4. DONNEES ÉPIDÉMIOLOGIQUES :
4.1. Le TDAH chez l'enfant
Le TDHA est un trouble fréquent dans l'enfance
puisqu'il touche 3 à 5% des enfants d'âge scolaire [36]
quelle que soit la localisation géographique dans le monde [15,32].
Jusqu'à récemment [33], l'idée
communément admise était que le TDAH s'observait uniquement
durant l'enfance et que la plupart des enfants hyperactifs ne
présentaient plus de symptômes après la puberté.
Depuis le début des années 1990, le devenir de ce trouble
à l'âge adulte est très étudié. Selon les
critères diagnostiques utilisés, 50 à 70% des enfants
ayant reçu un diagnostic de TDAH présenteraient encore des
manifestations de ce trouble à l'âge adulte [33]. Pour
Wender (1990) [42] près de 35% des enfants conserveront le
diagnostic de TDAH à l'âge adulte. En revanche, près de 80%
des patients conserveront des symptômes plus ou moins invalidants tout au
long de leur vie [43].
4.2. Le TDAH chez l'adulte
Aux États-Unis, selon une enquête
épidémiologique en population générale, environ 4%
des sujets souffrent d'un TDAH. La plupart n'avaient pas de traitement
spécifique pour le TDAH, même s'ils étaient soignés
pour d'autres troubles psychiatriques comorbides [15,27].
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 11
La «National Comorbidity Survey Replication »
(NCS-R) [28] est une étude épidémiologique
transversale, dans laquelle les différents troubles du DSM-IV sont
évalués chez près de 10000 sujets, âgés de 18
à 44 ans. Le dépistage du TDAH était basé sur un
questionnaire, l'« Adult ADHD Self-report Scale » (ASRS), et
associé à une validation clinique. Ainsi, Kessler et al (2006)
[27] rapportaient une prévalence de 4,4% du TDAH en
population générale aux Etats-Unis.
Dans les trois principales études longitudinales [7,38]
: Weiss et Hechtman à Montréal en 1985, Gittelman-Kleinet
Mannuzza à NewYork en 1985 et Taylor en Angleterre en 1996, la
persistance du trouble à l'âge adulte varie de 8 à 85% ce
qui correspond à une prévalence de 1 à 6 % chez les
adultes.
4.3. Prévalence du TDAH dans la population
addicte
Toutes les études longitudinales [6,7,15]
soulignent le risque accru de développer un trouble addictif chez les
adolescents et les adultes hyperactifs. Entre 25 et 50 % des
adultes hyperactifs auraient des problèmes d'abus ou de
dépendance aux substances psychoactives [6].
Pour Kessler 2006 [27], les adultes souffrant de
TDAH ont en moyenne trois fois plus de risque de développer une
comorbidité addictive, par rapport à la population
générale.
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 12
D'après l'étude de Biederman et al
[24] (1997), les adolescents avec ou sans TDAH ont le même
risque d'addiction aux substances psychoactives (SPA) (15%), mais par contre le
risque d'addiction aux SPA chez les adultes avec TDAH est plus
élevé par rapport au groupe témoin.
Yen et al [25] (2007) ont trouvé dans leur
étude que 17,9% des adolescents addictes à l'internet souffrent
de TDAH.
L'étude multicentrique de Sala et col [37],
portant sur 135 sujets composés de 75 femmes souffrantes de troubles de
conduites alimentaires (TCA) et de 60 hommes alcoolo-dépendants, montre
un taux de TDAH de 17% chez les personnes hospitalisées atteintes de
TCA, et de 23% chez les personnes alcoolo-dépendantes prises en charges
en hôpital de jour. Le risque est donc 7 fois supérieur à
celui de la population générale pour les patients traités,
que ce soit pour une alcoolo- dépendance ou un TCA.
Adler [2] et al en 2009, ont trouvé dans
leur étude de screening de TDAH chez les adultes toxicomanes (1064
patients) suivis dans un centre d'addictologie: 8,6 % de résultat
positif (échelle d'ASRS). Ces patients présentent les addictions
suivantes : cocaïne (43%), héroïne (27%), cannabis (22%) et
autre SPA (8%).
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