaux et experts)
relatives à l'élaboration, la mise en oeuvre et la surveillance
des projets du MDP de qualité sont insuffisantes. Les experts et les
conseillers juridiques et financiers ne connaissent pas encore assez bien les
exigences du MDP. La compréhension du principe d'additionnalité
est encore faible. La capacité d'adaptation des technologies aux
ressources locales est faible par rapport aux autres régions en
développement. Le manque de connaissances technologique du secteur
privé constitue un obstacle majeur .L'expérience pratique du MDP
manque; notamment, aucun projet pilote n'est encore entrepris sur le terrain
pour évaluer, apprendre et démontrer ses avantages aux porteurs.
Étant donné que des projets pilotes réussis
contribueraient grandement à la promotion du MDP.
3.4.4 Problème des projets UTCUTF (Utilisation des
terres, Changement d'utilisation des terres et foresteries)
En plus des contraintes institutionnelles et de
capacité dans les pays de l'Afrique, le MDP souffre des barrières
structurelles notamment en matière de projets UTCUTF.
Comme mentionné plus haut, le MDP est un mécanisme
récent, et ses normes forestières le sont encore plus. Elles sont
complexes et les procédures lentes et coûteuses.
Les projets liés au boisement /reboisement32(*) du MDP sont à long
terme et durent de 20 à 60 ans. Les décisions devront donc tenir
compte de cette longue période, ainsi que du niveau élevé
d'incertitude qui entoure le comportement des prix. Les calculs
économiques deviennent, dès lors, très
problématiques, notamment en raison de l'absence d'un historique ou
d'une série chronologique aptes à faciliter les projections.
Les investisseurs se montrent réticents lorsque les
normes ne sont pas claires ou paraissent instables, et il est difficile
d'évaluer un investissement vu le niveau actuel d'incertitude
(problème foncier). Karsenty (2007) dans son étude sur les
opportunités d'investir dans la gestion durable des forêts en
Afrique de l'ouest et centrale a confirmé cette assertion. Du fait que
le MDP est un outil neuf, il n'y a pas encore de séries de prix sur
lesquelles fonder les analyses, voire même un marché du comptant.
Les investisseurs ne manifestent pas à l'heure actuelle beaucoup
d'intérêt à investir dans des projets
UTCUTF. Ils paraissent attirés davantage par la
solution sans risque consistant à aller au marché et à
acheter les permis lorsqu'ils sont émis.
Les projets doivent aussi démontrer
l'additionnalité et l'absence de fuites (émissions
transférées ailleurs suite au projet). Au regard de la
dépendance de nombreux pays africains vis-à-vis des ressources
ligneuses pour la production d'énergie et d'autres besoins journaliers,
il est difficile de trouver des activités forestières admissibles
qui soient réellement additionnelles sans exclure d'autres pratiques
d'utilisation des terres importantes pour les moyens d'existence des
populations (comme le pâturage et le ramassage de bois de feu) ou sans
chasser les émissions relatives ailleurs. Jusqu'à
récemment, aucune méthodologie pour les projets de la biomasse
non-renouvelables n'avait été approuvée.
3.4.5 Lourdeur et complexité des projets MDP :
asymétrie d'information
D'une manière générale, les PED n'ont
pas suffisamment accès à l'information ou de pouvoir de
négociation pour influencer le prix des crédits, si bien que les
prix ne reflètent pas encore correctement l'importance ou la valeur du
service environnemental consistant à atténuer le changement
climatique. Si les prix sont faibles, les incitations des projets du MDP seront
aussi limitées et les projets seront plus rares.
Les investisseurs préfèrent normalement avoir
affaire à un seul partenaire. Cela signifie que les projets
destinés aux petits exploitants au titre des programmes de groupe, qui
pourraient assurer de nombreux avantages socioéconomiques au niveau
local, risquent d'avoir du mal à obtenir un soutien.L'accès aux
marchés est difficile et les coûts de transaction sont encore
très élevés. Le marché africain a
démarré tardivement par rapport aux autres régions du
monde, la capacité des développeurs de projets locaux est
réduite, le prix moyen de la tonne de CO2 économisée
atteint à peine les 9 dollars soit 25% de moins que dans les autres
régions et au final, peu d'investisseurs étrangers se sont
implantés avec succès. La réglementation du MDP comporte
plusieurs étapes compliquées et coûteuses.
3.4.6 Barrières financières
En Afrique subsaharienne, le manque de capacités propre
d'investissement et de financements de moyen et long terme constitue un
obstacle récurrent pour tout investissement d'infrastructures, quel
qu'il soit.
Or, les coûts de transaction et d'administration
représentent une contrainte réelle rendent irréalisables
de nombreux projets dont la taille est trop limitée comme c'est le cas
de la plupart des projets des pays de l'Afrique subsaharienne. En effet, les
frais généraux de conception et d'approbation du projet sont
assez considérables. Ces frais varient selon la quantité de
réductions d'émissions découlant du projet: de 5.000
dollars pour les projets générant des réductions de moins
de 15.000 teqCO2 par an, jusqu'à 30.000dollars pour les projets dont
les réductions sont supérieures à 200.000 teqCO2 par
an33(*).
Dans cette situation, les coûts d'enregistrement,
couplés aux frais logistiques propres aux projets MDP déterminent
que le montage de ce type de projet ne soit pas une tache aisée (des
coûts estimatifs d'un projet MDP sont fournis à l'annexe III).
Ainsi donc, la rentabilité des petits projets dans le cadre du MDP se
voit pénalisée par rapport aux autres mécanismes de
flexibilité. Une étude du gouvernement français34(*), sur la base d'une
hypothèse des prix des crédits d'émission de l'ordre de 3
€ teq CO2, affirme que :
· Un projet est «rentable» s'il produit des
réductions d'émissions de plus de 50.000 teq CO2 par an.
· Pour les projets générant entre
30.000 et 50.000 teq CO2 par an de réductions d'émissions, le
projet peut être « rentable», mais une étude approfondie
sera souvent nécessaire avant d'aller plus loin.
· Pour les projets générant moins de
30.000 teq CO2 par an, il y a une forte probabilité que le coût de
préparation du projet MDP soit trop élevé par rapport aux
revenus « carbone » attendus. Dans ce cas, il faut noter que le
projet a des chances de bénéficier d'une procédure
simplifiée, dit procédure pour des projets à « petite
échelle.»
Il est important de préciser que certains projets
bénéficient d'un traitement préférentiel en ce qui
concerne la détermination de la ligne de base et la procédure de
validation et registre. Il s'agit pour l'essentiel des projets d'énergie
renouvelable à capacité inférieur à 15 MW, des
projets d'efficacité énergétique et de réduction de
consommation de moins de 15 GWh par an, et des activités qui
émettent moins de 15.000 teq CO2 par an.
3.4.7 Instabilité politique en Afrique.
Comme tous les projets d'investissement étranger direct
(IDE) de moyen et long terme, les projets MDP sont confrontés à
des risques «pays» découlant du cadre réglementaire
peu-développé dans les domaines des flux de capitaux, des
finances et de la comptabilité, des stratégies politiques et des
incertitudes économiques ( disponibilité de devises et risques
liés au transfert de change, crise socio
politique) .L'instabilité politico- militaire en Afrique les
pénalise dans ce sens. D'ailleurs, les cinq derniers rapports doing
business de la Banque Mondiale place la plupart des pays africains dans une
fourchette de 140 à 181 ème rang mondial en terme de
« facilité de faire des affaires » sur 181
pays.
Chapitre IV. CONTRIBUTION DES PROJETS MDP AU
DEVELOPPEMENT DURABLE : L'EXEMPLE IVOIRIEN
4.1Vulnérabilités et Impacts du
changement climatique en Côte d'Ivoire
La Côte d'Ivoire est responsable d'environ moins de
5,2Mt CO2 (année 2004) avec une variation annuelle de -0,3%.
Malgré ce taux relativement faible, le pays est soumis, comme tous les
autres, à une série de dangers dus aux changements climatiques.
La vulnérabilité des zones côtières, des eaux, de la
forêt, de l'énergie et des conditions de vie des
collectivités humaines (alimentation, habitat, santé, cadre de
vie) ont été examinés ou évoqués à
travers la communication nationale initiale sur les changements
climatiques(2000).
Selon ce document référencé, le littoral
ivoirien est marqué par une grande superficie de terres
vulnérables à toute augmentation du niveau de la mer. Il a
été évalué entre 2,355 à
6,750 milliards de FCFA, les pertes de terre en cas de submersion de 0,5
et 2 m. Les processus industriels, la disponibilité en
énergie et la qualité de la vie seront touchés
sévèrement en cas de modification du climat quelle que soit sa
manifestation (inondations, crues, tempêtes, sécheresse, ouragans
et tornades, etc.).
Tableau 5 : Populations
vulnérables à l'élévation du niveau marin
|
Elévation du niveau de la
mer
|
Scenarii
|
0,5m
|
1m
|
2m
|
Population affectée en
milliers
|
1475
|
2455
|
3490
|
% de la population totale
|
0,11
|
0,18
|
0,24
|
Source : Communication Nationale
Initiale de Côte d'Ivoire, (2000), page 56
4.2 Mesures d'atténuation des Gaz à Effet
de Serre dans le cadre du MDP
Dans ce contexte, afin de se positionner favorablement dans le
système international d'atténuation du changement climatique, la
Côte d'ivoire a ratifié de nombreux accords environnementaux
multilatéraux et notamment les conventions internationales de la
génération Rio. La mise en place du PNAE (Plan National d'Action
Environnementale en Côte d'Ivoire) constitue le cadre de
référence des préoccupations environnementales et les
stratégies du développement durable. Sa mise en oeuvre s'est
traduite par la promulgation du code de l'environnement, et de ses
décrets d'applications, élaboration de la communication
nationale initiale...
Bien que le processus de ratification du PK35(*) ait été assez
lent, la Côte d'Ivoire a mis en place le dispositif institutionnel
nécessaire et a initié une série d'action liées au
MDP. Une AND a été désigné dont le point focal est
l'Agence Nationale de l'environnement (ANDE), son rôle, son
fonctionnement ont été déterminés. Autant
d'instruments et d'activités qui illustrent l'engagement du pays
à lutter contre les émissions de GES. Le but étant de
permettre au pays de maximiser les profits liés aux nouveaux
mécanismes économiques, notamment le MDP, tout en contribuant
à la réduction d'émissions de GES. Cette stratégie,
élaboré était fondée sur les axes suivants :
- la définition des critères de
développement durable des projets MDP pour le pays ;
- l'identification du potentiel MDP et la promotion des
projets MDP sur le territoire national ;
- la recherche du financement nécessaire aux projets
MDP ;
- l'établissement des méthodes pour la
formulation de scénarios de référence et critères
d'additionnalité .
Bien que la plupart de ces axes ont été mise en
oeuvre, les résultats en Côte d'Ivoire à l'instar des
autres pays en terme de projets MDP enregistrés reste presqu'inexistant.
La figure suivante fournit une illustration à ce propos.
Figure 6 : répartition des
projets MDP en Afrique
Source : l'auteur à partir des
données de la CCNUCC, http:/cdm.unfccc.int
Malgré son fort potentiel MPD, la Côte d'Ivoire
reste le parent pauvre du MDP. A ce jour on note 19 projets dans le
portefeuille de projets MDP à un stade très peu avancé
dont fort heureusement un vient d'être enregistré en juillet
2009. (Annexe III pour le portefeuille détaillé).
En plus des obstacles généraux
énumérés plus haut, plusieurs contraintes empêchent
une mise en oeuvre effective du MDP sur le territoire ivoirien. Il s'agit
notamment de :
Ø Manque de financement : la plupart
des projets MDP ivoiriens sont de petites tailles. Or ces projets à
petite échelle se voient pénalisés par des coûts de
transaction et de montage qui sont relativement élevés. La
possibilité de regrouper plusieurs petits projets ( MDP programmatique )
afin de les rendre intéressants pour l'acheteur des URCEs est une option
qui n'a pas encore été explorée dans le pays. Le manque de
financement intérieur pour ce type de projets étant un facteur
qui rend plus difficile leur montage.
Ø Perception de risque: la Côte
d'Ivoire sort d'une crise politico militaire. cela place le pays au
169ème rang selon le rapport « doing
business » de la banque mondiale de 2008. la perception
internationale sur le risque d'investir en Côte d'ivoire constitue donc
un facteur pénalisant, ce qui place le pays dans une situation
défavorable par rapport aux projets MDP.
Ø Manque d'information : L'information
diffusée sur le dispositif MDP, sur les règles de formulation des
projets et sur la dynamique du marché est insuffisante. La plupart des
potentiels bénéficiaires des projets ne maîtrisent ni les
modalités d'opération du MDP , ni le fonctionnement de ce
marché. Malgré toutes ces difficultés, force est de
constater que, la Côte d'Ivoire est en passe de concrétiser un
projet.
4.3 Projet SITRADE - Du traitement des déchets
solides municipaux d'Abidjan à la production d'électricité
(Côte d'Ivoire).
Le projet SITRADE est situé à la cité de
Bingerville à 16 Km de la ville d'Abidjan. La ville d'Abidjan à
produit de 1965 à 2004, plus de 20 millions de tonnes de
déchets soit une production moyenne annuelle de 808 000 tonnes
.SITRADE est une Société ivoirienne de traitement des
déchets (SITRADE), qui gère des décharges d'ordures
ménagères à Abidjan.
4.3.1 Description du projet
Le projet consiste à un traitement des ordures
ménagères pour produire de l'électricité et des
engrais organiques. Le principe est relativement simple. En se
décomposant, les déchets produisent du méthane, un gaz
à effet de serre très nocif. Après le CO2 et le
fréon, le méthane est la troisième cause du
réchauffement de la planète. SITRADE a décidé de le
capter pour produire de l'électricité. Les déchets
décomposés sont ensuite convertis en engrais organiques, du
compost pour l'agriculture.
Le projet vise également d'autres objectifs
environnementaux , notamment la mise à disposition des
municipalités d'une nouvelle méthode de traitement de
déchets dans l'agglomération d'Abidjan comprenant une
unité de triage de 3000 tonnes de déchets/jour et le
confinement des déchets biodégradables sélectionnés
pour optimiser la production du biogaz sur un nouveau site de 50 hectares
contigu au site actuel de la décharge ainsi que la protection des
nappes d'eaux souterraines contre la contamination. Ce projet permettra de
construire une centrale électrique à biogaz d'une capacité
de 25 giga wattheures. Ce projet coûtera 6 milliards de Fcfa et traitera
annuellement 200.000 tonnes de déchets, pour obtenir 25 giga wattheures
(GWh) d'électricité dont la Compagnie ivoirienne
d'électricité aura en charge la distribution et 30.000 tonnes
de compost par an, au profit de l'agriculture.
Dans la mesure où la capacité de
génération électricité de ce projet est assez
faible par rapport aux besoins nationaux, il ne peut pas être
considéré comme un projet de substitution
énergétique dans le sens stricte du terme. Il s'agit d'un central
à biogaz à titre expérimental : un laboratoire qui
contribuera à la maîtrise nationale d'une énergie propre et
renouvelable, qui peut représenter à long terme une alternative
en matière d'approvisionnement énergétique, pourvu que les
résultats et bilans tirés du projet démontrent la
viabilité économique, technique et environnementale de
l'énergie propre en Côte d'ivoire.
Tableau 6 : Acteurs et leur rôle dans
le projet
Acteurs
|
Rôle
|
SITRAD
|
Gestionnaire du projet
|
Partenaire français ECOSUR
|
Assurer la sécurité de l'achat des crédits
carbone
|
Partenaire belge( cargill)
|
Client
|
Source : Etude d'impact environnementale du Projet SITRADE ,
2008
4.3.2 Scénario de référence
La production d'électricité en Côte
d'Ivoire est basée essentiellement sur l'hydro-électricité
(604MW) et le thermoélectrique (606MW). Le parc électrique actuel
a une capacité de 1213MW avec une demande de pointe de 5804GWh. La
demande en électricité connait un taux d'accroissement annuel
d'environ 5,9%.
D'après le plan de développement
énergétique du gouvernement, les options visant à
satisfaire la croissante de cette demande énergétique surtout
extérieure (Ghana, Burkina Faso, Togo, Mali) sont pour la plupart
liées à la filière thermique. Ainsi, pour les
années à venir, un plan ambitieux d'investissement de plus de
1000 milliards FCFA est envisagé en production, transport, distribution
et électrification local. Il s'agit de (i) l'extension de la centrale
CIPREL (phase3),ajout d'une turbine à gaz 111MW sur site passant ainsi
de 210MW à 310MW. Avenant signé en mai 2008, mise en service
décembre 2009 ; (ii) l'extension de la centrale AZITO, en cycle
combiné par ajout d'une turbine a vapeur de 150 MW et (iii)
l'installation de 4 centrales thermiques d'Abidjan ; 3 unités de
150MW.
Ce qui a pour conséquence une augmentation des
émissions de GES liées à cette filière. Une
expansion du secteur de génération électrique axée
sur la filière thermique serait donc à longue terme,
contradictoire avec les objectifs d'atténuation du changement
climatique.
4.3.3Description des réductions d'émission
et d'additionalité
L'exploitation du biogaz des ordures d'abidjan , est un projet
à faible capacité d'énergie renouvelable (25Gwh). La
totalité de cette production sera écoulée dans le
réseau d'interconnexion .De plus, la production électrique de ce
projet déplacerait des unités de production correspondantes des
autres filières, considérées comme moins propres en termes
d'émissions de GES. Dans ce contexte, on n'estime que le total de
réductions d'émissions ainsi obtenues s'élevé
à 71 000 teqCO2/an.
4.3.4 Contraintes en l'absence du MDP
La démonstration de l'aditionnalité à
consisté à l'analyse des barrières suivantes pouvant
empêcher la réalisation du projet sans l'activité du
MDP : barrière financières, barrière technologique,
barrière de pratique courante et les autres barrières
(informationnelles, institutionnelles, réticence face aux nouvelles
technologies)
v barrières technologiques :
L'exploitation du biogaz des ordures d'abidjan est le premier projet MDP en
Côte d'Ivoire. Les ingénieurs disponibles au niveau local n'ont en
général pas la formation adéquate pour la conception, la
mise en place et l'opérationnalité de cette technologie. Dans
les programmes offerts par les universités locales, la technologie de
l'énergie à biogaz est quasi inexistante. Par conséquence,
le projet peut être considérée comme additionnel dans la
mesure où l`absence de personnel qualifié maîtrisant la
technologie est un facteur qui empêcherait la réalisation du
projet.
v barrières d'investissement : la
principale barrière à l'adoption de cette technologie est le
facteur financier. Dans la mesure où ce type de projet comporte plus de
risque par rapport aux projets hydroélectrique où des projets
liés à la combustion d'énergies fossiles. Les indicateurs
et les mesures permettant la structuration et le montage de ce projet ont
été effectués à titre indicatif étant
donné l'inexistence de paramètres comparatifs sur le plan
national.
v obstacles relatifs à la pratique en la
matière : Etant le premier projet MDP en Côte d'ivoire
voire dans l'espace UEMOA, il n'y a ni une expertise nationale ni sous
régionale sur ce type de technologie. Dans la mesure où ce projet
n'est pas une pratique commune en matière énergétique. il
peut être considéré comme additionnel.
4.3.5 Bénéfices environnementaux et
socio-économiques du projet
En ce qui concerne la contribution du projet aux
bénéfices sociaux, la production d'énergie utilisant du
biogaz présente de nombreux avantages environnementaux. A l'inverse des
sources d'énergie utilisée pour produire de
l'électricité en Côte d'Ivoire, l'énergie du biogaz
ne produit ni polluant atmosphérique ni résidu susceptible de
contaminer le sol ou l'eau. Il en résulte une nette réduction de
la consommation des énergies fossiles et par suite une réduction
des émissions de GES. L'exploitation de ce site contribue au
développement en terme de santé, de développement
économique dans la mesure où il permet d'éviter la
contamination de la nappe phréatique du site.
Le projet génère un minimum de 210 emplois
pour son unité de traitement installés.
Le projet génère aussi des revenus pour
l'état à travers des taxes sur les équipements et les
impôts sur le revenu. De plus le matériel sera importé de
France, cela renforce le développement technologique entre les deux
pays. En effet, ce projet contribue à développer l'expertise
nationale dans l'installation et l'opération de cette filière, ce
qui constitue un exemple patent de transfert de technologie dans le cadre du
MDP. L'expertise acquise par le biais de la conception, la mise en oeuvre et
l'opération de ce projet devrait contribuer au développement
ultérieur de cette filière d'énergie renouvelable. Il
permet aussi de mettre en évidence la viabilité commerciale des
projets MDP en Côte d'Ivoire. Ceci serait de nature à faciliter
les investissements futurs visant au développement des projets dans tous
les domaines.
L'accroissement du composant d'énergie renouvelable
permet d'introduire ce type d'énergie dans le réseau national
d'interconnexion électrique. Etant donné que la zone
d'exploitation est peuplée d'une communauté qui présente
d'indices de pauvreté considérables, ce projet va contribuer au
développement de cette communauté à travers le
financement de divers projets communautaires notamment la restauration de
l'hôpital local, restauration du collège de la cité et de
l'orphelinat.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Les changements climatiques en Afrique représentent un
multiplicateur de menaces qui exacerbe les tendances, les tensions et
l'instabilité existantes.
Même si la contribution de l'Afrique au problème
du changement climatique est insignifiante, elle demeure le continent le plus
durement frappé par les impacts négatifs. Sa variabilité
climatique accrue, couplée avec la très grande dépendance
des économies africaines à l'agriculture et la consommation
directe des ressources naturelles, y crée un potentiel
élevé pour que le changement climatique global ait des
conséquences dramatiques. Le changement climatique imposera un
coût important pour l'économie, le développement humain et
l'environnement.
Des systèmes de marché efficaces sont l'un des
facteurs clés de succès de l'atténuation du changement
climatique et du développement durable. Pour les PED comme l'Afrique, le
MDP pourrait représenter un outil important de mobilisation de capitaux
et de transfert de technologies visant à promouvoir les systèmes
forestiers durables, la gestion durable des déchets urbains et pallier
au déficit énergétique que connait le continent.
Malgré, sa part encore insignifiante des émissions anthropiques
de GES (moins de 4%), l'Afrique, tout comme le reste du monde, peut offrir un
potentiel intéressant d'évitement ou de stabilisation de ces
gaz.
Cependant, plusieurs défis demeurent aux niveaux
national et international. Un plan cadre visant à renforcer des
capacités institutionnelle et humaine, un financement adéquat,
une assistance ciblée, des liaisons avec les organismes de supports au
développement doit être élaboré .C'est ainsi que
nos recommandations s'inscrivent dans la droite ligne de ce plan visant
à déverrouiller le potentiel des projets MDP en Afrique:
Renforcement des capacités : Les
efforts de renforcement de capacité des consultants locaux et les
porteurs de projets et autres acteurs doivent être poursuivis, y compris
avec le secteur privé. Ces activités techniques de renforcements
de capacités devraient s'appuyer sur des stratégies
d'apprentissage par la pratique. Impliquer d'avantage les universités
africaines pour la recherche locale et le développement. A cet effet,
une assistance technique et activités de recherche et
développement sont nécessaires pour garantir une pleine
efficacité et soutenabilité des technologies propre.
Lever les barrières
institutionnelles : Un appui reste nécessaire pour
développer l'expertise et les cadres institutionnels locaux qui
conditionnent l'accès des porteurs de projets. Les institutions
concernées de chaque pays devraient être sensibilisées sur
leurs rôles essentiels de facilitateurs du développement du MDP,
afin qu'elles puissent prendre les mesures nécessaires pour supprimer
les barrières sectorielles spécifiques qui découragent les
promoteurs de projets de GES
Focaliser les efforts sur les projets
d'énergie propre : le MDP serait une opportunité pour
les pays africains qui doivent trouver des solutions pour leurs besoins
énergétiques , Donc il leur appartient de promouvoir un
accès approprié aux marchés de l'énergie, une
« flexibilité fiscale » adéquate car jusqu'à
présent, les lacunes réglementaires dans le secteur
énergétique de la région freineraient ou
empêcheraient les projets d'énergie propre de vendre leur
production d'énergie.
Rôle actif du secteur privé :
Bien que le secteur privé de l'Afrique subsaharienne soit
de petite taille, sa mobilisation serait très importante. Dans d'autres
régions en développement, les projets d'énergie propre
éligibles au MDP ont été essentiellement
développés par le secteur privé, et la plupart des
contrats d'achat de réductions d'émissions ont été
signés avec des entreprises privées, lesquelles ont
montées elles-mêmes le financement de leur investissement.
Focus sur les barrières du financement en
Afrique : Du fait de leur petite taille, beaucoup de projets des
pays d'Afrique subsaharienne ont besoin d'une coordination internationale pour
faciliter le développement de grands projets. Il s'agit donc
de :
- rechercher des coopérations des organisations qui ont
pour objectifs la création de fonds d'achats de crédits carbone
et/ou d'outils financiers spécifiques au marché carbone (Fond
prototype carbone, Renewable Energy and Energy Efficiency Fund, etc.).
- envisager la création d'un fonds pour le transfert
des technologies qui devrait être alimenté par les pays
industrialisés et dans lequel les pays en développement
pourraient puiser pour financer des projets de technologies
énergétiques propres ou pour acheter des brevets.
- alléger certains frais liés aux coûts
exorbitants de transaction des projets MDP qui affectent l'attractivité
des petits projets MDP. Encourager le niveau d'enregistrement des projets MDP
sous un programme d'activités (Activités programmatiques), pour
bénéficier du financement additionnel.
Assistance ciblée : Renforcer une
coopération avec la Banque Mondiale afin d'aider les pays africain
à s'organiser sur le plan institutionnel, technique et financier. Il
convient de renforcer l'assistance de la finance carbone qui est un instrument
financier destiné à attirer des ressources financières et
les diriger vers des investissements à faibles émissions de
carbone.
Fonds carbone post-Kyoto sont nécessaires pour
internaliser les bénéfices globaux des
investissements : la plupart des transactions de
financement carbone sont limitées à la « première
période d'engagement » du protocole de Kyoto, laquelle se termine
en 2012. Du fait de l'incertitude quant au régime post-Kyoto, il est
difficile, voire impossible, pour les projets MDP de monétiser leurs
réductions d'émissions de GES au-delà de 2012.De nouveaux
fonds carbone achetant des URCE post 2012 sont une condition primordiale pour
que les pays de l'Afrique subsaharienne développent leur large potentiel
de projets MDP.
En ce qui concerne les projets UTUTF, il faut
promouvoir un cadre institutionnel approprié qui offre aux investisseurs
la stabilité (absence de conflits foncier) et de faibles risques ainsi
que le développement des statistiques de l'environnement.
La stabilité socio-politique des pays
s'avère importante pour la mise en oeuvre de ces recommandations.
En somme, la gestion du changement climatique par le
marché exige des mises au point et des ajustements sans fin. Elle doit
être soutenue par des observations et des analyses approfondies ainsi que
par des réformes politiques et réglementaires rapides et
réfléchies, au fur et à mesure que l'on prend conscience
de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas. Il faudra donc
établir des différences au sein du groupe des PED pour faire
évoluer le régime. Le Protocole de Kyoto a constitué une
contribution extraordinaire et riche d'enseignements qui nous a permis de mieux
comprendre comment financer la décarburation et la résistance aux
changements climatiques grâce aux mécanismes de marché.
Le flux de ressources liés à la mise en oeuvre
de ce mécanisme dépendra de la capacité des PED à
s'adapter aux conditions concurrentielles du marché.
Toutefois, l'efficacité de la lutte contre le
changement climatique ne saurait dépendre exclusivement de la mise en
place d'instruments économiques dans une logique compensatrice. Une
politique d'atténuation effective requiert en effet des changements
fondamentaux dans nos modes de consommation ,de production et de transport
dans une perspective de développement durable telle que le propose le
rapport Brundtland (1987).
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à effet de serre des Parties visées à l'annexe I de la
Convention pour la période 1990-2004, FCCC/SBI/2006/26, UNFCCC, oct.
2006.
ARTICLES
BOUKHARIE Sophie; « Forets ,le
grand Marchandage », UNESCO, 1999,
www.unesco.org
CORNUT Pierre; Le carbon lobby et le
Protocole de Kyoto, Atlas Conseil, mai 2004,
www.atlas.conseil.free.fr.
HOURCADE Jean-Charles; De La Haye à
Marrakech : entre succès symbolique et échec environnemental ?
L'énergie en France, EHESS-CNRS, fev, 2006.
www.annales.org
MATHY Sandrine; HOURCADE Jean-Charles; BOEMARE
Catherine; Le Protocole de Kyoto face au noeud gordien
environnement/développement, Centre International de Recherche sur
l'Environnement et le Développement Jardin Tropical, Journées
de l'AFSE - CERDI, 2005.
Ministère de L'Aménagement du Territoire
et de l'Environnement; Mécanisme de développement
propre, fiche No. 8.
www.atlas.conseil.free.fr
O.M.M. No. 743; Déclaration annuelle
de l'OMM sur l'état du climat mondial en 2005, OMM, 2006
P.V. Desanker, Le Protocole de Kyoto
et le MDP en Afrique: une bonne idée mais...FAO, décembre 2005
SAMIRA Elkhamlichi, A Review of CDM
Activities in Sub-Saharan Africa, 2008, World Bank,IETA
SITES INTERNET
www.mdpci.org:
site du MDP Côte d'Ivoire
www.unfccc.int:
Groupe Experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC)
www.hm-treasury.gov.uk:
Royaume Uni
www.wmo.ch:
Organisation mondiale météorologique
www.ieta.org
International Emissions Trading Association
www.carbonfinance.org:
World Bank Carbon Finance Unit
www.nasa.gov:
National Aeronautics and Space Administration
www.carbonfinance.org:
Prototype Carbon Fund.
www.web.upmf-grenoble.fr:
Pierre - Mendés
www.iepf.org:
Institut de l'énergie et de l'environnement de la Francophonie
ANNEXES
ANNEXE I : Liste des
parties de l'annexe I à la Convention Cadre des Nations Unies
pour le Changement Climatique
Allemagne
|
Espagne
|
Italie
|
Pologne(a)
|
Australie
|
Estonie(a)
|
Japon
|
Portugal
|
Autriche
|
Etats Unis d'Amérique
|
Lettonie(a)
|
République tchèque(a)(b)
|
Belarus(a)(d)
|
Fédération de Russie(a)
|
Liechtenstein(b)
|
Roumanie(a)
|
Belgique
|
Finlande
|
Lituanie(a)
|
Royaume-Uni
|
Bulgarie(c)
|
France
|
Luxembourg
|
Slovaquie*
|
Canada
|
Grèce
|
Monaco(b)
|
Slovénie(a)(b)
|
Communauté européenne(c)
|
Hongrie(a)
|
Norvège
|
Suède
|
Croatie(a)(b)
|
Irlande
|
Nouvelle Zélande
|
Suisse
|
Danemark
|
Islande
|
Pays Bas
|
Ukraine(b)
|
(a) Pays en transition vers une économie de
marché.
(b) Pays ajoute par un amendement entre en vigueur le 13 aout
1998
N. B Les Parties visées à l'annexe B du protocole
de Kyoto sont les pays développés et les pays à
économie en transition de l'annexe I.
Les pays dit « non annexe B » du Protocole
sont les pays en développement.
ANNEXE I1. Cycle de projet MDP
Source: guide des mécanismes de projets prévus
par Kyoto
Annexe III : coût estimatif d'un projet : Cas
simplifié des couts et recettes associés aux projets MDP
Etapes d'un projet
classique
|
Etapes
supplémentaires
pour un projet MDP
|
Projet 1
Développement
d'une ferme
éolienne de 20
MW
|
Projet 2
Installation de
20.000 systèmes
solaires
domestiques
|
Projet 2
Centrale mixte
Bagasse - charbon
de 70 MW
|
Coût d'investissement du projet
horsMDP
|
20.000.000 €
|
16.000.000 €
|
€ 100.000.000
|
Réduction d'émissions
générées par le
projet (URCEs)
Revenu brut issu de la vente des
URCEs
(Hypothèse : 1 teqCO2/an = 5
€
|
40.000 teqCO2/an
2.000.000 €
|
80.000 teqCO2/an
400.000 €
|
130.000teqCO2/an
6.500.000 €
|
Coût -phase de préparation du
projet
|
Etudes de
faisabilité
|
Documentation du
projet : scénario de
référence, plan de
suivi, recherche
d'information pour
rédiger le PDD
|
5.000 €
|
5.000 €
|
15.000€
|
Elaboration du
projet
|
Renseignement du
PDD ; concertation
avec le pays hôte
|
30.000 €
|
20.000 €
|
60.000 €
|
Approbation du
projet
|
Validation par
l'entité
opérationnelle
|
15.000 €
|
15.000 €
|
30.000 €
|
Négociation d'un
contrat d'achat
|
Développement
d'un contrat d'achat
des réductions
d'émissions
|
Le coût est assumé
par l'acheteur des
URCEs
|
Le coût est assumé
par l'acheteur des
URCEs
|
Le coût est assumé
par l'acheteur des
URCEs
|
Enregistrement du
projet.
|
Coût
d'enregistrement
auprès du Conseil
exécutif du MDP
|
15.000 €
|
5.000 €
|
15.000 €
|
Total
|
65.000 €
|
45.000 €
|
120.000 €
|
Cout - phase opérationnelle
|
Production /
fonctionnement,
maintenance,
gestion
|
Suivi et vérification
|
Coût interne pour
le suivi : 5.000 €
tous les deux ans
pour la vérification, sur 10 ans, soit 25.000 €
|
Coût interne pour
le suivi : 10.000 €
tous les deux ans
pour la vérification, sur 10 ans, soit 50.000 €
|
Coût interne pour
le suivi : 10.000 €
tous les deux ans
pour la vérification, sur 10 ans, soit 50.000 €
|
Frais de vente des
URCES
|
35.000 € sur 10
ans
|
20.000 € sur 10
ans
|
70.000 € sur 10
|
Contribution
|
Versement au fonds
d'adaptation
|
2% des URCEs,
soit 40.000 € pour
10 ans
|
Non applicable
aux PMA
|
2% des URCEs,
soit 130.000 €
pour 10 ans
|
total
|
100.000 € sur 10
ans
|
70.000 € sur 10
ans
|
250.000 € sur 10
Ans
|
Impact du MDP sur la viabilité du
Projet
|
Revenu net de la vente des URCEs /
Investissement total du projet en %
(non
Actualisé)
|
10 %
|
1.8 %
|
6.5 %
|
Intérêt du volet MDP
|
Très fort
|
Moyen dans le cas
présent, pouvant
devenir fort en
regroupant des
projets similaires
|
Fort
|
Source : Guide des
mécanismes prévus par KYOTO si
N°
|
CATEGORIE
|
PROJETS
|
REDUCTION DE GES PAR AN
|
Coût d'investissement
|
STADE ACTUEL DU PROJET
|
ORGANISATION
|
1
|
Traitement des déchets
|
Production d'électricité à partir
des Déchets Solides Ménagers du district d'Abidjan
|
71 813 teq CO2
|
16 450 000 €
|
PDD
Projet enregistré par le Conseil exécutif
MDP
|
SITRADE
|
2
|
Traitement des déchets
|
Réhabilitation de la décharge
d'Akouédo et production de biogaz et
d'électricité
|
932 589 teq CO2
|
132 000 000 dollarsUS
|
PDD
|
EOULEE
|
3
|
Traitement des déchets
|
Production d'électricité par
méthanisation des déchets solides à Daloa
|
90 000 teq CO2
|
9 970 000 €
|
PIN
|
ENVIR'MANIA
|
4
|
Efficacité énergétique
|
Amélioration de l'efficacité
énergétique dans 40 bâtiments publics en Côte
d'Ivoire.
|
19 494 teq CO2
|
5 000 000 dollarsUS
|
PDD
|
BNETD
|
5
|
Réduction de la demande
d'énergie
|
Diffusion de lampes basse consommation dans le secteur
résidentiel en cote d'ivoire
|
375 585 teq CO2
|
|
PIN
|
DIRECTION ENERGIE
|
6
|
Boisement
|
Création de reboisement à usage de puits de
carbone dans le district d'Abidjan
|
54 000 teq CO2
|
553 000 dollarsUS
|
PIN
|
MINEEF
|
7
|
Boisement
|
Complantation
|
80 000 teqCO2
|
163 270 174 dollarsUS
|
PDD
|
SODEFOR
|
8
|
Déchets énergie
|
Economie d'énergie par la production
d'électricité avec des résidus de bois dans les scieries
en cote d'ivoire
|
892 800 t CO2e
|
33 500 000 dollarsUS
|
PIN
|
DISA
|
9
|
Biomasse énergie
|
Du gaz naturel à l'utilisation de la biomasse
énergie pour la cogénération
|
33 000 teqCO2
|
1 846 000 dollarsUS
|
PIN
|
SANIA
|
10
|
Biomasse énergie
|
Projet de production d'énergie électrique
à partir de résidus de biomasse
|
100 000 teq CO2
|
40 000 000 dollarsUS
|
PIN
|
BIOKALA SA
|
11
|
Traitement de déchets / biogaz
(cogénération ?)
|
Séchage de cacao par brûlage de biogaz dans
le Sud -Ouest et le Centre -Ouest de la Côte-d'Ivoire
|
30 730 t CO2eq
|
9 600 000 dollarsUS
|
PIN
|
ANADER
|
12
|
Energie Renouvelable
Hydroélectricité
|
Centrale hydroélectrique d'Aboisso -
Tiassalé
|
96 000 teqCO2
|
72 000 000 dollarsUS
|
PIN
|
SOPIE
|
13
|
Production énergétique
|
Projet de cogénération :
Electricité et chaleur à partir des Déchets animaux
|
18 000 teq CO2
|
|
PIN
|
ADERCI
|
14
|
Biomasse énergie
|
Projet de cogénération
Électricité à partir de la biomasse bois à l'Ouest
de la Côte d'Ivoire
|
414 000 teq CO2
|
4 900 000 €
|
PIN
|
ADERCI
|
15
|
Production énergétique
|
Projet de tri génération :
Electricité, chaleur et granulés à partir des
Déchets forestiers
|
90 000 teq CO2
|
|
PIN
|
ADERCI
|
16
|
Production énergétique
|
Electricité rurale à partir d'une Centrale
alimentée à l `huile de jatropha
|
158 400 teq CO2
|
|
PIN
|
ADERCI
|
17
|
Efficacité énergétique/ demande en
énergie
|
Diffusion des lampes basse consommation Eclairage
public/district d'Abidjan
|
57 400 teq CO2
|
|
PIN
|
ADERCI
|
18
|
Mini Hydro. Production
énergétique
|
Mini Hydroélectricité à Aboisso/Sud
Comoé
|
45 000 teq co2
|
|
PIN
|
ADERCI
|
19
|
Transport
|
Développement du transport lagunaire
|
Non disponible
|
|
PIN
|
SOTRA
|
Annexe IV : Portefeuille de projet MDP/ Côte
d'Ivoire .PDD : Document Descriptif de projet
PIN : Note d'identification de projet Source : AN-MDP/ANDE
Côte d'Ivoire
* 1 STERN, Nicholas; Stern
Review on the Economics of Climate Change, HM Treasury, Royaume Uni, Oct.
2006. www.hm-treasury.gov.uk
* 2 Ce sont des gaz qui
absorbent et réfléchissent le rayonnement infrarouge dans
l'atmosphère
* 3 Confère annexe I pour
le détail de ce groupe de pays
* 4 http:/www.unfccc.int
* 5 Le chimiste
suédois S. Arrhenius analyse le mécanisme de
l'effet de serre
* 6 Pierre
CORNUT; « Le carbon lobby et le Protocole de
Kyoto », Atlas Conseil, mai 2004,
http://atlas.conseil.free.fr.«
Avec l'aide d'une minorité de scientifiques sceptiques, la coalition et
ses membres vont d'abord remettre en cause les conclusions du GIEC. Pour carbon
lobby, les modèles climatiques sont biaisés et l'augmentation de
la température n'est pas due à l'homme. Les pétroliers et
leurs alliés contestent aussi le principe de précaution, en vertu
duquel il conviendrait d'agir sans attendre que toutes les incertitudes soient
levées.
* 7 GIEC; Troisième
rapport d'évaluation du GIEC sur l'évolution du climat, OMM,
PNUE, 2001
* 8 Rapport spécial
sur les scénarios d'émissions (RSSE) , il s'agit de
scénarios d'émissions hypothétiques utilisés dans
le Troisième rapport d'évaluation du GIEC afin d'illustrer les
projections climatiques)
* 9 HANSENE J. et al, Global
temperature change, NASA, 2006.www.nasa.gov
* 10 Le
phénomène El Niño / oscillation australe (ENSO)
est la plus forte fluctuation naturelle du climat à une échelle
de temps interannuelle. il a été associé à des
réchauffements d'une ampleur inhabituelle. Toutefois, ce
réchauffement côtier va souvent de pair avec un
réchauffement anormal de plus grande ampleur de l'océan, qui se
manifeste jusqu'à la ligne internationale de changement de date.
* 11
Programme d'action nationaux d'adaptation PANA, UNITAR , juillet 2004
.Les PMA forment un groupe de 50 pays identifiés par les nations unies
comme la fraction la plus pauvre et la plus vulnérable de la
communauté internationale.www.unfcc.int/www.unitar.org.70% de ces pays
se trouvent en Afrique subsaharienne.
* 12 ONUAA, "Two essays on
climate change and agriculture : A developing country perspective", Economic
and social development paper, n°145, Rome, 2000
* 13 OMS, Rapport sur la
santé dans le monde : façonner l'avenir, Genève,
2003
* 14 Van Lieshout M.,
Kovats R.S., Livermore M.T.J. et Martens P., (2004), Climate change and
malaria : analysis ofthe SRES climate and socio-economic scenarios, Global
Environmental Change, n°14, pp.87-99, avril 2004.
* 15 Sachs J.D., Mcarthur
J.W., Schmidt-Traub G., Kruk M., Bahadur C., Faye M. et McCord G., "Ending
Africa'sPoverty Trap", Brookings Papers on Economic Activity, 2004,
pp. 117-240.
* 16 GIEC, Second rapport
d'évaluation, 1995.
* 17 KEMFERT Claudia; TRUONG
P; BRUCKNER Thomas; Economic Impact Assessment of Climate Change.
Institut Allemand de recherche économique, DIW, Berlin, 2005.
www.diw.de
* 18 CCNUCC, 1992; Article
2.
* 19 Protocole de Kyoto,
1997 ; Article 3
* 20 Lors de la signature du
PK en 1997, les Parties de l' Annexe I (pays industrialisés et en voie
de transition) se sont engagées à réduire leurs
émissions de gaz à effet de serre, la réduction globale
devant atteindre 5,2 % dans la période 2008-2012 par rapport au niveau
de 1990. L'Union européenne (UE), quant à elle, s'est
engagée à réduire ses émissions des 8% et a obtenu
le droit de redistribuer son objectif entre ses 15 États membres. Les
pays en développement n'ont, à ce jour, aucun engagement
quantitatif de réduction des émissions des GES.
* 21 Les règles,
modalités et procédures des mécanismes de
flexibilité ont été adoptées en 2001 lors de la
7e Conférence des Parties à la Convention cadre sur
les changements climatiques, à Marrakech
* 22 Commission
fédérale du développement durable, CFDD; Avis sur les
mécanismes de flexibilité du Protocole de Kyoto, Belgique, oct.
1999. www.belspo.be
* 23
www.iepf.org; Guide des
mécanismes de projet prévus par le PK : le MDP, page 15
* 24
www.ipef.org/ ; Guide des
mécanismes de projet prévus par le PK : le MDP, ,page
16
* 25 Le niveau des
émissions de la ligne de base et celui d'un projet donné doivent
exprimer en taux d'émission(TCO2-équivalent/MWh ;
TCO2-équivalent/m 3)
* 26 Fuites correspondent
à certaines émissions, ayant une incidence sur la ligne de base
ou attribuables au projet , sont produites ailleurs et sont très
difficiles à cerner et à quantifier avec précision.
* 27 Article 12 du protocole
de Kyoto
* 28 C'est l'approche de
réduction de risque de changement rapide du climat, pour les quels les
dommages futurs sont maitrisés ou la société s'adapte
à de nouvelles conditions
* 29 The Word Bank and
International Emissions Trading Association; State and trends of the carbon
market 2007, may 2007
* 30CCNUCC; Rapport sur les
données présentées dans les inventaires nationaux de gaz
à effet de serre des Parties visées à l'annexe I de la
Convention pour la période 1990-2004, FCCC/SBI/2006/26, UNFCCC, oct.
2006
* 31 Chaque gaz avec son
PR : CO2(1), CH4(21), NO2(310), HFC(6500), PFC(9500) ;
SF6(23900) :ce qui signifie que l'émission d' une tonne de CH4
évitée équivaut à l'émission de21 tonnes
de CO2.
* 32 Le boisement
consiste à planter les arbres dans des secteurs où la forêt
n'était pas présente dans les 50 dernières années
/le reboisement consiste à planter les arbres dans des secteurs qui
avaient précédemment portés des forêts, mais qui
n'en portaient plus à la date du 31décembre 1989
* 33 UNFCCC, Comité
exécutif du MDP; Initial administration fee («registration
fee») at registration stage of the CDM project activity, UNFCCC
* 34; Guide de
mécanismes des projets prévus par le protocole de Kyoto: Le
mécanisme de développement propre, Tome B, 2ème
édition.
* 35 Le protocole de Kyoto a
été ratifie en Côte d'Ivoire le 23 avril 2007
|