Conclusion partielle
L'analyse du financement du secteur agricole au Sud Kivu
développée au cours de ce chapitre nous révèle
qu'en dépit d'un contexte très préoccupant et
controversé marqué par, d'un coté, un lendemain moins
promettant pour assurer une indépendance alimentaire mais aussi une
réduction de la pauvreté surtout en milieu rural, et de l'autre,
un environnement riche en opportunité de financement, les acteurs de
financement, dans leur globalité, demeurent moins attirer par le secteur
agricole.
Cependant, il y a lieu de décrier les contradictions
constatées dans le chef du pouvoir public quant à ce qui concerne
ses discours et ses faits et gestes vis-à-vis du secteur agricole. D'un
coté, il présente sa volonté de voler à la
rescousse du secteur agricole et cela à travers des discours mais pour
ce qui est de l'allocation des moyens financiers (subventions), ce secteur est
relégué à l'arrière plan.
L'implication des organisations non gouvernementales et des
coopératives en faveurs du secteur agricole est encourageante. En effet,
5 sur 11 Coopératives et ONG Locales analysées, soit 45,45%
allouent plus de 40% de leur enveloppe globale de crédit au secteur
agricole ; Egalement, 5 autres sur les 11, soit 45, 45% y affectent moins de
10% de leur enveloppe globale de crédit ; et 1/11, soit 9,09% y affecte
une enveloppe globale de crédit variant entre 10% et 40%.
Les Entreprises Commerciales, les IMF et les Institutions
Bancaires restent à l'écart du financement du secteur
agricole.
Quant à la seule ONG Internationales reprise dans ce
travail, elle ne met pas un accent sur le secteur bénéficiaire du
crédit qu'elle accorde.
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CHAPITRE 3 : INTEGRATION DE L'APPROCHE
« AGRICULTURE CONTRACTUELLE » COMME STRATEGIE
DE FINANCEMENT DU SECTEUR AGRICOLE AU SUD KIVU
3.1. L'Approche « Agriculture contractuelle
»
L'agriculture contractuelle, notent Charles Eaton et Andrew W
(2002), est depuis des nombreuses années, un moyen d'organiser la
production commerciale de la petite et de la grande agriculture. En effet, la
production agricole sous contrat existe depuis la nuit de temps. Dans la
Grèce antique, c'était une pratique très courante : des
pourcentages établis sur certaines culture étaient un moyen pour
payer la dîme, le loyer et les dettes. Au cours du premier siècle,
la Chine a également connu diverses formes de production sous contrat.
Aux USA, à une époque récente, à la fin du
19ème siècle, les accords de métayage
prévoyaient de prélever entre 1/3 et la moitié de la
récolte pour payer le loyer au propriétaire. Ces pratiques
étaient bien entendu une sorte de sevrage et conduisaient
généralement les métayers à être
endettés en permanence.
Durant les premières décennies du
20ème, les accords formels entre les agriculteurs et les
compagnies furent établis dans les colonies dirigées par les
puissances européennes.
Martin Prowse (2007) définit l'agriculture
contractuelle comme étant « un système dans lequel une
entreprise du secteur privé fournit aux agriculteurs des intrants -
crédits, engrais et semences, etc. - en échange de droits d'achat
exclusifs sur les produits agricoles récoltés ».
Selon le Rapport sur le développement dans le monde
2008, cité par Martin Prowse (2007, op. cit), l'agriculture
contractuelle permet aux petits exploitants agricoles de participer aux
nouveaux marchés de produits de haute valeur, et améliore les
normes de qualité, augmentant et stabilisant ainsi les revenus des
agriculteurs. La plupart des exploitations agricoles dans les pays en
développement faisant moins de deux hectares, l'intégration des
petits exploitants agricoles dans les chaînes de valeur mondiales est un
pas important vers la réduction de la pauvreté.
Cette approche, notent Charles Eaton et Andrew W (2002,
op.cit), présente des avantages, des inconvénients aussi bien
pour l'acheteur que pour l'agriculteur. C'est pourquoi l'observance des
conditions préalables et une gestion soutenue doivent être de mise
:
3.1.1. Les avantages de l'approche « agriculture
contractuelle »
L'agriculture contractuelle présente des avantages
certains tant pour les agriculteurs que pour les promoteurs (investisseurs).
a). Avantages pour les agriculteurs
· Le promoteur fournit fréquemment les intrants et
les services de production
· Cette fourniture se fait en général
à crédit par le biais d'avances du promoteur
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· L'agriculture contractuelle introduit souvent une
nouvelle technologie et permet aussi aux agriculteurs d'apprendre de nouvelles
méthodes
· Les agriculteurs courent souvent moins de risques
relatifs aux prix, beaucoup de contrats les établissant d'avance
· L'agriculture contractuelle peut ouvrir de nouveaux
débouchés aux petits agriculteurs qui autrement leur auraient
été inaccessibles
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