III- LES ASPECTS HUMAINS
III.1. La population
La plus grande partie du degré carré de
Ouahigouya fait partie de la plaine centrale, et plus précisément
de la région du Nord. Elle est habitée principalement par les
Mossés.
III.1.1. Composition et évolution de la
population
La zone d'étude est peuplée par une
mosaïque d'ethnies dont les groupes principaux sont les Mossés, les
Fulbés, les Peulhs et les Samos. Les Mossés et les Fulbés
sont traditionnellement sédentaires, agriculteurs ou agro-pasteurs. De
nos jours, les Mossés pratiquent de plus en plus l'élevage, de
façon directe en semi stabulation, ou sur des pâturages proches
des villages. Les Peulhs sont traditionnellement des éleveurs
transhumants, mais on constate qu'ils se sédentarisent de plus en plus
et diversifient leurs activités en pratiquant l'agriculture. Tout comme
les Mossés, les Samos sont également sédentaires,
agriculteurs.
Au recensement général de la population
de 1996, la zone d'étude, composée de 23 départements
comptait 596 769 habitants9 (5,78 % de la population du Burkina
Faso). Seuls quatre départements (Yako, Gourcy, Ouahigouya, Kalsaka)
avaient un effectif de plus de 40 000 habitants. En prenant en compte un taux
moyen de croissance démographique de 2,2 % l'an, la population de la
zone d'étude en 200710 est estimé à 1 093 014
habitants, ce qui représente une augmentation de 45,40 %. Cet
accroissement qui le plus souvent ne va pas de pair avec celui de la
production, n'est pas sans conséquences. La structure d'âge de la
population explique en partie l'inadéquation entre l'accroissement
démographique et celle de la production.
9 INSD. 1996. Recensement
général de la population et de l'habitation, Ouagadougou, Burkina
Faso.
10 INSD. 2004. Projections de
la population du Burkina Faso.
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En effet, la population est à
prédominance jeune : plus de la moitié des habitants soit 59 % du
degré carré de Ouahigouya a moins de 20 ans. Les personnes
âgées (65 ans et plus) représentent 5,10 % de la population
et constituent la tranche des personnes à charge. Le gros des
activités de production est assuré par la tranche d'âge de
15 à 64 ans (44,54 %) de la population.
III.1.2. La densité démographique et ses
conséquences
La densité démographique de la
région à été estimée à 56 habitants
au km2 en 1996 et à 75 habitants au km2 en 2010.
Ces taux expliquent sans nul doute le classement de la région parmi
celles les plus peuplées du pays. Elle est particulièrement
élevée au Yatenga, au Zondoma, et au Passoré.
Cette forte densité explique en partie
l'abandon de la jachère ou sa courte durée (2 à 3 ans).
Les champs sont cultivés de façon quasi permanente, ce qui
accélère l'épuisement des sols. Les noyaux de fortes
densités sont situés sur les sols relativement fertiles.
Malgré cette fertilité relative des sols, la population subsiste
grâce aux revenus additionnels provenant de l'élevage et à
la contribution des migrants installés dans les pays côtiers
(Côte-d'Ivoire, Ghana, etc.) ou en Europe.
III.2. Les caractéristiques sociales de la zone
III.2.1. L'organisation sociale
Sur le plan de l'organisation traditionnelle, le
pouvoir est détenu par un chef désigné parmi plusieurs
candidats de la lignée royale. La chefferie est le garant de la
cohésion sociale, de la tradition et de la gestion des
ressources.
Le chef du village est parfois en même temps
chef de terre, mais dans la plupart des cas cette fonction est détenue
par une personne distincte du chef de village. Toute la terre n'appartient pas
au chef de terre ou de village, mais il en est le dépositaire et
l'arbitre. Chaque personne voulant avoir une parcelle de terre s'adresse
à la famille hôte qui le présente au chef, celui-ci
attribue la terre après avoir reçu les cadeaux d'usage du
postulant.
La terre ainsi acquise peut être
exploitée indéfiniment par le bénéficiaire et ses
descendants. Une fois les terres occupées, le chef de terre ou de
village n'a plus d'autorité sur la terre et une autre personne qui se
trouve dans le besoin doit s'adresser directement au propriétaire pour
demander le prêt d'une ou plusieurs parcelles. Le prêt se fait sans
difficultés, mais pour souligner qu'il s'agit d'un prêt,
l'utilisateur n'a pas le droit d'y planter des arbres. Le régime
d'attribution et d'exploitation peut cependant varier selon les villages et les
zones.
Dans l'ensemble, le pouvoir traditionnel dans la
société moaga reste solide. Cependant, la société
semble s'accommoder aux changements qui sont en train de s'opérer,
notamment avec la mise en place des groupements paysans et le CVD.
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