IV Discusion :
Le terme «Indicateur de vigilance» a été
choisi car il permet de recouvrir tout à la fois ce qui est du domaine
de l'éveil et du sommeil. Par ailleurs, la présence
d'éveils électro-encéphalographiques observés lors
des différents stades de sommeil , justifie l'extension du terme
vigilance au sommeil.
Les valeurs et variations mesurées des différentes
composantes spectrales en fonction des stades de sommeil sont conformes
à celles observées généralement chez l'adulte sain
(5).
Les taux de concordance retrouvés lors de l'analyse
visuelle (85% pour l'éveil, 63% pour le stade 1, 73% pour le stade 2)
sont pour notre part inférieurs de 5 à 10% par rapport à
ceux généralement observés (5,9,15). La méthode
d'évaluation de la concordance époque par époque montre
l'existence de fluctuation du taux d'accord en fonction de l'époque
analysée. Ceci est particulièrement net au moment des transitions
entre les différents stades de sommeil (Fig 3).
L'hypnogramme le plus concordant, réalisé à
partir des index de concordance n'est qu'un pis-aller nécessaire
à la validation de l'index quantitatif. En effet, dans le cas
particulier où il existe une égalité des «votes»
en faveur de deux stades différents, le logiciel a été
programmé pour tirer le stade le plus concordant au hasard entre les
deux stades de sommeil recueillant le maximum de votes. C'est pour cette
raison, que l' indicateur booléen
«éveillé/endormi» a été ajouté.
Celui ci sera par définition moins sensible mais plus spécifique
d'un sommeil électro-encéphalographique du fait même qu'il
nécessite l'unanimité des interprètes pour
considérer l'époque comme une époque de sommeil.
Bien qu'il soit possible d'utiliser l'index de vigilance absolu
comme l'ont fait Jobert et al (9) pour discriminer les états
éveillé/endormi, nous avons pour notre part
préféré travailler à partir de la valeur relative
de l'index (rapporté à son amplitude variation). Ce choix nous
permet plus facilement de nous affranchir des difficultés posées
par la variabilité des rythmes de repos observée dans la bande
alpha sans avoir besoin de recourir à des méthodes
particulières.
La discrimination entre les états
éveillé/endormi déterminés par l'analyse
numérique ou l'analyse visuelle, montre l'existence de seuils
différents selon que l'on choisit d'utiliser comme analyse visuelle de
référence l'hypnogramme le plus concordant (seuil de 8%) ou
l'unanimité des experts (seuil de 3%) . Le fait que la valeur
observée de seuil soit inférieure dans le cas de
l'unanimité des experts, est cohérent avec l'hypothèse
d'une évolution continue de la vigilance ( ce qui est conforme avec les
modélisations de l'organisation des rythmes veille/sommeil). En effet,
l'unanimité des experts, impose que le sommeil soit établi sur le
plan électro-encéphalographique pour l'ensemble de ceux-ci, ce
qui n'est pas forcément le cas dans le cas de l'hypnogramme le plus
concordant (les périodes transitoires pouvant être scorées
soit en veille soit en sommeil, le choix du stade étant effectué
à la majorité des experts). Ceci ayant pour conséquence,
que le niveau de vigilance moyen du sommeil soit théoriquement
supérieur
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dans le cas de l'hypnogramme le plus concordant.
Dans ce contexte, il paraît illusoire de proposer une
valeur de l'index permettant de discriminer de façon absolue
l'éveil du sommeil. En effet, l'essence même de ce type
d'indicateur est de traduire de façon dynamique un niveau de vigilance.
L'utilisation de représentations
graphiques telles celle proposée (Fig. 6) permet de
d'apprécier simplement l'évolution dynamique de l'index lors du
test de latence d'endormissement. Il est toutefois nécessaire sur le
plan clinique d'avoir à disposition des valeurs numériques de
référence permettant de comparer facilement les tests
réalisés. Une solution simple consiste à mesurer le
délai séparant le début de l'enregistrement du moment
où l'index atteint un ou des seuils de référence (p.ex
seuil 15%, 8%, 3%), ceci avec éventuellement un critère de
stabilité sur 3 époques tel celui proposé par Carskadon et
coll (3).
Perspectives
L'utilisation d'indicateurs quantitatifs tels l'index
á2/dq constitue potentiellement une alternative au scorage
visuel en routine clinique lors des Tests Itératifs de Latences
d'Endormissement.
Cette technique d'évaluation de la vigilance offre
intrinsèquement une plus grande reproductibilité que celle
liée à l'analyse visuelle. Toutefois, en raison même de la
nature des signaux recueillis et en l'absence de connaissance formelle des
mécanismes donnant lieu à leur naissance, il est illusoire de
penser s'affranchir de l'analyse visuelle des signaux recueillis.
L'analyse visuelle combinée au calcul de différents
indicateurs tel celui proposé offre une plus grande richesse
d'informations.
Les indicateurs quantitatifs permettent de calculer des
caractéristiques spécifiques aux
index : pentes, périodicités, ajustement à
des modèles chronobiologiques, etc....
L'analyse visuelle effectuée par un clinicien est plus
adaptée pour la recherche d'élements particuliers signant une
pathologie ou nécessitant une interprétation clinique (10,15).
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