LES ENJEUX DE L'INFORMATION SOCIETALE : THEORIES
ET PRATIQUES
[Dossier Comptabilité IFRS- M1 Contrôle de
Gestion & Systèmes d'Information]
[« L'engagement des entreprises dans le
développement durable consiste à conjuguer performance et
responsabilité. La performance financière ne suffit plus à
apprécier la performance d'une entreprise. Dès lors, les
entreprises doivent mesurer leurs progrès à partir d'une
performance plus globale incluant, en dehors de la dimension économique,
des dimensions sociale et environnementale » (BERLAND N. 2008).
Comment approcher cette performance sociétale ? C'est ce que nous
vous proposons d'analyser a travers ce dossier]
[2008/2009]
Université Paris Dauphine - Mai 2009
SOMMAIRE
INTRODUCTION
I. LE CADRE CONCEPTUEL DE L'INFORMATION SOCIETALE
1. HISTORIQUE : GENÈSE ET DÉFINITION
2. LE RAPPORT SOCIETAL, UN ENJEU SOCIAL: POUR QUI ?
POURQUOI ?
3. LE RAPPORT SOCIETAL: UN ENJEU LÉGAL
4. LE RAPORT SOCIETAL, UNE COMPOSANTE DE LA
STRATÉGIE DES ENTREPRISES?
II. LA CONTINGENCE DES PRATIQUES DE L'INFORMATION
SOCIETALE ?
1. STRUCTURE DES RAPPORTS SOCIETAUX
2. FACTEURS DE CONTINGENCES, THÉMATIQUES ET INDICATEURS
3. LA STRATÉGIE DE COMMUNICATION DES GROUPES
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
INTRODUCTION
La dernière décennie a été
marquée par la prise de conscience que satisfaire l'ensemble des parties
prenantes de l'entreprise constituait un élément
stratégique. Cette satisfaction ne repose plus maintenant seulement sur
la publication d'informations économiques et financières
satisfaisants les actionnaires mais aussi sur la publication d'informations non
financières de nature sociale et environnementale. B. Capron, souligne
l'émergence de la comptabilité
« qualitative » en plus de l'information purement
financière: «d'autres branches se sont récemment
développées pour satisfaire des besoins d'informations
spécifiques (comptabilité sociale, comptabilité des
ressources humaines...) »1(*). A présent, les entreprises ont intégrer
le fait que leur pérennité ne dépendait plus uniquement du
succès financier de leurs activités, mais également de la
manière dont elles se conduisent. B. Colasse souligne lui même
« l'investissement par la comptabilité [...] de nouveaux pans
de la réalité (le social, le sociétal,
l'écologique, l'immatériel ...) »2(*).
C'est surtout depuis les années 90 que la publication
des rapports sociétaux (social et environnemental) par les grands
groupes internationaux ont pris de l'ampleur. En effet, celles-ci ont pris
conscience que ces informations relevaient d'un instruments de communication au
service de l'entreprise qui souhaitent se montrer citoyennes et responsables
dans un contexte marqué par la prise de conscience écologique et
le développement durable. En d'autres termes, l'organisation doit
s'adresser non seulement aux shareholders mais aussi aux stakeholders. La
négation de ce rôle et l'intégration de cette
responsabilité nouvelle sont d'autant plus très
réprimées par les shareholders. Au delà de cet aspect
lié à la communication, nous verrons aussi que la publication de
ces informations relève en outre d'une obligation légale pour les
sociétés côtées mais également d'une
démarche volontariste. Nous vous proposons d'apporter autant de
réponses que de réflexions autour de la problématique
suivante :
Quels sont les réels enjeux associés aux
rapports sociétaux ? Dans quelle mesure s'inscrivent-ils dans une
démarche de responsabilisation sociale des entreprises et de prise en
compte des parties prenantes ? Quelles en sont leurs force et
faiblesses ?
Dans cet exposé nous consacrerons notre première
partie au cadre conceptuel des rapports sociétaux. Dans quel contexte et
sous quelles pressions les rapports sociétaux ont-ils
émergés ? Quelles sont les motivations qui poussent les
groupes à diffuser volontairement des informations
sociétales ? Quels sont les destinataires des rapports
sociétaux ?
La seconde partie de cette étude sera consacrée
à une analyse comparative de la diffusion d'informations
sociétales de grands groupes côtés. Nous nous attacherons
à la forme et au contenu des rapports sociétaux et à leur
enjeux stratégiques et de qualité.
I. LE CADRE CONCEPTUEL DE L'INFORMATION SOCIETALE
1. HISTORIQUE : GENESE ET
DEFINITION DES RAPPORTS SOCIETAUX
a. Petit historique des pratiques de publication des
rapports sociétaux (RSE)
v Les Etats-Unis berceau de la comptabilité
sociale
Contrairement aux idées reçues, l'idée
d'une responsabilité sociale (RS) de l'entreprise n'est pas un
phénomène récent. Selon A. Acquier et F. Aggeri3(*), c'est au début du
XIXème siècle que la littérature
économique et gestionnaire nord américaine témoigne des
premières réflexions sur le rapport entre l'entreprise et la
société. Dans la continuité, l'investissement socialement
responsable (ISR) est apparu aux Etats-Unis au début du siècle
sous l'influence des congrégations religieuses qui refusaient d'investir
dans les valeurs du «péché ». Le premier fonds
identifié a été créé en 1928 à la
demande des Quakers. C'est ainsi qu'au XXème siècle le
débat se structure sous une forme plus formalisée avec la
généralisation de l'entreprise à actionnariat
dispersée. L'évolution de la structure de l'entreprise a ainsi
deux impacts :
-d'une part elle diminue la part de contrôle des
actionnaires sur les dirigeant (théorie de l'agence)
-d'autre part du fait de sa grande taille et d'une influence
moins importante sur les propriétaires, l'entreprise devient une
institution à part entière interagissant avec
« un ensemble de groupes interréssés,
incluant cette vague entité : la communauté sociale dans son
ensemble » (Heald, 1961).
Le terme RSE (Corporate Social Responsiilty) n'émergera
que dans les années 50 dans les multinationales américaines alors
que ce phénomène est relativement récent en Europe. C'est
Bowen (1953) qui fût le précurseur dans ce domaine en étant
l'un des premiers à en donner une définition considérant
qu'« elle se réfère aux obligations d'un homme
d'affaires en ce qui concerne la poursuite de politiques, la prise de
décisions et la poursuite de lignes de conduite qui répondent aux
objectifs et aux valeurs considérées comme désirables par
notre société ».4(*)
v Une accélération face à
l'insécurité économique
Dès la fin des années 60 émerge aux USA
les premières discussions relatives à l'impact de
l'activité économique des entreprises sur la
Société, accompagné d'une réflexion autour de la
comptabilité sociétale. Cette prise en compte apparaît
edans un contexte où les sociétés du monde entier
subissent un retournement contestataire mettant en cause le fonctionnement des
entreprises et donnant lieu à une vague de régulation à
cette période (Frederick, 1994). C'est ainsi, que de nouvelles
préoccupations émergent telles que les pratiques des
constructeurs automobiles (Ralph NADER), création d'une agence publique
de protection des consommateurs, émergence des préoccupations
relatives à l'égalité des droits et aux discriminations,
nouvelles préoccupations sur la sécurité au travail et
ont observe une attente nouvelle face aux enjeux environnementaux.
Une décennie plus tard, aux Etats-Unis, certaines
entreprises intégrèrent dans leurs rapports annuels des
informations sur les pratiques de discrimination positive en matière
d'emploi (affirmative action), la sécurité des produits
pour les consommateurs, l'implication de la firme dans les projets
communautaires. Selon les recherches de B. Oxibar, les premières
publications étaient exclusivement orientées vers une dimension
concernant les salariés et les produits mais ce n'est que dès les
années 80 qu'apparaissent des informations relatives à l'impact
écologique des activités de l'organisation.
Par la suite face aux problèmes environnementaux
croissants dans les pays industrialisés et à la prise de
conscience par la société du besoin d'un développement
durable ( « faire face au besoin des générations
présentes sans compromettre la capacité des
générations futures à répondre aux
leur ») que les chercheurs observent une domination quasi
complète de la comptabilité environnementale sur la
comptabilité sociale avec des informations relatives aux questions
d'environnement (contrôle de la pollution), d'efficience
énergétique....Néanmoins, le débat a
été cependant très controversé notamment par
l'opposition de grands économistes tels que Friedman qui y opposa des
critiques virulentes déclarant que « rien n'est plus dangereux
pour les fondements de notre société que l'idée d'une
responsabilité sociale des entreprises autre que celle de créer
un profit maximum pour leurs actionnaires ». Ainsi, pour une
entreprise la RS serait nuisible à la création de valeur.
Finalement, ce n'est que dès les années 90 que
le mouvement de RS a pris de l'ampleur. En effet, les entreprises ont pris
conscience que ces informations relevaient d'un enjeu de l'activité dans
un contexte marqué par la prise de conscience écologique et le
développement durable. D'ailleurs, selon les recherches menées
par Nicolas Persais « La publication d'un rapport
sociétal, qui s'inscrit dans un objectif de plus grande ouverture sur
l'extérieur, lui permet de communiquer sur ses valeurs, ses principes de
fonctionnement, et de faire le point sur les actions engagées en faveur
d'un développement durable. ». A l'heure actuelle, nous
avons pu constater que la pratique est maintenant très répandue
avec néanmoins de très grandes inégalités de
contenu et de présentation.
b) Définition de la responsabilité
sociétale des entreprises
De nombreux chercheurs ont essayés de définir
les pratiques de reporting sociétal (Parker, Mathews, Grayet Al., Capron
et Quairel, Oxibar). En 1986, Parker parlait de
« comptabilité sociétale ». Capron
et Quairel (2004) expliquent que le reporting sociétal identifie
« toute publication à destination d'utilisateurs externes
qui porte sur les dimensions sociales et environnementales de l'activité
des entreprises ». De nombreuses autres appellations ont
d'ailleurs émergé chez les anglo-saxons : « social
reporting », « social responsibility disclosure »
ou encore « social accounting ».
La comptabilité sociétale recouvre la notion de
RS de l'entreprise. Pour comprendre ce concept commençons par
définir les deux mots qui la compose :
- la responsabilité : Etre responsable c'est
« accepter et subir les conséquences de ses actes et en
répondre »5(*). Cela suppose donc de connaître les effets de
nos actes et d'en porter un jugement.
- [...] sociale : Dans un premier sens
ce terme renvoi à une dimension humaine, mais elle signifie aussi
prendre en compte l'ensemble des éléments constituant
l'environnement extérieur c'est à dire la société
et les parties prenantes.
A partir de ces définitions, il est possible de mettre
en évidence une définition claire de la responsabilité
sociale de l'entreprise. Il s'agit du comportement global d'une entreprise et
de la responsabilité qu'elle se reconnaît en termes d'impact de
son activité sur la société. Une organisation socialement
responsable se doit de développer une activité profitable tout en
prenant en compte des effets d'externalités sur la société
au sens large du terme. Aujourd'hui, peut-être plus que jamais, la
société attend des entreprises qu'elles utilisent leur pouvoir
économique pour des objectifs sociaux plus larges, pour une plus grande
transparence et une plus grande responsabilité.Ce rapport consiste pour
l'entreprise de publier en sus de ses données financières des
informations relatives à l'impact social de l'activité de
l'entreprise, à la mesure de l'efficacité des programmes sociaux
de l'entreprise. Les informations publiées sont à la fois
qualitatives et quantitatives.
Dans les années 70 sont ainsi identifiés par
Ernst & Ernst 6 thèmes principaux de diffusion :
« l'environnement, l'énergie, les pratiques d'affaire loyales,
les ressources humaines, l'implication dans la Société civile,
les produits ».6(*) B. Oxibar reprend ces thèmes en les
classant selon 3 critères comportementaux de
l'entreprise:
- les conséquences (volontaires ou non) liées
à l'activité de l'entreprise qu'ils soient externes à
l'organisation (pollution) ou internes (création ou
suppression d'emplois, accidents au travail).
- le souci porté vers les relations au travail :
qualité de vie au sein de l'entreprise (diversité, respect de la
parité homme femme, conditions de travail) mais aussi hors de
l'entreprise (aide aux familles des salariés).
-les considérations morales et éthiques que peut
avoir l'organisation : programme de mécénat, commerce
équitable, qualité des produits sur la santé des
consommateurs.
D'un point de vue théorique ensuite, la lecture des
théories classiques de la RS suggère deux logiques de
communication distinctes : une logique qui se focalise sur la valeur
créée pour l'actionnaire (logique de la valeur) et une logique
qui vise davantage à légitimer l'insertion sociale de
l'entreprise au sein de son environnement (la logique de la transaction).
2. UN ENJEU SOCIAL : UN RSE POURQUOI ? POUR
QUI ?
La diffusion d'information sociétale reste très
largement volontaire malgré le coût élevé qu'elle
engendre (de l'ordre de 80 000 à 100 000 euros selon Capron).
Dés lors il est pertinent de se demander pourquoi et pour qui les
entreprises usent-elles autant de leurs efforts dans la diffusion des
RSE ?
a. Pourquoi un RSE ?
Les approches théoriques de la RS des entreprises ont
permis de souligner deux finalités majeures du reporting social. D'une
part, le RSE constitue un instrument de légitimation de
l'entreprise ; d'autre part il s'agit de demander aux dirigeants de
publier une information fiable et utile aux parties prenantes.
v La théorie de légitimité ou
théorie néo-institutionnelle
La légitimité est une variable clé de la
responsabilité sociale des entreprises. La légitimité des
entreprises naît dans un environnement institutionnalisé (qui
pousse les entreprises à maintenir certaines apparences
extérieures). La théorie de la légitimité suppose
que les organisations opèrent continuellement dans les limites et normes
de leurs sociétés respectives, lesquelles évoluent dans le
temps. Dowling et Pfeffer (1975, p131) énoncent ainsi
que « puisque la légitimité est importante
pour les organisations, les contraintes imposées par les normes sociales
et les valeurs et les réactions vis-à-vis de telles contraintes
fournissent un point central pour analyser les comportements des organisations
prises en respectant l'environnement ». Aussi, selon ces
mêmes auteurs les organisations entreprennent des actions variées
pour assurer leur légitimité dans un contexte
déterminé (et dans lequel des enjeux sociaux et environnementaux
prévalent dans une société donnée à un
moment donné). Autrement dit, les actions et activités de
l'organisation opèrent-elles dans le sens des valeurs sociales ?
L'institutionnalisation n'exerce pas une pression visible ou formelle. Les
efforts entrepris sont considérés comme « allant de
soi ». La légitimité est perçue comme
« symbolique » : les organisations légitimes
obtiennent de ce fait un soutien indépendamment de leur valeur de
marché. C'est au travers d'actions et de la diffusion d'informations
sociétales que l'entreprise va chercher à s'identifier aux
normes, valeurs et comportements qui fondent sa légitimité
sociale vis à vis des membres de la société.
La publication d'informations sociétales est
perçue comme une réponse à des contraintes légales,
à des normes professionnelles et/ou sectorielles, ou bien alors comme
une pratique de bonne conduite.
La théorie de la légitimité constitue le
cadre théorique de plusieurs études relatives à la
divulgation des informations sociétales. Les conclusions de certaines
d'entre elles sont présentées en annexe.
v La théorie des parties
prenantes
La théorie des stakeholders remet en cause la
primauté des actionnaires dans la gouvernance de l'entreprise. Elle
inscrit l`entreprise dans une conception contractuelle de la relation entre les
dirigeants et les parties prenantes et peut se référer à
l'application de la théorie de l'agence. Selon Clarkson (1995),
«Les parties prenantes sont des personnes ou des groupes qui ont, ou
revendiquent, un droit de propriété, qui disposent de droits
légitimes ou d'intérêts dans une entreprise par rapport
à (ou compte tenu de) des activités passées,
présentes ou futures.» Concrètement, ils
représentent l'Etat, les salariés, les investisseurs, les
fournisseurs, les clients... Les dirigeants entretiennent avec ses
différentes parties prenantes de nombreuses relations, et ne pourraient
exister sans elles. La question fondamentale qui traverse l'application de la
théorie des parties prenantes à la responsabilité sociale
des entreprises est celle de la justification de la prise en compte des parties
prenantes dans la gouvernance de l'entreprise [Mercier, 2006]. L'attention
portée à l'ensemble de ces acteurs contribue à la
pérennité de l'entreprise. Le problème est que très
souvent ces différentes parties prenantes présentent des
intérêts divergents voire contradictoires : les dirigeants
doivent faire des choix et des priorités d'action ou du moins chercher
à les concilier. En effet les entreprises ont constamment un arbitrage
à opérer entre la rentabilité économique (sur tout
à CT) et l'intégration des objectifs sociétaux :
c'est toute la problématique du dilemme entre la performance
financière et les engagements sociétaux. Très longtemps,
la priorité a été accordée aux investisseurs (car
très puissants) et le RSE apparaît comme un moyen
d'équilibrage des intérêts des différentes parties
prenantes.
La diffusion d'un RSE s'inscrit dans une réelle
volonté de l'organisation d'intégrer les intérêts
des différentes parties prenantes, de leur rendre des comptes
(utilité, qualité et pertinence de l'information) et de mieux
assumer sa responsabilité sociétale.
La théorie des parties prenantes a constitué
un outil précieux à de nombreuses recherches concernant la
responsabilité sociale des entreprises et la diffusion d'informations
sociétales. Les conclusions de quelques une de ces études
clés sont portées en annexe.
v Tableau de synthèse : quelles sont les
raisons qui justifient la diffusion de RSE ?
Etude/théorie
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Contenu
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Théorie de la
légitimité
Preston et Post (1975), Suchman (1995), Meyer et
Rowan (1977)
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L'entreprise doit se conformer, si elle ne veut pas
être confrontée à des critiques et ainsi à une perte
de son « capital réputation », à un ensemble de normes,
de croyances et de rituels décrivant la pression exercée par son
environnement.
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Théorie des parties prenantes
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Il s'agit d'un mode de gouvernance des entreprises prenant
plus en compte l'importance de certains acteurs contribuant à la
réussite de l'entreprise. Au-delà des seuls actionnaires, un
dialogue et par conséquent une communication peuvent alors être
engagés avec les autres parties prenantes telles que les
salariés, les clients, les fournisseurs, ou tout autre groupe de
pression
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Théorie des droits de
propriété
Blair (1995)
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Elle légitime la propriété de
l'entreprise par ses salariés en tant que détenteurs du «
capital humain », à l'inverse des actionnaires détenteurs du
« capital financier ». Il en résulte une obligation
d'information de la part des dirigeants vis à vis de leurs
salariés.
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La théorie des ressources
Wernerfelt (1984), Barney (1991)
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Les ressources humaines (formation du personnel,
expériences acquises, relations sociales) sont perçues comme un
facteur rare spécifique et difficilement imitable, devenant de une
clé de compétitivité et de performance durable.
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La théorie du mimétisme
DiMaggio et Powell (1983)
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On peut comprendre les raisons d'un éventuel
accroissement des publications dans le domaine sociétal par
l'hypothèse d'un comportement mimétique des entreprises.
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La théorie du signal
Quairel (2004), Akerlof (1970), Spence
(1974)
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La publication d'information sociétale comme un
élément pouvant être intégré et
valorisé par les marchés financiers. Les différentes
démarches de certification, ou l'adoption de standards comme le GRI,
peuvent participer à cette stratégie de communication vers les
marchés.
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Aide à l'Analyse financière
Belkaoui(1984), Arcimoles (1999)
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On peut considérer que les informations
sociétales peuvent aider l'investisseur, ou l'analyste externe, à
mieux anticiper les capacités de l'entreprise à dégager
des bénéfices futurs.
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L'attractivité des ressources
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La diffusion d'information sociétale jouie d'une
attractivité que l'entreprise peut exercer vis-à-vis de nouvelles
recrues ou de la fidélisation des salariés à leur
entreprise, ou encore financières, en bénéficiant de
l'apport des fonds dits « éthiques ».
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La montée du lobbying
Deegan et Gordon (1996)
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La progression du nombre de fonds éthiques et la
montée des préoccupations sociales et environnementales dans
l'opinion publique suscitent une demande croissante d'information
sociétale de plus en plus détaillée.
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b.Les destinataires des RSE
Depuis quelques années on est passé d'une
représentation purement financière de l'entreprise à une
approche beaucoup plus large incluant la dimension sociale et environnementale
de la performance. C'est sans doute dans cette conception que l'on peut
distinguer deux approches selon le support utilisé.
v L'approche traditionnelle
Dans cette approche le reporting sociétal est un
complément du rapport financier. De ce fait la publication des
informations sociétales se réalise au travers des rapports
annuels à prépondérance financière et sur les sites
internet. Selon Antheaume et Teller il s'agit là d'une approche
réductrice dans la mesure où on considère toujours les
acteurs financiers comme les principaux utilisateurs de toutes les informations
quelle que soit leur nature. Cette approche a été historiquement
dominante, considérant par la même les besoins des investisseurs
comme répondant aux besoins communs à tous les autres
utilisateurs. Dans cette approche, les préoccupations sociales et
environnementales des entreprises n'occupent qu'une faible place dans les
actions des entreprises.
v L'approche moderne
Dans cette analyse, le rapport sociétal joue un vecteur
puissant de dialogue social entre la société et l'entreprise.
Graafland et al. (2003, p48) avancent que la publication d'un rapport social
est un outil de la stratégie sociétale de l'entreprise lié
au processus d'audit. Certaines entreprises publient un rapport sociétal
à part entière dans lequel elles donnent des informations
relatives à l'environnement et au social telles que l'émission de
CO2, à la sécurité, aux conditions de travail, etc...Ces
informations peuvent notamment être vérifiées pas des
auditeurs. En revanche, d'autres entreprises choisissent d'inclure les
informations sociétales dans les rapports financiers annuels. On assiste
alors à une évolution de la communication dans les rapports
annuels, en passant alors des informations purement financières
à des informations financières et non financières portant
sur des valeurs et le fonctionnement des entreprises. C'est de cette approche
que l'on peut selon Antheaume et Teller, trouver des explications à la
publication de rapports sociétaux indépendamment des rapports
annuels. D'ailleurs, il convient notamment de préciser que contrairement
à la publication des rapports annuels, les groupes d'entreprises n'ont
pas d'obligation de publication de rapports sociétaux ; ils
pèsent sur eux l'obligation de diffuser des informations
sociétales, sans contrainte de forme. On peut supposer que dès
lors que ces informations apparaissent dans des rapports sociétaux,
elles ne sont plus destinées aux seuls actionnaires mais à
toutes les parties prenantes, autrement dit à tous les acteurs trouvant
un intérêt dans l'entreprise.
Nous pouvons à titre de conclusion insister sur une
évolution de la conception de l'entreprise. Alors que l'approche
traditionnelle s'insère d'avantage dans la conception de l'entreprise en
tant qu'investissement, l'approche moderne appréhende l'entreprise comme
un acteur social, responsable et moral.
3. LE RAPPORT SOCIÉTAL : UN ENJEU
LÉGAL
Le cadre légal est un enjeu important permettant de
départager l'information obligatoire et celle qui est
discrétionnaire c'est à dire laissée à
l'appréciation des dirigeants. Avec la forte publication des rapports
sociétaux et soumises à une pression croissante de la part des
parties prenantes, les entreprises se trouvent confrontées à la
fois à l'émergence de nouvelles réglementations et
à l'apparition d'initiatives privées visant à
améliorer le dialogue avec leurs parties prenantes et à attester
de la véracité des discours et des rapports
rédigés.
a.Les dispositions internationales
v La Global Reporting Information (GRI)
Mettre en place une procédure de normalisation
répond à des principes et à des règles qui lui
assurent des qualités recquises pour ses utilisateurs et qui lui
permettent une vérification. La GRI apparaît comme étant
à ce jour la plus visible et la plus avancée auprès des
instances nationales ou internationales se préoccupant de la RS en
permettant d'adopter à l'échelle mondiale de concept
partagé, d'un système cohérent et d'un même langage
de mesure.
La Global Reporting Initiative (GRI) a été
initiée en 1997 par le
Programme
des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et la Coalition for
Environmentally Responsible Économies (CERES). L'objectif est
d'élaborer des lignes directrices et une standardisation de normes pour
la rédaction de rapports environnementaux et sociaux avec comme mission
de fournir les lignes directrices applicables globalement pour rendre compte
des performances économique, environnementale, et sociale, initialement
pour des sociétés et par la suite pour n'importe quelle
organisation gouvernementale, ou non gouvernementale. La mission
assignée à la GRI est de rendre la performance sociétale
aussi crédible et importante que la performance financière. La
GRI est avant tout une association de multi partie prenantes (experts
d'entreprises, syndicats, ONG, cabinet de comptabilité et d'audit.
Aussi, la GRI a publié en 2006, une nouvelle version de son cadre
conceptuel (lignes directrices ).Celle-ci traduit une évolution vers une
normalisation plus précise et plus centrée vers les attentes des
investisseurs et des agences de notation extra financière même si
le discours général tend à affirmer que les attentes des
parties prenantes restent au coeur de leur démarche. Nous pouvons
étayer cette affirmation en prenant pour exemple le GR1 du cadre
conceptuel qui établit deux règles et principes : les principes
régissant le contenu du rapport, et les principes de la qualité
de l'information :
1. les principes régissant le contenu du
rapport :
INCLUSIVITE : inclure l'ensemble des parties
prenantes identifiées et répondre au mieux à leur
attentes
PERTINENCE ET MATERIALITE (nouveauté dans la
version 2006) : les questions traitées dans le rapport sont
suffisamment pertinentes pour répondre aux attentes des utilisateurs;
la matérialité indique le seuil à partir
duquel une question atteint une importance suffisante, elle permet
d'évaluer la priorité relative des questions et indicateurs.
CONTEXTE DE DEVELOPPEMENT DURABLE :
L'entreprise doit restituer ses performances économiques
par rapport à la durabilité sociale et environnementale au niveau
national local ou mondial.
EXHAUSTIVITE :
Relativement au domaine couvert , prise en compte de la dimension
temporelle(impact dans le temps de ses activités) .
2. principes sur la qualité de l'information
:
Elle fait référence au cadre conceptuel de
l'IASB.
Equilibre, exactitude, comparabilité, opportunité,
clarté, assurabilité, (auditabilité)
Source : le référentiel GRI, 2006
v Limites du référentiel GRI
Une dominance anglo-saxonne
Capron ( RSE, la découverte, pp105) souligne le fait
que la structure du référentiel est marquée par celle des
standards comptables anglo-saxons. Cette dominance anglo-saxonne est d'autant
plus visible au sein du cadre conceptuel.
Limite au principe de
matérialité
Le principe de matérialité oblige à
adopter une hiérarchie, un classement des critères de
performance. On peut légitimement se demander comment est établie
cette hiérarchie. Il ets évident que la majorité des
entreprises en choisissant comme cible privilégiée les
investisseurs, hiérarchiseront leur enjeux en fonction des risques
clés et des opportunités pour la performance
économique.
Panorama sur les pratiques
européennes
L'obligation réglementaire d'établir un «
rapport environnemental » existe dans différents pays
européens. Ce rapport prend la forme d'un tableau de bord
environnemental au Danemark et d'un rapport de développement durable en
Norvège. Aux Pays-Bas, les entreprises doivent rédiger deux
rapports, un premier pour l'administration et un second pour le grand
public.
La France apparaît comme un précurseur en
instaurant un décret le 8 décembre 1977 sur obligeant la
publication du bilan social pour les entreprises de plus de 300 salariés
puis en publiant la loi NRE en 2002.
v La Nouvelle Réglementation Economique (Loi
NRE) : une obligation d'information pour les sociétés
cotées
En France, le reporting social a été rendu
obligatoire par la loi NRE publiée le 15 mai 2001. C'est notamment
l'article 116 de cette même loi qui fixe le contenu des rapports annuels
publiés par les SA et les SCA. Désormais, les
sociétés françaises cotées en bourse ont
l'obligation de fournir l'ensemble des informations relatives « de la
manière dont elles prennent en compte les conséquences
sociales et environnementales de leur
activité » dans la publication de leurs rapports annuels (cf
extrait de l'article 116, loi 2001-420 en annexe). Le décret
d'application du 20 février 2002 fournit en détail la liste des
informations à publier d'ordre quantitatif et qualitatif :
-les émissions de gaz à effet de serre,
- le territoire,
-l'égalité professionnelle hommes/ femmes,
-l'insertion des personnes handicapées.
-informations relatives aux plans de restructuration
L'objectif de cette réglementation vise à
réduire l'insuffisance de régulation par le marché et des
pratiques volontaires. L'adoption de cette législation a
constituée une grande avancée pour la prise en compte des impacts
sociaux et environnementaux de l'activité de l'entreprise et à
permis à la France de devenir le premier pays à exiger un
reporting global (sur les trois piliers) aux entreprises cotées.
- 1er groupe : les informations «
sociales internes » ( les effectifs, formation, hygiène,
sécurité, parité, handicapés, etc.),32
informations
- 2ème groupe : l'impact territorial de
l'activité (filiales, sous-traitants, lien au territoire, soit 8
rubriques)
- 3 ème groupe :
l'environnement (28 rubriques).
Après avoir souligné les avantages de cette loi il
convient de mettre en avant les limites non moins importantes ; aspect que
nous vous proposons d'aborder dès à présent
v Limites de la NRE et propositions
Le principal inconvénient que porte la loi NRE est
celle de la sincérité et de la fidélité des
informations fournies. En effet, aucune obligation n'est prévue
qu'en a la vérification des informations sociétales contrairement
aux données financières et comptables. On peut donc s'interroger
sur la légitimité d'instaurer la création d'un audit
social légal garantissant la qualité de la publication des
informations sociétales transmises par les grands groupes si celle -ci
n'est pas en fin de compte vérifiée.
En outre, s'ajoute le fait que pour la majorité des
informations requises les entreprises disposent d'une grande latitude pour
définir les indicateurs représentant les domaines à
renseigner. Le périmètre de reporting de ces
informations n'étant pas spécifié, les grandes entreprises
peuvent faire une déclaration minimale de ces informations.
De plus, la loi n'a pas de caractère contraignant dans
la mesure où elle ne prévoit pas de sanctions en cas de non
application de ces informations.
Enfin, un bilan d'application de l'article 116 de la loi NRE
souligne les difficultés matérielles de mis en oeuvre, les
problèmes de pertinence de l'information lié à la
multiplicité des destinataires.
b. La vérification de l'information sociétale
: un moyen de renforcer la crédibilité du reporting
sociétal.
L'une des principales limites qui nous vient à l'esprit
est celle concernant la certification des informations sociétales
produites et diffusées par les entreprises. Comment s'assurer de la
véracité des informations produites en interne ? Existe t'il des
moyens d'en mesurer l'authenticité et la fiabilité par rapport
à la réalité existante, « un audit de
l'information sociétale? »? En d'autre termes comment peut-on
crédibiliser le reporting social?
En effet, certains travaux démontrent une
sur-valorisation des informations négatives par rapport aux informations
positives publiées (Chan & Milne, 1999), ce qui traduit un doute
manifeste quant à la fiabilité des informations favorables
communiquées.7(*) En
effet, les entreprises diffusent en priorité les informations
susceptibles d'accroître leur valeur (Verrecchia, 1983) c'est à
dire les rapports financiers. Par conséquent, le caractère
essentiellement volontaire du reporting sociétal laisse supposer qu'il
résulte d'une décision stratégique dans la politique de
communication, visant à faciliter l'appréciation de la valeur
globale de l'entreprise par les investisseurs.
Dans l'optique de garantir la transparence
des données publiées sur la façon dont elles prennent en
compte les dimensions sociétales de leur activité les entreprises
se doivent en principe d'effectuer un audit des informations sociétales.
Ainsi, tout comme l'audit financier est considéré comme
étant le garant de la fiabilité des informations
financières, la vérification des informations sociétales
est-elle supposée pouvoir jouer un rôle équivalent. Selon
Géraldine RIVIÈRE-GIORDANO8(*) « l'audit » de ces informations
signifie que « les informations publiées doivent
être contrôlées, dans leur ensemble, par la
mise en oeuvre d'une procédure normée et par
référence à des principes professionnels
clairement établis. ». Il serait donc
erroné d'assimiler les formes de contrôle de l'information
sociétale au grade « d'audit » et
préférable de parler de vérification des informations
sociétales. Les premières lignes directrices de la Global
Reporting Initiative (GRI), publiées en juin 2000, réaffirment
elles-mêmes cette nécessité en soulignant que la
vérification des rapports de développement durable est un
déterminant de la crédibilité et de la qualité du
reporting.
Cette pratique présente cependant des
inconvénients. D'abord elle représente un coût,
à la fois financier mais aussi en terme
d'image puisqu'il est susceptible de ternir l'image de
l'entreprise si les résultats ne sont pas convaincants. De plus, la
difficulté d'auditer les informations environnementales tient du fait
que contrairement à l'information financière, il n'existe pas de
principes de reporting généralement admis. La mission de
vérification consiste donc seulement à apprécier le niveau
de conformité des informations diffusées aux seuls
critères proposés, tels que ceux énoncés par le
décret n° 2002-221 du 20 février 2002-6 en application de la
loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) ou les lignes
directrices de la Global Reporting Initiative (GRI).
4. LE RAPORT SOCIETAL, UNE COMPOSANTE DE LA
STRATÉGIE DES ENTREPRISES ?
a. L `articulation responsabilité sociale,
performance sociale et performance financière : vers une
performance globale de l'entreprise ?
Les stratégies de RS des entreprises reposent en
principe sur le postulat d'une convergence entre les performances de
l'entreprise et la valeur ajoutée créée pour les parties
prenantes tant sur la plan social qu'environnemental (Capron, 2008). La
comptabilité sociale peut légitimement être perçue
comme une tentative pour manipuler l'environnement9(*), pour donner une image de marque
favorable à l'entreprise et par conséquent la réduire
à une simple action promotionnelle de communication destinée
à favoriser la marche des affaires ; ce que ne manquent d'ailleurs pas
de faire valoir les consultants qui proposent leur assistance pour
l'élaboration des rapports sociaux et environnementaux.
Depuis ces dernières années, la question de la
RS de l'entreprise a fait l'objet de nombreux développements
théoriques dans le cadre du volet stratégique autour de
l'articulation entre RS, performance sociale et performance financière.
Les entreprises adoptent un comportement socialement responsable
au-delà des minimaux légaux et s'engagent dans cette
démarche volontaire parce qu'elles jugent qu'il y a un
intérêt à long terme. La RS implique comme on a pu le voir
la prise en compte de ces groupes d'acteurs et donc suppose selon Padioleau
(1989) que l'entreprise réagisse aux demandes sociales et
environnementales qui émanent de son environnement. Selon Hillman et
Keim (cité par Persais en 2002), la prise en compte des
intérêts des parties prenantes constitue une condition sine qua
non de la réussite de l'entreprise. Par ailleurs, selon Friedman
(1970), certains auteurs tiennent une vision minimaliste de la
responsabilité sociétale, laquelle se limite à la
maximisation du profit pour l'actionnaire : « a corporation's
socialresponsibility is to make profit ». À l'inverse certains
tenants de l'approche des parties prenantes suggèrent que la RSE
intègre au-delà de la dimension financière de
l'entreprise, une dimension sociale et environnementale dans les objectifs
stratégiques de l'entreprise.
De plus, aborder la RS en termes de coût suppose que
l'on puisse la chiffrer. D'ailleurs, Meek et al. (1995, p556) affirment que les
entreprises divulguent des informations volontaires lorsque les
bénéfices attendus excédent les coûts directe et
indirects. De même que l'analyser en termes d'investissement laisse
envisager que l'on puisse la mesure en termes de rentabilité.
L'entreprise espère donc un retour sur investissement, ou pour le
moins, une valeur ajoutée qui soit mesurable. Dés lors nous
pouvons dégager un concept de performance sociétale qui
constitue un instrument de mesure de la performance des entreprises sur les
dimensions extra-financières (Gond, 2001).Des études empiriques
telles que celles analyser par Griffin, Mahon (1997) et d'Arcimoles Trebucq
(2002), sur les interactions entre la performance sociale et environnementale
de l'entreprise (corporate social performance) et la performance
financière (corporate financial performance) ne permettent pas
aujourd'hui de conclure quant à l'existence d'une relation stable et
générale entre les deux types de performance. Néanmoins,
Husted et Allen (2001) avancent que la stratégie sociale et
environnementale associée à la stratégie de l'entreprise a
un impact sur la création d'un avantage compétitif de la firme.
Cette analyse s'appuie notamment sur la théorie des ressources et
particulièrement sur l'importance des ressources intangibles telles que
le savoir-faire (Teece, 1980), le capital humain, le capital social, la
réputation (Hall, 1992).
b.Le rapport sociétal, un outil
stratégique ?
Au-delà de son rôle en matière de
communication, le rapport sociétal est un outil de pilotage
stratégique. Sa rédaction s'accompagne d'un test et d'une
adaptation de la stratégie de l'entreprise à son environnement
et aux contraintes aux quelles elles s'exposent (diagnostic stratégique
et environnement macroéconomique). En effet, on constate une
évolution des contraintes réglementaires en matière de
protection des salariés (contre la précarité, etc...) et
de l'environnement qui poussent sans cesse les entreprises a revoir leur plan
stratégiques et à considérer en permanence ces contraintes
législatives. Le rapport sociétal constitue une sorte de bilan
qui permet à l'entreprise de définir les enjeux d'une
démarche sociétale, de mettre en évidence les attentes des
parties prenantes, de faire apparaître les leviers d'action ainsi que les
facteurs de progrès de l'entreprise et du bien être de ses
collaborateurs, de prendre des engagements sur le long terme. En outre, ce
rapport sensibilise les collaborateurs sur leurs responsabilités face
à l'atteint des objectifs stratégiques. Le rapport
sociétal sert à véhiculer les valeurs de l'entreprise,
tant en externe qu'en interne. On entend par valeurs des normes, conventions ou
règlent qui conditionnent les comportements des employés dans
l'entreprise. Le RSE contribue à la perception de l'image et de la
notoriété des entreprises auprès des consommateurs, et
ceci est d'autant plus manifeste que des consommateurs fidélisés
le sont notamment au nom des valeurs de l'entreprise. Le RSE se
révèle donc être un outil puissant de diffusion et
fidélisation des valeurs, dans une société de plus en plus
sensible aux considérations morales et environnementales. D'ailleurs,
nous retrouvons souvent cette référence aux valeurs dans tous les
discours des dirigeants.
Par ailleurs, les actions de RS peuvent être
qualifiées de réactives ( Capron, 2008) -on parle de
stratégie réactive- lorsqu'elles sont provoquées par des
risques qui menacent la pérennité de l'entreprise (par exemple,
Nike a été dénoncé en 1992 pour des conditions de
travail laborieuses dans les sweatshops chez ses sous traitants) ; mais
également de proactives (Capron, 2008) -on parle de stratégie
proactive- lorsqu'elles émanent des initiatives volontaires des
dirigeants et affirment la convergence de la performance financière et
socio environnementale de l'entreprise. Toutefois les actions de
responsabilité sociétale des entreprises se manifestent
concrétement par la volonté d'intégrer la
responsabilité sociétale dans l'outil de production, la recherche
d'un processus de certification et labellisation gage de confiance ou encore
dans des outils de contrôle de gestion (« tableau de bord
vert »).
c.Les déterminantes de l'information
sociétale
L'article de Damak Ayadi S. (2006)10(*), apporte des conclusions quant
à plusieurs études qui ont analysé l'influence de
certaines déterminantes sur les pratiques de RSE.
v Facteurs internes
-Culture d'entreprise et éthique des
dirigeants : On vise ici la perception de la notion de
responsabilité sociétale par les dirigeants et par l'entreprise
plus généralement. On peut supposer que plus les dirigeants
seront sensibles aux préoccupations sociales et environnementales plus
ils auront tendance à diffuser de l'information sociétale.
v
-La taille (mesurée par le chiffres d'affaires,
le nombre d'employés...) : Plus l'entreprise est grande, plus elle
est visée et essai de multiplier les moyens de communications ( Gray et
al. 1995, Adams et al. 1998). On peut donc supposer que la taille a une
influence positive sur la publication des rapports sociétaux.
-Le degré d'internationalisation de
l'activité : L'entreprise engagée dans une
activité mondiale s'adresse à un public plus large et est soumise
à des pressions plus fortes. On peut alors poser comme hypothèse
que le degré d'internationalisation a une influence positive sur la
publication des rapports sociétaux.
-La performance économique : Les
études portées sur la relation entre la performance
économique et la diffusion d'informations sociétales ont
mené à des conclusions contradictoires. En effet, la diffusion
d'informations sociétales représente à la fois un
coût et un avantage potentiel futur. Néanmoins, on supposera que
la performance économique a une influence (positive ou négative )
sur la publication des rapports sociétaux.
v Facteurs externes
-La réputation du secteur
d'activité : Plus le secteur d'activité est
réputé être sensible aux problèmes sociaux et
environnementaux plus les entreprises ont tendance à publier les
rapports sociétaux. Par exemple, la santé touche d'avantage les
secteurs agroalimentaires et pharmaceutiques, l'environnement touche d'avantage
les secteurs industriels (Hackston et Milne 1996, Ness et Mirza 1991, Gray et
al. 2001).
-L'influence des parties prenantes :
Conformément à la théorie de la légitimité
et celle des parties prenantes, on pose comme hypothèse que les
pressions des parties prenantes ont une influence positive avec la publication
des rapports sociétaux.
D'après l'étude de Damak Ayadi, il est possible
de dégager certaines variables explicatives à la diffusion des
rapports sociétaux ; se sont les déterminantes
précédemment étudiées. Néanmoins cette
étude se heurte aux limites de la théorie positiviste. A l'image
de la micro économie, peut-on réduire l'entreprise à une
équation mathématique voire à un investissement? Nous
pensons que la problématique de la responsabilité
sociétale de l'entreprise s'inscrit dans une rupture de cette conception
traditionnelle et offre une représentation de l'entreprise comme un
acteur social et responsable.
II. LA CONTINGENCES DES PRATIQUES DE L'INFORMATION
SOCIETALE ?
Cette seconde partie est consacrée à l'analyse
des informations sociétales contenues dans les divers rapports
publiés (rapports annuels, bilan social, rapport de développement
durable) au sein d'un échantillon de 15 grands groupes internationaux
appartenant volontairement à des secteurs d'activités très
diverses (distribution, automobile, santé, transport aérien,
luxe..). En effet, notre objectif est de relever quelles sont les pratiques
communes aux groupes relativement de même taille et appartenant à
même secteur (privilégieront-ils les indicateurs relatifs aux
données environnementales, sociales....). En outre, nous
préciseront aussi que les rapports sociétaux sur lesquels nous
avons travaillés datent de 2007.
Nous étudierons comment les discours s'adaptent aux
différentes parties prenantes (grandes entreprises subissent plus de
pression face à leur envergure internationale), quelles sont les
différents thèmes qui sont abordés dans le cadre d'une
approche contingente à divers facteurs tels que la taille, le secteur,
le degré d'internationalisation. Par ailleurs, il s'agira de voir si les
groupes respectent les contraintes réglementaires spécifiques
à la publication des rapports sociétaux. Nous avons pour cela
étudié les rapports annuels ainsi que les rapports
sociétaux publiés sur les sites internet de ces organisations. Le
tableau ci-joint résume l'ensemble des entreprises que nous allons
étudier ainsi que leur milieu spécifique (taille,
nationalité, chiffre d'affaires, ...)
Milieux spécifiques des groupes
ciblés
|
Raison sociale
|
Métier/Activité
|
Nationalité
|
Statut juridique
|
Implantation
|
Taille
|
CA
|
Résultat net
|
Slogan
|
Lafarge
|
Production de matériaux de construction
|
France
|
SA
|
Mondiale
|
90 000 (2007)
|
17,6 Mds € (2007)
|
1,9 Mds € (2007)
|
"Les matériaux au coeur de la vie"
|
Danone
|
Production industrie agroalimentaire
|
France
|
SA
|
Nationale
|
76 000 (2008)
|
12,8 Mds € (2007)
|
4,2 Mds € (2007)
|
« l'équilibre et la
santé »
|
L'Oréal
|
production Cosmétique & beauté
|
France
|
SA
|
Mondiale
|
60 851 (2007)
|
17 Mds € (2007)
|
2,6 Mds € (2007)
|
« Parce que vous le valez bien »
|
Total
|
Production& raffinage d'énergie
|
France
|
SA
|
Mondiale
|
112 303 (2007)
|
180 Mds € (2008)
|
13,9 Mds € (2008)
|
« Pour vous, notre énergie est
inépuisable»
|
PSA Peugeot
|
Constructeur automobile
|
France
|
SA
|
Mondiale
|
|
-343 M
(2007)
|
54,356 M€
(2008)
|
|
Carrefour
|
Grande distribution
|
France
|
SA
|
Mondiale
|
490 082
(2007)
|
82,1 Mds€
(2008)
|
2, 299 Mds€
(2007)
|
|
RAJOUTER TABLEAU NADIA
Nous structurerons ainsi notre analyse : dans une
première partie nous analyserons la structure des rapports
sociétaux, puis nous verrons quels sont les facteurs de contingence qui
déterminent les indicateurs et les thématiques utilisés.
Enfin, nous analyserons quels sont les récepteurs
privilégiés des rapports sociétaux et étudierons la
problématique de la qualité de l'information sociétale.
1. STRUCTURE DES RAPPORTS SOCIETAUX
a. La diversité des supports de diffusion des
rapports sociétaux
v Quelques constats de base:
ü Les rapports sociétaux étudiés
vont d'une quinzaine de pages (le cas de LVMH) à plus d'une centaine de
pages Danone, Peugeot, etc).
ü Les groupes diffusent 1 à 2 rapports
sociétaux. Lorsque le groupe diffuse 2 rapports sociétaux l'un
est intégralement dédié aux indicateurs de performance
(par exemple Danone, Total, Carrefour, etc.).
ü Il y a un consensus général en
matière de diffusion d'informations sociétales. La diffusion
d'information concerne à la fois la dimension environnementale, sociale,
l'éthique mais avec une importance diverse selon les entreprises.
Dès lors, nous remarquons qu'il existe une
diversité en matière de diffusion de l'information
sociétale. Il ya des leaders de diffusion de l'information
sociétale tels que Peugeot/PSA, Suez ou Lafarge qui publient
systématiquement un rapport de développement durable et d'autres
qui diffusent beaucoup moins (LVMH).
v Le multilinguisme
Globalement les groupes publient leurs rapports
sociétaux en plusieurs langues. Ouverts à l'international, ces
groupes s'adressent à des clients, des collaborateurs et fournisseurs
répartis partout dans le monde. Cette publication sous des langues
diverses (les plus utilisées étant le français, l'anglais
et l'allemand) n'est pas anodine car elle témoigne de l'ouverture de
l'entreprise au monde extérieur et de leur volonté de prendre en
compte leurs parties prenantes à l'échelle internationale. Ce
phénomène est encore un exemple qui témoigne de la
stratégie de communication des entreprises.
àLe multilinguisme apparait comme un symbole
d'ouverture vers les parties prenantes du monde entier même s'il
représente un coût.
v Le poids d'internet
Par ailleurs, nous avons constatés qu'une grande
majorité des groupes tels que Carrefour ou Danone utilisent uniquement
le support de diffusion électronique. Dans un contexte de
démocratisation de l'informatique et d'internet plus
particulièrement, ce mode de diffusion apparaît comme plus
pratique en permettant au groupe d'afficher pleinement ses politiques et ses
resultats en matière d'écologie. Plusieurs des entreprises de
notre échantillon consacre d'ailleurs des pages web spécifiques
à leur actions au sein de la responsabilité sociale.
Néanmoins, il se cache derrière cette pratique un enjeu de
coût. Il est beaucoup moins coûteux de mettre à disposition
les rapports sociétaux sur le site que des les éditer et les
envoyer aux utilisateurs par exemple.
à Le mode de diffusion électronique
prédomine et apparaît comme un mode de diffusion pratique (mise
à disposition d'informations en temps réel) mais surtout un
support de diffusion économique.
b. Le message du président : symbole
éthique ou rituel ?
Les rapports sociétaux à l'image des rapports
annuels commencent par le message du président (général,
du directoire et/ou du conseil d'administration). Nous avons jugé
opportun de nous intéresser au message du président, dans la
mesure où il fixe la philosophie du rapport, les intentions du
management et la vision de l'entreprise. Heinze (1976) souligne l'importance de
la personnalité du dirigeant et indique que « les bons
dirigeants sont ceux qui rendent les entreprises profitables et ces dirigeants
ont également conscience de la responsabilité sociale de
leurs entreprises, conduisant celles-ci vers une plus grande implication
sociale. [...] l'implication sociale des entreprises est beaucoup plus
fonction des attitudes et buts des dirigeants que de critères financiers
» .
L'environnement et le social sont-il réellement
intégrer à la stratégie de l'entreprise ? Dans le
cadre de notre étude nous avons analysé les différents
messages de la direction et sélectionner les mots et ou/ expressions
clés.
Ainsi nous avons pu remarquer que globalement le message du
président est présent dans tous les rapports sociétaux en
guise d'avant propos. Nous ne retrouvons pas au fur et à mesure de la
lecture des rapports d'autres messages du président. Aussi, nous avons
noté que l'ensemble des messages se focalisaient d'une part sur la
performance financière de l'entreprise mais aussi sur la
responsabilité sociétale comme inéluctable et faisant
partie intégrante de la stratégie de l'entreprise. Alors que les
groupes industriels se focalisent sur les impacts environnementaux de leur
activité, les groupes de distribution accordent plus d'importance au
social. Par ailleurs, tous les rapports sociétaux font
référence au développement durable à l'exception de
Casino ; c'est sans doute parce qu'il s'agit de la problématique la
plus médiatisée à l'heure actuelle.
Aussi, certains groupes n'hésitent pas afficher
l'importance voire l'omniprésence de la performance financière,
tels que le groupe Peugeot PSA ; aspect qui nous est apparu d'autant plus
choquant que le rapport sociétal se veut par essence approcher une
mesure de la performance plus qualitative et moins axée sur la situation
financière du groupe. Or cet aspect, en l'occurrence dans le rapport de
responsabilité sociétale de Peugeot PSA n'a été que
très peu souligné. Quelle est alors l' utilité du rapport
sociétal ? Un outil complémentaire à l'approche de la
performance financière du groupe ou un outil à part
entière spécifique à la dimension sociétale de la
performance de l'entreprise ?
Enfin à l'exception de certains messages tels que celui
du Groupe Lafarge, le concept de partie prenantes (supposées être
les destinataires des rapports) est très peu mentionné.
« Lafarge s'efforce de jouer un rôle de leader en
encourageant l'implication des parties prenantes externes, le débat et
la promotion de positions progressistes sur les questions relatives aux
entreprises ou à notre secteur. Nous pensons que toute autre attitude ou
position est vouée à l'échec », affirme Brunot
Lafon, PDG du Groupe Lafarge. On peut donc se demander qui sont les
destinataires privilégiés des rapports sociétaux
Néanmoins, même si les parties prenantes ne sont pas clairement
identifiées dès le message du président, le rapport
sociétal les placent au centre de leur priorité. C'est d'ailleurs
ce que nous allons analyser dés à présent.
2. FACTEURS DE CONTINGENCES, THÉMATIQUES ET
INDICATEURS
a. Thématiques et indicateurs
La grille suivante propose de façon
détaillée l'ensemble des thématiques abordées par
notre échantillon d'entreprise.
Principales thématiques abordées
|
|
Lafarge
|
Total
|
Peugeot
|
Danone
|
L'Oréal
|
Carrefour
|
Sanofi-Aventis
|
Air France
|
Véolia
|
Casino
|
LVMH
|
Saint Gobain
|
Suez
|
Renault
|
Social et Sociétal
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Emploi
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Droits de l'Homme
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Conditions de travail
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Relations sociales
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Etat et collectivité
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Ethique
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Protection de l'enfance
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Education
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Insertion handicapés
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Humanitaire
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Environnement
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Effet de serre
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Milieux naturels
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Recyclage
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Qualité de l'eau
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Utilisation de ressources
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Transport
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émission de CO2
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traitement des déchêts
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énergie naturelles
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qualité des produits
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Parties prenantes
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ONG environnementales
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industries du secteur
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Clients
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Salariés
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institutions locales
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Actionnaires
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Fournisseurs
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Gouvernance
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Il convient de noter que depuis les grands scandales
financiers dont l'affaire Enron, un grand regard est mis sur la gouvernance et
les valeurs des entreprises. Les groupes sont incités à diffuser
de l'information sur la manière dont ils assurent leur gouvernance pour
s'assurer une légitimité vis-à-vis des tiers.
Exemples d'indicateurs de mesure de la performance
sociétale
Indicateurs sociaux
|
Indicateurs environnementaux
|
Autres indicateurs
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-Salariés CDD/CDI
-Temps partiel/plein
-Recrutements/Démissions
-Nombre d'heures moyen de formation
-Nombre de postes créés
-% de salariés handicapés
-Taux de fréquence des accidents de travail
-Taux de mortalité parmi les salariés
|
-Consommation d'eau
-Consommation d'énergie
-Consommation de matières premières (autres que
l'eau et l'énergie)
-Volume de recyclage (eau et produits)
-Emission de gaz à a effet de serre
-Budget R & D
-Certification ISO
|
-Indicateurs économiques (CA,
bénéfices...)
-Données relatives aux clients et fournisseurs
-Données relatives aux produits et services
|
Les indicateurs présents dans les rapports
sociétaux sont autant qualitatifs que quantitatifs. Le
poids des indicateurs chiffrés est très
important car il permet de souligner les progrès quantitatifs de
l'organisation dans des domaines variés (le social et/ou
l'environnement).
Dans son rapport annuel, LVMH consacre une page entière
aux données sociales (investissement en formation, masse salariale,
âge médian des salariés, nombre d'embauches..) ; comme
le montre la page issue de son rapport annuel ci-dessous.
Cependant, nous tenons à souligner le fait que les
données chiffrées concernent surtout des données relatives
aux ressources humaines alors que celles liées à
l'écologie sont moins importantes et de nature plus qualitative. Quel
que soit le support utilisé (rapport annuel ou de développement
durable), il en ressort que les entreprises de notre échantillon
privilégient une information littérale et non pas
monétaire, quantitative et ce, qu'il s'agisse de l'information
environnementale, celle relative aux ressources humaines ou à la
qualité des produits. Dans son rapport de développement durable,
Air France se limite à ne fournir qu'un seul graphique relatif à
ses rejets de CO2, alors que du fait de son activité, on pourrait penser
que ces données chiffrées soient quantitativement plus
présentes. Renault quand à lui ne publie aucune information de ce
type mais se contente de fournir des objectifs de lutte de réchauffement
climatique, de réduction de CO2 et de réaffirmer leur engagement
dans ce domaine. Le faible nombre de mesures chiffrées relatives aux
impacts environnementaux de l'entreprise pourrait être lié
à la difficulté de les mesurer fiablement.
Lafarge , dans son rapport de développement durable
s'est inscrit dans l'innovation en proposant aux lecteurs un tableau que l'on
peut assimiler à un tableau de bord social précisant les
objectifs fixés par l'entreprise, l'échéance prévue
ainsi que le degré d'atteinte des objectifs à l'heure
actuelle.
La principale critique que nous pouvons cependant porter
à cette initiative est l'absence de « mauvaises
nouvelles ». Est ce signe de très bonne performance de Lafarge
ou alors d'un oubli....volontaire.
b. Les facteurs de contingences à la publication
d'information sociétale
v L'hypothèse éthique
Les entreprises ont intégré le fait que
l'éthique est un des points fondamentaux pour que l'activité
reste pérenne et signe d'une activité responsable de
l'organisation. Celle-ci reste affichée de manière très
importante dans les rapports annuels.
EntreprisesMessage d'éthique
« Sanofi-aventis agit de façon
éthique et responsable pour être un partenaire de santé,
aujourd'hui et demain ».
Total se dote d'un comité éthique
« Responsabilité, éthique, respect
des droits de l'homme, intégrité,transparence sont autant de
principes qui guident le Groupe dans ses activités. TOTAL a
décliné ces engagements issus des textes fondamentaux dans ses
politiques et s'assure de leur mise en oeuvre.»
|
|
Nous avons constatés que la majorité des
entreprises de notre échantillon se dotaient d'un comité
éthique et d'une structure chargé de développement durable
au sein de leur organisation (Air France, Lafarge, Casino...).
v L'hypothèse du secteur
d'activité
Les secteurs d'activités présentant une forte
exposition environnementale font attention de manière accrue à la
publication des informations sociétales et seraient les plus producteurs
d'informations sociétales. Nous avons mis en corrélation le
secteur d'activité et le nombre de pages dédiées à
l'information sociétale au sein des rapports annuels. En outre nous
avons pris le soin de vérifier quelles étaient les entreprises
qui publiaient en ligne un rapport de développement durable.
Nous avons ainsi remarqué que les entreprises
présentes sur un secteur d'activité considéré comme
polluant [celles dont l'activité principale est d'exploiter des
ressources naturelles, telles que Lafarge, Saint Gobain , Total] ou dont
l'activité détériore l'environnement [ Air France,
Renault] ou ayant un impact sur la santé publique [ Danone, Sanofi
Aventis] démontrent un engagement plus important en matière de
publication de l'information sociétale. D'ailleurs, certaines d'entre
elles publient même un rapport de développement durable en plus
des éléments fournis au sein du rapport annuel. Cependant, il
faut souligner que les entreprises pétrolières et de transport
(telles que Lafarge, total, Renault, Air France, volia..) insisterons plus sur
des indicateurs de progressions environnementaux (rejets de CO2,
énergies renouvelables voitures propres..) alors que celles appartenant
au secteur de la santé (Danone, sanofi aventis) insistent plus sur des
indicateurs sanitaires (qualité nutritive, qualité du produit,
bioéthique).
A l'opposé, on peut remarquer que les secteurs moins
portées par les thématiques environnementales et sanitaires
attachent moins d'importance à l'information sociétale au sein de
leur rapport annuel avec une moyenne de 6 pages en se limitant au strict
minimum de l'information obligatoire (L'Oréal, LVMH, Casino). Les
entreprises vulnérables sont donc plus généreuses en
matière de diffusion de l'information sociétale. Cette
hypothèse nous semble donc vérifiée.
v L'hypothèse de visibilité de
l'entreprise
Par le terme visibilité nous sous entendons le
degré d'internationalisation et en conséquence la taille de
l'organisation. Le graphique ci dessous met en relation le niveau
d'implantation de notre échantillon d'entreprise dans le monde. Trois
catégories d'entreprises se distinguent :
- les entreprises ayant tune forte implantation en
France ;
- celles ayant un fort ancrage en Europe ;
- et celles très internationalisées.
Degré d'internationalisation « Hors
France et hors Europe » à partir de la localisation des
effectifs et du chiffre d'affaires11(*)
Source : rapports annuels 2004
Cet enjeu est ainsi souligné par le PDG de Véolia
lors de la lettre de la présidence du bilan social 2007 :
« Nous avons placé, en tête de nos
préoccupations et de nos efforts, le respect de la diversité de
nos collaborateurs, richesse d'autant plus nécessaire à
l'entreprise que nous nous développons partout dans le monde, au contact
des cultures et des modes de vie extrêmement variés. Proches des
populations que nous servons, il importe que nos collaborateurs construisent
des projets conformes à des attentes dont les exigences sont à la
fois planétaires et locales. C'est là l'une des forces de notre
modèle d'entreprise. » (Henri Proglio- PDG)
3. LA STRATÉGIE DE COMMUNICATION DES
GROUPES
a. Utilisateurs privilégiés
La publication de l'information sociétale relève
certes d'une volonté de l'entreprise de rendre des comptes sur l'impact
de son activité sur l'environnement mais demeure cependant et avant tout
un outil de communication institutionnelle « redorant »
l'image de l'entreprise vis à vis des parties extérieurs. Ainsi,
les entreprises n'hésitent pas à afficher les différentes
distinctions qu'elles ont reçues de la part de différentes ONG
pour leur comportement responsable. C'est ce que fait le Pdg de Sanofi-Aventis
:
« Notre démarche a été
récompensée en 2007 par l'intégration du Groupe dans le
« Dow Jones Sustainability World Index », qui est
décerné aux meilleures entreprises en termes de
développement durable. C'est la reconnaissance des engagements du
Groupe, déjà présent dans les principaux indices de
notation.»
De plus, les rapports annuels que nous avons
étudiés mettent tous en avant la place privilégiée
des parties prenantes. En voici 2 exemples :
« L'écoute des parties prenantes est une
composante clé de la stratégie de développement durable du
groupe, actif de longue date pour connaître les attentes de ses
clients, de ses employés, des riverains de ses implantations, des
experts, des associations, des collectivités locales et des
représentants de la société
civile. »
(Rapport de développement durable , Air France , 2007,
p 56)
On remarque que chez Air France , l'actionnaire n'est pas inclut
dans cette listecontrairement à Lafarge : « Nous nous
engageons à être : le fournisseur privilégié de nos
clients ; l'employeur préféré de nos
collaborateurs ; le partenaire le plus apprécié
des communautés locales et l'investissement
préféré de nos
actionnaires. »
Rapport annuel, Lafarge , 2007, p16
Nous avons constatés que les entreprises s'adressaient
à 6 catégories de parties prenantes :
-les salariés ; « en
matière de protection sociale, le Groupe s'efforce d'assurer à
tous ses salariés, dans la totalité des pays où il est
présent et quels que soient les métiers exercés, une
couverture contre des aléas de la vie »
Rapport annuel Sanofi Aventis,2007
-les clients ; « Dans ses
points de vente, Saint-Gobain contribue à l'information du grand public
sur les enjeux environnementaux. Lapeyre a lancé plusieurs campagnes de
sensibilisation sur le bois et les forêts, animées par la mascotte
« Bilibois » à l'intention des enfants et de leurs
parents. »
Rapport annuel saint Gobain, 2007, p 82
-les collectivités locales ;
« Depuis 2003, Casino a ainsi noué un partenariat
étroit avec la section française d'Amnesty International pour
réfléchir ensemble aux meilleures façons de faire
progresser la prise en compte des Droits de l'homme au sein du Groupe et chez
ses fournisseurs »
Rapport
annuel, Casino, p24
-les fournisseurs ; « La politique
de protection de la santé et de la sécurité s'applique
également « aux employés des sous-traitants dans le cadre de
leurs interventions dans les installations du Groupe et aux
fournisseurs. »
Rapport annuel saint Gobain, 2007, p 82
- les pouvoirs publics ; « Lafarge
extrait chaque année 450 millions de tonnes de minerai et doit pour cela
obtenir des permis de la part des pouvoirs publics et des autorités
locales pour poursuivre ses activités d'extraction. »
Rapport de développement durable Lafarge, 2007
-les actionnaires ; « Renforcer notre
position de leader mondial, être la référence en
matière de management et de développement des marques de
luxe. »
Rapport annuel LVMH, section développement durable,
p55
b. Qualité et fiabilité de
l'information
Il est de bonne pratique de faire auditer les rapports
sociétaux par les « Big four » pour
crédibiliser et fiabiliser les informations relatives à la
performance sociétale aux yeux du lecteur. Par la même, les
groupes n'hésitent pas à présenter les modalités de
collecte de l'information et de consolidation de celle-ci : nous entrons
dans une approche de Total Quality Information. C'est dans
cette approche que nous vous proposons l'analyse suivante.
v Sur la question de la collecte de
l'information
Concernant la méthode de remontée des
informations, les groupes se partagent en deux catégories :
-ceux pour lesquels les informations sont saisies sur les
sites eux-mêmes et centralisées directement au niveau du groupe
(Danone par exemple) ;
-ceux qui ont créé un niveau
intermédiaire de validation, qu'il soit zone (pays) ou filiale
(Carrefour.etc)
Néanmoins, il existe une constante à ces
différentes pratiques : le processus de reporting donne lieu
à des échanges d'informations entre les responsables au niveau du
groupe et les responsables du reporting dans les filiales ou Business Unit.
v Sur la question de la
consolidation
Il se pose aussi la question du périmètre de
couverture des données sociales. Faut-il prendre en compte toutes les
filiales ? Uniquement les filiales intégrées au
périmètre de consolidation financière ? La pratique
la plus courante est de centraliser les données sociales des filiales
entrant dans le périmètre de la consolidation financière
en intégration globale (plus de 50% du capital). En effet, la
responsabilité sociale n'a du sens que sur un périmètre
où les groupes ont une responsabilité effective de gestion.
Nous pensons qu'il y a un réel paradoxe
à vouloir rendre compte de pratiques sociales renvoyant à des
cultures et des législations très différentes d'un pays ou
d'une zone à l'autre. La difficulté à faire du
reporting social à l'échelle mondial est à souligner. Il
ne suffit pas d'agréger des indicateurs pour homogénéiser
des pratiques socio-environnementales qui ne disposent pas des mêmes
significations d'un pays à un autre. Ainsi, par exemple, l'arrêt
de travail en cas d'accident du travail ne répond pas aux mêmes
règles en Amérique latine, en Europe et sur le continent
asiatique. Les données s`insèrent dans un contexte social
particulier, à tel point que nous pensons que l'agrégation de
données à l'échelle d'un groupe n'est pas forcément
représentative de la performance sociétale du groupe.
v Sur la question de la qualité de
l'information
Par ailleurs, bien qu'il existe un audit de l'information
sociétale, s'il les indicateurs en soi ne sont pas pertinents il est
difficile de mesure une qualité de l'information. Tous les rapports
annuels de notre échantillon comprennent une attestation des
commissaires aux comptes sur les indicateurs et/ou données
environnementales et sociales fournies dans les rapports comme le
présente l'exemple suivant.
« A la suite de la demande qui nous a
été faite, et en notre qualité de Commissaire aux Comptes
du groupe Air France-KLM, nous avons effectué un examen visant à
nous permettre d'exprimer :
-une assurance de niveau raisonnable sur l'indicateur relatif aux
émissions de CO2 des opérations aériennes du groupe Air
France-KLM de l'année civile 2007 et signalé par le signe v .
-une
assurance de niveau modérée sur les indicateurs environnementaux
et sociaux sélectionnés par le groupe Air France-KLM (les
données) relatifs à l'exercice 2007 et signalés par le
signe v v. » (rapport de commissariat aux comptes air france,
2007,P55).
Cependant, il semble difficile de mesurer une qualité
de l'information sociétale lorsque qu'il n'existe ni principes ni
exigences des utilisateurs, autrement dit lorsqu'il n'existe pas une
comptabilité sociétale. En matière d'informations
sociétales il existe simplement des cadres référentiels de
diffusion de l'information sociétale. Une autre question sous jacente
est alors : mesurer la qualité par rapport à qui et à
quoi ? Certes la loi NRE fixe des obligations de publier certaines
informations12(*) mais
elle ne précise ni la manière dont cela doit être fait, ni
le périmètre de son application ce qui lui est d'ailleurs souvent
reproché.
Nous avons aussi remarqué que de nombreuses
entreprises allaient au delà de la simple obligation de divulguer des
informations sociétales en se dotant d'un comité sur la
responsabilité sociale de l'entreprise ou d'un comité
d'éthique interne à l'organisation. C'est ainsi le cas
de Air France, Sanofi Aventis, Renault, Lafarge....
Enfin, la mesure même des impacts sociaux de
l'activité des groupes est difficile à quantifier, à
cerner. A l'opposé des états financiers où l'analyse
quantitative domine, les rapports sociétaux sont plus dans le
littérature et moins dans la culture duc chiffre. Les dimensions
sociétales de la performance des groupes sont plus de l'ordre du
qualitatif et donc plus difficiles à mesurer. Peut-on, par exemple
mesurer « le bien être » des salariés au sein
de l'entreprise ? Sur quels critères les entreprises se
basent-elles pour parvenir à ces conclusions que nous avons souvent pu
lire dans les rapports sociétaux mais sans preuve légitimement
fondée? L'audit offre certes un gage de fiabilité et une
qualité de l'information mais ne suffit pas à faire des
informations sociétales des informations utiles et pertinentes.
L'absence d'une comptabilité sociétale est sans doute la
problématique de fonds à souligner.
v Communication ou reddition ?
L'ensemble des groupes faisant partie de notre panel sont des
plus avancés en matière de reporting social, ce qui laisse
à penser que la responsabilité société est le fruit
d'une véritable volonté d'intégrer l'ensemble des parties
prenantes à la vie du groupe. Néanmoins, est-ce une
véritable volonté ou un intérêt ? Nous ne
devons pas confondre diffusion et reddition. Derrière l'information
sociétale se cache des motivations et le rapport sociétal vise
avant tout à communiquer autour de la bonne performance
sociétale des groupes qu'à rendre des comptes aux parties
prenantes. En effet, les nombreux rapports d'indicateurs de performance
sociétale, constituant à eux seuls des rapports d'une
cinquantaine de pages voire plus témoignent de cette volonté
à mettre en avant les bonnes performances sociétales des groupes
dans un environnement législatif de plus en plus contraignant. On
pourrait tout simplement évoquer le concept de politique
comptables même s'il n'existe pas à proprement dit une
comptabilité sociétale.
CONCLUSION
Cette étude de terrain a permis de démontrer
l'importance ainsi que les enjeux stratégiques liés liés
à la publication de l'information sociétale.
Malgré que cette pratique ne soit pas récente,
la publication de l'information sociétale est depuis une décennie
passée d'une place marginale dans la préoccupation des
entreprise à une pratique désormais
« tendance » et démocratisée.
Désormais, les entreprises ont pris conscience le fait qu'une croissance
durable suppose exige la prise en compte des besoins des stakeholders
aux attentes variés. Même si cela n'est pas explicitement
affirmé par les entreprises il est facile de se rendre compte à
la lecture des rapports sociétaux que les destinataires les plus
privilégiés parmi tout ceux auxquels s'adresse l'entreprise sont
les actionnaires et les investisseurs.
L'information sociétale est utile car elle permet de
compléter les informations données par la seule
comptabilité purement financière souvent insuffisantes pour
obtenir une vue d'ensemble de l'organisation et orienter les décisions
des investisseurs qui doivent se reposer sur l'appréciation d'une
multiplicité d' indicateurs.
Comme le rappelle justement Black (2003) « ce sont
des indicateurs non financiers qui permettront, mieux que les indicateurs
financiers, de donner un avis sur les potentialités de l'entreprise, son
fonctionnement interne, l'application cohérente de sa stratégie
ainsi que sur l'opportunité ou non de participer à son
capital ».
En utilisant ce type de données les entreprises
montrent qu'elles sont capables de s'auto évaluer et de prendre
conscience de son rôle et de ses responsabilités au sein d'un
environnement multidimensionnel et de plus en plus complexe.
L'analyse de notre échantillon d'entreprise nous a
conduit à émettre plusieurs constatations.
Il est d'abord à noter que la conception d'une
entreprise socialement responsable reste encore très lié pour les
entreprises par des actions en faveur de l'écologie et des ressources
humaines
Par ailleurs, ces informations représentent une
opportunité de communication institutionnelle hautement
stratégique pour les entreprises qui, en s'auto-félicitant pour
leur comportement exemplaire et leur efforts, attendent en retour des
réactions positives de la part d'investisseurs potentiels, du cours
bousier de leurs actions. Ce serait là une piste de recherche
importante.
Boyer en 2002 a ainsi montré l'impact négatif
des licenciements sur la performance boursière et sur la performance
économique des entreprises.
L'inconvénient majeur que nous avons relever et qui
soutient la notion de communication stratégique est le fait qu' aucun
indicateur de mauvaise performance, de mauvaises nouvelles n'ont
été décelés. Est ce une réalité ou
un mythe ?
Nous avons été malheureusement, pris par la
contrainte de temps mais ils nous aurait paru intéressant d'analyser
comment ces entreprises ont intégrés les conséquences de
la crise économique de 2008 au sein de leur rapport sociétal
surtout pour les secteurs d'activités qui ont été
fortement exposés (l'automobile, le transport aérien, la
construction ...).
Cette étude de terrain a permis de démontrer
l'importance ainsi que les enjeux stratégiques liés liés
à la publication de l'information sociétale.
Malgré que cette pratique ne soit pas récente,
la publication de l'information sociétale est depuis une décennie
passée d'une place marginale dans la préoccupation des
entreprise à une pratique désormais
« tendance » et démocratisée.
Désormais, les entreprises ont pris conscience le fait qu'une croissance
durable suppose exige la prise en compte des besoins des stakeholders
aux attentes variés. Même si cela n'est pas explicitement
affirmé par les entreprises il est facile de se rendre compte à
la lecture des rapports sociétaux que les destinataires les plus
privilégiés parmi tout ceux auxquels s'adresse l'entreprise sont
les actionnaires et les investisseurs.
L'information sociétale est utile car elle permet de
compléter les informations données par la seule
comptabilité purement financière souvent insuffisantes pour
obtenir une vue d'ensemble de l'organisation et orienter les décisions
des investisseurs qui doivent se reposer sur l'appréciation d'une
multiplicité d' indicateurs.
Comme le rappelle justement Black (2003) « ce sont
des indicateurs non financiers qui permettront, mieux que les indicateurs
financiers, de donner un avis sur les potentialités de l'entreprise, son
fonctionnement interne, l'application cohérente de sa stratégie
ainsi que sur l'opportunité ou non de participer à son
capital ».
En utilisant ce type de données les entreprises
montrent qu'elles sont capables de s'auto évaluer et de prendre
conscience de son rôle et de ses responsabilités au sein d'un
environnement multidimensionnel et de plus en plus complexe.
L'analyse de notre échantillon d'entreprise nous a
conduit à émettre plusieurs constatations.
Il est d'abord à noter que la conception d'une
entreprise socialement responsable reste encore très lié pour les
entreprises par des actions en faveur de l'écologie et des ressources
humaines
Par ailleurs, ces informations représentent une
opportunité de communication institutionnelle hautement
stratégique pour les entreprises qui, en s'auto-félicitant pour
leur comportement exemplaire et leur efforts, attendent en retour des
réactions positives de la part d'investisseurs potentiels, du cours
bousier de leurs actions. Ce serait là une piste de recherche
importante.
Boyer en 2002 a ainsi montré l'impact négatif
des licenciements sur la performance boursière et sur la performance
économique des entreprises.
L'inconvénient majeur que nous avons relever et qui
soutient la notion de communication stratégique est le fait qu' aucun
indicateur de mauvaise performance, de mauvaises nouvelles n'ont
été décelés. Est ce une réalité ou
un mythe ?
Nous avons été malheureusement, pris par la
contrainte de temps mais ils nous aurait paru intéressant d'analyser
comment ces entreprises ont intégrés les conséquences de
la crise économique de 2008 au sein de leur rapport sociétal
surtout pour les secteurs d'activités qui ont été
fortement exposés (l'automobile, le transport aérien, la
construction ...).
BIBLIOGRAPHIE
· BERLAND N. (2008), Mesure de la performance globale
des entreprises, article de recherche.
· DEJEAN F., GOND J-P, La responsabilité
sociétale des entreprises : enjeux stratégiques et
méthodologies de recherche.
· PERSAIS N., Les rapports. Enjeux et limites
sociétaux, Revue française de gestion 2004/5, n° 152,
p. 167-197.
· CAPRON M., QUAIREL, LANOIZELEE F. (2008), La
responsabilité sociale d'entreprise, Repères.
· FERONE G. (directrice développement durable
VEOLIA, 2009), « Incontournable RSE »,
Sociétal 1er trimestre, pp63-65.
· ACQUIER A., AGGERI F., « Une
généalogie de la pensée managériale sur la
RSE », Revue française de gestion, N°180/2008,
Lavoisier, PP132-152
· RIVIERE G., GIORDANO, « Comment
crédibiliser le reporting sociétal », CCA dec 2007
,Vol 3 n° 2 P127-147.
· SBFIZO S., TREBUCQ,
« Capital humain et Responsabilité sociétale : le
cas de l'information volontaire des entreprises françaises
du SBFIZO » CCA. Mai 2006 , Vol 12 n°1 PP103-124.
· ALBERTOLA E., RICHEZ BATTESTI N., (2008)
« De la responsabilité sociétale des
entreprises », Revue des sciences de gestion, N°
211-212.
· FRANCIOSI C., ITIER S. (2005), Le Reporting social
des Entreprises : un enjeu du dialogue social, Alpha Etudes.
· DAMAK AYADI S. (2006), Analyse des facteurs
explicatifs de la publication des rapports sociétaux en France,
Comptabilité- Contrôle- Audit, tome 12, vol. 2, p. 93-116.
ANNEXES
Annexe 1 : Tableau de synthèse des études
portant sur la théorie des parties prenantes
Etude Variables de l'étudeRésultats de
l'étude
|
Roberts (1992)Pouvoir des stakeholdersLe
pouvoir du gouvernement, des créanciers et des actionnaires est
significativement lié au niveau du reporting social.
|
Henriques et Sadorsky (1999)Engagement de
l'entreprise et perception des managers de l'importance des stakeholdersLes
entreprises à stratégie proactives se distinguent des autres par
l'importance qu'elles accordent aux stakeholders.
|
Henriques et Sadorsky (1996)Pression des
stakeholders et plan environnementalLa formulation d'un plan d'action
environnemental est positivement corrélé par la pression des
clients, actionnaires et du gouvernement, mais négativement par la
presion des groupes de lobbying.
|
Annexe 2 : Tableau de synthèse des études
portant sur la théorie néo-institutionnelle
EtudeVariables de l'étudeRésultats de
l'étude
|
Deegan et Gordon(1996)Communication
environnementale et lobbyingLa communication environnementale est positivement
corrélée avec l'augmentation des groupes de pression à
intérêt environnemental.
|
Deegan et Rankin (1996)Poursuite judicaire et
information environnementaleLes firmes impliquées dans un litige
environnemental fournissent plus d'informations positives que celles qui ne le
sont pas.
|
Brown et Deegan (1998)Couverture
médiatique et information sociétalePlus les médias jouent
un rôle important dans la société plus le niveau de
divulgation de l'information sociétale est élevé.
|
Cormier et Gordon (2001)Entreprise
public/privée et divulgation d'informations sociétalesLes
entreprises publiques diffusent plus d'informations socio-environnementales que
les entreprises privées.
|
Annexe 3 : Extrait du décret de l'article 116 de
la loi NRE
I. - Après l'article L. 225-102 du code de commerce, il
est inséré un article L. 225-102-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 225-102-1. - Le rapport visé à l'article L.
225-102 rend compte de la rémunération totale et des avantages de
toute nature versés, durant l'exercice, à chaque mandataire
social. « Il indique également le montant des
rémunérations et des avantages de toute nature que chacun de ces
mandataires a reçu durant l'exercice de la part des
sociétés contrôlées au sens de l'article L.
233-16.
« Il comprend également la liste de l'ensemble des
mandats et fonctions exercés dans toute société par chacun
de ces mandataires durant l'exercice.
* 1 Capron, 2000b, p 410
* 2 B.Oxibar « la
diffusion d'information sociétale dans les rapports annuels et les sites
internet des entreprises françaises »
* 3 F.Acquier, A.Aggeri,
revue française de gestion, « la généalogie d
ela pensée managériale de la RSE » 2006
* 4 Germain, Trébucq,
2004, p. 36
* 5 www.Wikipedia.fr
* 6 Bruno Oxibar, thèse
information sociétale, pp 10
* 7 Sophie GIORDANO-SPRING
&Géraldine RIVIERE-GIORDANO, « Le reporting
sociétal à l'épreuve des théories normatives
comptables », pp15
* 8 Géraldine
rivière Giordano, « Comment crédibiliser le rapport
sociétal ? », 2006, CCA
* 9 C'est notamment la position
du courant comptable radical américain.
* 10 DAMAK AYADI S. (2006),
Analyse des facteurs explicatifs de la publication des rapports
sociétaux en France, Comptabilité- Contrôle- Audit,
tome 12, vol. 2, p. 93-116.
* 11 Voir C. FRANCIOSI, S.
ITIER (2005), Le Reporting social des Entreprises : un enjeu du dialogue
social, Alpha Etudes
* 12 Cf cadre juridique partie
I
|