3- Le jeu : interaction
complexe des acteurs
« Il y a jeu dès que deux personnes
interagissent », c'est-à-dire que la notion de jeu
résulte d'une interaction entre deux ou plusieurs individus ou groupes.
Ces relations peuvent être d'ordre moral ou physique d'après la
théorie des jeux qui constitue une approche mathématique des
problèmes de stratégie tel qu'on trouve en recherche
opérationnelle et en économie. Dans le secteur pétrolier
plus particulièrement, ce jeu se complexifie au fur et à mesure
que le pétrole entre dans la scène politique comme
élément de base pour l'évaluation d'un programme, d'une
politique. Faire usage de cette interaction complexe permettra d'étudier
les situations ou les choix des protagonistes ont des répercussions ou
des réactions pour l'un comme pour l'autre. Le jeu sera dans le cadre de
notre travail l'outil qui nous permettra de discerner le comportement des
acteurs face à des situations naturellement antagonistes, et qui comme
des agents rationnels agiront de par leurs intérêts conflictuels
ou convergent au moyen de la mise en évidence des stratégies
optimales développées autour de la ressource
pétrolière. Le jeu sera donc analysé comme
constitué des stratégies, des ruses, des feintes et pièges
par lesquels les protagonistes entraîneront la modification du sens et de
la puissance des projets ou des programmes politique, un mécanisme
concret grâce auquel les hommes structurent leurs relations de pouvoir,
et les régularisent pour augmenter leur liberté de façon
à créer de nouvelles opportunités susceptibles de
transformer en leur faveur l'ensemble du jeu.
Une démarche systématique prend en compte le
pétrole pour traiter et comprendre ces problèmes complexes,
permettant d'interpréter le comportement des acteurs dans le processus
d'élaboration d'un système notamment à travers l'influence
sur la structure du jeu et la logique du jeu qui participent à la
construction des politiques publiques.
4- Les politiques
publiques : variable expliquée de la structuration du jeu entre
acteurs sur la scène politique.
Bien qu'étant la plus récente des disciplines en
science politique, les politiques publiques constituent en leur sein une
discipline qui couvre par ses contributions trois aspects : la
connaissance, l'action ou la gestion, la formation (Landry, 1980).
Au-delà de la multiplication des définitions qu'il peut avoir
autour des politiques publiques, celles qui rendent compte de manière
globale et péremptoire de nos travaux sont celles
développées par Meny et Thoenig et par Massardier ; la
première aborde les politiques publiques comme étant
« l'action des autorités publiques » s'appuyant sur
un programme d'action gouvernementale dans un secteur de la
société (la santé, la sécurité) ou dans
l'espace géographique (Meny et Thoenig, 1989). Elles peuvent aussi
être perçues comme « tout ce que le gouvernement
décide de faire ou de ne pas faire » (Howlet et Ramesh, 1995).
La seconde est celle de Massardier qui définit une politique publique
comme un ensemble d'actions complexes plus ou moins coordonnées dans un
espace unifié. Pris au sens pluriel, elles peuvent aussi s'inscrire dans
un espace de sens plus ou moins unifié ; elle est alors un
processus continu de fabrication (Massardier, 2003 :84-85), de
construction, de création d'un nouvel ordre politique pouvant mettre en
cohérence des systèmes d'action à travers de multiples
acteurs qui parfois se suffisent à elles mêmes. En mettant
ensemble ces deux définitions, nous situons notre concept de politique
publique dans une perspective dynamique de l'action politico-administrative
changeant en fonction de la force d'action des acteurs en présence dans
un secteur.
L'interaction est donc par rapport à ces points de vue
au coeur de la conception moderne des politiques publiques. Dans ce sens Muller
et Lagroye fournissent l'un après l'autre des définitions
opératoires pour notre étude lorsqu'ils affirment que les
politiques publiques doivent être considérées, pour le
premier comme des « processus de médiation sociale dans la mesure
où l'objet de chaque politique publique est de prendre en charge les
désajustements qui peuvent intervenir entre un secteur et d'autres
secteurs, ou encore entre un secteur et la société globale »
(Muller 1990 :24). Ainsi la médiation sera perçue dans le cadre
de notre étude comme une sorte d'harmonisation d'arbitrage dans les
aspirations non contradictoires et la prise en compte des acteurs dans un
secteur bien précis. Pour le second, ce sont « un ensemble de
processus concrets dans lesquels sont engagés directement ou
indirectement, les élus et l'administration publique, mais aussi les
organisations professionnelles et syndicales, les groupes
d'intérêts et de causes, des associations professionnelles »
(Lagroye 1992 :451). En effet il s'agit d'une manière ou d'une autre de
démontrer que même pour les secteurs les plus fermés, il y
a une obligation pour l'Etat contemporain d'améliorer l'action publique
de l'appareil politico administratif par la reconnaissance de la dynamique et
de l'émergence de nouveaux acteurs dans le secteur et par leur prise en
compte dans les processus politiques.
Les politiques publiques sont prises dans notre étude
comme variable expliquée pour le pétrole qui permet de percevoir
le jeu des acteurs. Le pétrole joue de plus en plus un rôle
déterminant dans la construction de notre politique des hydrocarbures,
en ce sens que cette ressource influence la perception et la définition
des problèmes politiques dans le type de décisions prises, de la
facilité ou non de la mise en oeuvre de la politique.
Pour cette étude nous considèrerons les
politiques publiques comme étant l'ensemble des programmes dont la
fabrication est dans une large mesure le fruit du jeu complexe entre les
acteurs du secteur bien précis du pétrole, qui, elle-même
comprend des sous-secteurs dont la mise en commun des différents
programmes contribuera à l'harmonisation et la rationalisation de la
gestion du secteur pétrolier au Cameroun.
|