UNIVERSITE DE YAOUNDE II - SOA
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE II - SOA
FACULTE DES SCIENCES
JURIDIQUES ET POLITIQUES
DEPARTEMENT DE SCIENCE POLITIQUE
FACULTY OF LAW
AND POLITICAL SCIENCE
DEPARTMENT OF POLITICAL
SCIENCE
PETROLE ET JEU DES ACTEURS DANS LA FABRICATION DES
POLITIQUES PUBLIQUES DES HYDROCARBURES AU
CAMEROUN
Mémoire présenté et soutenu en
vue de l'obtention du Master II de recherche/ Diplôme d'Etude Approfondie
(D.E.A) en Science Politique
Présenté par
Yves Patrick MBANGUE NKOMBA
Bsc. Political Science
Maitrise en Science politique
Sous la direction de
M. André KAYO SIKOMBE
Docteur d'Etat en Science Politique
Chargé de cours
Année académique 2006 - 2007
DEDICACE
- A, M. ATINDOGBE GRATIEN, Ph.D.
- Au Prof. NZENGWA EKIRI ROBERT.
- A ETALY NKOMBA Mathias Guy
Philippe.
- A mon père M. Nkomba Nkoué Bernard
et ma mère Mbala Marie-Anne.
Trouvez ici toute notre reconnaissance pour nous
avoir montré la voie de la sagesse et la lumière, notre gratitude
notre amour et notre très haute considération.
REMERCIEMENTS
Tout au long de ce parcours jonché d'embûches,
parsemé d'épreuves et parfois traversé de
désespoir, ils nous ont encouragé, enseigné et transmis
avec rigueur, l'amour d'un travail bien fait, le goût de l'effort,
inculqué la patience.
Merci particulier à mon Directeur de mémoire,
Dr André KAYO SIKOMBE, pour l'éclairage qu'il
nous a apporté dans la réalisation de ce travail, aussi pour sa
constante et particulière attention, sa rigueur scientifique qu'il a su
nous inculquer avec tact. Nous lui prions de trouver ici l'expression de notre
reconnaissance.
Aux Professeurs Michel KOUNOU, J-V NTUDA EBODE,
IBRAHIM MOUICHE pour leur grande disponibilité et leurs
conseils.
Merci aux Docteurs Mathias-Eric OWONA NGUINI, NGONO
L-M, ABA J-D, ESSEBA Cyriaque, KAPTCHOUANG Célestin,
KOUAM SIMO Ampère, à Mme Mouzon Yvonne Epse
ATINDOGBE. Aux grands frères Belinga Eric Bertrand,
Richard Désiré EBELE, vos orientations ont donné
sens à notre modeste travail.
Merci à mes parents, M. Zoa Oloa
Emmanuel, M. Nkoué N. Maximin, M.
Eyengué Nkoué Didier pour l'affection et le
soutient constant qui ont permis la réalisation de ce travail.
Egalement merci aux amis et frères : YANOU
Moise, Ruth WOMENI, Alex KITIO, Gérardine KAMDOUM, Athanase BAKOP,
NZOKOU, BOKALLI Sedar, M ATEBA, MESSINGA, Ngo LIBOCK, NKWULIE Yannick,
MOSSENGA, FONDZEONG Shella Stéphanie KONTCHOU, Fadimatou MAIBORNO,
Flora MBA, FORLEMU Cynthia, NGAMALEU, PANGO, TCHADJI, PAMEN, EPOUNDE
pour leur présence.
Un merci particulier à toute ma famille (Zoa,
M. et Mme KOUTOUZI, Alino, Leo, John.P) à SCIENCES
PO CAMEROUN, au Groupe des Etudiants Chrétiens de la MEEC
Omnisport. Votre soutien particulier et inconditionnel dans les
moments pénibles a rendu possible la réalisation de ce travail en
nous motivant à chaque fois que nous étions face à des
difficultés. Merci une fois de plus...
A ma bien aimée NGUM
BRENDA MASANGA, pour le
soutien et la tendresse dont elle a fait montre à notre égard
dans la phase terminale de notre travail
...Vous tous nos vrais amis, que nous ne pourrions
pas nommément citer ici et dont l'amitié nous a aides a survires
aux affres de la vie quotidienne. À tous, simplement merci.
... Ad majorem DEI gloriam.
LISTE DES ANNEXES
Annexe1 : loi N 99- 013 du 22 Décembre 1999, portant
code pétrolier.
Annexe 2 : Décret n°2000/465 du 30 juin
2000, portant Décret d'application du Code pétrolier
Annexe 3 : le Décret N2000/935/PM du 13 Novembre
2000. Fixant les conditions des activités du secteur aval.
Annexe 4 : coupure de journal
Ø Cahier de Mutation.
AVERTISSEMENT
Les propos de ce document n'engagent que leurs
auteurs.
SIGLES ET ABREVIATIONS
- APPA : Association des Producteurs de Pétrole
Africain.
- BIRD : Banque Internationale de Reconstruction
et de Développement.
- CAMSUCO : Cameroon Sugar Company.
- CDC: Cameroon Development cooperation.
- CHB : Compte Hors Budget.
- COTCO : Cameroon Oil Transportation
Company.
- CPSP : Comité de Pilotage et de suivi
des Pipelines.
- CSPH : Caisse de Stabilisation des prix des
Hydrocarbures.
- DPPG : Direction des Produits Pétroliers
et Gazier.
- FMI : Fond Monétaire
International.
- FONADER : Fond National du Développement
Rural.
- GICAM: Groupement Inter patronal du
Cameroun.
- GPC :
- GPP :
- ITIE : Initiative de Transparence des
Industries Extractives.
- MINCOMERCE : Ministère du
Commerce.
- MINEE : Ministère de l'Eau et de
l'Energie.
- MINEFI : Ministère de l'Economie et des
Finances.
- MINFI: Ministère des Finances.
- MINMITD: Ministère des Mines de l'Industrie
et du Développement Technologique.
- OPEP : Organisation des Pays Exportateur de
Pétrole.
- RONC: Rapports de l'Observation des Normes et
Codes.
- SEMRY :
- SFI: Société Financière
Internationale.
- SNH : Société National des
Hydrocarbures.
- SOCAPALM : Société Camerounaise de
Palmeraie.
- SODECAO: Société Camerounaise de
Cacao.
- SODERIM: Société de
Développement de la Riziculture dans la plaine des Mbos.
- SONARA : Société Nationale de
Raffinage.
RESUME
Le pétrole de tout temps a toujours constitué
une importance particulière tant pour les Etats possédant la
ressource comme ceux ne la possédant pas. Il a aidé les grandes
aires régionales à se construire, et permis aux grandes
démocraties de développer leurs secteurs industriels. Au regard
de ces effets sur les autres aires régionaux en générale
et dans certains pays en particulier, il faudrait faire une analyse sur les
effets du pétrole sur le plan politique, social et économique
dans notre pays.
Au Cameroun, le pétrole a été
considéré dans un premier temps, lors des débuts de son
exploitation comme un instrument de domination de la scène politique et
de formation de l'Etat. Par la suite il deviendra un outil de régulation
politique, après une vaste campagne de plusieurs acteurs pour la
démocratisation et la socialisation de sa rente.
Ainsi ces deux tendances lourdes vont nous permettre de
percevoir le pétrole comme un élément structurant du jeu
politico-économique à enjeu stratégique.
ABSTRACT
SOMMAIRE
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
LISTE DES ANNEXES
iii
AVERTISSEMENT
iv
SIGLES ET ABREVIATIONS
v
RESUME
vi
ABSTRACT
vii
SOMMAIRE
viii
INTRODUCTION GENERALE
1
SECTION I : CONTEXTE D'ETUDE ET CONSTRUCTION
DE L'OBJET.
2
A- Présentation du sujet
2
B- Clarification conceptuelle.
3
C- Revue de la littérature et
considérations théoriques.
9
SECTION II : CADRE STRUCTURANT ET OPERATOIRE
DE LA CONSTRUCTION DE L'OBJET
12
A- Problématique
12
B- Hypothèses de recherche
14
C- Intérêt du sujet
15
SECTION III : CADRE OPERATOIRE D'ANALYSE
17
A- Cadre géographique et champ de
compétence
17
B- Cadre chronologique
18
SECTION IV : L'OPTION POUR UN COMPLEXE
METHODOLOGIQUE DANS L'ANALYSE DE L'ACTION PUBLIQUE DE L'ENERGIE
19
A- Approches d'analyses des politiques
publiques
19
B- L'apport de l'analyse sociologique dans l'etude
de l'action publique
23
C- Le choix pour une technique de recherche
dynamique
25
D- Annonce du plan
26
PREMIERE PARTIE : PETROLE COMME ENJEU
DE POUVOIR DANS LA CONFIGURATION ET LA RECONFIGURATION DU CHAMP DE L'ACTION
PUBLIQUE AU CAMEROUN
27
CHAPITRE I : L'ENTREE PROGRESSIVE DU
PETROLE DANS LA STRUCTURATION PERMANENTE DE LA SCENE POLITIQUE AU CAMEROUN
29
SECTION 1 : LA MAITRISE ETATIQUE DU PETROLE
DANS LA GESTION MONOLITHIQUE DU POLITIQUE
30
PARAGRAPHE I : Les fondements socio-economique
d'une pratique.
31
PARAGRAPHE II : L'institutionnalisation d'un
processus : quand les institutions guident les acteurs
34
SECTION 2 : LA POLITISATION DU PETROLE DANS
L'EMERGENCE DES NOUVEAUX ACTEURS SUR LA SCENE POLITIQUE
38
PARAGRAPHE I : Le contexte socio politique et
economique des annes 1990.
39
PARAGRAPHE II : L'entree de nouveaux acteurs
dans le champ politique camerounais
42
CONCLUSION PARTIELLE
49
CHAPITRE II : RESEAUX DE POLITIQUE
PUBLIQUE ET PRODUCTION D'UN ORDRE POLITIQUE TRANSVERSAL DANS LE SECTEUR
PETROLIER AU CAMEROUN
50
SECTION 1 : DU RÉSEAU DANS LA
PRODUCTIOND'UN ORDRE PUBLIC : LES RESEAUX INTERNES ET EXTRNES.
52
PARAGRAPHE I : Rencontres informelles entre
les acteurs des secteurs publics, prives et la societe
civile : logique d'un espace "semi clos"
53
Paragraphe II : Emergence d'un espace clos
55
SECTION 2 : INCIDENCES DU RÉSEAU :
PRODUCTION D'UN NOUVEL ORDRE POLITIQUE PLURALISTE
58
Paragraphe I : Fixation du socle structurel de
la politique publique des hydrocarbures
59
Paragraphe II : Le rassemblement de plusieurs
acteurs comme dynamique de fabrication de politiques publiques des
hydrocarbures.
63
CONCLUSION PARTIELLE
67
CONCLUSION DE LAPREMIERE PARTIE
68
DEUXIEME PARTIE : DE LA FRAGILISATION
ADMINISTRATIVE DE LA GESTION DU PETROLE À L'HARMONISATION PROGRESSIVE
DES RATIONALITÉS DE LA POLITIQUE PUBLIQUE DES HYDROCARBURES AU
CAMEROUN
69
CHAPITRE III : LA FRAGILISATION DE LA
LOGIQUE ADMINISTRATIVE DE GESTION DU PETROLE DANS LA MAÎTRISE DU SENS DES
POLITIQUES PUBLIQUES AU CAMEROUN
71
SECTION 1 : EXCLUSION ET OPACITÉ DANS
LE PROCESSUS D'ÉLABORATION ET DE MISE EN OEUVRE DE L'ACTION PUBLIQUE
DANS LE SECTEUR DES HYDROCARBURES
73
Paragraphe I : Des raisons de la fragilisation
de la capacité de l'Etat à maîtriser le sens de l'action
publique.
73
Paragraphe II : L'opacité comme
élément de fragilisation
76
SECTION 2 : LA COMPLEXIFICATION DES
SYSTÈMES DE RÉFÉRENCE
80
Paragraphe I : Un environnement politiquement
favorable
80
Paragraphe II : La multiplication du
sous-système autoréférentiel : moyen de
légitimation du modèle économique
86
CONCLUSION PARTIELLE
90
CHAPITRE IV : HARMONISATION
PROGRESSIVE DES RATIONALITÉS DANS LA GESTION DES HYDROCARBURES AU
CAMEROUN
91
SECTION I : LA JURIDICISATION
APPROXIMATIVE DU SECTEUR PETROLIER
92
Paragraphe I : l'harmonisation étatique
des rationalités dans la gestion du pétrole par l'instrument du
code pétrolier et la loi d'organisation...
93
Paragraphe II : ... est plutôt
douteuse
103
SECTION 2 : REGULATION COMME MODE
D'HARMONISATION DU SECTEUR PETROLIER AU CAMEROUN.
108
Paragraphe I : La mediation : outil de
regulation politique dans le secteur petrolier.
109
Paragraphe II : La regulation politique par
l'approche participative et la quete du compromis comme instrument
d'harmomonisation.
112
CONCLUSION PARTIELLE
115
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
116
CONCLUSION GENERALE
117
DICTIONNAIRES UTILISES
120
BIBLIOGRAPHIE
121
INTRODUCTION GENERALE
SECTION I : CONTEXTE D'ETUDE ET CONSTRUCTION DE
L'OBJET.
Toute science et même toutes les connaissances se
caractérisent par un objet relativement bien individualisé
(Nezeys ; 1998 : 3). La construction d'un objet est fondamentale
à tout travail de recherche, car celle-ci rend lisible le travail
à faire ; elle passe par l'analyse des conditions qui rendent
possible la construction. A ce propos Alfred Grosser posait des questions de
réflexion sur l'importance de l'objet de recherche (Grosser,
1972) ; pour ce faire, la rupture d'avec le sens commun et l'illusion de
la connaissance immédiate et apparente est obligatoire, car construire
son objet d'étude ou de recherche nous plonge inévitablement dans
la rupture d'avec la logique antérieure (Bachelard, 1984). Ainsi pour
construire notre sujet de façon rationnel et selon les règles de
l'art nous présenterons d'abord le sujet (A), ensuite il importe de
définir les concepts (B), et enfin de faire une revue sommaire de
littérature sur notre sujet et énoncer quelques
considérations théoriques (C).
A- Présentation du sujet
L'Etat contemporain fait face de nos jours à
d'importantes influences et mutations qui sont autant structurelles
qu'institutionnelles. Le pétrole joue un rôle fondamental dans
cette mutation.
"L'or noir" Camerounais, qualifié à tort ou
à raison « éphémère », s'est vu
durant une bonne période non budgétisé. L'appareil
politico-administratif légal avait inventé une astuce, astuce
comptable à la fois ingénieuse et inédite :
« le compte hors budget » qui, d'une manière ou
d'une autre servait plus et dans une certaine mesure les intérêts
des cadres administratifs (Président de la République, Ministres,
Directeurs Généraux) et moins le financement des secteurs
névralgiques en faillite comme la santé, l'éducation par
exemple. Ainsi jusqu'à une date très récente, les recettes
pétrolières du Cameroun n'étaient pas
budgétisées, il eut fallu un diktat énergique des
Institutions de Bretton Woods en appui aux revendications internes pour que cet
état de chose puisse trouver des débuts de correction avec la
prise en compte du pétrole par les acteurs politique dans le processus
des politiques publiques.
B- Clarification conceptuelle.
Toute étude scientifique fonde sa
notoriété par le détour d'une rupture
épistémologique, dans la mesure où en permettant une mise
en condition du chercheur, cet exercice l'éloigne du sens commun et des
idées préconçues qui font partie du langage ordinaire
qu'il faut systématiquement critiquer pour ne retenir dans la poursuite
de sa recherche que les mots dont le sens est suffisamment établi pour
permettre que tout s'accorde sur ce qu'il veut étudier et ce qu'il veut
dire ( G. Bachelard cité par Kayo Sikombe :2007 :2-3). Pour rendre
compréhensible notre sujet il importe de donner un sens dans l'usage des
concepts à utiliser ; c'est pourquoi nous définirons les
termes : "Acteurs" (1), ensuite nous donnerons le sens dans lequel
nous appréhendons "le pétrole" (2), par la suite nous
définirons le concept de "Jeu" (3), nous donnerons une définition
des politiques publiques qui cadre avec l'analyse des travaux que nous essayons
de faire (4), puis enfin l'action publique qui est au coeur de l'analyse des
politiques publiques (5).
1-L'acteur.
L'acteur peut être pris au sens de Crozier et Friedberg
qui le définissent comme étant « celui dont le
comportement ou l'action contribue à structurer un champ,
c'est-à-dire construire des régulations »1(*). Les acteurs sont dotés
de rationalité, même si elle est limitée. Ils sont
autonomes et rentrent en interaction dans un système qui contribue
à structurer leurs jeux. On cherchera donc à expliquer la
construction des règles, le construit social à partir du jeu des
acteurs empiriques, calculateurs et intéressés. Les acteurs
peuvent être des entrepreneurs politiques, économiques et
industriels ; ceux-ci interviennent dans un système, une
organisation qui doit et peut s'ajuster à des contingences et des
changements de natures diverses. Dans le cas d'espèce, les acteurs du
secteur pétrolier au Cameroun ne sont pas seulement les acteurs
politico- administratifs (Etat du Cameroun et pays Occidentaux), mais aussi
les multinationales (Exxon Mobil, Chevron Texaco, Shell) et de plus en plus les
sociétés pétrolières nationales privées
(Tradex, Socaepe, Bocom Petrolex ...), les corporations, les consommateurs qui
de près ou de loin agissent à un niveau de la chaîne pour
l'amélioration de la gestion des produits issus de ce secteur.
2- Le pétrole :
variable explicative et structurante de la scène politique au
Cameroun
Pétrole, du latin "Petroleum" qui signifie "huile de
pierre" est une huile minérale. Il fait partie de notre quotidien
à travers ses nombreuses utilisations. Le pétrole est un produit
stratégique, car c'est un type d'énergie très
utilisé et ayant une source d'approvisionnement délimitée,
mais aussi parce que c'est une ressource d'énergétique non
renouvelable et surtout en voie d'épuisement. La première
compagnie à faire jaillir le pétrole pour la première
fois fut le 27 Août 1859 aux Etats-Unis à Titus Ville2(*).
De nos jours les quantités de production
pétrolière se sont stabilisées à environ (32)
trente deux millions de baril par année3(*), mais le Cameroun reste un petit pays producteur de
pétrole face à certains Etats Africains tels que
l'Algérie4(*),
l'Angola5(*), le
Nigeria6(*), la
Lybie7(*), ou à la
Guinée Equatoriale8(*). Cette position n'empêche en rien la croissance
de la consommation nationale au fil des années qui avoisine un million
de tonne par an. La SONARA structure nationale qui a la charge de raffiner le
pétrole camerounais et qui raffine en moyenne deux millions de baril/an
approvisionne le marché local à hauteur de 80%9(*), ce qui n'est pas
négligeable pour faire le constat selon lequel le Cameroun est un Etat
pétrolier. Même si avec cette production pétrolière
annuelle il ne figure pas parmi les pays membre de l'Organisation des pays
producteurs de pétrole (OPEP)10(*), il est tout de même membre de l'Association
Africaine des pays producteurs de pétrole (APPA)11(*), et a abrité les
travaux de la 25eme session ordinaire du conseil des ministres des pays membres
de cette organisation au palais des congrès de Yaoundé le 28 Mars
2008 sous la présidence du Premier Ministre Camerounais (Kounou
2009 :289), preuve de plus pour confirmer son statut. Si la production du
pétrole au Cameroun n'a pas d'impact sur le secteur pétrolier au
travers de la distribution pour la consommation, quels sont donc les secteurs
prioritaires et primordiaux qui reçoivent des financements venant de la
rente pétrolière.
La filière pétrole est beaucoup plus complexe
que ce qu'on peut s'imaginer, elle ne se limite pas seulement à la
transformation et à la vente du «Super » ou
« carburant auto » dans les stations services. Lorsqu'on
parle du pétrole, il s'agit du « Brut » dans la
plupart des cas qui est transformé dans les raffineries allant du gaz
combustible au bitume en passant par quelques produits comme le butane, le
propane, le super, le pétrole lampant, le gas-oil, le fuel (lourd ou
léger) et le jet.
Mais dans le cas de notre étude il sera question de
voir le pétrole non pas du point de vue Chimique et industriel mais
beaucoup plus d'un point de vue politique, comme une ressource dont la
maîtrise est importante dans la construction de la politique publique
globale ou sectoriel d'un Etat. Elle est un enjeu de pouvoir important, qui a
un impact considérable sur la scène politique. Deux indicateurs
nous permettrons de définir avec acuité le sens du pétrole
dans nos travaux. Premièrement, la dimension matérielle qui nous
permet de voir en termes de finance ce que la ressource
pétrolière a apporté aux projets gouvernementaux par
exemple dans le secteur du transport.
Deuxièmement, la dimension cognitive qui nous permet de
voir comment le pétrole transforme d'une part le sens d'une politique
gouvernementale de manière globale, et d'autres part la perception des
populations, de ce qu'ils se fixent comme vision en tenant compte du fait que
le Cameroun est un pays producteur de pétrole.
Ainsi le pétrole pris comme variable explicative, nous
permettra donc d'expliquer dans une large mesure le jeu des acteurs
engagés dans la construction de la politique publique des hydrocarbures
au Cameroun.
3- Le jeu : interaction
complexe des acteurs
« Il y a jeu dès que deux personnes
interagissent », c'est-à-dire que la notion de jeu
résulte d'une interaction entre deux ou plusieurs individus ou groupes.
Ces relations peuvent être d'ordre moral ou physique d'après la
théorie des jeux qui constitue une approche mathématique des
problèmes de stratégie tel qu'on trouve en recherche
opérationnelle et en économie. Dans le secteur pétrolier
plus particulièrement, ce jeu se complexifie au fur et à mesure
que le pétrole entre dans la scène politique comme
élément de base pour l'évaluation d'un programme, d'une
politique. Faire usage de cette interaction complexe permettra d'étudier
les situations ou les choix des protagonistes ont des répercussions ou
des réactions pour l'un comme pour l'autre. Le jeu sera dans le cadre de
notre travail l'outil qui nous permettra de discerner le comportement des
acteurs face à des situations naturellement antagonistes, et qui comme
des agents rationnels agiront de par leurs intérêts conflictuels
ou convergent au moyen de la mise en évidence des stratégies
optimales développées autour de la ressource
pétrolière. Le jeu sera donc analysé comme
constitué des stratégies, des ruses, des feintes et pièges
par lesquels les protagonistes entraîneront la modification du sens et de
la puissance des projets ou des programmes politique, un mécanisme
concret grâce auquel les hommes structurent leurs relations de pouvoir,
et les régularisent pour augmenter leur liberté de façon
à créer de nouvelles opportunités susceptibles de
transformer en leur faveur l'ensemble du jeu.
Une démarche systématique prend en compte le
pétrole pour traiter et comprendre ces problèmes complexes,
permettant d'interpréter le comportement des acteurs dans le processus
d'élaboration d'un système notamment à travers l'influence
sur la structure du jeu et la logique du jeu qui participent à la
construction des politiques publiques.
4- Les politiques
publiques : variable expliquée de la structuration du jeu entre
acteurs sur la scène politique.
Bien qu'étant la plus récente des disciplines en
science politique, les politiques publiques constituent en leur sein une
discipline qui couvre par ses contributions trois aspects : la
connaissance, l'action ou la gestion, la formation (Landry, 1980).
Au-delà de la multiplication des définitions qu'il peut avoir
autour des politiques publiques, celles qui rendent compte de manière
globale et péremptoire de nos travaux sont celles
développées par Meny et Thoenig et par Massardier ; la
première aborde les politiques publiques comme étant
« l'action des autorités publiques » s'appuyant sur
un programme d'action gouvernementale dans un secteur de la
société (la santé, la sécurité) ou dans
l'espace géographique (Meny et Thoenig, 1989). Elles peuvent aussi
être perçues comme « tout ce que le gouvernement
décide de faire ou de ne pas faire » (Howlet et Ramesh, 1995).
La seconde est celle de Massardier qui définit une politique publique
comme un ensemble d'actions complexes plus ou moins coordonnées dans un
espace unifié. Pris au sens pluriel, elles peuvent aussi s'inscrire dans
un espace de sens plus ou moins unifié ; elle est alors un
processus continu de fabrication (Massardier, 2003 :84-85), de
construction, de création d'un nouvel ordre politique pouvant mettre en
cohérence des systèmes d'action à travers de multiples
acteurs qui parfois se suffisent à elles mêmes. En mettant
ensemble ces deux définitions, nous situons notre concept de politique
publique dans une perspective dynamique de l'action politico-administrative
changeant en fonction de la force d'action des acteurs en présence dans
un secteur.
L'interaction est donc par rapport à ces points de vue
au coeur de la conception moderne des politiques publiques. Dans ce sens Muller
et Lagroye fournissent l'un après l'autre des définitions
opératoires pour notre étude lorsqu'ils affirment que les
politiques publiques doivent être considérées, pour le
premier comme des « processus de médiation sociale dans la mesure
où l'objet de chaque politique publique est de prendre en charge les
désajustements qui peuvent intervenir entre un secteur et d'autres
secteurs, ou encore entre un secteur et la société globale »
(Muller 1990 :24). Ainsi la médiation sera perçue dans le cadre
de notre étude comme une sorte d'harmonisation d'arbitrage dans les
aspirations non contradictoires et la prise en compte des acteurs dans un
secteur bien précis. Pour le second, ce sont « un ensemble de
processus concrets dans lesquels sont engagés directement ou
indirectement, les élus et l'administration publique, mais aussi les
organisations professionnelles et syndicales, les groupes
d'intérêts et de causes, des associations professionnelles »
(Lagroye 1992 :451). En effet il s'agit d'une manière ou d'une autre de
démontrer que même pour les secteurs les plus fermés, il y
a une obligation pour l'Etat contemporain d'améliorer l'action publique
de l'appareil politico administratif par la reconnaissance de la dynamique et
de l'émergence de nouveaux acteurs dans le secteur et par leur prise en
compte dans les processus politiques.
Les politiques publiques sont prises dans notre étude
comme variable expliquée pour le pétrole qui permet de percevoir
le jeu des acteurs. Le pétrole joue de plus en plus un rôle
déterminant dans la construction de notre politique des hydrocarbures,
en ce sens que cette ressource influence la perception et la définition
des problèmes politiques dans le type de décisions prises, de la
facilité ou non de la mise en oeuvre de la politique.
Pour cette étude nous considèrerons les
politiques publiques comme étant l'ensemble des programmes dont la
fabrication est dans une large mesure le fruit du jeu complexe entre les
acteurs du secteur bien précis du pétrole, qui, elle-même
comprend des sous-secteurs dont la mise en commun des différents
programmes contribuera à l'harmonisation et la rationalisation de la
gestion du secteur pétrolier au Cameroun.
5 L'action publique comme
outils d'analyse des politiques publiques.
L'évaluation d'une politique publique se fait sur la
base du travail mené par le gouvernement. Ce travail sera
considéré comme une action publique lorsque à la base de
la politique se trouve une autorité administrative car étant
maître de l'agenda politique, et que dans sa phase d'exécution et
de mise en oeuvre l'autorité soit toujours présente et qu'au
finish elle arrive à répondre à un problème bien
précis envers la population ou à un "public cible".
L'action publique sera donc cet instrument de mesure de l'efficacité des
politiques publiques pour le chercheur, les politiques publiques
elles-mêmes étant dans cette dialectique une boite à outil
pour le décideur.
C- Revue de la littérature et considérations
théoriques.
Elle est considérée comme l'état de la
question. C'est aussi le degré de traitement du point de vue
scientifique de tout ce qui a trait à notre sujet, ce qui pourrait nous
éviter de refaire le travail d'une autre personne ; elle permet de
concevoir les frontières de manière tangible de notre travail et
de le situer de manière précise dans une perspective
théorique bien précise. Des travaux recensés sur le
pétrole au Cameroun, il se dégage deux axes d'analyse : d'un
coté l'analyse du pétrole comme ressource à enjeu
stratégique et de l'autre coté l'analyse d'une ressource à
enjeux économiques à répercussions sociales. La question
du pétrole a suscité des écrits dans le champ des
relations internationales. Nain Viviane Kwain, dans le cadre de ses travaux
essaye de construire un statut aux pays africains à partir de
l'exploitation de la ressource pétrolière. Elle va donc prendre
appui sur le Cameroun en se référant au Nigeria pour une vision
ou une perspective internationale. Ntuda Ebodé, dans un même
champ, fera l'évaluation des effets du pétrole dans la zone
d'Afrique centrale par l'analyse des problèmes de l'exploitation et de
la redistribution des ressources pétrolières tant sur les plans
sociaux, économiques que politiques dans la sous région. Il se
rend compte qu'il y a non seulement un lien entre la bataille de grandes
puissances étrangères pour les contrats pétroliers dans la
sous région mais aussi une certaine revendication des populations
à l'endroit de l'Administration Centrale Publique (gouvernement). Ce qui
l'amène alors à démontrer que la ressource
pétrolière est une source de conflit en Afrique centrale. C'est
dans cette dialectique qu'en 2004, il publie un article « les enjeux
pétroliers du Golfe de Guinée » ceci pour faire
ressortir ces enjeux au-delà de la sous région, dans l'ensemble
du Golfe de Guinée12(*) où les enjeux liés au pétrole
sont d'ordre économique, politique et stratégique selon lui.
D'autres champs explorent aussi de manière scientifique
la ressource pétrolière, notamment les champs d'économie,
d'économie politique. Les constats qui découlent de l'analyse de
ressource pétrolière font état de ce que les pays
africains producteurs de pétrole sont dans une large mesure des pays
politiquement instables, économiquement faibles et
demeurent la plus part des fois sous développés.
Les travaux de certains auteurs nous ont
particulièrement intéressé et ont aiguisé notre
appétit sur la perception et la gestion du pétrole comme un bien
public au Cameroun.
Primo, les travaux de M. Kounou dans lesquels il
relève le paradoxe entre les reserves prouvées et l'exploitation
à grande pompe du pétrole africain et la pauvreté
générale des populations. Dans cette dialectique il
préconise d'une part la socialisation de la rente
pétrolière et d'autre part la démocratisation de sa
gestion. Nous nous inspirons de ses travaux pour aller plus loin dans la
réflexion dans la mesure où nous n'allons pas nous baser
seulement sur les rapports des chiffres données par des organisations
internationales et autres, mais nous allons regarder quel est l'impact que ces
chiffres révélés au grand public de manière
récurrente ont sur les populations et sur la politique globale du
gouvernement.
Secundo, les travaux d'Elizabeth Ze qui perçoit le
pétrole (or noir) comme une ressource stratégique aux enjeux de
sécurité nationale et internationale. Elle traite dans son
travail le pétrole sous l'angle environnemental (exploitation,
pollution, incendie) en s'appuyant sur un axe sécuritaire très
grave. Elle considère tout de même que les risques
stratégiques et sécuritaires sont inters reliés. Ses
travaux s'écartent des nôtres dans la mesure où nous
considérons la ressource pétrolière comme étant
stratégique a cause de sa capacité à changer la perception
des acteurs et donner une force a ceux qui contrôlent la ressource.
Tertio, les travaux de Lucie Ngono qui s'intéresse tout
comme Elizabeth Ze à la gestion du pétrole au Cameroun. Son
intérêt est plus porté sur le côté social de
cette ressource. Car sa préoccupation dans ses travaux s'articulent
autour de la détermination du prix du pétrole à la pompe.
Son travail s'appuie sur le triptyque fixation, gestion, impacts des taxes
liés au pétrole sur le plan sociopolitique. Nous n'allons pas
seulement nous attarder sur la valeur du prix du pétrole mais de voir
qui sont les acteurs qui contribuent de près ou de loin à
instaurer ou à rendre possible ces valeurs fixes. Il s'agira aussi dans
nos travaux de faire une analyse sur la politique redistributive par l'appareil
politico administratif tout en prenant appui sur la ressource
pétrolière.
Quarto Ombe Ndzana qui dans les années 1987 parlait
déjà de deux phases de l'économie camerounaise en
introduisant la variable pétrole comme élément
d'intersection de ces phases en distinguant de la phase pré
pétrolière (1960-1976) et la période
pétrolière (à partir de 1976-1986). Ainsi faisait-il du
pétrole la variable explicative de la santé économique de
l'Etat camerounais qui a remplacé de manière progressive
l'agriculture longtemps considéré comme la source principale de
ravitaillement de l'Etat ; autre analyse qu'il fait c'est que
l'exploitation du pétrole est croissante et celle de l'agriculture est
décroissante au point où, en 1984 le gouvernement enregistre des
recettes de l'exploitation respectivement de l'ordre de 76% environ pour la
rente pétrolière contre seulement 14% pour la plus-value agricole
camerounaise des recettes de l'Etat. Ceci lui fait faire le constat selon
lequel il y a lieu de prendre acte de ce bouleversement du paysage
économique au Cameroun (Ombe Ndzana, 1987 :78). Tout compte fait,
il met l'accent sur la place de l'économie agricole dans
l'économie politique du Cameroun en générale et en
particulier analyse les logiques et les enjeux de l'implantation du complexe
agro-industriel de la région du sud-ouest notamment la CDC, la SONARA
pour ne citer que ceux-là. Nos travaux prendrons certainement en compte
cette césure de l'économie camerounaise telle
développée par Ombé Ndzana mais s'écartera de sa
logique sur la valeur donnée au pétrole. Si selon lui, le
pétrole est une valeur permettant de qualifier la séparation de
notre économie et permettant le passage d'une étape à une
autre, il sera question pour nous de le considérer comme une valeur
explicative et structurante d'une nouvelle vision, d'un nouvel ordre politique
en matière de programme et d'action gouvernementale.
En considérant tous ces travaux sur le pétrole,
notre travail s'arrêtera sur la perception que l'Etat camerounais se fait
du pétrole et comment pense t-il sa gestion étant entendu que
dans le cadre de nos travaux nous percevons la ressource
pétrolière non seulement comme un bien public, mais
également comme une variable explicative du jeu des entrepreneurs
politiques et économico-industriels dans la conception et la mise en
oeuvre d'une politique publique. Nos travaux s'inscrivent donc directement
à la suite de Michel Kounou dans ce sens où,
s'il fait une étude critique de la gestion des ressources
pétrolière par les Etats et les grosses firmes (FMN)
pétrolière, il a pour le moins étudié les travaux
faits par ceux-ci dans le cadre de la construction d'une politique autour du
pétrole. Bien que reconnaissant l'action et la volonté de l'Etat
Camerounais de construire une politique énergétique efficiente,
nous chercherons à démontrer les mécanismes de fabrication
de «la politique des hydrocarbures»13(*) en nous basant non seulement
sur les interactions des différents acteurs engagés dans la
dialectique d'un jeu à somme non nul, mais également sur les
paradigmes de l'offre et la valeur sociale, ainsi que celle de l'action
politique.
SECTION II : CADRE STRUCTURANT ET OPERATOIRE DE LA
CONSTRUCTION DE L'OBJET
Il s'agira dans cette section de donner la
problématique de notre sujet (A), de déterminer une
hypothèse de travail (B), enfin de révéler
l'intérêt du sujet (C).
A- Problématique
La problématique exprime le souci de cohérence
logique et met en oeuvre des problèmes orientant la recherche. Elle est
un ensemble de questions sur une réalité précise. Partons
de certains constats pour dégager notre problème.
Au lendemain des années 1972, marquant la
période du choc pétrolier sur la scène internationale, le
Cameroun lance en 1973, la révolution verte qui se traduit par des
mesures incitatives pour améliorer la production vivrière et
surtout accroître le tonnage des cultures de rente. De façon
concomitante, dans les années 1974-1977 les camerounais s'étaient
mis à se réjouir du démarrage de l'exploitation du
pétrole de leur sous sol. Même s'il faut relever ici que
l'exploitation du pétrole au Cameroun ne commence pas à cette
période14(*). Le
discours que le Président de la République d'alors s'était
mis à développer a plutôt consisté à leur
demander de ne pas se poser les questions sur le pétrole, les
quantités produites quotidiennement, le montant de la vente de celui-ci.
Ce qui peut traduire la volonté de l'appareil politico administratif
d'orienter le Cameroun vers d'autres secteurs de production des ressources vers
un autre secteur - le secteur agricole- car on se rappelle encore de la
célèbre déclaration du Président Ahmadou Ahidjo
« l'or noir est éphémère, l'or vert est
éternel »15(*). Ce qui peut être traduit par une
interpellation de la part du Président de la République de
demander aux populations de continuer à cultiver sagement et avec plus
de vigueur l'arachide, le Plantain, "le macabo", l'igname le café et
autres, car c'est de là que proviendra notre salut, notre
développement.
Le secteur pétrolier est un secteur très
fermé selon la pensée populaire. Sa gestion relève de
l'ordre du flou et du secret d'Etat si l'on s'en tient aux dires de Jean
Assoumou16(*) qui
déclarait dans une interview télévisée que
« les affaires du pétrole au Cameroun sont tellement
compliquées au point où ça ne concerne que le
Président et moi »17(*). Ceci aurait pu créer une situation de
révolte dans la classe des acteurs politiques et même
économiques.
La question centrale de notre travail se pose au niveau de
savoir comment le pétrole pris comme variable explicative restructure de
manière dynamique la politique publique des hydrocarbures au
Cameroun et influence le sens et la perception des acteurs et des
populations?
Où mieux encore dans quelle mesure le pétrole
influence la scène, la structure et le sens du jeu politique au
Cameroun ?
A partir des éléments cités plus haut
comme constat, il sera question de voir si tous ces faits ont une nouvelle
signification avec la politisation du pétrole au Cameroun. Ainsi des
questions secondaires peuvent alors émerger :
- Dans quelles mesures l'entrée du pétrole
modifie le sens et change la logique d'une politique de manière
générale ;
- Comment la structure du jeu est fortement influencée
par la recherche du contrôle de la ressource pétrolière.
Ce double questionnement viendra compléter la
compréhension de notre sujet à partir de l'influence de la
ressource pétrolière sur la structure et la puissance du jeu, la
perception du sens et de la logique du jeu dans la dynamique de fabrication de
la politique publique des hydrocarbures au Cameroun.
B- Hypothèses de recherche
"L'hypothèse est une proposition de réponse
à la question posée. Elle tend à formuler une relation
entre de faits significatifs". (Grawitz, 2001 :398). Elle est le fil
conducteur d'un travail de recherche. A partir de notre problématique
nous pouvons dégager une hypothèse.
Le pétrole est progressivement entré sur la
scène politique comme un enjeu de pouvoir, ce qui permet aux acteurs de
plus en plus nombreux d'avoir une position influente dans la définition
du jeu au point d'amener les pouvoirs publics à adapter sa logique aux
rationalités émergeantes et à s'harmoniser de
manière rationnelle et à des nouveaux acteurs qui s'affirment.
De cette hypothèse centrale peut émerger des
hypothèses secondaires :
- Plusieurs types d'acteurs (politiques économiques
industriels sociaux et culturels) ont participé à la politisation
du secteur pétrolier ;
- Le choix des actions posées par ces acteurs de plus
en plus nombreux de manière synergiques et transposé en
réseaux, a forcé l'orientation de l'action politique par les
gouvernants Camerounais au point où ils ne sauraient plus être les
seuls à programmer des actions pour une meilleure
opérationnalisation dans le secteur ;
- L'administration Camerounaise aurait opté pour un
choix d'action politique pour sa gestion du pétrole ce qui permet ainsi
de prendre en compte certains si non tous les acteurs participant à
l'élaboration des "politiques publiques" du secteur
pétrolier.
C- Intérêt du sujet
Il y a un double intérêt à faire un travail
de recherche sur ce thème ; il s'agit primo d'un
intérêt pratique actuel ; secundo, d'un intérêt
scientifique et méthodologique.
1- Un sujet pratique et
d'actualité portant sur l'impact du pétrole sur la politique
publique
La majeure partie des études sur le pétrole
démontre qu'il est une ressource stratégique non seulement pour
la constitution d'un Etat en puissance, mais également pour la
construction du développement et du bien être étatique.
Ainsi dit, l'exploration de cette énergie fossile ou « or
noir » est l'un des piliers de l'économie contemporaine. Elle
sert par des mécanismes propres aux gouvernements à financer des
secteurs sensibles pour son épanouissement et par conséquent
contribue à améliorer les conditions de vie des populations en
permettant à ceux-ci d'atteindre les objectifs globaux qu'ils se sont
fixés.
En effet, depuis quelques années déjà le
Cameroun s'est engagé dans un processus de libéralisation des
grands secteurs de la vie politique et économique et par le truchement
du secteur pétrolier. Pour cette raison, il est important de faire
certains travaux dans le secteur pétrolier prenant en
considération la libéralisation de ce secteur dans la vision
socio politique du pays, d'autant plus qu'avec la fluctuation du prix du baril
de pétrole à l'international, les populations se posent quand
même la question de savoir à quoi sert réellement l'argent,
le gain du pétrole qui est vendu sur le plan international, si tant il
est vrai que le Cameroun est un pays producteur de pétrole fut il
modeste.
Plus encore, la nécessité d'évaluer
l'apport du pétrole dans la construction de la politique publique
s'impose au regard du désir du Cameroun de passer au stade d'Etat
émergent, quand on sait que cette catégorie d'Etat renvoie au
groupe des Etats semi industriels et requiert l'utilisation
accrue de cette ressource.
2- Le pétrole, un
domaine de recherche peu exploré en politique publique au Cameroun
Le pétrole comme objet d'étude
dans le champ de l'économie politique et des politiques
publiques a été très peu exploré et
étudié au Cameroun. Ceci pour au moins deux
considérations.
Premièrement, au lendemain de la découverte de
la première goûte de pétrole à l'estuaire du Wouri,
de son exploitation sous le régime d'Ahidjo, le Cameroun assoit sa
stratégie de développement sur l'Agriculture, baptisé
"Or vert" et non sur l'exploitation pétrolière "Or
noir". Ce qui est une preuve que bien que déjà producteur,
l'appareil politico administratif dès le départ établit un
mystère sur la règle de conduite dans la gestion du
pétrole camerounais. Les données chiffrées des recettes,
les procédures, sont du domaine du secret de quelques hommes de la
République rodant autour des puits et des services adoubés par
la présidence. En principe, la révolution verte lancée
à Buéa en 1973 avait pour objectif l'amélioration de la
production vivrière et surtout l'accroissement du tonnage des cultures
de rente. Mais une interprétation poussée peut laisser croire que
le but ultime était de détourner l'attention du pétrole
naissant. Pour accompagner cette mesure, plusieurs institutions et
sociétés sont créées à l'instar de
« la banque du paysan », le FONADER (fonds national du
développement rural), la SODECAO, CDC, SEMRY, SOCAPALM, SODERIM,
SODENKAM ; bref, l'Etat camerounais se fait planteur18(*).
Deuxièmement, poser la question de la destination de
l'argent du pétrole de l'influence du pétrole sur la perception
des acteurs politiques dans la construction d'un programme d'action
gouvernemental pourrait paraître saugrenu dans la mesure où
l'appareil politico-administratif va mettre en place une technique de diversion
des fonds du pétrole à travers une astuce comptable à la
fois ingénieuse et inédite à savoir le compte hors budget
(CHB). En réalité les revenus du pétrole étaient en
vain tenus à l'écart du reste de la population dans le cadre des
comptes encadrés juridiquement par le fameux article 18 de la loi de
finance de la constitution de 1972. Cet argent dont le montant était un
secret d'Etat était certainement utilisé à la guise de la
Présidence de la République, ce qui faisait du Président
le seul juge de l'opportunité d'affectation des ressources
pétrolières et de la définition de l'attitude à
adopter envers cette ressource.
Au regard de ce qui précède, l'étude que
nous voulons entreprendre est une contribution qui vise à combler les
lacunes accusées au Cameroun par les travaux effectués sur les
questions pétrolières jusque là et qui n'ont pas toujours
été abordées dans le sens d'un déterminant des
politiques publiques, mais beaucoup plus dans le sens de ressource dont dispose
l'Etat Camerounais, et devrait faire usage de manière stratégique
dans le rapport de ses relations avec les autres Etats.
SECTION III : CADRE OPERATOIRE D'ANALYSE
Tout travail scientifique se fait sur la base d'un espace
temporel et dans un champ de compétence bien précis. Il s'agira
donc ici de déterminer le cadre géographique de notre travail
ainsi que notre champ scientifique de compétence d'une part (A), et
d'autre part de déterminer le cadre chronologique (B).
A- Cadre géographique et champ de compétence
Il ne s'agit pas tant de tracer des limites tangibles comme
celles des frontières du territoire de l'Etat, mais d'envisager les
degrés d'emprise de notre étude sur des secteurs privés et
publics dans la gestion pétrolière au Cameroun. L'étude
portera dans la ville de Yaoundé, particulièrement autour de
l'impact du pétrole et de ses dérivés sur la politique des
hydrocarbures. Il pourrait donc se dégager une sorte de jeu entre les
acteurs de différentes sphères d'activités
économiques. Il sera essentiel de relever l'importance de la gestion des
biens publics dans un environnement partagé par des groupes
d'intérêts personnels et des groupes d'intérêts
collectifs.
B- Cadre chronologique
C'est le cadre temporel qui fera l'objet de notre
étude. La période 1974 à 2008 marque le temps dans lequel
nous consacrerons notre l'analyse. La borne inférieure marque la date
officielle du début du monopole de l'Etat dans la production et
l'exploitation de la ressource pétrolière au Cameroun.
L'année 2008 est la période qui marque la fin de nos recherches.
Certains repères peuvent nous conduire tout au long de
notre étude à crée d'autres césures importantes. En
effet, sous la pression du FMI, de la Banque Mondiale et des acteurs nationaux
tels la société civile, les groupes associatifs et syndicats, le
Cameroun au travers du gouvernement est contraint d'inscrire sur l'agenda
politique le problème de la ressource pétrolière, puis par
la suite se verra modifier le schéma de la politique
pétrolière nationale. Au milieu des années 1990 l'Etat
change la donne dans le secteur pétrolier et signe un premier contrat de
performance avec la SONARA, ce qui consacre l'arrêt du monopole de la SNH
pour la fourniture du pétrole brut à la raffinerie et
l'obligation pour cette dernière d'acheter le brut au cours
international. Ainsi à la fin de la même décennie, bon
nombre de textes d'ordre juridique sont élaborés pour ainsi
réguler les pratiques dans ce secteur. On peut noter entre autre le
décret N°98/165 du 26 Août 199819(*), qui marque la
réorganisation de la structure en charge de la stabilisation des prix
des produits pétroliers, la loi N°99-013 du 22 Décembre
199920(*) disposant dans
son article1 la promotion des opérations pétrolières sur
l'ensemble du territoire camerounais, la fixation des modalités de
prospection, de recherche, de l'exploitation et de transport des
hydrocarbures. Le décret N°2000/465 du 30 Juin 200021(*).
SECTION IV : L'OPTION POUR UN COMPLEXE METHODOLOGIQUE
DANS L'ANALYSE DE L'ACTION PUBLIQUE DE L'ENERGIE
La démarche est la clé de voûte d'une
étude scientifique : elle s'applique de manière
corrélationnelle à l'objet de recherche (simplifié ou
complexifié) et à une ou plusieurs méthodes (Bachelard
1984). La méthode doit permettre à toute science et même
toute connaissance d'explorer rationnellement son domaine, d'en repousser
éventuellement ses limites tout en étant d'ailleurs suffisamment
ouverte aux autres modes de connaissances et aux faits pour ne pas se
scléroser (Nezeys ; 1998 :3). De ce qui découle, et
compte tenu de la spécificité de l'objet à étudier,
la méthode qui constituera la règle du jeu tout au long de notre
travail sera nécessairement un complexe d'approche nous permettant de
cerner toutes les dimensions du phénomène du pétrole sur
la réalité politique des hydrocarbures.
Il s'agira donc dans cette section de parler d'approches
d'analyses des politiques publiques (A), de montrer l'apport de l'analyse
sociologique dans l'étude de l'action publique (B). Nous
énoncerons aussi ici le choix des techniques de recherches opté
pour mener à termes nos travaux (C) ainsi que notre plan (D).
A- Approches d'analyses des politiques publiques
Une politique publique est à la fois un construit
social et un construit de recherche (Muller, Surel, 1998 :14). Dans le
cadre du travail en même temps que nous essaierons de démontrer le
mécanisme de participation du secteur pétrolier dans la
construction des politiques publiques au Cameroun en faisant usage des
approches qui rendront compte de l'action publique en elle-même.
L'apport fondamental de notre travail pourrait venir de
l'analyse des politiques publiques en ce sens que celles-ci nous permettent de
voir pourquoi l'Etat intervient d'une part et de manière pratique,
mesurer l'efficacité et le sens de l'action publique d'autre part. Entre
ces deux logiques, il sera important de voir dans quelle mesure l'action
publique est-elle évolutive dans ce sens qu'il y a changement et
transformation des règles, du comportement des acteurs pour
l'harmonisation du secteur. Trois approches ont été retenues
dans ce cadre ; il s'agit de l'approche cognitive (1), du
Néo-institutionnalisme historique (2), et de l'approche
séquentielle des politiques publiques (3).
1- L'approche cognitive
Les travaux de Jobert et Muller (1987) sur l'approche
cognitive des politiques publiques nous ont fortement influencés. En
effet cette approche est un courant d'analyse qui nous permettra de saisir les
politiques publiques comme des matrices cognitives et normatives constituant
des systèmes de perception et d'interprétation d'interpellation
du réel dans le secteur pétrolier et au sein desquels les
différents acteurs publics et privés pourront inscrire leurs
actions (Muller, Surel, 1998 :47). Elle permet d'opérationnaliser
les valeurs générales dans un domaine, une politique
précise, un sous-système. Elle nous permettra de dresser des axes
d'actions souhaitables qui déterminent pour partie en interaction avec
le jeu d'intérêt et le poids des institutions les
stratégies des acteurs ; dans notre cas d'espèce, les
techniques et les méthodes employées vont fortement varier en
fonction du marché qui est le paradigme sur lequel nous nous appuyons.
L'existence d'une matrice cognitive et normative est par essence source de
"frontière" mais également à l'origine des modes
d'articulation de passage de ces "clôtures" qui permettront aux tenants
du marché, de se positionner par rapport à un ensemble plus
grand. Ici les frontières peuvent être les groupes
d'opérateurs, les organisations, ou même le sous-système.
Ainsi, l'approche cognitive dans le cadre des politiques publiques nous
permettra de mieux comprendre comment la ressource pétrolière
influence la manière dont la perception des différents acteurs
change aussi bien sur eux que sur les autres.
2- Le
Néo-Institutionnalisme historique
Il a été formulé selon Muller et Surel
(1998) avec l'intention de rompre avec les approches behavioristes et
considérant les institutions comme facteur "d'ordre" essentiel qui
définissent les cadres où se déploient les comportements
industriels ; Il est soucieux aussi de ne pas retomber dans les travers
descriptifs de l'institutionnalisme classique ou traditionnel centré sur
les organes politico- administratifs. Notre étude s'appuiera sur le
Néo-Institutionnalisme historique car il nous permet de placer non
seulement l'Etat au centre de l'analyse (Evans, Rueschemer, Skocpol,
1985)22(*), mais à
appréhender l'Etat en interaction dans une perspective de long terme et
par le biais d'analyses comparées permettant ainsi de tracer des
"trajectoires" dans un cadre national (Steino, Thelen, Longstreth,
1992)23(*). Nous prendrons
aussi appui sur le Néo Institutionnalisme de choix rationnel qui met
l'accent sur les institutions comme élément réducteur
d'incertitude et facteur déterminant de production et d'expression de
préférence. Celle-ci met en exergue la notion du choix rationnel.
Les tenants de ce courant insistent sur l'appréhension des interactions
stratégiques des acteurs ; le fondement et la permanence des
institutions sont alors fondés sur l'importance que leur donnent les
acteurs parce qu'elles sont réductrices d'incertitudes et
confèrent aux acteurs pertinents des satisfactions durables qui
neutralisent la concurrence (Muller, Surel, 1998 :46). La perspective
Néo-Internationaliste est posée comme tentative de relativisation
de la dépendance du système politique par rapport à la
société au profit d'une interdépendance entre institutions
sociales et politiques relativement autonomes (March, Olsen, 1984 :738).
Par là même, les institutions ne sont pas seulement perçues
comme un miroir mais plutôt un cadre dynamique d'interactions
influencé par des facteurs exogènes lié au jeu d'acteurs,
de la sélection des leaders et de la distribution des ressources qui
changent forcement et progressivement par l'effet de ces interactions
(Massardier, 2003 : 152-153). De manière précise, le
Néo-Institutionnalisme conduit à la mise en place d'une sorte
d'échelonnement de l'importance de l'action publique dans un secteur
complexe à deux niveaux : au niveau des Institutions perçues
comme facteur d'ordre, ensuite sur la "policy" le reflet ou
l'interprétation du secteur. Dans le cadre de notre étude, il
s'agira donc de s'appuyer sur ces deux courants Néo-Internationalistes
pour voir comment l'Etat qui a libéralisé le secteur
pétrolier, le contrôle et, par quelles manoeuvres les
opérateurs (Marqueteurs) cherchent à imposer leurs points de vue,
comment de manière combinée ceux-ci cherchent à satisfaire
la demande des consommateurs publics. Nous pouvons aussi ouvrir une
brèche sur le structuralisme pour voir comment la structure comme
combinaison d'éléments subit une modification progressive par le
jeu des acteurs qui recherchent à mettre au devant de la scène
leurs priorités. Bref l'approche nous permettra de rendre compte de
l'efficacité de l'action approche nous permettra aussi d'étudier
dans une large mesure comment se situe la structure du jeu autour du secteur
pétrolier au Cameroun. Analyser le jeu des acteurs dans la fabrication
des politiques publiques des hydrocarbures au Cameroun à partir de ce
schéma conceptuel permet de faire saisir les processus de changement de
référentiel d'une période donnée à une
autre.
3. L'approche
séquentielle des politiques publiques.
Pour l'essentiel, cette approche consiste à
découper les politiques publiques en série de séquences
d'action, qui correspondent à la fois à une réalité
des fabrications d'un idéal type d'action publique, (Surel,
Muller 1998 ; 28). Ainsi cette approche nous permettra de faire une
analyse des politiques établies de manière
séquencée ou par étage autour du pétrole et en
fonction du temps qu'il prévalait tant sur la scène nationale
qu'internationale. Partant des écrits de Charles O Jones qui a rendu
cette approche célèbre à partir de 1972, Massardier qui a
revisité, l'approche en passant par Meny, Thoenig, Surel et Muller qui
l'ont utilisés et vulgarisés tous sont au moins d'accord sur des
éléments fondamentaux des étapes que peuvent contenir
l'approche séquentielle à savoir les phases d'identification et
de définition des problèmes, de prises de décision, de
mise en oeuvre ou implémentation et celle d'évaluation.
L'approche séquentielle pourra nous permettre de constater dans
l'évolution du temps comment chacune de ces étapes sont
influencées et retravaille par le pétrole, une rupture du model
décisionnel "Top-Down".
B- L'apport de l'analyse sociologique dans l'étude de
l'action publique
La base
théorique de notre étude sera d'ordre sociologique, à la
lecture de la notion de système et d'autres concepts théoriques
que nous devrons opérationnaliser dans le but de rendre notre analyse
à la hauteur d'un travail scientifique. L'analyse stratégique et
le constructivisme sont les approches retenues pour notre travail. Deux
grilles d'analyses ont été retenus ici ; l'analyse
stratégique (1), et le constructivisme (2).
1- L'analyse
stratégique
L'action stratégique est le résultat d'une
dialectique entre les facteurs et les acteurs. Les facteurs qui influencent
cette action sont extrêmement divers. Mais un seul a donné lieu
à la constitution d'un champ spécifique :
l'élément spatial (Bégarie 2003 :65). C'est donc dire
que l'essence de la stratégie dans son analyse gravite autour de la
dialectique des intelligences utilisant la force et l'action pour
résoudre un problème donné dans un secteur ou espace bien
précis. Michel Crozier est l'un des acteurs dont les travaux ont fait
écho dans le cadre des politiques publiques. Ainsi dans son ouvrage
« l'acteur et le système » publié avec E.
Friedberg, ils posaient déjà la question de savoir «
à quelle condition et au prix de quelle contrainte l'action collective
qu'ils perçoivent comme étant organisée par les hommes
est-elle possible ? » (Crozier, Friedberg : 1977 :15).
Cette question devient récurrente en politique publique et trouve la
réponse suivante dans les écrits de ces
acteurs : « C'est la capacité des acteurs à
s'organiser collectivement à travers leurs stratégies et les
actions, leurs ajustements mutuels dans un système d'action qui
résulte du jeu de leur interaction qui intitule leur mode social
(Massardier 2003 :7).
L'apport de l'analyse stratégique dans nos travaux
explique un certain comportement des acteurs notamment la coopération ou
le conflit dans un secteur. La notion de rationalité qui est au coeur de
cette approche nous permettra de réaliser que les acteurs sont
rationnels et devraient admettre leur limite par rapport à la
rationalité dégagée. La théorie de la
rationalité de l'individu doit être élevée au niveau
de l'Etat. Ainsi dit, l'Etat ne saurait prendre la décision
d'élever le prix du carburant à la pompe et ceci de
manière continue sans analyse préalable des autres acteurs dans
le secteur pétrolier (la CSPH, la SCDP, la SONARA). Cette théorie
nous sera d'un grand apport dans le cadre de la compréhension des
mécanismes mis sur pied par les différents acteurs en
présence dans le secteur pétrolier au Cameroun en vu d'atteindre
les objectifs de satisfaction maximale de la consommation des produits
pétroliers et la régulation des prix par rapport à l'offre
et la demande.
L'analyse stratégique relativise le rôle des
dirigeants quand toute structure formelle s'y définit comme "une
codification provisoire d'un état d'équilibre entre les
stratégies de pouvoir et les stratégies de présence". Dans
le jeu néanmoins, il s'agira pour eux, même s'ils sont contraints
par le caractère partiel et indirect de leur intervention, d'assurer les
conditions de production de l'ensemble; ce qui équivaut à sa
survie et sa réussite et garantit la marge de liberté de
tous les participants.
2- Le constructivisme
Le constructivisme est présent dans plusieurs
sillages ; Schütz l'inscrit dans le cadre de la
phénoménologie, Pierre Bourdieu quant à lui l'inscrit dans
le structuralisme mais, Berger et Luckmann, l'inscrivent dans l'ordre de la
construction sociale de la réalité. Ici, la réalité
est une construction. Cela nous permet de manière libre de nous
interroger et de construire par notre propre vécu, la
réalité autour de la politique camerounaise d'hydrocarbure. Dans
une perspective de régulation de ce secteur à travers le
paradigme du marché, le problème que pose la gestion du
pétrole au Cameroun sera considéré comme une construction
des acteurs. Déconstruire les pratiques et les discours pour les
reconstruire, tel est le but du constructivisme. C'est alors une approche qui
implique une recherche de la manière dont la réalité est
construite, déconstruite et reconstruite par les acteurs en inter -
action autour du pétrole. Cette approche dont la méthodologie
est pourvue nous permettra d'expliquer les relations causales et de comprendre
ou rétablir le sens que donnent les individus à leurs actions.
Ceci met en exergue la notion d'arrangement intersubjectif
développée par Jürgen Habermas et les compétences
communicationnelles imposant un consensus et une structuration selon Giddens
(Corcuff 2007 :51-57).
De ce qui précède, il s'agira donc de
façon générale dans l'intégration de cette approche
de reconstruire le mécanisme de régulation politique et
économique par l'acteur central qu'est l'Etat et en intégrant
toutes les parties prenantes dans le secteur y compris l'opinion de la
population qui est le consommateur et bénéficiaire de la
politique établie.
C- Le choix pour une technique de recherche dynamique
Au regard du caractère pluridisciplinaire des
politiques publiques, il nous semble rationnel d'opter pour une combinaison des
techniques comme support à notre analyse dans la quête du
traitement des données. Les techniques sont définies comme des
outils mis à la disposition du chercheur pour collecter les
données dont il aura besoin. Dans ce but, elles sont comprises comme un
moyen d'atteindre un objectif pour une explication scientifique (Grawitz,
2001 : 352-353).
Les techniques vivantes et les techniques documentaires seront
donc mobilisées pour nos travaux :
· les techniques de recherche vivante
Ø L'observation directe comme technique de recherche en
science sociale nous aidera à lire la scène politique, en nous
attardant sur les mutations de celle-ci à partir du jeu des acteurs.
Nous avons pu par ailleurs observer que la politique initiée sur la
gestion des produits pétroliers basés sur le
référentiel de silence par le Président Ahidjo a
été reprise par le Président Biya au moment de la
transition politique au sommet de l'Etat. Mais avec les mutations
socio-politiques et économico - industrielle, on assiste à la
montée en puissance des groupes socio-économiques
organisés au basculement du référentiel de silence
à celui de la communication autours des produits pétroliers.
Ø Les entretiens comme techniques de collecte de
données, que l'on peut qualifier d'évènements de paroles
orales qui se produisent dans une situation d'interaction sociale entre
enquêteur et enquêté ; à partir de cette
technique nous parviendrons à l'acquisition des informations en temps
réel des acteurs dans le secteur pétrolier. A cet effet nous
avons engagés des entretiens et des interviews à questions libres
avec un nombre de certains responsables dont les propos étaient
déterminant pour comprendre ou élucider certains points.
· Les techniques documentaires
Ø Les ouvrages scientifiques seront nos sources
principales. En effet compte tenu du caractère scientifique de notre
étude il nous sera important d'avoir une base philosophique de
manière générale et de manière spécifique
une orientation dans le champ des politiques publiques un sous champ de la
science politique.
Ø Les journaux, revues, documents inédits,
textes officiels et autres documents relatifs aux politiques de gestion et de
régulation du secteur pétrolier au Cameroun seront
utilisés comme sources secondaires pour étayer notre étude
en faits et réussir le pari de faire une étude scientifique
d'actualité, chose qui n'est pas toujours évidente.
Cette démarche nous permettra d'organiser notre travail
sur deux idées principales à savoir : le pétrole
comme enjeu de pouvoir dans la configuration et la reconfiguration du champ de
l'action publique d'Hydrocarbure au Cameroun et la fragilisation Administrative
de la gestion du pétrole à l'harmonisation progressive des
rationalités dans la gestion des politiques publiques.
D- Annonce du plan
Au terme de nos enquêtes, nous avons structurés
nos informations autours de deux idées principales :
La première partie s'articulera autour de la
présentation du Pétrole comme enjeu de pouvoir dans la
configuration et la reconfiguration du champ de l'action publique au
Cameroun ;
La deuxième partie quant à elle parlera de la
fragilisation administrative de la gestion du pétrole et de
l'harmonisation progressive des rationalités des Politiques publiques
des hydrocarbures au Cameroun.
PREMIERE PARTIE : PETROLE COMME ENJEU DE POUVOIR DANS
LA CONFIGURATION ET LA RECONFIGURATION DU CHAMP DE L'ACTION PUBLIQUE AU
CAMEROUN
Il est important de montrer dans le cadre de la dialectique
d'une construction des politiques publiques la base de celle-ci. Le
pétrole ressource stratégique pour les adjuvants de la
Géostratégie et des Relations Internationales a cause de la
nature économique mondiale qui est plus que par le passe base sur
industrialisation dans le production, de part cela les pays possédant le
pétrole peuvent voir non seulement une lutte ardente vers la
conquête du pouvoir mais également la recherche du contrôle
non pas partielle, mais totale de la ressource pétrolière ;
ainsi la logique de la théorie du "Heartland" si chère
aux Réalistes dans les Relations Internationales s'appliquera autour de
cette ressource à l'interne dans le sens ou "qui tient la ressource
pétrolière tient et maitrise le coeur du système".
Il s'agira donc dans un premier temps de faire une lecture sur
l'entrée progressive du pétrole dans la restructuration
permanente de la scène politique au Cameroun puis par la suite
d'analyser les réseaux de politique publique comme élément
producteur d'un ordre politique transversal dans le secteur pétrolier au
Cameroun.
CHAPITRE I : L'ENTREE PROGRESSIVE DU PETROLE
DANS LA STRUCTURATION PERMANENTE DE LA SCENE POLITIQUE AU CAMEROUN
Les ressources pétrolières ont constitué
pour l'Etat central et la présidence de la république
d'importants moyens d'emprise souveraine et des instruments précieux de
gouvernance intervenant dans l'affectation des ressources.
De manière progressive et au fil des années, le
pétrole s'installe au Cameroun comme élément qui structure
et oriente dans une certaine mesure la politique et l'économie
gouvernementale. Par conséquent, il fait l'objet d'une mobilisation
interne des acteurs soucieux de le contrôler pour améliorer leurs
capacités d'actions. Il sera donc question d'examiner ou mieux de passer
au peigne fin le processus du "passage au politique" c'est-à-dire poser
un regard sur les acteurs socio politiques et économico- techniques du
secteur pétrolier suffisamment influents pour le constituer en ressource
d'action sur la scène politique, institutionnelle ou médiatique
dans la mesure où aucun problème en effet n'est en soi politique.
Pour le faire, il sera question de
présenter l'Etat comme l'acteur central et qui mène une gestion
monolithique (section1), et puis rendre compte de la légitimation des
acteurs dans la politisation du pétrole au Cameroun à travers les
facteurs discursifs du changement dans sa gestion considérée
comme l'émanation des rapports de forces (section2).
SECTION 1 : LA MAITRISE ETATIQUE DU PETROLE DANS LA
GESTION MONOLITHIQUE DU POLITIQUE
Au départ du processus de gestion de l'industrie
pétrolière camerounaise se trouve l'Etat en
général. De manière détaillée, le
Président de la République joue un très grand rôle
dans ses orientations (Paragraphe I), mais au quotidien, à
côté de celui-ci la gestion permanente se fait par une
harmonisation des départements ministériels (Paragraphe II).
Paragraphe I: Les fondements socio-économique d'une
pratique.
Le secteur pétrolier a été
considéré pendant une longue période comme une grande
muette au Cameroun. Il n'était pas question d'en parler car cela
était considéré comme des questions
réservées à certaines personnes de la
République.
Il sera donc question dans ce paragraphe de comprendre les
fondements sociaux de la gestion monolithique du politique dans le secteur
pétrolier (A) et par la suite les fondements économiques d'une
telle pratique dans le cadre de sa gestion (B).
A- Les fondements Sociaux.
Il faudrait partir de l'observation du comportement des
autorités administrative de la décennie 1970, au lendemain de
l'indépendance pour mieux comprendre la logique de gestion du secteur
pétrolier ou mieux même de la ressource pétrolière
de façon monolithique. Cette compréhension passe par maitrise de
la perception des notions d'élite et de haut fonctionnaire dans la
société Camerounaise à cette époque. En
réalité les fonctionnaires étaient
considérés comme des illuminés et par conséquent
avaient la capacité de savoir ce qui est bon ou mauvais pour le peuple
Camerounais de manière général ; la programmation des
divers plan d'organisation économique était le fruit unique de
l'administration central qui était suivi de manière religieuse,
évidemment parce que la majeur partie de la population était
"formatée" à ce type de représentation. Ceci fait en
sorte que le pouvoir des dirigeants politique sur la population étant
presque totale, et celle-ci ne pouvait donc pas contester de manière
fondamentale la pensée ou l'orientation économique des
élites de l'administration.
La haute classe marquée par l'élite
administrative camerounaise va donner le ton de gestion des ressources
énergétiques et principalement les questions
pétrolières en montrant dans les pratiques que ce ne sont des
ayants droits qui peuvent en dire mots. C'est dans cette logique en effet que
pour conforter cette pratique les effectifs des structures techniques et
industrielles notamment la CSPH et la SNH connaissent des effectifs en
personnel très réduits. Les effectifs de la SNH depuis sa
création n'a jamais débordé quatre cent personnes par
exemple. Ce principe dans les recrutements rentre simplement dans le cadre de
démonstration de l'élitisme qu'il a dans le secteur
pétrolier au Cameroun.
B- Les fondements
économiques marqués par une gestion prudente des ressources
Les operateurs-clés de l'Etat central au lendemain des
indépendances se sont efforcés de déterminer les options
économiques de façon à éviter que celles-ci
n'engendrent des remous sociopolitiques. Les fondements économiques vont
s'appuyer sur deux concepts économiques à savoir le
développement autocentré (1) et le libéralisme
planifié (2).
1- Le développement
autocentré.
C'est un modèle de développement24(*) qui accorde la priorité
au marché intérieur en refusant la participation à la
spécialisation internationale. La capacité de l'Etat à se
développer de manière autonome marque un point important pour la
compréhension de la notion de développement autocentré,
ceci justifie le fondement de la logique du programme économique
basé sur la l'agriculture dans les années 1970. La mise en place
des diverses structures agricoles, industrielles et bancaires tout au long de
cette décennie et à divers endroit du territoire Camerounais
prouve bien également l'engagement que l'Etat Camerounais a opté
pour un développement a travers toutes ses propres ressources
(matérielles et humaines). Cette logique vient confirmer les
pensée de OWONA NGUINI lorsqu'il semble démontrer comment le
Président Ahidjo qu'il qualifie du maître présidentiel du
jeu autoritaire, s'est appuyé sur la thématique du
développement autocentré afin de définir le mode
d'allocation des ressources intégrant des objectifs et procédures
de construction d'un ordre politique et d'un espace national (OWONA
NGUINI 1997 :243). Pour être donc cohérent avec la
politique économique mise en place, l'appareil politico-administratif va
mettre en veille le secteur pétrolier et promouvoir le
développement par les secteurs agro-industriels et financiers et
bancaires. Pour que ce model de développement puisse prendre corps au
Cameroun, Etat Africain particulièrement dote de plusieurs atouts
naturels, il eu fallu que cela s'adosse sur une doctrine économique qui
cadre avec le contexte social précis et les réalités de
l'environnement politique.
2- Le libéralisme
planifié.
Le libéralisme planifié était le nom de
la doctrine économique camerounaise mise en oeuvre par le
président
Ahidjo. Cette doctrine avait
pour but de concilier le
capitalisme et le
socialisme. Elle a
été mise en oeuvre au
Cameroun à partir de
1965, après l'abandon officiel par le pays du
socialisme
africain jusque vers le milieu des années 1980 et l'accession de
Paul Biya au pouvoir.
C'est une doctrine fortement
interventionniste
et
nationaliste. Elle va
donc influencer la politique économique de l'Etat Camerounais pendant
une longue période. Il y a également un point à soulever,
celui du fonctionnement du concept ; ici, l'État définit les
axes économiques stratégiques, gère les ressources
naturelles et encadre les investissements étrangers pour les diriger
dans des secteurs géographiques ou économiques
spécifiques. Il se substitue à une initiative privée
supposée défaillante dans certains secteurs, jugés
prioritaires par le pouvoir politique. Dans ce cadre, de nombreuses
coentreprises ont
été établies avec des investisseurs étrangers.
L'investissement privé camerounais a été encouragé
dans tous les secteurs y compris le secteur pétrolier car le
développement économique doit être endogène. C'est
la mise en oeuvre d'un
nationalisme
économique « par le peuple et pour le peuple
camerounais ». La pratique de cette doctrine dans le fonctionnement
de l'Etat Camerounais met en place en 1972 ce qu'on a appelé "la
révolution verte" dans les secteurs de l'agriculture et de
l'agro-industrie qui permit à l'Etat d'investir massivement dans les
cultures de rentes comme le cacao, le café afin d'atteindre une
autosuffisance alimentaire. Plusieurs grandes structures agro-industrielles
vont voire le jour dans presque toutes les régions pour une sorte
équilibre dans la répartition sur l'étendue du
territoire ; dans le grand Sud par exemple on aura la création des
structures comme la SOCAPALM, HEVECAM, et dans le grand Nord MAISCAM, SEMRY.
Cette stratégie de développement certes prend appui sur une
doctrine mais son applicabilité n'est réellement possible que si
les institutions sont très fortes.
Paragraphe II : L'institutionnalisation D'un
Processus : Quand Les Institutions Guident Les Acteurs
Si les institutions ne sont pas autoritaires, elles sont tout
de même facteur d'ordre puisqu'elles encadrent l'action des acteurs et la
rattachent à une cohérence globale portée par les
institutions politiques (Massardier 2003 :156).
Au Cameroun, le gouvernement prend le soin de contrôler
de manière cohérente l'action des activités
pétrolières en fonction de l'environnement sociopolitique
favorable. Ainsi, pour s'assurer d'une bonne police administrative dans
l'harmonisation de sa gestion au quotidien, l'Etat qui est au début de
tout le processus joue essentiellement son rôle régulateur en
faisant intervenir à partir d'une action coordonnée la
Présidence de la République comme une institution de conception
(A), la création des organismes Ad-hoc dans la gestion technique (B) ce
qui pourrait créer en fonction de la stabilité ou de
l'instabilité sociopolitique et socioéconomique, favoriser une
instabilité dans la configuration des Ministères
bénéficiaires (C).
A- La Présidence de la
République au Cameroun comme institution de conception.
La place du Président de la République au
Cameroun est clé dans la gestion du pétrole. La logique de cette
programmation des secteurs sensible ou même très sensible remonte
aux années 70 plus précisément en 1970 où
l'exploitation du pétrole se fait de manière officielle par la
bureaucratie centrale (1971-1973) dans la mesure ou il n'y a qu'une poignet de
personne dans l'appareil politico-administratif qui se voit investi dans une
large mesure le pouvoir de parler des affaires du secteur pétrolier.
Pour comprendre ce rôle prééminent de la Présidence
de la République dans le secteur pétrolier il faut comprendre le
contexte économique mondial de la période du début de
l'exploitation du pétrole au Cameroun. L'Etat place le salut de son
économie ou encore de sa politique économique entre les mains du
secteur agricole au point où, durant cette période on parle de
« l'Etat planteur » au Cameroun avec une nette
augmentation des cours mondiaux des produits primaires tels que le cacao et le
café et ceci entre 1975-1977. Parallèlement avec la hausse du
prix du pétrole après le premier choc pétrolier en 1973 et
le second en 1979, le pétrole au fil des années deviendra une
source privilégiée d'extraction du surplus dans l'économie
camerounaise tendant à prendre le relais sur l'agriculture. Dans cette
dialectique, la tradition est celle de garder discret et même presque
secret la totalité des comptes des revenus issus de l'exploitation de
l'or noir, l'Etat Camerounais à travers la Présidence de la
République va concevoir un vaste programme économique dont la
face visible sera uniquement l'agriculture et l'industrie, les recettes
pétrolière et le développement du secteur ne faisait pas
partie d'une programmation ouverte à tous. Seuls quelques grands
administrateurs très proches du Chef de l'Etat avaient mandat de dire un
mot sur la politique à mettre en oeuvre. Ceci pouvait être fait
soit par représentation du chef de l'Etat en nommant un Président
du conseil d'administration auprès des structures en chargé du
pétrole ou alors en créant des commissions Ad-hoc pour la gestion
technique des éventuels programmes au sein du secteur
pétrolier.
B- La création des
organismes Ad-hoc dans la gestion technique du secteur pétrolier au
Cameroun.
Au Cameroun la structure en charge de la gestion du
pétrole est la SNH, tout au moins le cadre le plus sensible à
savoir le secteur en amont. La Société Nationale des
Hydrocarbures est créée pour organiser la prospection et
l'exploitation des ressources pétrolières et gazières du
Cameroun. Elle gère les intérêts du Gouvernement au titre
du mandat que l'Etat du Cameroun lui a confié dans le cadre des
opérations de production et d'exploitation pétrolières.
Elle assure les opérations commerciales, mobilières et
immobilières se rattachant directement ou indirectement à son
objet social. Les opérations commerciales concernent essentiellement la
vente et l'achat de pétrole brut sur les marchés internationaux.
De nos jours les revenus tirés de la vente sont ensuite
transférés au Trésor Public pour contribuer au financement
du budget de l'Etat. Les transferts sont effectués mensuellement sur la
base des prévisions établies et contenues dans le Tableau des
Opérations Pétrolières et l'Etat (TOPE). Le TOPE a
été conçu par le Gouvernement du Cameroun et validé
par le Fonds Monétaire International (FMI).
La présidence de la République assure la tutelle
de la s SNH à travers la personne du Secrétaire
Général à la Présidence de la République
(SGPR). Cette disposition institutionnelle amène à faire des
personnes à la tête de ces structures des hommes qui comptent pour
le Chef de l'Etat pour lui rendre compte de la marche des activités
(beaucoup plus commerciales) dans ce secteur. C'est ainsi que s'agissant du
poste de Secrétaire Général sous le régime AHIDJO,
le SGPR était l'homme de confiance ayant des compétences,
l'efficacité et la capacité de travail (Ngayap, 1983 :106).
L'instruction générale du 14 Août 197525(*) dispose d'une assez bonne
synthèse du rôle et des fonctions du SGPR. Parmi ceux-ci on peut
tirer au volet la mission d'instruire ou de gérer les affaires dont le
Chef de l'Etat est saisi en dehors de la filière du pétrole par
le Premier Ministre ou tout autre dossier à lui confié par le
Chef de l'Etat ou encore celle d'assurer la liaison avec les différentes
institutions (Ngayap, 1983 :99-100) en général et
particulièrement de la SNH dans le cas d'espèce. Ce fut le cas
dans le gouvernement Ahidjo où le SGPR en la personne de Samuel Eboua,
s'assurait de la gestion et du suivi de près pour le président
Ahidjo, du pactole des ressources déposés dans
le compte hors budget (Owona Nguini ; 1997 :192). Même si
à la tête de l'Etat on connaît un changement, la gestion
dans le pétrole reste toujours floue : le président Biya
garde la main sur la SNH qui contrôle toute la partie camerounaise de la
chaîne pétrolière sous le label « confidentiel
défense »26(*). Faut-il le rappeler, la SNH est mandataire de l'Etat
dans les activités pétrolières. A ce titre, elle assure la
promotion et la mise en valeur des hydrocarbures, négocie et signe les
contrats pétroliers, gère les intérêts de l'Etat
dans le secteur. En amont, elle travaille en association avec les
sociétés pétrolières et commercialise la part de
pétrole brut qui revient à l'Etat dans le cadre de ces
associations. En aval, elle détient des participations dans la
raffinerie SONARA, et dans la SCDP qui assure le stockage des produits
pétroliers destinés à la consommation nationale ou en
transit vers les pays voisins27(*). Ainsi le choix par le Président de la
République à la tête de cet organisme public sera
stratégique en fonction de la fidélité, la
discrétion et la rigueur dans le travail. Jean Assoumou et
Adolphe Moudiki28(*) en sont les preuves de fidélité au
Président Biya. Même si l'un est mort en fonction, l'autre bien
qu'ayant demandé au Président de la République une mise en
départ de la société, il reste aux commandes de la SNH
jusqu'à nos jours. Preuve que le chef de l'Etat mise sur le choix des
personnes à la tête de cette structure pour
garder le monopole des recettes pétrolières pour lui
permettre de jouer un rôle important dans l'orientation du processus
d'accumulation du capital lié à cette ressource, pour
contrôler par ricochet la scène politique. Au delà
même de tous cela il y a l'instabilité sur le rôle
attribué aux départements ministériels en charge de la
gestion du pétrole ce qui pourrait poser le problème de la
traçabilité des actions menées autour de la ressource qui
est considérée comme étant Stratégique.
C- L'instabilité dans la
configuration des ministères en charge de la gestion du pétrole
au Cameroun
L'un des problèmes majeur que peut poser la gestion du
pétrole au Cameroun est l'instabilité sur le plan institutionnel
de la programmation des tâches réelles et fondamentales d'un
département ministériel. Ainsi la gestion du pétrole au
Cameroun est disloquée entre plusieurs structures gouvernementales en
dehors de la Présidence de la République. La gestion technique de
la philosophie et de la stratégie à prendre dans le cadre de
politique à appliquer dans le secteur pétrolier incombe au
Ministère des Mines du développement technologique (1) et sa
gestion dans le cadre du suivi des activités commerciales dans le
secteur et assurant le rôle de police administrative revient au
Ministère de l'Eau et de l'Energie (2).
1- Le Ministère de
l'Industrie des Mines et du Développement Technologique (MINMIDT)
La charge assignée à ce département en
synergie avec l'ensemble de l'équipe gouvernementale est de formuler des
politiques et des stratégies en matière de prospection dans le
secteur ; il assure le contrôle des activités d'exploitation
pétrolière. A cet effet, il initie ou participe à
l'élaboration des textes législatifs ou fiscaux sur le secteur en
vue de leur adoption à l'Assemblée Nationale. Par ailleurs, il
prépare les textes réglementaires relatifs aux activités
pétrolières dans la limite de ses prérogatives. Il
reçoit et instruit les dossiers relatifs à l'attribution et au
renouvellement de permis d'exploration pétrolière et des
concessions pour l'hydrocarbure liquide et gazeux à soumettre à
la signature du Président de la République.
2- Le Ministère de
l'Energie de l'Eau
Dans le cadre de ses fonctions, il assure la
présentation de la logique du modèle Top/down de Massardier
(2003). Sa mission est d'élaborer, de mettre en oeuvre et
d'évaluer la politique de l'Etat en matière de production, de
transport et de distribution de l'énergie en générale et
celle du pétrole en particulier dans le cas d'espèce. A ce titre,
il assure la tutelle des établissements et des sociétés
(les organes publics) de production, de transport et de distribution du gaz et
pétrole.
SECTION 2 : LA POLITISATION DU PETROLE DANS L'EMERGENCE
DES NOUVEAUX ACTEURS SUR LA SCENE POLITIQUE
D'une manière réelle, la politique
économique camerounaise n'avait plus pour seule base le secteur
agricole. L'entrée en scène du pétrole à la fin des
années 1970, avec la structuration et une institutionnalisation du
secteur pétrolier introduit une nouvelle logique pour les entrepreneurs,
les logiques de changement politique et économique se sont alors
objectivées entre 1988-1991 (Owona Nguini, 1997 :940). La dynamique
de politisation du pétrole peut être envisagée comme une
requalification des activités sociales de manière
diversifiée. Ceci appelle donc l'examen du contexte sociopolitique et
économique des années 1990 (Paragraphe I). L'examen du rôle
et la place des nouveaux acteurs dans la politisation du pétrole sont
aussi importants (Paragraphe II).
Paragraphe I : le contexte socio politique et
économique des années 1990.
Le fonctionnement de l'appareil politico-administratif durant
la période de récession sur le plan économique influence
certainement les autres domaines d'activités au Cameroun. La
démocratisation sur le plan politique et les politiques
d'ajustement29(*)
devraient donc effectivement se déployer dans un contexte politique et
économique d'incertitude ce qui favorise l'appel par les acteurs
politico-économiques de la structuration du problème de la
gestion pétrolière.
Il s'agira donc ici de poser un regard sur les mouvements
sociaux et le retour au multipartisme (A), par la suite de lire le
phénomène de
« pétrolisation »30(*) à travers le contexte économique des
années 1990 (B).
A- Les mouvements sociaux et le
retour au multipartisme
Au début des années 90, l'environnement social
est marqué par un malaise général. Les populations portent
au devant de l'Etat ses responsabilités manquées pour un
développement ou pour un mieux être en tant que citoyens d'un Etat
producteur de pétrole. La demande de l'organisation d'une
conférence nationale souveraine (CNS) est faite par la population des
grandes villes du Cameroun. En effet, le Bénin, le Congo et par
extension le Gabon venaient d'organiser une conférence nationale
souveraine sur fond de contestation et de revendication politique. A cette
époque, il fallait donc pour les populations camerounaises organiser une
rencontre où tous les problèmes seront touchés parmi
lesquels :
· poser les bases d'une réelle
démocratie ;
· organisation d'une transition démocratique.
Ainsi, les conditions d'une véritable
réconciliation nationale posées, en ce qui concerne le
pétrole au Cameroun trois problèmes essentiels émergent
à savoir :
Ø Primo, la gestion des sociétés d'Etat
notamment la SNH, la SCDP, la CSPH qui sont au coeur de la gestion des rentes
pétrolières au Cameroun. ;
Ø Secundo, la gestion des recettes
pétrolières qui à cette époque est méconnue
du public et donc ne laisse aucun choix aux populations d'avoir une seule
idée sur la rente pétrolière ;
Ø Tertio, sur le sillage de l'Etat et ses richesses et
bien évidemment sur la fuite des capitaux.
Mais à ces trois problèmes essentiels, on peut
ajouter le cas de la mise au clair des scandales dans lesquels l'Etat
camerounais est impliqué tel que l'affaire Mpondo31(*) dans les années 70,
l'affaire des 9 disparus de Bépanda et le CHB. En ce qui concerne les
bases d'une véritable démocratie, il était question
principalement dans le cadre de notre sujet d'une redéfinition
économique des pays en ordonnant à l'Etat une place importante
dans l'économie et la gestion du patrimoine économique national,
et dans le cas d'espèce les sociétés d'Etat tels que la
SONARA, la SNH, la CSPH.
Toutes ces agitations, soulèvements populaires et
organisations des groupes de réflexion posent au grand jour l'ensemble
des problèmes de la société camerounaise en
général et de gestion du pétrole en particulier. Le
pétrole devient alors un sujet de débat public sur
l'exploitation, la gestion et l'utilisation de ses fonds. Même si
l'idée d'organisation d'une conférence nationale souveraine n'a
pas été matérialisée, les débats ou
éléments portant débats pour l'organisation de cette
conférence ont pour le moins porté d'autres fruits. Nous pouvons
citer entre autres, la mise sur pied d'une loi portant création des
associations et partis politiques dans les années 1990, l'abrogation de
la loi de 1962 sur la répression et de la subversion. Une
restructuration institutionnelle de l'appareil politico-administratif doit
aussi être relevée à travers le retour en grâce du
poste de Premier Ministre le 26 Avril 1991. Cependant, la dimension
sociopolitique seul ne peut rendre compte des aspects discursifs du changement
et de la politisation du pétrole au Cameroun, l'analyse du contexte
économique est aussi très importante.
B- Le contexte
économique des années 80-90 : le climat de
récession.
La fin des années 80 et le début des
années 90 sont marqués par une forte crise économique. Cet
élément est un facteur de la politisation du pétrole au
Cameroun. Les causes de la crise proviennent de deux dimensions :
endogène et exogène. L'intérêt pour nous dans cette
partie porte sur les facteurs endogènes de la crise économique
influencés par certains facteurs exogènes dans une certaine
mesure.
En effet, le contexte économique comme semble le
démontrer R. NYOM32(*) durant cette période, pourrait se recenser en
des lacunes simples à savoir l'absence d'une politique économique
locale prenant en compte les potentialités réelles de
l'économie et des défis du développement « car
ce que les hommes politiques camerounais considèrent comme politique
économique c'est d'abord une sorte de mimétisme à
l'égard de notre ancienne puissance tutélaire » (R NYOM
2003 :63). Même, faut-il le rappeler, le Cameroun dès les
années 1960 adopte la politique de développement planifié
par des plans quinquennaux qui connaîtront un
arrêt en 1991. Il y a comme un manque ou une insuffisance sur le plan
économique, la faillite de la politique économique à cette
époque se caractérise par certains traits33(*) :
· une base de production exploitable peu
diversifiée car la production agricole est de plus en plus
négligée et la faillite des grandes sociétés mises
en place durant la période de la révolution verte ne semble pas
gêner l'appareil politico-administratif. La production
pétrolière connaît alors une ascension ;
· un marché non diversifié et
artificiellement protégé sur des conventions peu crédibles
à savoir celle de l'Union Européenne/Afrique Caraïbe
Pacifique dont le Cameroun fait partie et éventuellement la convention
de Lomé ;
· un choix industriel privilégiant les
technologies à fort investissement capitalistique
à savoir la SNH, la SONARA pour le cas
d'espèce ;
· un schéma d'industrialisation sur l'import
substitution ;
· un mode de développement dit de
libéralisme contrôlé qui a conduit à
l'identification du secteur public prépondérant et
protégé dans l'économie.
A partir des cas traités, l'analyse de l'environnement
économique qui ne permet pas l'épanouissement d'autres secteurs
(tourisme, élevage, pêche, agriculture etc.) vient à
concentrer le regard des acteurs politico économiques sur la rente
pétrolière. Et par la suite donner lieu à la
pénétration d'autres acteurs (nouveaux) dans le secteur
pétrolier et forcer la construction d'un mode de gestion autre que celui
qui existait.
Paragraphe II : L'entrée De Nouveaux Acteurs Dans
Le Champ Politique Camerounais
Dans un contexte de basculement politique mondial,
doublé du phénomène de la mondialisation, les Etats ne
sont plus les seuls à quelque niveau que ce soit à faire usage du
pétrole pour initier ou mettre en place des politiques en vue
d'améliorer la qualité de fonctionnement d'un secteur
d'activité. La logique d'interaction directe ou indirecte avec des
structures de coopération tels le FMI et la Banque Mondiale sont dans
une certaine mesure au coeur de notre étude. En effet les acteurs aussi
multiples qu'ils soient réussissent ensemble à mettre des
programmes plus ou moins épars mais surtout utiles pour le bon
fonctionnement du système et aussi dans le champ ou ils opèrent
pour l'élargissement de l'assiette des finances publiques. Ceci peut se
vérifier en matière de politique en générale et de
politisation des produits pétroliers en particulier au Cameroun.
L'émergence des nouveaux acteurs dans le cadre de la
politisation du pétrole au Cameroun se fait ressentir et leurs actions
occupent une place tout aussi importante. Il s'agira donc de ce fait de rendre
compte du rôle qu'ont eu à jouer les institutions internationales
notamment celles de Bretton Woods d'une part (A) et l'importance des ONG et
autres groupes d'autre part (B), dans leur positionnement sur la scène
publique de gestion du pétrole.
A- Les institutions
Internationales comme structures de veille.
Il s'agit ici du Fonds Monétaire International (1) et
de la Banque Mondiale (2).
1- Le FMI
Il est important de connaître la structure de
manière globale puis voir dans quelle mesure elle joue même
à distance un rôle capital dans la politisation de la ressource
pétrolière et compte parmi les acteurs ayant dans une large
mesure une influence considérable dans le changement de l'action
publique au Cameroun. Les institutions de Bretton Woods ont été
fondées sur un principe fondamental : mettre en place un
système multilatéral de coopération économique afin
de promouvoir le libre échange et la stabilité monétaire
et de favoriser l'expansion économique. Les deux (2) organes les plus
connus ici sont la Banque Mondial et le FMI qui ont le droit d'intervenir dans
le plan d'action des Etats membres même les plus fragiles. Les objectifs
du FMI figurent dans l'article 1 de ses statuts. Il doit :
· promouvoir la coopération monétaire
internationale
· faciliter l'expansion et l'accroissement harmonieux du
commerce international et contribuer ainsi à l'instauration et au
maintien d'un niveau élevé d'emploi et de revenu réel et
au développement des ressources productive
· promouvoir la stabilité des échanges et
éviter les dépréciations compétitives
· favoriser l'établissement d'un système
multilatéral de règlement des transactions courantes et
éliminer les restrictions de change qui entrave le développement
du commerce mondial
· veiller à l'application du code de bonne
conduite monétaire défini dans ses statuts en assurant
« une ferme surveillance » sur les politiques
économiques des pays membres
· mettre à la disposition de ceux-ci des
ressources financières, à court terme, pour leur permettre de se
conformer à ce cadre, tout en corrigeant ou en prévenant les
déséquilibres des paiements par des politiques économiques
appropriées
· constituer un forum pour la concertation et la
coopération des nations en matière monétaire. Avec la
contribution de cet organe, la communauté internationale va donner une
perception de la vision des ressources énergétiques aux Etats y
compris le Cameroun qui en ont durant la période de crise
financière (à partir de 1987).
L'action du FMI au Cameroun est importante dans la relance de
l'économie en posant des exigences sur la gestion transparente des fonds
provenant de l'industrie extractive ; dans cette perspective elle
préconise, dans le "Code de bonne pratique en matière de
transparence des finances publiques" et le manuel qui s'y associe, la
transparence des finances publiques dans les Etats membres Tandis que la mise
en oeuvre du code est assuré par la rédaction des Rapports sur
l'observation des normes et des codes (RONC).34(*) Ce rôle et cette posture d'évaluateur
des politiques dans le secteur pétrolier change non seulement le jeu des
acteurs mais également la perception des populations dans ce sens
où l'action est forcée d'adopter les principes de rigueur et de
bonne gestion des ressources alors que grâce à lui les populations
prennent conscience des enjeux du pétrole et se représente d'une
autre manière car étant citoyens d'un pays producteur de
pétrole dont les chiffres des recettes pétrolière sont
excédentaires.
2- La Banque Mondiale
La BIRD ou Banque mondiale est chargée d'accorder des
prêts à long terme pour financer des projets précis de
reconstruction et plus généralement de développement
économique quand les capitaux privés refusent de le faire. Depuis
1960, on assiste à une adaptation qualitative permanente et
l'appellation Banque Mondiale désigne en fait trois institutions :
la BIRD, l'Association Internationale pour le Développement (AID)
fondée en 1960 dont les prêts sont réservés aux pays
les plus pauvres, et la Société Financière Internationale
(SFI) fondée en1965 et spécialisée dans le financement des
entreprises privées. La BIRD est ouverte à tout Etat membre du
FMI. Ses ressources sont constituées de son propre capital, des
obligations qu'elle émet sur les marchés des capitaux, de la
vente de ses titres de prêt, des remboursements. Elle a également
élargi la gamme de ses instruments financiers. De par ses statuts, elle
ne peut financer que des projets productifs destinés à stimuler
la croissance.
Les prêts ne peuvent être consentis qu'aux Etats
ou à des organismes garantis par l'Etat, ils sont octroyés en
fonction des considérations purement économiques, la nature
politique du régime n'est pas prise en compte. Les prêts sont
généralement à long terme (15 20 ans), ils ne
représentent environ que le tiers du financement et ils sont consentis
à des taux légèrement inférieurs aux taux du
marché international, ils jouent ainsi un rôle d'impulsion dans
la réalisation des projets. Au Cameroun la Banque Mondiale favorise par
le biais de conseils sur les mesures à prendre, de prêts
axés sur les politiques générales, de prêts pour les
projets et d'assistance technique, une gestion plus efficace des recettes
provenant des ressources naturelles et même
énergétiques.35(*) Ce qui permet à l'Etat de penser une politique
redistributive efficiente celle qui cadre avec les attentes des populations.
Etant donné que l'Etat du Cameroun se trouve en période de pleine
crise économique, il se tourne vers la Banque Mondiale pour arriver
à mettre en ouvre ses programmes économique, mais seulement l'une
des exigences au niveau de cette institution est qu'il faudrait rendre
transparente la gestion des fonds issus du secteur pétrolier, impliquer
plus d'acteurs dans cette gestion afin d'avoir une certaine
traçabilité des fonds issue du pétrole camerounais.
Certes des structures a caractères économiques
et a dimension internationale ont contribué de manière
significative à structurer et même à politiser le secteur
pétrolier au Cameroun de sorte qu'il soit mieux organisé et afin
que les populations citoyens sentent une gestion transparente et une allocation
équitable des retombés de la ressource nationale, mais il ne
faudrait pas perdre de vue le rôle important et même
déterminant qu'a joué les groupes locaux organisé
à caractère sociaux aidé dans cette tâche par des
ONG internationaux .
B - Les ONG et les groupes de
pressions : les velléités de revendications
Elles passent tant par les Organisations Non Gouvernementales
et les Associations locales (1) que par les groupes de pressions (2).
1- Les organisations Non
Gouvernementales et les associations locales.
Avec la sortie de la guerre froide et le
phénomène de la mondialisation les gouvernements nationaux, et
celui du Cameroun n'étant pas en reste connaissent une influence
particulière par les micros groupes spécialisés en
différents domaine bien précis ; il est important que les
institutions internationales semblent avoir perdu dans la conduite Nationale et
Internationale. Les ONG peuvent désigner une masse
hétérogène d'organisations qui ont le plus souvent un
champ d'action bien précis et qui selon les théoriciens du
courant de la transnationnalité comme James Rosenau, Bertrand Badie,
M-C Smouth , semblent démontrer avec pertinence et de
manière très fréquentes qu'une multitude d'acteurs non
gouvernementaux apparaissent avec des activités qui échappent la
plus part de temps à la « volonté » des Etats
et par lesquels construisent des nouvelles politiques dans ces champs. Ainsi
les ONG telles que "Transparency Internationale", "Human Rights
Watch" pose des actions dans le sens d'éveiller des consciences
quant à la gestion faite des ressources, des biens et des richesses
naturelles du pays notamment le pétrole.
Il faudrait tout de même noter le rôle important
de la société civile et des associations locales qui depuis le
début des années 1990 ne sont pas restées « les
bras croisés » en ce qui concerne la politisation du
pétrole au Cameroun, elle a toujours revendiqué pour la mise
à jour et la budgétisation des fonds issus des ressources
pétrolières, la demande constante d'un système de bonne
gouvernance et une allocation équitable des ressources et des biens. Il
faudrait même dire que le Cameroun du fait d'être aussi petit
producteur de pétrole, à du moment où l'on constate que
les taux de production sont sans cesse croissant à permis de susciter
une mobilisation particulière des consommateurs tels que les taximen,
les camionneurs etc... ; Ceci entraînant en filigrane un autre
phénomène sociologique à savoir les groupes
d'intérêts et pressions autour de la ressource
pétrolière.
2- les Groupes de
Pression.
Dès qu'un individu s'efforce pour atteindre certains
objectifs collectifs ou particuliers, d'obtenir de la sphère politique
des décisions, des lois des règlements favorables, il s'agit
là de groupe de pression. Il s'agit également des organisations
habituellement liées aux intérêts économiques
(chambre de commerce,
syndicats),
organisations professionnelles) qui visent à influencer les
décisions prises par les dirigeants politiques. Contrairement aux partis
politiques qui visent explicitement à prendre le pouvoir, les groupes de
pression tentent d'infléchir la décision lors des processus
législatifs. Par des modes de représentation discrète
(lobbying36(*))
ou par des activités publiques (
déclaration,
pétition, manifestation, etc.) ces groupes tentent de défendre,
de modifier ou d'empêcher l'instauration de politiques
déterminées. L'action des groupes de pression peut aussi
procéder par des réseaux ou, dans certains cas, par des formes de
corruption, autres types d'exemples on peut noter, les entreprises de Grande
taille, Syndicats, les ligues morales des associations des religions (Nezeys
B ; 1998 : 432 - 433). Au Cameroun les groupes de pression sont
aidés dans leurs tâches de revendications et de manifestations par
des mouvements ou groupes corporatistes37(*) d'autres corps de
métier qui revendique un éventuel changement de pratique en
général et en particulier dans le secteur pétrolier. Il ne
serait donc pas superflu de penser que comme un lobby38(*), l'action des groupes tels
ITIE et bien d'autres en collaboration avec les associations locales et les
ONG, ont eu à influencer à un moment donné l'action des
gouvernants Camerounais dans la fabrication et la mise en oeuvre des politiques
publiques autour du secteur pétrolier.
Pour les advenants de l'économie Libérale, et de
la Démocratie représentative, les industries se regroupent pour
faire prévaloir leurs intérêts auprès de l'Etat afin
que ceux-ci édictent et proposent des lois et règlements qui leur
soient favorables, ce qui leur permettraient d'avoir des avantages tels que des
financements sous forme des subventions, allocations divers et
dégrèvements fiscaux. Certains syndicats agissent au Cameroun
comme des groupes pressions on a dans ce registre le GPP le GPC qui sont
respectivement les groupements d'entrepreneurs internationaux et locaux. Ainsi
les groupes de pressions entrent dans la chaîne de ceux qui compte pour
la construction des politiques publiques des hydrocarbures à plusieurs
niveaux, tant sur le plan vertical que horizontal.
CONCLUSION PARTIELLE
Les acteurs de la construction d'une politique publique des
hydrocarbures sont importants et nombreux ; et leur entrée sur la
scène politique fragilise la maîtrise étatique de
l'inscription sur agenda de tous problèmes liés à la
ressource pétrolière.
La politisation du pétrole au sein de la scène
politique Camerounais va donc favoriser l'émergence de nouveaux acteurs
et contribuera à mettre sur pieds des réseaux qui à leur
tour participeront au changement de référentiel dans la
construction de la politique publique des hydrocarbures relativement le poids
de chaque acteur.
CHAPITRE II : RESEAUX DE POLITIQUE PUBLIQUE ET
PRODUCTION D'UN ORDRE POLITIQUE TRANSVERSAL DANS LE SECTEUR PETROLIER AU
CAMEROUN
Initialement, la « découverte » des
réseaux provient d'une interrogation sur les théories
disponibles à propos des « processus d'intermédiation
des groupes d'intérêt » développées autour
du néo-corporatisme et du pluralisme (Massardier 2003 ; 129). Il se
dégage un débat confrontant le jeu des acteurs quant a la
participation ou à la non participation de ceux-ci, à l'ouverture
ou la fermeture des acteurs respectivement à l'accession des ressources
de l'Etat et à la fermeture au jeu d'accès. Si Massardier
confronte donc le pluralisme et de néo-corporatisme cela laisse
présager qu'il existe un phénomène découlant de ces
deux concepts notamment « le réseaux ». Les
approches en termes de réseaux d'action publique sont d'une rare
diversité et les définitions des réseaux nombreuses.
Essayer d'en rendre compte exhaustivement n'est donc pas chose facile ni
forcement utile (Massardier 2003 ; 128) car en fonction des auteurs et des
groupes on pourrait noter les différents types et forme de
réseaux.
Au Cameroun, le secteur pétrolier à travers la
filière pétrole suscite d'énormes convoitises. La gestion
de cette ressource hautement stratégique39(*) tant pour l'Etat dans ses relations avec les autres
Etats, que pour les acteurs politico-économiques à
l'intérieur du pays, est importante dans la mesure où, de
manière relative permet le contrôle de la scène politique.
Toutes actions initiées dans le secteur pétrolier partant de
l'amont en aval contribue à mettre sur pied ce que l'on va appeler
"politique des hydrocarbures". Ainsi arriver à percevoir la nature d'un
réseau nous devons prendre en considération les actions
posées par d'autres acteurs en dehors de ceux de l'appareil politico
administratif, à savoir la société civile, le secteur
privé qui agirait ici dans un cadre corporatiste;
évidemment, comme dans chaque secteur, il existe un
référentiel, qui motive l'action des acteurs, une action
collective qui pour Crozier et Friedberg entraîne des contraintes
lesquelles contraintes pouvant favoriser aussi des cadres parallèles
d'actions ou d'activités. Massardier en reprenant Friedberg parle de
Réseaux d'action publique (Massardier, 2003 : 127) tout en
rappelant que l'on se situe toujours dans le cadre des politiques qui
pourraient se suffire à elles mêmes. (Massardier, 2003 :
127-128). L'entrée du Cameroun dans la filière pétrole
permet son arrimage aux multiples réseaux de producteurs et de
consommateurs.
Ainsi la notion de réseau s'inscrit dans un paradigme
de la construction et du maintien d'ordres locaux qui assurent le comportement
des acteurs, l'intégration des stratégies divergentes, si non
conflictuelles des acteurs concernés ; ce sont par ailleurs des
dynamiques toujours selon Massardier des relations de marchandage et des
systèmes d'alliances qui vont structurer le champ de l'action.
Il s'agira donc dans ce chapitre de montrer comment le
pétrole contribue à la multiplication des réseaux dans la
fabrication des politiques publiques des hydrocarbures au Cameroun (Section
1) ; par la suite cette lecture nous permettra de relever les incidences
du réseau dans la production un nouvel ordre politique et la fabrication
des politiques publiques des hydrocarbures au Cameroun (Section 2).
SECTION 1 : DU RÉSEAU DANS LA PRODUCTIOND'UN ORDRE
PUBLIC : LES RESEAUX INTERNES ET EXTERNES.
Le réseau se décrit comme la manoeuvre qui est
faite en dehors du processus normal ou réglementaire d'un programme,
d'une politique ou alors d'une action publique ; elle s'entend au sens des
politologues Lowi et Peters qui font allusion aux « Triangles de
fer »au USA comme des liens entre membres, des
« sous-systèmes » où des relations
« symbiotiques » entre représentants des groupes
d'intérêt et les agences d'Etat et le congrès dont les
intérêts deviennent similaires (Massardier 2003 : 129). Le
désir ardent pour les acteurs de voir plus clair dans la gestion du
pétrole au Cameroun et la volonté manifeste de participer et
d'avoir voie au chapitre dans le secteur pétrolier, poussent les
acteurs les acteurs de plus en plus nombreux d'agir de manière
calculée hors du cadre réglementaire ; ces activités
sont menées dans différents secteurs notamment dans le secteur
public, parapublic, le secteur privé, et dans la société
civile. Dans cette section, il sera donc question de montrer à travers
un exemple concret de réseau formé autour du secteur
pétrolier, comment les acteurs cherchent à travers des rencontres
informelles des différents secteurs cités plus haut à
renforcer leur position à la fabrication de la politique des
hydrocarbures (Paragraphe I), et que par la suite nous pouvons noter
l'émergence d'un espace clos (Paragraphe II)
Paragraphe I : Rencontres informelles entre les acteurs
des secteurs publics, prives et la société
civile : logique d'un espace "semi clos"
Les réseaux seront qualifiés comme des espaces
de rencontre en fonction de ce qui réunit les différents acteurs,
et c'est donc dans les espaces de rencontre que les acteurs trouvent des liens
et des ententes en ce qui concerne les éléments
d'élaboration d'une politique viable. Ces rencontres se cristallisent
à la fois en marge des institutions publiques (A) et des organisations
de représentation des intérêts des différents
acteurs (Massardier, 2003 : 129) (B).
A- Elles se cristallisent en
marge des institutions publiques : les réseaux externes.
L'appareil politico administratif est le lieu par excellence
de montage et de façonnage d'une politique dans un secteur; c'est le cas
du pétrole. À cause de son importance stratégique
relève de plusieurs départements ministériels dans le
secteur public ; mais il faut dire que ceux-ci ne sont pas les seuls
à y contribuer pour la mise en place d'une politique globale
quelconque ; il se déroule en dehors des institutions publiques des
rencontres pour penser la mise en oeuvre et de manière efficace la
gestion du pétrole au Cameroun.
C'est le cas ici de relever l'action de la
société civile à travers les associations, qui en fonction
de leurs filiations ou leurs activités dans le secteur, notamment les
transporteurs (urbain, interurbain), les consommateurs, les marqueteurs ou
distributeurs se réunissent autour des associations, des syndicats et
des ligue pour influer sur l'élaboration de cette politique ; force
est donc de constater que de manière simultanée, les programmes
sont proposés pour la même cause. Ceci favorisant l'ajustement de
la conception des produits pétroliers.
Un autre lieu de rencontre en marge des institutions
publiques est cette plate forme d'échange entre le groupement des
professionnels pétroliers qui est un syndicat et la ligue des
consommateurs camerounais (ligue Camerounaise des Consommateurs et le Mouvement
National des Consommateurs) dans le but de voir les points qui causent
problème dans la tarification des produits pétroliers au Cameroun
et éventuellement comment parer à l'amélioration de la
politique des prix qui permettra tant aux distributeurs de trouver satisfaction
à partir d'une politique cohérente, qu'aux consommateurs à
une consommation à la bourse égale à leurs moyens.
Cependant, si les rencontres informelles se font en marge des
Institutions Publiques, à travers une plate forme entre syndicats
à différents niveaux et touchant l'action et la consommation dans
le secteur pétrolier, il reste que celles-ci pourraient aussi trouver
une cristallisation en marge des groupes d'intérêts.
B- Elles se cristallisent en
marge des Représentations des Organisations et des Groupes
d'intérêts : les réseaux internes
Le début d'une politique publique part de l'appareil
gouvernemental. Le pétrole au Cameroun est resté pendant
très longtemps la chasse gardée d'un cercle restreint surtout du
pouvoir politique et de la présidence de la République. Au sein
de cette institution se sont tissés des pôles importants des
prises de point de vue et de participation à la gestion
pétrolière au Cameroun. Que ce soit dans le gouvernement Ahidjo
où le Président institua une commission spéciale qui
devait s'occuper de la vente et la négociation du Brut Camerounais
(Eboua, 1995 : 94) ou même encore dans le gouvernement Biya dans
lequel le secrétaire général à la Présidence
de la République joue le même rôle dans la mesure où,
étant Président de conseil d'administration auprès de la
SNH, le Chef de l'Etat joue un rôle cardinal dans le suivi permanent des
activités au sein du secteur pétrolier. Nous sommes donc en
présence d'un réseau interne qui transcende comme le pense
Massardier les Organisations, échappent aux Institutions en
dépassant les clivages de la distinction privé/parapublic ;
son intériorité n'est pas fixée sur la portion
géographique d'un découpage mais beaucoup plus par rapport aux
activités liées même au secteur pétrolier. On pense
bien qu'ici il s'agira du regroupement des grands groupes ou Etats
pétroliers entrant en contact dans le cadre de l'exploration de la
production du pétrole. C'est dans cette logique que l'on peut
comprendre le sens des réunions entre la Société Nationale
des Hydrocarbures d'avec les Firmes Multinationales telles que Total E & P
Cameroun, dénommé Association Rio Del Rey, ceci dans le but de
réaliser une étude d'impact sismique 3D sur la concession Sandy
Gas, dans le bassin du Rio Del Rey40(*). On peut donc penser sans risque de nous tromper que
nous sommes en présence des réseaux interne, regroupant les
acteurs des filières exploration et production.
La dialectique de l'établissement des réseaux
dans le secteur pétrolier se construit tant de manière
horizontale que verticale, faisant ainsi appel à une diversité
d'acteurs au sein du secteur ; par des rencontres informelles, ces
différents groupes se cristallisent en marge des différents
clivages. Ceci étant nous observons dès lors l'émergence
d'un espace clos dans le secteur.
Paragraphe II : Emergence d'un espace clos
Le « type de réseau41(*) » mis en place dans
un secteur détermine sa "forme42(*)" ; selon Massardier les recherches menées
sur les politiques publiques, ont conduit à dégager des
systèmes d'actions et d'échange classés à partir
des plus ouverts et instables aux plus clos et stables (Massardier, 2003 :
132). L'émergence d'un espace clos dans le secteur pétrolier peut
s'expliquer comme étant le lieu réservé aux acteurs qui
s'intéressent à la question et qui mènent des actions
concrètes (A) et en même temps le lieu d'interconnaissance des
acteurs (B).
A- Lieu réservé
aux acteurs qui s'intéressent à la question
pétrolière
Le secteur pétrolier est très sensible et
n'entre pas dans celui-ci qui veut ; il se produit une sorte de
corporatisme ici dans la mesure où il faudrait bien distinguer les
différentes branches d'activités dans ce secteur à savoir
le transport, la commercialisation (Marqueteurs), l'exploration et
l'exploitation.
A travers les différents secteurs notamment
privés et publics, il se crée au Cameroun des cadres discrets des
produits pétroliers. L'Assemblée nationale a un
intérêt particulier de contrôler l'action publique
liée au pétrole par le biais de la commission des finances, elle
s'attelle à jouer son rôle en ce qui concerne la défense
des intérêts des populations puisque étant
députés de la nation, mais également représentants
du peuple issue de la localité, d'une région du pays.
Les ingénieurs spécialistes en chimie,
pétrochimie sont aussi membres de ce cercle fermé ;
même si le Cameroun n'en compte pas plusieurs, mais il reste que ce sont
eux qui lors des travaux d'exploration et d'exploitation sont ceux à
même de pouvoir être capable d'énumérer les sites
ayant du pétrole, capable de réaliser des forages, des
études d'impact environnemental, d'effectuer des campagnes sismique de
différentes dimensions, d'analyser les prélèvements
d'échantillons de non bruts en qualité et même en
quantité.
C'est aussi le lieu des départements
ministériels ayant un cahier de charge bien précis cadrant avec
l'activité industrielle et commerciale rentrant dans les
compétences ministérielles et dont les seuls buts sont de
s'occuper des questions pétrolières, faire des propositions sur
la gestion du secteur pétrolier, et penser la politique des
hydrocarbures. Au Ministère de l'Energie et de l'Eau il existe une
direction du produit pétrolier et Gazier (DPPG), qui abrite une
sous direction des produits pétroliers; au Ministère de
l'industrie, des Mines et de Développement Technologique (MINMIDT),
dispose d'une direction s'occupant de manière distincte des sous
directions du secteur pétrolier Amont et Aval. Au sein de l'appareil
gouvernemental nous pouvons citer quelques départements
ministériels qui comptent dans l'action publique du pétrole, sans
pour autant oublier que le début de la chaîne de la politique
pétrolière se trouve à la présidence de la
république.
Communicateurs et les médias privés ne sont pas
en reste, mais ils sont très peu à être impliqués
dans la communication du secteur pétrolier. Jusqu'ici le pétrole
dans une certaine mesure au Cameroun reste la chasse gardée des
médias gouvernementaux dans lesquelles se font de manière
régulière les publications des comptes rendus du Conseil
d'Administration de la SNH, garante de la mise en oeuvre de la politique au
Cameroun, des annonces relatives à la publication de la grille des prix
par la CSPH.
Cependant, l'énumération de ces quelques acteurs
qui s'intéressent aux questions pétrolières pourrait
traduire dans cet espace clos, le lieu d'interconnaissance des acteurs ayant
voix au chapitre.
B- Lieu d'interconnaissance des
acteurs dans la construction d'un référentiel de compromis
Dans le secteur pétrolier, il y a une sorte de
reconnaissance mutuelle des acteurs censés participer à la
construction du compromis de la gestion du flux pétrolier ; c'est
ainsi que lors de la mise en oeuvre des projets pétroliers à
l'instar du pipeline Tchad/Cameroun, on retient un nombre important de
Ministères engagés dans le comité de suivi43(*) ; ils sont aussi
réunis au sein du secrétariat permanent et regroupant des
industries des corps des ingénieurs en pétrochimie et
environnement, des gestionnaires et administrateurs des domaines particuliers,
l'attention se porte sur la présidence de ce conseil qui est
assurée par l'Administrateur directeur général de la
SNH ; ceci peut donc traduire la reconnaissance par ce fait d'une
capacité mutuelle à pouvoir parler et à pouvoir
gérer en toute rationalité les questions des affaires
pétrolières au Cameroun. Au regard de cet exemple, il ne s'agit
pas d'un pluralisme où chacun à partir d'une certaine ouverture
tendrait à recueillir une part de gestion sur un bien national/produit
national, encore moins d'un corporatisme gouvernemental qui ouvrirait la porte
à certains départements ministériels et en fermerait
à d'autres. Mais il s'agit ici de la reconnaissance interne et de
manière effective de certains acteurs à travers un
phénomène réel de fermeture de la représentation
des intérêts dans un espace intégrant les acteurs publics
et parapublics d'une part et les acteurs privés d'autre part ;
à partir de cette logique, il est clair que l'écart entre les
secteurs privé et public n'est plus grand, à la limite il ne se
fait même plus remarquer. Dès lors on peut avoir dans une
même société plusieurs espaces de ce genre bien que le
secteur étant clos ; Massardier parle alors d'une
prolifération d'espace où chacun ayant ses intérêts
les poursuit en prenant en considération le collectif c'est pourquoi
Heclo et Wildavski peuvent penser que "l'intérêt collectif"
devient, comme son nom l'indique une collection
d'intérêts44(*).
L'ITIE peut être un autre exemple de reconnaissance des
acteurs censé poser un regard sur les questions
pétrolières au Cameroun ; il faudrait rentrer davantage dans
la compréhension Massardiènne du réseau qui fixe
au-delà du pluralisme le modèle explicatif par les relations
groupes d'intérêts - gouvernement - Etat ; au
détriment de la conception du Triangle de fer45(*). Ainsi au regard des parties
prenantes de ce regroupement on fait état de ce que le Cameroun a
opté pour une organisation tripartite et concertée faisant ainsi
appel aux représentants du secteur public et parapublic, aux
représentants du secteur privé, aux représentants de la
société civile.
SECTION 2 : INCIDENCES DU RÉSEAU : PRODUCTION
D'UN NOUVEL ORDRE POLITIQUE PLURALISTE
La construction des réseaux dans le secteur
pétrolier au Cameroun est une réalité à cause
même de la complexité46(*) et de l'enjeu dont soulève le pétrole.
Cette construction a tout de même une influence particulière sur
le système global de gestion. Ce que l'on pourrait qualifier de
productions nouvelles d'ordre politique dans le secteur issu de l'impact de ces
réseaux. Ainsi dégager les incidences du réseau comme
production d'un ordre politique et cadre de fabrication des politiques
publiques des hydrocarbures passe par l'analyse de la fixation d'un socle
cognitif de la politique publique des hydrocarbures (Paragraphe I) et aussi par
le rassemblement de plusieurs acteurs (Paragraphe II).
Paragraphe I : Fixation du socle structurel de la
politique publique des hydrocarbures
Si la raison d'être d'un groupe mise à part est
d'expliquer sa connaissance cela voudrait dire qu'il y a un mode de
structuration de groupe, un discours, un langage et même un mode de
réflexion particulière à celui-ci ; aussi à
notre avis, les éléments les plus pertinents en terme d'effets du
réseau dans le secteur pétrolier de celui-ci ; il s'agira
donc d'analyser la fixation du socle cognitif par la production du langage et
du discours à travers la transparence (A) et la bonne gouvernance
(B).
A- La transparence.
La transparence est un mot relevant du registre de la physique
ou plus précisément de l'optique emprunté par la science
économique contemporaine, en s'opposant à l'opacité, elle
permet nettement de distinguer les objets à travers son épaisseur
(Essaga, 2008 : in enjeux n° 36, 2008 : 33). Dans la
période contemporaine, le phénomène de mondialisation de
l'économie qui fait émerger la notion de transparence à
travers le jargon politico-économique, favorise le changement en terme
de gestion dans les pays africains dont le Cameroun n'étant pas en
reste. Ainsi la transparence implique l'imposition de rendre public ce que
paient les compagnies pétrolières multinationales aux
gouvernements et ce que ceux-ci dépensent par la suite. La
responsabilité de gérer les ressources pétrolières
de manière équitable et transparente incombe avant tout au
gouvernement de mettre sur pied des outils de communication qui rendent compte
d'une réelle volonté politique.
Il faudrait donc analyser la dynamique de la transparence dans
le secteur pétrolier au Cameroun à partir de l'émergence
des publications sur les rentes pétrolières et le rôle de
la SNH, (1) et l'adhésion du Cameroun à plusieurs organismes
liés aux programmes de transparence des produits pétroliers
(2).
1. Émergence des
publications sur les rentes pétrolières et le rôle
important ou décisif de la SNH
S'il est vrai que le fondement de l'exigence de la
transparence dans la gestion des ressources pétrolières
naît du constat sans cesse affirmé et de manière
récurrente par les pays occidentaux qu'il existe un paradoxe entre la
quantité et la qualité des ressources pétrolières
en Afrique et la croissance de la pauvreté dans les pays producteurs et
exportateurs de pétrole africain, il faudrait tout de même faire
la remarque qu'il existe aussi une volonté dans les Etats Africains et
notamment le Cameroun, de rompre ou de conjurer ce sort ; c'est ainsi que
par le biais de la SNH, l'État camerounais va prouver sa volonté
en ceci que, déjà avant les années 2000 et plus
précisément en 1994, la société Nationale des
Hydrocarbures met sur pied un périodique d'information
dénommé SNH infos news47(*) et dont les missions sont de rendre public
l'information à un plus large public sur le fonctionnement de
l'industrie pétrolière. Elle vise aussi à
démystifier cette industrie incontestablement complexe, par
l'explication de certaines notions à la limite compliqué ou
aspects fondamentaux de l'industrie des hydrocarbures au Cameroun, en parlant
de l'histoire, des hydrocarbures du mécanisme de commercialisation, les
productions et les sites explorés, et même en étude
d'exploration, des activités pétrolières, et
système fiscal camerounais. Aussi la lecture sur le projet pipeline
Tchad/Cameroun en terme de transparence se fait ressentir au regard de la mise
sur pied de la lettre au CPSP, un organe d'information ayant une fonction de
liaison, pour permettre à tous les intervenants de suivre
régulièrement le projet ; aussi cette publication permet au
public de suivre l'avancement des travaux et les dépenses
effectuées, le premier numéro de ce mensuel paru au lendemain du
début du projet présentait déjà la structure du
comité de pilotage et de suivi du pipeline, renseignait sur les
infrastructures à mener, l'organigramme du CPSP, la
sécurité, les constructions sécurité et l'analyse
socio-économique48(*).
Si la communication du secteur pétrolier sur les
ressources, vente, exploitation, exploration et commercialisation sur le plan
national et local rendent compte de la transparence, le fait d'adhérer
aux programmes mondiaux de transparence des produits pétroliers en est
une autre preuve de la volonté de l'Etat camerounais.
2. L'adhésion aux
programmes de transparence des produits pétroliers
Au début des années 2000, la Grande Bretagne
lance le slogan "Publish what you pay" (PWYP) dans les secteurs de
l'industrie extractive des produits pétroliers. A la suite de ce
mouvement, l'initiative de transparence dans les industries extractives a
été lancée en 2002 à l'occasion du sommet sur le
développement durable de Johannesburg par l'ancien Premier Ministre
anglais Tony Blair. Suite aux constats faits par certains chercheurs qui font
état de ce que les pays riches en ressources naturelles et
énergétiques sont paradoxalement pauvres et très enclins
à la misère, aux guerres et à la corruption, la promotion
de la transparence pouvait être une des solutions à mettre en
oeuvre dans les industries extractives.
En ce qui concerne l'adhésion du Cameroun à
l'ITIE49(*), c'est le 17
mars 2005, qu'une déclaration d'intention à adhérer aux
principes de l'initiative a été faite par le Ministre de
l'Économie et des Finances lors de la Conférence de Londres le 19
mars, suite à la lettre du Cameroun, le
Représentant-résidant de la Banque Mondiale invitant par une
lettre, les autorités Camerounaise à faciliter la mise en oeuvre
de cette initiative au Cameroun. Le 01 avril de la même année, le
MINEFI renvoie une lettre de conformation d'adhésion au
secrétaire d'Etat au Trésor de sa Majesté à
Londres ; le 18 juin de la même année, le Premier Ministre
Camerounais signe l'acte de naissance de l'initiative au Cameroun à
travers la signature du décret N°2005/2176/PM portant
création d'un comité de suivi et de mise en oeuvre des principes
de l'EITI. Le 15 septembre, c'est le tour de la mise sur pied du
secrétariat technique par la signature de la décision
N°002328/MINEFI/CAB, portant constatation de la composition du
secrétariat Technique du Comité ETTI ; le 16 janvier 2006
est la date de l'adoption du premier plan d'action du comité EITI et en
décembre de la même année, c'est la publication du premier
rapport de la conciliation pour la période 2001-2004. Une autre marque
d'adhésion aux programmes de transparence est issue de la Presse
Internationale dont la presse locale relaie les informations. L'action de
publication de Transparency International, une ONG Internationale qui publie
fréquemment les classements des Etats en fonction du climat d'affaire et
de la gestion administrative de l'Etat. À travers les deux exemples, on
peut dire que la déclinaison de l'exercice de transparence laisse
simplement observer une densification progressive de l'information.
Hormis la notion de transparence, la fixation du socle
cognitif de la politique publique des hydrocarbures, on peut noter la Bonne
Gouvernance.
B. La Bonne Gouvernance
La bonne gouvernance est l'un des langages dont la
présence des réseaux à produit dans le secteur
pétrolier au Cameroun ; il va de soi que le début des
années 2000 marque un tournant décisif dans la gestion du secteur
et ceci pour plusieurs raisons parmi lesquelles on note la déclaration
d'approbation du programme national de bonne gouvernance
révisé ; cette déclaration fait état de la
mise sur pied d'un programme national de la gouvernance qui a été
adopté le 29 juin 2000 avec en ligne de mire et comme objectif
stratégique50(*) :
- soutenir la croissance et le développement
durable ;
- réduire la pauvreté ;
- renforcer les capacités des acteurs du
développement (Etat, secteur privé, société civile,
ONG, média, collectivités territoriales
décentralisées) ;
- promouvoir le partenariat secteur public, secteur
privé, société civile ;
- renforcer l'Etat de droit et reformer la justice ;
- promouvoir une véritable culture de
responsabilité dans la gestion des affaires publiques ;
- renforcer la transparence de l'Etat et lutter
résolument contre la corruption.
Aussi faudrait-il noter que la participation du Cameroun aux
grands forums, séminaires, colloques Internationaux sur la gestion des
ressources énergétiques participe de la volonté manifeste
de l'arrimage à la logique de bonne gouvernance.
Paragraphe II : Le rassemblement de plusieurs acteurs
comme dynamique de fabrication de politiques publiques des hydrocarbures.
La mise en place d'un réseau pousse à multiplier
les relations qui renforcent leur système d'action concret, ceci pour la
défense de leurs intérêts. Aussi compte tenu du fait que
l'analyse du type de réseau qui cadre le plus dans le cadre du secteur
des hydrocarbures au Cameroun, est celle décrit par Massardier comme
étant la "Communauté de politique publique" qui sont
à la fois plus soudés et très clôturé
(Massardier, 2003 : 134) décrite aussi par Sabatier et
Jenkings-Smith comme étant une "Advocacy coalitions". Nous
pouvons donc nous rendre compte que la dynamisation de la fabrication des
politiques publiques des hydrocarbures à partir des réseaux met
au devant de la scène le rassemblement des acteurs se regroupant au sein
de la société civile et du secteur privé (A) tout comme
dans le secteur public et parapublic (B).
A- Les Réseaux
Professionnels
Ils viennent des différents corps de métiers et
des différents groupes sociaux. Ce sont des opérateurs
économiques et industriels (1) tout comme des acteurs politiques et
médiatiques (2).
1- Les réseaux
économiques et industriels
Le réseau met en évidence les opérateurs
dont les intérêts convergents vers un même objectif, celle
de mettre en oeuvre qui va satisfaire et faciliter la bonne marche de leurs
activités. Au Cameroun, les opérateurs économiques,
impliqués dans la dynamique de fabrication des politiques des
hydrocarbures sont des firmes multinationales et groupements économiques
nationaux.
a- Les opérateurs internationaux :
la dimension Internationale des réseaux.
La firme multinationale TOTAL EåP Cameroun est à
la tête des réseaux dans la mesure où elle détient
une part importante des investissements au Cameroun, elle détient le
nombre le plus important en terme de matériel d'exploration ;
principal explorateur du sous-sol camerounais, TOTAL, a su après le
départ du géant français ELF-SEREPCA, la FMN ayant un
"joint venture" est devenu TOTAL FINA-ELF, et donc pris les actifs de
la défunte ELF Cameroun jusqu'au niveau des sociétés
nationales telles que la SCDP, la SNH. On pourrait aussi mettre sous le compte
de la participation dans le réseau les sociétés PECTEN
CAMEROUN, PERENCO Cameroun qui ont ceci de particulier qu'ils sont dans l'ombre
car travaillant essentiellement dans le secteur pétrolier amont, ils ne
sont pas trop connu grand public pourtant, ils sont des pionniers au niveau de
la chaîne d'exploration tout comme Total Exploration Cameroun.
b. Les opérateurs économiques
industriels nationaux
Comme acteurs, nationaux on peut citer la COTCO (Cameroun Oil
Transportation Company) qui opère dans le secteur pétrolier amont
notamment dans le transport des produits pétroliers, l'un des maillons
de la chaîne qui a une place toute aussi importante. La chambre de
commerce d'industrie des mines et de l'artisanat, et aussi le Groupement Inter
Patronal du Cameroun (GICAM). Ceux-ci participent à l'élaboration
des politiques des hydrocarbures dans ce sens où ils proposent des
modalités de la bonne marche des activités dans le secteur
pétrolier, pour son fonctionnement de manière efficace et
efficiente.
S'il reste que les acteurs économiques tant
internationaux que locaux activent les réseaux dans le secteur
pétrolier, l'apport des acteurs politico médiatiques ne sont pas
en reste pour rendre le peu plus intéressant.
2. Les acteurs politiques
et médiatiques
Ce sont les vecteurs du réseau dans ce sens où
ils tiennent les clés à partir de leur rôle qui "deal" le
plus souvent avec une éthique de conviction. Ici l'on peut dire qu'ils
viennent des partis politiques de tous bords (Majorité et Opposition).
À titre d'exemple, dans le cadre de l'ITIE que nous identifions comme un
réseau de fabrication des politiques des hydrocarbures au Cameroun, on
note que des membres représentant la société civile, il
est prévu la place pour deux (2) membres du Parlement dont l'un est de
la majorité et l'autre de l'opposition ; (trois (3) membres
représentant des collectivités territoriales
décentralisées quand on sait que ceux-ci pour la plupart des cas
ce sont des élus du peuple dont sont soumis à un scrutin
électoral, nul ne doute de leur place au sein du réseau à
partir de leurs engagements politiques et dont la défense de leurs
intérêts prioritaires seront portés comme griefs.
Les médias jouent un très grand rôle dans
le cadre de la formation des réseaux et même de leur
survie/vie ; ce sont les vecteurs de communication des convictions des
réseaux. Ils relaient l'information dont le groupe trouve
nécessaire, mettent l'accent sur la propagande de tout ce qui croit pour
sauvegarder leurs intérêts. Toujours dans le cadre de notre
réseau (ITIE), des membres représentant la société
civile il est fait mention d'une place pour l'union des journalistes
principalement le Président de l'Union considéré au
Cameroun comme un syndicat, une place pour la section camerounaise de
Transparency International. Dans cette Initiative de transparence, la place des
ONG n'est pas en reste. Dans la liste des membres représentant la
société civile, il est prévu 3 représentants des
Organisations Non Gouvernementales.
La dynamique de création de réseau comme
incidence ne se limite pas seulement dans le secteur privé et la
société civile, elle peut trouver un enracinement au sein de
l'appareil politico administratif.
B- Les acteurs venant des
secteurs public et parapublic : les réseaux nationaux
La notion de réseau d'action publique ouvre la
compétition pour l'accès au gouvernement en permettant une
prolifération des réseaux tout en accentuant les échanges
des ressources et intérêts. Le réseau rassemble les acteurs
du secteur public et parapublic directement lié à l'industrie, la
commercialisation, la consommation des hydrocarbures au Cameroun en ce sens
que :
Dans le secteur public, l'Etat par le gouvernement veille
à ce que ces intérêts soient défendus à
travers certains départements ministériels lesquels cités
plus haut51(*). Mais ce
qui est important à relever ici c'est que le regroupement dans ces
ministères n'est pas classique ; le regroupement peut se faire de
manière verticale comme horizontale dans ce sens où la notion
d'ordre hiérarchique du système administratif
général est bafoué. Etant donné que nous sommes en
plein dans le type de réseau de communauté de politique publique,
et dont les caractéristiques sont claires pour Massardier en termes
d'"espaces soudé et très clôturé",
et "la raison d'agir" , il est donc claire et selon cette logique
que l'Etat camerounais par le biais de son gouvernement peut s'engager dans une
perspective de résautage pour la mise en oeuvre d'une politique publique
plus efficace de son secteur pétrolier , nous en voulons pour preuve sa
présence au sein de l'APPA qui créée en 1987 à
Lagos au Nigeria, compte aujourd'hui quatorze (14) membres52(*). Ainsi la
représentation auprès de cette association que nous pouvons
considérer comme un réseau est assuré par l'ADG de la SNH.
Elle permet au gouvernement Camerounais non seulement de pallier à ses
manquements en termes d'exploitation et de production de sa ressource
pétrolière, mais également de mettre sur pied une
politique qui cadre tant bien qu'avec la réalité interne que
l'environnement externe.
Dans le secteur parapublic, les grandes sociétés
dans lesquels l'Etat consent d'énormes efforts matériels,
financiers et humains pour son fonctionnement au quotidien à l'instar de
la SNH, la SONARA, la SCDP, la CSPH, jouent un rôle tout aussi important
dans la dynamique de fabrication des politiques publiques des hydrocarbures au
Cameroun.
CONCLUSION PARTIELLE
La politique publique des hydrocarbures au Cameroun se met en
place à partir du jeu des acteurs constitués pour la plupart des
cas en réseaux de communautés de politique publique. Ces
réseaux sont à la fois internes et externes ; dans le cadre
des réseaux internes qui le plus souvent regroupes les consommateurs, et
quelques distributeurs du fait de la libéralisation de ce secteur,
ceux-ci agissent pour influencer le cours de la politique en leurs faveur,
tandis que les membres des réseaux externes concentrés dans
l'exploration, l'exploitation, la production, le transport, le stockage, et la
distribution. Ces acteurs des réseaux externes sont pour la plus part
des cas les initiateurs du changement en fonction de leurs intérêt
ce qui produit en fonction du degré du changement un nouvel ordre. Ainsi
les réseaux de politique publique dans la production d'un ordre
transversal dans le secteur pétrolier au Cameroun structurent le sens de
la fabrication des politiques publiques des hydrocarbures.
CONCLUSION DE LAPREMIERE PARTIE
Le pétrole pris comme enjeu de pouvoir dans la
configuration et la reconfiguration du champ de l'action publique au Cameroun
passe par une approche qui nous a permis jusqu'ici de voir comment le
pétrole est entré progressivement sur la scène politique
en restructurant de manière permanente celle-ci ; cette dynamique
de restructuration est le produit du jeu des acteurs et qui au fil des
années sont devenus de plus en plus nombreux pour participer à
l'élaboration d'une politique publique des hydrocarbures en se
constituant en réseaux de producteurs, de transporteurs, de
distributeurs et même de consommateurs. Ainsi les actions
combinées des acteurs issu du secteur public, parapublic du secteur
privé et de la société civile ont forcé le
changement du référentiel de la politique des hydrocarbures et
fragiliser la logique administrative de la gestion du pétrole au
Cameroun en favorisant une harmonisation progressive des rationalités
dans la politique publique des hydrocarbures au Cameroun.
DEUXIEME PARTIE : DE LA FRAGILISATION ADMINISTRATIVE
DE LA GESTION DU PETROLE À L'HARMONISATION PROGRESSIVE DES
RATIONALITÉS DE LA POLITIQUE PUBLIQUE DES HYDROCARBURES AU CAMEROUN
Dans la deuxième partie, il sera question après
avoir examiné la structure de jeu autour de la variable pétrole
au Cameroun, d'examiner la logique de la rationalité du jeu autour du
pétrole. Le néo-institutionnalisme retenu dans le cadre de cette
étude trouve ici toute sa pertinence dans ce sens que cette approche
proclame le retour des institutions (Hall et Taylor, cité par
Massardier, 2003) en prime dans la gestion d'un tel patrimoine ; et
notamment de l'Etat dans l'explication des comportements sociaux des individus,
celle de la vie politique et dans l'explication de la fabrication des
politiques publiques (Massardier, 2003 : 152). Il y aura donc dans ce
domaine pétrolier, les effets du contre pouvoir dû à la
dynamique des autres acteurs en présence, ce qui nous permettra donc de
faire une analyse non plus seulement stratégique au sens de Crozier, qui
reconnaît la limite de la rationalité de l'acteur, encore moins
uniquement interactionniste c'est-à-dire qui centre l'analyse sur
l'interaction à travers les actions réciproques entre les acteurs
en présence, mais beaucoup plus une analyse par "l'interactionnisme -
stratégique" c'est-à-dire une analyse qui regroupe en même
temps l'interaction par les acteurs mais également le jeu et les
stratégies mis en place par ceux-ci pour construire une politique des
hydrocarbures au Cameroun. Il sera donc question de voir de manière
concrète comment l'Etat du Cameroun organise la politique de
distribution et de redistribution des produits pétroliers et de la rente
pétrolière. Cette partie s'articulera autour de deux chapitres
à savoir la fragilisation (I) et l'harmonisation (II).
Dans le premier chapitre consacré à la
fragilisation, bien évidemment de la logique administrative dans la
maîtrise du pétrole au Cameroun, il sera donc question de voir les
raisons et les incidences de cette fragilisation. Alors que le second chapitre
quant à lui sera consacré à la perspective d'harmonisation
pour rendre compte de la volonté de l'Etat de rationaliser la gestion
dans le secteur pétrolier au Cameroun.
CHAPITRE III : LA FRAGILISATION DE LA LOGIQUE
ADMINISTRATIVE DE GESTION DU PETROLE DANS LA MAÎTRISE DU SENS DES
POLITIQUES PUBLIQUES AU CAMEROUN
La maîtrise du sens de la gestion du pétrole au
Cameroun passe par certains pré requis. A cause de l'héritage du
système et la logique qu'on a toujours eu de cette ressource, il sera
difficile de détacher la réalité en terme de ce qui est
dans la pratique, et l'élaboration, la mise en oeuvre de l'appareil
politico-administratif, et de ce qui devrait être en terme de la
rationalité de la mise en oeuvre d'une politique consacré
uniquement à cette ressource. Il est évident de part l'analyse
que nous avons mené au chapitre précédent que
l'élaboration d'une politique publique dépasse les
considérations du secteur privé (société), le plus
important ici étant bien évidemment de trouver une politique qui
va non seulement coïncider avec son environnement, mais satisfaire un
public. Ainsi pourrait-on affirmer sans risque de nous tromper que pour qu'une
politique devienne publique au sens complet du terme, il faudrait qu'elle
intègre ou plutôt tente d'intégrer les
« publics ». Elle doit avoir pour cible de départ un
public, une population bien précise. Toutes les stratégies mise
en oeuvre pour l'intégration de ce public pourraient à un
degré ou à un autre contribuer à la mise en oeuvre
efficace et efficiente d'une politique dans le secteur pétrolier, et
même participer du contrôle et de la maîtrise de la ressource
pétrolière ; mais cela n'est pas toujours le cas.
Dans ce chapitre il sera question d'analyser en toute
froideur, toute proportion gardée, les éléments de la
fragilisation de la logique administrative dans la maîtrise du
pétrole au Cameroun en établissant le constat que, l'exclusion et
l'opacité dans le cadre de l'action publique dans le secteur des
hydrocarbures fragilisent le travail de l'administration camerounaise d'une
part (Section 1) et conduit à une insatisfaction des personnes vers qui
la mise sur pied de la politique est destinée d'autre part (section 2).
SECTION 1 : EXCLUSION ET OPACITÉ DANS LE PROCESSUS
D'ÉLABORATION ET DE MISE EN OEUVRE DE L'ACTION PUBLIQUE DANS LE SECTEUR
DES HYDROCARBURES
L'exclusion et l'opacité sont deux
phénomènes qui a notre sens fragilisent de manière
relative l'action publique dans le secteur des hydrocarbures au Cameroun, ce
qui pourrait traduire ici et dans une large mesure une mono
rationalité des systèmes d'action et de la logique
administrative. La décision nous renseigne dans le cadre de l'action
publique sur le modèle de fonctionnement d'un système. Elle est
un processus dont le résultat n'est pas inévitable et n'est pas
toujours intentionnel (Muller, Surel, 1998 : 103) ; c'est donc le
fruit des actions concrètes de marchandage et de partage d'idées.
Ce qui n'est pas toujours le cas, tout au moins de manière visible dans
le secteur pétrolier au Cameroun. Notre analyse dans cette section sera
le lieu de démonstration de l'importance de l'utilisation de l'approche
décisionnelle comme technique et même comme outil pour
l'administration publique et les décideurs. Mais le plus important sera
de mettre en lumière le sens de l'exclusion des autorités
publiques, aux publics cibles du processus d'élaboration et de mise en
oeuvre de la politique (Paragraphe I), puis par la suite voir comment cette
exclusion crée une opacité dans la gestion du secteur
pétrolier (Paragraphe II).
Paragraphe I : Des raisons de la fragilisation de la
capacité de l'Etat à maîtriser le sens de l'action
publique.
L'exclusion est un phénomène visible et opaque,
c'est pourquoi il faudrait s'appesantir sur elle ; en outre, elle suscite
des prises de décision et des attitudes individuelles et collectives qui
peuvent mettre à mal la prise d'une décision rationnel dans un
secteur. C'est le cas dans le secteur pétrolier ou de manière
naturel ou exclu dans le processus d'élaboration ; ce qui nous
amène à penser que, l'exclusion est un phénomène
qui se situe au coeur de l'organisation structurelle des sociétés
contemporaines et de leur fonctionnement économique. Même si cette
notion est d'origine sociale, elle possède une dimension politique et
économique dont nous prendrions le soin d'examiner en notant une
marginalisation des acteurs concernés dans la phase d'élaboration
(A) et par la suite à travers une précarité technologique
dont font état non seulement nos populations mais également les
sociétés nationales pétrolières(B).
A- La marginalisation de
certains acteurs dans la phase de l'élaboration
Il faudrait considérer la décision comme un
processus, nous l'avons dit, mais qui ne devrait pas être établie
comme un acte isolé, mais au contraire comme un flux d'arrangements
ponctuels pris à différents niveaux et dans tous les
sous-secteurs. Dans le secteur pétrolier au Cameroun, les entrepreneurs
du secteur privé expriment chacun des sentiments d'exclusion par rapport
à la gestion associé, mais également dans la gestion des
grands projets structurants liés au domaine pétrolier ;
l'exemple ici est pris sur la plainte faite par plusieurs entrepreneurs et ONG
sur la gestion du projet d'oléoduc du Pipe line Tchad Cameroun
lancée en 2001, et en particulier leur absence dans le comité de
pilotage et de suivie du pipeline (CPSP) sous la direction de la
Société Nationale des Hydrocarbures. Le secteur privé
local se sent donc ignoré par le projet soit en l'absence d'une
communication viable et de confiance, soit parce que les exigences de
marché dépassent les capacités des opérateurs ou
encore parce qu'il n'existe pas de structure susceptible de leur fournir
l'appui institutionnel et financier nécessaire pour les rendre aptes
à les concurrencer.
La marginalisation de certains secteurs comme les
associations patronales est manifeste dans ce sens où ceux-ci ne sont
presque jamais consulté à la base ou au départ des grands
projets; le constat est que la Présidence de la République en
tant qu'institution, donne la logique et le grand axe non seulement des
réflexions mais aussi de décision, ce qui ne permet pas une
gestion rationnelle de la ressource et même du secteur pétrolier.
C'est d'ailleurs l'un des constats que le groupe International Consultatif fait
dans son rapport de mission au Cameroun et au Tchad du 19 juillet au 3
août 2001 sur projet d'exploitation pétrolier et d'oléoduc
Tchad Cameroun. De ce constat, il en ressort qu'il y a manque de concertation
entre le gouvernement du Cameroun et le patronat, et que concernant toujours le
projet, il existait une insuffisante concertation entre la COTCO, le
gouvernement et le patronat.
B- La
vulnérabilité technologique des structures nationales
Le contrôle de la ressource pétrolière se
fait à partir des sites d'exploration, dans les zones d'exploitations et
de production ; la logique du travail administratif repose sur des faits,
des données établies par des acteurs sur le terrain et dont
l'organisation des travaux ne serait que la mise en cohérence des
valeurs à respecter. Compte tenu du fait que la plupart des
sociétés agissant dans le secteur pétrolier sont en
majorité des sociétés de distribution des produits
pétroliers, agissant dans le secteur aval, et que le secteur amont
étant dans une large mesure abandonné aux Firme Multinationales
(FMN) ; il serait donc difficile de contrôler les réelles
quantités de production de pétrole faite sur le terrain
camerounais. On pourrait alors parler de précarité technologique
manifeste par une exclusion de fait. Ainsi, du fait de cette
précarité, une brèche s'ouvre pour la maîtrise des
comptes dans la mesure où il devient possible d'avoir une
traçabilité des revenus de la ressource
pétrolière ; mais avant d'évaluer l'impact de la
vulnérabilité technologique, il faudrait relever le
caractère exclusif de cet élément, car s'il est
établit de manière volontaire dans une certaine mesure de
proclamer cette vulnérabilité, cela pourrait permettre non
seulement aux administrateurs, décideurs mais aussi aux gestionnaires
quotidiens de garder le flou sur les revenus ; et aussi une main mise
totale sur les avantages que peuvent produire cette ressource. S'il faut faire
une analyse comparative sur la valeur technologique des Etats producteurs de
pétrole, le constat est clair, la majeur partie des Etats producteurs de
pétrole des pays occidentaux et même du Moyen Orient et
d'Amérique du Sud se dotent des outils technologiques de pointe dans le
secteur pétrolier, ceci pour le contrôle de la quantité de
barils réellement pompé dans les sites ; la filière
pétrole étant complexe par sa nature, nous l'aurons dit dans les
parties précédentes, il n'y a pas que le pompage, ou l'extraction
sous terre, mais également la raffinerie qui produit des produits
dérivés utiles à d'autres chaînes de production par
exemple la bitume qui est l'une des dérivées du pétrole
que l'on utilise pour la construction des routes, ce qui serait un grand apport
dans les BTP (Bâtiment Travaux Publics) ; il faudrait aussi noter
que la vulnérabilité des sociétés nationales sur le
plan technologique ne permet pas de prendre en considération la
totalité des produits issus de la chaîne
pétrolière : c'est le cas des produits agroalimentaire tels
les aromates (le benzène, toluène, xylènes), des produits
à utilisation chimique à savoir l'éthylène, produit
pétrolier ayant subi des fractionnement des gaz et la
récupération des oléfines donne des
polyéthylènes, des dérivées chlores,
l'éthyle, le benzène (styrène) ; l'application de
tous ces produits chimiques dérivés du pétrole qui semble
très compliqué à prononcer pour des chercheurs en science
sociale et humaine, se rapporte tout simplement à la production des
éléments tels : les plastiques, le polystyrène,
polyester, les solvants, les détergents, les antigels, les
résines, diverses produits pour la filière textile, la pharmacie,
la photographie, etc. Aussi force est de constater que la maîtrise
partielle du secteur pétrolier à cause de l'incapacité
technologique limite même l'action administrative et même publique
dans ce secteur.
De manière générale, l'exclusion n'est
pas le seul élément de la fragilisation relative de la logique
administrative, l'opacité dans la gestion du secteur pétrolier
peut d'une manière ou d'une autre servir à la
compréhension de cette fragilisation.
Paragraphe II : L'opacité comme
élément de fragilisation
L'opacité a pour opposé la transparence. Est
opaque tout ce qui ne se laisse pas apercevoir d'une manière claire,
à la limite, tout ce qui est flou. Ainsi l'opacité est l'un des
éléments déterminant de la fragilité de la logique
administrative dans le secteur pétrolier comme dans les secteurs de
l'éducation, de la santé ou des relations diplomatiques. On est
en droit de voir les fruits de cette politique de manière à
établir une traçabilité de la chaîne d'action comme
c'est le cas de plus en plus au niveau de la santé publique avec les
prises en charge des programmes des maladies endémiques et au niveau de
l'éducation dont les politiques ont été presque
réussit de l'enseignement de base jusqu'à l'enseignement
supérieur en passant par les formations professionnelles.
L'opacité comme élément de fragilisation
de la mono-rationalité administrative est causée par la non
budgétisation des recettes pétrolières dès le
départ (A) et le fruit de la gestion du secteur pétrolier par un
système centralisé (B).
A- La non budgétisation
des recettes issues des produits pétroliers dès le
départ
La controverse des auteurs faite autour de la date de
l'exploitation du pétrole au Cameroun ne change en rien les marques
indélébiles que cette ressource aurait pu avoir sous son
inscription dans les lois de finance au début de son exploitation.
Même si l'exploration des sites et des zones pétrolières au
Cameroun remonte bien avant les années 1970, plus
précisément dans les années 1950 avec la
société française SEREPCA, par l'entremise du Bureau de
Recherche Pétrolière (BRP : structure française),
nous constatons là qu'il pourrait avoir un contrat mis sur pied par
l'Etat camerounais. Du temps de gestion des autorités camerounaises
engagées dans le contrôle étatique même si le
Cameroun était sous protectorat, la signature du contrat d'exploitation
n'a fait aucune sorte de validation par les voies représentantes de la
population ; ce qui ouvre déjà l'accès à une
sorte de mise en oeuvres des capacités et des opportunités
qu'offre le sol et le sous-sol Cameroun. Cet état de non
budgétisation dès le départ pourrait être
analysé comme un moyen d'exploitation au gré à gré
entre les autorités camerounaises ( beaucoup plus les responsables
politiques) et le gouvernement français ; car à la lecture
géopolitique de l'époque, pendant les années 1950, les
Etats-Unis d'Amérique ont une main mise sur le pétrole du Moyen
Orient, et, l'Etat français connaissant une farouche opposition sur sa
domination en Algérie, pays principal fournissant plus de la
moitié de leur énergie, voudrait garantir sa
sécurité énergétique en explorant ses colonies de
la bande côtière allant de la Côte d'Ivoire jusqu'en Angola,
dont le Cameroun fait partie.
Le Cameroun dès le départ de l'exploitation
pétrolière travaille avec la multinationale française Elf
créée par le Général De Gaule à l'initiative
de Pierre Guillaumat, le patron des services secret français, qui trouve
donc des stratagèmes pour pervertir la gestion de cette ressource pour
les Etats d'Afrique Équatoriale dont une grande campagne avait
été initiée dans le but de révéler aux
dirigeants des nouveaux Etats indépendants des trésors de leur
sous-sol.
En toute rationalité les auteurs s'accordent à
dire que le Cameroun deviendra producteur de pétrole en 1977, ceci sur
la base des indices de vente d'une quantité minime de "brut"
camerounais ; entre 1980 et 1986, il atteint des pics de production avec
une moyenne de 182 000 barils par jour53(*). Certains auteurs comme Jean Claude Walleme parle
alors de la consécration de l'hydrocarbure comme "clé de
voûte de l'économie camerounaise", Owona Nguini quant à lui
voit le pétrole comme "la ressource clé" pour l'Etat Entrepreneur
qu'est le Cameroun. Il faudrait tout de même faire la remarque que le
pétrole vient mettre au second plan une ressource prise en compte par
les lois de finance à savoir la ressource agricole qui jusqu'à
cette période (années 1980) rapportait près de 3/4 de
recettes d'exploitation. Alors même que les recettes et les ressources
pétrolières croissent et que celles du secteur agricole
décroissent, il n'y a toujours pas l'inscription dans le budget des
ressources pétrolières. Dès l'origine donc les recettes
pétrolières ne seront jamais complètement
budgétisées ; un compte hors budget fut ouvert à
travers lequel seront canalisées les ressources tirées du partage
de la production pétrolière. Ce compte va centraliser une part
des ressources considérable constituant une
« institution » tout à fait exorbitante de droit qui
encaisse et dépense une grande partie des recettes du pétrole
sans contrôle parlementaire, encore moins de publicité d'aucune
sorte dès le départ. La mise sur pied dès le départ
d'un compte hors budget dans le secteur pétrolier pose ainsi les bases
d'une centralisation du système dans la gestion de ce secteur.
B- Une gestion du secteur
pétrolier et des ressources par un système centralisé par
la suite
La production du secteur pétrolier qui voit sa
quantité augmentée de manière exponentielle depuis 1978,
date marquante du premier quinquennat de la décennie 198054(*), et dont la production est de
62 500 tonnes, elle passe à 2,8 millions de tonne en 1980 et
à 9,2 millions de tonnes en 1985 ; on peut dire que la
période 1978- 1985 est une période importante dans le secteur
pétrolier. Elle est certes une période d'apprentissage de la
gestion d'un secteur en plein expansion et très porteur, mais elle
marque également la phase du début de commercialisation officiel
des hydrocarbures. Cette commercialisation n'a pas toujours fait l'objet d'une
clarté dans le système administratif, il a été
établi au travers des chapitres précédents que le coeur de
la gestion du secteur pétrolier est coiffé par la
présidence de la république. C'est elle qui organise et oriente
la politique générale du secteur pétrolier. De
manière directe sur terrain, la SNH joue un rôle
prépondérant au point où la centralisation de ce secteur
passe par ces deux pôles uniquement, car ce n'est que normal que (3)
trois ans après la date officielle de l'exploitation du pétrole
au Cameroun, la société nationale des hydrocarbures voit le jour,
car il fallait absolument crée un cadre externe à la
présidence, avec des structures et un personnel qualifié pour
rendre compte avec autorité de ce qu'il en était. Ainsi les
revenus issus de la commercialisation de ces produits seront
monopolisées par la Présidence de la République et vont
permettre au centre de pouvoir jouer un rôle important d'orientation
dans le processus d'accumulation du capital lié à cette ressource
(Owona Nguini, 1997 : 225) ; celle-ci sera alors un véritable
pactole pour les réseaux de l'appareil politico-administratif. La
présidence profita des ressources pétrolières pour
régler de manière relative les problèmes financiers du
pays en ouvrant des lignes hors budgets en dehors de ces cadres
budgétaires ; la répartition des ressources dans le CHB
était justement fonction des décisions des opérateurs de
l'Etat central ; toutes les recettes pétrolières n'y
étaient pas transférées dans ces comptes, le pouvoir
central s'arrangea à placer au moins dans le budget de l'Etat une partie
des recettes issues des impôts sur le bénéfice et les
redevances que certaines multinationales et compagnies
pétrolières reversaient à l'Etat ; mais bien que
durant la décennie des années 80, les recettes injectés
dans le budget gouvernemental entre 1983 et 1987 représentait 25%.
Les ressources pétrolières au Cameroun ont
permis à l'appareil politico administratif central et à la
Présidence de la République en tant qu'institution de planifier
de manière centralisée le développement. A cet effet,
d'importants moyens d'emprise souveraine et des instruments précieux de
gouvernement intervenant dans l'affectation des ressources étaient
utilisés de manière à démontrer la cohérence
de l'action gouvernementale autour de son programme. Il faudrait tout de
même noter que la politisation du pétrole dans la
société camerounaise va créer un contexte favorable
à un environnement complexe ; il convient d'examiner maintenant
comment se complexifient les références autour du secteur
pétrolier.
SECTION 2 : LA COMPLEXIFICATION DES SYSTÈMES DE
RÉFÉRENCE
Les flux des ressources liées au boom pétrolier
au Cameroun depuis la fin des années 1970, réorienteront les
logiques d'accumulation et par là les systèmes
référence dans le cadre de la politique économique et la
politique globale de développement du Cameroun ; le pétrole
au Cameroun durant au moins trois décennies (1970-2000), a servi de
manière silencieuse l'appareil politico-administratif, mais celui-ci a
trouvé des moyens d'orientation et d'explication d'une politique globale
par des ressources autres que le pétrole. Il s'agira donc dans cette
section à partir d'une démarche constructiviste, de voir comment
la ressource pétrolière, élément tampon de la
politique globale rend complexe la société en créant un
environnement favorable (Paragraphe I) à une action des sous
systèmes auto référentiel (Paragraphe II)
Paragraphe I : Un environnement politiquement favorable
Il s'agira de voir la diversification des systèmes de
référence à partir de la culture de rente comme levier de
l'économie et de l'agro Industrie comme système de
référence des politiques globales de l'Etat Camerounais (A), puis
l'apport des ressources pétrolières dans la scolarisation des
citoyens Camerounais (B).
A- L'apport des ressources
pétrolières dans la construction d'un Etat Agro-industriel :
la diversion d'une pratique
La construction de la logique gouvernementale de placer son
développement sur les cultures directes, voir l'agriculture et non sur
les richesses de sous-sol est bien connu fort longtemps avant la prise du
pouvoir du Président Biya, car, de manière officielle, sous la
présidence d'Amadou Ahidjo, le Cameroun conçoit et place sa
stratégie de développement sur le travail du sol et non sur
l'exploitation pétrolière et minière. De nombreux projets
structurants sont en outre là pour démonter la pertinence de
l'officialité de cette position de la part de l'appareil politico
administratif. Aussi il est de bon ton de rappeler qu'au lendemain de
l'indépendance le président Ahidjo consacre en 1963 une place
particulière à la paysannerie et la baptise "l'année
du paysan" dix ans plus tard c'est la « révolution
verte » ; il y a une ferme croyance à la culture de
la terre, ainsi, le Président considère ces ressources comme
étant une richesse impérissable, il faudrait avoir juste la
volonté et un peu de moyen, c'est ce que le gouvernement mettra en place
en matérialisant la vocation agricole et pastorale du Camerounais, en
mobilisant massivement la paysannerie ; le lancement de la
révolution verte est faite à Buéa avec l'inauguration
d'une "foire agricole" ;on note alors une extension des
structures de production agricole qui va bien être visible sur la
scène nationale et même internationale et selon la typologie des
observatoires mondiaux de l'économie, des pays Africains que ressort
Ombé Ndzana dans son ouvrage55(*) ; dès lors on peut noter que le Cameroun
est bel et bien inscrit et classé dans le rayon des pays non minier
à économie essentiellement agricole.
L'Etat Camerounais s'inscrit dans une logique de
construction permanente et de conception selon laquelle on le perçoit
comme un Etat agricole à partir de l'équation suivante :
Cameroun = Economie Agricole. Ainsi, pour consolider cette perception,
l'Etat va publier un nombre important de document assortis des
précisions de pourcentage ; pour légitimer cette posture et
sauvegarder la nature agricole de l'économie camerounaise, toujours
à la même période, il se fait grand paysan et industriel en
investissant dans le secteur agricole tels, le palmier à huile, la
banane, l'hévéa, le thé. Il sollicite une main d'oeuvre
abondante laquelle précise le sens de son action qui est bien
basé sur la redynamisation de l'agriculture renforcés par
l'industrie ; cette action, la plupart de temps emprunte des désirs
de légitimation sur la scène internationale en intégrant
dans la chaîne agricole des étrangers, des organismes de
coopération, des banques, des Multinationales, en recherchant dans ces
contrats d'action et d'opération la hausse de la rentabilité,
l'échange de connaissance et le transfert de technologie et de technique
agricole profitable non seulement à l'Etat, mais également aux
populations (agriculteurs et paysans) ; étant le plus gros paysan,
l'Etat va engager de grandes plantations des cultures de rente, embaucher
massivement les villageois, les intégrer progressivement dans des
programmes pensés en amont tels le MIDEVIV, le programme Yabassi-Bafang
devenu par la suite le SODENKAM. Ce dispositif de financement de ce secteur
s'appuie sur les ressources pétrolières dans une large mesure.
Il ne faudrait surtout pas croire que c'est une question du
Président de l'époque, c'est-à-dire propre au règne
Ahidjo ; d'ailleurs, le Président Biya qui a été le
produit de la haute Administration Camerounaise est parfaitement au courant de
cette feinte de l'appareil politico administratif qui s'appui sur les
ressources agricoles pour empêcher de compter sur le pétrole et de
penser pétrole. C'est pourquoi, en accédant au pouvoir en 1982,
même s'il s'inscrit sous un ton de dialogue, d'ouverture avec ses
populations sur le langage de la vérité, de la rigueur et de la
moralisation en termes d'action publique, il reste dans la même
équation, Cameroun = Economie Agricole. C'est dans cette
logique qu' au lendemain de son accession à la Magistrature
Suprême en mai 1983, il réaffirme dans les colonnes du courrier,
le rôle prépondérant de l'agriculture dans
l'économie nationale : "Notre accession à
l'indépendance, l'agriculture constitue (...) la première
priorité de la stratégie du développement du Cameroun
parce qu'elle est l'activité économique fondamentale du pays,
celle qui occupe la majeure partie de la population et assure son
autosuffisance, celle qui apporte une contribution importante à la
production intérieure brute fournit la majeure partie des
matières premières nécessaires à notre jeune
industrie et demeure le débouché principal de notre main
d'oeuvre"56(*).
Voilà une pratique, celle de la diversion politique
d'un produit notamment l'agriculture, et principalement en ce qui concerne les
produits de rente, considéré au grand jour par le Chef d'Etat
comme étant le socle de l'économie camerounaise alors même
que les pratiques d'exploration et d'exploitation du pétrole se font
dans le pays, et dont on ne fait jamais mention, et quand bien même les
pensées oseraient se tourner vers cet angle, on détourne la
conscience de ceux-ci par des subterfuges de manière subtile. C'est
d'ailleurs dans cette dialectique que tout comme le Président Ahidjo, le
Président Biya dans le même temps notamment le 26 mai 1983
banalise l'apport du pétrole dans le secteur de l'économie dans
une interview accordée au Quotidien à Paris match en
précisant que : "...Le pétrole n'est pas une manne
intarissable, mais une ressource passagère et limitée dans le
temps, une ressource soumise aux aléas du marché et qui par
conséquent, ne saurait contribuer un appoint
éphémère et fluctuant à nos ressources permanentes
ou renouvelables. Aussi avons-nous opté, au lendemain de notre accession
à l'indépendance, de faire de l'agriculture la base de notre
développement"57(*).
L'agro-industrie par ailleurs peut aussi être
considérée comme un système de
référencé des politiques globales de l'Etat Camerounais,
c'est pourquoi, au-delà de l'Etat planteur, l'appareil politico
administratif va construire un autre référentiel dans sa
politique globale, celle de "l'Etat bâtisseur" et "l'Etat
constructeur" du secteur industriel prenant appui sur l'agriculture. Il
est important ici de voir comment à travers l'émergence de
l'industrialisation du secteur agricole, le pouvoir central écarte les
vues et les visées sur le pétrole ; le fait de se proclamer
pays à économie agricole, voudrait nécessairement avoir
à investir pour une quantité considérable sur des produits
cultivés à savoir les produits de rente tels, le cacao, le
thé, le café, la banane, le plantain, le riz, le blé, le
coton, etc. ; les paysans ne peuvent plus satisfaire les attentes du
gouvernement en termes de production élevés pour une
commercialisation qui dans ses prévisions budgétaires compte pour
beaucoup. L'important ici étant de pouvoir justifier au terme des
exercices budgétaires la place à accorder pour plus
d'investissement de création de ces structures agro-industrielles.
À travers cette logique, le pouvoir central voit dans cette politique de
référence un moyen pour le développement de l'Etat en ce
sens qu'il faudra créer les sociétés agricoles non pas
dans les grandes métropoles comme Douala, Yaoundé, mais
développer en zones les plus reculées comme ce fut le cas des
structures HEVECAM mis en place dans le département de l'Océan
à Kribi, la CAMSUCO, la SOSUCAM, dans les zones reculées du
Centre, la CDC qui exerce sa souveraineté dans les département du
Fako, et de la Mémé région du Sud-Ouest et de l'Ouest, la
SOCAPALM dans le Mungo; dans la zone du Grand Nord la SODECOTON,
MAÏSCAM.
La mise en place de toutes ces structures à
caractère industriel, répond dans les normes et au grand jour
à un souci, celui de pouvoir rendre cohérent sa logique d'Etat
qui ne vit qu'à partir des ressources agricoles et dont le salut du
développement ne provient que de ce secteur ; il faudrait quand
même se poser quelques questions : si l'Etat (pouvoir central)
allait en campagne médiatique pour le développement du secteur
agricole et multipliant les appels aux populations ou citoyens à devenir
des grands plateaux ? Où trouvait-il les sources de
financement ? S'il est vrai que l'Etat tire la majeure parti de ses
revenues dans les taxes et impôts, le domaine fiscal à cette
période de grand investissement dans les grandes sociétés
industrielles agricoles n'était pas encore stable et ne rapportait pas
autant d'argent à l'Etat au point de créer des structures qui
à peine qu'elles aient été mises sur pied tombaient en
faillite sans regret du pouvoir central. Cette politique du pouvoir central
rend complexe le système de référence et ne permet pas
alors d'avoir une lisibilité nette sur ce qui est fait à partir
de la politique globale. Cette complexité est aussi marquée par
la multiplicité dans le même temps des sous-systèmes
autoréférentiels.
B- Le financement de la
scolarisation des citoyens Camerounais.
L'Etat Camerounais dans sa politique de faire diversion et de
dépolitisation de la rente pétrolière va financer de
manière douce le secteur éducation en construisant des salles de
classes dans des établissements publics et privés Camerounais (1)
et en contribuant aux bourses scolaires et académiques de ses citoyens
(2).
1- Participation à
travers la construction des salles de classe
Pour la construction d'un Etat digne de ce nom, il faudrait
des institutions fortes qui pourraient engager des programmes à la
hauteur de ses ambitions. Il faudrait aussi avoir un cadre d'apprentissage
propice pour la formation de sa jeunesse, et aussi pour la formation de ses
élites politiques et administratifs. De manière indirecte les
revenus de la rente du pétrole vont contribuer à élargir
la capacité d'accueil des élèves au niveau de
l'enseignement secondaire en finançant la constructions de nouvelles
salle de classes dans les établissements secondaire dans les
départements et les régions hormis celle de Yaoundé ou
Douala, Maroua ou Garoua. L'agrandissement de ces établissements a
permis alors le changement de Collège d'Enseignement Secondaire en
Lycée à cause de la capacité d'accueil.
Dans le domaine universitaire et des formations
spécialisées des grandes écoles, la participation de
l'Etat est pour le moins considérable, car faut il le rappeler la
reforme universitaire de 1993 s'est fait dans un contexte
socio-économique véritablement trouble. Alors que l'Etat
Camerounais tous comme plusieurs pays africains et dans le monde vivait une
période de récession et de crise économique, il a pris sur
lui de faire un éclatement d'une université d'Etat en six (6)
universités. La reforme universitaire s'est faite sur la base de la
transformation des centres universitaires de Douala, Buea, Dschang,
Ngaoundéré avec des particularités d'enseignement et de
formation académique. Le financement de cette reforme osée
à cette période vient démontrer l'appui que le
gouvernement de manière discret injectait des fonds des revenus
pétrolier dans le but d'améliorer la scolarisation et la
formation des camerounais ;si non d'où venais les fonds pour
financer la reforme universitaire en ces temps de "vache maigre" et de
"dévaluation de la monnaie" si ce ne sont les de revenus issus
de la commercialisation du pétrole à cette époque ou les
recettes issues de sa vente non médiatisé, ni publiée
encore moins budgétisé.
2- La participation
à travers le financement des études des citoyens Camerounais
L'Etat Camerounais a une politique de financement des
études de ses citoyens de manière directe et indirect. A travers
les ministères (Enseignement secondaires, Enseignement
supérieur), l'Etat prime l'excellence académique pour des
formations de pointe parfois à l'étranger et même parfois
dans des grandes écoles en Afrique et même au Cameroun en
octroyant des bourses complètes et totales pour la durée de la
formation. Cette politique de financement des études des citoyens
à l'étranger doit coûter d'énormes sommes au
gouvernement, mais prend la résolution à honorer à ses
engagement quelques soit les périodes ou les situations
économiques. Cette bonne fois, si l'on peut le qualifier ainsi ne peut
être possible que dans la disponibilité financière de
l'état qui s'en sort gracieusement à travers l'usage des fonds
pétroliers mais de manière très discret qui fournit la
majeure partie du compte hors budget dans lequel le Chef de l'Etat
débloque des fonds pour des opérations de stabilisation de
l'environnement socio-économique. En dehors de cela, il y a les
sociétés tels la SNH et la CSPH, qui contribuent aussi au
financement des études des Camerounais à travers le sponsoring et
le mécénat. Chaque année, la SNH offres des dons d'une
valeur d'au moins 10 millions de FCFA aux meilleurs établissements
scolaires du pays. Pour l'année 2006-2007 par exemple, elle a offerte
des ouvrages (Dictionnaires, fascicules, annales, manuels des
différentes disciplines) aux 10 meilleurs établissements
secondaires du pays à valeur globale des dons de quinze (15) millions
de FCFA58(*).
La pratique de la diversion dans la gestion du pétrole
au Cameroun va favoriser la multiplicité des sous-systèmes
autoréférentiels légitimant ainsi un modèle
économique basé sur le libéralisme planifié.
Paragraphe II : La multiplication du sous-système
autoréférentiel : moyen de légitimation du
modèle économique
L'une des pratiques fragilisant la logique administrative dans
l'élaboration des politiques des hydrocarbures est évidemment la
légitimation de la multiplication des sous-systèmes
autoréférentiels qui permet de mettre en veille la rente
pétrolière dans le cadre de notre analyse. Mais cette
multiplication des sous-systèmes permettra aussi de légitimer
l'action du référentiel que le pouvoir central met sur pied pour
aussi créer la cohérence du rapport global sectoriel.
La prise en compte de la nécessité de
construire l'Etat, doublée de la reconnaissance d'un déficit
d'institution et de structures favorisant le développement du pays
permettra alors au pouvoir central de manière simultanée de
penser le développement d'une culture politique de participation
à partir de plusieurs secteurs, notamment le secteur du commerce et des
services (A), ce qui traduirait alors la construction de plusieurs
systèmes autoréférentiels (B).
A- Le développement
d'une culture politique de participation
Le secteur du commerce et des services sont utilisés
par le pouvoir central pour légitimer le choix économique du
Cameroun dans la mesure où, dans le secteur commerciale, domaine de
l'import/export est une valeur sûre pour l'Etat de faire des
rentrées d'argents ; en industrialisant les productions dans le
secteur agricole, l'Etat Camerounais va justifier comme source de revenus, la
production financière issue taxes, redevances que les
sociétés en charge de production et de commercialisation versent
dans ses caisses. Dans cette logique de dépétrolisation dans le
modèle politico-économique de l'Etat Camerounais, le secteur
bancaire a joué un très grand rôle ; si pendant
longtemps les banques ont été enclavés à ne pas
prendre des grands risques (Owona Nguini, 1997 : 225), elles ont su faire
face à la demande accrue de crédits qu'elles ne pouvaient
satisfaire sur la base des ressources disponibles tant des structures, des
individus que l'Etat. Le fait pour les banques camerounaises de ne pas
prendre de risque traduit la réelle situation économique
(très faible) qui ne reflète pas la santé et dont l'Etat
voudrait faire montre. Car si nous nous situons dans la logique d'une
économie agricole et dont la majeure partie de financement des projets
structurants tire des subsides, alors compte tenu du déclin progressif
des valeurs de produits agricoles, il y a une inadéquation. Ceci
amène donc les banques censées jouer un rôle
déterminant à financer des activités à faible
risque, afin d'éviter la dégradation accentué de la
situation de leur capital. Dans le prolongement de cette résultante
l'Etat sera contraint d'admettre le phénomène de petites et
moyennes entreprises et dont la spécification dans le système
bancaire n'est rien d'autre que les micro-finances. Aussi, une bonne part de
ressources du système bancaire sera orientée dans le secteur
public et parapublic caractérisés par une sous utilisation de
leurs capacités de production59(*). Étant donné que le système
bancaire contribuait à son niveau de rendre lisible la santé de
la politique économique globale et assurer le rapport sectoriel (RGS),
elle n'a pas réussit à remettre en cause les
caractéristiques structurelles de l'économie de rente.
Certes les autres secteurs d'activités participent a
la croissance et au développement de l'Etat Camerounais, mais en
réalité ce développement est un peu lent et moins
structuré dans la mesure où il y a un manque de clarté
dans la provenance du financement de la politique économique. Hors la
majeure partie des financements des grands projets structurant du
développement de l'Etat proviennent des fonds issus de la
commercialisation du pétrole camerounais à l'étranger. Cet
état de chose biaise un peu notre développent parce que l'on sait
que le pétrole est d'abord une source de bénédiction quant
elle est bien gérée avant d'être une malédiction. Le
pétrole peut être considéré de manière
positive comme un outil de transformation de l'espace et des
sociétés des pays producteurs ; dans une optique
macro-économique théorique, les recettes
pétrolières ne peuvent être que bénéfiques a
ces Etats, nonobstant les effets pervers possibles. En réalité,
si le pétrole se met au service du développement et de la
construction de l'Etat comme c'est le cas au Moyen Orient avec les pays tels
que L'ARABIE SAUDITE, le QUATAR, L'IRAN, OMAN, et autres, on assistera non
seulement a une culture politique de responsabilisation du fait du Statut
d'Etat producteur de pétrole et également à une culture de
participation du fait de l'implication dans la gestion même à
distance des ressources pétrolières.
Les implications directes ou indirectes peuvent ainsi amener
la construction et la mise sur pied de plusieurs systèmes
autoréférentiels.
B- La construction des
systèmes autoréférentiels
Au fil des temps les hydrocarbures ont amenés des
controverses au sein de la population et la classe politique
camerounaise ; depuis la date officielle de son exploitation en 1977, du
moins à la toute première annonce officielle de l'exportation des
produits pétroliers par l'Etat, le pétrole constitue un secteur
autonome qui se gère de manière aristocratique par le pouvoir
central. Dans la dialectique du rapport globale actuel, il est établit
que les sous secteur doivent répondre et corroborer avec les actions du
sectoriel. Ainsi, la politique du secteur pétrolier en exécution
est celle d'un programme complémentaire d'une grande politique. On peut
dire alors que les fruits issus de ce secteur sont mis en veille pour appuyer
la politique générale basée sur l'agro-industrie.
Ce qui caractérise la politique publique des
hydrocarbures au Cameroun c'est sans doute le pluralisme des idées et de
représentation sur le pétrole. Cette politique n'est rien
d'autres que le reflet des multiples idées conçues à
différents niveaux de la chaine pétrolière, partant de
l'exploration jusqu'à la consommation en passant par la production et la
distribution. Elle traduit également le reflet de la
représentation commune de l'Etat et de ses populations dans le sens de
la mise en oeuvre d'une politique adéquate qui rend compte et de la
dimension réelle d'un Etat producteur de pétrole. Ainsi partant
du système autoréférentiel dans le secteur
pétrolier au Cameroun, il se dégage au moins trois (3)
différents sous systèmes liés au pétrole qui sont
pertinent dans le cadre de nos travaux pour marquer le pluralisme des
idées et de représentation. Il s'agit :
- Du sous- système des consommateurs
comprenant les ménagères qui dans leurs consommations
journalières se font des représentations de ce que l'Etat devrait
faire pour eux, citoyens Camerounais face à la cherté des
produits pétroliers tel que le pétrole lampant. Toujours dans ce
sous-système autoréférentiel on note également les
transporteurs parmi lesquels les taximen et les chargeurs des produits
pétroliers, pour qui tout l'intérêt est porté sur la
qualité des prix. Ainsi la particularité de ce
sous-système est la construction de la perception et des idées
sur le prix de vente à la pompe.
- Du sous-système des producteurs tels CHEVRON
TEXACO, EXXON MOBIL remplacé par la société
pétrolière Libyenne OILIBYA TOTAL FINA ELF qui quant à eux
influencent la politique globale de hydrocarbures au Cameroun au travers des
taxes et des redevances environnementales pour la préservation de la
natures dues aux déchets pétroliers. le plus important pour ce
sous-système reste sur le montant à payer à l'Etat
Camerounais, ce qui fait en sorte qu'ils se préoccupent beaucoup plus
sur le reflet qu'ils ont en fonction du taux d'intérêt qu'ils
reversent à l'Etat Camerounais.
- Du sous-système des distributeurs parmi
lesquelles on compte des compagnies et sociétés
pétrolières nationales60(*) et des Firmes Multinationales
Pétrolières61(*). Ces sociétés pétrolières
ont un intérêt particulier dans le cadre de l'élaboration
de la politique globale des hydrocarbures dans ce sens que, comme dans le
sous-système des producteurs, le payement des taxes est l'un
élément fondamental pour opérer dans le secteur ce qui
permet d'émettre des idées quant aux trajectoires à
prendre pour l'élaboration. En plus de cela le sous-système des
distributeurs permet en tout temps de toucher du doigt la réalité
de la représentation tant des sociétés elles mêmes
que celle de la population a partir des prix a la pompe.
Ainsi au regard de tout, on constate que chaque
sous-système construit son système de représentation et
qu'au delà de tous cela permet la construction de la politique globale
des hydrocarbures au Cameroun
CONCLUSION PARTIELLE
Au regard de l'analyse faite dans ce chapitre certaines
pratiques tels que l'exclusion et l'opacité fragilisent l'action de
l'appareil politico-administratif. Ces pratiques qui ont leurs racines
dès les débuts de la commercialisation des produits
pétroliers au Cameroun empêche également le gouvernement
dans son action d'atteindre son objectif principal, qui est celui de mettre sur
pied une politique qui satisfasse son public cible. Ainsi tous ces
blocages vont permettre aux acteurs impliqués dans la chaîne
pétrolière, partant du domaine de l'exploration à la
consommation, de se construire de propres modèles de
référence en fonction des idées et des
représentations propres à leur environnement.
La multiplication des sous-systèmes
autoréférentiels dans le secteur pétrolier, le pluralisme
des idées et des représentations sur le pétrole
reconfigure logiquement le secteur pétrolier et par conséquent le
modèle d'élaboration de la politique publique dans le secteur.
Cette nouvelle construction renvoie donc logiquement à la
nécessité d'harmoniser.
CHAPITRE IV : HARMONISATION PROGRESSIVE DES
RATIONALITÉS DANS LA GESTION DES HYDROCARBURES AU CAMEROUN
L'harmonisation des rationalités dans l'action
publique est un processus, et s'applique aussi bien dans le secteur
pétrolier ; organiser le secteur pétrolier requiert donc une
mise en cohérence des pratiques qui pourront rendre compte de
l'effectivité de l'action menée par l'appareil politico
administratif, une rationalisation concrète du travail fait de
l'administration. Ces actions, preuves concrètes et palpables doivent
être des éléments tangibles de l'harmonisation. Ainsi
l'action menée au Cameroun pour organiser les activités qui se
déroulent autour du pétrole a connu un changement au milieu des
années 90, avec la pression des bailleurs de fonds pour la publication
des recettes des ressources pétrolières, ainsi que la
budgétisation des ressources dans les lois de finances de l'Etat.
Non pas seulement à cause de la pression de la Banque
Mondiale, du FMI et de celle des groupes de pression, partis politiques et
membres de la société civile, le gouvernement Camerounais a
jugé mieux et de manière rationnelle de mettre en
cohérence les activités du secteur pétrolier dans un cadre
normatif. L'action dans le secteur pétrolier sera donc encadré de
manière légale afin que tout contrevenant aux mesures non
édictées sache aussi s'en tenir mais aussi que tout individu
intéressé a un investissement dans ce secteur sache comment s'y
prendre. Il s'agit donc là d'un code mise en place par le gouvernement
pour organiser le secteur pétrolier, lequel code bien qu'ayant un poids
en amont, reste influent en aval.
Il s'agira donc de percevoir l'harmonisation progressive des
rationalités dans la gestion du secteur pétrolier à
travers la juridicisation du secteur pétrolier au Cameroun (section I),
ensuite il nous faudrait faire une analyse à partir de la
régulation comme mode d'harmonisation du secteur pétrolier au
Cameroun (section II).
SECTION 1 : LA JURIDICISATION APPROXIMATIVE DU SECTEUR
PETROLIER.
Il est important dans le cadre de la gestion d'un secteur
aussi sensible qu'est le secteur pétrolier, de faire attention avant
d'engager toutes actions qui peuvent être perçue de manière
positive ou négative ; c'est pourquoi le pouvoir central bien
qu'ayant laissé pendant longtemps (une longue période) le secteur
pétrolier sans organisation véritable a trouvé bon
d'harmoniser de manière rationnelle la gestion du secteur
pétrolier par un instrument que lui-même a dénommé
« le code pétrolier » et par les lois
d'organisation dont il faudrait faire une analyse pour la compréhension
de la logique d'harmonisation (Paragraphe I), pour rendre compte des effets
réels de l'harmonisation par l'action juridique qui pour l'instant n'est
pas satisfaisante ou même encore douteuse dans le cadre de la gestion
efficiente du secteur pétrolier au Cameroun (Paragraphe II).
Paragraphe I : l'harmonisation étatique des
rationalités dans la gestion du pétrole par l'instrument du code
pétrolier et la loi d'organisation...
L'Etat Camerounais est un Etat dans lequel il existe de
façon réelle la séparation des pouvoirs à savoir
l'exécutif le législatif et le judicaire. Chaque pouvoir dans son
champ de compétence pense des programmes qui puissent aider l'Etat
à se construire et à se développer. Nous pouvons donc
constater que les textes juridiques de base pour notre analyse participent tous
a la construction de l'organisation d'un secteur stratégique de l'Etat,
et que pendant que l'un émane du pouvoir législatif (le code
pétrolier), l'autre est le fruit de l'exécutif (la loi
d'organisation.).
Le secteur pétrolier est subdivisé en deux
grands sous-secteurs qui interagissent l'un sur l'autre. Ainsi l'action de
mettre en cohérence les activités dans le secteur
pétrolier par l'appareil politico administratif prendra en compte cette
division à savoir le secteur amont et le secteur aval. Il sera donc
question d'analyser l'harmonisation des rationalités dans le secteur
pétrolier à partir du code pétrolier (A). La juridisation
du secteur aval participe également des rationalités dans la
logique d'harmonisation du secteur pétrolier au Cameroun (B).
A Le code
pétrolier : cadre de promotion des opérations
pétrolières sur l'ensemble du territoire
Depuis 1964, la législation pétrolière a
été modifiée ou révisée à plusieurs
reprises. La loi n°99-013 du 22 décembre 1999 portant Code
pétrolier a abrogé tous les textes antérieurs sauf la loi
n°78-14 du 29 décembre 1978 qui fixe les obligations aux
sociétés minières de conclure un Accord d'Association avec
l'Etat. A la suite de plusieurs actions, différents types d'acteurs
(politique, économique, social et culturel) vont forcer le pouvoir
politique au Cameroun à opter pour un encadrement réglementaire
des actions autour du secteur pétrolier ; ainsi une loi sera mise
sur pied ; la loi n° 99-013 du 22 décembre 1999 portant code
pétrolier va permettre à partir de 8 (huit) titres et (125) cent
vingt cinq articles de voir comment le pouvoir politique camerounais pense
promouvoir les opérations pétroliers sur l'ensemble du
territoire, comment est-ce qu'il fixe les modalités de prospection, de
recherche et d'exploitation et de transport des hydrocarbures, détermine
le régime juridique, fiscal, douanier et de change des
opérations pétrolières pour des sociétés. Ce
code est le fruit des aspirations de tous les acteurs entrant dans la chaine
pétrolière, dont le gouvernement a su tenir comptes des
préoccupations pertinentes pour en faire un projet de lois afin que les
députés de la Nation puissent étudier et puis la voter au
cas échéant. A partir de cet instrument les
sociétés ont donc un cadre de référence pour leurs
activités au cas où ils voudraient opérer dans le secteur
pétrolier au Cameroun. Celles-ci devraient simplement se conformer aux
clauses de l'autorisation tels que accords ont été conclus ou
délivrés62(*). Le code pétrolier fait aussi l'état
des droits et obligations liés aux opérations
pétrolières.
L'analyse dans le fond du code pétrolier, dans la
logique de l'harmonisation de la gestion du secteur permet de rendre compte
d'une gestion du pétrole par une rationalité basée sur des
droits et obligations (1), la pertinence de cadre d'harmonisation fait
état d'une gérance corrective prenant compte des fraudes et
ouvrant la porte aux règlements des différends (2).
1- La gestion du
pétrole par une rationalité basée sur les droits des
obligations.
Le titre 1 relatif aux dispositions générales en
son article 2 dispose d'un arsenal dé définitions conceptuelles
pour rendre compte de manière spécifique et à chaque
étape les voies à suivre dans le cadre des opérations
pétrolières que le code définit en substance comme
étant toutes « activités de prospection, de recherche,
d'exploitation, de transport, de stockage et de traitement d'hydrocarbures
à l'exclusion des activités de raffinage, de stockage et de
distribution des produits pétroliers »63(*) ; ce qui laisse
d'entrevoir en filigrane que le code est un instrument réglementaire qui
organise beaucoup plus le secteur amont.
Toute action dans le secteur pétrolier part de
l'obtention de l'autorisation/ d'une autorisation ou d'un contrat
pétrolier. La loi de 1999 en son article 4, Alinéa 1, consacre
l'Etat comme la seule structure habilitée à autoriser une
personne physique ou morale, y compris les propriétaires du sol à
entreprendre des opérations pétrolières au Cameroun ;
par la suite elle impose alors des conditions à remplir à toutes
personnes désirant entreprendre des opérations
pétrolières et voulant occuper des terrains nécessaires
à la réalisation desdites opérations et y affecter des
travaux tout à l'intérieur ou à `extérieur du
périmètre couvert par son autorisation. c'est d'ailleurs le cas
pour le groupe TOTAL E&P EXPLORATION qui exploite de manière
officielle des parcelles de terrain aux fins d'exploitations
pétrolières. Ainsi dès l'octroi du contrat ou de
l'autorisation dûment délivré par l'Etat, le titulaire a le
devoir de saisir l'autorité administrative compétente d'un
dossier de demande d'enquête foncière devant lui permettre
d'accéder auxdits terrains dans les conditions fixées au chapitre
I du titre IV du code pétrolier. A ce titre il existe quatre types
d'autorisations dans le secteur au Cameroun consacrées par la loi de
1999 à savoir :
- l'autorisation de prospection qui est porté
sur des surfaces non couverts par un contrat pétrolier et peut
être accordée à une personne physique ou morale par un
arrêté du ministre en charge des hydrocarbures qui énonce
les conditions ; celle-ci confère à son titulaire dans un
périmètre défini, le droit non exclusif d'exécuter
des travaux préliminaires de prospection ; ce qui voudrait dire
qu'une contribution de prospection peut être accordé à
plusieurs « sociétés
pétrolières » pour la prospection d'un seul et
même site, car ne contribuant en aucun cas selon la loi un titre minier
d'hydrocarbures ou même encore l'obtention d'un titre minier
d'hydrocarbures ou la conclusion d'un contrat pétrolier qui est bien
différent. L'autorisation de prospection n'est ni cessible, ni
transmissible.
- l'autorisation de recherche et de l'autorisation
provisoire d'exploiter ; l'autorisation de recherche rattache à un
contrat pétrolier est soit un permis de recherche d'hydrocarbures s'il
s'agit d'un contrat de concession, soit une autorisation exclusive de recherche
s'il s'agit d'un contrat de partage de production, celle-ci confère
à son titulaire le droit d'exécuter de manière exclusive
à ses risques et dépens dans les limites du
périmètre qui en est l'objet indéfiniment en profondeur,
tous travaux de prospection et de recherche d'hydrocarbures, sauf ceux exclus
par le contrat pétrolier établit. C'est le cas d'ailleurs avec la
compagnie pétrolière EUROIL dont l'Etat Camerounais à
accordé une autorisation de recherche en 2008. Cette autorisation de
recherche est accordée pour une durée initiale maximale de trois
ans pouvant être portée toutefois à cinq ans dans le cas
d'une « zone d'opération pétrolières
particulières64(*) ». Elle peut être renouvelable deux
fois pour une durée de deux ans. Ainsi le titulaire d'une autorisation
de recherche, s'engage à réaliser pendant une période
initiale et le cas échéant pendant chaque période de
renouvellement le programme minimum de travaux de recherche et de
dépense prévu par l'autorisation de recherche stipulé par
le contrat pétrolier concernant l'autorisation provisoire, le titulaire
en possession d'une autorisation de recherche en cours de validité peut
demander l'octroi d'une autorisation provisoire d'exploiter sans toutes fois
proroger la période de validité de celle-ci. L'autorisation
provisoire d'exploitation confère ainsi à son titulaire et comme
son nom l'indique une autorisation temporaire et à titre provisoire les
productifs pendant une période maximale de deux ans pendant laquelle il
est tenu de poursuivre l'évaluation et la délimitation des
gisement concernés conformément aux dispositions de l'article 28
du code pétrolier et aux stipulations du contrat pétrolier
établit par l'autorité compétente.
- l'autorisation d'exploitation qui recouvre la
superficie d'un gisement des hydrocarbures commercialement exploitable. Elle
confère à son titulaire le droit exclusif d'effectuer ses risques
et dépens dans les limites du périmètre qui es est
indéfiniment en profondeur, toutes les opérations
pétrolières et de disposer de tout ou partie de production des
hydrocarbures, la durée initiale de cette autorisation ne peut
excéder (25) vingt cinq ans pour les hydrocarbures et ne peut être
renouvelable qu'une seule fois à la demande des dispositions
législatives et réglementaires en vigueur et dans les formes
prévues à l'article 41 du code pétrolier qui dispose en
substance de : « L'autorisation d'exploitation est
octroyée par un décret qui en précise la durée et
la délimitation du périmètre
d'exploitation ».
- l'autorisation du transport à
l'intérieur cadre avec le transport des hydrocarbures par
canalisation des sites d'extraction presque aux points de chargement de
raffinage ou de grosse consommation sur le territoire camerounais ;
comporte l'approbation des projets de construction des canalisations et
installations qui, joint à la demande et dont le contenu est
précisé par le décret d'application du code
pétrolier. L'autorisation de transport intérieur confère
aussi au titulaire la propriété des produits résultant de
ses activités d'exploitation ou sa part desdits produits vers les points
de collecte de traitement, de transport et de chargement de grosse
consommation. Dans le cas où la quantité de production est
énorme, et les produits extraits nécessitent un transport rapide
pour l'acheminement vers de zones diverses, plusieurs titulaires de
l'autorisation de transport intérieur peuvent s'associer pour assurer le
transport des produits extraits de leurs exploitations ; ainsi les
protocoles, accords contrats passés entre les intéressés
sont soumis à une approbation préalable par les ministres
chargés des hydrocarbures.
Le transport pouvant s'effectuer par voie routière,
par bateaux ou par canalisation ou pipes, la construction des canalisations
doit respecter les conditions techniques et les normes environnementales ;
ainsi l'art 2 du présent code pétrolier subséquent au
titre V relatif aux droits et obligations liés aux opérations
pétrolières dans son chapitre II parlant de la protection de
l'environnement oblige les titulaires devant réaliser des
opérations pétrolières quelque soit le sous-secteur
d'activité (exploration, exploitation, transport intérieur) de
manière à ce que soit assurée en toutes circonstances, la
conservation des ressources naturelles notamment celle des gisements
d'hydrocarbures et que soient dûment protégées les
caractéristiques essentielles de l'environnement ; à ce
titre la loi N°99/013 du 22 décembre oblige à tout
opérateur de prendre toutes mesures destinées à
préserver la sécurité des personnes et des biens et
à protéger l'environnement, les milieux et les
écosystèmes naturels ; l'esprit du code dans le prolongement
de l'environnement non plus physico naturel des espaces géographiques
sur le territoire camerounais, pense aussi à un environnement
socio-économique dans lequel toutes opérations
pétrolières sont soumises aux conditions de surveillance, de
contrôle et de sécurité prévues par elle ; elle
oblige même le titulaire à fournir au Ministre chargé des
hydrocarbures ou à tout organisme public mandaté à cet
effet les documents, les formations, échantillons et rapports
périodiques provenant ou résultant des opérations
pétrolières, conformément aux dispositions du
décret d'application du présent code65(*).
Le code pétrolier n'est pas que doté d'un esprit de
gérance préventive, mais également d'une gérance
corrective.
2- Les gérances
correctives : règlements des différends
La gestion du secteur pétrolier au Cameroun se fait
selon l'esprit du code pétrolier en vigueur dans le strict respect et la
soumission des lois et règlements de la République du Cameroun,
en imposant tout titulaire d'un contrat pétrolier, d'une autorisation de
recherche ou autorisation provisoire d'exploitation à la
réglementation en vigueur, tout en étant comptable devant les
tribunaux camerounais, elle ouvre néanmoins une brèche ou un
règlement des différends, dans la mesure où la nature du
contrat pétrolier peut prévoir des régimes particuliers en
matière de force majeure et de stabilité de condition
économiques et fiscales notamment en cas d'aggravation des conditions de
son exécution résultant de l'intervention en République du
Cameroun, d'une législation ou d'une réglementation
postérieure à la date d'entrée en vigueur.
La logique de la gérance corrective s'applique dans le
secteur pétrolier dans la mesure où le présent code
prévoit des dispositions au cas où le titulaire d'une
autorisation ou d'un contrat pétrolier commet des violations graves des
dispositions du présent code ou des textes pris pour son application de
l'autorisation d'un contrat pétrolier, ou s'il se trouve en situation de
faillite, de règlement judiciaire ou de liquidation de biens, le
Ministre en charge des hydrocarbures adresse audit titulaire une mise en
demeure de remédier, dans les délais prescrits aux manquements
constatés. Ceci pourrait conduire à des sanctions les plus
extrêmes notamment le retrait des autorisations par le Ministre
chargé des hydrocarbures qui est habileté à prononcer par
un arrêté le retrait de l'autorisation et/ou la
déchéance du contrat pétrolier concerné. Cet
ensemble de mesures prises par les dispositions du code pétrolier vient
donc astreindre les acteurs du secteur pétrolier à une logique
administrative voulue et pensée dans une large mesure par le pouvoir
central.
Si cette codification s'est fait en amont c'est-à-dire
pour l'exploitation, l'exploration, production beaucoup plus et dans une
certaine mesure, le transport, l'appareil politico administratif a
également pensé a harmoniser en aval les rationalités dans
le secteur pétrolier.
B- La réglementation du
secteur pétrolier aval au Cameroun comme cadre de contrôle
administratif dans la gestion du pétrole
Le secteur pétrolier au Cameroun étant soumis
à deux sous secteurs notamment les secteurs amont et aval a connu une
amélioration dans la gestion à partir d'un aménagement
juridique. Si en amont cette harmonisation s'est faite par la mise en place
à travers l'instrument du code pétrolier, le secteur aval quant
à lui a connu un décret fixant les conditions d'exercice des
activités dans le secteur pétrolier aval (1). De nombreux autres
décrets seront établis, mais celui qui nous permettra de
compléter l'analyse du dispositif réglementaire dans le secteur
aval est la loi/décret modifiant et complétant certaines
dispositions du décret de 2000 (fixant les conditions d'exercice des
activités du secteur pétrolier aval).
1- Le décret fixant
les conditions d'exercice des activités du secteur aval
Le décret N°2000/935/PM du 13 novembre 2000 vient
mettre en ordre les activités dans le secteur pétrolier en
général et dans le sous-secteur aval en particulier dans ce sens
où il consacre la norme de l'approvisionnement du marché national
en produit pétrolier. Ce dispositif réglementaire vient mettre au
claire dans le cadre de ses dispositions générales toutes les
activités relatives au secteur pétrolier aval à savoir le
raffinage des hydrocarbures, le transport, la distribution, les importations,
les exportations et le contrôle des produits pétroliers. Par la
même occasion permet de clarifier tous les concepts relatifs à
l'exploitation et la gestion des opérations pétrolières
dans le sous-secteur aval. Ainsi dans le cadre de l'approvisionnement du
marché national, il revient de droit aux sociétés
implantées, aux importateurs et aux sociétés de
distribution, régulièrement agrées dans les conditions
fixées par le décret de 2000 d'approvisionner le marché
national en produits pétroliers66(*). Dans son prolongement le décret de 2000 met
en exergue les conditions de l'octroi des agréments pour
l'opérationnalisation de l'exercice des activités relatives au
secteur aval ; dans le cadre de demande émise par une structure
d'agir dans l'une des activités, (raffinages, transport, distribution,
importation, exportations ou même contrôle) et en cas d'avis
favorables de la commission chargé d'étude des dossiers,
l'administration chargée de la délivrance des agréments
tenue de délivrer un agrément en bonne et due forme au
requérant ; mais si elle reste muette, et au bout de trente (30)
année, ladite société a le droit de mener ses
activités. Toutefois la loi/le décret, prévoit des
sanctions, la majeure étant possible des amendes dont les montants
égalent les valeurs correspondantes le plus souvent à la
gravité de la faute commise par l'entreprise/société. Cet
encadrement de nature juridique à travers le décret de 2000 dans
le secteur aval vient donner un cadre d'actions aux secteurs, il vient charger
la nature du jeu tant politique qu'économique dans la mesure où
sur le plan économique elle fait intervenir l'état dans le
contrôle de manière centrale à travers le Ministère
du commerce pour les transactions commerciales liées au pétrole
de l'intérieur vers l'extérieur et vice versa. Elle fait
également intervenir sur le plan économique l'Etat camerounais
à partir du prélèvement des taxes nettes par le paiement
des impôts et taxes des douanes et impôts des produits
pétroliers importés et exportés, des
sociétés nationales, internationales et multinationales. Sur le
plan politique, le décret vient organiser les acteurs, créer un
cadre d'action légale de la commercialisation des produits
pétroliers. On peut même parler d'une domestication par l'Etat,
l'appareil politico administratif à travers le décret
téléguide les acteurs en construisant son assise autoritaire
quant à la prédominance dans le domaine pétrolier, c'est
lui qui donne les orientations de ce qui doit être fait, comment cela
doit être, ainsi l'Etat est bien là dans son rôle de
régulateur de toutes activités au sein de son territoire, pour la
satisfaction maximale de sa population. A travers ce décret, l'Etat
consacre également et de manière officielle le cadre
d'étude, des demandes d'agrément à l'exercice dans le
secteur des produits pétroliers, de renouvellement desdits
agrément ; cet organe porte le nom de commission nationale de
produit pétrolier (CNPP), elle est créée auprès du
Ministère en charge du pétrole notamment le MINEE ; si elle
est à l'oeuvre pour penser des projets relatifs aux textes
législatifs et réglementaires régissant le secteur
pétrolier au Cameroun, elle émet dans une large mesure des avis
sur tout dossier à elle soumise par le Gouvernement relatif au secteur
des produits pétroliers. Dans tous les cas, la juridicisation du secteur
aval même en tenant compte d'un certain nombre acteurs dans le cadre de
regroupement de tous ceux qui interviennent dans le sous-secteur aval en les
réunissant autour d'une commission de façon réglementaire
et normative, en tout état de cause la loi de 2000, a une logique et
vise un but bien précis celui de l'amélioration de la gestion du
secteur pétrolier, de l'adaptabilité dans le cadre de la
gouvernance des ressources et industries extractives. Ces deux facteurs
permettent ainsi le réaménagement des conditions des
activités et opérations du secteur pétrolier aval.
2- Le décret
modifiant et complétant certaines dispositions du décret
2000/935/ du 13 novembre 2000 fixant les conditions d'exercice des
activités du secteur pétrolier aval
Dans le but de l'amélioration des conditions de la
gestion du secteur pétrolier au Cameroun, l'Etat va compléter
certaines dispositions du décret de 2000 portant organisation des
activités dans le secteur pétrolier aval, pour ce faire, les
précisions seront faites sur un certain nombre de choses à
savoir : les demandes d'agrément, les types d'agrément en
matière de distribution des produits pétroliers, et
également des conditions pour tout postulant voulant exercer aux
activités liés au secteur pétrolier aval.
C'est aussi 3 articles qui verront un remodelage sur les 41
articles que compte le décret de 2000 ; il s'agit des articles 3,
17 et 29.
Commençons d'abord à faire une analyse du
changement des points ou d'éclaircir par le décret de 2008 sur
l'article 17 en notant que, si l'ancien prenait en compte le produit
"pétrole lampant" en imposant dans les conditionnalités de
création en 5 ans d'un minimum de 5 centres de redistribution de
pétrole lampant d'une capacité unitaire de 12m3 pour
les opérateurs sollicitant un agrément à l'exercice des
activités du "pétrole lampant" , le nouveau décret ne fait
plus mention d'elle ni pour la création de centre ni pour les montants
à débourser pour mener une opération de ce produit en
particulier ;
Ensuite concernant l'art 29 nouveau portant
réaménagement de certains points sur les demandes de dossier
d'agrément, ce qui est important de relever ici est le versement au
niveau de la CSPH du frais d'étude de dossier qui passe du simple au
double dans le cadre du raffinage, notamment de 5 millions
(5 000 000) de F CFA pour le raffinage pour le décret de 2000,
à dix millions (10 000 000) de F CFA pour le décret de
2008 ; concernant les frais pour les activités de distribution de
l'ensemble des produits pétroliers, d'exploitation, de soute maritime et
d'aviation qui s'élèveraient à un million
(1 000 000) de F CFA, pour la loi de 2000, on passe à un
versement auprès de la CSPH des frais d'étude de dossier d'un
montant d'une valeur de cinq millions (5 millions) l'art 29 (nouveau) relatif
au conditionnement d'agrément à l'exercice de l'une des
activités vient clarifier également un postulant sur la somme
à débourser sur l'étude des dossiers des activités
de distribution exclusive de gaz domestique et contrôle de qualité
de quantité, et du contrôle de la provenance des produits
pétroliers ; cette somme s'élève au montant de deux
millions (2 000 000) F CFA.
Il faudra également noter enfin que l'art 3 dans son
réaménagement, renseigne à nouveau et de manière
précise sur le profil du dirigeant du responsable à l'exercice de
l'une des activités du secteur pétrolier. Aussi dans l'art 3
(nouveau), il est établit de manière claire que pour
« tout postulant à l'exercice de l'une des activités du
secteur pétrolier aval, il devrait justifier son profil
académique d'au moins BAC + 3 et d'une expérience professionnelle
minimale de cinq ans à un niveau d'encadrement dans le secteur
pétrolier aval de dirigeant ou de responsable technique ».
Notons également que l'alinéa 2 de cet article fait état
de ce qu'il faudrait en cas de changement de responsable technique pour une
structure faire une notification au Ministre en charge des produits
pétroliers dans un délai maximum de trente jours.
La lecture que l'on peut faire au-delà de tous ces
réaménagements juridiques, est que l'Etat voudrait de
manière légale jouer son rôle à fond dans le cadre
de l'orientation de la politique globale énergétique au Cameroun
tout en contrôlant la qualité et la quantité des personnes
physiques ou morales de droit camerounais s'y intéressant à ce
secteur. Concernant la qualité de leurs personnes, l'Etat fixe plus ou
moins élevées des compétences que doivent avoir ceux-ci,
alors que pour la quantité, il essaye dans une moindre mesure
d'élever le prix pour les frais des dossiers, cherchant également
l'assurance de la capacité de ceux-ci à rester dans le secteur
pendant une longue période. Cette lecture nous permet tout de même
de battre en brèche les discours sur le positivisme de la
réglementation du secteur pétrolier au Cameroun pour essayer de
dégager la face cachée de celle-ci.
Paragraphe II : ... est plutôt douteuse
Certes l'encadrement juridique du secteur pétrolier au
Cameroun est une avancée dans le fond dans la mesure où ce
secteur reçoit un mode d'opérationnalité, un fil
conducteur des actions à mener et à éviter pour toute
personne physique ou morale, mais la lecture de cette harmonisation des
rationalités par l'instrument du code pétrolier et les lois
d'organisation ne suffit pas seulement à partir du prisme juridique
à notre niveau, il est question d'aller au-delà de l'embellie
formelle de ces encadrements juridiques pour en faire une lecture
politologique. Aussi à ce niveau de perception, on pourrait se rendre
compte qu'il y a lieu d'analyser cette harmonisation faite de cette
manière, comme une codification de la logique administrative d'une part
(A) et d'autre part de mettre en évidence la prédominance de la
logique administrative dans le secteur aval via le CNPP (B).
A- Code pétrolier comme
codification de la logique administrative
Au-delà de l'esprit positif que nous avons
accordé au code pétrolier un peu plus haut à travers le
développement détaillé sur ce qu'il permet des
gérances préventives et correctives, à partir de, dans le
premier cas l'obtention des autorisation, imposition des conduites à
remplir, protection de l'environnement, surveillance technique du
contrôle financier et des règles de contrôle et des
déclarations, dans le second cas du retrait des autorisations, des cas
de violations graves, de la soumission aux lois et règlements de la
République du Cameroun devant les tribunaux, il reste que tout ceci
révèle l'esprit dans le fond du code pétrolier. Il sera
donc question de le percevoir comme cadre de centralisation du secteur
pétrolier dans l'Etat (1) et ainsi voir l'Etat comme un dictateur dans
l'exercice des activités dans le secteur pétrolier (2).
1- Centralisation du
secteur pétrolier dans l'Etat
L'esprit du code vient clarifier sur le domaine de
l'exclusivité des ressources pétrolières qui peuvent
receler le Cameroun ; l'art 3 du code pétrolier dispose clairement
et de manière explicite et dans son alinéa 1 de ce que
« Les gisements ou accumulation naturelles d'hydrocarbure que
recèle le sol et le sous-sol du territoire camerounais découvert
ou non, sont et demeurent la propriété exclusive de l'Etat. Dans
l'alinéa 2, le code martèle la souveraineté que dispose
l'Etat camerounais sur l'ensemble de son territoire en ce qui concerne toutes
actions liées aux opérations pétrolières. Ainsi nul
ne peut étendre l'entreprise des opérations
pétrolières au Cameroun que s'il a été
préalablement autorisé à le faire ; cette
autorisation délimite de manière formelle le plus souvent
l'étendu des activités au cas où les personnes
détiennent des autorisations
Ces deux seules mesures permettent de dire avec preuve
à l'appui que l'Etat au Cameroun à travers le mécanisme
juridique assoit sa centralisation dans le secteur pétrolier. Vu sous
cet angle et à travers le prisme juridique positiviste, il pourrait se
dégager dans le fond toute considération de l'Etat à
partir de la grille politologique ; celle de l'Etat comme un dictateur.
2- L'Etat dictateur dans
le secteur pétrolier au Cameroun
La considération de la dictature de l'Etat dans le
secteur pétrolier au Cameroun est manifeste sur le plan interne dans la
mesure où l'Etat traite à son "Absolue direction" la gestion du
secteur pétrolier. Il maîtrise dans une large mesure la politique
énergétique globale lui permettant de mettre en place la
cohérence administrative dont il a besoin et cela de façon
presque unilatérale. Certes il existe des commissions comme le CNPP, des
lieux de rencontre, mais en aucun cas il est fait mention d'un contrôle
hors Etat, c'est-à-dire personne ne peut contrôler son action,
juger son efficacité, par ses propres mécanismes, lui-même
évalue la pertinence de sa politique globale dans le secteur
pétrolier. Même dans le cadre d'octroie d'agrément pour
entreprendre des opérations pétrolières, en cas de rejet,
il n'est prévu aucunement dans la ou les lois des droits de recours
encore moins des remboursements, puisque la loi stipule de manière
formelle que les frais de dépôts d'études de dossier sont
non remboursables et révisés tous les cinq ans par
arrêté du Ministre en charge des produits
pétroliers67(*), il
n'existe donc même pas d'indemnité de quelque nature que ce soit
au requérant. La dictature se manifestant beaucoup dans le fait de
manque de contrôle en retour que pose l'Etat à l'interne sur les
produits pétroliers et la mise en oeuvre et l'application de sa
politique pétrolière est manifeste de manière
évidente dans le secteur Amont. C'est à ce segment que tout se
décide, car le fait de ne laisser libre accès à ce
domaine, beaucoup de choses se fait au grès certes des
intérêts collectifs. Seuls les dirigeants maîtrisent dans le
fond les cadres de négociations, les normes d'exploitation et de
production ne sont pas toujours comme à l'avance ; c'est tout cela
qui peut lui donner raison quant à son action discrétionnaire
dans le secteur aval. Même si nous voulons considérer que les
activités du secteur pétrolier Amont sont lourdes et complexes ce
qui pourrait justifier sa forte influence sur le secteur aval, il reste quand
même qu'il y a ambiguïté et contradiction dans le code
pétrolier qui selon son art 1 (1), "vise à promouvoir des
opérations pétrolières sur l'ensemble du territoire
camerounais, c'est quand même à se demander si promouvoir rime
avec silence.
Si en effet la domination de l'Etat se fait ressentir dans le
fond et même bien qu'ayant mis sur pied un code pétrolier agissant
beaucoup plus dans le secteur amont, il en est de même dans le secteur
aval ayant comme élément prédominant de la logique
administrative le CNPP.
B- La prédominance de
la logique administrative dans le secteur pétrolier aval via la
commission nationale des produits pétroliers.
Même dans le secteur aval où il faudrait tout au
moins être pratique de part les grands chantiers de communication et de
travail en commun sur les activités pétrolières,
l'appareil politico administratif trouve un moyen de rendre toujours
codifié les activités à travers le contrôle de la
commission nationale de manière effective (1). Cette prédominance
de la logique administrative va plus loin dans le sens où elle rend de
manière fictive la normalisation des activités dans le secteur
pétrolier aval, dans ce sens où le décret
complétant la loi 2000/935/PM du 13 novembre 2000 ne complète en
réalité presque rien mais au contraire créée un
vide juridique (2).
1- Commission Nationale
des produits pétroliers : prolongement de la sauvegarde des
intérêts étatique, prolongement de la logique
administrative.
Le décret de 2000 fixant les conditions d'exercice des
activités dans le secteur pétrolier aval en son chapitre IV,
porte (3) trois articles sur sa création, sa composition et son
rôle dans le secteur pétrolier au Cameroun. L'analyse au peigne
fin de cette commission nous démontre qu'il y a une logique du
prolongement administratif, et de domination de l'Etat au regard de la
composition de celle-ci. Ainsi sur les vingt membres censés composer ce
groupe, 90% sont issus des membres du gouvernement ; il y a donc là
une forme de cadrage administratif dans la gestion des activités
liées aux affaires pétrolières et même dans ladite
commission, le fonctionnement de celle-ci dépendant dans le fond de
l'Etat, même les textes en son article 39 alinéa 2 dispose que
"les frais de fonctionnement de la commission, sont constitués par les
frais d'étude de dossiers fixés aux articles 29 et 31 du
présent décret". Il y a donc une autonomie relative puisque se
voulant être une commission neutre dans le cadre de la gestion des
produits pétroliers en émettant des avis sur les dossiers soumis
à elle par le gouvernement et d'examiner en premier ressort les demandes
d'agrément de renouvellement et les projets de texte législatifs
et réglementaires régissant le secteur, la commission ne saurait
être dans une large mesure non partenaire des orientations globales de
l'Etat ; il faudrait tout de même rappeler qu'une partie des frais
de fonctionnement de la commission proviennent d'une dotation budgétaire
du Ministère chargé des produits pétroliers.
Le concept de commission étant à notre humble
avis flou, nous ne percevons pas l'efficacité de son rôle, car il
existe déjà actuellement deux ministères pouvant s'occuper
du secteur pétrolier et dans lesquels il existe dans chacune des
directions en charge des produits pétrolier et gazier ; mais on
comprend bien la logique de la mise sur pied d'une telle commission dans le
décret de 2000, même celle de 2008 censé apporter des
éclaircissements sur l'obscurité que sa précédente
avait laissé.
2- Le décret
complétant ne complète pas : il crée plutôt un
vide juridique
Le décret de 2008 porte comme son ludique
"modifications et complément" de certaines dispositions du
décret de 2000, mais on constate toujours que l'Etat prend des
accessions sous forme discrétionnaire dans le cadre d'octroie
d'agrément. Elle ne fixe pas sur repères ou les bases qui
régissent l'octroie et même le refus d'un agrément, et
même quand les décisions sont prises, la loi de 2008 ne renseigne
pas avec précision si celles-ci sont partielles ou définitives.
Même avec l'existence d'une commission sur pied par la loi de 2000, le
rôle du président de celle-ci n'est aucunement fait mention dans
le cadre de délivrance de ces autorisations et agréments. Il y a
bien de questions que l'on pourrait se poser face au silence manifeste par
exemple de l'Etat dans le cas de demande d'agrément. Vaut-il acceptation
ou refus, que faut-il faire par la suite ? Tous ces éléments
nous poussent à penser qu'au lieu de compléter en
éclaircissant la lanterne des opérateurs ou personnes physiques
et morales voulant et opérant dans ce secteur pétrolier, il
créait plutôt un floue et un vide juridique.
Au-delà de ces manquements faits tant sur les lois
harmonisant les secteurs amont et aval par la présence du code
pétrolier et des décrets de 2000 et 2008, il faudrait
reconnaître le pas de géant qui a été fait dans le
secteur pétrolier au Cameroun. Il faut donc dire que ces lois posent des
bases qui permettent de discuter, évaluer et jauger le degré
d'ouverture dans le secteur. Considérant ainsi que l'ensemble de ces
textes au Cameroun harmonisent les rationalités et donne une base
à la gestion du pétrole de manière juridique, il est donc
important pour la suite de faire une analyse socio politologique de
l'harmonisation des rationalités dans la gestion du pétrole au
Cameroun.
Ainsi, la prise en compte de la CSPH comme organe
médiateur et régulateur des activités dans le secteur
pétrolier nous permettra de rendre la logique théorique, de la
pratique du compromis existant au sein du secteur pétrolier au
Cameroun.
SECTION 2 : REGULATION COMME MODE D'HARMONISATION DU
SECTEUR PETROLIER AU CAMEROUN.
L'Etat Camerounais, dans le but de trouver des solutions aux
multiples problèmes sociaux que pose la politique économique
autour de la ressource pétrolière, il va adopter une logique de
l'approche participative en intégrant plusieurs acteurs dans la gestion
du secteur. Ceux-ci forment un ensemble d'institutions de sous-secteur
différent ayant chacun des rôles biens précis pour le
fonctionnement du secteur global.
Le pétrole ayant été analysé dans
la première partie de notre travail comme un enjeu de pouvoir du fait
de la constante recherche de maitrise et du contrôle de la ressource dans
la société Camerounaise a une certaine période, sera
considéré comme un outil de régulation politique entre
acteurs.
Dans cette section, il sera donc question de démontrer
la dynamique de la quête du compromis dans laquelle l'Etat Camerounais
s'est engagé. Il s'agira de faire dans un premier temps l'analyse de la
gestion du secteur pétrolier et de ses problèmes à travers
la notion médiation important en politique publique et pertinent dans le
cadre de la régulation (Paragraphe I). Par la suite il sera question de
poursuivre l'analyse en démontrant la pertinence l'apport de la
régulation politique comme mode d'harmonisation du secteur
pétrolier au Cameroun par l'approche participative et la quête du
compromis (Paragraphe II).
Paragraphe I : La médiation : outil de
régulation politique dans le secteur pétrolier.
La médiation signifie tout d'abord celle du rapport
entre le sectoriel et le global. C'est un processus qui constitue
précisément un mécanisme - un peu mystérieux il est
vrai - par lequel s'articulent et sont mis en sens les actes les plus
quotidiens et la construction d'une politique. Les médiateurs quant
à eux sont les individus ou les groupes qui produisent les
référentiels68(*), ils sont à la fois porteurs de
représentations sociales du secteur auxquels ils appartiennent, et en
même temps occupent des positions de pouvoir dans ce groupe (Massardier
2003 ; 158 - 160). Comprendre donc le processus de médiation dans
le cadre d'harmonisation du secteur pétrolier sera important pour
réaliser le rôle joué par chaque acteur, d'autant plus que
ceux-ci sont en inter relation et qu'ils interviennent de manière
transversale en « sillonnant » plusieurs espaces
institutionnels (O. Nay et A. Smith 2002 ; 10).
Il sera donc question ici de partir du concept de
généralisation (A) pour comprendre la logique du sens et des
perceptions dans la gestion du secteur pétrolier au Cameroun. L'analyse
à travers la notion du courtage (B) nous permettra par la suite de voir
la stratégie mise en place par les différents dans le secteur
pétrolier.
A- La
généralisation
La notion de généralisation traduit l'action ou
l'activité du "généraliste" qui est l'une des
figures de la médiation en politique publique. Celle-ci renvoie à
la construction du « sens commun » entre milieux
institutionnels qui ne recourent pas au même savoir et aux mêmes
représentations (O. Nay et A. Smith 2002; 13). Dans cette logique,
l'action de la CSPH, organisme qui se positionne au Cameroun comme le
régulateur du secteur pétrolier aval en suivant et
sécurisant les approvisionnements en produits pétroliers, en
s'assurant et en jouant l'arbitre afin qu'aucun acteur ne grippe le circuit,
cadre le mieux avec ce rôle du généraliste. Ainsi la CSPH
structure parapublique va intervenir auprès du gouvernement comme
l'interlocuteur privilégié pour répondre à la
demande sociale sur les questions pétrolières en tout temps et en
toutes circonstances. Elle travaille avec la structure de prix et tente au
mieux de la maitriser du fait de son importance capitale, parce que
'étant un instrument de politique budgétaire et de politique
économique.
Il faudrait donc se rendre compte à l'évidence
que la généralisation constitue la dimension cognitive de la
médiation et permet de collecter des points de vues, interpréter
des références, des savoirs, de comprendre des opinions et des
croyances et à les mettre en contact et à les faire circuler d'un
univers à l'autre. Elle consiste aussi à trouver des
équivalences, des « grandeurs » communes à
toutes les parties, a synthétiser dans un langage commun, à
construire des récits de tous.69(*) La CSPH va donc essaye de publier chaque mois le
prix des hydrocarbures à la pompe et mettre en circulation la
structure des prix afin que chacun s'en approprie et évalue
l'effectivité de la péréquation établie. Cette
publication n'est rien d'autre que la mise en accord avec les différents
représentants sociaux qui évaluent le juste prix à payer
pour les populations. Elle va donc aussi jouer le rôle de
« passeur » des idées des
perceptions du gouvernement concernant la politique globale des hydrocarbures
au Cameroun avec l'aide du MINMITD, et du MINEE. Sa position centrale et
hautement stratégique dans le classement des intervenants du secteur
pétrolier au Cameroun fait d'elle non seulement le régulateur du
marché pétrolier, mais aussi collecteur des perceptions de divers
acteurs et à différents nivaux institutionnels.
B- Le courtage
Le courtage est une notion clé et une
représentation capitale de la médiation en politique publique.
L'activité du courtier consiste a rechercher des solutions acceptables
entre des groupes éloignés qui peuvent trouver un avantage a
coopérer même s'ils ne poursuivent pas les mêmes objectifs
et n'ont pas les mêmes intérêts70(*). Il est donc question pour
tous les acteurs prenant part aux actions dans le secteur pétrolier et
cela dans une large mesure qu'ils sachent composer et accepter la logique et la
perception de "l'autre" sans que cela ne fasse problème ou
blocage, à l'avancement, ou à la dynamique de construction,
d'élaboration de la politique publique des hydrocarbures au Cameroun.
Elle peut prendre la forme d'intercession politique c'est-à-dire d'un
travail visant a faciliter un échange intéressé entre,
d'un côté, les multiples acteurs du secteur pétrolier
n'ayant pas un accès direct a la corporation du secteur pétrolier
reconnu et, de l'autre les « décideurs » (au
niveau des départements ministériels, et des organes en charge de
la gestion).
C'est aussi le lieu de dire que la notion de courtage
relève de la dimension stratégique de la médiation dans
ce sens ou les acteurs doivent même en considérant les choix des
autres ne pas perdre la vision de ces propres objectifs. Cette stratégie
des courtiers doit forcement passer par la recherche des points d'entente,
l'implication de chaque partie impliquée dans le jeu de fabrication
d'une politique commune tout en gagnant au moins la prise en
considération de ses points de vue. L'action du mouvement des
transporteurs à travers les syndicats Nationaux des transporteurs
urbains et interurbains concernant la baisse des prix du carburant à la
pompe aux mois de février et mars 2008, démontre bel et bien le
rôle que ceux-ci ont joué pour l'inscription sur agenda du
problème de la hausse du prix du carburant traduisant et dans une
certaine mesure du malaise de la population Camerounaise. En dehors de ces
syndicats, la ligue Camerounaise des consommateurs et le Mouvement national des
consommateurs jouent aussi le rôle de courtier dans le secteur
pétrolier dans la mesure où l'essentiel de leurs plaidoyers
étant base sur la satisfaction des consommateurs en
général et plus précisément dans le secteur
énergétique, exigent la répartition équitable de
retombés des produits pétroliers. C'est aussi d'ailleurs dans
cette logique que la Dynamique citoyenne, un réseau de près de
trois cent (300) organisations de la société civile Camerounaise
avait engagée en 2005 des réflexions sur des propositions du prix
que peut couter le pétrole sur le marché ; au sein de ce
collectif certains pensaient déjà en son temps que
« les prix du carburant affiché sur le marché
étaient jugés prohibitif et facteur de renchérissement de
la vie au Cameroun 71(*)». Les publications des pratiques et des
revendications a l'accès de droit a l'énergie comme étant
un droit essentiel et inaliénable pour tout Camerounais et ceci a double
niveaux est a saluer. Cette action menée par Paul
Gérémie BIKIDIK72(*) et dont les actions pratiques poussent à la
reconnaissance, à l'intégration et à la
considération lors des assises avec les structures tel la CSPH, la
SONARA, la SCDP pour la fixation des prix des hydrocarbures. Cette fixation des
prix se fait chaque mois et les consultations sont faites chaque trimestre avec
les partenaires sociaux et l'ensemble des représentants des structures
engagées dans le secteur pétrolier au Cameroun. Ainsi ces
organismes, associations, ligues et mouvements de défense des droits
des consommateurs jouant le rôle des "courtiers" sont des
« relais »73(*), ou même encore des
« ouvreurs »74(*), d' « intermédiaires », de
« porte-parole », et de « médiateur
»75(*). Ils
représentent les intérêts des populations auprès du
gouvernement.
Si l'harmonisation politique du secteur pétrolier passe
par la médiation faite a travers un généraliste et
plusieurs courtiers comme nous l'avons vu plus haut, il reste que la
régulation politique par l'approche participative et la quête du
compromis reste tout de même un instrument pertinent d'harmonisation du
secteur pétrolier au Cameroun.
Paragraphe II : La régulation politique par
l'approche participative et la quête du compromis comme instrument
d'harmomonisation.
Il s'agira de voir l'approche participative déterminant
pour l'harmonisation et caractérisé comme élément
capitale pour la régulation politique (A). Le compromis politique
meublera la deuxième partie de ce paragraphe, il sera
considéré comme un outil d'évaluation d'intégration
dans le secteur pétrolier (B).
A- L'approche participative
élément capitale pour la régulation
L'intégration des acteurs dans le processus de gestion
du secteur pétrolier reste un élément incontournable dans
le processus de fabrication d'une politique quelque soit le domaine ou le champ
dans lequel on opère. Pour résoudre le problème de
visibilité et de bonne gouvernance dans ce secteur, l'appareil politico
administratif va adopter une politique de communication ouverte a plusieurs
niveau en ce qui concerne les activités liés au pétrole.
Cette stratégie de communication faite de camouflage au départ,
de demi-vérité par la suite sur la réalité
pétrolière dans notre pays, faut il le rappeler a su
éviter au Cameroun la malédiction des guerres civiles que
provoque la rente pétrolière.
C'est aussi cette dynamique communicationnelle qui permettra
au gouvernement de tenter de gagner le pari de la transparence ; pour ce
faire il faudra noter son intégration au sein de l'ITIE en Mars 2005,
dont le but principal vise l'amélioration de la gouvernance et la
transparence dans la gestion des revenus issus du secteur extractif afin de
maximiser les effets positifs dudit secteur sur la croissance afin de relever
le niveau de vie de ses populations. L'ITIE s'appuie sur la conviction
partagée que l'usage prudent des richesses en ressources naturelles peut
potentiellement servir de fondement à la croissance et au
développement économique durable. Hors mis cette adhésion,
on peut également noter les efforts d'ouverture et de transparence dans
la publication des revenus des fonds du pétrole par la
société en charge de sa gestion et de sa commercialisation (vente
et achat) au quotidien, notamment la SNH. Cette ouverture du gouvernement
à travers la société va ainsi donner les moyens de lecture
aux acteurs économiques et politiques sur le degré d'avancement
dans la gestion du pétrole au Cameroun. Elle permettra aussi de
canaliser le jeu politique dans le but de ressortir la meilleure des politiques
possible pour l'Etat. De manière latente et avec beaucoup de prudence
l'Etat va faire progressivement intégrer un grand nombre d'acteurs dans
le circuit pétrolier au Cameroun. Du secteur amont au secteur aval il se
chargera de façon incrémentale d'agréger la majeure partie
des points de vu pour la régulation dans le domaine pétrolier.
B- Le compromis dans le
secteur pétrolier comme outil d'évaluation de
l'intégration des autres acteurs dans la gestion.
Le compromis sera à notre niveau la traduction de
l'acceptation des points de vue des autres. Si nous le qualifions comme le veau
d'or des sociétés politiques contemporaines76(*), il faudrait reconnaitre sa
place dans la fabrication des politiques publiques. Une politique ne saurait
être faite de nos jours sans compromis, et dans le cas d'espèce le
gouvernement Camerounais, dans sa dynamique de construction d'une politique des
hydrocarbures fiable, conforme, et adéquate à son modèle
de développement, va dans une large mesure intégrer et composer
avec divers acteurs. Cette pratique adoptée par l'appareil politico
administratif de l'Etat camerounais va donc servir d'un outil
d'évaluation pour constater le degré d'intégration de ces
acteurs, et même encore voir jusqu'où le gouvernement peut au nom
de la mise en place d'une politique efficiente, céder ou partager son
pouvoir dans un secteur aussi sensible que celui-ci. Ainsi nous pouvons faire
le constat de la présence du compromis dans la dynamique de fabrication
de la politique des Hydrocarbures pour deux (2) raisons au moins :
La première est l'usage du compromis dans le cadre de
l'action gouvernementale qui transcende les niveaux et les secteurs
d'activités pétrolières. Pour les niveaux
d'activités il s'agit de dire que le compromis s'exerce au niveau du
raffinage, transport, la distribution dans ce sens ou même pour agir il
faudrait s'étendre pour le moins sur les opérations à
mener. Pour les secteurs, la politique mise en place au niveau du secteur aval
n'est qu'un prolongement du secteur amont. Le compromis s'installe par le fait
de laisser dire ce que l'on pense pour la cohérence d'une politique
continu du bas en haut ;
La seconde démontre que le compromis dans le secteur
pétrolier transcende la différence dans ce sens où, une
fois a l'intérieur du secteur pétrolier soit par convocation lors
des réunions avec tous les acteurs du secteur soit les actions d'autres
à partir d'une activité. L'important ici est de former une
politique consensuelle des hydrocarbures.
CONCLUSION PARTIELLE
Dans ce chapitre il était uniquement question de
démontrer qu'avec le temps on a assisté à une
harmonisation dans le secteur pétrolier. Celle-ci est le fait des
actions des revendications cohérentes et permanentes des
différents acteurs issus des différents secteurs. Dans un premier
nous avons faits le constat selon lequel l'harmonisation dans le secteur
pétrolier au Cameroun s'est faite par le droit, nous avons donc
parlé ici de la juridicisation du secteur pétrolier pour
signifier que l'Etat à pensé mettre de l'ordre a travers des
mesures juridiques (lois, et décrets d'application) ; mais ces
actes n'ont pas suffi pour réguler le secteur de manière efficace
et efficiente. C'est pourquoi dans un deuxième temps nous avons
démontré que l'Etat Camerounais procédé par une
approche participative, et en usant le compromis et la médiation pour
pallier au manquement de l'action juridique faite a partir du code
pétrolier de l'année 1999/2000 et tous les autres actes
juridiques pris depuis lors.
En somme l'harmonisation cohérente est marqué
non seulement par le droit mais complété par l'action politique
et de plus le secteur pétrolier, dans la démonstration de cette
logique devient donc un outil de la régulation du jeu politique au
Cameroun.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
Il s'agissait dans la deuxième partie de rendre compte
du passage d'une gestion administrative fragile du secteur pétrolier
à une gestion beaucoup plus rationnelle et harmonisée de la
politique des hydrocarbures dans le secteur de l'énergie au Cameroun. A
ce titre nous avons fait usage du pétrole dans nos analyses en
même temps comme un instrument et un outil de pouvoir de
régulation politique. Ainsi le constat qui découle de cette
analyse est que, dans un premier temps les éléments qui
participent de la fragilisation de la logique administrative de la gestion du
pétrole dans la maitrise du sens des politiques publiques au Cameroun
sont, d'une part l'exclusion et l'opacité, du fait de la marginalisation
de certains acteurs dans la phase de l'élaboration et de la
vulnérabilité technologique des structures nationale en charge de
la gestion pétrolière. Ces éléments font en sorte
que la politique ne réponde pas à l'aspiration du "public
ciblé". D'autres parts, la complexité des systèmes de
référence participe aussi à la dynamique de
fragilisation.
Dans un second temps nous avons procédé à
une évaluation de la politique des hydrocarbures. Ce que l'on peut
retenir c'est justement le fait que, dans le but de vouloir avoir une politique
cohérente, l'appareil politico administratif Camerounais va dans un
premier temps rechercher cette cohérence dans le droit, en harmonisant
juridiquement ce secteur, mais par la suite va se rendre compte que seul le
droit ne suffit pour rendre sa politique efficace et efficiente. C'est pourquoi
il fera recours à l'usage des notions de politisation, tels la
médiation, le compromis et l'approche participative pour rendre cette
politique plus proche de la réalité ou pour faire d'elle une
politique qui rende compte de manière efficace aux aspirations de son
public cible.
CONCLUSION GENERALE
Pétrole et jeu des acteurs dans la fabrication des
politiques publiques des hydrocarbures au Cameroun, tel est
l'objet de la recherche que nous avons présenté tout au long de
notre travail. La question centrale de notre travail se pose au niveau de
savoir comment le pétrole pris comme variable explicative restructure de
manière dynamique la politique publique au Cameroun et influence la
perception des acteurs et des populations ; Ou mieux encore, dans quelle
mesure le pétrole influence la scène, la structure et le sens du
jeu politique au Cameroun.
Il a été question de voir dans quelles mesures
l'entrée du pétrole modifie le sens et change la logique d'une
politique de manière générale et Comment la structure du
jeu est fortement influencée par la recherche du contrôle de la
ressource pétrolière.
Du questionnement qui précède, le constat est
que le pétrole est progressivement entré sur la scène
politique comme un enjeu de pouvoir, ce qui a permis aux acteurs de plus en
plus nombreux d'avoir une position influente et a s'affirmer dans la
définition du jeu de l'élaboration des politiques publiques des
hydrocarbures au point d'amener les pouvoirs publics à adapter sa
logique aux rationalités émergeantes et à s'harmoniser de
manière rationnelle.
Nous avons articulé notre travail en deux grandes
idées principales. Dans un premier temps il a été question
de penser le Pétrole comme un enjeu de pouvoir dans la configuration et
la reconfiguration du champ de l'action publique au Cameroun ; dans un
second temps il a été question de parler de la fragilisation
administrative de la gestion du pétrole et de l'harmonisation
progressive des rationalités des Politiques publiques des hydrocarbures
au Cameroun, ceci pour montrer les limites et l'évolution de la gestion
du secteur pétrolier.
Pour parvenir a un argumentaire logique et rationnel en notre
sens nous avons fais recours à un complexe méthodologique dans
l'analyse de l'action publique. Ce complexe intègre des approches
conceptuelles d'analyse des politiques publiques telles l'approche cognitive
des politiques publiques qui nous a permis de mieux comprendre comment la
ressource pétrolière influence la manière dont la
perception des différents acteurs change aussi bien sur eux que sur les
autres. Egalement l'approche séquentielle pour constater l'influence
dans le temps, et l'effet de la politisation du pétrole dans l'action
gouvernementale. Le Néo- institutionnalisme historique nous a permis
d'analyser le jeu des acteurs dans la fabrication des politiques publiques des
hydrocarbures au Cameroun, à partir de ce schéma conceptuel,
permet de faire saisir les processus de changement de référentiel
d'une période donnée à une autre.
Le complexe intègre aussi des grilles théoriques
telles l'analyse stratégique et le constructivisme. De façon
générale, le constructivisme nous a permis de reconstruire le
mécanisme de régulation politique et économique par
l'acteur central qu'est l'Etat. En intégrant toutes les parties
prenantes dans le secteur y compris l'opinion de la population qui est le
consommateur et bénéficiaire de la politique établie, cela
nous a permis de manière libre de construire par notre propre
vécu, la réalité autour de la politique camerounaise
d'hydrocarbure. L'analyse stratégique de manière pertinente a
permis de déceler dans l'action des différents acteurs, un jeu,
beaucoup plus un jeu à somme non nul ou chacun cherche à gagner,
soit une position stratégique ou même encore le contrôle
total du pouvoir et de gestion dans le secteur.
Ainsi de ce qui précède de l'usage des notions,
concepts théoriques pour la compréhension, nous pouvons retenir
que la ressource pétrolière a été au centre d'un
jeu politique pendant une certaine période et continu même
à l'être et dont l'enjeu est le pouvoir. Celle-ci a permis aux
acteurs politiques de l'appareil politico-administratif de faire usage pour le
contrôle de la scène politique dans un premier temps. Le
pétrole a donc été considéré comme un
instrument de pouvoir. Mais au fil du temps et avec la pressions des
associations des syndicats et des de groupes organisés en
réseaux, la ressource pétrolière a été
utilisé comme un outil de régulation de cette même
scène politique devenue de plus en plus bruyante et plus exigeante. Dans
l'usage du pétrole comme outil de régulation, on fait le constat
de ce que cette ressource d'une manière ou d'une autre a
participé a la construction de l'Etat au Cameroun dans la mesure
où l'exigence de transparence et de bonne gouvernance dans le secteur
pétrolier a permis de faire une évaluation des actions et des
réalisations de l'Etat camerounais qui est compté parmi les Etats
producteurs de pétrole.
Au regard de toutes ces analyses du jeu et de l'enjeu de la
ressource pétrolière, on fait également le constat de ce
que l'élaboration d'une politique en général et celle des
hydrocarbures en particulier part de la volonté de l'Etat. Dans la
mesure ou il décide de faire ou de ne pas faire ce que demande la
population les bailleurs de fonds ou même encore la communauté
Internationale, il garde le pouvoir sur l'action publique. Mais a cause du
feed-back sur lequel il compte pour améliorer sa politique, il reste
d'une manière ou d'une autres dépendantes de ces acteurs.in fine
la fabrication de la politique publique des hydrocarbures part de dynamique des
acteurs du dedans et du dehors, du secteur public et parapublic comme du
secteur privé.
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déconstruction locale de l'ordre politique au Cameroun : Socio
genèse de l'Etat.» thèse de Doctorat en Science
Politique UY II, 1994.
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
LISTE DES ANNEXES
iii
AVERTISSEMENT
iv
SIGLES ET ABREVIATIONS
v
RESUME
vi
ABSTRACT
vii
SOMMAIRE
viii
RESUME
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defined.
INTRODUCTION GENERALE
1
SECTION I : CONTEXTE D'ETUDE ET CONSTRUCTION
DE L'OBJET.
2
A- Présentation du sujet
2
B- Clarification conceptuelle.
3
1-L'acteur.
3
2- Le pétrole : variable explicative et
structurante de la scène politique au Cameroun
4
3- Le jeu : interaction complexe des
acteurs
6
4- Les politiques publiques : variable
expliquée de la structuration du jeu entre acteurs sur la scène
politique.
7
5 L'action publique comme outils d'analyse des
politiques publiques.
8
C- Revue de la littérature et
considérations théoriques.
9
SECTION II : CADRE STRUCTURANT ET OPERATOIRE
DE LA CONSTRUCTION DE L'OBJET
12
A- Problématique
12
B- Hypothèses de recherche
14
C- Intérêt du sujet
15
1- Un sujet pratique et d'actualité portant
sur l'impact du pétrole sur la politique publique
15
2- Le pétrole, un domaine de recherche peu
exploré en politique publique au Cameroun
16
SECTION III : CADRE OPERATOIRE D'ANALYSE
17
A- Cadre géographique et champ de
compétence
17
B- Cadre chronologique
18
SECTION IV : L'OPTION POUR UN COMPLEXE
METHODOLOGIQUE DANS L'ANALYSE DE L'ACTION PUBLIQUE DE L'ENERGIE
19
A- Approches d'analyses des politiques
publiques
19
1- L'approche cognitive
20
2- Le Néo-Institutionnalisme
historique
20
3. L'approche séquentielle des politiques
publiques.
22
B- L'apport de l'analyse sociologique dans l'etude
de l'action publique
23
1- L'analyse stratégique
23
2- Le constructivisme
24
C- Le choix pour une technique de recherche
dynamique
25
D- Annonce du plan
26
PREMIERE PARTIE : PETROLE COMME ENJEU
DE POUVOIR DANS LA CONFIGURATION ET LA RECONFIGURATION DU CHAMP DE L'ACTION
PUBLIQUE AU CAMEROUN
27
CHAPITRE I : L'ENTREE PROGRESSIVE DU
PETROLE DANS LA STRUCTURATION PERMANENTE DE LA SCENE POLITIQUE AU CAMEROUN
29
SECTION 1 : LA MAITRISE ETATIQUE DU PETROLE
DANS LA GESTION MONOLITHIQUE DU POLITIQUE
30
PARAGRAPHE I : Les fondements socio-economique
d'une pratique.
31
A- Les fondements Sociaux.
31
B- Les fondements économiques marqués
par une gestion prudente des ressources
32
1- Le développement autocentré.
32
2- Le libéralisme planifié.
33
PARAGRAPHE II : L'institutionnalisation d'un
processus : quand les institutions guident les acteurs
34
A- La Présidence de la République au
Cameroun comme institution de conception.
34
B- La création des organismes Ad-hoc dans la
gestion technique du secteur pétrolier au Cameroun.
35
C- L'instabilité dans la configuration des
ministères en charge de la gestion du pétrole au Cameroun
37
1- Le Ministère de l'Industrie des Mines et
du Développement Technologique (MINMIDT)
38
2- Le Ministère de l'Energie de l'Eau
38
SECTION 2 : LA POLITISATION DU PETROLE DANS
L'EMERGENCE DES NOUVEAUX ACTEURS SUR LA SCENE POLITIQUE
38
PARAGRAPHE I : LE CONTEXTE SOCIO POLITIQUE ET
ECONOMIQUE DES ANNES 1990.
39
A- Les mouvements sociaux et le retour au
multipartisme
39
B- Le contexte économique des années
80-90 : le climat de récession.
41
PARAGRAPHE II : L'ENTREE DE NOUVEAUX ACTEURS
DANS LE CHAMP POLITIQUE CAMEROUNAIS
42
A- Les institutions Internationales comme
structures de veille.
43
1- Le FMI
43
B - Les ONG et les groupes de pressions : les
velléités de revendications
45
1- Les organisations Non Gouvernementales et les
associations locales.
46
2- les Groupes de Pression.
46
CONCLUSION PARTIELLE
49
CHAPITRE II : RESEAUX DE POLITIQUE
PUBLIQUE ET PRODUCTION D'UN ORDRE POLITIQUE TRANSVERSAL DANS LE SECTEUR
PETROLIER AU CAMEROUN
50
SECTION 1 : DU RÉSEAU DANS LA
PRODUCTIOND'UN ORDRE PUBLIC : LES RESEAUX INTERNES ET EXTRNES.
52
PARAGRAPHE I : Rencontres informelles entre
les acteurs des secteurs publics, prives et la societe
civile : logique d'un espace "semi clos"
53
A- Elles se cristallisent en marge des institutions
publiques : les réseaux externes.
53
b- Elles se cristallisent en marge des
Représentations des Organisations et des Groupes
d'intérêts : les réseaux internes
54
Paragraphe II : Emergence d'un espace clos
55
A- Lieu réservé aux acteurs qui
s'intéressent à la question pétrolière
55
b- Lieu d'interconnaissance des acteurs dans la
construction d'un référentiel de compromis
57
SECTION 2 : INCIDENCES DU RÉSEAU :
PRODUCTION D'UN NOUVEL ORDRE POLITIQUE PLURALISTE
58
Paragraphe I : Fixation du socle structurel de
la politique publique des hydrocarbures
59
A- La transparence.
59
1. Émergence des publications sur les rentes
pétrolières et le rôle important ou décisif de la
SNH
59
2. L'adhésion aux programmes de transparence
des produits pétroliers
61
B. La Bonne Gouvernance
62
ParagrapheII: Le rassemblement de plusieurs acteurs
comme dynamique de fabrication de politiques publiques des hydrocarbures.
63
A- Les Réseaux Professionnels
63
1- Les réseaux économiques et
industriels
63
2. Les acteurs politiques et médiatiques
64
B- Les acteurs venant des secteurs public et
parapublic : les réseaux nationaux
65
CONCLUSION PARTIELLE
67
CONCLUSION DE LAPREMIERE PARTIE
68
DEUXIEME PARTIE : DE LA FRAGILISATION
ADMINISTRATIVE DE LA GESTION DU PETROLE À L'HARMONISATION PROGRESSIVE
DES RATIONALITÉS DE LA POLITIQUE PUBLIQUE DES HYDROCARBURES AU
CAMEROUN
69
CHAPITRE III : LA FRAGILISATION DE LA
LOGIQUE ADMINISTRATIVE DE GESTION DU PETROLE DANS LA MAÎTRISE DU SENS DES
POLITIQUES PUBLIQUES AU CAMEROUN
71
SECTION 1 : EXCLUSION ET OPACITÉ DANS
LE PROCESSUS D'ÉLABORATION ET DE MISE EN OEUVRE DE L'ACTION PUBLIQUE
DANS LE SECTEUR DES HYDROCARBURES
73
Paragraphe I : Des raisons de la fragilisation
de la capacité de l'Etat à maîtriser le sens de l'action
publique.
73
A- La marginalisation de certains acteurs dans la
phase de l'élaboration
74
B- La vulnérabilité technologique des
structures nationales
75
Paragraphe II : L'opacité comme
élément de fragilisation
76
A- La non budgétisation des recettes issues
des produits pétroliers dès le départ
77
B- Une gestion du secteur pétrolier et des
ressources par un système centralisé par la suite
78
SECTION 2 : LA COMPLEXIFICATION DES
SYSTÈMES DE RÉFÉRENCE
80
Paragraphe I : Un environnement politiquement
favorable
80
A- L'apport des ressources
pétrolières dans la construction d'un Etat Agro-industriel :
la diversion d'une pratique
80
B- Le financement de la scolarisation des citoyens
Camerounais.
84
1- Participation à travers la construction
des salles de classe
84
2- La participation à travers le financement
des études des citoyens Camerounais
85
Paragraphe II : La multiplication du
sous-système autoréférentiel : moyen de
légitimation du modèle économique
86
A- Le développement d'une culture politique
de participation
86
B- La construction des systèmes
autoréférentiels
88
CONCLUSION PARTIELLE
90
CHAPITRE IV : HARMONISATION
PROGRESSIVE DES RATIONALITÉS DANS LA GESTION DES HYDROCARBURES AU
CAMEROUN
91
SECTION 1 : LA JURIDICISATION APPROXIMATIVE DU
SECTEUR PETROLIE
92
Paragraphe I : l'harmonisation étatique
des rationalités dans la gestion du pétrole par l'instrument du
code pétrolier et la loi d'organisation...
93
A Le code pétrolier : cadre de
promotion des opérations pétrolières sur l'ensemble du
territoire
94
1- La gestion du pétrole par une
rationalité basée sur les droits des obligations.
94
2- Les gérances correctives :
règlements des différends
98
B- La réglementation du secteur
pétrolier aval au Cameroun comme cadre de contrôle administratif
dans la gestion du pétrole
99
1- Le décret fixant les conditions
d'exercice des activités du secteur aval
99
2- Le décret modifiant et complétant
certaines dispositions du décret 2000/935/ du 13 novembre 2000 fixant
les conditions d'exercice des activités du secteur pétrolier
aval
101
Paragraphe II : ... est plutôt
douteuse
103
A- Code pétrolier comme codification de la
logique administrative
103
1- Centralisation du secteur pétrolier dans
l'Etat
104
2- L'Etat dictateur dans le secteur
pétrolier au Cameroun
105
B- La prédominance de la logique
administrative dans le secteur pétrolier aval via la commission
nationale des produits pétroliers.
106
1- Commission Nationale des produits
pétrolier : prolongement de la sauvegarde des intérêts
étatique, prolongement de la logique administrative.
106
2- Le décret complétant ne
complète pas : elle crée plutôt un vide juridique
107
SECTION 2 : REGULATION COMME MODE
D'HARMONISATION DU SECTEUR PETROLIER AU CAMEROUN.
108
Paragraphe I : La mediation : outil de
regulation politique dans le secteur petrolier.
109
A- La généralisation
109
B- Le courtage
110
Paragraphe II : La regulation politique par
l'approche participative et la quete du compromis comme instrument
d'harmomonisation.
112
A- L'approche participative élément
capitale pour la régulation
113
B- Le compromis dans le secteur pétrolier
comme outil d'évaluation de l'intégration des autres acteurs dans
la gestion.
114
CONCLUSION PARTIELLE
115
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
116
CONCLUSION GENERALE
117
DICTIONNAIRES UTILISES
120
BIBLIOGRAPHIE
121
TABLE DES MATIERES
127
* 1 Gilles Massardier dans
politiques et actions publiques reprenant la notion d'acteur par les
deux auteurs.
* 2 Kounou Michel,
Pétrole et pauvreté au sud du Sahara. Yaoundé
Edition Clé 2006, P 19.
* 3 Sources : Compte
rendues des journées de réflexions de l'Initiative de
Transparence dans les Industries Extractives au Cameroun. (Yaoundé- 22
et 23 Septembre 2008)
* 4 Premier pays à avoir
réussi à nationaliser son industrie d'hydrocarbures le
24
février
1971, il reste un membre
important et stratégique de l'OPEP avec une production de 1,86 million
de barils/jour en 2006.
* 5 L'un des plus grands
terrains d'explorations pétrolières des dix dernières
années, le pays affiche une croissance de production à deux
chiffres. Néanmoins la structure de son industrie
pétrolière n'est pas celle des membres de l'OPEP : le
secteur est presque entièrement aux mains des multinationales, et le
taux de
déplétions
(Désigne la baisse de production qui suit un
pic
pétrolier) de ses gisements est élevé. Sa production
en 200 était déjà à 2 millions de barils/jour.
* 6 Le Nigeria est un membre
assez remuant de l'organisation. Sa production augmente fortement grâce
à des développements en offshore profond, et le pays
dépasse assez souvent son quota. Il a plusieurs fois exigé
l'augmentation de son quota sous la menace de quitter l'OPEP. La raison est
peut être que l'industrie pétrolière du pays est la moins
nationalisée de l'OPEP, avec une production pétrolière
journalière estimée en 2005 à 2,4 million.
* 7 La production de ce pays
devrait fortement repartir à la hausse dans les années qui
viennent, la levée des sanctions occidentales permettant de nouveaux
investissements. Le pays offre un bon potentiel d'exploration, sa place dans
l'OPEP devrait donc progresser pour atteindre une production de 2 million de
barils/jour.
* 8 Le gouvernement a
ordonné en 2005 un plafonnement de la production de pétrole
à 350 000 barils/jour.
* 9 Didier Planche et Jean
Vincent Tchienehon, « Le secteur de l'énergie constitue le
véritable moteur de la croissance des activités
économiques », FinancEco en Afrique Centrale, N°010
Décembre-Janvier 2009.
* 10 organisation
intergouvernementale (un
cartel) de pays visant
à négocier avec les
sociétés
pétrolières pour tout ce qui touche à la production de
pétrole, son
prix et les futurs droits de
concessions.
* 11 Organisation
internationale de pays africains producteurs de pétrole. L'organisation
existe depuis
1986 et a son siège
principal à
Brazzaville au
Congo-Brazzaville.
Le but de l'organisation est de renforcer la collaboration entre les
différentes compagnies pétrolières des pays membres et de
maintenir une stabilité des prix.
* 12 Bande côtière
allant de la Cote d'Ivoire à l'Angola
* 13 Politique émanant
de la vision des acteurs qui construisent à partir des logiques de
pouvoir, la dynamique de gestion de la rente pétrolière.
* 14 Le jaillissement de la
première goutte de pétrole au Cameroun a lieu en 1954 à
l'estuaire du Wouri où une cérémonie
officielle a été organisée en présence de Paul
SOPPO PRISO, le sénateur AROUNA NJOYA, Louis Paul AUJOULAT et le haut
commissaire SOUCADAUX. Cérémonie présidée par le
Gouverneur de la France L ouis JACQUINOT ; Xavier Luc DEUTCHOUA,
Noir silence sur l'or noir,
les Cahier de Mutation N°40, Octobre 2006.
* 15 Source : les
cahiers de mutation n°40, octobre 2006
* 16 Ancien Administrateur
Directeur Général de la Société Nationale des
Hydrocarbures.
* 17 Bikidik, Paul
Gérémie, « Pétrole et misère
au Cameroun : sous le voile des revenus du pétrole »
Réseau Associatif des Consommateurs de l'Energie (RACE), Mai 2008.
* 18 Ibid. P 15.
* 19 Relatif à la
réorganisation de la CSPH
* 20 Loi portant sur le code
pétrolier
* 21 Décret
d'application du code pétrolier fixant les modalités et
conditions d'application de la loi 99/013 du 22 Décembre 1999 portant
code pétrolier
* 22 Dans un ouvrage collectif
« Bringing the State Back in » Cambridge, CUP, 1985.
* 23 Ouvrage collectif
« Struturing politics, historical internationalism a comparative
analysis » Cambridge, CUP, 1992.
* 24 Il faudrait envisager le
développement au sens de F.Perroux comme étant l'ensemble de
changement économiques, sociaux, industriels et institutionnels lies a
l'augmentation du niveau de vie ; cette vision du développement
prendra ainsi en considération la croissance comme facteur majeur.
* 25 Arrêté
présidentiel portant sur l'organisation du travail gouvernemental
* 26 D'après Antoine
Glaser , La roue de la fortune, in Histoire de développement,
Décembre 1993, cité dans Le dossier Noir de la Politique
Africaine de la France N°1-5, Agir Ici-survie, l'Harmattan, 1996, pp
109-110
* 27 J.B. Abessougué et
E. N. Moukouri « voyage au coeur de l'industrie
pétrolière camerounaise » in SNH info News, N°17,
p13, Yaoundé, Décembre 2004
* 28 Actuel Administrateur
Directeur Général de la SNH
* 29 Pr. TOUNA MAMA,
L'économie Camerounaise : pour un nouveau départ ressort de
manière détaillé,
* 30 Terme utilisé par
Mathias-Eric OWONA NGUINI (1997) pour traduire "l'effet pétrole" dans un
contexte politique au Cameroun
* 31 De manière
général, cette affaire fait allusion au massacre de M. Mpondo qui
était un brillant cadre nationaliste avec toute sa famille à
cause semble t-il de quelques secrets gênant ou manquait de
coopération en général avec la hiérarchie sur les
dossiers pétroliers.
* 32 Economiste Camerounais qui
fait une lecture froide et scientifique sur la crise économique au
Cameroun et dont le titre de son ouvrage porte d'ailleurs le nom. Il part des
fondements de celle-ci, explique les causes, décrit dans une certaine
mesure les manifestations et établis les conséquences.
* 33 Les traits sont
relevés par Robert Nyom dans son ouvrage "la crise économique au
Cameroun" (P66) où il recense cinq traits principaux sur les causes
endogènes de la faillite de la politique économique
camerounaise.
* 34 Sources : Document
sur la présentation de l'initiative des industries extractives au
Cameroun, à savoir EITI CAMEROUN, document tiré du site de la
dite initiative.
* 35 Robert Nyom, Op. Cite page
41.
* 36 Désigne la
pratique de ces pressions et de ces influences qui s'exercent sur des hommes
politiques, sur des pouvoirs publics et, plus largement, sur des
décideurs. C'est également un mode d'action discret et souvent
indirect, par opposition aux manifestions de masse, notamment syndicales, qui
mobilisent un grand nombre de personnes.
* 37 Le
corporatisme est une
doctrine
socio-économique favorable à l'existence d'organisations. ;
Les corporations regroupant les acteurs d'une même
profession, qu'ils soient
salariés
ou employeurs. Ils se proposent à juste titre de faire des
organismes des éléments ou cadres incontournables de consultation
pour les pouvoirs publics
* 38 Un lobby est un
groupe de pression qui tente d'influencer les lois, les
réglementations, l'établissement des normes (industrielles par
exemple), les décisions..., pour favoriser ses propres
intérêts, économiques en général. Un lobby
peut être un regroupement plus ou moins formel d'acteurs qui partagent
des intérêts communs ou qui appartiennent à un même
secteur d'activité professionnelle. On parle aussi de groupe
d'intérêt ou de groupe
d'influence
* 39 Non seulement du fait du
pouvoir qu'elle confère à ceux/celles qui la contrôlent
mais également de sa capacité de transformer la perception des
populations d'un Etat et par là changer le cours d'une politique
globale.
* 40 SNH infos news, n°27,
Décembre 2008, p. 22.
* 41 Muller en dénombre
5 types de réseaux, alors que Massardier les regroupe en 3 grandes
catégories. C'est sur la base d'une de ces 3 catégories que nous
allons faire l'analyse à savoir "la communauté des politiques
publiques.
* 42 En partant de l'ouverture
à la fermeture (clos).
* 43 PR, service du PM, MINEFI,
MINMEE, MINUH, MINSANTE, MINTP, MINDEF, MINEF, MINPOSTEL, MINJUSTICE, MINIPAT,
MINTRANSPORT, MINDIC.
* 44 Huhg Hiclo et Wildavski,
repris par Massardier dans « Politique et Action
publique »
* 45 Expression décrite
par les politologues américains Lowi et Peters comme étant des
« sous systèmes » où des relations
symbiotiques entre représentants des groupes d'intérêts et
agences d'Etat et le congrès dont les intérêts deviennent
similaires.
* 46 A cause de sa
multifonctionnalité dont l'une des fonctions pour nous dans notre
étude est un instrument du jeu politique et un enjeu pour les
acteurs.
* 47 Trimestrielle
d'information de la Société National Hydrocarbure qui se veut
être le journal de référence de l'information
pétrolière. Par exemple nous avons le N 21 du Mois d'Aout 2006
qui donne des informations sur les revenus de Pipe Line Tchad/Cameroun et
explique les transactions financières entre la SNH et Trésor
Public.
* 48 Source, lettre du CPSP,
n°1, octobre 2001.
* 49 Programme de Transparence
dans le cadre des Industries Extractives pour l'amélioration et la
qualité de la gestion des Ressources, des revenus en vue du
développement probant des Etats possédant de telles ressources.
* 50 Source :
déclaration de l'adoption du P.N.G par le Premier Ministre Camerounais
au cours de l'année 2000.
* 51 Voir chapitre 1 sur
l'identification des acteurs dans le secteur pétrolier au Cameroun.
* 52 Angola, Algérie,
Bénin, Cameroun, Congo, Côte d'Ivoire, Gabon, Guinée
Equatoriale, Libye, Nigeria, RCA, RDC, RSA.
* 53 J.R. Nkonlack :
« Industries extractives : la marche du Cameroun vers la
transparence une histoire de trois ans »
* 54 Michel Kounou,
« L'Etat du Cameroun pétrolier », in L'Etat du
Cameroun sous la direction de F.E. Boulaga, Ed. Terroirs 2009.
* 55 Agriculture,
Pétrole et Politique, publiés en 1987
* 56 X.L Deutchoua,
« Noir silence sur l'on noir », in Les cahiers de
Mutations, vol 040, oct. 2006, p. 4.
* 57 Idem.
* 58 Source: SNH Infos News N
27 de December 2008, page 32.
* 59 Op.cit p 74.
* 60 TRADEX, SOCAEPE, PETROLEX,
BOCOM, ALGO, DELTA PETROLEUM.
* 61 CHEVRON TEXACO, OILIBYA,
TOTAL FINA ELF.
* 62 Conformément
à l'art 118, al. 2 du code pétrolier
* 63 Source, code
pétrolier art 2, al. m
* 64 Partie du domaine minier
national sur lequel les opérations de recherche ou d'exploitation des
hydrocarbures nécessitent un effort accru au regard notamment de type de
production, la nature de composition et la qualité des hydrocarbures des
techniques de récupération assistée utilisées, de
la profondeur d'eau pour les zones miniers profondes situées dans la
zone économique.
* 65 Article 87, du code
pétrolier.
* 66 Art 7 du décret
N°2000/935/PM du 13 novembre 2000.
* 67 Art 09 du décret de
2000 fixant conditions d'exercice des activités du secteur
pétrolier aval.
* 68 Nous concevons "le
référentiel" ici au sens de Muller comme étant
«une idée en action".
* 69 Olivier Nay et Andy Smith
dans le gouvernement du compromise: courtier et généraliste
dans l'action publique; Paris Ed. Economica 2002, pp 13-14.
* 70 Idem.
* 71 Jean Marc Bikoko,
membre de la coordination nationale de la Dynamique citoyenne, le vendredi
8 décembre 2006 au cours d'une conférence de presse
organisé a la chambre d'agriculture de Yaoundé a l'occasion d'une
"journée de mobilisation de baisse des prix des produits
pétroliers" sur l'étendue du territoire Camerounais. Repris
par Mutation N 2101 du Mardi 26 février
2008.
* 72 Le Président du
Réseaux Associatif des Consommateurs de l'Energie (RACE).
* 73 Au sens de Crozier et
Friedberg dans l'acteur et le système, Paris, Le
Seuil, 1970
* 74 Au sens d'O. Nay et A.
Smith dans le gouvernement du compromis, Paris, Economica, 2002.
* 75 Au sens de Jobert et
Muller dans l'Etat en action, Paris, PUF, 1987 ; B. Jobert
« mode de médiation sociale et politique publique : le
cas des politiques sociale », l'année sociologique, 40,
1990 ; Michel Callon, dir. La science et ses réseaux.
Genèse et circulation des faits scientifiques .Paris, La
Découverte.
* 76 Sindjoun Luc.
« Identité nationale et ``révision constitutionnelle''
du 18 janvier 1996. Comment constitutionalise-t-on le ``nous'' au Cameroun dans
l'Etat post-unitaire ? In www. Polis sciencespobordeaux.fr/vol 1 ns/arti2,
pp.1-11 ; 2007.
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