Les rébellions sous le régime d'Idriss Déby (1990-2008)( Télécharger le fichier original )par Eugène Le-yotha NGARTEBAYE Université Jean Moulin Lyon 3 - Master 2 sciences politiques, option: sécurité et défense 2008 |
C- ProblématiqueL'image du Tchad reste attachée à de multiples scènes insurrectionnelles. Les rebellions foisonnent. Tantôt les rebellions arrivent à conquérir le pouvoir d'Etat, tantôt elles n'y parviennent pas. C'est une vie politique fortement militarisée que nous auront à analyser. Durant ces « années de poudre et de sang »14(*) la kalachnikov a trop souvent permis l'accès au pouvoir (de Ngakoutou Malloum à Goukouni Weddey, en passant de Hisseine Habré à Idriss Déby) et par voie de conséquence à l'ascension sociale. Cependant, l'avènement d'Idriss Deby au pouvoir a permis au pays de connaître une relative stabilité15(*). La prise du pouvoir par un mouvement rebelle devenait de plus en plus improbable. Toutefois, cette accalmie générale au niveau de la situation sécuritaire n'a jamais empêché les rébellions de se constituer et de continuer leurs attaques furent-elles sporadiques. Les évènements d'avril 2006 et de février 2008 dans la capitale N'djamena en sont la parfaite illustration. Dès lors, si la conquête du pouvoir par les armes semble révolue, pourquoi les rébellions se multiplient-elles sous le régime d'Idriss Deby ? Quelles sont les logiques qui animent ces rébellions ? S'agit-il toujours de la conquête du pouvoir ou simplement des actes de revanche contre un ancien allié, un ancien frère d'arme ou encore un ancien mentor ? D- HypothèsesAfin de répondre à ces différentes interrogations, nous formulons des réponses provisoires. Elles peuvent être confirmées ou infirmées. Pour les interrogations soulevées au sujet des rebellions sous le régime d'Idriss Deby de la période de 1990 à 2008, nous disons que : Les rebellions obéissent beaucoup plus à une logique d'ascension sociale, d'accumulation de richesses plutôt qu'à celle de la conquête du pouvoir. Elles participent davantage à des actes de vengeance et à une pratique visant à renforcer la domination et la pérennisation d'un clan au pouvoir. E- MéthodologiePar méthodologie, nous entendons donner les raisons qui guident notre modèle d'analyse (1), la justification du choix du sujet (2) et la technique d'investigation utilisée (3). 1- Modèle d'analyseL'analyse des rébellions sous le régime d'Idriss Deby ne peut être appréhendée avec les approches classiques rationnelles sur les questions sécuritaires. Ces approches se focalisent essentiellement sur les états, les interactions étatiques. Or ici la question sécuritaire se pose à l'intérieur d'un Etat, en l'occurrence le Tchad ; mais qui reçoit des échos dans les pays voisins. Pour ce faire, c'est dans les approches transnationalistes, qui postulent au dépassement des approches classiques de la sécurité, qu'il convient de rechercher l'outil théorique pouvant aider à comprendre la question des rébellions. En effet, pour les transnationalistes, la sécurité de l'Etat n'est plus menacée exclusivement par les Etats mais également par les acteurs non étatiques. Les transnationalistes se focalisent sur les individus et les groupes d'individus qui agissent en dehors de tout cadre étatique. Mais l'action des ces individus produit des effets sur la relation et la conduite des Etats. Il s'agit ici des conflits de basse intensité qui affectent l'Etat à l'intérieur de ses frontières. Ces conflits peuvent opposer les différents groupes d'un Etat entre eux ou contre le pouvoir central. Et c'est dans ce dernier cas de figure que se situe l'action des rébellions contre le pouvoir central incarné par Idriss Deby. En outre, cette approche nous permettrait de mettre en exergue les effets que peuvent produire ce conflit interne sur les autres pays, en l'espèce ses voisins proches ou plus largement de la région. Cet élargissement du conflit justifie ainsi la prise en compte des acteurs non étatiques pour étayer la question sécuritaire régionale ou sous régionale qui peut être affectée par les conflits intra étatiques. * 14 Jean Marc BALENCIE et Arnaud de La GRANGE, Les nouveaux mondes rebelles. Conflits, terrorismes et contestations. Paris, Michalon, 2005 p.165 * 15 idem |
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