Chapitre III. : DE L'ETAT COSMOPOLITIQUE
III.0. Introduction
Kant se propose d'apporter à la théorie du droit
une troisième dimension : au droit étatique et au droit des gens
sa s'ajouter le droit de citoyens du monde, le droit cosmopolitique. En
considérant la limite de la souveraineté étatique comme
insurmontable, Kant conçoit dès lors l'union cosmopolitique comme
une fédération d'Etats et non comme une fédération
de cosmopolites. C'est ainsi que nous nous proposons de nous appesantir au
travers de ce troisième chapitre sur quatre points essentiels, à
savoir : le droit à la paix, le droit des gens, le droit cosmopolitique
et la nature comme garant de la paix perpétuelle.
III.1. Le droit à la paix
Par droit à la paix, Kant entend le droit de
neutralité, le droit de garantie et le droit d'alliance
réciproque.
i) Le droit de neutralité est le droit d'être en
paix quand il y a guerre dans le voisinage.
ii) Le droit de garantie est le droit de se faire assurer que
la paix conclue durera.
iii) Le droit d'alliance
réciproque(confédération) entre plusieurs Etats, pour se
défendre en commun contre toutes les attaques extérieures ou
intérieures éventuelles ; ce n'est pas une coalition offensive ni
expansionniste.
Ce droit à la paix se doit de devenir droit à la
paix perpétuelle dans la mesure où la paix perpétuelle,
dit Habermas62, est pour Kant, un idéal par lequel on peut
rendre l'idée d'un état cosmopolitique à la fois
attractive et concrète. Cela signifie que la paix perpétuelle est
une caractéristique importante de l'état cosmopolitique.
62 J. Habermas, La paix perpétuelle,
p.7.
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III.2. Du droit des gens
III.2.1. Définition et but du droit des gens.
Le droit des gens, ayant pour but la paix
perpétuelle63, est ce droit qui fait q'un Etat prenne en
charge d'une part le droit à la guerre, d'autre part le droit
d'être en guerre, puis le droit de contrainte réciproque en vue de
sortir de l'état de guerre, partant d'instaurer une constitution fondant
une paix durable, c'est-à-dire le droit des hommes pris isolément
ou des familles(dans leurs rapports réciproques), en l'état de
nature.
C'est dire que dans le droit des gens, ce qui compte n'est pas
seulement le rapport d'un Etat à un autre - pris chacun comme
totalité - mais encore le rapport des personnes isolées de l'un
à celles de l'autre, aussi bien qu'à l'autre Etat lui-même
dans sa totalité qui est pris en considération.
John Rawls définit le droit des gens comme «
une conception politique du droit et de la justice qui s'applique aux principes
et aux normes du droit international et à sa pratique
»64 .
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