INTRODUCTION GENERALE
1.1
PROBLEMATIQUE
Dans les pays en voie de développement en
général et en Afrique subsaharienne en particulier, la croissance
démographique a entraîné une forte demande en sols urbains
pour les constructions et l'implantation d'équipements divers. Pour
satisfaire cette demande, une multitude d'acteurs interviennent dans la
production des sols, utilisant des instruments variés. Cependant, les
pouvoirs publics semblent n'avoir pas toujours maîtrisé ce
secteur, car les problèmes liés à l'occupation anarchique
des sols ainsi que ceux de l'accès à la propriété
foncière continuent à préoccuper les gestionnaires des
villes (Moussa et N'dilbé, 2006). Comme la plupart des villes du tiers
monde, les agglomérations urbaines camerounaises connaissent aujourd'hui
une croissance spatiale et démographique accélérée.
Ces villes se développent de façon anarchique c'est-à-dire
sans respect des règles d'aménagement. Leurs origines
précoloniales et coloniales font qu'elles ont été
créées sans tenir compte de la gestion foncière à
long terme (Tchotsoua et Bonvallot, 2000).
Dans le contexte actuel de mutation socio-environnementale des
savanes d'Afrique Centrale, Sougnabé et al. (2007) pensent que
l'accès à la ressource foncière est devenu un enjeu majeur
et est à l'origine de nombreux conflits entre les principaux acteurs
fonciers. Les conceptions du régime foncier sont sujettes à une
évolution régulière, en parallèle de
l'évolution sociale du fait de la pauvreté dans laquelle est
plongée la majeure partie des peuples d'Afrique subsaharienne. La
problématique foncière est pourtant relativement peu
traitée par les programmes de recherche appliquée. Les enjeux
fonciers sont souvent contournés, bien qu'ils soient indissociables d'un
développement paisible, de la croissance économique, de la lutte
contre la pauvreté et d'une utilisation durable des ressources. Les
tentatives de résolution de ces conflits buttent
généralement sur la méconnaissance ou la non prise en
compte de la dynamique des pratiques foncières, notamment
l'évolution de la notion de propriété collective vers la
notion d'appropriation individuelle de la terre. Au Nord Cameroun, la question
foncière est apparue avec acuité à la charnière des
années 90, lors de la prise de conscience de la rareté des terres
vacantes. Cette prise de conscience est la conséquence d'un
irrépressible mouvement de fond, suscité par des causes
cumulées, dont les plus importantes sont l'explosion
démographique, l'accélération des flux migratoires et la
modernisation de l'agriculture (Seignobos et Teyssier, 1997). Aujourd'hui, les
pratiques foncières traditionnelles ne permettent plus d'accompagner
spontanément les transformations de ces deux dernières
décennies. Cette crise foncière met aussi bien les
propriétaires et les locataires des terres en insécurité
(Gonne et Seignobos, 2006).
La ville de Ngaoundéré comme toutes les autres
villes du Cameroun fait aujourd'hui face au problème de gestion de sa
ressource foncière. Cette situation nous amène à poser la
problématique de la sécurisation des terres et de l'habitation
dans la ville de Ngaoundéré. Notre travail s'inscrit dans la
compréhension de la dynamique des territoires urbains en
général et de Ngaoundéré en particulier. Il
s'intéresse au problème de l'accès à l'espace
habité en milieu urbain d'où le choix du thème
d'étude : « Modes d'accès à l'espace
habité et insécurité foncière dans les quartiers
Gambara II, Burkina et Jérusalem de la ville de
Ngaoundéré ». Il se pose dès lors les
questions suivantes : Quels sont les modes d'accès à
l'habitation dans la ville de Ngaoundéré ? Quel en est le
principal et quelle incidence a-t-il sur la sécurisation foncière
à Gambara II, Burkina et Jérusalem ? Les
réponses à ces interrogations constitueront le fil conducteur de
notre analyse.
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