UNIVERSITÉ D'ANGERS
FACULTÉ DE
MÉDECINE
tqtoIqq;
Pour l'obtention de
DIPLÔME INTERUNIVERSITAIRE
« ADDICTIONS ET SOCIÉTÉ
»
NANTES 2009-2010
LES ADDICTIONS ET LES TROUBLE DU DEFICIT
DE
L'ATTENTION AVEC HYPERACTIVITE CHEZ
L'ADULTE :
Le dépistage
chez 47 patients héroïnomanes.
Soutenu le 21 octobre 2010 à NANTES
Par
Docteur Wassim CHEHADE
Directeur : Docteur Wen-I LIN
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 2
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 3
1. REMERCIEMENTS
A NOS MAITRES
Madame le Professeur Dominique
PENNEAU-FONTBONNE,
Monsieur le Professeur Jean-Luc
VENISSE
&
Madame le Docteur Corinne DANO
Nous avons eu l'honneur de suivre votre enseignement
brillant et chaleureux
Nous admirons votre rigueur et vous qualités
humaines
Vous nous faites le grand honneur de juger ce travail.
Nous
prions de trouver ici, l'assurance de notre pro fond respect
A Notre Directrice du mémoire
le Docteur Wen-I LIN
Psychiatre au CHS du
MANS
Au terme de ce travail, je tiens à vous exprimer ma
sincère
reconnaissance.
Chère consoeur, sachez que nulle
dédicace ne saurait
traduire notre haute reconnaissance et notre
grande estime.
Au Docteur Charles BOYER
Chef de service d'addictologie « Clinique
Prémartine »
Et son équipe
Remerciements à l'équipe du CSAPA du
MANS
Docteur Guylène CHOPLAIN
Remerciements à l'équipe du
CRISALID
&
Docteur Isabelle ROCHER (Chef du service)
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 4
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 5
SOMMAIRE
1. REMERCIEMENTS 3
2. LISTE DES SIGLES UTILISÉS 6
3. INTRODUCTION 7
4. DONNEES ÉPIDÉMIOLOGIQUES : 10
4.1. Le TDAH chez l'enfant 10
4.2. Le TDAH chez l'adulte 10
4.3. Prévalence du TDAH dans la population addicte 11
4.4. Le TDAH et la comorbidité psychiatrique 12
4.5. Le TDAH et les complications médico-légales
13
4.6. Le TDAH et le sex-ratio 13
5. GENERALITES SUR L'ASPECT CLINIQUE DU TDAH DE L'ADULTE 14
5.1. L'hyperactivité 14
5.2. L'impulsivité 14
5.3. L'inattention 15
6. GENERALITES SUR L'ETHIOPATHOGENIE DU TDAH 18
6.1. Les facteurs génétiques : 18
6.2. Les facteurs neurobiologiques 19
6.2.1 Hypothèse dopaminergique : 19
6.3. Les facteurs environnementaux : 21
6.4. Les liens entre le TDAH et les addictions : 22
6.4.1. Le TDAH et le tabac 22
6.4.2. Le TDAH et la cocaïne 23
6.4.3. Le TDAH et le cannabis 23
6.4.4. Le TDAH et autre addiction 24
7 . Notre Etude : Dépistage du TDAH chez 47 patients
adultes héroïnomanes suivis au
CSAPA du Mans. 25
7.1Méthodes et matériels 25
7.1.1. Méthodes 25
7.1.2. Matériels 26
8 . Résultats 29
9. Discussion 33
10. Conclusion 35
11. Bibliographie 37
12. Annexes 42
Annexe 1 42
Annexe 2 43
Annexe 2.1 : 43
Annexe 2.2 45
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 6
2. LISTE DES SIGLES UTILISÉS
ASRS: Adult Self-Report Scale
ASI: Addiction Severity Index
AUDIT: Alcohol Use Disorders Identification Test
BZD: BenZoDiazépines
CAST: Cannabis abuse screening test
CIM-10 : Classification Internationale des Maladies
CSAPA : Centre de Soins d'Accompagnement et de
Prévention en
Addictologie
CSST : Centre de Soin Spécialisé pour
Toxicomanes
DSM-IV: Diagnostic and Statistical Manual
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
SPA : Substance psychoactive
TAG : Trouble anxieux généralisé
TCA : Trouble du comportement alimentaire
TDAH : Trouble du déficit de l'attention avec
hyperactivité
THC: Tetra-Hydrocannabinol
MDQ: Mood Disorder Questionnaire
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
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3. INTRODUCTION
L
e trouble du déficit de l'attention avec
hyperactivité (TDAH) [23] chez l'adulte reste une
entité nosographique encore méconnue en France. En effet, ce
trouble reste largement sous-diagnostiqué.
Différents auteurs [15,23,33] constatent
qu'entre 50 et 70 % des enfants diagnostiqués comme ayant un TDAH
conservent des symptômes à l'âge adulte, essentiellement des
troubles de l'attention.
D'après Romo [35], environ 70% de ces
adultes présenteraient au moins un trouble psychiatrique associé,
parmi lesquels : les troubles de l'humeur, les troubles anxieux, l'abus et la
dépendance aux substances.
Le TDAH est considéré actuellement parmi les
comorbidités psychiatriques en addictologie (25 à 50 %)
[6] ou trouble de co-occurrence avec les pathologies addictives
[25,30].
Les symptômes principaux du TDAH peuvent
régresser après l'adolescence bien qu'ils persistent souvent
à l'âge adulte (à 80% selon Wender [43].
Par conséquent, il parait impératif de
repérer, aussitôt possible, dès l'enfance si possible, des
sujets ayant un TDAH dans le perspective de prévenir, à
l'âge adulte, des complications évolutives, notamment dans le
domaine de l'addiction [35].
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 8
Dans le perspective d'approfondir la question du lien entre le
TDAH et les addictions, l'idée de l'inclusion systématique d'un
questionnaire portant sur le TDAH lors de la consultation d'adolescents ou
d'adultes en addictologie nous a paru intéressant, et donc a
été à l'origine de notre travail au CSAPA du Mans.
Notre travail est composé de deux parties, une partie
théorique sous forme d'une revue de la littérature du TDAH de
l'adulte et son lien avec les conduites addictives et une partie pratique qui
consiste à un dépistage, du TDAH chez 47 adultes
héroïnomanes au CSAPA du Mans. Les résultats seront
comparés à ceux trouvés dans la littérature.
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 9
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 10
4. DONNEES ÉPIDÉMIOLOGIQUES :
4.1. Le TDAH chez l'enfant
Le TDHA est un trouble fréquent dans l'enfance
puisqu'il touche 3 à 5% des enfants d'âge scolaire [36]
quelle que soit la localisation géographique dans le monde [15,32].
Jusqu'à récemment [33], l'idée
communément admise était que le TDAH s'observait uniquement
durant l'enfance et que la plupart des enfants hyperactifs ne
présentaient plus de symptômes après la puberté.
Depuis le début des années 1990, le devenir de ce trouble
à l'âge adulte est très étudié. Selon les
critères diagnostiques utilisés, 50 à 70% des enfants
ayant reçu un diagnostic de TDAH présenteraient encore des
manifestations de ce trouble à l'âge adulte [33]. Pour
Wender (1990) [42] près de 35% des enfants conserveront le
diagnostic de TDAH à l'âge adulte. En revanche, près de 80%
des patients conserveront des symptômes plus ou moins invalidants tout au
long de leur vie [43].
4.2. Le TDAH chez l'adulte
Aux États-Unis, selon une enquête
épidémiologique en population générale, environ 4%
des sujets souffrent d'un TDAH. La plupart n'avaient pas de traitement
spécifique pour le TDAH, même s'ils étaient soignés
pour d'autres troubles psychiatriques comorbides [15,27].
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 11
La «National Comorbidity Survey Replication »
(NCS-R) [28] est une étude épidémiologique
transversale, dans laquelle les différents troubles du DSM-IV sont
évalués chez près de 10000 sujets, âgés de 18
à 44 ans. Le dépistage du TDAH était basé sur un
questionnaire, l'« Adult ADHD Self-report Scale » (ASRS), et
associé à une validation clinique. Ainsi, Kessler et al (2006)
[27] rapportaient une prévalence de 4,4% du TDAH en
population générale aux Etats-Unis.
Dans les trois principales études longitudinales [7,38]
: Weiss et Hechtman à Montréal en 1985, Gittelman-Kleinet
Mannuzza à NewYork en 1985 et Taylor en Angleterre en 1996, la
persistance du trouble à l'âge adulte varie de 8 à 85% ce
qui correspond à une prévalence de 1 à 6 % chez les
adultes.
4.3. Prévalence du TDAH dans la population
addicte
Toutes les études longitudinales [6,7,15]
soulignent le risque accru de développer un trouble addictif chez les
adolescents et les adultes hyperactifs. Entre 25 et 50 % des
adultes hyperactifs auraient des problèmes d'abus ou de
dépendance aux substances psychoactives [6].
Pour Kessler 2006 [27], les adultes souffrant de
TDAH ont en moyenne trois fois plus de risque de développer une
comorbidité addictive, par rapport à la population
générale.
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 12
D'après l'étude de Biederman et al
[24] (1997), les adolescents avec ou sans TDAH ont le même
risque d'addiction aux substances psychoactives (SPA) (15%), mais par contre le
risque d'addiction aux SPA chez les adultes avec TDAH est plus
élevé par rapport au groupe témoin.
Yen et al [25] (2007) ont trouvé dans leur
étude que 17,9% des adolescents addictes à l'internet souffrent
de TDAH.
L'étude multicentrique de Sala et col [37],
portant sur 135 sujets composés de 75 femmes souffrantes de troubles de
conduites alimentaires (TCA) et de 60 hommes alcoolo-dépendants, montre
un taux de TDAH de 17% chez les personnes hospitalisées atteintes de
TCA, et de 23% chez les personnes alcoolo-dépendantes prises en charges
en hôpital de jour. Le risque est donc 7 fois supérieur à
celui de la population générale pour les patients traités,
que ce soit pour une alcoolo- dépendance ou un TCA.
Adler [2] et al en 2009, ont trouvé dans
leur étude de screening de TDAH chez les adultes toxicomanes (1064
patients) suivis dans un centre d'addictologie: 8,6 % de résultat
positif (échelle d'ASRS). Ces patients présentent les addictions
suivantes : cocaïne (43%), héroïne (27%), cannabis (22%) et
autre SPA (8%).
4.4. Le TDAH et la comorbidité psychiatrique
Environ 75% des adultes hyperactifs [6,14]
présenteraient au moins un trouble concomitant : 30 à 40 %
auraient un trouble de l'humeur, entre 30 et
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
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50% souffriraient d'un trouble anxieux, environ 30% auraient
un trouble de la personnalité, et 20 à 25% seraient
handicapés par des troubles des apprentissages.
4.5. Le TDAH et les complications
médico-légales :
Les adultes avec TDAH ont plus de contraventions (100% contre
54% des témoins), plus de suspensions de permis de conduire (32% contre
4%) et plus d'accidents de la voie publique avec dommages corporels (60% contre
17%). Ils sont plus souvent arrêtés (40% contre 12%) pour vol,
effraction, braquage, incendie criminel ou port d'arme. Ils utilisent moins de
contraception et ont plus de partenaires, avec un risque quatre fois plus
élevé de maladies sexuellement transmissibles [7].
4.6. Le TDAH et le sex-ratio
Le sex-ratio [23] est de deux hommes atteints pour
une femme à l'âge adulte, alors que chez l'enfant, il est de sept
à huit garçons pour une fille. Il convient de noter ici que le
TDAH chez la fille est le plus souvent de type inattention prédominante,
le type le plus difficile à diagnostiquer. Cela pourrait expliquer en
partie le déséquilibre du sex-ratio.
5. GENERALITES SUR L'ASPECT CLINIQUE DU TDAH
DE L'ADULTE
Comme dans l'enfance [7], les symptômes
cibles du TDAH sont l'inattention, l'impulsivité et
l'hyperactivité (Annexe DSM IV). Cependant, l'expression de ces trois
dimensions évolue avec le développement.
Le TDAH chez l'adulte [7] associe des
symptômes cibles, des symptômes émotionnels et des
particularités cognitives, dont les manifestations évoluent avec
l'âge. Ces symptômes altèrent le fonctionnement du sujet de
manière significative dans plusieurs domaines de la vie quotidienne (Cf.
tab1).
5.1. L'hyperactivité
Les manifestations extériorisées de
l'hyperactivité diminuent le plus souvent alors que les sensations
subjectives persistent (impatience). [7]
Souvent, les adultes atteints de TDAH [3]
remarquent que l'hyperactivité motrice est moins intense, vécue
surtout comme un inconfort en situation d'inactivité ou d'attente, une
« grouillotte » plutôt qu'une « bougeotte ». Ils ont
appris à composer avec le besoin irrésistible de bouger en le
canalisant dans leur travail et pour certains dans les sports.
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
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5.2. L'impulsivité
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
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L'impulsivité retentit sur un plan professionnel,
relationnel ou légal. C'est ce retentissement, source de souffrance, qui
amène certains adultes à rechercher des explications et de l'aide
[7].
Elle se manifeste par les comportements suivants [1, 29] :
· Changements de travail fréquents
· Abus d'alcool et de tabac
· Abus de drogues (cannabis, amphétamine,
cocaïne)
· Tempérament explosif
· Excès de vitesse
· Accidents moto/auto
· Dépenses impulsives
· Relations extraconjugales
5.3. L'inattention
L'inattention est stable, mais entraîne un
retentissement variable en fonction des exigences de l'environnement
professionnel et familial [7].
Les adultes atteints de TDAH sont surtout handicapés
par les troubles cognitifs attentionnels (distractibilité), la
désorganisation associée (procrastination, difficulté
à terminer ses tâches, éparpillement) [3].
On peut observer de manière plus objective des
difficultés de concentration liées à une
distractibilité majeure : le sujet tambourine avec les doigts, remue les
pieds, déplace son regard tout au long de l'entretien
[23].
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 16
Tableau 1 [7]
5.4. Autres signes cliniques associés
Les adultes avec un TDAH [7,34,41] souffrent
très souvent de perturbations cognitives et émotionnelles. En
effet, les fonctions exécutives, telles que l'organisation et la
planification, le raisonnement abstrait et la réponse au renforcement
social, l'ajustement émotionnel, la stabilité thymique et la
tolérance au stress, sont de plus en plus sollicitées avec
l'âge.
Les dix plaintes les plus fréquentes des adultes avec
un TDAH font d'ailleurs référence à ces déficits
[44] :
· trouver ou garder un travail ;
· avoir des performances professionnelles en accord avec
ses capacités ;
· réussir ses études à un niveau
équivalent à leur fonctionnement intellectuel ;
·
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 17
se concentrer ;
· s'organiser ;
· établir et maintenir une routine ;
· être discipliné ;
· mémoriser ;
· y voir clair ;
· Avoir une bonne estime de soi.
Ces déficits sont souvent à l'origine d'une
gêne importante avec non seulement le développement d'une
anxiété anticipatoire, de traits obsessionnels ou d'une
anxiété sociale, mais aussi un retentissement dans de nombreux
domaines de la vie courante [7].
WENDER et al. [43] ont essayé de formuler
des critères diagnostiques plus spécifiques pour les adultes, en
élaborant des Critères de UTAH :
· présence du trouble dans l'enfance et
présence actuelle d'un trouble de l'attention et d'une
hyperactivité motrice ;
· impulsivité ;
· labilité de l'humeur ;
· incapacité à accomplir une tâche
en entier ;
· intolérance au stress ;
· tempérament explosif.
Pour poser le diagnostic, le premier critère est
obligatoire avec au moins deux critères parmi les cinq derniers.
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 18
6. GENERALITES SUR L'ETHIOPATHOGENIE DU TDAH
L'origine du TDAH apparaît à l'évidence
comme multifactorielle. Ainsi, comme beaucoup de troubles psychiatriques, le
TDAH est considéré comme étant la résultante d'une
combinaison de facteurs génétiques, biologiques et
environnementaux [23] (Cf. Tab2).
6.1. Les facteurs génétiques :
Pour Grosse et Gonon [23, 22], il est évident que le
TDAH est plus fréquent dans certaines familles. Pour apprécier
plus précisément « l'héritabilité » du
TDAH, c'est-à-dire la part des variations génétiques dans
la survenue du trouble, nous disposons actuellement d'une vingtaine
d'études comparant des vrais et des faux jumeaux.
Perlis [20] constatent que la concordance de
survenue du TDAH est de l'ordre de 70 à 80% chez les vrais jumeaux alors
qu'elle n'est que de 30 à 50% chez les faux jumeaux.
D'après Faraone et Biederman [17], le
risque de TDAH est deux à huit fois plus élevé chez les
parents des enfants «hyperactifs» et surtout des taux très
élevés du TDAH, de 41 à 57 %, chez les apparentés
des adultes ayant un TDAH.
Les études génomiques [18,19,20] les
plus récentes ont conclu qu'il n'y a pas de gène impliqué
de manière majeure dans l'étiologie du TDAH. Cela ne paraît
pas surprenant dans la mesure où toutes les études
génomiques des
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 19
troubles psychiatriques (y compris l'autisme et la
schizophrénie) jusqu'à présent ont conclu que de nombreux
gènes sont souvent impliqués avec chaque gène ne
conférant qu'un risque mineur.
Les études [19 ,20] convergent maintenant pour dire
que le gène le plus fortement associé est celui qui code pour le
récepteur dopaminergique D4, et l'allèle codant DRD4*7. Ce
gène serait défectueux dans 50 à 60% de la population
présentant un TDAH et uniquement dans 30% de la population
générale .
6.2. Les facteurs neurobiologiques
Il est actuellement admis [22,23] que le TDAH
touche tout particulièrement l'interaction entre les systèmes
dopaminergiques et noradrénergiques. Cette dysrégulation
apparaîtrait au niveau des cortex préfrontaux et des noyaux gris
centraux, comme viennent le confirmer les études d'imagerie
cérébrale.
6.2.1 Hypothèse dopaminergique :
Ainsi, plusieurs études [5,8, 10,11] d'IRM ont mis en
évidence des anomalies du lobe frontal, des ganglions de la base, et
particulièrement du noyau caudé, et ont pu montrer une
réduction du volume intra -crânien global et de la taille du
cervelet.
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 20
L'étude d'Ernest [16] en utilisant le
fluoro-DOPA comme marqueur montre qu'il existe également chez le patient
adulte une diminution de l'activité de la
dopamine-décarboxylasase dans le cortex préfrontal.
Tableau 2. Résumé et discussion des principaux
arguments mis en avant en faveur de l'hypothèse d'un déficit de
dopamine à l'origine du trouble déficitaire de l'attention avec
Hyperactivité (TDAH) [22], pour une discussion
détaillée).
|
|
Arguments les plus souvent cités
|
Faits en désaccord avec ces arguments
|
Pharmacologie
|
L'efficacité du traitement par les psychostimulants
suggère
qu'un déficit de dopamine est à l'origine du
TDAH
Les psychostimulants produisent leurs effets
thérapeutiques en
inhibant la recapture de la dopamine
|
Les psychostimulants augmentent l'attention chez les patients
souffrants du TDAH, mais aussi chez les sujets sains
Les inhibiteurs spécifiques de la recapture de la
noradrénaline
Sont aussi efficaces que les psychostimulants vis-à-vis
du
TDAH
|
Génétique
|
L'association entre le TDAH et un polymorphisme du
gène codant pour le récepteur dopaminergique
D4 est significative. D'autres gènes du système
dopaminergique sont aussi impliqués
|
L'observation la plus robuste en ce qui concerne les
gènes d'intérêt impliqués dans le TDAH est son
association avec un polymorphisme du gène codant pour le
récepteur D4. L'allèle 7 R de ce gène est présent
chez 23 % des enfants TDAH et 17 % Des enfants sains
|
Imagerie cérébrale
|
E L'imagerie cérébrale
fonctionnelle montre chez les patients souffrants du TDAH
une
activité anormale du
circuit cortico-striato-thalamique, ce qui conforte l'hypothèse d'un
déficit de dopamine Une étude utilisant
un ligand du récepteur dopaminergique D2
révèle une
dépression de l'activité de la
dopamine dans le Caudé des adultes souffrant du
TDAH.
|
Une méta-analyse prenant en compte 16 études
par imagerie cérébrale fonctionnelle ne conforte pas les
modèles simplistes Qui postulent que le TDAH serait dû à un
déficit d'activité dans Un petit nombre de régions
cérébrales selon les auteurs eux-mêmes : «nous ne
pouvons pas exclure la Possibilité que l'effet moindre de la Ritaline
puisse être dû à une augmentation du niveau basal de
dopamine chez les adultes TDAH.»
|
Modèles animaux
|
Des centaines d'études avec des
modèles animaux du TDAH
mettent en évidence un
dysfonctionnement du système dopaminergique
|
Il n'y a pas de cohérence entre les études :
dans
certains modèles, le taux de dopamine
extra cellulaire est très diminué, mais dans d'autres il est
très augmenté
|
|
6.2.2. Hypothèse noradrénergique :
Les effets bénéfiques des psychostimulants sur
le déficit d'attention seraient probablement dus à leur action
inhibitrice de la recapture de la noradrénaline plutôt que de la
dopamine. En effet, les inhibiteurs spécifiques
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 21
de la recapture de la noradrénaline
(désipramine, atomoxétine) sont aussi efficaces que les
psychostimulants vis-à-vis du TDAH. De plus la clonidine, un agoniste
alpha 2 noradrénergique, possède aussi une certaine
efficacité alors que ce n'est pas le cas des agonistes dopaminergiques
[13].
Les études sur les facteurs neurobiologiques du TDAH
sont importantes pour les chercheurs pour deux raisons : la première
pour la compréhension de l'étiopathogénie du TDAH et la
deuxième, pour mieux adapter et améliorer les moyens
thérapeutiques.
6.3. Les facteurs environnementaux :
De nombreux facteurs environnementaux jouent en effet un
rôle dans la survenue du TDAH (cf. tableau 3).
Tableau 3
Facteurs de risque environnementaux du TDAH (modifié de
Cohen, 2009 [15 ,22]).
|
Facteurs toxiques et périnataux influencant le cerveau
au cours de la grossesse ou du développement
|
Alcool, tabac et autres abus des substances pendant la grossesse
Exposition à des niveaux excessifs de plomb Malnutrition
Naissance prématurée, petit poids de naissance
|
Variables micro-
environnementales influencant l'enfant et /ou sa famille de
|
Faible niveau socioéconomique
Faible niveau d'éducation des parents
Séparation précoce
Mère isolée (père absent)
Maternité précoce
Abus sexuel et/ou maltraitance
Violence familiale et/ou alcoolisme
Parents présentant un trouble mental (dépression
maternelle ; personnalité
antisociale)
Utilisation parentale de punitions excessives par opposition
aux
Encouragements
|
Variables macro-
environnementales dont
l'influence se situe à un niveau plus
général
|
Résidence urbaine
Minorité en situation sociale d'exclusion ou de
discrimination
Exclusionscolairequifavoriseledésavantagesocialetlamésestimedesoi
Culture violente et compétitive
Exposition excessive à la télévision
(surtout entre un et trois ans)
|
|
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 22
6.4. Les liens entre le TDAH et les addictions :
Les sujets hyperactifs [15, 40] ont souvent des traits de
tempérament qui sont des facteurs de risque pour développer des
addictions, comme la recherche de nouveauté, l'impulsivité,
l'exploration de l'environnement, l'excitabilité et le caractère
colérique. Ces caractéristiques pourraient expliquer en partie un
plus grand risque de développer un trouble addictif parmi les sujets
hyperactifs.
Le TDAH [14] est fréquemment associé
à un déficit de l'autocontrôle, des épisodes de
fléchissement thymique, de démoralisation et un sentiment
d'échec. L'automédication dans le cadre d'un TDAH est une
hypothèse plausible, c'est-à-dire que le sujet hyperactif
pourrait débuter la consommation d'une substance,
sélectionnée en fonction de son action psychopharmacologique pour
atténuer des symptômes déplaisants.
6.4.1. Le TDAH et le tabac
Le tabac a été décrit comme un produit
pouvant améliorer certains symptômes du TDAH. Certains sujets
hyperactifs décrivent une amélioration de l'attention et de leurs
fonctions exécutives lorsqu'ils fument. Le tabac pourrait donc
être une substance utilisée dans un but d'automédication,
la nicotine ayant des propriétés de stimulation de l'attention et
de diminution de la distractibilité chez les animaux et chez les sujets
fumeurs [14].
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 23
6.4.2. Le TDAH et la cocaïne
L'hypothèse d'une appétence sélective
pour les substances psychostimulantes illicites chez les sujets ayant un TDAH a
été envisagée [9, 13].
D'après l'expérience clinique de Castaneda et al [9],
certains sujets hyperactifs rapporteraient une réaction
«paradoxale» à la cocaïne. Au lieu de ressentir une
excitation et une exacerbation de leur symptomatologie psychiatrique, la
cocaïne induirait chez eux des effets bénéfiques
«paradoxaux» : relaxation, anxiolyse, stabilisation de l'humeur,
amélioration de l'attention sélective, augmentation de la
capacité à s'engager dans des activités productives et
absence d'effets euphorisants.
6.4.3. Le TDAH et le cannabis
Certains patients traités avec des cannabinoïdes
(de synthèse ou phyto) ont témoigné des
améliorations [4].
Un cas clinique [39] publié montre une
amélioration importante des échelles cognitives chez un patient
adulte atteint de TDAH qui a consommé du THC.
L'étude de Faraone et col[21] (2007) qui
consiste à comparer la consommation des SPA entre les personnes avec
TDAH et un groupe témoin, montre que l'usage du cannabis et du tabac
était le plus significatif pour le groupe de personnes ayant un TDAH.
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 24
6.4.4. Le TDAH et autre addiction
L'étude de Yen [25] (2007) sur l'addiction
à l'internet à propos de 338 adolescents et les
comorbidités psychiatriques montrent qu'il y a un taux
élevé de cyberaddiction chez les patients qui souffrent de TDAH
(43.39%), dépression (32.75%), phobie social (27.07%) et
hostilité (67.72%).
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 25
7 . Notre Etude : Dépistage du TDAH chez 47
patients adultes héroïnomanes suivis au CSAPA du Mans.
Notre étude consiste à dépister le TDAH
chez les patients adultes addictes à l'héroïne. L'objectif
de notre dépistage est multiple :
· Evaluer la prévalence du TDAH dans la population
héroïnomane
· Étudier chez les patients ayant un test ASRS
positif leur profil addictologique : les différentes addictions,
l'âge de début de la première consommation...
· Sensibiliser les cliniciens à la question du
repérage précoce du TDAH de l'adulte en addictologie et à
la nécessité d'une prise en charge multidisciplinaire.
· Comparer nos résultats à ceux
trouvés dans la littérature.
7.1Méthodes et matériels
7.1.1. Méthodes
La population cible était les patients adultes qui
venaient au CSAPA du MANS pour bénéficier du traitement de
substitution par SUBUTEX ou METHADONE. L'échantillon est formé de
47 personnes reçues sur une période de cinq jours. Ces patients
ont ou avaient par définition une addiction à
l'héroïne, raison pour laquelle ils bénéficiaient
d'un traitement de
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 26
substitution par Subutex /Méthadone. Ils pouvaient avoir
d'autres addictions associées avec ou sans substance.
Les patients ont rempli notre questionnaire dans les conditions
suivantes :
· l'anonymat : les questionnaires ont été
rempli de façon anonyme, et ont été «
mélangées » aux autres réponses anonymes devant les
patients.
· la participation volontaire
· pas de résultats attendus
· qu'ils n'aient pas d'information ni connaissance de la
recherche/dépistage d'une pathologie autre que l'addiction
· l'objectif de l'étude précisé au
patient était : « Un travail de mémoire pour mieux
comprendre la maladie de l'addiction ».
· une auto-évaluation : les questionnaires sont
remplis par les patients, avec la possibilité d`explications de notre
part si besoin.
· pas de questions sur leurs vie intime, sociale,
professionnelle, maladie psychiatrique ni sur leur abstinence.
Nous avons abordé les patients dans la salle d'attente
avant leur rendez-vous avec le médecin, l'infirmier ou
l'éducateur.
7.1.2. Matériels
Deux questionnaires ont été distribués
auprès de chaque sujet : l'échelle d'auto-évaluation des
troubles déficitaires de l'attention avec
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 27
hyperactivité de l'adulte (ASRS v1.1) (cf. annexe 2.2)
pour réaliser le dépistage du trouble et une fiche simple de
recueil des données sociales [Annexe 2.1]
Les cotations ont été faites selon les grilles
de cotation de l'ASRS v1.1 [26] conçues conjointement par
l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le groupe de travail
dirigé par Leonard Adler, Ronald Kessler.
D'après une revue de la littérature
[26,28], l'ASRS v1.1 est reconnu comme l'outil de dépistage
le plus fiable du TDAH chez les adultes même si les résultats
obtenus peuvent suggérer la nécessité d'un entretien plus
approfondi avec un clinicien. Les questions posées dans l'ASRS v1.1 sont
conformes aux critères du DSM-IV et traitent des manifestations des
symptômes des TDAH de l'adulte. Le contenu du questionnaire
reflète également l'importance que le DSM-IV donne aux
symptômes, aux handicaps et aux antécédents pour
établir un diagnostic correct.
La fiche de recueil des données sociales contient les
éléments suivants : âge, sexe, âge de début de
la consommation, SPA consommée en première addiction et les
différents produits consommés (addiction, usage nocif) durant
leur vie.
Nous voudrions souligner la présence de deux profils
psycho-social des patients rencontrés : un premier group de sujets
héroïnomanes ayant une bonne adhésion aux soins avec une
bonne insertion socioprofessionnelle et
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 28
un deuxième group (la majorité de sujets) ayant
une situation sociale a l'opposée, précaire,
défavorisée marquée par :
· une injonction de soins
· les sans domicile fixe
· une sortie récente de la prison
· une entrée prochaine en prison
· d'autres difficultés sociales fragilisantes ...
La majorité des patients sont fragilisés
psychologiquement par ces différentes difficultés sociales avec
une humeur anxiodépressive. Cet aspect psychosocial nous a motivé
d'une part à bien préciser l'anonymat des questionnaires et
l'aspect scientifique pur (pas de lien avec la justice) de notre étude
et d' autre part à simplifier notre fiche de recueil des données
sociales afin éviter toute question intrusive qui pourraient
déstabiliser et mettre en péril l'alliance thérapeutique
des patients.
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 29
8 . Résultats
L'analyse des 47 questionnaires fait ressortir les
résultats suivants :
1) Test positif au dépistage avec l'ASRS :
Graphe 1
Résultats TDAH
|
|
Test +
45%
|
|
Test --
55%
|
|
Test + Test --
|
45% (21) des patients ont un test positif à l'ASRS
(cf.Graph 1), avec un sex-ratio H/F de 2/1.
2) Age du début de la consommation :
Pour l'âge de début de la consommation, 71% (6) des
patients avaient débuté leur consommation à 15 ans (cf
.tableau 4 et graph 2).
AGE DU DEBUT DE LA CONSOMMATION
Nombre des patients
|
6 5 4 3
|
|
|
|
Nb des patients
|
2
1
0
|
|
12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31
32
Ages
Graphe 2
Tableau 4.Age de Début de la consommation
|
Age
|
Nb des patients n=21
|
%
|
12
|
1
|
5%
|
13
|
2
|
10%
|
14
|
2
|
10
|
15
|
6
|
71%
|
16
|
2
|
10%
|
17
|
|
0%
|
18
|
2
|
10%
|
19
|
|
0%
|
20
|
2
|
10%
|
21
|
|
0%
|
22
|
|
0%
|
23
|
|
0%
|
24
|
1
|
10%
|
25
|
|
0%
|
26
|
|
0%
|
27
|
1
|
5%
|
28
|
|
0%
|
29
|
|
0%
|
30
|
1
|
5%
|
31
|
|
0%
|
32
|
1
|
5%
|
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 30
3) Les Addictions :
En ce qui concerne l'addiction impliquée, nous
constatons que : 100% (21) des patients consomment ou consommaient de
l'héroïne, 81% (17) de THC, 67% (14) du tabac, 51% (11) de
l'alcool, 51% (11) de la cocaïne (cf.tab 5, Graphe 3).
Tableau 5
Alcool
|
THC
|
Héroïne
|
Codéine
|
Cocaïne
|
LSD
|
Ecstasy
|
Cyber addiction
|
TCA
|
Tabac
|
Kétamine
|
Poppers
|
Amphé-tamine
|
Sexe
|
BZD
|
Chiens
|
11
|
17
|
21
|
4
|
11
|
7
|
6
|
1
|
3
|
14
|
2
|
1
|
5
|
3
|
7
|
1
|
52%
|
81%
|
100%
|
19%
|
52%
|
33%
|
23%
|
5%
|
14%
|
67%
|
10%
|
5%
|
24%
|
14%
|
33%
|
5%
|
Les addictions
Série1
Nombre des patients
21
20
19
18
17
16
15
14
13
12
11
10
6
4
2
9
8
7
5
3
0
1
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 31
Les produits - Graphe 3
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 32
4) La première addiction :
La première SPA consommée chez les patients avec
un test ASRS positif est : à 46 % du tabac, à 28 % du cannabis,
à 21 % de l'alcool et
à 5% de l'héroïne.
La premiere SPA consommée Graphe 4
Alcool
21%
Tabac
46%
THC
28%
Héroine
0% 5%
Il est à noter qu'aucun des patients dans notre
échantillon ne portait le
diagnostic de TDAH.
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 33
9. Discussion
Les résultats de notre étude fait ressortir
quatre points
essentiels :
1) 45% des patients ont un test positif du TDAH avec le ASRS
qui est une valeur potentiellement élevée puisque le diagnostic
de TDAH dans la population générale (ou la prévalence) ne
s`élève qu'à 4,4% [27] ce qui semble en
concordance avec l'hypothèse de la comorbidité du TDAH en
toxicomanie.
2) 45% des patients ont un test positif du TDAH avec l'
« ASRS" qui est proche des résultats trouvés dans la
littérature
3) La majorité des patients (71%) ont commencé
leur consommation des produits à l'âge de 15 ans (début de
l'adolescence). C'est un argument fort pour renforcer le dépistage
précoce chez les jeunes toxicomanes
4) Les addictions les plus fréquentes après
l'héroïne sont respectivement : cannabis (81%), tabac (67%),
cocaïne (52%) et alcool (52%).
5) La première substance consommée par les
patients est : le tabac (46%) le cannabis (28 %), et 21 % pour l'alcool et
l'héroïne (5%).Ce résultat semble suggérer que
l'addiction à l'héroïne survient secondairement dans
l'évolution d'une conduite addictive après la consommation des
autres SPA. Nous considérons ces résultats comme un autre
argument
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 34
pour l'intérêt de la prise en charge rapide des
addictions précoces chez les patients suspectés de TDAH ou d'une
autre maladie psychiatrique.
6) Les taux élevés de la consommation des
psychostimulants (caféine, nicotine, alcool et cocaïne) pourraient
être expliqué par la recherche des effets
auto-thérapeutiques [39] du TDAH. Cet effet est aussi
trouvé à travers la consommation du cannabis. Une autre
explication de la toxicomanie chez les hyperactifs adultes pourrait se trouver
dans la tentative de se soigner des manifestations à type des troubles
psychiatriques secondaires au TDAH (anxiété
généralisée, dépression, phobie,) et les
conséquences sociales dû à leurs maladies.
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 35
10. Conclusion
Notre enquête suggère un taux élevé
du TDAH dans une population adulte toxicomane (45% des cas) en concordance avec
les données de la littérature.
Ces résultats semblent venir appuyer le fait que les
recommandations sur le dépistage systématique des
comorbidités psychiatriques (TDAH, trouble bipolaire...) en addictologie
sont bien fondées et nécessaires.
Il nous semble utile d'avancer l'idée que ce
dépistage parait encore plus indispensable dans la mesure où la
littérature évoque la possibilité que les patients adultes
ayant un antécédent de TDAH au cours de l'enfance pourraient
avoir des rechutes des troubles de conduite addictive installés dans
adolescence.
A travers notre étude et la revue de la
littérature, le diagnostic précoce de TDAH chez les adultes
toxicomanes a de multiples intérêts et répercussions sur le
plan thérapeutique :
· L'adaptation d'un traitement spécifique au TDAH
(? Neuroleptiques, thymorégulateurs...)
· La prévention de l'évolution vers la
polyaddition
· La prévention de l'évolution vers les
complications psychosociales et médicolégales.
·
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 36
De prévenir la confusion avec les différents
diagnostics différentiels : Trouble bipolaire, personnalité
antisociale, les états limites...
Une prise en charge globale et multidisciplinaire des patients
présentant un trouble des conduites addictives reste primordiale en
particulier entre les psychiatres, les addictologues, les médecins
traitants et notamment l'addictologie de liaison.
Enfin, un dépistage de TDAH chez tout jeune adolescent
ou adulte avec trouble addictive est recommandé et ceci pour
prévenir l'évolution vers la polytoxicomanie et les
différentes conséquences dramatiques psychosociales et/ou
médicolégales.
Par conséquent, il parait utile d'inviter les
intervenants en addictologie à mieux connaître les
différentes manifestations cliniques du TDAH chez l'adulte, les
différents outils de dépistage et de diagnostic afin
d'intégrer le repérage de cette comorbidité et
améliorer la prise en charge en addictologie.
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 37
11. Bibliographie
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Editeur : Flammarion Médecine-Sciences - Collection : Traités
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T.J.H.U; 1999.
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Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 42
12. Annexes
Annexe 1
CRITERES DIAGNOSTIQUES DU TROUBLE : déficit de
l'attention/hyperactivite critères diagnostiques du dsm-IV (1994)
A) Présence de (1) ou de (2) :
(1) Six des symptômes suivants d'inattention (ou plus)
ont persisté pendant au moins 6 mois, à un degré qui est
inadapté et ne correspond pas au niveau de développement de
l'enfant :
a) Souvent ne parvient pas à prêter attention
aux détails ou fait des fautes d'étourderie dans les devoirs
scolaires, le travail ou d'autres activités ;
b) A souvent du mal à soutenir son attention au
travail ou dans les jeux ;
c) Semble souvent ne pas écouter quand on lui parle
personnellement ;
d) Souvent, ne se conforme pas aux consignes et ne parvient
pas à mener à terme ses devoirs scolaires, ses tâches
domestiques ou ses obligations professionnelles (non dû à un
comportement d'opposition ni à une incapacité à comprendre
les consignes) ;
e) A souvent du mal à organiser ses travaux ou ses
activités ;
f) Souvent évite, a en aversion, ou fait à
contre coeur les tâches qui nécessitent un effort mental soutenu
(comme le travail scolaire ou les devoirs à la maison) ;
g) Perd souvent les objets nécessaires à son
travail ou à ses activités (jouets, cahiers, crayons, livres,
outils) ;
h) Souvent se laisse facilement distraire par des stimuli
externes ;
i) A des oublis fréquents dans la vie quotidienne.
(2) Six des symptômes suivants
d'hyperactivité/impulsivité (ou plus) ont persisté pendant
au moins 6 mois, à un degré qui est inadapté et ne
correspond pas au niveau de développement de l'enfant :
Hyperactivité :
a) Remue souvent les mains ou les pieds ou se tortille sur
son siège ;
b) Se lève souvent en classe ou dans d'autres
situations où il est supposé rester assis ;
c) Souvent, court ou grimpe partout, dans les situations
où cela est inapproprié ;
d) A souvent du mal à se tenir tranquille dans les
jeux ou les activités de loisir ;
e) Est souvent « sur la brèche » ou agit
souvent comme s'il était « monté sur ressorts » ;
f) Parle trop souvent ; Impulsivité
:
g)
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 43
Laisse souvent échapper la réponse à une
question qui n'est pas encore entièrement posée ;
h) A souvent du mal à attendre son tour
i) Interrompt souvent les autres ou impose sa présence
(par exemple fait irruption dans les conversations ou dans les jeux).
B) Certains des symptômes
d'hyperactivité/impulsivité ou d'inattention ayant
provoqué une gêne fonctionnelle étaient présents
avant l'âge de 7 ans.
C) Présence d'un certain degré de gêne
fonctionnelle liée aux symptômes dans deux ou plus de deux types
d'environnement différents (par exemple école, travail,
maison).
D) On doit mettre clairement en évidence une
altération cliniquement significative du fonctionnement social, scolaire
ou professionnel.
E) Les symptômes ne surviennent pas exclusivement au
cours du trouble envahissant du développement, d'une
schizophrénie, ou d'un autre trouble psychotique, et ils ne sont pas
mieux expliqués par un autre trouble mental (trouble thymique, trouble
anxieux, trouble dissociatif ou trouble de la personnalité).
Sous-types cliniques :
Déficit de type mixte ou combiné : les
critères Al et A2 sont satisfaits pour les 6 derniers mois.
Déficit de type inattention prédominante : le
critère Al est satisfait pour les 6 derniers mois mais pas le
critère A2.
Déficit de type hyperactivité/impulsivité
prédominante : le critère A2 est satisfait pour les 6 derniers
mois mais pas le critère Al.
Annexe 2
Annexe 2.1 :
Fiche numéro 2 de questionnaire
Age : Sexe : H /F Age de début de la
première addiction :
Toxicomanie (régulière et ou
quotidienne ou ancienne arrêtée actuellement)
Alcool : El; Cannabis El; Héroïne
El;?codéineEl ; Cocaïne El;?LSDEl;
EcstasyEl;
Jeux El; Cyberaddiction El Trouble de Conduite Alimentaire
(anorexie, boulimie) El; Tabac El polytoxicomanie El; ketamineEl;
PopperEl;.amphétamineEl
Addiction au Sexe El; Benzodiazépines (valium, seresta,
xanax)El;
Autres addictions :
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 44
Quelle était votre première addiction ou la
substance dont vous pensiez être
dépendant?
Merci pour votre collaboration
Annexe 2.2
Test ASRS V1.1
Wassim CHEHADE- Mémoire du Diplôme Inter
universitaire Addictions et société- Nantes- 2010 45
Additionnez le nombre de cases très
ombrées que vous avez cochées. Quatre (4) cases cochées ou
plus indiquent que les symptômes que vous présentez peuvent
correspondre à ceux des troubles déficitaires de l'attention avec
hyperactivité de l'adulte.