RESUME
Face à l'avènement inédit d'outils
modernes d'information et de communication combinant à la fois des
technologies liées aux télécommunications, à
l'audiovisuel et à l'informatique, la manière de communiquer au
quotidien des individus ou des groupes a été complètement
bouleversée. De même, ces outils modernes de communication, en
particulier le téléphone mobile et Internet, ont modifié
notre manière d'appréhender les notions géographiques
telles que la distance, l'espace, l'éloignement, la proximité.
Depuis la fin des années 1990, le champ de la connaissance sur l'usage
et l'impact des technologies de l'information et de la communication dans le
monde des migrants est en pleine effervescence en France. Notre étude
s'inscrit dans cette dynamique et s'intéresse aux usages des outils
modernes de communication au sein de la diaspora sénégalaise en
France et sur le rôle de ces outils comme facteur d'intégration ou
comme vecteur de repli identitaire. Cette migration, comme dans tous les pays
où s'est installée une forte communauté
sénégalaise (Italie, Espagne, États-Unis, etc.), est
organisée en réseaux de différents types. Dans ces
réseaux relativement bien structurés, la solidarité entre
les membres est quelque chose de fondamental dans la réussite du projet
migratoire, les réseaux sont donc au coeur, au centre de tout le
processus migratoire. Les réseaux sont impliqués directement ou
indirectement dans les flux et l'organisation des conditions
générales de la migration sénégalaise vers la
France et les autres pôles du champ migratoire international
sénégalais. Particulièrement dynamiques tout au long du
processus migratoire, de la mise à disposition des ressources
financières permettant de financer le voyage jusqu'à la recherche
d'emploi en passant par l'hébergement, les réseaux offrent
à leurs membres des espaces d'échanges, de
réciprocité, d'assistance et de dons. Pour tous les acteurs de la
migration sénégalaise en France, le besoin de communiquer occupe
une place prépondérante dans les rapports humains. Il s'agira
donc de montrer la dynamique des pratiques de communication des migrants
sénégalais en France, en mettant l'accent plus
particulièrement sur les modes d'usages et les mécanismes
d'appropriation du téléphone mobile et d'Internet. Aujourd'hui,
l'utilisation du téléphone s'est largement répandue dans
les milieux de la migration sénégalaise en France. Ainsi, le
téléphone est devenu l'outil privilégié pour
communiquer, s'informer, établir des relations de voisinage voire de
proximité, nouer des liens d'amitié et professionnels, et aussi
surtout pour entretenir et renforcer les relations de longue distance avec les
membres de la famille restés dans le pays d'origine. D'autre part, s'il
est vrai que les migrants constituent en effet l'essentiel du public auquel
s'adressent les contenus web diffusés généralement
à partir du pays d'origine, il est aussi intéressant de noter
qu'ils jouent un rôle indéniable dans l'émergence et le
développement de l'Internet sénégalais, à travers
notamment la production de multiples contenus web. Certains d'entre eux font
preuve de créativité, de détermination et de
professionnalisme afin de mettre en ligne des sites web avec des contenus et
des services de qualité sous forme de textes, images et d'autres
éléments multimédias. Cette étude vise à
observer et analyser les mutations dans les rapports que les migrants
sénégalais en France entretiennent à la fois avec leurs
territoires d'origine et de résidence, à travers notamment les
différents usages et les formes d'appropriation du
téléphone mobile et d'Internet. Notre hypothèse centrale
met plutôt l'accent sur les usages du téléphone mobile et
de l'Internet par les migrants sénégalais en France à la
fois pour entretenir un contact instantané et régulier avec le
pays d'origine afin de renforcer les liens à distance, mais aussi comme
support d'intégration dans le pays de résidence.
Mots clés : réseau, diaspora,
migrant, TIC, téléphonie mobile, Internet, pays d'origine, pays
de résidence, intégration, repli identitaire, transfert d'argent,
transfert de connaissances, e-citoyen, développement.
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