INTRODUCTION
Depuis plusieurs décennies, le Burkina Faso est
soumis à une forte dégradation de ses ressources naturelles,
limitant ainsi le développement des productions agro-sylvo-pastorales
(Pontanier et al. 1995 ; Thiombiano, 2000). Le pays connaît des
conditions climatiques précaires, une croissance démographique
relativement élevée et une baisse continue de la fertilité
des sols. Les sécheresses répétées et
l'inadaptation des pratiques d'exploitation des ressources naturelles ont eu
pour conséquence une destruction du couvert végétal et une
exposition des sols au vent et à la pluie. Le Burkina Faso se classe
donc parmi les pays où le phénomène d'érosion du
sol s'exacerbe.
La région du Nord n'échappe pas à
cette situation et les dégâts subis par les terres attirent
sérieusement l'attention depuis plusieurs années. Les provinces
du Passoré, du Zondoma, du Yatenga, et du Loroum sont
particulièrement touchées par ce phénomène qui
accélère le processus de désertification. Les populations
rurales pauvres étant dépendantes des ressources naturelles dont
elles tirent la quasi-totalité de leurs moyens de subsistance, cette
crise environnementale les enfonce chaque jour dans la pauvreté ;
laissant ainsi aux nouvelles générations des possibilités
de plus en plus rares d'accéder aux moyens d'une existence
acceptable.
Jadis, c'est la pratique de la jachère qui
permettait la restauration des sols. Mais de nos jours, cela n'est plus
envisageable au regard de la pression démographique sans cesse
croissante sur les terres. Il devient alors nécessaire de trouver
d'autres alternatives capables de maintenir un niveau de production à
même de satisfaire des besoins alimentaires croissants. La lutte contre
l'érosion des sols devient alors l'une des priorités du
Gouvernement, et plus particulièrement celle des populations de la
région.
PREMIERE PARTIE ~
LES ASPECTS DU MILIEU PHYSIQUE
ET HUMAIN
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CHAPITRE PREMIER : METHODOLOGIE GENERALE ET
PRESENTATION DE LA ZONE
I - METHODOLOGIE ET PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
I.1. Problématique
Au Burkina Faso, le problème de
l'érosion se pose sous diverses formes depuis des décennies dans
presque toutes les provinces de la région du Nord. La lutte contre
l'érosion a commencé depuis les années 1960 et des acteurs
diversifiés se sont succédés pour tester ou recommander
des techniques de lutte. Les recherches sur les méthodes
anti-érosives sont si nombreuses que l'on pourrait se demander ce qu'il
reste encore à découvrir dans ce domaine. Pourtant, des exemples
de vastes projets régionaux de lutte anti-érosive qui
engloutissaient les maigres ressources dont dispose le pays et qui
aboutissaient parfois à des échecs ne manque pas. Les causes de
ces échecs sont essentiellement :
- la non prise en compte du milieu humain où doit
se dérouler l'opération ;
- l'absence d'études du milieu physique et des
facteurs déterminant l'amplitude des phénomènes
;
- le choix de la méthode de lutte
anti-érosive à préconiser.
Face à cette dégradation et à la
mauvaise gestion des ressources naturelles existantes, des efforts avaient
été entrepris par des organismes de développement
étatiques et des Organisations Non Gouvernementales (ONG) pour enrayer
le processus, on peut citer:
- le Projet Agro-Forestier (PAF) de Ouahigouya qui
avait intervenu à Ranawa dans la province du Zondoma en 1983
;
- le Fonds de l'Eau et de l' Equipement Rural (FEER,)
intervenait à Noogo, dans la province du Yatenga en février 1986
avec l'appui du BAER (Bureau d'Aménagement de l'Espace Rural) de l'ORD
du Yatenga ;
- le projet Agro-écologie 1 (PAE1)
financé par le DWHH (Deutsche Welthungerhilfe, ONG allemande) avec la
participation du service des volontaires allemands sous la supervision du
Programme CILLS. Il intervenait dans le Yatenga et le Soum en 1981 et en
étroite collaboration avec les ORD du Yatenga (Ouahigouya) et du Sahel
(Dori) ;
- le Projet Recherche-Développement du Yatenga
: financé par la France, il était exécuté dans le
cadre de l'appui aux activités de l'ORD du Yatenga ;
- l'intervention du Groupement Européen de
Restauration des Eaux et des Sols (GERES). C''était le premier grand
projet qui avait vu le jour au lendemain de l'indépendance sur
financement FED (1962).
Ces ONG visaient généralement à
faire exécuter des aménagements à titre individuel par les
agriculteurs sur leurs propres parcelles, avec les moyens de bord (dabas,
niveau à eau, etc.). Elles espéraient ainsi, vulgariser ces
travaux par l'effet démultiplicateur ; un bénéficiaire
formant les agriculteurs voisins.
Malgré les Projets, Programmes et ONG de lutte
anti-érosive mis en place depuis plus de quatre décennies, de
nombreuses difficultés subsistent toujours.
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Le problème est tel que de nombreux chercheurs
ont tenté de l'analyser, et nous nous sommes référé
à leurs travaux : MIETTON, M, 1981 ; SANOU D.C, 1981 ; MARCHAL, J.Y.,
1983 ; ROCETTE, R, M., 1989 ; DUGUE, P. et al. 1994 ; ROOSE, E 1994 ; KABORE,
1994 ; REIJ, C et al, 1996 ; ZOUGMORE et al, 1999 ; etc.
Malgré ces nombreux travaux
réalisés, nous voulons apporter notre contribution à la
réflexion sur la problématique de la dégradation des
terres cultivables dans la région du nord au Burkina Faso à
travers l'étude intitulée "Inventaire des techniques de lutte
anti-érosive dans le degré carré de
Ouahigouya".
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