BURKINA FASO
MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE,
SUPERIEUR
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
MINISTERE DE L'AGRICULTURE, DE
L'HYDRAULIQUE
ET DES RESSOURCES HALIEUTIQUES
Unité - Progrès - Justice
---------------
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU
SECRETARIAT GENERAL
---------------
UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCES
HUMAINES
PROGRAMME DE DEVELOPPEMENT RURAL DURABLE
(PDRD)
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
OPTION : GEOGRAPHIE PHYSIQUE
--------------- UNITE DE GESTION DU
PROGRAMME BP 91 - YAKO - Tél.: 40.54.00.95 - Fax :
40-.54-01.-48
Email:
contact@pdrd.org
MEMOIRE DE MAÎTRISE
Thème :
INVENTAIRE DES TECHNIQUES
DE LUTTE ANTl-EROSIVE DANS
LE DEGRE CARRE DE OUAHIG0UYA
Présenté et soutenu par RABDO
Abdoulaye
Sous la direction de
M. Dya Christophe SANOU Maître -
Assistant
Année académique
2006-2007
· Au père Enric FRANCO
;
· A tous les parents et à tous mes amis
;
· A tous ceux qui ont contribué à
mon éducation et à ma formation ;
· A toutes les personnes de bonne
volonté.
C'est avec humilité que je vous dédie
ce travail, fruit de vos efforts et de votre engagement à mes
côtés.
· A ma mère ;
· A mon père ;
2
3
SOMMAIRE
RESUME 4
INTRODUCTION 9
PREMIERE PARTIE : LES ASPECTS DU MILIEU
PHYSIQUE ET HUMAIN 10
CHAPITRE PREMIER : METHODOLOGIE GENERALE ET
PRESENTATION
DE LA ZONE 11
I - METHODOLOGIE ET PRESENTATION DE LA ZONE
11
II - LE MILIEU NATUREL 17
III - LES ASPECTS HUMAINS 36
CONCLUSION PARTIELLE 46
CHAPITRE DEUXIEME : DESCRIPTION DE
L'EROSION 47
I - NOTIONS DE BASE 47
II - LES DIFFERENTS TYPES D'EROSION A LA PARCELLE
57
CONCLUSION PARTIELLE 61
CHAPITRE TROISIEME : PERCEPTION PAYSANNE DE L'EROSION
62
I - LES CAUSES DE L'EROSION DES SOLS 62
II - LES CONSEQUENCES DE L'EROSION DES SOLS
65
CONCLUSION PARTIELLE 66
DEUXIEME PARTIE : LA LUTTE ANTI-EROSIVE
67
CHAPITRE QUATRIEME : LES FORMES DE LUTTE
ANTI-EROSIVE 68
I - LES FORMES TRADITIONELLES DE LUTTE ANTI-EROSIVE
68
II - LES FORMES MODERNES DE LUTTE ANTI-EROSIVE
73
CONCLUSION PARTIELLE 109
CHAPITRE CINQUIEME : IMPACT ET
CONTRAINTES DES TECHNIQUES 110
I - IMPACT DES TECHNIQUES DE LUTTE ANTI-EROSIVE
110
II - EXIGENCES DES TECHNIQUES DE LA LUTTE ANTI-EROSIVE
113
III - CONTRIBUTION DES PRODUCTEURS A L'AMELIORATION DES
TECHNIQUES
DE LUTTE ANTI-EROSIVE 116
IV - COUTS DES AMENAGEMENTS ANTI-EROSIFS 116
V - POURSUITE DES AMENAGEMENTS AU DELA DE LA FIN DES
PROJETS
ET PROGRAMMES 117
CONCLUSION PARTIELLE 118
CHAPITRE SIXIEME : RESULTATS ET
PERSPECTIVES 119
I - RESULTATS 119
II - LES PERSPECTIVES 122
CONCLUSION PARTIELLE 124
CONCLUSION GENERALE 125
BIBLIOGRAPHIE 127
ANNEXES 132
4
RESUME
Le Burkina Faso est un pays où 90 % de la
population tire essentiellement ses ressources de l'agriculture et de
l'élevage, activités qui contribuent pour plus de 30% au
PIB.
La non satisfaction des besoins hydriques des cultures
est l'un des principaux facteurs qui limitent la production agricole du pays.
Ce déficit hydrique résulte aussi bien de la faiblesse des
précipitations que de la perte d'eau par ruissellement.
Dans le degré carré de Ouahigouya, les
terres de cultures sont fortement dégradées. Cette
dégradation, à la fois physique, chimique que biologique,
empêche l'infiltration des eaux de pluies. L'absence ou la rareté
du couvert végétal, l'agressivité des pluies et des vents,
ainsi que les activités anthropiques, sont autant
d'éléments qui favorisent le ruissellement et
l'érosion.
La lutte contre ce phénomène par des
mesures de Conservation des Eaux et des Sols (CES), comporte des
améliorations dans le travail du sol, la construction d'ouvrages
durables ou l'implantation de végétaux. A partir de
l'expérience de projets, programmes anciens ou en cours et de la
recherche, les techniques les plus courantes dans la zone sont décrites
et analysées.
L'analyse des techniques inventoriées met en
évidence :
- leur adaptabilité aux contraintes physiques :
climat et topographie ; - leur impact sur les rendements agricoles et
l'érosion ;
- leur coût : matériaux et main d'oeuvre
;
- les contraintes liées à leur application
: savoir faire, matériels, etc.
MOTS CLES
Zone soudano-sahélienne - Burkina Faso -
Ouahigouya - Degré carré - Lutte anti-érosive -
Aménagement - Ruissellement - Population
5
AVANT PROPOS ET REMERCIEMENTS
L'érosion au sens large du terme, constitue
l'un des principaux facteurs de dégradation des sols et partant, des
ressources naturelles au Burkina Faso. Les terres cultivées, parce que
insuffisamment protégées, pendant une bonne partie de la saison
pluvieuse, sont les plus touchées par ce fléau.
La détérioration des conditions de vie
des populations a amené le Gouvernement, avec l'appui de ses partenaires
au développement, à élaborer et à mettre en oeuvre
des stratégies et plans d'action de développement dont celle
relative à la gestion du milieu. Parmi les axes d'intervention, la lutte
contre la dégradation des terres occupe une place importante. Celle-ci
justifie l'étude que nous avons menée sur les techniques de lutte
anti-érosive appliquée par les populations
bénéficiaires, avec l'appui/conseil des intervenants dans le
degré carré de Ouahigouya.
L'objectif visé par cette étude est de
contribuer, un tant soit peu, à faire connaître les
différentes techniques de lutte anti-érosive utilisée dans
cette zone du Burkina Faso.
Ce travail est le fruit d'un stage terrain de 13 mois
(octobre 2006 - octobre 2007) effectué auprès de l'Unité
de Gestion du Programme de Développement Rural Durable (PDRD)
basée à Yako (province du Passoré), dans le cadre de notre
mémoire de fin d'étude en Géographie.
A l'issue de ce travail, il m'est
particulièrement agréable de rendre hommage et de remercier tous
ceux qui ont contribué à la réalisation de cette
étude.
Il s'agit de :
- Tout le corps enseignant du Département de
Géographie qui a oeuvré à notre formation ;
- M. Dya Christophe SANOU, notre
Directeur de mémoire, qui nous a proposé ce thème, et qui
n'a ménagé aucun effort pour nous suivre tout au long de la
réalisation de ce mémoire ;
- M. Fimba Julien LOMPO,
Coordonnateur du Programme de Développement Rural Durable, qui a bien
voulu nous accepter au sein de sa structure pour la collecte, le traitement et
l'analyse des différentes données ;
- M. Bila René ZIDA,
Responsable Administratif et Financier du PDRD, pour l'appui sans faille et les
nombreux gestes de sympathie à mon endroit ;
- M. Hamadé OUEDRAOGO, mon
maître de stage, Ingénieur en Génie Rural, Chef du Bureau
Développement Agricole et Infrastructure au PDRD, pour ses suggestions
et ses pertinents conseils qui m'ont été d'autant plus
précieux qu'ils s'appuient sur sa vaste expérience ;
- M. Souleymane SANKARA, Responsable
SIG au PDRD, pour m'avoir consacré son temps, à chaque fois que
j'avais besoin de lui, pour l'analyse de mes résultats et la
réalisation de ce document ;
6
- M. Sibiri OUATTARA, Chef du Bureau
Programmation et Suivi Evaluation, pour son sens de l'organisation et ses
suggestions qui m'ont été d'un grand apport scientifique
;
- Mme Orokia SIE, Chef de Bureau Genre, Micro finance
et Développement Communautaire pour son soutien ;
- M. Basile GUISSOU,
Délégué Général du CNRST et Madame, pour
leur soutien à mon égard ;
- M. Victor HIEN, Directeur de la
Cellule GRN/SP à l'INERA - Kamboinsin, pour son soutien ;
- M. Nicolas KONE, mon maître
de stage à l'INERA - Kamboinsin, Technicien
Télédétection-SIG pour ses critiques et suggestions
;
- M. Robert ZOUGMORE, Chercheur
à l' INERA - Saria, pour son soutien et ses différents conseils
;
- M. Michel LEPAGE, Directeur de
recherche à l'IRD/Ouagadougou, pour ses conseils et l'importante
documentation qu'il m'a offerte ;
- M. Abdoulaye MAÏGA,
Démographe, Chercheur à l'ISSP, pour avoir toujours
répondu favorablement à mes multiples sollicitations
;
- M. Gabriel SANGLI,
Géographe, Chercheur à l'ISSP, pour toute l'attention et
l'intérêt accordés à mon travail. Nos multiples
rencontres et discussions m'ont été d'un grand
intérêt ;
- M. Corentin SOME et M.
Thiam SINA de la cellule SIG du 2iE pour leurs soutiens et conseils
;
- M. Abdoulaye OUEDRAOGO, Responsable
de la Cellule SEP/DRAHRH du Nord, pour ses conseils et ses appuis multiformes
lors de la collecte des données sur le terrain ;
- M. Fulbert PAROU, Directeur
Provincial de l'Agriculture de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques du
Passoré pour son aide. A travers lui, tous les DPAHRH de la zone
d'étude et leurs différents Chefs de zones ;
- Au personnel du PDRD/Passoré - Yatenga en
particulier à SANOU Yvette et à Madame OUANGO pour leur
entière collaboration.
- Mes remerciements s'adressent aussi à tous
les Responsables de Projets, Programmes et ONG de la zone d'étude pour,
leur totale collaboration.
Mes remerciements à la famille NABALOUM
à Yako, pour m'avoir accepté durant mon séjour, à
la famille COMPAORE à Somgandé pour leur soutien.
7
LISTE DES ACRONYMES
2iE : Institut d'Ingénierie de
l'Eau et de l'Environnement
AGF : Agroforesterie
BAER : Bureau d'Aménagement de
l'Espace Rural
BNDT : Base Nationale de Données
Topologiques
BUC : Bibliothèque Universitaire
Centrale
BUMIGEB : Bureau des Mines et de la
Géologie du Burkina
BUNASOLS : Bureau National de
sols
CES : Conservation des Eaux et des Sols
CES/AGF : Conservation des Eaux des
Sols/d'Agroforesterie
CILLS : Comité permanent Inter -
Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le
Sahel
CIRD : Centre d'Information sur la
Recherche et le Développement
CNRST : Centre National de la Recherche Scientifique et
Technologique
CVD : Conseil Villageois de
Développement
DGPSA : Direction Général
des Prévisions et des Statistiques Agricoles
DPAHRH : Direction Provinciale de
l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources
Halieutiques
DPECV : Direction Provinciale de
l'Environnement et du Cadre de Vie
DPRA : Direction Provinciale des
Ressources Animales
DRAHRH : Direction Régionale de
l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources
Halieutiques
DRECV : Direction Régionale de
l'Environnement et du Cadre de Vie
DRRA : Direction Régionale des
Ressources Animales
DRS : Défense et Restauration des
Sols
ETP : Evapotranspiration
Potentiel
FAO : Food and Agriculture Organisation (Organisation des
Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture)
FED : Fonds Européen de
Développement
FEER : Fonds de l'Eau et de l'Equipement
Rural
FIDA : Fonds International de Développement
Agricole
FIT : Front Inter - Tropical
GERES : Groupement Européen de
Restauration des Sols
GRN : Gestion des Ressources
Naturelles
8
GRN/SP : Gestion des Ressources
Naturelles / Système de Production
INERA : Institut de l'Environnement et
de Recherches Agricoles
INSD : Institut National de la
Statistique et de la Démographie
IRD : Institut français de
Recherche pour le Développement
ISSP : Institut Supérieur des
Sciences de la Population
MAHRH : Ministère de
l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques
MRA : Ministère des Ressources
Animales
NPK : Azote - Potassium -
Phosphore
ONG : Organisation Non
Gouvernementale
ORD : Organisme Régional de
Développement
ORSTOM : Office de Recherche
Scientifique en Territoire d'Outre-Mer
PADL : Projet d'Appui au
Développement Local
PAE : Projet Agro - Ecologie
PAF : Projet Agro -
Forestier
PATECORE : Projet d'Aménagement
des Terroirs et de Conservation des Ressources
PDCL/SAZ : Projet de
Développement des Capacités Locales en matière de
Sécurité
Alimentaire dans le Zondoma
PDRD : Programme de Développement
Rural durable
PDS : Pierre Dressées
associées au Sous-solage
PIB : Produit Intérieur
Brut
PNGT : Programme National de Gestion des
Terroirs
PNUD : Programme des Nations Unies pour
le Développement
PSA/RTD : Projet de
Sécurité Alimentaire par la Récupération des Terres
Dégradées
PS-CES/AGF : Programme Spécial de
Conservation des Eaux et des Sols et d'Agroforesterie
RNA : Régénération
Naturelle Assistée
SIG : Système d'Information
Géographique
9
INTRODUCTION
Depuis plusieurs décennies, le Burkina Faso est
soumis à une forte dégradation de ses ressources naturelles,
limitant ainsi le développement des productions agro-sylvo-pastorales
(Pontanier et al. 1995 ; Thiombiano, 2000). Le pays connaît des
conditions climatiques précaires, une croissance démographique
relativement élevée et une baisse continue de la fertilité
des sols. Les sécheresses répétées et
l'inadaptation des pratiques d'exploitation des ressources naturelles ont eu
pour conséquence une destruction du couvert végétal et une
exposition des sols au vent et à la pluie. Le Burkina Faso se classe
donc parmi les pays où le phénomène d'érosion du
sol s'exacerbe.
La région du Nord n'échappe pas à
cette situation et les dégâts subis par les terres attirent
sérieusement l'attention depuis plusieurs années. Les provinces
du Passoré, du Zondoma, du Yatenga, et du Loroum sont
particulièrement touchées par ce phénomène qui
accélère le processus de désertification. Les populations
rurales pauvres étant dépendantes des ressources naturelles dont
elles tirent la quasi-totalité de leurs moyens de subsistance, cette
crise environnementale les enfonce chaque jour dans la pauvreté ;
laissant ainsi aux nouvelles générations des possibilités
de plus en plus rares d'accéder aux moyens d'une existence
acceptable.
Jadis, c'est la pratique de la jachère qui
permettait la restauration des sols. Mais de nos jours, cela n'est plus
envisageable au regard de la pression démographique sans cesse
croissante sur les terres. Il devient alors nécessaire de trouver
d'autres alternatives capables de maintenir un niveau de production à
même de satisfaire des besoins alimentaires croissants. La lutte contre
l'érosion des sols devient alors l'une des priorités du
Gouvernement, et plus particulièrement celle des populations de la
région.
PREMIERE PARTIE ~
LES ASPECTS DU MILIEU PHYSIQUE
ET HUMAIN
10
11
CHAPITRE PREMIER : METHODOLOGIE GENERALE ET
PRESENTATION DE LA ZONE
I - METHODOLOGIE ET PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
I.1. Problématique
Au Burkina Faso, le problème de
l'érosion se pose sous diverses formes depuis des décennies dans
presque toutes les provinces de la région du Nord. La lutte contre
l'érosion a commencé depuis les années 1960 et des acteurs
diversifiés se sont succédés pour tester ou recommander
des techniques de lutte. Les recherches sur les méthodes
anti-érosives sont si nombreuses que l'on pourrait se demander ce qu'il
reste encore à découvrir dans ce domaine. Pourtant, des exemples
de vastes projets régionaux de lutte anti-érosive qui
engloutissaient les maigres ressources dont dispose le pays et qui
aboutissaient parfois à des échecs ne manque pas. Les causes de
ces échecs sont essentiellement :
- la non prise en compte du milieu humain où doit
se dérouler l'opération ;
- l'absence d'études du milieu physique et des
facteurs déterminant l'amplitude des phénomènes
;
- le choix de la méthode de lutte
anti-érosive à préconiser.
Face à cette dégradation et à la
mauvaise gestion des ressources naturelles existantes, des efforts avaient
été entrepris par des organismes de développement
étatiques et des Organisations Non Gouvernementales (ONG) pour enrayer
le processus, on peut citer:
- le Projet Agro-Forestier (PAF) de Ouahigouya qui
avait intervenu à Ranawa dans la province du Zondoma en 1983
;
- le Fonds de l'Eau et de l' Equipement Rural (FEER,)
intervenait à Noogo, dans la province du Yatenga en février 1986
avec l'appui du BAER (Bureau d'Aménagement de l'Espace Rural) de l'ORD
du Yatenga ;
- le projet Agro-écologie 1 (PAE1)
financé par le DWHH (Deutsche Welthungerhilfe, ONG allemande) avec la
participation du service des volontaires allemands sous la supervision du
Programme CILLS. Il intervenait dans le Yatenga et le Soum en 1981 et en
étroite collaboration avec les ORD du Yatenga (Ouahigouya) et du Sahel
(Dori) ;
- le Projet Recherche-Développement du Yatenga
: financé par la France, il était exécuté dans le
cadre de l'appui aux activités de l'ORD du Yatenga ;
- l'intervention du Groupement Européen de
Restauration des Eaux et des Sols (GERES). C''était le premier grand
projet qui avait vu le jour au lendemain de l'indépendance sur
financement FED (1962).
Ces ONG visaient généralement à
faire exécuter des aménagements à titre individuel par les
agriculteurs sur leurs propres parcelles, avec les moyens de bord (dabas,
niveau à eau, etc.). Elles espéraient ainsi, vulgariser ces
travaux par l'effet démultiplicateur ; un bénéficiaire
formant les agriculteurs voisins.
Malgré les Projets, Programmes et ONG de lutte
anti-érosive mis en place depuis plus de quatre décennies, de
nombreuses difficultés subsistent toujours.
12
Le problème est tel que de nombreux chercheurs
ont tenté de l'analyser, et nous nous sommes référé
à leurs travaux : MIETTON, M, 1981 ; SANOU D.C, 1981 ; MARCHAL, J.Y.,
1983 ; ROCETTE, R, M., 1989 ; DUGUE, P. et al. 1994 ; ROOSE, E 1994 ; KABORE,
1994 ; REIJ, C et al, 1996 ; ZOUGMORE et al, 1999 ; etc.
Malgré ces nombreux travaux
réalisés, nous voulons apporter notre contribution à la
réflexion sur la problématique de la dégradation des
terres cultivables dans la région du nord au Burkina Faso à
travers l'étude intitulée "Inventaire des techniques de lutte
anti-érosive dans le degré carré de
Ouahigouya".
I.2. La zone d'étude
La zone d'étude est située dans la
partie Nord-ouest du Burkina Faso (cf. carte de situation page 13) avec les
coordonnées géographiques suivantes : latitude entre 13° et
14° Nord ; longitude entre 2° et 3° Ouest. L'altitude moyenne
est de 450 m. Le degré carré de Ouahigouya a été
choisi pour mener notre étude pour la simple raison qu'il existe un
minimum de données de base importantes sur ce site pour conduire les
analyses nécessaires à l'approfondissement du thème. Son
appartenance aux zones agricoles les plus touchées par le
phénomène de l'érosion justifie également son choix
comme zone d'étude.
I.3. Objectifs
L'objectif principal visé par l'étude
est de faire un inventaire des techniques de lutte anti-érosive dans le
degré carré de Ouahigouya.
Les objectifs spécifiques poursuivis se
résument ainsi qu'il suit :
- décrire les différentes techniques de
lutte anti-érosive utilisées par les paysans ;
- identifier les problèmes d'ordre socio -
économiques inhérents aux techniques de lutte
anti-érosives de la zone ;
- faire l'état de la maîtrise des
techniques proposées aux paysans et évaluer leurs impacts
agro-écologiques.
I.4. Hypothèses de recherche
- Toutes les techniques de lutte anti-érosive sont
connues des paysans de la zone ;
- Les paysans utilisent toutes les techniques de lutte
anti-érosive sur leurs parcelles de cultures ;
- Les techniques vulgarisées ont peu
d'intérêt pour les paysans de la zone.
I.5. Méthodologie de travail
Le souci de cerner le thème dans tous ses
contours nous a conduit à adopter une méthodologie
appliquée en trois étapes : une recherche documentaire ; les
travaux de terrain ; l'analyse des données
collectées.
-5°
-4°
-3°
-2°
-1°
O°
1°
2°
15°-
15°
-5°
-4
-2°
-1°
0°
1°
2°
moi
PR OVNJ CES
LOROUM PAS SO R E SOURDU YATEN GA ZOND OMA
Limite du dégré carré
Portion du territoire Malien
[-CARTE DE SITUATION DU DEGRE CARRE DE
OUAHIGOUYAj
10°-
14°-
13°-
12°-
11°-
Sindo u · Banfo ra
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Ko udo ugou · Fada-N'O o urma F{ombueiri
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Bobo-ioulassoOua rg aye ~~
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Oro-ara · Bo · ·Da no Leo
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Dia bo ugou Gaoua
Batië
Chef-lieu de pro .ince Fro.inces du Burkina
I
Dégré car rëde Ouahigou
90 0 90 180 Km
H
14°
13°
12°
11°
10°
Vers le MALI
13°
3°
0
20
20 Km
41,
41:111:10,
OUAH
§ Tangaye
- iâfii1IIi )
14°
(
Kieiiihai3
2°
14°
o d
F
Vers Ouagadougou
Buss
intron~oin
~r
13°
2°
140 Coordonnée géographique
· Chef-lieu de département
o Chef-lieu de province
. Routes
cours d'eau
Limite de département ALimite de province
13
Source' BNDTII998
|
Septembre 2007
|
Réal.: RABDO A & ZOUNGRANA L. E.
|
14
I.5.1. La recherche documentaire
Elle a consisté en une lecture exploratoire et
aux choix des documents relatifs au thème. En effet, la recherche
documentaire à offert l'opportunité de retracer l'historique de
la lutte anti-érosive, les différents intervenants, les
techniques endogènes ou exogènes introduites, les
résultats obtenus ainsi que les limites des technologies
étudiées.
I.5.2. Synthèse de la revue
littéraire
Au terme de la collecte des données
bibliographiques, force a été de constater que les questions
relatives à la lutte anti-érosive ont fait l'objet de plusieurs
études par des chercheurs tel que :
ILBOUDO, P, (1998), dans son mémoire a fait
l'inventaire exhaustif des techniques de lutte anti-érosive dans le
degré carré de Kaya. Il subdivise son document en deux parties :
une première partie qui fait cas de l'érosion des sols et une
deuxième partie qui traite des méthodes de lutte
anti-érosive dans le degré carré de Kaya. Le document fut
consulté et cité dans notre mémoire, afin de montrer les
similitudes qui existes entre les techniques de CES réalisé dans
sa zone d'étude et le degré carré de Ouahigouya. Le
mémoire de ILBOUDO, P. à traité à quelques nuances
près du même thème que nous, mais dans une zone
différente qui est le degré carré de Kaya. Ce
mémoire fait la description des différentes techniques de lutte
anti-érosive dans la zone d'étude, des forces et faiblesse des
techniques et montre, la perception paysanne de l'érosion, ainsi que des
perspectives pour une meilleure adoption par les paysans des différentes
techniques inventoriées dans le degré carré de
Kaya.
ROCHETTE, R .M., (1989) : dans son document («le
Sahel en lutte contre la désertification» ) qui est un ouvrage
collectif qu'il a dirigé et rédigé, relate dans la
première partie (page7), les expériences de la lutte contre la
désertification et le développement au Sahel. Dans cette
même partie, les différentes expériences dans les pays du
Sahel sont illustrées (expérience n° 1 à
expérience n° 21). Les pays concernés sont le Niger, le
Mali, la Mauritanie, le Burkina Faso et le Sénégal. Nous nous
sommes référé aux expériences effectués au
Burkina Faso et plus particulièrement a ceux qui ont été
effectués dans le Yatenga c'est-à-dire : à Ranawa, Noogo,
Saye, et à Ziga. Ce sont respectivement les expériences n°
12 page 221; n° 15 page 281; n° 17 page 323 ; n° 19 page
349.
ROCHETTE, R. M. a été cité dans
notre étude afin de montrer une fois de plus les nombreux programmes,
projets et travaux engagés dans la lutte anti-érosive dans notre
zone d'étude, leurs financements, objectifs, réalisations,
impacts, etc.
Dans ce document, l'auteur illustre les techniques
anti-érosives dans ces régions avec des photos et des
données quantitatives que qualitatives. Dans la deuxième partie,
il fait cas des chemins de l'expérience (page 405), de "la
désertification : un fléau», qui pour l'auteur est la source
de notre misère, les techniques de lutte contre la
désertification, l'approche des population, l'approche
globale.
15
Dr HIEN et al. (2004). Les résultats de ce
document sont les plus proches de notre étude. En effet, l'étude
mené par l'équipe de recherche dirigé par le Dr HIEN
Victor, à mis l'accent sur les différentes techniques de lutte
anti-érosive réalisé aux Sahel et une grande partie dans
les provinces de la région du nord du Burkina Faso. Dans cette
étude, l'équipe de recherche fait ressortir les impacts
socio-économiques et agro-écologiques de différentes
techniques tel que : le zaï agricole, le zaï forestier, le tapis
herbacé et le décompactage à l'aide des charrues.
Tréno et Delphino.
HIEN et al, ont d'abord cherché à faire
ressortir, les facteurs de la baisse de la fertilité des sols et de la
dégradation des ressources naturelles dans le sahel, avant d'aborder le
volet conservation des eaux et des sols (CES) et la lutte anti-érosive.
Dans cette partie, ils font la description, la mise en place et les contraintes
des principales techniques.
Dans ce document, les auteurs font ressortir les
atouts et faiblesses des différentes techniques de lutte contre la
désertification dans la zone Sahélienne du Burkina.
MARCHAL J.Y. (1986). La thèse de MARCHAL reste
toujours un document de référence pour une étude qui prend
en compte la zone de l'ancien Yatenga (Ouahigouya, Titao, Gourcy). En effet,
nous nous sommes référé à cette thèse pour
comprendre l'évolution du milieu naturel (la distribution des faits
physiques) à travers, le modelé, les roches et les cuirasses, les
unités de sol, les formations végétales ; et
l'évolution du milieu humain (l'inventaire des faits anthropiques)
grâce à l'occupation du sol, les densités de population, la
physionomie ethnique et les types d'utilisation de l'espace. Dans ces
différentes parties l'auteur décrit la zone sur son aspect
physique humain et social.
ROOSE E., KABORE V., et GUENATE C., (1993). Dans la
zone soudano-sahélienne semi-aride, les techniques conventionnelles de
réhabilitation des terres sont limitées et coûteuses. Roose
et al, ont donc paru intéressant d'étudier en détail le
« zaï », une pratique traditionnelle mossi de
récupération des terres dégradées par la culture ou
le surpâturage, et de tester quelques améliorations des pratiques
du zaï sur la production de sorgho (grain et biomasse) et sur la
diversité des herbes (vingt-trois espèces) et arbustes fourragers
(treize espèces) qu'elle permet de réintroduire progressivement.
Des enquêtes au nord-ouest du Burkina ont montré
l'intérêt, les limites (pluies de 400 à 800 mm/an) et la
diversité des pratiques du zaï en fonction de la texture du sol et
de la disponibilité en fumure organique et en main-d'oeuvre.
L'expérimentation pendant deux ans sur deux sols de potentialités
nettement différentes (sol ferrugineux tropical superficiel et sol brun
profond) a permis de comprendre l'importance de la réserve hydrique et
du travail du sol, ainsi que des apports d'eau et d'éléments
fertilisants, organiques et minéraux. Roose et al, dans ce document ont
également montré que : la restauration de la productivité
du sol et la réhabilitation de la couverture végétale
seraient donc plus rapides que la restauration des caractéristiques
physico-chimiques du sol. Nous sommes référés à ce
document afin de mieux comprendre les forces et les faiblesses du zaï, qui
reste une technique très appréciée et plus pratiqué
dans notre zone d'étude.
Les autres auteurs n'ont par ailleurs pas
considéré la description et l'analyse des différentes
techniques de lutte anti-érosive comme centre d'intérêt de
leurs études. Ils les abordent généralement sous un angle
restreint dans certains passages de leurs ouvrages.
16
I.5.3. Les travaux de terrain
Ils se sont déroulés en deux phases :
une phase «entretien» et une phase «enquête»
auprès des populations cibles.
I.5.4. Les entretiens
Outre la recherche de documents divers disponibles,
des entretiens ont eu lieu avec certains responsables de services et projets
dont les points de vue ou analyses étaient capitales pour notre
étude.
Malgré leur richesse, les informations
bibliographiques et celles obtenus grâces aux entretiens se sont
révélées insuffisantes pour mieux cerner notre
thème. Aussi avons-nous entrepris de les compléter par des
entretiens et observations directes sur le terrain. Compte tenu de
l'étendu de la zone, le choix de villages échantillon a
été un passage obligé.
I.5.5. Les enquêtes dans les villages
Elles ont été effectuées sur un
échantillon de 150 personnes inégalement réparties dans 30
villages de 14 départements des 5 provinces de la zone d'étude,
à raison de 5 personnes par village (cf. annexe n° VII, page
144).
Compte tenu du nombre élevé des villages
dans la zone d'étude (environ 841 villages selon le fichier du
recensement de 2005 de l'INSD), leur choix a été fait selon les
critères suivants : la localisation, les expériences en
matière de CES, l'encadrement par une structure de développement
rural.
Nous avons également participé à
des travaux de restitution de techniques anti-érosives introduites dans
la zone d'étude, à des assemblées générales
de Groupement Villageois (GV) et de Commissions Villageoises de Gestion des
Terroirs (CVGT) ou Conseil Villageois de Développement
(CVD).
Des observations géomorphologiques,
pédologiques, et sur la végétation ont été
effectuées dans la zone, afin de mieux appréhender les
caractéristiques physiques du milieu. Ces observations du milieu
physique nous ont permis de réaliser des transects descriptifs de
l'état géomorphologique, pédologique et de la
végétation de la zone d'étude.
I.5.6. Le traitement des données
Deux méthodes de traitement de données ont
été utilisées : - le dépouillement manuel des
fiches d'enquêtes ;
- le traitement informatique à partir des
logiciels SPSS pour la répartition des données de façon
chiffrés (effectifs, pourcentages, pourcentages cumulés). Il est
important de mentionner également l'utilisation du logiciel EXCEL pour
la réalisation des tableaux et des graphiques, Arc-View SIG pour la
réalisation des cartes, et Word pour le traitement de texte.
Il convient cependant de relever que toutes ces
étapes non pas été sans difficultés.
17
I.6. Les difficultés rencontrées
Ce présent travail a été
passionnant, cependant, il a été limité par quelques
difficultés qui ont été entre autres :
- la méfiance, sinon la non
disponibilité de certaines personnes ressources des villages
ciblés, à répondre à certains centres
d'intérêt de l'étude ;
- la modicité de nos moyens matériels et
financiers pour la collecte des données et l'acquisition des cartes
(carte géologique en particulier). Grâce à l'appui de la
coordination du PDRD cette contrainte à été aplanie
;
- l'inaccessibilité en période pluvieuse
de certains villages (Titao, Gomboro, etc.) en vue de l'observation des effets
des techniques de conservations des eaux et des sols sur le ruissellement et le
développement végétatif des plantes dans les exploitations
agricoles.
Malgré ces difficultés, nous sommes
parvenus à non seulement collecter l'ensemble des informations
nécessaires à notre étude, mais aussi à leur
traitement et analyse.
Le présent mémoire qui en résulte
comporte deux grandes parties regroupant six chapitres :
- la première partie traite des aspects du milieu
physique et humain.
- la deuxième partie porte sur la lutte
anti-érosive. C'est-à-dire l'objet même de
l'étude.
II - LE MILIEU NATUREL
II.1. La géologie
Le degré carré de Ouahigouya
présente un substrat géologique très
hétérogène1 (cf. carte géologique page
19). Les roches plutoniques et volcano-sédimentaires du Birimien
constituent l'unité géologique majeure de la zone.
II.1.1. Les roches plutoniques
Il s'agit des roches éruptives de la famille
des granites. Elles sont formées par cristallisation lente du magma
à une certaine profondeur. Les formations plutoniques (granite
porphyroïde, granite hétérogène, granite
rubané, granodiorite, tonalite et diorite.) sont fortement
représenté dans le degré carré de Ouahigouya. Au
nord de Ouahigouya, on retrouve les granites porphyroïdes, les granites
à grains moyens, à biotite (Banh, Koumbri, Barga, Sollé).
Au sud-ouest on retrouve les granites rubanés, les tonalites (Gomboro,
Kiembara). Les granites hétérogènes occupent le sud de la
zone (Boussou, Yako).
1 HOTTIN, G. et OUEDRAOGO O.F (1992) carte
géologique du Burkina Faso, deuxième édition, (B.M.G.B).
Echelle : 1/1 000 000
18
II.1.2. Les roches volcano-sédimentaires
Les roches volcano-sédimentaires font partie du
Groupe métavolcanique et volcano-sédimentaire basal. Les roches
volcano-sédimentaires se localisent dans les départements de
Ouahigouya, Thiou, Namissiguima, Séguénéga et Titao,
à travers les schistes volcano-sedimentaires ainsi que les gabbros
noritique, microgabbros et microdiorite dans les départements de
Kalsaka, Tougo. Les schistes noirs se localisent dans le Passoré
(Gomponsom, Kirsi).
II.2. La géomorphologie
La géomorphologie se définit comme la
science des formes de la terre. Elle a pour objet l'observation, la description
puis l'explication des formes de la terre2.
L'allure générale du degré
carré de Ouahigouya est celle d'une surface faiblement ondulée,
dominée par quelques buttes témoins tabulaires, d'où
émergent des régions de collines, associées aux formations
birimiennes.
L'armature du relief est principalement
constituée par des cuirasses, découvertes ou voilées d'une
couche détritique. Les cuirasses se repartissent en plusieurs niveaux
séparés par des dénivelés importants (10 à
100 m). Les niveaux supérieurs subsistent sous forme de buttes
témoins limitées par des versants très inclinés,
parsemés d'éboulis. Le niveau inférieur, de beaucoup le
plus étendu, couvre encore une grande partie du modelé
actuel.
Le transect n° 1 (Lintiba - Saye, page 24)
décrit le relief de la zone d'étude. Les éminences, les
glacis, la plaine et les dépressions sont traduits dans ce croquis. Ce
transect présente une partie de la zone d'étude du Sud-Est vers
le Nord-Ouest. Il a été réalisé en zone
humanisée. C'est la caractéristique géomorphologique qui a
été déterminante dans le choix de ce transect. En effet,
il s'agit d'un parcours de 8 km en zone à relief calme, situé
à l'Est de Gourcy. C'est une plaine dans laquelle on n'observe aucune
ondulation majeure. La plaine est représentée par le glacis
d'érosion souvent interrompu par des vallées
alluviales.
II.2.1. Les éminences
Elles comprennent les buttes et les collines.
II.2.1.1. Les buttes
Les buttes sont des «éminences à
sommets plats et à versants raides». Elles constituent le plus
souvent les plus hauts reliefs. L'armature essentielle du relief est
constituée par des cuirasses ferrugineuses. Celles-ci se
répartissent en plusieurs niveaux.
- Les buttes à cuirasse ferrugineuse : elles
regroupent les sommets dont les cuirasses ont été mises en place
à partir d'une prise en charge directe du fer contenu dans le
matériel original. La teneur en fer détermine l'épaisseur
et l'écart actuel du niveau cuirassé. Ces cuirasses (compactes)
sont caractérisées par leur homogénéité. Se
sont en fait des cuirasses primitives3. Elle sont répandues
dans la région et coiffent, souvent les buttes.
2 SANOU Dya Christophe,
2001.
3 D.C. SANOU,
1992.
2°
Rivière Nakamté
Ridemba Komtoèga Tanguillissi SE
3°
5km
Gaméoro
0 km
Garké ré
NW Kongo
Guilé Réga Rassouli
dsurcy
Source r Parie Géologique 1200 000 ND-DR-X I uaHgoupa
|
Beptemhe 2007
|
RABDO A.
|
CARTE GEOLOGIQUE DU DEGRE CARRE DE OUAHIGOUYA
LOKOUM Nom de province
e Chef-lieu de département
._. Limite de province Route nationale
Route départementale Cours d'eau principaux
- Faille observée
Alluvions
Continental terminal. sable argileux
§ Dolérite Quartz
§ Grande porphyroïde à auglte aegyrinlque et
riébeckite
· Grande à feldspath alcalin, biotite verte et
fluorine
§ Leucogranite à grenat
Grande porphyroïde à biotite
· Grande à grain moyen à biotite Grande
rubané à aspect mlgmatitique
Granite hétérogène .
gr-anodmrite, monzonite, leuoogran de, pegmatite Granite
hétérogène porphyroide à biotite
Tonalite a quartz bleu et amphibole, tonalbe foliée
à biôtlte Granodiorite, tonalite et diorite quartzifère
à amphibote et biotite Granodiorite et tonalité à biotite
et parlons amphibole Granodiorite,-tonalité et diorite
quartzifère rubanées et foliées
§ Tonalite et diorde-quartzifère à biotite et
amphibole
Paragneiss
Schiste volcano-sédimentaire
Schiste ·noir
§ Chart rubané Rhyolite
Rhyolite et rhyodacite
§ Basalte amphibolitisé, amphibolite
§ Lave en coussin (pillow)
§ Mcrogabbro et microd morde en massifs homogènes
Gabbro nordique à deux pyroxènes et hornblende Hydrographie
|
Mimions
FLCIagool
|
Grès grossier du continental terminal
Para gnneiss alumineux et micaschiste à grenat
Do lévite
|
Formations plutoniques
Granits alcalin è arfvedsonite
Leu co granite à grenat
Granite hétérogène
Granite ruba née à aspect mig mantique
Granodiorite tonalité et diorite puatzitére
rubanées
Grues diorite, tonalité et diorite quartzifère
à biotite
Formations vuloano-sédmentsres et
plutoniques
hpm
rT_,
rni 4
|
V S Schiste volcano-
(1) sX sédimentaire
(2)X
|
19
Echelle 1 600 000
lo
t 10 20 Kilomètre
Les buttes ont une forme allongée (cf. planche
photographique n° 1, photo n° 1 page 21) et présentent parfois
un profil net. C'est le cas de la butte cuirassée de Dio. C'est une
cuirasse de néoformation. La dalle, massive et conglomératique,
d'une épaisseur d'environ quatre mètres, repose sur une carapace
tachetée d'une épaisseur d'environ un mètre. Elle est en
contact avec le matériau d'altération kaolinitique sous-jacent.
Les versants sont de forme convexo-concave, recouverts d'éboulis et
proviennent du démantèlement de la cuirasse
sommitale.
Les cuirasses sur roches schisteuses présentent
un profil différent. On retrouve au sommet, la dalle cuirassée se
présentant sous forme vacuolaire avec une orientation identique à
celle de la roche mère. Elle comporte par endroits une cuirasse plus ou
moins dure. A la base, on retrouve la roche mère schisteuse
affectée de microplis. Elle est feuilletée. La butte
cuirassée de Koumbri présente ce type de profil. Ces reliefs
cuirassés sont sous la forme allongée. Le sommet tabulaire et
cuirassé, est généralement très fracturé.
Les versants sont sous l'influence de la dynamique actuelle.
La thermoclastie fragilise le niveau induré par
des fissurations et des fragmentations. Il en résulte des blocs qui se
retrouvent en bas de pente et des débris qui recouvrent les
versants.
II.2.1.2. Les collines
Les collines sont des «éminences
isolées de faible hauteur, à sommet arrondi et dont la forme est
plus ou moins circulaire»4 (cf. planche photographique n°
1, photo n° 2, page 21). Dans la région Nord de Ouahigouya
(région de Koumbri) on distingue quelques groupements de collines
birimiennes, formant le relief de commandement de la région, et de 440 m
d'altitude. Les collines ne sont jamais coiffées de cuirasse. Les
cuirasses sont organisées autour de ces collines dont elles sont
séparées par des dépressions. Les collines sont en
étroite relation avec la structure plissée des roches
métamorphiques, les métavolcanites neutres à basiques.
Elles sont très monotones et généralement couvertes de
graminées. Les arbres sont quasiment absents. Les versants
déboisés favorisent un ruissellement intense.
20
4 D.C. SANOU, 2001.
21
Planche photographique n° 1 : Butte
cuirassé et colline Photo n° 1 : Longue butte cuirassée
à Bango / Thiou
Rabdo, A. mars 2007.
Sur cette prise de vue, on observe une butte
cuirassée de forme allongée, avec un rebord peu marqué. En
premier plan, on a une zone mise à nu par un décapage
pelliculaire généralisé.
Photo n° 2 : Petite colline à
Ouahigouya
Rabdo, A. Mars 2007.
La colline présente un démantèlement
de sa dalle cuirassé. Les versants parsemés de blocs
cuirassés. Elle est souvent le lieu d'extraction des moellons pour la
réalisation des aménagements anti-érosifs.
22
II.2.2. Les glacis
La zone présente de nombreux glacis qui peuvent
être anciens ou récents.
Les glacis anciens sont des reliefs fortement
démantelés. Ils présentent une surface à pente
douce vers l'aval.
Les glacis récents non encore cuirassés
ou en voie de l'être, sont d'épandage. Les matériaux
meubles, allochtones, de 1 à 2 mètres d'épaisseur
recouvrent directement la roche qui affleure rarement et peut comporter une
mince couche d'altération.
De façon générale, les glacis se
présentent sous forme de pseudo-couesta (D.C. SANOU, 2001). Ils ont un
front à pente raide et une surface (revers) légèrement
inclinée, recouverte de pierrailles. Vers l'aval, on observe souvent une
petite dépression. Celle-ci est développée dans le
matériau d'altération. Sa mise en place fait suite au
décapage de la cuirasse sommitale (cas du glacis de Soulou).
II.2.3. La plaine ou surface fonctionnelle
La plaine est une «surface plane peu
élevée dans laquelle les cours d'eaux ne sont pas
encaissés. On dit que les rivières coulent à fleur de
sol»5'. Sa mise en place résulte de processus successifs
d'érosion et dépendage complexes. La surface fonctionnelle relie
le plus souvent les différentes unités (butte, colline, glacis)
aux dépressions. Elle est très exploitée car ces sols sont
souvent évolués.
II.2.4. Les dépressions II.2.4.1. Les
bas-fonds
Ils correspondent à une aire
colluvio-alluvialle plus ou moins encaissée. Les bas-fonds se
rencontrent plus à l'Est et au Nord-est de la région (Ouahigouya,
Oula, Titao, Tougou, Namissiguima). Ce sont des zones très
exploitées à cause de la fertilité des sols et de
l'humidité constante.
II.2.4.2. Les dépressions
périphériques
Ce sont des zones basses, qui se situent entre les
élévations. Les plus importantes ont une forme allongée ou
circulaire.
Les dépressions allongées ont une
largeur très variable. Elles sont localisées entre les collines
birimiennes et l'alignement des sommets cuirassés.
Les dépressions circulaires, par contre, sont
des zones cernées par les élévations. Elles sont
comparables à des ?amphithéâtres». Ce sont des lieux
de collecte des eaux provenant des sommets.
5 Dya Christophe SANOU. 2001.
23
II.2.4.3. Les incisions
Les plus importantes sont les ravins. Ces ravins
décrivent des sinuosités et présentent des berges de
formes variables. Ils prennent naissance au pied des reliefs et convergent vers
les bas-fonds.
Les cuirasses de nappes affleurent dans le lit de
certains ravins. Dans ce cas, la cuirasse empêche l'encaissement du lit.
Par contre, on constate un élargissement du ravin suite à un
recul des berges par érosion régressive (cas du ravin de
Lougouri).
II.2.5. Le système dunaire
Au Nord de Ouahigouya, (Thiou, Kain, Banh,
Sollé), un début de modelé dunaire interrompt la plaine
qui vient d'être décrite.
Disposé d'Est en Ouest, il est constitué
par la juxtaposition d'épandage sableux arrondis, très aplanis,
séparés par des dépressions où la cuirasse peut
affleurer. Le modelé est discret, limité à de
légères ondulations de grande longueur d'onde et d'amplitude
faible. En fait, ce sont des plaines sableuses mollement
ondulées6.
II.3. Le climat
Le climat est la résultante de l'action de
plusieurs facteurs dont les plus déterminants, pour notre étude
sont : la pluviométrie, la température,
l'évapo-transpiration et les vents.
L'absence de données à certains mois des
différentes années à la Direction de la
Météorologie Nationale, nous a conduit à utiliser les
relevés de la Station Synoptique de Ouahigouya, afin de compléter
celles manquantes.
Selon le découpage de D.C. SANOU (Atlas du
Burkina Faso, 2006), le degré carré de
Ouahigouya est situé à cheval entre la zone sahélienne et
la zone soudano-sahélienne. La zone d'étude est
généralement située entre les isohyètes 500 et 700
mm7. Le climat est assez sec et se caractérise par quatre
saisons bien distinctes. Une saison des pluies qui comprend : la saison humide,
la saison humide et fraîche de transition. Une saison sèche qui
quand à elle comprend : la saison sèche et fraîche ou
saison fraîche, la saison sèche et chaude de transition ou saison
chaude.
II.3.1. La pluviométrie
L'analyse des relevés annuels (1977 à
2006) mensuels et décadaires (1976 - 2005) des précipitations ont
permis de faire ressortir les différentes caractéristiques de la
pluviométrie. Cette étude pluviométrique a
été renforcée par l'analyse de l'E.T.P. de 1976 à
2005, afin de déterminer les périodes saisonnières de
notre zone d'étude.
La saison humide et la saison fraîche de
transition couvrent les mois de juin à novembre. Les
précipitations annuelles n'excèdent jamais 1000 mm. La saison
fraîche et la saison chaude s'étalent sur les mois de
décembre à mai.
6 Boulet, 1968, pp 28 et 191.
7 Tinyar SINIDAH. 2003.
Arbre
Arbuste
Tapis herbacé
Arbrisseau
Dalle cuirassée
Habitation
Transect n°1 : Lintiba - Saye
SE NW
300m
250m
0
8 km
Lintiba
Savane arborée à Anogeisus leiocarpus
((Formation ripicole
Savane arbustive à Vitellaria paradoxa
Saye
Savane arbustive
à Combretum micranthum Savane arbustive à Guiera
senegalensis
.43 d
Habitations
4
Sol évolué
Pente moyenne
Glacis d'érosion
Lithosol sur cuirasse
Sommet 1 Versant
Butte
Sol
hydromorphe à pseudo-gley
L L L
a)
--'m _'iv J E J E J E
Vallée alluviale
Sol évolué
Pente moyenne
Glacis d'érosion
24
Source : Travaux de terrain
|
Mars 2006
|
RABDO Abdoulaye
|
25
L'évolution des totaux pluviométriques
inters-annuels de 1977 à 2006 montre de fortes fluctuations (cf.
graphique n° 1). Les précipitations sont très variables
mensuellement et d'années en années. De 1977 à 2006,
l'indice de variation est de 2,69 mm. La moyenne annuelle des
précipitations cumulées des 10 dernières années
(1997-2006) a été de 637,4 mm avec 54 jours de pluies. Au cour de
cette même période, l'indice de variation est de 1.35 mm (cf.
graphique n° 2).
Précipitations (mm)
1000
400
900
800
700
600
500
300
200
100
0
Graphique n°1 : IRREGULARITES INTER - ANNUELLES DES
PRECIPITATIONS - OUAHIGOUYA :
1977- 2006
Précipitations (mm) Droite de tedance
Années
Source : Direction de la Météorologie
Nationale Rabdo, A. 2007
Précipitations (mm)
1000
400
900
800
700
600
500
300
200
100
0
Graphique n°2 : IRREGULARITES INTER-ANNUELLES D
ES
PRECIPITATIONS ET DU NOMBRE DE JOURS DE PLUIE -
OUAHIGOUYA : 1977
- 2006
P(mm) Jours
Années
40
80
70
60
50
30
20
0
10
Jours de pluie
Source : Direction de la Météorologie
Nationale Rabdo, A. 2007
26
Dans l'ensemble, la durée des pluies est de
plus en plus courte (moins de 65 jours pour les 5 dernières
années 2002 à 2006). Cette situation réduit la
période de la saison pluvieuse et compromet du même coup le
développement des cultures à cycle végétatif
long.
II.3.2. Détermination des périodes
saisonnières
La méthode8 de détermination
des périodes saisonnières utilisée dans notre étude
est celle de P. FRANQUIN. Celle-ci permet de mettre en évidence les
variations inter-mensuelles des précipitations. Elle prend en compte les
précipitations décadaires et l'évapotranspiration
potentielle décadaire (E.T.P). Sur une période de trente
années (1976-2005), nous sommes parvenus à établir les
différentes périodes de la saison pluvieuse de notre zone
d'étude (cf. graphique n° 3, page 27).
- La période pré-humide : par
définition, c'est la phase au cours de laquelle les pluviométries
décadaires sont plus basses que l'évapotranspiration potentielle
décadaire. Cependant, elles restent globalement supérieures
à la moitié de l'évapotranspiration potentielle
décadaire (E.T.P. /2). Celui observé dans le degré
carré de Ouahigouya s'étend de la première décade
du mois de mai à la première décade du mois de
juin.
- La période humide : c'est la période au
cours de laquelle les précipitations
décadaires sont globalement supérieures
à l'évapotranspiration potentielle décadaire (P
> E.T.P.). Elle s'étend de la deuxième
décade de juin à la deuxième décade de septembre.
Malgré l'abondance et la fréquence des pluies au cours de cette
période, on observe parfois des poches de sécheresse. Celles-ci
sont liées à l'insuffisance des précipitations (P
< E.T.P.). Ces poches perturbent fortement la croissance
des plantes notamment des cultures.
Cette période demeure cependant
prépondérante pour le bon déroulement de la campagne. En
effet, c'est au cours de cette période que les étapes
phénologiques telles que la montaison, l'épiaison et la floraison
des plantes ont lieu.
- La période post humide : elle correspond
à une diminution suivie de l'arrêt des précipitations. Elle
s'étend de la troisième décade de septembre à la
première décade d'octobre. Sa durée maximale est d'environ
trois semaines. Au cours de cette période, les précipitations
sont faibles et restent inférieur à E.T.P (E.T.P/2 P
E.T.P).
La période post-humide reste la plus
brève des trois. Sur le plan agronomique, elle coïncide avec la fin
du cycle végétatif des cultures pluviales (maïs, mil,
sorgho, etc.). C'est la période de la maturation.
Dans le degré carré de Ouahigouya, les
populations sans toutefois pouvoir déterminer avec certitude ces
périodes, arrivent à les reconnaître et à
préparer les travaux champêtres.
8 Les méthodes de
détermination des périodes saisonnières sont variables
suivant les auteurs. A la suite de P. FRANQUIN la F.A.O préconise
l'utilisation des bilans hydriques. D'autres chercheurs comme STERN, se basent
sur les règles d'apparition des pluies en dominant la quantité de
pluie minimum requise, le nombre de jours secs tolérés et
partant, sa durée dans le temps (T. SINIDAH, 2003).
ETP et ETP/2
200
180
160
140
120
100
40
80
60
20
0
Janvier
Graphique n°3 : Courbe évènementielle
de Franquin
Février
ETP/2 ETP Pluviométrie
Mars
Avril
F
Mai
Mois
A B C
Juin
Juillet
Août
Septembre Octobre
Novembre
Décembre
40
60
50
30
20
0
70
10
Pluviométrie (mm)
27
Source : Direction de la Météorologie
Nationale Rabdo, A.2007
F = faux départ A = période pré-
humide ; B = période humide ; C = période post-humide
II.3.3. La température
Les variations thermiques sont relativement
importantes dans la région (cf. graphique n° 4). La
température moyenne annuelle enregistrée sur la période de
1977 à 2006 est de 28°8 C, avec une amplitude thermique forte de
7°9 C. C'est une zone soumise à des températures
élevées durant ces 30 dernières années.
Elle est toujours supérieure à 20°
C. Cela a pour conséquences l'évaporation rapide des eaux de
surface et les modifications physiologiques des végétaux en vue
de s'adapter à chaque phase thermique de l'année.
Graphique n°4 : VARIATIONS MOYENNES MENSUELLES INT
ER-ANNUELLES DE LA TEMPERATURE - OUAHIGOUYA : 1977-2006
40
35
30
25
15
10
5
0
T°c
20
Mois
Température (T°c)
28
Source : Direction de la Météorologie
Nationale Rabdo, A. 2007
II.3.4. L'évaporation
L'évaporation est l'une des premières
phases d'une série de transformation qui traduit le passage de l'eau
liquide à l'état gazeux. Elle se manifeste
généralement sur les plans d'eau ou sur les sols humides.
L'évaporation est un paramètre climatique important concernant
notre étude. Elle nous permettra de mieux appréhender le
phénomène de perte en eau dans les retenues.
La courbe d'évolution (cf. graphique n° 5)
montre une forte évaporation pendant la saison sèche. Les valeurs
maximales sont atteintes en mars (379,4 mm), avril (377,73 mm) et mai (366 mm),
alors que les minimales sont observées en août (182,8 mm) et en
septembre (185,2 mm). Les fortes évaporations observées entre
mars et mai sont liées en partie à l'augmentation de la
température et à la présence de vents secs en provenance
de l'anticyclone du Sahara.
L'évaporation réduit très
rapidement les mares temporaires et pose des difficultés
sérieuses de stockage et de pérennisation des réserves en
eau de surface.
E ( mm)
400
350
300
250
200
150
100
50
0
Graphique n°5 : VARIATIONS MOYENNES MENSUELLES INT
ER-ANNUELLES DE L' EVAPORATION - OUAHIGOUYA : 1977-2006
Evaporation ( E : mm)
Mois
29
Source : Direction de la Météorologie
Nationale Rabdo, A.2007
II.3.5. Les vents
A l'instar des autres zones climatiques du pays, les
vents dans cette région suivent le régime imposé par le
mouvement du F.I.T (Front Inter-Tropical).
L'observation de la courbe des moyennes mensuelles des
vents permet de distinguer quatre périodes (cf. graphique n° 6). La
première, de janvier à avril, avec une vitesse moyenne de 2,20
m/s. La deuxième période, de mai à juillet, donne une
vitesse moyenne de 2,76 m/s avec une maximale de 3.02 m/s en juin. La
troisième période, de août à octobre, avec une
vitesse moyenne de 1,74 m/s et enfin, la période de novembre à
décembre, avec cette fois-ci une vitesse moyenne de 1,75 m/s. L'action
du vent dans la zone d'étude, est très importante. Le sol est
généralement très peu couvert voire nu. On observe un
transport des particules fines du sol. Cette action du vent diminue la
fertilité et la capacité de rétention en eau des
sols.
Graphique n°6 : VITESSE MOYENNE MENSUELLE DES VENTS
- OUAHIGOUYA : 1977- 2006
2,5
2
1,5
1
Vitesse en m/s
3,5
3
0,5
0
Mois
Vitesse du vent (m/s)
30
Source : Direction de la Météorologie
Nationale Rabdo, A.2007
II.4. Les sols
Les sols de la zone d'étude sont sous la
dépendance des climats actuels et anciens, mais aussi du modelé
et des matériaux sur lesquels ils se sont formés. La description
des types de sols rencontrés a été réalisée
par le BUNASOLS (2002). On distingue quatre grands ensembles de sols en
fonction de l'origine des matériaux.
Le transect n° 2 (Koumbri - Soulou), page 32, de
direction Nord-Est/Sud-Ouest, montre quelques types de sols
caractéristiques du degré carré de Ouahigouya.
Ce transect commence à environ 200 m du village
de Koumbri. Il a été identifié comme un transect en zone
non humanisée. Sur le plan géomorphologique, nous sommes ici dans
une plaine. Il se compose de trois principales unités : les buttes, la
plaine, et les vallées.
- Les buttes : deux éminences ont
été successivement rencontrées sur le parcours. Il s'agit
en fait de deux micro buttes à versants pavés de bloc et/ou de
galets de cuirasse ferrugineuse en démantèlement. Leur sommet est
plus ou moins massif selon le cas, avec cependant des diaclases de tailles
différentes. L'épaisseur de la dalle cuirassée et la
hauteur de chacune des buttes déterminent sa vigueur. Sur le plan du
couvert végétal, les éminences sont essentiellement
colonisées par des combretaceae, avec un tapis graminéen
dominé par Loudetia togoensis. Les versants, sont
occupés par une végétation de savane arbustive à
Combretum micranthum tandis que sur les sommets on une savane
arbustive à Guiera senegalensis, Pterocarpus lucens, Combretum
micranthum (espèce dominante). On observe des sols maigres à
état de surface gravillonnaire, sur cuirasse ferrugineuse.
31
- La plaine : elle commence après la
deuxième butte d'environ 215 m de hauteur. Elle est partout uniforme et
piquetée de quelques affleurements granitiques. Là, le couvert
végétal est une steppe arbustive à Vitellaria
paradoxa, Piliostigma reticulatum et Balanites aegyptiaca,
probablement anthropique compte tenu de la forte pression humaine sur le
milieu. Sur les glacis d'érosion, on a des champs donnant ainsi des
formations de type savanes parcs. En fait, la plaine est cultivée sur
toute cette partie du transect.
- Les vallées : deux vallées sont
également rencontré sur le parcours. La première
vallée alluviale commence tout juste après la première
butte et se poursuit jusqu'à la deuxième butte. La
deuxième vallée se situe après la deuxième butte,
sur la plaine. Elles sont aussi exploitées sur le plan agricole. La
première vallée, à lit d'inondation très large pour
un lit mineur présentant beaucoup de méandres.
II.4.1. Les sols minéraux bruts
Les sols minéraux bruts observés dans
notre zone d'étude sont les lithosols sur cuirasse ferrugineuse. Ces
sols présentent un horizon de surface à peine
ébauché ou inexistant reposant sur une roche non ou peu
décomposée, constituée d'affleurements de grès et
de cuirasses ferrugineuses et d'éléments divers.
Les cuirasses subissent à leur sommet un
début de démantèlement et sont recouvertes d'une mince
couche de débris, suffisante pour permettre le développement de
quelques graminées (Loudetia togoensis, Pennisetum
pedicellatum) et d'arbustes (Combretum micranthum,
Pterocarpus lucens). Cette végétation n'offre que peu
d'intérêt (maigre pâturage, surtout arbustif, bois de
feu).
II.4.2. Les sols peu évolués
d'érosion
Ils s'observent sur de grandes étendues. Ce
type de sol est le plus largement répandu dans la zone (cf. carte
pédologique, page 33). Leur surface est fortement gravillonnaire et leur
transition avec les lithosols, situés sur les hauts de versants, se fait
par simple réduction du manteau de débris. Leur
intérêt agronomique est considéré comme
«nul» ou «très faible», ce qui n'empêche pas
qu'ils soient cultivés en mil et arachide.
On distingue essentiellement les sols peu
évolués d'érosion sur matériaux gravillonnaires. Ce
sont des sols généralement issus du démantèlement
des cuirasses ferrugineuses. Ils sols sont associés aux sols ferrugineux
tropicaux. Comparé aux lithosols, l'érosion y est moindre, les
végétaux sont plus abondants. Ces sols sont
généralement mis en culture.
32
|
|
Transect n°2 : Koumbri - Soulou
|
|
|
NE Koumbri SW
Formation I 'Formation 1 Soulou I
Savane arbustive I I I Savane parc I ripicole I ~ iripicole I
I
à Combretum I Formation ripicole Savane
arbustive à
(Savane arbustive) à Vitellaria (Savane (Savane I
micranthum I Combretum micranthum I paradoxa I arborée) I
= 'arbustive) Savane parc à Vitellaria paradoxa I
I as I I I
I m I I I
I N I I I
I
|
325 m
|
I
I I
I I
I I
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A ·11% lit . ek i
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|
|
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I 1 1 1 alluviale 16\ it Glacis
d'érosion I
1 1 I Q I
|
û
|
|
10 km
|
|
|
|
|
|
Arbre
|
|
|
=__ = Dalle cuirassée Tapis herbacé
Arbrisseau` Arbuste
-ff
|
|
|
|
Souce : Traveaux de terrain Mars 2007 RABDO Abdoulaye
33
|
|
CARTE PEDOLOGIQUE DU DEGRE CARRE DE
QUAHIGDUYA:
|
|
|
|
|
140
|
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Thiou ,
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|
14°
N
|
Sols à Mull
- Sols bruns eutrophes vertiques: Association à sols
ferrugineux peu lessivés sur sables éolien
Sols à Sesquioxydes et Matière Organique rapidement
Minéralisée
Sols à Sesquioxydes
-
Sols Ferrallitiques
- Sols ferrugineux tropicaux peu lessivés à drainge
interne; Association à sols gravillonnaires
- Sols ferrugineux tropicaux lessivés à taches et
concrétions: sur matériau argilo-sableux, association à
sols gravillonnaires
SOIS Minéraux Bruts
- Sols Minéraux Bruts d'érosion Likhosols sur
cuirasse Ferrugineuse
|
|
|
T~~ ~ ~
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|
.-
|
Sols Halomorphes
Solonetz à structures en colonnettes de l'horizon B:
Association à sols gravillonnaires
Sols Peu 'Évolués.
- Sols *igues sur matériaux gravillonnaires:
Association à lithosols sur cuirasse ferrugineuse
Verb sols et Paravertisols
- Sols vertiques: sur matériau argileux issu de roches
basiques
Sols Hydromorphes
- Sols hydromorphes à pseudogley structurés:
Association à sols ferrugineux peu lessivés sur matériau
sablo-argileux peu
|
|
1g°
|
+ } :
· . ; Too -a.
=
; x -- - Gomp'{.=:..
Boussou : `§~
rr , ·
|
13°
|
épais à nivaux gravillonnaire
14° Coordonnée géographique
o Chef-lieu de province Chef-lieu de département
Cours d'eau /V Route
|
|
|
3° 20 0 20 Km. 2°
|
Al Limite du territoire
|
|
|
|
Limite du degré carré
|
|
|
|
|
|
|
|
Source: BNDTI1998 Septembre.2 ·0.47 RABDO A &
ZOUNGRANA L. E.
34
II.4.3. Les sols ferrugineux tropicaux
II.4.3.1. Les sols ferrugineux tropicaux peu
lessivés
Les sols ferrugineux tropicaux peu lessivés
sont caractérisés par l'existence d'horizons supérieurs
nettement décolorés (horizon A), passant progressivement à
un horizon à coloration maximum (horizon B), généralement
rougi. A l'intérieur de ces sols, on distingue dans la zone
:
- les sols ferrugineux tropicaux peu lessivés,
à drainage interne limité en profondeur (à 2 ou 3
mètres) par la présence d'une cuirasse. Localisés au Nord
de Ouahigouya et de Titao, ils sont très sollicités par les
cultures de sorgho, mil et arachide ;
- les sols ferrugineux peu lessivés, à
drainage interne limité en profondeur sur sables éoliens,
associés à des sols gravillonnaires, localisés au
Nord-Ouest et Sud-Est de Titao, Gomboro et à Kiembara ;
- les sols ferrugineux peu lessivés, à
drainage interne limité en profondeur sur sables éoliens,
associés à des sols hydromorphes sur matériaux argileux
issus de schistes argileux. Ils sont localisés à Koumbri, Barga,
Namissiguima, Ouahigouya et Titao.
Les sols ferrugineux peu lessivés sont faciles
à travailler et ils pourraient être l'objet de pratiques simples
de conservation.
II.4.3.2. Les sols ferrugineux tropicaux
lessivés
Il s'agit essentiellement des sols ferrugineux
tropicaux lessivés à tâches et concrétions sur
matériau argilo-sableux, association à sols gravillonnaires. Ces
sols se situent principalement dans les vallées des régions
granitiques situées au Sud et au Sud-Ouest de la zone (Gourcy, Kiembara,
Lankoué, Gomboro).
Leur sensibilité à l'érosion les
rend fragiles, et leur dégradation semble difficilement
réversible. Les sols très cultivés sont en
général atteints par une érosion en nappe qui diminue
fortement leurs qualités physiques.
II.4.4. Les sols hydromorphes
Les sols hydromorphes de la zone d'étude, sont
des sols hydromorphes peu humifères à pseudo-gley, ils occupent
les bas-fonds ou les plaines alluviales.
On distingue :
- les sols hydromorphes associés à des sols
bruns eutrophes sur matériau argileux et à sols ferrugineux peu
lessivés sur sables éoliens Ils sont localisés au
Sud-ouest et Sud-Est de Ouahigouya (Zogoré, Oula) ;
- les sols hydromorphes associés à des
sols ferrugineux peu lessivés sur matériau sablo-argileux peu
épais à niveau gravillonnaire. Localisés au Centre
(Yatenga), au Sud (Zondoma - Passoré) et au Sud-Ouest de
Titao.
35
II.5. La végétation
Les formations végétales de la zone
d'étude peuvent être subdivisées en trois zones : la zone
des strates arbustives et herbacées, la zone de la strate
arborée, la savane parc ou savane anthropique.
II.5.1. La zone de savane arbustives et
herbacées
La savane arbustive : elle prédomine dans la
partie Nord de la zone d'étude et apparaît en îlots
très localisés dans la partie Sud. Elle est composée d'une
strate ligneuse à Combretum micranthum et Glutinosum,
Acacia macrostachya, Guiera senegalensis, et d'une strate
herbacée de taille faible, comprenant des espèces vivaces :
Loudetia togoensis, Aristida longiflora, Andropogon
gayanus. Cette formation est souvent dominée par quelques arbres
épars tels: Bombax costatum (kapokier), Lannea microcarpa
(raisinier), Adansonia digitata (baobab), Lannea
acida.
La savane herbeuse : elle s'étend à
l'extrême Nord de la zone (nord de Thiou), sur les plaines sableuses.
Elle est due à la strate herbacée presque continue de
Pennisetum pedicellatum, Aristida longiflora, associée
à une formation ligneuse basse et claire ; Guiera senegalensis
et Boscia senegalensis, Bauhinia reticulata et
Piliostigma reticulata. Parfois, des plaques de sol nu apparaissent,
décapées par le ruissellement.
II.5.2. la zone de la savane arborée
La savane arborée : elle se développe au
Sud de l'isohyète 500 mm (Ouahigouya - Zondoma - Passoré). Elle
est fortement marquée par l'action anthropique. La savane arborée
se densifie dans les bas-fonds, où les arbres atteignent leur plus
grande hauteur. Ce sont : Khaya senegalensis, Annogeissus
leiocarpus, Acacia penata, Mitragyna inermis,
Tamarindus indica et Ficus sp, sous lesquels se
développe une strate arbustive, parfois dense, à Guiera
senegalensis et Boscia senegalensis, Zizyphus
mauritiana, ainsi qu'un tapis graminéen à Pennisetum
pedicellatum, Andropogon Sp.
II.5.3. La savane parc ou savane anthropique
La savane parc observée dans la zone
d'étude est le résultat d'un long défrichement des
populations. C'est une savane dans laquelle, les paysans au cour de leur
défrichements, n'ont conservé que les espèces qui leurs
sont utiles. Soit à cause de leurs fruits, leurs feuilles, leurs fleurs.
Cette savane, s'étend sur les bas de pente et gagne parfois les
interfluves, à proximité des villages.
Le parc a une composition : Vitellaria
paradoxa, Acacia albida, Tamarindus indica,
Sclerocarya birea , Parkia biglobosa, Lannea acida,
Lannea microcarpa. Proches des villages, des bosquets reliques, en
formation arborée, fermée et dense sont observés. Ce sont
des bois "sacrés". Les bosquets rassemblent les espèces
arborées tels que Khaya senegalensis et Anogeisus
leiocarpus, sous lesquelles une sous-strate arbustive à
épineux s'est devéloppée (Acacia
macrostachya).
36
II.6. L'hydrographie II.6.1. Les cours d'eau
Le réseau hydrographique de la zone
d'étude ne comporte pas de cours d'eau pérennes. On y trouve de
grandes retenues. Le plus important est le barrage de Toécé. Le
lac Bangassogo est le seul lac observé dans la zone d'étude. Une
partie des différents cours d'eau mis en place par l'érosion,
s'écoule vers le Nakambé qui est le seul cours d'eau relativement
important. Il se localise au Nord-Est de la zone où il coule vers le
Sud-Est.
II.6.2. Les retenues d'eau
Les retenues d'eau comprennent les lacs naturels et
les réservoirs artificiels. Les réserves artificielles sont
nombreuses. On enregistre de nombreux barrages tels que le barrage de
Toécé, le barrage de Tougou, le barrage de Ouahigouya, le barrage
de Thiou, le barrage de Titao. Les retenues d'eau constituent des ressources en
eau non négligeables pour l'alimentation des troupeaux et l'irrigation
des périmètres agricoles pendant la saison
sèche.
III- LES ASPECTS HUMAINS
III.1. La population
La plus grande partie du degré carré de
Ouahigouya fait partie de la plaine centrale, et plus précisément
de la région du Nord. Elle est habitée principalement par les
Mossés.
III.1.1. Composition et évolution de la
population
La zone d'étude est peuplée par une
mosaïque d'ethnies dont les groupes principaux sont les Mossés, les
Fulbés, les Peulhs et les Samos. Les Mossés et les Fulbés
sont traditionnellement sédentaires, agriculteurs ou agro-pasteurs. De
nos jours, les Mossés pratiquent de plus en plus l'élevage, de
façon directe en semi stabulation, ou sur des pâturages proches
des villages. Les Peulhs sont traditionnellement des éleveurs
transhumants, mais on constate qu'ils se sédentarisent de plus en plus
et diversifient leurs activités en pratiquant l'agriculture. Tout comme
les Mossés, les Samos sont également sédentaires,
agriculteurs.
Au recensement général de la population
de 1996, la zone d'étude, composée de 23 départements
comptait 596 769 habitants9 (5,78 % de la population du Burkina
Faso). Seuls quatre départements (Yako, Gourcy, Ouahigouya, Kalsaka)
avaient un effectif de plus de 40 000 habitants. En prenant en compte un taux
moyen de croissance démographique de 2,2 % l'an, la population de la
zone d'étude en 200710 est estimé à 1 093 014
habitants, ce qui représente une augmentation de 45,40 %. Cet
accroissement qui le plus souvent ne va pas de pair avec celui de la
production, n'est pas sans conséquences. La structure d'âge de la
population explique en partie l'inadéquation entre l'accroissement
démographique et celle de la production.
9 INSD. 1996. Recensement
général de la population et de l'habitation, Ouagadougou, Burkina
Faso.
10 INSD. 2004. Projections de
la population du Burkina Faso.
37
En effet, la population est à
prédominance jeune : plus de la moitié des habitants soit 59 % du
degré carré de Ouahigouya a moins de 20 ans. Les personnes
âgées (65 ans et plus) représentent 5,10 % de la population
et constituent la tranche des personnes à charge. Le gros des
activités de production est assuré par la tranche d'âge de
15 à 64 ans (44,54 %) de la population.
III.1.2. La densité démographique et ses
conséquences
La densité démographique de la
région à été estimée à 56 habitants
au km2 en 1996 et à 75 habitants au km2 en 2010.
Ces taux expliquent sans nul doute le classement de la région parmi
celles les plus peuplées du pays. Elle est particulièrement
élevée au Yatenga, au Zondoma, et au Passoré.
Cette forte densité explique en partie
l'abandon de la jachère ou sa courte durée (2 à 3 ans).
Les champs sont cultivés de façon quasi permanente, ce qui
accélère l'épuisement des sols. Les noyaux de fortes
densités sont situés sur les sols relativement fertiles.
Malgré cette fertilité relative des sols, la population subsiste
grâce aux revenus additionnels provenant de l'élevage et à
la contribution des migrants installés dans les pays côtiers
(Côte-d'Ivoire, Ghana, etc.) ou en Europe.
III.2. Les caractéristiques sociales de la zone
III.2.1. L'organisation sociale
Sur le plan de l'organisation traditionnelle, le
pouvoir est détenu par un chef désigné parmi plusieurs
candidats de la lignée royale. La chefferie est le garant de la
cohésion sociale, de la tradition et de la gestion des
ressources.
Le chef du village est parfois en même temps
chef de terre, mais dans la plupart des cas cette fonction est détenue
par une personne distincte du chef de village. Toute la terre n'appartient pas
au chef de terre ou de village, mais il en est le dépositaire et
l'arbitre. Chaque personne voulant avoir une parcelle de terre s'adresse
à la famille hôte qui le présente au chef, celui-ci
attribue la terre après avoir reçu les cadeaux d'usage du
postulant.
La terre ainsi acquise peut être
exploitée indéfiniment par le bénéficiaire et ses
descendants. Une fois les terres occupées, le chef de terre ou de
village n'a plus d'autorité sur la terre et une autre personne qui se
trouve dans le besoin doit s'adresser directement au propriétaire pour
demander le prêt d'une ou plusieurs parcelles. Le prêt se fait sans
difficultés, mais pour souligner qu'il s'agit d'un prêt,
l'utilisateur n'a pas le droit d'y planter des arbres. Le régime
d'attribution et d'exploitation peut cependant varier selon les villages et les
zones.
Dans l'ensemble, le pouvoir traditionnel dans la
société moaga reste solide. Cependant, la société
semble s'accommoder aux changements qui sont en train de s'opérer,
notamment avec la mise en place des groupements paysans et le CVD.
38
III.2.2. L'habitat
Dans la partie Nord de la zone, l'habitat est
très groupé et correspond aux villages Dogons,
Rimaïbés et Foulbés. Ceux-ci sont séparés les
uns des autres de 3 à 7 kilomètres. Les villages peulhs, de type
groupé, sont formés de plusieurs campements, mobiles au rythme
des saisons.
Dans le centre et le Sud, plusieurs villages sont
relativement bien individualisés. Les villages Yarcés à
habitat groupé et les villages Silmi-mossés à habitat
dispersé, sont associés aux villages Mossés.
Dans le Passoré, l'habitat est de type
dispersé surtout à l'Ouest et au Sud-Ouest. A l'Est, par contre,
l'habitat est un peu plus regroupé.
III.3. Les caractéristiques économiques
Les activités principales des populations de la
zone sont l'agriculture et l'élevage. Dans une moindre mesure, les
populations pratiquent également d'autres activités secondaires
(artisanat ; teinture, pisciculture et commerce).
III.3.1. L'agriculture
La quasi-totalité de la population de la zone
d'étude pratique l'agriculture (95 %). C'est une agriculture
essentiellement pluviale. Elle est donc dépendante des conditions
climatiques. Les pratiques agricoles restent traditionnelles.
III.3.1.1. Les cultures pratiquées
Les espèces cultivées sont faiblement
diversifiées. Cette situation est liée, d'une part aux sols
souvent pauvres, très sensibles à l'érosion, et d'autre
part aux habitudes alimentaires des populations. On rencontre deux grands
groupes de cultures, en fonction de leur importance : les cultures pluviales et
celles irriguées.
III.3.1.1.1. Les cultures pluviales
Les systèmes de productions pluviales sont
dominés par les céréales qui occupent 70 à 90 % des
superficies cultivées. Les principales espèces culturales sont
les cultures de niébé généralement en association
avec les céréales et celles d'arachide, de voandzou et de
sésame.
Le sorgho constitue la première culture de la
région, il occupait 190994 ha de terres cultivées en
céréales lors de la campagne 2006 -2007 (DGPSA/MAHRH). Dans le
même temps, le mil couvrait 169348 ha de terres cultivées en
céréales. L'importance accordée au sorgho est
corrélative non seulement aux habitudes alimentaires des populations
mais aussi à la disponibilité en sol de la région. Il est
cultivé sur presque tous les sols et même sur les flancs des
collines. La culture du sorgho rouge est très élevée dans
la province du Passoré, avec une production de 1708 tonnes pour la
campagne 2006 -2007. Le sorgho est la matière première de la
bière locale (dolo), bien consommée dans les provinces du
Passoré, Zondoma, Loroum et Sourou.
39
Le mil, moins exigeant que le sorgho, occupe souvent
les sols pauvres. C'est une culture qui, selon les paysans, résiste plus
a Striga hermonthica. La récolte du maïs intervient
généralement au moment de la période de soudure
(juillet/août). Il permet de pallier au manque de céréales
durant cette période.
Le niébé, l'arachide, le pois de terre,
l'igname, la patate douce, constituent les cultures secondaires. L'arachide et
le pois de terre sont cultivés sur de petites parcelles (quelques
dizaines de m2) appartenant le plus souvent aux femmes. Le
niébé, cultivé en association avec le sorgho ou le mil,
occupe aussi une place dans l'alimentation.
Les productions des principales cultures dans la zone
au cours de ces deux dernières années sont
présentées dans le tableau n° 1 ci-après.
Tableau n° 1 : Production (en tonnes) totale des
cultures céréalières 200662007
DRAHRH/PROVINCE
|
Mil
|
Sorgho blanc
|
Sorgho rouge
|
Maïs
|
|
Riz
|
Fonio
|
Ensemble
|
Passoré
|
13
|
320
|
63
|
776
|
1
|
708
|
1
|
303
|
|
26
|
|
-
|
80
|
133
|
Yatenga
|
104
|
225
|
116
|
451
|
|
-
|
2
|
083
|
1
|
035
|
|
881
|
224
|
675
|
Loroum
|
45
|
283
|
14
|
434
|
|
38
|
|
712
|
|
71
|
|
242
|
60
|
780
|
Zondoma
|
10
|
026
|
23
|
111
|
|
36
|
|
995
|
|
301
|
|
-
|
34
|
469
|
Sourou
|
25
|
481
|
22
|
847
|
|
-
|
9
|
489
|
7
|
616
|
|
-
|
65
|
433
|
Total
|
198
|
335
|
240
|
619
|
1
|
782
|
14
|
582
|
9
|
049
|
1
|
123
|
465
|
490
|
Source : Direction Générale des
Statistiques Agricoles/DGPSA/MAHRH/2007 Rabdo, A.
L'analyse du tableau montre que le sorgho blanc est la
principale culture céréalière de la zone d'étude.
Les autres cultures céréalières sont en seconde position.
Le Yatenga présente la plus grande production
céréalière dans la zone d'étude.
III.3.1.1.2. Les cultures irriguées
Le potentiel de bas-fonds aménageables de
l'ensemble de la zone d'étude est estimé à 53 098
ha11. Des possibilités d'irrigation existent à travers
la présence de lacs naturels et de nombreuses retenues collinaires dont
la plus importante est le barrage de Toécé. Les eaux de surface
sont exploitées pour diverses productions maraîchères
vendues soit sur les marchés locaux et nationaux, soit dans certains
pays limitrophes, ou exportées vers l'Europe (haricot vert par exemple.
Les deux centres provinciaux (Ouahigouya, Yako) et Ouagadougou constituent les
principaux marchés d'écoulement de ces produits.
Les cultures maraîchères sont
variées : haricot vert, pomme de terre, tomate, choux, oignon, etc.
Celles-ci connaissent un essor et jouent de plus en plus le rôle de
culture de rente.
11 Rapport de l'inventaire des bas-fonds
réalisé par le PNGT dans le cadre du SILEM : Sahel Integrated Low
Land Ecosystem Management (Gestion intégrée des
écosystèmes des bas-fonds et des plaines du sahel).
40
III.3.2. L'élevage12
Dans la région, l'élevage occupe environ
2,5 % de la population. Il est perçu comme une activité
complémentaire à l'agriculture. En effet, la majorité des
exploitants agricoles de la zone pratique l'agriculture et l'élevage de
façon plus ou moins intégrée. Cette intégration se
justifie d'abord par son intérêt économique et ensuite par
son caractère de spéculation épargne. Par ailleurs, la
possession d'un effectif important d'animaux confère un prestige social
au propriétaire.
III-3.2.1. Les types d'élevage
Quatre principaux types d'élevages cohabitent
dans la zone d'étude. Ce sont : le type transhumant, le type
sédentaire extensif, le type sédentaire semi-intensif et le type
intensif. Les espèces concernées par ces différents types
sont les bovins, les ovins et les caprins.
Au niveau régional, le système
sédentaire extensif reste dominant, avec une part de 76,3 % pour les
bovins. Pour les ovins, la prédominance du système
sédentaire extensif est à 82,7 %. La part du système
sédentaire extensif pour les caprins est de 91,9 %.
La part de la transhumance dans les pratiques
d'élevage atteint 15,3 % pour l'espèce bovine, entre 6 et 7 %
pour les petits ruminants dont : ovins 6,6 % et caprins 5,6 %.
Le système sédentaire semi-intensif est
de 8,3 %, pour les bovins, 9,9 % pour les ovins et 2,3 % pour les
caprins.
Le système sédentaire intensif quant
à lui, est de 0,1 % pour les bovins, de 0,8 % pour les ovins et de 0,1 %
pour les caprins. Sa pratique reste limitée dans la zone.
III.3.2.2. Les sources d'alimentation
Au plan régional, la principale source
d'alimentation des ruminants est le pâturage naturel (plus de 60,26 %).
Les sous-produits agro-industriels, les fourrages cultivés et le foin
sont faiblement utilisés par les éleveurs dans le cadre de
l'alimentation de leurs animaux.
Dans toute la région, au moins 48 % des
éleveurs nourrissent leurs animaux à partir du pâturage
naturel. Ces proportions sont assez considérables avec 51,7 % pour les
bovins, 56,9 % pour les ovins et 72,2 % pour les caprins.
Les sous-produits agro-industriels et les
résidus de récolte sont également utilisés par les
éleveurs de bovins mais dans une moindre mesure : 13,1 % pour les
bovins, 7,1 % pour les ovins et 3,6 % pour les caprins dans le cas des
sous-produits agro-industriels et 34,5 % pour les bovins, 34,4 % pour les ovins
et 23,6 % pour les caprins dans le cas des résidus de
récolte.
Les fourrages cultivés et les foins par contre
sont très faiblement utilisés : moins de 3 % chez les
éleveurs de bovins. Les éleveurs d'ovins et de caprins utilisent
prioritairement le pâturage naturel et accordent très peu
d'intérêt à l'utilisation des fourrages cultivés et
du foin.
12 Les données sur
les types d'élevage, les sources d'alimentation sont extraites du
rapport de la deuxième enquête nationale sur les effectifs du
cheptel : Tome II (résultats et analyses) novembre 2004, du
Ministère des Ressources Animales, Direction des Etudes et de la
Planification.
41
III.3.3. Les autres activités
En plus de l'agriculture et de l'élevage, les
habitants de la région exercent d'autres activités telles que
l'artisanat, l'orpaillage et le commerce.
L'artisanat pratiqué est un artisanat
utilitaire (poterie, tissage, forge). L'orpaillage est une activité
récente qui occupe la population surtout en saison sèche. En
effet, ces dernières années ont connu une prolifération
dans la zone, de sites aurifères comme ceux de Bouda, Bouboulou,
Nagséné au Passoré et ceux de Broba, Bouro, Goko, Thiou.
L'exploitation de ces sites est traditionnelle. Les orpailleurs creusent
à la main des trous pouvant atteindre 40 mètres de profondeur. Le
minerai est pilé, tamisé et lavée à l'eau pour en
extraire l'or en paillette ou en poudre.
Le commerce est constitué de petites
activités comme la vente des noix de cola, des céréales et
d'articles manufacturés divers.
III.4. La gestion et l'exploitation du domaine foncier
Dans le degré carré de Ouahigouya, les
paysans interrogés affirment pour la plupart (70 %) n'avoir jamais
entendu parler des nouvelles dispositions statutaires de la RAF. Les familles
exercent leur droit de propriété sur des parcelles en culture ou
en jachère, mais surtout sur des terres ayant appartenues à des
parents plus ou moins éloignés. Le paysan à la recherche
d'une nouvelle terre, en fait la demande aux autorités
coutumières, principalement au chef de terre (Tengsoaba en
mooré).
III.4.1. Le nombre et le type de parcelles
exploitées par ménage
Le nombre de parcelles exploitées par
ménage est souvent fonction de l'importance de la force de travail.
Cette force est tributaire de trois principaux facteurs qui sont : le
matériel de travail, le nombre d'actifs et l'âge de l'agriculteur
(chef de ménage). Nous distinguons deux types de ménages suivant
le nombre de parcelles cultivées.
- Les ménages exploitant une ou deux parcelles
de culture représentent 10,7 % des ménages. On retrouve dans ce
groupe, les personnes exerçant des activités secondaires comme le
petit commerce, l'artisanat, etc. Les champs de case et les jardins de case
sont exploités de façon continue, sans
jachère.
- Les ménages exploitant trois parcelles de
culture et plus nécessitent la personnalité ou la capacité
du chef de ménage et un nombre d'actifs important (5 à 10
personnes). Sur les champs de brousse, on cultive le sorgho blanc et le mil.
Les paysans qui ont les moyens y pratiquent également les cultures de
rente comme le sésame et le riz.
Le soin que le paysan apporte aux différents
champs décroît en fonction de la distance entre ceux-ci et la
concession. Les champs de case bénéficient
généralement d'aménagement (cordons pierreux) et d'un
apport en fumier. Ils sont par conséquent les plus
productifs.
42
Tableau n° 2 : Type de ménage en fonction du
nombre de parcelles exploitées
Taille du ménage
|
Parcelles exploitées
|
Total
|
Jardin de case +
champs de case +
champs de brousse
|
Champs de case
+ champs de brousse
|
Jardin de case + champs de case
|
Jardin de case
+ champs de brousse
|
Champs de
brousse
|
1 à 5
|
32
|
3
|
1
|
1
|
1
|
38
|
5 à 10
|
66
|
3
|
3
|
|
2
|
74
|
10 à 15
|
28
|
|
1
|
|
1
|
30
|
15 à 20
|
6
|
|
|
|
|
6
|
20 et plus
|
2
|
|
|
|
|
2
|
Total
|
134
|
6
|
5
|
1
|
4
|
150
|
Pourcentage
|
89,33 %
|
8 %
|
2,66 %
|
100 %
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes -
mars à avril/2007.
Le tableau n° 2 ci-dessus montre que la grande
majorité des paysans de la zone d'étude possèdent trois
parcelles d'exploitation. En effet, 89,33 % des paysans possèdent trois
parcelles contre 8 % qui possèdent deux parcelles et 2,66 % qui
possèdent une parcelle de culture. Les ménages de un à
quinze personnes sont ceux qui possèdent le plus grand nombre de
parcelles à exploiter. Les paysans interrogés affirment exploiter
trois parcelles afin de subvenir aux besoins alimentaires familiaux ou
extrafamiliaux même en mauvaise pluviométrie.
Le nombre de parcelles exploitées est fonction
du droit de terre. L'attribution des parcelles est fonction des terres
disponibles et des liens qui lient le demandeur à celui qui attribue la
terre. C'est le cas des personnes exploitant une ou deux parcelles. Celles
exploitant plus de deux parcelles sont des propriétaires
terriens.
III.4.2. La durée de la mise en valeur
Trois types de parcelles peuvent être
distingué à partir des résultats de
l'enquête.
- Les parcelles anciennes : ce sont des terres
cultivées depuis plus de quarante ans, sans jachère (champ de
case, jardin de case). Selon les paysans, cette mise en valeur prolongée
s'explique par trois principaux facteurs: le manque de terres cultivables, la
fertilité de certains sols (bas-fonds) et plus récemment, les
aménagements (cordons pierreux) ;
- Les reprises de jachère : après une
mise en valeur de cinq à sept saisons consécutives, les champs
sont laissés au repos durant deux à quatre ans, voire six ans. La
courte durée de la jachère s'explique par la faiblesse des
superficies exploitées. Le tableau n° 3, présente les
durées de jachère dans la zone. On constate que 32 % des paysans
enquêtés pratiquent une jachère de deux à quatre
ans, tandis que 24,7 % pratiquent une jachère de quatre à six
ans. Les jachères de dix ans et plus, soit 8 %, sont observées
dans la province du Sourou. Les paysans affirment qu'ils exploitent plusieurs
parcelles, ils peuvent donc laisser une parcelle sans l'exploiter pendant
plusieurs années. Cette longue durée de jachère est
également observée dans le Yatenga (Bidi) où la
pauvreté des sols requière une longue jachère (propos de
paysans). Les paysans affirment qu'il faut une longue jachère pour que
ces sols puissent récupérer et être à nouveau
productif. L'enquête réalisée nous révèle
également que 20 % des agriculteurs ne pratiquent pas de jachère.
Ils ne possèdent pas suffisamment de parcelles pour le
faire.
43
Tableau n° 3 : Durée des
jachères
Duré de jachère
|
Province
|
Total
|
Pourcentage
(%)
|
Loroum
|
Passoré
|
Sourou
|
Yatenga
|
Zondoma
|
Pas de jachère
|
4
|
4
|
|
12
|
10
|
30
|
20,0
|
1 à 2 ans
|
1
|
|
1
|
3
|
14
|
5
|
3,3
|
2 à 4 ans
|
6
|
6
|
3
|
19
|
9
|
48
|
32,0
|
4 à 6 ans
|
2
|
4
|
5
|
17
|
1
|
37
|
24,7
|
6 à 8 ans
|
1
|
1
|
1
|
4
|
1
|
8
|
5,3
|
8 à 10 ans
|
1
|
|
7
|
2
|
|
10
|
6,7
|
10 ans et plus
|
|
|
3
|
8
|
1
|
12
|
8,0
|
Total
|
15
|
15
|
20
|
65
|
35
|
150
|
100,0
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes -
mars à avril/2007.
- Les parcelles récentes: elles regroupent les
terres qui sont mises en valeur depuis moins de dix ans. Ce sont
généralement les champs de brousse dont la durée de mise
en valeur est révélatrice d'une insuffisance de terres
cultivables. Le tableau n° 4 ci-dessous montre que 14,7 % des personnes
enquêtées exploitent de nouvelles parcelles depuis deux ans et
10,7 % depuis un an. Cependant 57,3 % des enquêtés ne
possèdent pas de parcelles récentes.
Tableau n° 4 : Parcelles récentes
Parcelles récentes
|
Province
|
Total
|
Pourcentage
(%)
|
Loroum
|
Passoré
|
Sourou
|
Yatenga
|
Zondoma
|
0
|
6
|
12
|
11
|
35
|
22
|
86
|
57,3
|
1 an
|
1
|
|
2
|
9
|
4
|
16
|
10,7
|
2 ans
|
3
|
2
|
1
|
9
|
7
|
22
|
14,7
|
3 ans
|
2
|
|
3
|
3
|
1
|
9
|
6,0
|
4 ans
|
1
|
|
2
|
1
|
|
4
|
2,7
|
5 ans
|
1
|
1
|
|
1
|
|
3
|
2,0
|
6 ans
|
1
|
|
|
3
|
1
|
5
|
3,3
|
7 ans
|
|
|
|
4
|
|
4
|
2,7
|
8 ans
|
|
|
1
|
|
|
1
|
0,7
|
autres
|
|
|
|
|
|
|
|
total
|
15
|
15
|
20
|
65
|
35
|
150
|
100,0
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes -
mars à avril/2007. 0 : pas de nouvelles parcelles.
III.4.3. Le calendrier agricole
Les investigations de terrain, nous ont permis de
faire ressortir les principales opérations culturales pour les cultures
céréalières (mil et sorgho) de la zone (cf. tableau
n° 5, page 45).
44
Les différents travaux agricoles durent huit
mois au cours de l'année. On distingue quatre types d'opérations
agricoles :
- la préparation des champs : elle concerne le
nettoyage, le travail du sol ou labour/scarifiage en traction bovine/asine, la
réalisation des trous de zaï. Les travaux sont
réalisés à l'approche de la saison pluvieuse (avril-juin).
Le nettoyage consiste à débarrasser le champ des touffes de
buissons. Ces dernières sont rassemblées en tas et
brûlées avec les feuilles mortes. Quant aux labours, ils
permettent de briser la croûte superficielle du sol. A ces travaux,
s'ajoutent les aménagements des champs avec des ouvrages de CES
réalisés entre les mois de février et de juin.
- les semis : ils s'étalent sur un mois
(mi-juin à mi-juillet). Cette période est marquée par des
poches de sécheresse que les paysans ont du mal à
maîtriser. Les cultures principales (mil, sorgho, maïs) sont
semées en priorité. Ensuite interviennent les semis secondaires
(arachides, voandzou, etc.).
- les travaux d'entretien: l'entretien du champ
commence après un semis réussi. Il s'agit du démariage
(réduction de la concurrence entre pieds d'un même poquet), du
sarclage qui consiste à arracher les végétaux nuisibles et
à ameublir la surface du sol. Les paysans effectuent
généralement deux sarclages. Le premier a lieu en fin juillet
après les semis et le second au cours du stade d'initiation florale. Le
labour d'entretien qui intervient en fin août a pour but d'arracher les
herbes repoussées, mais aussi de consolider les pieds des cultures. Le
paysan fait des tas de terre sous forme de butte aux pieds des
céréales. Cette technique permet aux tiges de résister au
déracinement lors des vents violents en fin de saison. Mais lorsque le
paysan ne peut pas désherber rapidement son champ, il effectue les tas
sur les herbes. Ces dernières enfouies constituent de la fumure pour les
semis de la prochaine saison.
- la récolte: la période de
récolte varie en fonction du cycle végétatif des cultures.
La récolte du maïs par exemple, intervient en août -
septembre alors que celle du mil se situe entre octobre et novembre voire
décembre. Après la récolte, les paysans s'adonnent
à d'autres activités : maraîchage, travaux
d'aménagement des parcelles, artisanat etc.
45
Tableau n° 5 : Principales opérations
culturales
Période
|
Opération culturale
|
Objectif et modalité
|
Type de parcelle
|
Avril-Juin (2e décade)
|
Nettoyage/préparation des champs
|
Nettoyage des champs avant semis en coupant les
repousses d'arbustes et brûlant les résidus
|
Toutes les parcelles.
|
Juin-juillet (2e décade)
|
Travail du sol
"Technique de zaï"
Premier semis
|
Amélioration de l'infiltration de l'eau et
contrôle de
l'enherbement à travers le travail manuel du sol
ou labour/scarifiage en traction bovine/asine
Récupération des sols
dégradés ; trou (poquet) permettant de capter plus d'eau, et avec
fumure localisée (poudrette) ou compost.
Semis en ligne par une minorité d'exploitants
équipés et à la main pour le reste.
|
Dans les parcelles de bas-fond.
Sur les "Zipellé".
|
Juillet (3e décade)
|
Semis complémentaire 1erSarclage et
démariage
|
Semis en poquet (grains de mil ou sorgho) associé
au niébé. Traitement insecticide et fongicide des
semences.
|
Tous les types de terrain.
Terrains pouvant être sarclés
mécaniquement.
|
Fin juillet, début août
(1ère
décade)
|
2e Sarclage Démariage
|
Réduction de la concurrence entre les pieds
d'un même poquet : un passage commun avec le premier sarclage 10 à
45 jours après levée.
|
Tous types de terrain.
|
Fin août - début septembre
(1ère
décade)
|
Labour d'entretient
|
Ameublissement de la couche superficielle du sol afin
de
favoriser l'infiltration de l'eau et
l'élimination des jeunes adventices.
|
Tous types de terrain.
Au moins sur 80 % des parcelles
ensemencées.
|
septembre - novembre
|
Récolte
|
Manuelle.
|
Toutes les parcelles
|
Sources : Résultats des enquêtes
juillet 2007 Rabdo, A.
46
CONCLUSION PARTIELLE
Les caractéristiques de la zone d'étude
ne présentent pas de différences particulières
comparativement à la région Nord du pays. Les aspects physiques
abordés révèlent un substratum géologique
très hétérogène, un climat capricieux et une
géomorphologie présentant une surface faiblement ondulée,
dominée par quelques buttes témoins tabulaires où
émergent des collines. Les sols et la végétation sont sous
la dépendance des climats actuels et anciens, mais aussi du
modelé et des matériaux sur lesquels ils se sont
formés.
Sur le plan humain, il ressort que la zone est
peuplée par une mosaïque d'ethnies dont les groupes principaux sont
les Mossés, les Foulsés, les Peulhs et Samos. La
quasi-totalité de la population est agricole (95 %), et pratique une
agriculture essentiellement pluviale et dépendante des conditions
climatiques. Le calendrier agricole de la zone est relativement chargé
pour les quelques mois d'activités. L'élevage, bien que
secondaire, est non moins important et vient en apport aux productions
agricoles.
La très forte dégradation des ressources
naturelles, du fait des effets conjugués du climat et des actions
anthropiques, reste une des contraintes majeures face à laquelle des
actions salvatrices ont été entreprises et sont en cours. La
forte dynamique érosive qui sévit dans la zone mérite une
attention particulière.
47
CHAPITRE DEUXIEME : DESCRIPTION DE L'EROSION
I - NOTIONS DE BASE
I.1. Définition de l'érosion
Le dictionnaire de la géographie de Pierre
GEORGES (1984), à sa page 166 définit l'érosion comme
étant : «l'ensemble des phénomènes extérieurs
à l'écorce terrestre (phénomènes exogènes)
qui contribuent à modifier les formes créées par les
phénomènes endogènes (tectonique et
volcanisme)».
Cependant, l'érosion pourrait être
défini comme étant, l'ensemble des processus qui président
à l'ablation au transport, au dépôt et à la
cimentation des matériaux13. On distingue deux principaux
types d'érosion que sont : la désagrégation
mécanique et l'altération.
I.1.1. La désagrégation
mécanique
Elle s'exerce de différentes manières en
fonction de la température de l'eau et du vent.
- La thermoclastie : ce processus de
désagrégation mécanique consiste en la destruction des
matériaux rocheux sous l'effet de nombreuses et importantes variations
quotidiennes de températures (plusieurs dizaines de degrés
Celsius par jour). Ces brusques variations de températures,
entraînent la desquamation (l'écaillage en minces feuillets) et la
fragmentation des roches. L'exfoliation en dalles (plus de 1 m
d'épaisseur) des roches, a été longtemps
considérée comme étant liée à la
thermoclastie. Des recherches faites par MIETTON M. et SANOU D.C, ont
révélé que celle-ci est liée à des
phénomènes de détente de la roche.
- L'abrasion : les agents de transport, contribuent
aussi à détruire sur place les roches. Il s'agit d'une
désagrégation mécanique originale due au travail d'usure
exercée par les débris transportés par l'eau et le vent
;
- L'érosion hydrique : correspond à
l'arrachement et au transport des terres par l'eau de ruissellement et les
cours d'eaux.
- L'érosion éolienne est
l'enlèvement et le transport des particules de terre ou des grains de
roches hétérogènes par le vent.
I.1.2. L'altération
La désagrégation mécanique
prépare le travail pour l'attaque chimique en multipliant les surfaces
de contact entre la matière minérale et l'air ou l'eau,
principaux agents de la destruction chimique. L'altération produit
principalement des débris fins : des sables, des arènes, des
argiles. L'eau est le principal agent entrant dans les mécanismes
d'altération.
L'érosion hydrique et/ou éolienne,
considérée comme des processus de désagrégation
mécanique, est à la base de la dégradation des terres
cultivables dans notre zone d'étude. Ces deux processus dépendent
d'un certain nombre de facteurs, dont les activités agricoles et les
déboisements.
13 D.C. SANOU. 2005.
48
I.2. Les facteurs de l'érosion hydrique et
éolienne
L'érosion des terres cultivables de la zone
d'étude est tributaire de cinq principaux facteurs que sont : la
végétation, la pente, la nature du sol, la pluie et le travail du
sol.
I.2.1. La végétation
Le couvert végétal est le premier
facteur déterminant de l'érosion pluviale. Le feuillage des
ligneux et des graminées amortit l'impact des gouttes d'eau sur le sol.
L'absence ou la faiblesse de la couverture végétale favorise et
accélère le ruissellement. Les sols sont par conséquent
exposés à une dégradation, donc à
l'érosion.
La description de la végétation de notre
zone d'étude, la classe parmi les zones à faible couverture
végétale, surtout sur les versants et les glacis, où la
végétation est souvent clairsemée. Les parcelles de
culture localisées à ces endroits sont soumises à une
érosion très intense. La destruction de la litière par les
feux accroît également le ruissellement des eaux. La
végétation apporte donc au sol la matière organique et le
protège contre l'impact des gouttes de pluie et la déflation
éolienne.
I.2.2. La pente
La pente est un élément
déterminant dans l'évolution de la nature de l'érosion.
Plus la pente est forte, plus le ruissellement est intense et érosif.
Les glacis de la zone ont des pentes faibles. Mais ces pentes sont
particulièrement très longues dans le Zondoma et dans le Yatenga.
La longueur conjuguée à la faible couverture
végétale expose le sol à une forte érosion. De
grandes quantités d'eau ruissellent sur ces champs et causent des
dégâts (décapage, ravinement).
I.2.3. La nature du sol
Les caractéristiques chimiques et surtout
physiques des sols, ont une importance considérable dans leur
résistance à l'érosion. Les lithosols et les sols peu
évolués possèdent une texture sableuse à
sablo-argileux très gravillonnaire, avec une résistance moyenne
au travail du sol. Ils ont une faible épaisseur qui les
prédispose à l'érosion. L'horizon superficiel meuble, de
quelques centimètres, s'engorge rapidement. La grande partie de l'eau de
pluie se met à ruisseler intensément. D'autre part, leur texture
gravillonnaire les expose plus à l'érosion éolienne. Les
matériaux fins sont emportés par le vent et même les
éléments grossiers. Seuls les éléments grossiers
restent sur place.
Les sols évolués ont par contre une
structure fine avec une forte proportion d'argile. Ils ont une structure
cohérente et présentent une faible perméabilité qui
amène l'eau à ruisseler plutôt qu'à s'infiltrer. Ces
sols sont assez sensibles à l'érosion hydrique. Mais les sols
vertiques ont une susceptibilité à l'érosion,
inférieure à celle des sols ferrugineux tropicaux lessivés
qui ont une texture superficielle sableuse à sablo-argileuse et en
profondeur une texture argilo-sableuse.
Les sols très sableux sont peu sujets à
l'érosion hydrique. Ils sont plus sensibles aux remaniements
éoliens.
49
I.2.4. La pluie
Les pluies qui tombent sur le degré
carré de Ouahigouya sont agressives. Cela s'explique d'une part, par la
courte période de la saison des pluies (3 à 4 mois), et d'autre
part, par les averses qui sont le plus souvent de courte durée avec de
fortes intensités. Nous distinguons trois types de pluies selon la
classification de MIETTON M, 1981 et SANOU D.C. 1984 (les différentes
descriptions des types de pluies sont extraites du cour «processus
géomorphologiques actuels» de D.C. Sanou) :
- Les pluies du type I : elles se caractérisent
par leurs courtes durées et leurs faibles hauteurs (voir figure n°
1). Ce sont des averses qui présentent une forte intensité au
début et à la fin de la pluie. Ce type de pluie est
fréquent en début et en fin de saison des pluies. En début
de saison des pluies, il s'abat brusquement sur un sol
généralement peut couvert, entraînant des
conséquences morphologique important surtout dans le
détail.
- Les pluies de types II : elles sont moins intenses
que les précédentes. L'analyse de leur pluviogramme (voir figure
n° 2) fait ressortir une première portion semblable au type I puis
une deuxième portion. Cette dernière se présente sous la
forme d'une traîne d'allure variable mais étalée sur
plusieurs heures. C'est un type d'averse caractéristique de la pleine
saison des pluies (août). Elles sont favorables aux processus
pédogénique par infiltration.
- Les pluies du types III : il s'agit de pluie
composite à plusieurs maxima d'intensité au cours d'une
même averse. C'est un type de pluie fréquent en pleine saison des
pluies. Ce type est très important dans la naissance et le
développement des processus morphogéniques, surtout au niveau du
façonnement des berges.
- Les pluies du types IV : s'observent en fin de
saison pluvieuse (septembre). Elles sont de longue durée (3 à 4
heures) avec une intensité très faible (voir figure n° 3).
Sur le plan de la dynamique actuelle, les pluies du type IV sont favorables au
processus pédogénique. Celle du 27 septembre 2006, donne selon la
formule de WISCHMEIER, un indice d'agressivité (R) égal à
1,64.
- Les pluies du types IV bis : elles ont une
très forte intensité. Ce sont des averses
généralement inférieures à 10 mm de hauteur. Elles
sont de courte durée (30 mm). Il s'agit d'un type peu
caractéristique d'une période de la saison des pluies. Sur le
plan de la dynamique actuelle, les pluies du type IV bis sont également
favorables au processus pédogénique.
50
Figure n° 1 : Pluie de type I (Ouahigouya - 20 Juin
2006)
Source : Direction National de la
Météorologie Mai 2007 Rabdo, A.
Hauteur d'eau = 28 mm Indice de WISCHMEIER (R) = 23,30
UA
Indice d'érosion spécifique (R') = 23,65
UA Energie cinétique = 89890 j/m2
Figure n° 2 : Pluie de type II (Ouahigouya - 22
Août 2006)
Source : Direction National de la
Météorologie Mai 2007 Rabdo, A.
Hauteur d'eau = 39 mm Indice de WISCHMEIER (R) = 31,06
UA
Indice d'érosion spécifique (R') = 32,82 UA
Energie cinétique = 85064 j/m2
51
Figure n° 3 : Pluie de type IV (Ouahigouya - 29
Septembre 2006)
Source : Direction Nationale de la
Météorologie Mai 2007 Rabdo, A.
Hauteur d'eau = 7,9 mm Indice de WISCHMEIER (R) =1,5
UA
Indice d'érosion spécifique (R') = 1,48 UA
Energie cinétique = 12981 j/m2 I.2.5. Le travail du
sol
Dans le degré carré de Ouahigouya, la
daba est l'outil de travail le plus répandu pour les travaux de
préparation du sol. La profondeur des labours reste cependant faible
(inférieur à 5 cm). La croûte de battance est
brisée, mais la faible profondeur du labour limite l'infiltration des
eaux de pluie. L'érosion augmente car l'eau tombée ne s'infiltre
que dans une faible proportion et le ruissellement s'intensifie. L'infiltration
des eaux de pluie est améliorée par la destruction de la
pellicule de battance dû aux sarclages. Cependant, on constate une
augmentation de l'érosion si les cultures occupent mal le
sol.
La charrue à traction asine ou bovine et le
tracteur permettent des labours plus ou moins profonds. Ils favorisent une
meilleure infiltration des eaux. Cependant, le soc de la charrue ou du tracteur
doit tenir compte de la profondeur des sols. En effet, sur des sols peu
évolués, les labours ne doivent pas dépasser 10 cm de
profondeur. Dans le cas contraire, la roche mère est vite atteinte, et
tout l'horizon A peut être emporté par le ruissellement. Dans le
cas où les labours sont pratiqués dans le sens des courbes de
niveau, on observe une réduction de l'érosion. Or cela n'est
presque jamais le cas dans la zone.
I.2.6. Les causes anthropiques
La pression démographique dans la zone a
entraîné des modifications profondes des modes et d'utilisation
des ressources naturelles et de l'espace rural. Ces perturbations anthropiques
entraînent la raréfaction de la végétation, la
dégradation des sols et la perturbation du régime hydrique des
sols.
52
Afin de satisfaire des besoins de plus en plus
importants en bois, les coupes d'arbres, d'arbustes et les ébranchages
se font à un rythme trop élevé pour que se reconstituent
les réserves (cf. planche photographique n° 2, photo n° 1 page
55). Cela entraîne en définitive, la disparition progressive du
couvert végétal, laissant la place à des savanes ou
steppes et à un sol plus exposé à l'érosion. Les
feux de brousse répétés peuvent avoir des effets
érosifs importants.
I.3. Les processus d'érosion I.3.1.
L'érosion hydrique
L'érosion hydrique naît des suites de la
diminution du recouvrement du sol par les végétaux. Elle
entraîne des pertes plus ou moins importantes de sol et
d'éléments nutritifs qui vont se concentrer dans les bas-fonds.
L'accroissement du ruissellement est l'une des principales causes de
l'érosion hydrique.
I.3.1.1. L'érosion pluviale
Elle est due à l'action directe des gouttes de
pluies sur le sol. Ces gouttes d'eau martèlent le sol nu ou peu couvert.
L'impact de ces gouttes fait éclater les agrégats et
déplacent les particules qui se déposent plus ou moins loin de
l'endroit du choc. C'est ce qu'on appelle "'effet splash" ou érosion
pluviale (voir figure n° 4). Il provoque un tassement des particules et la
formation d'une croûte à la surface. La structure fragmentaire des
sols est transformée en structure massive. L'érosion pluviale est
maximale dans les régions à sol dépourvu de
végétation.
Figure n° 4 : Etapes successives de l'effet
splash
Source : Rochette, R.M. 1989 Septembre 2007 Rabdo,
A.
I.3.1.2. Le décapage pelliculaire
Dès que le sol n'est plus en mesure d'absorber
l'eau qui tombe, le ruissellement commence. Lorsque les chemins
empruntés par l'eau correspondant à des sortes de "filets", on
parle de ruissellement diffus. Cependant, si le ruissellement est en large
front sous forme de "rouleau", on parle de ruissellement en nappe. Selon le
cas, le ruissellement correspondra à un type donné
d'érosion.
53
Le décapage pelliculaire est donc l'action
érosive du ruissellement en nappe et du ruissellement diffus. On
distingue deux principales formes de décapages
pelliculaires14.
- Le décapage pelliculaire
généralisé : il est tributaire du ruissellement en nappe
et est caractérisé par une ablation uniforme des fines à
la surface du sol. Toutes les aspérités du sol sont atteintes par
ce type d'érosion. Les marques de ce type d'érosion sont peu
visibles. La couche superficielle diminue d'épaisseur et ce sont les
éléments les plus fins et les plus fertiles qui sont
emportés. On observe à la surface du sol une ablation presque
homogène et de faible intensité.
- Le décapage pelliculaire localisé : ce
type est lié au ruissellement diffus et parfois au ruissellement dit en
rigoles. Il se manifeste par une ablation qui ne concerne pas toute la surface
du sol. En effet, certaines aspérités du sol ne sont pas
atteintes par ce type d'érosion dont la manifestation la plus forte se
situe au niveau des zones de concentration des eaux (cf. planche photographique
n° 2, photo n° 2, page 55).
Le décapage pelliculaire s'observe dans les
zones à pente assez faible et surtout à très petites
lignes de partage des eaux. Il dégage des entailles assez larges mais
peu profondes (inférieures à 30 cm). Celles-ci peuvent
évoluer en rigoles si rien n'est entrepris.
I.3.1.3. L'érosion régressive
Elle est le plus souvent tributaire du ruissellement
concentré. L'érosion régressive se présente sous
trois principales formes : l'érosion en rigoles, l'érosion
ravinante et l'érosion des berges des cours d'eau.
- L'érosion ravinante : elle est à
l'origine des profondes dissections dans les terres et prennent le nom de
ravine. L'érosion ravinante intéresse la couche arable et les
couches les plus profondes jusqu'à la roche mère.
L'érosion ravinante est le processus de mise en place des ravines. La
taille des ravines est de 1,5 mètres à plusieurs dizaines de
mètres de large (cf. planche photographique n° 3, photo n° 1
page 56).
- L'érosion en rigoles : cette forme contribue
à l'accentuation des dépressions naturelles dues aux
ruissellements de surface. La concentration des eaux sur les accidents de
surface est le facteur déterminant de l'érosion en rigole. A la
faveur de la pente, les filets d'eau trouvent un chemin d'écoulement et
creusent de petits canaux ou griffes qui se rassemblent en rigoles. Les rigoles
sont souvent invisibles à l'oeil nu sans ruissellement. L'érosion
dite par rigole façonne le relief et attaque le sol jusqu'à
l'horizon B. les rigoles se transforment alors en ravines.
- L'érosion des berges des cours d'eau : cette
érosion est à la base des fortes incisions que connaissent la
plupart des cours d'eau (cf. planche photographique n° 3 photo n° 2
page 56). Elle ronge les berges et favorise leur recul par la chute de masse de
terre (éboulement).
L'accroissement du ruissellement demeure l'une des
principales causes de l'érosion hydrique. L'intensité du
ruissellement dépend des caractéristiques naturelles :
régime pluviométrique, topographie des sols mais aussi de
facteurs directement liés aux activités humaines et en
particulier aux modes de culture.
14 SANOU D.C., 2005, cours : processus
géomorphologiques Actuels.
54
Figure n° 5 : Processus général de
l'érosion hydrique des sols
Régime pluviométrique
Topographie
Taux de couverture du sol
Déstructuration et compaction du sol
Taux de matière organique du sol
Infiltration
Ruissellement
Erosion hydrique
Source : P.JOUVE.200215
15 Lutte conte la désertification
dans les projets de développement. Mai 2002, Ouvrage
collectif
coordonné par Philippe JOUVE, Constance
CORBIER-BARTHAUX, Antoine CORNET. Editions MIMOSA, 158 P.
55
Planche photographique n° 2 :
Déboisement et décapage pelliculaire
localisé
Photo n° 1 : Action anthropique de l'érosion
: déboisement à Toubyego / Boussou
Rabdo, A. Mars 2007.
Pour la réalisation d'un nouveau champ, les
paysans procèdent à un abattage des arbres et arbustes. Un
déboisement qui ne respecte pas très souvent les normes des
directions provinciales de l'environnement. Comme on le constate sur la
photographie, parmi les espèces abattues on a Acacia nilotica
en premier plan de la photo.
Photo n° 2 : Erosion hydrique : décapage
pelliculaire localisé à Nodin / Thiou
Rabdo, A. Mars 2007.
Le décapage pelliculaire localisé,
entraîné par le ruissellement a provoqué une incision sur
le glacis. Le fond de cette incision est parsemé d'herbacé tel
que Pennisetum pedicellatum.
56
Planche photographique n° 3 :
Erosion ravinante et érosion des berges
Photo n° 1 : Erosion hydrique : érosion
ravinante (ravine) à Lougouri / Oula
Rabdo, A. Mars 2007.
L'érosion régressive a mis à nu la
surface cuirassée, et entraîné un élargissement des
berges de la ravine.
Photo n° 2 : Erosion hydrique : érosion des
berges (ravin) à Ouahigouya
Rabdo, A. Septembre 2007.
Cette prise de vue montre une érosion des
berges provoquées par le ruissellement. Les berges sont rongées
progressivement, ce qui provoque un élargissement de la
ravine.
57
I.3.2. L'érosion éolienne
L'érosion éolienne, bien que moins
spectaculaire que l'érosion hydrique, est une forme de
dégradation qui a tendance à s'accroître avec
l'accentuation de l'aridité. Comme dans le cas de l'érosion
hydrique, elle comporte, elle aussi, une phase d'abrasion en amont et une phase
d'accumulation en aval.
Elle provoque un tri sélectif des
matériaux déplacés, en entraînant
préférentiellement les particules les plus fines du sol. Ces
fines particules sont transportées en suspension. Ce processus affecte
à la fois les caractéristiques physiques mais aussi chimiques et
biologiques des sols. Les sols les plus exposés à ce type
d'érosion sont les sols meubles et secs dont les agrégats sont de
faibles dimensions (diamètre = 0,84 mm). Les sols sableux sont, par
conséquent, les plus sensibles, dès lors qu'ils sont peu couverts
par la végétation.
II- LES DIFFERENTS TYPES D'EROSION À LA
PARCELLE
Les formes d'érosion à l'échelle
de la parcelle sont celles qui touchent les espaces cultivés. Pour mieux
appréhender le phénomène, nous avons fait des observations
sur les parcelles en fonction de leur position topographique.
II.1. les parcelles d'érosion II.1.1. Les
parcelles sur glacis
Ces parcelles (cf. tableau n° 6, page 58)
concernent les champs de culture localisés sur les glacis
d'érosion et glacis d'accumulation (41,3 %). Elles sont les plus
soumises à l'érosion. L'importance des défrichements, la
largeur et la faiblesse des pentes sont autant d'éléments
favorables.
On observe sur le terrain des espaces isolés
caractérisés par l'absence de végétation et le
phénomène de l'encroûtement. Dans les champs, ces espaces
sont le plus souvent aménagés en cordons pierreux, zaï,
paillage ou en demi-lune. Lorsqu'ils ne le sont pas, alors ils ne portent pas
de cultures. Le phénomène est très développé
dans les champs situés sur les glacis d'érosion.
La fumure organique et la paille répandues par
les paysans sont emportées par les eaux qui coulent en nappe. Sur la
parcelle, il ne reste que quelques petits tas de fumure ou de paille surtout
retenus par les pieds non brûlés des cultures de mil et de sorgho.
Ces débris sont également retenus par les ouvrages de cordons,
trous de zaï, demi-lunes, etc. le décapage laisse en surface de
petits dépôts de sable fin appelés micro-bancs, et de
gravillons. Il contribue à mettre à nu les cuirasses et les
affleurements rocheux.
Certains paysans affirment que la formation de
certaines ravines sur ces parcelles, s'est faite suite à la mise en
culture. D'après SANOU D.C. (1984), ce type de ravine est dit
"artificiel". Sa formation est liée à l'action
anthropique.
L'élargissement des ravines et se traduit par
l'éboulement des berges et le déchaussement des arbres
situés en bordure, les éboulements se faisant au détriment
des terres cultivables.
58
L'érosion éolienne est très
importante en saison sèche. Le transport de la fumure organique
répandue et l'accumulation du sable à l'aval des dispositifs de
lutte anti-érosifs constituent les marques visibles de l'action du vent.
Les glacis d'érosion restent les plus prédisposés à
la déflation éolienne.
L'importance de l'érosion sur les glacis
explique la présence et la diversité des ouvrages
anti-érosifs sur les parcelles de culture : la complexité du
phénomène est telle qu'une seule technique ne peut en venir
à bout.
II.1.2. Les parcelles sur les versant
Ce sont les champs situés sur les versants des
collines et de certaines buttes. Elles représentent 18 % de l'ensemble
des champs. Le décapage pelliculaire est très présent sur
ces parcelles. Les versants sont parsemés de galets et de cailloux qui
empêchent la concentration des eaux. On observe un dépôt de
gravillons ferrugineux sur les versants des buttes, et de débris rocheux
sur les collines. Les eaux de ruissellement transportent les matériaux
fins. Les parcelles présentent un aspect caillouteux. L'absence du
couvert végétal sur ces versants les expose parfois à la
déflation éolienne. Des aménagements tels que les cordons
pierreux sont réalisés sur place, à partir des moellons
qui parsèment le versant.
II.1.3. Les parcelles de bas-fond
Elles représentent 22,7 % de l'ensemble des
parcelles. Les signes d'érosion sont faiblement identifiables dans les
champs de bas-fond. La présence des digues et diguettes en terre dans
ces parcelles répond surtout à un besoin de concentration de
l'eau pour la culture du riz ou du maÏs.
Des études menées par SANOU D.C (1981)
et le projet Défense et Restauration des Sols (1982) dans la zone
(Sirgui/Namentenga), ont montré que l'érosion est plus forte sur
parcelle traditionnelle que sur parcelle aménagée en cordons
pierreux et en bourrelets anti-érosifs.
Tableau n° 6 : Localisation topographique des
parcelles de culture
ProvinceLoroum
Localisation
|
|
Passoré
|
Sourou
|
Yatenga
|
Zondoma
|
Total
|
Pourcentage
(%)
|
0
|
|
|
2
|
1
|
3
|
6
|
4,0
|
Sur les versants et dans les bas-fonds
|
1
|
1
|
|
6
|
4
|
12
|
8,0
|
Sur les versants et dans les bas de pente
|
|
|
|
5
|
|
5
|
3,3
|
Sur les glacis et dans les bas-fonds
|
|
|
1
|
2
|
1
|
4
|
2,7
|
Sur les versants
|
|
|
6
|
20
|
1
|
27
|
18,0
|
Sur les glacis
|
10
|
7
|
7
|
20
|
18
|
62
|
41,3
|
Dans les bas-fonds
|
4
|
7
|
4
|
11
|
8
|
34
|
22,7
|
Total
|
15
|
15
|
20
|
65
|
35
|
150
|
100,0
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes -
mars à avril/2007. 0 : pas de parcelles.
59
Le tableau indique que la majorité des paysans
de la zone d'étude, on leurs parcelles de culture sur des glacis (41,3
%). Les parcelles de bas-fonds se situent en seconde position (22,7 %), avant
les parcelles sur versant (18 %). Seulement, 18 % des paysans ont des parcelles
à la fois sur deux positions topographiques
différentes.
II.2. Les conséquences
La destruction des propriétés physiques
des sols et l'évacuation des éléments fertilisants sont
lourds de conséquences. Elles sont à l'origine de la baisse de la
fertilité des sols. Le décapage progressif des couches arables
entraîne une baisse de la production et l'accroissement des superficies
cultivées.
II.2.1. La dégradation du sol
L'existence de nombreux affleurements de cuirasse
illustre bien l'importance de la dégradation des sols dans la zone
d'étude. La formation des cuirasses se fait à faible profondeur
et elles affleurent à la suite du décapage de l'horizon
superficiel meuble.
L'intensité de l'impact des gouttes de pluies
sur le sol s'accroît avec la destruction du couvert
végétal, et les brûlis dans les champs.
La formation de zones dégradées
appelées "zipella16" (zipellé au singulier) en
mooré est fréquente. Dans ces zones, l'infiltration des eaux
reste très faible et le ruissellement devient intense. Le ruissellement
des eaux sur les terres s'accompagne d'un transport des éléments
meubles et fertilisants. Cela se traduit par un amincissement de l'horizon
superficiel du sol pouvant aboutir à son décapage quasi complet.
On observe parfois l'apparition d'éléments grossiers en
surface.
Les sols se dégradent rapidement. Les
éléments fins disparaissent et l'épaisseur de la couche
arable diminue.
II.2.2. La baisse de la production
Dans notre zone d'étude, la perte des
éléments fertilisants et des particules meubles des sols a un
impact sur la production agricole. Les végétaux se
raréfient et la possibilité des sols de constituer un horizon
humifère est réduite. Les rendements restent très faibles,
car les cultures ont du mal à se développer.
Les techniques culturales traditionnelles
prédisposent les sols à une érosion
accélérée. Les terres nouvellement mises en exploitation
sont donc soumises à l'érosion. Au fil des ans, les terres
connaissent une baisse de leur productivité. La jachère
pratiquée est de courte durée. Au bout de deux à trois ans
de repos, les parcelles sont remises en culture. Cette jachère
intervient souvent tardivement et sa durée ne permet pas parfois aux
sols de récupérer. L'alimentation des plantes cultivées se
trouve alors menacée. Les plantules de sorgho et de mil subissent un
déracinement en début de saison des pluies.
16 Les zipella sont à l'origine, des
sols ferrugineux tropicaux ayant subi une érosion importante qui a
entraîné l'horizon (A) de surface, contenant la grande partie de
la matière organique. L'horizon sous-jacent, plus riche en argile,
à tendance à se colmater avec le passage des eaux de
ruissellement. Plus le colmatage est important, plus le ruissellement est
intense et moindre est l'infiltration.
60
La baisse de la production agricole, suite à la
dégradation des sols, démontre la nécessité
d'entreprendre des actions de lutte anti-érosive. Toute chose qui, si
elle est bien appliquée, pourrait réduire l'érosion et
augmenter la production agricole.
II.2.3. L'augmentation des surfaces
cultivées
La baisse du rendement d'une parcelle pousse le paysan
à accroître la superficie cultivée. C'est le cas à
Kiembara, où un paysan nous dit : «Si mon champ est
épuisé ou s'il ne produit plus assez comme avant, j'occuperais
l'espace que je n'est pas encore touché».
L'extension des superficies s'observe surtout au
niveau des champs de brousse. Selon les paysans, cette stratégie leur
permet d'augmenter leur production. Mais au bout de deux ou trois ans
d'exploitation, ils reviennent à la situation de départ. La
disparition au fil des ans des éléments fertilisants oblige le
cultivateur à étendre de nouveau son champ ou dans certains cas
de figure, à défricher un autre espace pour en faire un nouveau
champ. Cette pratique n'est pas compatible avec le contexte actuel de gestion
rationnelle des ressources naturelles. Elle se fait au détriment des
réserves disponibles (cf. planche photographique n° 4, photo
n° 1 page 69).
61
CONCLUSION PARTEILLE
Les érosions hydrique et éolienne sont
à la base de la dégradation des terres dans le degré
carré de Ouahigouya. Les effets de ces deux processus d'érosion
dépendent d'un certains nombre de facteurs que sont la
végétation, la pente, la nature du sol, la pluie, le travail du
sol et l'action anthropique.
L'érosion éolienne, même si elle
n'est pas d'une ampleur considérable, reste cependant un facteur de
dégradation des ressources naturelles de la zone
d'étude.
Les parcelles sur glacis qui représentent la
grande majorité des surfaces cultivées restent les plus
exposées aux processus d'érosion. Cela a pour conséquence
la dégradation du sol, la baisse de la production agricole et
l'augmentation des surfaces cultivées dans le degré carré
de Ouahigouya.
L'extension des superficies cultivées
apparaît comme étant l'une des conséquences de
l'érosion sur les parcelles de culture.
62
CHAPITRE TROISIEME : PERCEPTION PAYSANNE DE
L'EROSION
Pour les agriculteurs, la terre constitue le premier
capital de production. Ils accordent donc une attention à sa protection.
De ce fait, l'érosion des terres cultivables n'échappe pas
à leurs observations. Les paysans perçoivent le
phénomène de l'érosion à travers ses causes et ses
conséquences.
I - LES CAUSES DE L'EROSION DES SOLS
Pour les paysans, la dégradation des sols suite
à l'érosion est due à deux principales causes que sont :
la destruction du couvert végétal, la pluie. A cela, il faut
ajouter l'influence de la pente.
I.1. La destruction du couvert végétal
Malgré les actions jugées
néfastes pour l'environnement (déboisement, désherbage,
feu de brousse, surpâturage, etc.), les populations locales restent
conscientes du rôle joué par le couvert végétal dans
la protection du sol. Les feuilles des arbres et les herbacées qui
tombent se décomposent et donnent de la litière qui fertilise le
sol. La lenteur de ce processus de décomposition souligné par les
paysans, les pousse à la pratique du brûlis (feu de brousse).
Cette pratique du brûlis donne de la cendre qui se mélange
rapidement à la terre.
Les paysans sont cependant unanimes à
reconnaître que les feux non contrôlés détruisent la
végétation environnante. L'érosion devient alors
importante dans la zone détruite.
Les paysans affirment qu'après une pluie, le
ruissellement est intense dans les zones nues, et le transport de
matériaux (terre et matière organique) y est important. Le
tableau n° 7 donne une estimation du ruissellement dans les parcelles de
culture. Ils justifient cette situation par l'absence du couvert
végétal qui retient le sol.
Tableau n° 7 : Estimation du ruissellement par les
paysans sur les parcelles de culture
ProvinceLoroum
Estimation
|
|
Passoré
|
Sourou
|
Yatenga
|
Zondoma
|
Total
|
Pourcentage
(%)
|
Aucun
|
|
|
2
|
1
|
3
|
6
|
4,0
|
forte
|
9
|
8
|
8
|
39
|
9
|
73
|
48,7
|
moyenne
|
6
|
7
|
10
|
25
|
23
|
71
|
47,3
|
Total
|
15
|
15
|
20
|
65
|
35
|
150
|
100,0
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes -
mars à avril/2007.
Le tableau montre que, 96 % des paysans de la zone
d'étude, estiment que le ruissellement est fort ou moyen sur leurs
parcelles de culture. Le ruissellement apparaît donc comme un facteur
majeur dans le processus d'érosion des parcelles de culture dans la
zone. Cependant, 4 % d'entre eux affirment ne pas observer de ruissellement sur
leurs parcelles.
63
Les paysans ont compris depuis longtemps l'importance
du couvert végétal qui stabilise le sol et ralentit le
ruissellement grâce à son système racinaire. Ils
épargnent les herbacées (Andropogon gayanus), lors des
travaux de défrichement et de préparation des champs. Les herbes
sont laissées autour de la parcelle ou sur les passages d'eau. Le
rôle que joue les herbacées est bien perçu par les paysans.
Ils affirment que le tapis herbacé freine le ruissellement et le
transport de terre. Son absence accélère le processus
d'érosion. 61,3 % des paysans enquêtés affirment planter
Andropogon gayanus dans leur champ pour ralentir le ruissellement et
aussi pour servir de limite entre deux parcelles voisines. Tandis que 22 %
disent que Andropogon gayanus est planté ou même pousse
naturellement dans leurs champs (cf. tableau n° 8).
Cette herbacée, en plus du rôle de CES
qu'il joue, est utilisé pour la confection des toits en chaume, des
nattes, etc.
Le couvert végétal joue donc un
rôle important dans l'infiltration des eaux de pluie. Il réduit le
ruissellement et l'intensité de l'impact des gouttes d'eau sur le sol.
Conscientes de ce rôle, les populations s'organisent pour le conserver.
Les feux de brousse et la coupe abusive du bois commencent à être
contrôlés par les populations.
Tableau n° 8 : Présence de
Andropogon gagnanus dans les champs
Province
Présence
|
Loroum
|
Passoré
|
Sourou
|
Yatenga
|
Zondoma
|
Total
|
Pourcen- tage (%)
|
Pourcen- tage cumulé
|
Planté
|
14
|
15
|
9
|
30
|
24
|
92
|
61,3
|
61,3
|
Poussé
naturellement
|
1
|
|
11
|
13
|
|
25
|
16,7
|
78,0
|
Les deux
|
|
|
|
22
|
11
|
33
|
22,0
|
100,0
|
Total
|
15
|
15
|
20
|
65
|
35
|
150
|
100,0
|
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes
- mars à avril/2007.
I.2. La pluie
Le rôle de la pluie est perçu à
travers l'impact de l'eau qui tombe et à travers l'action du
ruissellement. Mais, lorsque le sol est non protégé, on assiste
à des pertes en terre qui, selon leur ampleur peuvent compromettre la
production.
Les paysans enquêtés reconnaissent
unanimement l'agressivité des premières averses (cf. tableau
n° 9, page 64). Ils affirment que ce sont les pluies et les vents du
début de saison pluvieuse (33,3 % des enquêtés) qui cause
le plus de dégâts lorsque le sol est dénudé. Cela
est bien perçu par les paysans à travers deux constats
:
- L'apparition des zippella. Ces sols
dégradés ne peuvent porter de cultures sans aménagement.
Les paysans utilisent de la paille pour réduire l'intensité des
gouttes de pluies sur le sol, afin de lutter contre le phénomène
du zipellé. Cependant, des difficultés dans la pratique de cette
technique sont constatées. Après les récoltes, 93,3 % des
paysans ramassent les tiges contre 6,7 % qui ne le font pas. Les paysans
affirment que ces tiges sont destinées à l'alimentation du
bétail.
Ces tiges servent également de combustible (feu
de cuisine) ou à faire de la potasse et des nattes. Le reste des tiges
qui sont laissées sur les champs sont réservées aux
animaux en divagation. C'est seulement dans quelques rares parcelles que les
tiges sont laissées. Les
64
tiges restées sur les parcelles jusqu'à
l'approche des travaux de préparation des champs, sont
systématiquement brûlées et réduites en cendre, ce
qui constitue un fertilisant pour les paysans. Avec les nouvelles techniques
(cordons pierreux, zaï amélioré, demi-lune, etc.), les
paysans tentent de récupérer les zipella.
- Le transport de terre et de matière organique
: les eaux de ruissellement et le vent sont les agents de ces transports. Les
paysans constatent des pertes de terre et de fumure après le passage
d'une grande pluie ou d'un vent violent. Les techniques utilisées pour y
remédier sont restées longtemps peu efficaces. Les nouvelles
techniques sont à présent très pratiquées (99,3 %
des paysans).
Les pluies de mi-saison ont moins d'impact sur le sol.
Les producteurs évoquent le rôle joué par les cultures :
elles favorisent l'infiltration des eaux de pluies. Ces pluies sont
généralement de faible intensité. Les dernières
pluies ont souvent une faible agressivité.
Tableau n° 9 : Périodes d'observation de
l'érosion sur les parcelles de culture
Province
Période
|
Loroum
|
Passoré
|
Sourou
|
Yatenga
|
Zondoma
|
total
|
Pourcen-tage (%)
|
0
|
|
|
2
|
1
|
3
|
6
|
4,0
|
Début saison
|
4
|
11
|
6
|
11
|
18
|
50
|
33,3
|
Mi-saison
|
7
|
1
|
|
20
|
13
|
41
|
27,3
|
Début saison+mi saison
|
4
|
3
|
12
|
33
|
1
|
53
|
35,3
|
Total
|
15
|
15
|
20
|
65
|
35
|
150
|
100,0
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes -
mars à avril/2007. 0 : aucune action érosive sur la
parcelle
Le constat fait à travers ce tableau, est que
35 % des paysans constatent une agressivité des pluies à la fois
en début et à la mi-saison pluvieuse. Une agressivité qui
entraîne un fort ruissellement, et entraîne le terre et la
matière organique du sol.
I.3. L'influence de la pente
Les paysans n'ignorent pas l'influence de la pente sur
l'intensité de l'érosion. Ceux dont les champs sont sur des
pentes fortes (18 %), soulignent l'importance du décapage sur leurs
parcelles de culture.
Les paysans concernés comparent leurs parcelles
à celles situées dans les bas-fonds (22,7 %) ou sur les pentes
très faibles (41,3 %). Les paysans remarquent la concentration de filets
d'eau à certains endroits, lors des pluies. Ces filets ruissellent
très vite vers les bas-fonds où leur vitesse devient relativement
faible. Ils dégagent parfois des griffes et des rigoles identifiables
par les paysans. L'insuffisance des terres cultivables explique le plus souvent
l'occupation de ces lieux.
Les différentes causes perçues par les
paysans montrent qu'ils n'ignorent pas la dynamique érosive dans leurs
champs. En effet, 96 % d'entre eux affirment observer des
phénomènes érosifs dans leurs champs. Cependant, à
l'opposé de certaines pratiques jugées néfastes pour le
milieu, les paysans mettent en place des dispositifs contre la
dégradation des sols : (92,7 % des enquêtés) cf. tableau
n° 10 ci-après.
65
Tableau n° 10 : Prise de mesure contre
l'érosion sur les parcelles de culture
Province
Réponse
|
Loroum
|
Passoré
|
Sourou
|
Yatenga
|
Zondoma
|
Total
|
Pourcen-tage (%)
|
Aucune
|
|
|
2
|
1
|
3
|
6
|
4,0
|
Oui
|
15
|
15
|
18
|
61
|
30
|
139
|
92,7
|
Non
|
|
|
|
3
|
2
|
5
|
3,3
|
Total
|
15
|
15
|
20
|
65
|
35
|
150
|
100,0
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes -
mars et avril/2007.
Le tableau révèle que 92,7 % des paysans
prennent des dispositions pour lutter contre l'érosion sur leurs
parcelles de culture. Cependant, 4 % d'entre eux n'observent pas de
phénomène érosif sur leurs parcelles. 3,3 % de personnes
ne prennent pas de disposition contre l'érosion car impuissant face
à l'ampleur du phénomène sur leurs parcelles de
culture.
II - LES CONSEQUENCS DE L'EROSION DES SOLS
Il s'est agit de cerner la perception paysanne des
conséquences les plus significatifs de l'érosion, notamment la
dégradation des sols et la diminution de la production.
II.1. La dégradation des sols
L'existence des zipella et la perte des
éléments fertilisants, sont les deux principaux indicateurs que
les paysans utilisent pour évaluer la dégradation des sols. Les
zipella sont en fort nombre dans la zone d'étude et gagnent de plus en
plus les terres qui ne sont pas pourvu de dispositifs anti-érosifs. Ces
zones sont le plus souvent impropres à l'agriculture si des
aménagements n'y sont pas réalisés.
Selon les paysans, la perte des éléments
fertilisants est liée aux vents violents, et surtout au ruissellement en
nappe des eaux de pluie. En effet, l'eau de ruissellement emporte les
éléments nutritifs du sol (humus, fumures) et le sol se retrouve
donc appauvri.
L'absence de ces éléments nutritifs se
répercute sur le développement végétatif
(croissance, vigueur) des cultures, et partant, de la production agricole.
Lorsque les pertes sont considérables, les paysans mettent alors leurs
parcelles en jachère ou procèdent le plus souvent à un
épandage d'engrais minéraux ou de fumure organique.
II.2. La diminution des rendements
Les paysans établissent de plus en plus, une
relation entre la dégradation des sols et la baisse de la production.
Ils ont constaté que la perte des éléments minéraux
entraîne un mauvais développement des cultures. L'apparition des
zipella réduit considérablement les surfaces cultivables. Il s'en
suit une baisse des rendements.
Face à ces différents effets
négatifs de l'érosion sur les productions, les paysans de la zone
d'étude pratiquent une rotation de cultures en fonction du degré
de fertilité des sols. Ils arrivent à déterminer les types
de sols propices à une culture donnée. Lorsque la
pluviométrie est bonne, les paysans peuvent déterminer
approximativement à l'avance, le rendement et la production attendus.
Lorsqu'une culture (sorgho par exemple) connaît une baisse de production
sur un sol donné, elle est remplacée par une autre culture (mil)
sur ce sol, le mil étant moins exigeant.
66
CONCLUSION PARTIELLE
Le paysan fait un lien étroit entre la
dégradation des terres et la production agricole. Ces critères de
classification s'articulent autour de l'impact du facteur de dégradation
sur la production agricole. On distingue trois critères de
classification paysanne en fonction de leur effet sur le niveau de production
:
- les facteurs considérés comme les plus
importants, sont ceux qui ont un effet immédiat sur le niveau de
production. L'insuffisance de la pluviométrie est
considérée comme un facteur déterminant de la production.
Une poche de sécheresse qui survient au nomment du semis ou de la
floraison, peu irrémédiablement compromettre la récolte
d'une année. Il en est de même de la baisse de la fertilité
des sols et de l'érosion ;
- les facteurs moyennement importants sont ceux qui
ont un effet indirect et ne compromettent pas systématiquement la
production. Il s'agit de la disparition des forêts, du manque de terres
cultivables, de la divagation des animaux ;
- les facteurs peu importants n'ont qu'un rapport
lointain et ne peuvent pas véritablement influencer la
production.
Les paysans de la zone d'étude ne pensent pas
que leurs méthodes culturales peuvent être parfois, les
catalyseurs de l'érosion sur les parcelles de cultures.
Du point de vue du paysan, la dégradation des
terres est climatique, physique, chimique et même biologique. Sur le plan
physique, le niveau des rendements des terres sans amendements constitue un
élément d'appréciation du phénomène. Ainsi,
au niveau de la zone d'étude, le terme « Ziiga saabgamè
» (le sol est devenu fade) dénote de cette perception chimique
quoique, le paysan ne dispose pas de méthodes d'évaluation des
éléments chimiques du sol.
Le paysan constate les processus et les
conséquences de l'érosion sur ses différentes parcelles.
Il perçoit donc les causes et les conséquences de cette
érosion sur sa production et partant, sur son rendement. Cela l'oblige
à adopter des mesures de conservations des eaux et des sols dans ses
parcelles de cultures, afin de pallier à ces différentes actions
de l'érosion sur sa parcelle.
DEUXIEME PARTIE:
LA LUTTE ANTI-EROSIVE
67
68
CHAPITRE QUATRIEME : LES FORMES DE LUTTE
ANTI-EROSIVE
De nombreux auteurs17 ont
évoqué les stratégies de lutte contre l'érosion.
Selon ces auteurs, les stratégies de lutte contre l'érosion ont
évolué à partir des méthodes traditionnelles, vers
le concept de Gestion Conservatoire de l'Eau, de la biomasse et de la
fertilité des Sols.
Dans le degré carré de Ouahigouya, les
paysans procèdent à des aménagements de CES/AGF, pour
lutter contre l'érosion dans les champs. Il s'agit des techniques
mécaniques, biologiques, d'agroforesteries ou culturales. L'objectif
assigné à ces techniques d'aménagement est le
ralentissement, le stockage des eaux de ruissellement et de briser la force du
vent dans le cas des brises vent.
I - LES FORMES TRADITIONNELLES DE LUTTE
ANTI-EROSIVE
Les sols dans cette région sont très
sensibles à la battance et les pluies sont agressives. Les risques
d'érosion due au ruissellement sont importants. Les techniques
traditionnelles de lutte anti-érosive rencontrées dans la zone
peuvent être regroupées en deux grandes catégories : les
méthodes mécaniques et les méthodes
biologiques.
I.1. Les méthodes mécaniques I.1.1. Les
alignements de pierres
Il s'agit, d'alignements de blocs de moellons (environ
25 cm de diamètre) perpendiculaire au sens d'écoulement des eaux.
La largeur d'un alignement est fonction de la section du passage d'eau. Elle
est souvent de quelques mètres. On dénombre le plus souvent, deux
à trois alignements par champ. Lors des fortes pluies, sous l'action des
eaux de ruissellement, les blocs se déplacent souvent. Le paysan est
obligé de procéder à de perpétuelles
réfections.
Les alignements de pierre sont le plus souvent
pratiqués par les paysans qui n'appartiennent pas à une
organisation paysanne (18 % des personnes enquêtées). Les
alignements de pierres sont observés surtout dans les champs de brousse
où le problème du transport des blocs se pose. Le non respect des
courbes de niveaux dans sa réalisation entraîne fréquemment
des pertes de terre. Des incisions sont provoquées par l'eau lors de son
passage dans les extrémités du dispositif. Celles-ci peuvent
donner naissance à des rigoles dans les champs.
I.1.2. La ceinture périphérique des
rizières
C'est un bourrelet en terre qui ceinture les
rizières. Sa réalisation consiste en une élévation
de terre de 15 à 20 cm de hauteur autour de la parcelle. La ceinture est
construite en début de saison pluvieuse. Elle comporte des
brèches qui servent à l'évacuation de l'excès d'eau
lors des fortes averses. Elles se situent sur des passages d'eau. Les
dimensions de la ceinture sont fonction de celles du champ. La ceinture
périphérique a pour but d'empêcher l'évacuation des
particules minérales et de l'humus du sol par les eaux de ruissellement.
La localisation de ces parcelles dans les bas-fonds explique la présence
d'un tel dispositif pour maintenir l'eau et les éléments
fertilisants sur place.
17 MIETTON, 1981 ; SANOU D.C, 1981 ; MIETTON,
1986 ; GASCON, 1987 ; FAHO, 1988 ; GROUZIS, 1983 ; MARCHAL, 1986; REIJ et al,
1996; ROCHETTE et MONIMART, 1993; ROOSE, 1994; ROOSE et al, 1992;
etc.
69
Les mauvaises herbes arrachées dans le champ
sont déposées sur la ceinture, lors des travaux d'entretien. La
réfection de la ceinture se fait à chaque saison culturale. Le
paysan renforce le dispositif au cours de la saison pluvieuse. Les champs de
case, notamment les parcelles destinées à la culture du
maïs, étaient autrefois protégées par cette
technique. La ceinture était réalisée lors du labour
préliminaire. Elle a été remplacée par les cordons
pierreux qui selon les paysans, sont résistants et exigent moins
d'entretien.
Planche photographique n° 4 :
Déforestation et obstacle en bois
Photo n° 1 : Déforestation pour la
réalisation d'un champ de brousse à Kiembara / Sourou
Rabdo, A. Mars 2007.
De plus en plus, les paysans dévastent de
grandes étendu boisées, pour la réalisation de nouvelles
parcelles de culture.
Photo n° 2 : Obstacle en bois à Gomboro /
Sourou
Rabdo, A. Mars 2007.
Sur cette photographie, on perçoit le sol mis
à nu par le ruissellement. Les paysans utilisent des troncs d'arbres,
des branches, pour freiner ou ralentir l'écoulement des eaux, parce
qu'il n'existe pas dans les environs, des sites d'extraction des
moellons.
70
I.1.3. Le zaï
Selon Monsieur OUEDRAOGO Hamadé,
Ingénieur en Génie Rural au PDRD, «le zaï»
était un jeu des jeunes bergers (gardiens de troupeaux) qui veut dire
piller. Il consiste à creuser deux trous communicants par une galerie
souterraine. La terre retirée est remise dans le du trou. Ensuite,
évacuer la terre du trou le plus rapidement possible. Le premier
à avoir extrait le plus de terre hors du trou gagnait le jeu. (Les trous
sont reliés par une galerie).
Ces jeunes bergers après avoir fini leur jeu
s'en allaient et laissaient les trous sans les refermer. Après la saison
pluvieuse, et même quelque mois avant la vraie saison sèche, les
deux trous avaient toujours de la verdure et de l'humidité. C'est ce jeu
de bergers qui inspira le producteur de Gourga qui décida alors, d'en
faire plusieurs dans sa parcelle sur glacis en saison sèche et d'y
ajouter de la fumure organique, des grains de mil ou de sorgho18. Il
constata qu'après la saison pluvieuse, la production dans la parcelle
qui comportait les trous était nettement supérieure à
celle, des parcelles sans trous. Il prit alors l'engagement, la saison suivante
d'en faire sur toutes les parcelles qu'il exploitait. C'est donc à
partir de Gourga que le zaï s'est développé de village en
village dans le Yatenga jusqu'à son amélioration (zaï
amélioré).
Le zaï est une technique traditionnelle
réhabilitée au Yatenga entre 1982 et 1984, à la suite des
années de sécheresse. C'est une technique de
récupération des terrains encroûtés. Elle consiste
à creuser des trous de 20 à 40 cm de diamètre et de 10
à 15 cm de profondeur afin de recueillir les eaux de ruissellement et de
les laisser s'infiltrer. Le déblai des trous est déposé en
croissant vers l'aval pour capter les eaux de ruissellement. Le nombre de trous
par hectare dépend de leur espacement et varient souvent entre 12 000 et
15 000 (cf. planche photographique n° 5, photo n° 1 page 71). Le
zaï est surtout utilisé pour réhabiliter des sols
encroûtés et sablo-argileux que les mossis appellent «
zipellé » c'est-à-dire « clairière » ou
« terres dénudées ». Les trous de zaï sont
creusés pendant la saison sèche.
Pendant cette période, le zaï capte la
litière et les sables fins transportés par le vent. Les paysans
mettent eux-mêmes une poignée de fumier (environ 600 g/trou,
ZOUGMORE et al. 1993) dans les cuvettes, ce qui attire les termites qui
creusent des galeries et facilitent ainsi l'infiltration profonde des
eaux.
Les principales avantages du zaï sont : la
capture des eaux de ruissellement et de pluie, la préservation des
semences et de la matière organique, la concentration de la
fertilité et des eaux disponibles au début de la saison des
pluies, (cf. planche photographique n° 5, photo n° 2 page 71).
L'augmentation de la rugosité de la surface du sol permet de ralentir le
ruissellement, le vent, au ras du sol, de capter au fond des cuvettes des
débris organiques et les particules fines et de protéger les
plantules.
Le gros inconvénient de cette technique reste
cependant la difficulté de creuser les poquets. C'est une technique
à haute intensité de travail, qui pose des problèmes aux
familles disposant de peu de bras valides. L'autre inconvénient majeur
est l'installation de diguettes en association avec le zaï. L'expansion du
zaï peut être aussi limitée par la disponibilité du
fumier ou du compost. Aussi le manque de matériel (pioches) pousse
certains paysans à ne le réaliser que sur de petits
espaces.
18 Le paysan de Gourga avait augmenté
les dimensions des trous de 25 à 30 cm de diamètre et 15 à
20 cm de profondeur.
71
Planche photographique n° 5 : Trous et champ de
zaï
Photo n° 1 : Trous de zaï avec cordon pierreux
et fumure organique sur une parcelle à Kiembara / Sourou
Rabdo, A. Mars 2007.
Sur cette prise de vue, on observe en premier plan, les
trous de zaï réalisé avant l'adjonction de la fumure
organique. En arrière plan, on perçoit les lignes de cordons
pierreux et des tas de fumier. Cette prise de vue montre un exemple type
d'association de technique.
Photo n° 2 : Champ de Zaï à Nioniongo /
Passoré
Rabdo, A. Août 2007.
Les trous de zaï sont toujours visible sur ce sol
encroûté. La technique du zaï est l'une des plus
prisée par les paysans qui la réalisent sur presque toute
l'étendu de leurs parcelles de culture.
72
I.2. Les méthodes biologiques
Il s'agit de l'ensemble des mesures utilisant du
matériel végétal ou organique en vue de faire face
à l'érosion des terres cultivables.
I.2.1. La jachère
La jachère est une technique traditionnelle de
restauration des sols. Elle consiste à suspendre toute forme
d'exploitation de la parcelle durant plusieurs années, pour permettre la
reconstitution de la fertilité du sol.
Dans les systèmes traditionnels, la pratique de
la jachère reste la seule technique de régulation et de
stabilisation des milieux constamment perturbés par l'homme. Le temps de
repos nécessaire à la reconstitution du potentiel physique,
chimique et biologique des écosystèmes est empiriquement
déterminé par le paysan ; ce temps varie
généralement de 5 à 10 ans et plus, selon la région
climatique, la nature du sol et les cultures pratiquées.
Au besoin croissant de terres agricoles pour nourrir
une population sans cesse croissante, s'ajoute le problème de la
disponibilité en terre agricole. Le temps de jachère s'est vite
amenuisé. Dans certains cas, le temps de jachère a disparu pour
ne plus représenter que la seule période de la saison
sèche (7 à 9 mois), ce qui pose un réel problème de
conservation du potentiel de production des milieux et à terme, le
problème même de survie des populations de la zone.
I.2.2. Le paillage
Le paillage (cf. planche photographique n° 6,
photo n° 1 page 76), est une technique traditionnelle de conservation des
sols répandue sur la plaine centrale du Burkina Faso.
La technique consiste à couvrir le sol avec une
épaisseur de 2 cm d'herbe ou de paille sèche. Les paysans
procèdent à la fauche de l'herbe (Loudetia togoensis
notamment), qu'ils collectent sur les sols pauvres des collines
environnantes. Son usage possible comme fourrage s'arrête à la
floraison car des aiguilles19 se développent ensuite et
découragent le bétail de le consommer à ce stade.
Là où l'herbe n'est pas suffisante, certains producteurs
utilisent les feuilles sèches de différents arbres en
particulier, Acacia senegal ou Acacia nilotica.
L'avantage du paillage est également, dans
l'action des termites attirées. En effet, les termites creusent des
galeries dans les sols et à la surface en détruisant les
croûtes de battance. Grâce aux termites, la porosité et la
perméabilité du sol augmentent de façon
considérable.
Le paillage limite les risques d'encroûtement et
favorise considérablement l'infiltration, mais l'efficacité de
cette technique diminue lorsque le taux d'argile augmente (COLLINET et al.
1980). Dans cette région, peu de résidus de récolte
restent sur le champ après la récolte, car ils sont
utilisés pour l'alimentation du bétail ou comme source
d'énergie (93,3 % des personnes enquêtées ramassent les
tiges après les récoltes. La faible disponibilité en
paille et la distance de transport sont également des contraintes du
paillage.
19 Feuille rigide et aiguë des
conifères.
73
La demande en paille non seulement pour la confection
des toitures, d'objets artisanaux et l'alimentation du bétail mais aussi
comme bois de feu, est si primordiale que les résidus laissés
pour la protection des sols est difficile. Les feux de brousse qui
brûlent la paille et constituent un facteur limitant à son
utilisation.
Les formes de lutte traditionnelle dans la zone
d'étude sont dans l'ensemble éphémères et
très localisées dans leur réalisation ; les paysans ne
tiennent pas souvent compte des courbes de niveau. Si poser un tronc d'arbre ou
aligner quelques mètres de pierres peut paraître banal, l'acte est
cependant révélateur d'une prise de conscience et d'une
volonté de lutter contre le phénomène
érosif.
I.3. Les obstacles en bois
Il s'agit de dispositifs constitués de troncs
d'arbres ou de grosses branches et déposés sur le sol. Ils sont
observables dans les champs de case. Les troncs d'arbres sont
déposés perpendiculairement au sens d'écoulement des eaux.
On les rencontre aux abords des rigoles et des ravines traversant les
parcelles. Ils ont pour but de freiner la vitesse de l'eau et de limiter le
ravinement lié au phénomène de turbulence de
l'eau.
Les grosses branches, contrairement aux troncs, sont
disposées en ligne sous forme de cordons et occupent les terrains
à faible pente. Elles sont parfois associées à des blocs
de cuirasse. Les branches sont déposées perpendiculairement
à la pente et suivent parfois les courbes de niveau (cf. planche
photographique n° 4, photo n° 2 page 69). Elles jouent le même
rôle que les alignements de pierres.
Les obstacles en bois se rencontrent surtout dans la
région. C'est le cas dans les départements de Kiembara, Gomboro,
où la rareté des pierres a favorisé leur
développement. Cette forme de lutte n'est cependant pas
appréciée par les paysans qui soulignent l'instabilité de
l'ouvrage (décomposition du bois sous l'action de l'eau et surtout des
termites). A cette instabilité s'ajoutent les éventuels
déplacements du bois par un fort ruissellement.
II - LES FORMES MODERNES DE LUTTE ANTI-EROSIVE
Il s'agit de celles qui ont été
vulgarisées par les services étatiques ou non. C'est un ensemble
d'ouvrages réalisés selon des normes techniques bien
précises. Cependant, la grande partie de ces techniques a
été conçue en s'inspirant de certaines méthodes
traditionnelles de lutte.
II.1. Description, mise en place et contraintes des
techniques II.1.1. Les techniques mécaniques
Il s'agit de mesures physiques de conservation des
eaux et des sols tels que les diguettes en terre, les digues filtrantes et les
cordons pierreux.
74
II.1.1.1. Les diguettes en terre
Les diguettes en terre ou bourrelets
anti-érosifs sont des ouvrages construits en terre. Imperméables,
elles retiennent toute l'eau et favorisent son infiltration maximale. Les
diguettes en terre ne sont utilisées que lorsque les conditions ne
permettent pas de réaliser les ouvrages en pierres.
II.1.1.1.1. Technique de construction
La réalisation des diguettes en terre requiert
le plus souvent l'intervention d'une équipe de topographes pour la
détermination des courbes de niveau. La matérialisation des
diguettes est effectuée par un tracteur qui laboure l'emprise.
L'installation consiste à confectionner un bourrelet de terre dont la
base mesure 80 cm à 1 m, et la hauteur moyenne de 30 à 50 cm
(voir figue n° 6). Dans tous cas, il est conseillé
d'aménager des passages d'eau (2 m de large), avec des pierres ou des
herbacées, pour évacuer le trop plein et éviter aussi les
brèches et les inondations en amont.
C'est le compactage qui donne à la diguette sa
forme définitive. Un compactage après les premières pluies
est recommandé. Pour une raison d'insuffisance en eau d'arrosage, les
paysans achèvent le plus souvent leur construction dès les
premières pluies. Ils affirment que la réalisation requiert plus
d'heures de travail que celle des cordons pierreux...
Figure n° 6 : Coupe transversale d'une diguette en
terre
Source : Sanou D.C. 1984 Septembre 2007 Rabdo,
A.
II.1.1.1.2. Fonctionnement
Les diguettes en terre sont des ouvrages dits
d'absorption totale. La diguette retient totalement l'eau de ruissellement et
les matériaux. Seul l'excès d'eau qui déborde la hauteur
du dispositif ou passe par les évacuateurs de "crue" n'est pas
retenu.
Les bourrelets en terre sont abandonnés par les
paysans eu égard à trois principales difficultés : le
manque d'eau pour le compactage, le caractère pénible du travail
et l'entretient des ouvrages. Des passages d'eau se créent souvent,
obligeant les paysans à procéder fréquemment à des
colmatages. C'est une technique qui a disparu au profit des ouvrages en
pierres.
II.1.1.2. Les cordons pierreux
Les cordons pierreux sont des dispositifs
anti-érosifs composés de blocs de moellons ou de pierres
disposés en une ou plusieurs rangées, le long des courbes de
niveau, (cf. planche photographique n° 6, photo n° 2 page 76). Ce
sont des ouvrages filtrants qui brisent la force des eaux de ruissellement tout
en laissant passer les excès d'eau dans le but d'éviter des
concentrations d'eau en amont ou de provoquer un écoulement plus lent
des eaux en aval.
II.1.1.2.1. Description technique
On distingue trois types de cordons
pierreux20 selon la technique de conservation : le système de
pierres alignées, le système FEER ou système trois pierres
et le système PDS (Pierres Dressées associées au
sous-solage).
- Les cordons à trois pierres sont
formés de la juxtaposition de trois pierres dont deux forment la base de
l'ouvrage et la troisième assure la croûte. De petits cailloux
sont alors utilisés pour bourrer les vides et servir en même temps
de filtre.
- Les cordons de pierres dressées sont
constitués d'une pierre dressée à l'amont et soutenue par
une ou deux pierres à l'aval.
- Les cordons de pierres alignés
résultent de la juxtaposition de grosses pierres placées les unes
à côté des autres de façon jointive, l'ensemble
étant stabilisé par des petites pierres en amont et en aval afin
de soutenir les pierres alignées.
75
20 Voir figure n°11 page 89
76
Planche photographique n° 6 : Technique de paillage
et cordon pierreux Photo n° 1 : Technique du paillage à Tanmounouma
/ Boussou
Rabdo, A. Mars 2007.
Cette photographie montre, une technique traditionnelle
de conservation des eaux et des sols. Le paillage ici présenté
tant à disparaître dans la zone d'étude.
Photo n° 2 : Cordon de pierres alignées
à Kouni / Gomponsom
Rabdo, A. Juillet 2007.
Le cordon de pierres aligné est l'une des
techniques la plus prisée par les paysans. Ce cordon a plus
de 100 m de long et colonisé d'herbacée sur
toute sa longueur.
77
II.1.1.2.2. La technique de construction
La construction se fait sous la supervision des
encadreurs ou des paysans ayant reçu une formation en la matière
(80,7 % des personnes enquêtées affirment avoir reçu une
formation en la matière). La construction s'effectue pendant la saison
sèche. La réalisation comporte trois phases.
- Première phase : le ramassage et le transport
des blocs
Les principaux sites de collectes des blocs sont les
glacis, les collines et les buttes cuirassées (cf. planche
photographique n° 7 photo n° 1, page 78). La distance entre les sites
et les champs varie entre 500 m et 15 km (cf. tableau n° 11). Les paysans
rassemblent les blocs non loin des sites d'extraction (cf. planche
photographique n° 7 photo n° 2, page 78). Les gros blocs sont
cassés à l'aide de marteaux ou de barres à mines pour
faciliter d'une part le transport, et d'autre part la construction. Ce travail,
généralement collectif, s'effectue de fin novembre à mai.
Le transport se fait souvent en camion ou en charrette (cf. tableau n° 12
page 83).
Tableau n° 11 : Distance, sites d'aménagement
et zones de collectes des moellons
Distance
|
ProvinceLoroum
|
Passoré
|
Sourou
|
Yatenga
|
Zondoma
|
Total
|
Pourcentage (b)
|
0
|
|
|
3
|
4
|
|
7
|
4,7
|
Moins d'un km
|
2
|
|
3
|
10
|
4
|
19
|
12,7
|
1 à 5 km
|
9
|
11
|
11
|
46
|
23
|
100
|
66,7
|
5 à 10 km
|
4
|
4
|
3
|
5
|
7
|
23
|
15,3
|
15 km et plus
|
|
|
|
|
1
|
1
|
0,7
|
Total
|
15
|
15
|
20
|
65
|
35
|
150
|
100,0
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes -
mars à avril/2007.
0 : aucune distance concernée (parcelle proche du
site de collecte de moellon)
Le tableau montre que dans la plupart des villages de
la zone d'étude, la distance entre les sites d'aménagements et
les zones de collecte des moellons est comprise entre 1 et 5 km. Seulement 12,7
% des villages enquêtés ont une distance, sites
d'aménagement et zone de collecte des moellons est inférieure
à 1 km. Il existe cependant, 4,7 % de personnes dont les sites
d'extraction de moellon se situent dans leurs parcelles de culture.
78
Planche photographique n° 7 : Extraction et
disposition de moellons Photo n° 1 : Extraction des moellons sur un glacis
cuirassé à Reko / Oula
Rabdo, A. Mars 2007.
Les hommes procèdent à l'extraction, les
femmes et les enfants sont chargés de ramasser et de stocker les
moellons.
Photo n° 2 : Moellons collectés à Reko
/ Oula
Rabdo, A. Mars 2007.
Les moellons extraits sont regroupés en plusieurs
tas, en attendant le ramassage par les camions des structures
d'appui.
79
- Deuxième phase : la détermination des
courbes de niveau
Trois outils peuvent être utilisés pour
la détermination des courbes de niveau à savoir : le chevalet
rectangle, le triangle ou grand A, le niveau à eau.
- Le chevalet est composé de deux supports en
bois de 80 cm de hauteur, relié par un support horizontal de 2,50 m, au
milieu duquel est placé un niveau à maçon
- Le triangle ou grand A est composé de deux
supports en bois de 2 m chacun, relié à mi-hauteur par un
troisième support, au milieu duquel est placé un niveau à
eau, de sorte à former un triangle en A.
- Le niveau à eau est constitué de deux
supports en bois gradués d'une hauteur de 1,50 m à 2 m de
longueur et d'un tuyau transparent (10 m de long environ), à
l'intérieur duquel on met de l'eau, (voir figure n° 7).
Le niveau à eau est l'instrument le plus commun
car moins coûteux et plus facile à utiliser (selon les paysans).
Son principe de fonctionnement est celui des vases communicants.
Trois personnes sont nécessaires à la
détermination des courbes. L'une d'elles se place avec une
réglette à une des extrémités du champ. La seconde,
tenant la deuxième réglette, recherche par tâtonnement
(voir figure n° 8) un point de même hauteur dans le prolongement du
champ. Lorsqu'au niveau du repère, on obtient la stabilisation de l'eau,
la troisième personne matérialise une ligne entre les deux
points. Après cette opération, la personne qui s'était
placée au bout du champ, se déplace au devant de la seconde dans
le prolongement de la parcelle, et ainsi de suite jusqu'au bout de la parcelle
à traiter.
80
Figure n° 7 : Le niveau à eau
1,5 à 2
Source : P. Ilboudo 1997 Septembre 2007 Rabdo,
A.
Figure n° 8 : Utilisation du niveau à
eau
Source : P.Ilboudo 1997 Septembre 2007 Rabdo,
A.
81
- Troisième phase : la confection du
dispositif
La confection du dispositif se fait en deux étapes
(voir figure n° 9 page 82) qui sont :
- le décapage du sol : il est
réalisé à l'aide d'une daba ou d'une pioche pour les
cordons à trois pierres et à pierres alignées. L'emprise
au sol varie de 10 à 15 cm
pour les cordons à trois pierres, et de 5 à
10 cm pour les pierres alignées.
Dans le cas des cordons à pierres
dressées, c'est un tracteur21 muni d'une sous-soleuse, qui
effectue le décapage. La machine réalise une raie de 10 à
15 cm de profondeur. Dans la zone, le PDRD et le PSA/RTD sont les structures
qui réalisent ce type d'ouvrage22.
- La pose des pierres : elle se fait en deux temps
dans le cas des cordons à trois pierres. Les grosses pierres sont
d'abord disposées en deux lignes décalées dans la
tranchée de façon qu'elles reposent sur leur plus grande surface.
Ensuite, une troisième ligne se superpose aux deux premières. La
terre ramenée est damée pour consolider la base du cordon.
L'ouvrage a une hauteur comprise entre 20 et 30 cm. Cette hauteur peut
dépasser 30 cm en fonction de la taille des moellons. Le cordon est
réalisé avec des blocs de cuirasse ou de roche.
Au niveau des cordons à pierres
dressées, les blocs et les galets sont posés de façon
dressée et jointive dans la raie. Ils sont ensuite stabilisés par
des blocs plats en aval, ou de la terre damée à l'amont. Le
dispositif a la même hauteur que le précédent mais les
blocs sont plats. Des galets et des graviers sont également
associés.
Dans le cas des pierres alignées, les pierres
sont disposées dans le sillon en une seule ligne, les un contre les
autres. On dame ensuite pour consolider la base de la diguette. Ces blocs sont
souvent dressés afin d'obtenir une hauteur maximale de 15 à 25
cm.
L'écartement23 entre les cordons
varie en fonction de la pente. Les cordons se terminent par des ailes pour
éviter que les eaux stockées ne se déversent par les
extrémités. La longueur d'un cordon pierreux dépend
essentiellement de celle de la parcelle à traiter et du type
d'aménagement. Dans les champs de la zone, la longueur du cordon
pierreux varie entre 20 et 150 m. On rencontre en moyenne trois cordons par ha.
Le temps mis pour le traitement d'un hectare est estimé à une
demi-journée pour les groupements, et de deux à cinq jours pour
les aménagements individuels. De même, les paysans affirment que
le temps mis pour le traitement d'une parcelle est fonction de la
quantité de moellons et de la superficie du terrain à
traiter.
21 Le tracteur est mis à la
disposition des paysans (appui technique et financier) par les projets tel que
le PDRD, le PSA/RTD.
22 Des ouvrages ont été
réalisés à Zembélé, Reko, You, Salla..., par
le PDRD. A Soulou, Bidi..., par le PSA/RTD.
23 Selon une étude menée par
ZOUGMORE et al. (2000) : «sur sol ferrugineux de pente 1 % au
Passoré (Kirsi), il est conseillé d'utiliser un écartement
entre cordons compris entre 30 et 47 m».
82
Figure n° 9 : Etapes de la construction d'un cordon
pierreux
|
C:URDONS A TROIS PIERRES ,
|
|
:Liane 3 ' pose du 1
|
|
:Li p.: l . ,.. I-:lap: 2 pose dc:i E btu.. c,4te
|
blues de base
-- ---- 1.
7.
|
mei. f
41.
|
|
|
|
: CORDONS A PIERRES DRESSEES
|
|
E.tape 2 : pose pierre
|
|
/_ dressée et blocs
^
|
|
Etapc I - fouille 20- sa ;:ni
|
|
iLRiü.71
|
|
i
|
.-13.a1
|
_
--
|
|
'F
fff
S f ~~ T
|
|
|
I
|
[PIERRES ALIGNEES
|
1 ' I _ .111 !1!
|
|
. i:iV r'. a JJ r l.'ti
-
|
|
[;tape I : dvcapa r--` -- - --
l_tapu 2 : po' 41:bIoe
|
|
|
|
|
Source : PATECORE. 1996. Fiche technique
|
Septembre 2007
|
Rabdo, A.
|
83
Tableau n° 12 : Modes de transport des
moellons
Province
Moyen de transport
|
Loroum
|
Passoré
|
Sourou
|
Yatenga
|
Zondoma
|
Total
|
Pourcentage (%)
|
0
|
|
|
3
|
4
|
|
7
|
4,7
|
Camion
|
4
|
15
|
4
|
17
|
21
|
61
|
40,7
|
Charrette
|
10
|
|
12
|
33
|
11
|
66
|
44,0
|
Brouette
|
1
|
|
|
2
|
1
|
4
|
2,7
|
Vélo
|
|
|
1
|
9
|
|
10
|
6,7
|
Autres
|
|
|
|
|
2
|
2
|
1,3
|
Total
|
15
|
15
|
20
|
65
|
35
|
150
|
100,0
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes -
mars à avril/2007.
0 : aucun transport de moellon.
Le tableau révèle le mode de transport
des moellons par les paysans. Le mode de transport le plus utilisé est
la charrette (44 %). Le transport en camion (40,7 %) est effectué avec
l'aide des structures d'appui. La brouette et le vélo restent cependant,
un moyen de transport pour 9,4 % des paysans. Certains effectuent les
transports des moellons à l'aide de seaux, de bassines ou sur la
tête. Ce groupe renferme les paysans qui n'appartiennent à aucune
organisation paysanne ou qui n'ont aucune assistance
extérieure.
II.1.1.2.3. Fonctionnement
Les cordons pierreux sont des ouvrages de
contrôle du ruissellement. Leur disposition en série brise la
vitesse de l'eau et retient les matériaux issus de l'amont. La
construction en courbe de niveau empêche la concentration de l'eau en un
seul endroit. Les ailes jouent le rôle de diversion de
l'écoulement afin de protéger la base du cordon en cas de crue.
Elles favorisent ainsi l'étalement et une bonne répartition de la
crue sur la parcelle. L'eau qui s'écoule lentement entre les galets
reste longtemps dans le champ et favorise l'infiltration. Les cordons sont
généralement stabilisés par l'association de mesures
biologiques.
La plupart des études menées ont
indiqué l'influence positive des cordons pierreux sur la production
agricole. LAMACHERE et SERPENTIER (1992) ont montré une augmentation des
rendements en mil de 20 à 40 %, en année
sèche.
La contrainte majeure dans la réalisation de ce
dispositif est la disponibilité en pierre et leur transport. Cette
contrainte est largement évoquée par les paysans. Lorsque les
pierres sont éloignées de la parcelle, l'aménagement
devient très difficile avec les moyens dont disposent les paysans.
Même avec une charrette à traction asine, le travail reste
pénible. La quantité de pierres nécessaires à
l'aménagement complet d'une parcelle d'un hectare est proche de 40
tonnes pour une longueur de 300 m de cordons pierreux.
La technique des cordons pierreux est l'une des
méthodes plus appréciées dans la zone d'étude. Son
expansion est liée d'une part à l'existence de collines et de
buttes cuirassées, et d'autre part, à la simplicité de la
technique. Cependant, on remarque sur le terrain, le non respect des normes
techniques dans les aménagements individuels. La matérialisation
des courbes de niveau et les écarts entre cordons se font par simple
estimation. Ce qui entraîne parfois, la concentration des eaux à
certains endroits de la parcelle. Les jeunes plants sont alors asphyxiés
par l'eau qui stagne pendant plusieurs jours.
84
III.1.1.3. Les digues filtrantes
Les digues filtrantes sont des ouvrages en pierres
sèches ou en gabions, construits en travers d'une ravine pour lutter
contre l'érosion hydrique par dissipation et ralentissement des eaux de
ruissellement (voir figure n° 10). On distingue de façon
générale deux types de digues filtrantes : la digue filtrante
simple (voir figure n° 11 page 85), et la digue filtrante
d'épandage (cf. planche photographique n° 8 photo n° 1 page
86), qui se termine par des ailes dépassant les limites du bas-fonds et
intégrant les terres latérales.
Figure n° 10 : Coupe d'une digue
filtrante
Source : PATECORE. 1996, Fiche technique Septembre 2007
Rabdo, A.
II.1.1.3.1. Caractéristiques
La digue filtrante est un ouvrage construit au travers
d'une ravine ou d'un bas-fond (voir figure n° 11, page 85).
D'une hauteur comprise entre 0,5 et 2 m, la largeur de
la fondation et la crête dépend essentiellement du volume d'eau
estimé qui doit y transiter. En général la largeur totale
est au moins le triple de la hauteur de l'ouvrage (L = 3 x h avec L = largeur
de la digue et h = hauteur de la digue).
La crête de la digue doit être horizontale
et rectiligne sauf en cas d'existence de déversoir. Dans ce cas, la
digue est abaissée à un niveau permettant l'évacuation de
la crue.
La longueur de la digue varie en fonction de la taille
du talweg ou du bas-fond à aménager. La distance entre deux
digues filtrantes consécutives varie de 100 à 200 m. Elle
dépend surtout de la nature de la pente. Sur les terrains à pente
forte, les digues sont rapprochées (80-100 m).
85
II.1.1.3.2. Technique de construction
Dans la zone, deux types de digues filtrantes sont
courantes : la digue filtrante en pierres libres, construite dans le cadre du
traitement des petites ravines, la digue filtrante en gabions, construite dans
le cadre des grosses ravines.
Qu'il s'agisse du traitement avec des pierres libres
ou des gabions, les paramètres techniques de réalisation sont les
mêmes (voir figure n° 11).
Les principales étapes devant aboutir à
la réalisation de l'ouvrage se résument comme
suit :
- l'identification technique du site ;
- l'implantation du tracé de la digue ; -
l'excavation ;
- la pose des pierres.
Figure n° 11 : Digue filtrante simple
Source : PATECORE, 1996, fiche technique Septembre 2007
Rabdo, A.
II.1.1.3.3. Fonctionnement et rôle
La digue filtrante a pour rôle essentiel de
permettre un passage non érosif de l'eau. Elle assure une
sédimentation des matériaux transportés à l'amont.
C'est principalement un ouvrage d'épandage des crues. Elle joue aussi le
rôle de protection des ouvrages qui se situent à l'aval
(diguettes, zaï, demi-lunes, etc.). C'est avant tout un ouvrage
préventif contre l'érosion en ravine et en griffes (cf. planche
photographique n° 8, photo n° 1 page 86).
Le coût élevé du transport de
moellons nécessaires à la réalisation des digues
filtrantes reste un facteur limitant pour les producteurs dont les revenus sont
généralement bas.
Les digues filtrantes sont également
utilisées pour le traitement de ravines : elles deviennent alors une
mesure curative.
Planche photographique n° 8 : Digue filtrante en
pierres libres et demi-lunes
Photo n° 1 : Digue filtrante en pierre libre
à Nagséné / Yako
86
Rabdo, A. Août 2007.
La taille de la digue est fonction de la force et de la
quantité d'eau qui traversent la parcelle en saison
pluvieuse.
Photo n° 2 : Demi-lunes à Kiembara /
Sourou
Rabdo, A. Mars 2007.
Ces demi-lunes viennent juste d'être
confectionnées et «attendent» d'être
emblavées.
87
II.1.1.4. Les traitements de ravines
Les traitements de ravine visent à rendre le
profil des ravines non érosif. Le traitement consiste en la
réalisation de diguettes en pierres ou n gabions qui forment un profil
en marches d'escaliers. Entre chaque chute, l'eau s'écoule avec une
vitesse peu érosive.
Le principe des ouvrages est de créer un
obstacle en travers du courant pour le freiner, sans chercher à stocker
l'eau en surface. Leurs effets sont nets : diminution ou arrêt de
l'érosion et profilage du lit, augmentation de l'infiltration et
recharge de la nappe phréatique, gain substantiel de terre de haute
valeur (terres basses, arrosables ou irrigables).
On observe trois types de traitement des ravines dans
la zone : les traitements de tête de ravine, les traitements en pierres
libres, les traitements en gabions.
II.1.1.4.1. Le traitement de tête de ravine et de
griffes d'érosion
Pour être efficace, la lutte contre le
ravinement doit être entamée à partir de la tête de
ravine, (voir figure n° 12 page 88). Il s'agit en général de
griffes diffuses.
Le traitement de tête de ravine s'opère
à travers les opérations techniques suivantes :
- profilage des berges en tête de ravine : cela
consiste à tailler les berges pour avoir une pente modérée
;
- revêtement des parties
réprofilées avec des blocs de moellons plats : il consiste en la
mise en place d'une couche filtrante constituée de petits cailloux et de
gravier ;
- mise en place de grosses pierres.
Le dispositif réalisé est
renforcé par la plantation d'herbes pérennes pour stabiliser
l'ouvrage. Aussi, est-il déconseillé de cultiver jusqu'au bord de
la ravine, pour permettre la régénération naturelle des
espèces végétales. Il est également
recommandé aux paysans d'implanter une digue filtrante d'épandage
ou des diguettes filtrantes sur le terrain, en amont de traitement.
88
Figure n° 12 : Traitement des têtes de
ravine
Lit de la ravine
Grosses pierres
Petits cailloux et gravier
Profil initial de la ravine
Herbes pérennes
Berge taillée
Source : PATECORE, 1996, fiche technique Septembre 2007
Rabdo, A.
II.1.1.4.2. Les traitements en pierres libres
Les normes techniques de ces ouvrages (voir figure
n° 13 page 90), sont les mêmes que pour les digues (simple ou en
gabion) à la différence que des mesures particulières sont
prises pour la protection des berges et la prévention contre les
phénomènes de "renard" (enfouillement par l'eau sous l'ouvrage)
qui provoque l'affaissement de la digue.
Afin de prolonger la durée de vie des digues
filtrantes, il est recommandé d'éviter l'érosion
régressive sous-jacente (en dessous des ouvrages) et latérale
(sur les côtés). Pour ce faire, il faut dans un premier temps
veiller à ce que les pentes soient douces en aval (1/4 et 1/5) et en
amont (1/2). Les pentes en aval permettent d'amortir la chute des eaux et d'en
dissiper l'énergie. Les pentes amont permettent d'amoindrir les
"poussées" de l'eau sur l'ouvrage en diminuant les surfaces uniformes de
contact.
Dans un second temps, implanter la digue sur une
fondation (excavation) munie d'un filtre même au niveau des berges. En
outre, si nécessaire en cas de berges trop fortes, il faut les
décaper à l'emplacement de l'ouvrage.
II.1.1.4.3. Les traitements en gabions
Les traitements en gabions sont réalisés
dans le cas des ravines profondes et encaissées.
Les gabions sont des sortes de cages
confectionnées en grillage dans lesquels on emprisonne
les moellons pour les empêcher de bouger sous la
pression de l'eau. L'objectif est :
- de constituer un ouvrage stable face au courant fort de
l'eau à ces endroits ;
- de pérenniser l'ouvrage afin de lui permettre de
stopper l'érosion régressive du lit
de la ravine ;
- d'améliorer l'infiltration des eaux
d'écoulement ;
- de ralentir les eaux du cours d'eau principal pour
recharger la nappe phréatique.
89
Les traitements de lit de ravines nécessitent
une bonne connaissance des caractéristiques physiques du bassin versant.
Ils sont réalisés par les groupements avec l'appui de
l'état ou des ONG. Avec ces traitements, la ravine peut être
comblée en quelques années par sédimentation. Les
traitements de ravine permettent de récupérer quelques hectares
de terre. L'épandage des crues favorise une amélioration des
rendements dans la zone inondable.
Figure n° 13 : Traitement du lit de
la ravine par une digue filtrante
Source : PATECORE, 1996, fiche technique Septembre 2007
Rabdo, A.
II.1.1.5. La demi-lune
La demi-lune est une cuvette de la forme d'un demi
cercle ouvert (cf. planche photographique n° 8 photo n° 2 page 86).
C'est une technique qui a été importée et introduite dans
la zone par le PS-CES/AGF après un voyage24 d'étude
à Badaguichiri au Niger en 1994. Elle est donc une technique
récente dans la zone.
II.1.1.5.1. Technique de construction
La demi-lune est réalisée à
l'aide de pics, pioches et pelles. La terre de déblai est
déposée sur le demi-cercle en un bourrelet semi-circulaire au
sommet aplati comme une banquette de terre.
24 Voyage organisé par le FIDA dans
le cadre d'un échange de technologies entre ses structures en Afrique de
l'Ouest. La première demi-lune fut réalisée à Nafo
dans la province du Bam, par une productrice qui était du voyage. La
demi-lune était réalisée avec un compas d'environ 2 m de
hauteur et 4 m de diamètre non pliable.
90
Son implantation se fait par pivotement à
l'aide d'un compas de 2 m de rayon ou d'une corde. Les dimensions couramment
utilisées sont : diamètre : 4 m ; profondeur : 15 à 25 cm.
Les courbes de niveau sont déterminées à l'aide d'une
technique adéquate. Les demi-lunes sont disposées
géométriquement sur les courbes de niveau. L'écartement le
long de la ligne est de 8 m de centre à centre, soit 4 m entre deux
demi-lunes. Dans ce cas, chaque demi-lune occupe une surface théorique
de 28,56 m2. Toutefois, on a observé que cet
écartement entre deux demi-lunes est réduit à 2 m dans
certains cas (Boursouma, Nioniongo, Zembélé, etc.).
D'une ligne à l'autre, l'espacement est de 4 m.
Les demi-lunes sont disposées en quinconce, (cf. planche photographique
n° 9 photo n° 1 page 92). Pour sa valorisation agricole, on apporte
une brouettée de fumier ou de compost (35 kg) par demi-lune. La
matière organique est ensuite mélangée avec la terre
arable.
Le nombre de demi-lunes par hectare varie en moyenne
de 312 à 417 selon les espacements choisis. Le nombre de poquets par
demi-lune varie de 20 à 30. Sur les bourrelets, il est parfois
semé certaines légumineuses tels que l'arachide (Arachis
hypogea), le gombo (hibiscus esculentus), etc. Dans ce cas, le
paysan prend le soin de ne pas trop remuer le bourrelet pour éviter de
combler la demi-lune. Certains arbustes qui poussent sur les bourrelets peuvent
contribuer à reconstituer la végétation du site, s'ils
sont bien protégés.
II.1.1.5.2. Le fonctionnement des demi-lunes
Les demi-lunes sont des ouvrages conçus pour
concentrer au maximum les eaux de ruissellement. Leur capacité et leur
disposition en quinconce permettent d'accumuler d'importantes quantités
d'eau. L'eau qui ruisselle entre deux demi-lunes est recueillie à l'aval
par une troisième.
II.1.1.5.3. Les performances25 des demi-lunes
Les demi-lunes permettent une amélioration des
réserves hydriques du sol, ainsi qu'une augmentation de la profondeur
d'humectation de 20 à 40 cm. Elles accroissent la production agricole
(cf. planche photographique n° 9, photo n° 2 page 92) et cela
d'autant plus qu'on y ajoute un complément minéral ou
organique.
En effet, la combinaison demi-lune/fumier donne une
production variant entre 1,2 à 1,6 t/ha de grains de sorgho local. La
combinaison demi-lune/compost entraîne un accroissement de rendement par
rapport à la demi-lune sans apport de fertilisant (ZOUGMORE R. et al.
2000).
L'impact des demi-lunes réalisées
à l'aide de la charrue DELPHINO par le Projet FAO/Forêt et
Sécurité Alimentaire à Djibo, a été
analysé par SANGARE (2002). Il ressort de cette étude que ces
ouvrages favorisent une croissance d'espèces ligneuses et
herbacées, consécutive au piégeage par les demi-lunes des
semences transportées soit par le vent, soit par les eaux de
ruissellement. Les demi-lunes conviennent à la fois pour la production
agricole, fourragère et ligneuse.
25 Les performances relatées ici, sont
les résultats de deux années d'essai (1998-1999) à
Pougyango/Passoré. Essai réalisé par ZOUGMORE R., Zacharie
Z.
91
II.1.1.5.4. Exigences liées à la
construction des demi-lunes
Les paysans rencontrés affirment que le travail
de mise en place des demi-lunes est assez important et exigeant en main
d'oeuvre, surtout sur les sols encroûtés. Les demi-lunes agricoles
demandent un travail d'entretien annuel, surtout si les bourrelets ne sont pas
renforcés par des pierres. La profondeur est un paramètre
très sensible car, si les demi-lunes sont trop profondes, l'eau
collectée reste trop longtemps dans le creux et les plants risquent
d'être asphyxiés.
Tout comme le zaï, l'expansion de l'application
des demi-lunes est freinée par la disponibilité limitée du
fumier ou du compost, la difficulté pour l'ouverture des cuvettes de
demi-lunes, et souvent par l'insuffisance de la main d'oeuvre et les
problèmes de sécurité foncière.
La technique est pratiquée dans une grande
partie de la zone, sauf dans le nord de certains
départements26 tel que Thiou, Sollé, Banh et
également dans le Sourou où elle est en phase d'essai par des
producteurs innovateurs27 (Kiembara, Lankoué).
26 La technique n' y est pas
répandue dans ces départements à cause de la texture
sableuse du sol de la majorité des villages, également parce que
les paysans affirment ne pas avoir reçu de formation ou même ne
connaissent pas la technique.
27 Les paysans innovateurs sont ceux
disposés à mettre leurs parcelles à la disposition des
services techniques, Projets et Programmes pour la réalisation de
nouvelle technique à vulgariser dans la zone. Les paysans sont soutenus
matériellement et suivis par l'agent de zone.
92
Planche photographique n° 9 : Disposition et champ
de demi-lunes Photo n° 1 : Disposition de demi-lune à Dio /
Kiembara
Rabdo, A. Mars 2007.
Disposition en quinconce des demi-lunes avant la saison
pluvieuse.
Photo n° 2 : champ de demi-lune à Kizambo /
Yako
Rabdo, A. Septembre 2007.
On remarquera la performance de la technique par la bonne
croissance du sorgho.
93
II.1.1.6. Le zaï mécanique
Le zaï mécanique est une technique
introduite dans le Zondoma par les chercheurs28. Elle a
été vulgarisée par le Projet de Développement des
Capacités Locales en matière de Sécurité
Alimentaire dans le Zondoma (PDCL/SAZ), à partir de
2002/2003.
Dans le Passoré, cette technique commence sa
vulgarisation grâce au PDRD qui décide cette année (2007)
de l'expérimenter dans des champs pilotes. Tout comme dans le Zondoma,
les tests sont supervisés par les chercheurs de l'INERA en collaboration
avec les responsables de la structure d'appui.
Le zaï mécanique consiste à
réaliser les cuvettes grâce aux passages croisés de la dent
RS 8 ou IR 12 montée sur le bâti d'une charrue en traction
animale. C'est une technique peu répandue dans la zone. En effet, seul
14 % des paysans enquêtés affirment la pratiquer.
L'objectif de la technique est de : rendre la
réalisation du zaï moins pénible et plus rapide par le biais
de la mécanisation et de la traction animale, ameublir le sol et le
rendre plus perméable à l'eau, et améliorer ainsi le stock
d'eau du sol, diminuer les effets de l'irrégularité de la
pluviométrie sur les cultures, récupérer les terres
encroûtées.
II.1.1.6.1. Les étapes de la réalisation
Il est réalisé un premier passage dans
le sens de la pente du terrain. L'écartement entre les passages
correspond à l'écartement entre les poquets. Il est variable
d'une culture à l'autre. L'écartement recommandé est de 40
cm entre poquets, sur la même ligne, pour le sorgho, le maïs ou le
niébé, et 60 cm pour le mil.
Un second passage perpendiculaire à la pente
est réalisé. Les écartements entre passage correspondent
aux écartements entre lignes de semis. A l'installation de la culture,
les lignes de semis seront dans le sens des courbes de niveaux, ce qui est un
facteur de diminution de la vitesse du ruissellement. Les cuvettes de zaï
se situent aux intersections des deux passages de la dent. Pour ce faire, la
terre des points d'intersection est excavée à l'aide de daba ou
de pioche et déposée en aval de chaque cuvette.
Dans chaque cuvette, il est apporté une
poignée de fumier ou de compost. En moyenne, les paysans apportent 300 g
de matière organique par cuvette de zaï.
Les paysans qui pratiquent cette technique affirment
qu'elle exige peu d'investissement humain, et leur permet d'avoir du temps pour
s'occuper d'autres parcelles et de vaquer à d'autres activités
(élevage par exemple).
28 L'INERA SARIA à travers sa
cellule Gestion des Ressources Naturelles et Système de Production
(GRN/SP) est l'initiateur de cette technique. C'est une technique mise en place
par Albert BARRO, Robert ZOUGMORE, Patricia OUEDRAOGO, ZIGANI.
94
L'expansion de la technique reste cependant faible
dans la zone. Même dans le Zondoma où elle a été
introduite (cf. tableau n° 13), le taux d'adoption de la technique est
faible29. Et pour cause, les conditions d'application de la
technique ne sont pas à la portée du paysan moyen. Même
ceux qui la pratiquent reconnaissent que le zaï mécanique requiert
des animaux bien nourris et bien entretenus car, en plus de la
réalisation du zaï mécanique, ce sont ces mêmes
animaux qui serviront pour les différentes opérations
culturales.
Le zaï mécanique est une technique
innovatrice, mais le matériel de travail reste le plus grand handicap
pour sa vulgarisation dans une zone où la population est à
majorité pauvre.30
Tableau n° 13 : Pratique du
zaï mécanique
Province
Réponse
|
Loroum
|
Passoré
|
Sourou
|
Yatenga
|
Zondoma
|
Total
|
Pourcen- Tage (%)
|
Pourcen- tage
cumulé
|
Oui
|
1
|
4
|
|
7
|
9
|
21
|
14,0
|
14,0
|
Non
|
14
|
11
|
20
|
58
|
26
|
129
|
86,0
|
100,0
|
Total
|
15
|
15
|
20
|
65
|
35
|
150
|
100,0
|
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes -
mars à avril/2007.
On constate sur ce tableau, que le zaï
mécanique est faiblement adopté par les paysans de la zone
d'étude. En effet, 86 % des paysans ne la pratiquent pas. Les paysans,
trouvent la technique du zaï mécanique matériellement
coûteux.
II.1.1.7. Le bouli
C'est une mare artificielle, confectionnée en
bas d'un versant en un point de concentration des eaux de ruissellement. Les
déblais sont utilisés pour faire une digue de ceinture ouverte en
amont (cf. planche photographique n° 10, photo n° 1 page
95).
L'eau ainsi captée dure 2 à 3 mois
après les pluies. Elle est essentiellement utilisée pour le
bétail, les cultures maraîchères.
Dans le passé, les paysans de la zone ont
creusé des "boulis" (cf. planche photographique n° 10, photo
n° 2 page 95), qui stockaient l'eau de ruissellement et permettaient
d'abreuver les animaux durant la saison sèche. Nombreux sont les boulis
en mauvais état suite à l'ensablement. Le principe du bouli est
de détourner et de stocker une partie des eaux du ruissellement
là où le passage d'eau est important.
29 Sur trente cinq personnes
enquêtées au Zondoma seulement neuf personnes soit 25,71 % de
l'effectif du Zondoma pratiquent le zaï mécanique contre vingt six
personnes soit 74,28 % qui ne la pratiquent.
30 Selon le rapport de stratégie de
développement rural à l'horizon 2015, du mois de décembre
2003, l'état de pauvreté des populations de la zone est plus
élevé (61,2 %) que dans l'ensemble du secteur rural au Burkina
Faso.
95
Planche photographique n° 10 : Bouli
asséché et bouli traditionnel
Photo n° 1 : Bouli asséché à
Ziga / Oula
Rabdo, A. Mars 2007.
Ce type de bouli est réalisé avec l'aide
des structures. En arrière plan, on perçoiten arrière
plan, le pavée de moellon sur la digue pour éviter son
éboulement.
Photo n° 2 : Bouli traditionnel à Bango /
Thiou
Rabdo, A. Mars 2007.
Ce bouli est réalisé manuellement par les
paysans, en un point de concentration des eaux de ruissellement. Le bouli
est excavé chaque année depuis sa réalisation, pour
atteindre cette dimension.
96
Le creusement du bouli, parfois jusqu'à 5 ou 10
m de profondeur permet d'accroître sa capacité de stockage.
Certains boulis pouvaient ainsi garder de l'eau durant toute la saison
sèche.
Le bouli est très répandu dans le
Yatenga où les paysans s'organisent pour le réaliser. Dans
certains cas, ce sont les organismes qui assurent la réalisation du
bouli. Le PADL (Yatenga/Loroum) par exemple a contribué à la
réalisation de boulis à Inou dans le département de
Koussouka, à Narabdganga dans le département de kalsaka et
à Mogombouli dans le département de Namissiguima.
II.1.2. Les techniques biologiques
Nos investigations ont permis de recenser deux
principales techniques qui sont : la mise en défens et l'association de
cultures.
II.1.2.1. La mise en défens
La mise en défens est un ensemble de techniques
mise en oeuvre dans un espace défini en vue de sa protection et de sa
régénération. En d'autres termes, la mise en défens
est la protection d'un terroir ou d'une parcelle contre l'homme et/ou les
animaux domestiques. C'est donc une jachère protégée
contre les formes de pressions liées aux activités humaines
(pâturage, feu de brousse, coupe de bois, etc.).
Les différentes zones d'application des mises
en défens sont : les périmètres de restauration, les bois
et bosquets sacrées, les forêts villageoises.
Par ailleurs, l'installation d'une mise en
défens requiert un processus plus ou moins long de négociation
entre les communautés riveraines, de la zone à
protéger.
II.1.2.2. L'association de cultures
L'association de cultures consiste à cultiver
simultanément deux cultures au moins sur la même parcelle. Elle
améliore la densité des cultures. S'il est vrai que
traditionnellement les paysans appliquent cette technique pour diversifier la
production, il n'en demeure pas moins qu'elle reste une technique de
conservation à encourager. Les cultures traditionnellement
associées dans la zone d'étude sont : sorgho/niébé
et mil/niébé. Sous l'angle de la conservation du sol,
l'association de culture fertilise le sol par un apport d'azote.
Les résultats de deux années d'essai
(par ZOUGMORE R et al. à Saria) ont montré que l'association
sorgho-niébé permet une réduction du ruissellement de 20
à 30 % par rapport à la culture pure de sorgho et de 5 à
10 % par rapport à celle du niébé. L'association
sorgho-niébé entraîne une réduction de
l'érosion de 80 % par rapport à la culture pure de sorgho et de
45 à 55 % par rapport à celle du niébé. Selon
l'étude, l'association sorgho-niébé est
bénéfique en terme de production agricole car le rendement de
l'association est le double de celui obtenu en culture pure de sorgho ou de
niébé (cf. tableau n° 14 page 97).
97
Malgré les performances et les techniques et
recommandations faites par les chercheurs, les paysans de la zone continuent
à pratiquer l'association de cultures sous sa forme traditionnelle.
L'association de cultures leur permet de diversifier leur production et
d'obtenir au moins une certaine quantité de production en cas de
sécheresse.
Tableau n° 14 : Rendement en grains par traitement
à Saria, années 1994 et 1995
Traitement
|
Rendement grains 1994 (kg/ha)
|
Rendement grains 1995 (kg/ha)
|
LER 1994
|
LER 1995
|
Ss
|
876
|
625
|
-
|
-
|
SMs
|
618
|
729
|
-
|
-
|
Ps+c
|
1 783
|
1 479
|
1,7
|
1,6
|
Ps
|
1 089
|
771
|
0,8
|
0,9
|
Pc
|
1 018
|
1 182
|
0,9
|
0,7
|
Source : Fiche technique n° 3 INERA, SARIA
/PS-CES/AGF
Ss : Grattage à la daba + sorgho, SMs :
Paillage + sorgho, Ps+c : Labour + association sorgho-niébé, Ps :
labour + sorgho, Pc : Labour + niébé, LER : Land Equivalent Ratio
: ratio du rendement de la culture en association sur le rendement de la
même culture en pur.
II.1.3. Les techniques d'agroforesterie
L'agroforesterie est l'association des arbres aux
cultures et/ou à l'élevage. Les paysans pratiquent depuis
longtemps cette technique. Mais, compte tenu de l'exploitation intensive des
terres dénaturées, les paysans épargnent de moins en moins
d'arbres sur pieds dans les champs.
II.1.3.1. La végétalisation
La technique de végétalisation des
diguettes anti-érosives consiste à réaliser des
plantations ou de semis direct de végétaux herbacés ou
ligneux dans une zone déjà traitée, le long des ouvrages,
afin de les protéger. Les principaux types de
végétalisation sont réalisés soit à l'aide
de graminées, de légumineuse pérennes, ou enfin d'arbres
et d'arbustes.
La végétalisation à l'aide
d'herbacées est fortement recommandée sur des sites qui ont
déjà bénéficié d'aménagement
anti-érosifs en particulier les cordons en pierre ou en terre. Les
principales espèces utilisées par les paysans sont :
Andropogon gayanus31 (cf. planche photographique n°
11, photos n° 1 page 99), Andropogon sanguinaris, Andropogon
ascinodis, Pennsetum pedicelatum, Pennisetum purpureum
et le Cenchrus ciliaris, Cenchrus biflours.
31 Andropogon gayanus est l'herbacée la
plus utilisée dans la zone. C'est l'espèce que les paysans
plantent plus compte tenu de ses multiples usages (nattes,
toit...).
98
La végétalisation à l'aide
d'arbres et d'arbustes se fait tout le long des diguettes (cf. planche
photographique n° 11, photo n° 2 page 99), en général
en amont de l'ouvrage pour renforcer le dispositif et éviter du
même coup le colmatage.
Le choix des espèces à planter
dépend en grande partie des besoins des populations mais aussi des
espèces techniquement adaptées. La diversification de ces
espèces est toutefois conseillée pour procurer aux
bénéficiaires une plus grande variété des produits
utiles. Les espèces déjà testées et qui sont
couramment utilisées par les populations pour leur utilité en
fruits sont : Faidherbia albida, Anacardium occidentalis,
Balanites aegyptiaca, Bauhinia rufescens, Leuceana
leucocephala, Parkinsonia aculeata, Prosopis juliflora
et Ziziphus mauritiana.
La végétalisation ligneuse et /ou
herbacée est très répandue dans la zone surtout dans la
région du Nord (Passoré, Zondoma, Yatenga, Loroum). Les paysans
l'apprécient parce qu'elle diminue la vitesse du ruissellement et
partant l'érosion hydrique et enrichit le parc
agroforestier.
II.1.3.2. Les bandes enherbées
Ce sont des bandes constituées
d'herbacées, installées suivant les courbes de niveau dans les
champs, seules ou en amont d'ouvrages anti-érosifs comme les cordons
pierreux ou les diguettes en terre. Les herbes pérennes sont
préférées parce que leurs systèmes racinaires
peuvent rester au sol toute l'année. L'espèce Andropogon
gayanus est la plus répandue. Sa paille est très
recherchée, notamment pour confectionner des nattes, des toitures et
pour servir d'aliment de bétail. D'autres espèces comme
Stylosanthes hamata, Bracharia ruziziensis, Pennisetum
pedicellatum, Pennisetum purpureum sont également
utilisées.
Les bandes d'Andropogon gayanus, qu'on
observe souvent, matérialisent les limites des champs dans la zone, tout
en servant d'ouvrages anti-érosifs (cf. planche photographique n°
12, photo n° 1 page 101). En effet, elles permettent de freiner les eaux
de ruissellement et de favoriser leur infiltration. Elles jouent le rôle
de filtre et favorisent ainsi le dépôt de sédiments
provenant de l'amont de la bande. Selon LAVIGNE-DELVILLE (1996), le maintien ou
le semis des bandes le long des courbes de niveau a normalement un impact sur
le ruissellement et l'érosion comparable à celui des cordons
pierreux.
Cependant leur efficacité est fonction de leur
largeur, de l'importance du ruissellement et des espèces constituant la
bande (BENOIT et PASTOR, 1997). En général, on recommande des
bandes de 3 m de long, tous les 50 m. Les dégâts causés par
les animaux ainsi que l'emprise superficiel au sol sont les deux principaux
facteurs limitant du développement des bandes herbeuses, qui
constitueraient sans nul doute une bonne réponse biologique à
l'érosion et peut être une annonce de production de
fourrage.
99
Planche photographique n° 11 :
Végétalisation
Photo n° 1 : Végétalisation de cordon
pierreux avec Andropogon gayanus à Tougou /
Namissiguima
Rabdo, A. Mars 2007.
Après la réalisation du cordon pierreux,
les paysans renforcent l'aménagement avec des herbacées telles
que Andropogon gayanus,...
Photo n° 2 : Végétalisation à
l'aide d'arbres et d'arbustes à Boursouma / Oula
Rabdo, A. Mars 2007.
Le renforcement de la capacité du cordon se
fait également avec des arbres. Les paysans plantent des arbres au abord
des cordons pour les rendrent plus performante.
100
Les paysans sont conscients du rôle que joue la
végétation ligneuse dans la lutte contre l'érosion. En
effet, 78 % des personnes enquêtées plantent des arbres, soit dans
leurs champs, soit à proximité de leurs habitations. Tandis que
21,3 % ne plantent pas d'arbres, parce qu'ils ne sont pas d'une part,
propriétaires de la parcelles qu'ils exploitent, et d'autres part, parce
qu'ils n'ont pas d'argent pour acheter les plantes.
Avec l'appui des structures techniques, la grande
majorité de la population pratique le reboisement. L'enquête
réalisée révèle que 28,7 % des paysans ont
planté des arbres dont l'effectif est compris entre un à dix
plants. Les effectifs de dix à vingt plants sont de l'ordre de 22,7 % et
de quarante à cinquante plants de 22 %. Cependant, 22 % d'entre eux
n'ont pas planté d'arbres au cours de l'année 2005$2006 (cf.
tableau n° 15).
Les espèces utilisées sont souvent
issues des pépinières villageoises mises en place par les
différents Projets et Programme de développement. Les principales
espèces utilisées sont: Azadirachta india,
Eucalyptus camaldulensis, Acacia senegal, Acacia
nilotica, Faidherbia albida, Acacia macrostachya,
Leuceana leucocephala, Ziziphus mauritiana, Parkia
biglobosa, Parkinsonia aculeata, Bauhinia rufescens,
Mangifera indica, Prosopis juliflora, Adansonia
digitata, Sterticulia setigera, etc. Les essences
différentes sont souvent plantées sur la même
parcelle.
Le problème majeur du reboisement se situe au
niveau de la faiblesse ou de l'absence de protection contre les animaux. En
saison sèche, aucune organisation n'est prévue pour leur
entretien (cf. planche photographique n° 12, photo n° 2 page
101).
Tableau n° 15 : Nombre d'arbres plantés par
les paysans
Province
Nombre de plants
|
Loroum
|
Passoré
|
Sourou
|
Yatenga
|
Zondoma
|
Total
|
Pourcentage (%)
|
Aucun
|
2
|
2
|
10
|
7
|
12
|
33
|
22,0
|
1 à 10
|
3
|
3
|
4
|
27
|
6
|
43
|
28,7
|
10 à 20
|
5
|
10
|
3
|
12
|
4
|
34
|
22,7
|
20 à 30
|
|
|
|
2
|
3
|
5
|
3,3
|
30 à 40
|
|
|
|
1
|
1
|
2
|
1,3
|
40 à 50
|
5
|
|
3
|
16
|
9
|
33
|
22,0
|
Total
|
15
|
15
|
20
|
65
|
35
|
150
|
100,0
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes -
mars à avril/2007. 0 : aucun arbre planté ; Nbre plant : nombre
de plant.
101
Planche photographique n° 12 : Bande enherbée
et reboisement protégé Photo n° 1 : Bandes enherbées
à Andropogon gagnanus à Ansolma /
Namissiguima
Rabdo, A. Mars 2007.
Dans presque toute la zone d'étude, les paysans
plantent ou préservent les bandes enherbées, pour limiter les
champs ou pour lutter contre le ruissellement sur les parcelles de
culture.
Photo n° 2 : Reboisement protégé
à Lankoué / Sourou
Rabdo, A. Mars 2007.
Sur cette photographie, on observe un reboisement
protégé par un enclos en bois. Cela signifie qu'il
s'agit d'une zone privée dont l'accès et
les défrichements sont interdits.
102
II.1.3.4. La haie vive défensive
La haie vive défensive est un alignement
d'arbustes aux branches inextricables permettant d'empêcher le passage
d'animaux.
Elle a pour objectif : de protéger les
parcelles de production (pépinières, périmètres
maraîchers, vergers, plantations, etc.) contre les animaux en divagation,
de lutter contre l'érosion par la stabilisation des diguettes en terre.
En outre, associée au brise vent, elle assure une protection plus
efficace contre les effets du vent et participe à la délimitation
des parcelles de production.
Les espèces généralement
utilisées pour la réalisation de la haie vive sont :
Acacia macrostachya, Acacia
nilotica, Acacia senegal, Ziziphus mauritiana,
Prosopis juliflora, Bauhinia rufescens, Euphorbia
balsamifera, Jatropha curcas, Acacia seyal
,Balamites aegyptiaca, Combretum micranthum, Mimosa
pigra, Combretum aculeatum, Commiphora africana,
Lawsonia inermis.
Les paysans de la zone sont unanimes à
reconnaître que la haie vive défensive permet de dégager
une économie de temps dans la protection des parcelles. Par les
différentes tailles, elle permet d'obtenir des sous produits divers
(fourrage, etc.).
Cependant, les paysans trouvent que l'installation de
la haie vive défensive est relativement chère au départ et
nécessite de grands travaux. Pour qu'elle soit efficace, une protection
intégrale de la haie vive pendant les trois premières
années, augmente son coût d'installation. Elle nécessite
des entretiens réguliers, notamment les tailles en début et fin
de la saison des pluies. Toutes ces exigences expliquent le faible taux de
réalisation de haie vive défensive dans le degré
carré de Ouahigouya : seulement 12,7 % des paysans interrogé
l'ont installée, (cf. tableau n° 16).
Tableau n° 16 : Réalisations de haie vive
défensive
Province
Réponse
|
Loroum
|
Passoré
|
Sourou
|
Yatenga
|
Zon- doma
|
Total
|
Pourcen- tage (b)
|
Pourcentage cumulé
|
Oui
|
3
|
1
|
|
8
|
7
|
19
|
12,7
|
12,7
|
Non
|
12
|
14
|
20
|
57
|
28
|
131
|
87,3
|
100,0
|
Total
|
15
|
15
|
20
|
65
|
35
|
150
|
100,0
|
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes -
mars à avril/2007. II.1.3.5. La régénération
Naturelle Assistée (RNA)
Il s'agit de l'intégration des espèces
ligneuses à buts multiples dans l'espace agricole, de façon
qu'elles puissent augmenter le rendement total de cet espace.
Elle a pour objectif :
- de favoriser une meilleure gestion des ressources
ligneuses ;
- d'assurer la dynamique du couvert végétal
;
- de conserver et de restaurer le sol ;
- d'exploiter les sous produits ligneux (fleurs,
feuilles, fruits, etc.) à des fins utiles ;
- de minimiser la production des plants de reboisement
qui s'avère onéreuse.
103
La densité de plants à protéger
est de 20 pieds adultes, ou 60 à 80 jeunes pousses ou rejets à
l'hectare.
Le repérage de sujets
sélectionnés se fait à l'aide de piquet, bande
colorée, peinture, etc. Les jeunes plants repérés sont
protégés :
- contre la divagation des animaux (paniers individuels,
badigeonnage avec bouse de vache, gardiennage) ;
- contre les feux de brousse (sarclage, pare-feux,
paillage) ;
- contre la concurrence des mauvaises herbes
(sarclage).
L'entretien des essences sélectionnées
se fait le plus souvent par émondage, élagage, tuteurage, coupe
sanitaire, éclaircis, diguettes, demi-lunes.
Les espèces généralement
épargnées par les paysans de la zone d'étude sont :
Vitellaria paradoxa, Tamarindus indica, Adansonia
digitata, Parkia biglobosa, Acacia albida,
Sclerocarya birrea, Afzelia africana, Bombax
costatum, Lannea microcarpa, Detarium microcarpum,
Pterocarpus erinaceus, Diospyros mespiliformis, Balanites
aegyptica, Ficus gnaphalocarpa, Anogeissus leiocarpus,
etc.
La RNA est faiblement adoptée et
pratiquée. Les paysans évoquent le manque de terre cultivable,
l'entretien des plants et l'absence du matériel. Si elle l'était
à grande échelle, elle pourrait être un excellent moyen de
récupération de l'espace sylvo-pastoral en constante
dégradation dans le degré carré de Ouahigouya.
II.1.4. Les techniques culturales
II.1.4.1. Les labours
Les différents types de labours observés
dans les localités enquêtées sont : les labours
légers, le labour à plat et le labour en planche ou en
billons.
Les labours légers ou manuels : Ils servent
souvent à déchaumer le sol ou à recouvrir les engrais
minéraux et les amendements. (cf. planche photographique n° 13,
photo n° 1 page 104). Selon GUILLOBEZ et ZOUGMORE (1991), il
apparaît nécessaire de sarcler une ou deux fois pendant
l'hivernage afin de briser les croûtes formées pendant les pluies
et d'éliminer aussi les adventices.
Le labour à plat : il est réalisé
avec des charrues à traction asine et permet d'obtenir une surface qui
facilite le semis, l'entretien et la récolte. Son utilisation tend
à se généraliser (cf. planche photographique n° 13,
photo n° 2, page 104).
Le labour en planche ou en billons : il permet
d'assurer l'évacuation de l'excès d'eau de surface. Les bandes
retournées sont appuyées les unes contre les autres en
série de 2 à 10 bandes. Les billons sont séparés
par des dérayures. Le labour en billons est utilisé sur sol
humide ou lorsque la couche de la terre arable le permet, (cf. planche
photographique n° 14, photo n° 1 page 106).
104
Planche photographique n° 13 : Deux
types de labours Photo n° 1 : Labour manuel à Kouni /
Gomponsom
Rabdo, A. Juillet 2007.
La daba est l'outil le plus utilisé pour les
labours.
Photo n° 2 : Labour à plat avec une charrue
à traction asine à Saye / Bassi
Rabdo, A. Juillet 2007.
Ce type de labour permet un meilleur semis.
105
II.1.4.2. Le sous-solage
L'objectif est de casser la couche superficielle d'un
sol colmaté afin d'améliorer sa capacité d'infiltration en
eau. Le sous-solage est exécuté à l'aide d'un tracteur ou
d'un bulldozer. Et cela, jusqu'à une profondeur de 30 cm et même
plus. Le sous-solage est suivi d'une préparation du lit de semences
à l'aide d'une houe ou un outil à dents à traction
animale.
Quelques Projets, Programmes et ONG, ont eu recours
à cette pratique pour aménager des zones de culture
abandonnées à cause de leur mauvaise structure.
En raison des difficultés de mise en oeuvre du
travail du sol en saison sèche, en traction motorisée et de la
disponibilité limitée des tracteurs, le sous-solage, comme moyen
de travail, est très rarement appliqué dans la zone.
II.1.4.3. Le semis en ligne
La technique du semis en ligne fait partie des
thèmes vulgarisés par les services de l'agriculture.
Néanmoins les semis en ligne dans la zone représentent de faibles
surfaces cultivées. Généralement, les paysans estiment que
le rayonnage et le semis en ligne font perdre du temps. De surcroît,
cette technique selon eux est sans intérêt si on ne possède
pas une houe manga pour sarcler. Pourtant, le semis en ligne présente
plusieurs avantages, même en culture manuelle : le rayonnage à 80
cm entre chaque ligne de semis pour le sorgho et le mil, 40 cm pour l'arachide,
permet au paysan de semer ensuite sur les lignes en espaçant normalement
les poquets (cf. planche photographique n° 14, photo n° 2 page
106).
Les contraintes liées au semis en ligne sont
relativement minimes. Le temps de semis est légèrement
augmenté car le rayonnage mobilise au moins une personne en
permanence.
II.1.5. La fertilisation des sols
Pendant longtemps, les paysans étaient
convaincus que le seul facteur limitant la production agricole était
l'eau. Avec le développement des aménagements
anti-érosifs, les agriculteurs s'aperçoivent maintenant que l'eau
et l'arrêt de l'érosion ne suffisent pas pour maintenir des
rendements stables. La sensibilité générale vers les
thèmes liés à la fertilisation s'est donc notablement
accrue, en particulier à l'égard de la fumure organique, plus
facile d'accès.
II.1.5.1. L'utilisation de la fumure organique
L'apport de fumure organique est une pratique
répandue dans la région, mais la majorité des paysans
utilisent moins le potentiel de matière organique disponible. Cela est
dû aux pertes de poudrette, au nombre insuffisant de charrettes dans les
villages et au faible développement des compostières. La fumure
organique bien décomposée est enfouie par labour ou scarifiage.
La dose recommandée est de cinq tonnes de fumure par hectare tous les
deux ans. Mais les paysans de la zone possèdent le plus souvent de
quantités plus faibles.
106
Planche photographique n° 14 : Labour en billon et
semis en ligne
Photo n° 1 : Labour en billon à
Zambélé / Gomponsom
Rabdo, A. Juillet 2007.
La prise de vue montre la capacité de
rétention des eaux par le labour en billon. Entre les intervalles, on
perçoit l'humidité encore présente sur la
parcelle.
Photo n° 2 : Semis en ligne à petit Samba /
Yako
Rabdo, A. Août 2007.
Le semis en ligne permet une bonne disposition des plants
et un meilleur entretien.
107
Les paysans reconnaissent le bien fondé de la
fumure organique. Cependant seuls 18 % d'entre eux possèdent deux fosses
fumières et 5,3 % trois fosses. La grande majorité (74 %)
possède une fosse fumière (cf. tableau n° 17). La
sensibilisation et les conseils des structures et services techniques, les
incitent à accroître la production et l'utilisation de la fumure
organique (cf. planche photographique n° 15, photo n° 1 et n° 2
page 108).
Tableau n° 17 : Nombre de fosses fumières
réalisées par les paysans
Province
Nombre Fosse
|
Loroum
|
Passoré
|
Sourou
|
Yatenga
|
Zondoma
|
Total
|
Pourcentage (b)
|
|
|
|
1
|
1
|
|
2
|
1,3
|
Une Fosse
|
3
|
11
|
9
|
56
|
32
|
111
|
74,0
|
Deux Fosses
|
9
|
4
|
8
|
3
|
3
|
27
|
18,0
|
Trois Fosses
|
2
|
|
1
|
5
|
|
8
|
5,3
|
Cinq Fosses et plus
|
1
|
|
1
|
|
|
2
|
1,3
|
Total
|
15
|
15
|
20
|
65
|
35
|
150
|
100,0
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes -
mars à avril/2007. 0 : pas de fosse fumière ; Nbr fosse : nombre
de fosse.
II.1.5.2. L'utilisation d'engrais chimiques
L'apport d'engrais chimique (NPK surtout) par les
paysans sur les parcelles de cultures vise deux objectifs :
- entretenir la fertilité des sols ;
- augmenter la production.
Il existe plusieurs façons d'épandre
l'engrais chimique :
- le semis à la volée : on sème
uniformément les granulés d'engrais sur tout le champ. Mais
très souvent, on les enfouit ou on les ratisse dans le sol ;
- l'application par rangée : on applique
l'engrais par rangées, juste à côté ou sous les
semences.
Les paysans du degré carré de Ouahigouya
répandent généralement l'engrais à la volée
pour les plantes semées drues sur une grande surface. Les paysans
l'appliquent souvent en rangé pour les plantes qui poussent aussi en
rangées et lorsque la quantité d'engrais disponible est peu, pour
une grand surface à traiter.
108
Planche photographique n°15 : Des
fosses fumières
Photo n° 1 : Réalisation d'une fosse
fumière à Dio / Kiembara
Rabdo, A. Mars 2007.
Début de réalisation d'une fosse
fumière dans le sol. Le paysan procède au creusage, avant
d'utiliser les briques en banco confectionnées avec la terre extraite
pour stabiliser la fosse.
Photo n° 2 : Fosse fumière à Reko /
Oula
Rabdo, A. Mars 2007.
Dans la zone d'étude, les paysans réalisent
les fosses fumières proche de leurs habitations. Cela permet, facilement
de remplir la fosse et de veiller à son entretien.
109
CONCLUSION PARTIELLE
Grâce à la recherche et à la
valorisation des savoirs et savoirs faire des paysans, la zone d'étude,
dispose actuellement d'une panoplie de techniques pour restaurer les sols
dégradés. Cependant, même si les différentes
techniques observées présentent des atouts, il n'en demeure pas
moins que des limites subsistent.
Les avantages des techniques mécaniques
concernent essentiellement l'augmentation des rendements agricoles, la
conservation de l'eau et la régénération du tapis
herbacé et ligneux.
Les limites à l'expansion de ces techniques
sont, entre autre, la rareté et l'éloignement des pierres, une
forte demande en main d'oeuvre et l'absence de moyens de transport, la
disponibilité limitée de la matière organique et
l'augmentation des temps de travaux. Les exigences en main d'oeuvre à
elle seules rendent difficile la mise en valeur de grandes
superficies.
Les avantages des techniques biologiques concernent
principalement la régénération du couvert
végétal et la réduction du ruissellement et de
l'érosion.
Cependant, la mise en défens, n'est pas une
mesure appropriée pour les surfaces nues et encroûtées
(MANDO et al. 1999).
La faible disponibilité en paille et la
distance de transport sont également des contraintes du
paillage.
Les avantages des techniques agroforestières
concernent principalement la protection du sol contre l'érosion, la
restauration du couvert végétal, la stabilisation des ouvrages
physiques de CES, la production de biens et services. Les inconvénients
sont entre autre, la concurrence avec les autres activités agricoles, la
disponibilité limitée des souches d'herbes, la mauvaise
qualité des plants, les aléas climatiques, la divagation des
animaux, la lenteur des cycles de développement des plants
utilisés.
En raison des difficultés de mise en oeuvre du
travail du sol en saison sèche en traction motorisée, et de la
disponibilité limitée des tracteurs, le sous-solage, comme moyen
de travail, est rarement appliqué.
Les inconvénients de la méthode sont la
fréquence des croûtes presque après chaque pluie et
l'augmentation du risque d'érosion (Nicou et al. 1987).
110
CHAPITRE CINQUIEME : IMPACT ET CONTRAINTES DES
TECHNIQUES
I - IMPACT DES TECHNIQUES DE LUTTE ANTI-EROSIVE
Les observations de terrain, les enquêtes
menées auprès des paysans et les résultats publiés
par des chercheurs, nous ont permis de dresser un bilan de l'impact des
aménagements.
I.1. Impact sur l'érosion et le ruissellement
Interrogés sur les avantages des ouvrages, les
paysans répondent : « ils ralentissent la vitesse de l'eau et le
décapage du sol ». Après une pluie on constate la
présence d'eau sur les parcelles aménagées en pierres et
un dépôt de sédiments et de débris à l'amont.
On note également une différence de niveau entre l'amont et
l'aval d'un même dispositif. Ces observations sont confirmées par
les résultats de plusieurs chercheurs (SANOU D.C, 1981 ; KABORE R., 1991
; KABORE O., 1992 ; KABORE R, 1996 ; ZOMBRE et al., 1999 ; ZOUGMORE R.,
2000).
La sédimentation en aval des ouvrages
apparaît comme le premier indicateur de l'efficacité des
aménagements. En effet, les barrières constituées par les
ouvrages et la réduction de la vitesse de l'eau sont à la base de
cette sédimentation. On a une sédimentation progressive à
la suite de laquelle se sont comblées certaines ravines. Par contre, il
n'y a pas de sédimentation à l'amont immédiat des
ouvrages. On observe une différence de niveau entre l'amont et l'aval
(cf. planche photographique n° 16 photo n° 1, page 112).
Des études réalisées par SANOU
D.C (1981) à Sirgui, ont révélé que sur une
parcelle cultivée sans aménagement anti-érosif, on pouvait
avoir une ablation de 5587, 05 kg/ha de terre en une vingtaine de jours de
pluie. Par contre cette ablation est de 3948,90 kg/ha sur une parcelle
aménagée en bourrelets anti-érosifs. Cela donne une
différence de 1638,15 kg de terre emportée par hectare. Il y a
donc une rétention significative des matériaux sur les terres
aménagées.
I.2. L'impact des techniques sur l'humidité du
sol
En freinant le ruissellement, les ouvrages augmentent
la durée de séjour de l'eau sur la parcelle. L'eau s'infiltre
plus en profondeur. Les paysans interrogés soulignent la persistance de
l'humidité pendant les courtes périodes de sécheresse.
Cette humidité permet aux plantules de résister aux poches de
sécheresse (15 jours environ) qui peuvent subvenir en pleine saison des
pluies. Elle permet également de semer très tôt et
d'éviter les insuffisances de pluies en fin de saison.
L'impact des ouvrages en pierres sur l'humidité
du sol a été mis en évidence par des tests menés au
cours de l'hivernage 1995 par l'INERA dans les villages de Nioniongo et Kirsi
dans le Passoré. Les résultats de cette étude montrent
que, l'humidité est plus importante dans les 25 premiers mètres
en amont des cordons de pierres. Elle est plus élevée au niveau
du cordon de base. L'augmentation du taux d'humidité des sols a permis
de diversifier les cultures et faciliter la maturité des cultures
traditionnelles à long cycle.
111
Le taux d'humidité moyen par parcelle est
d'autant plus élevé que l'espacement entre cordons est plus
faible. L'humidité du sol en amont immédiat des cordons pierreux
est plus importante que sur le reste du champ (ZOUGMORE et al.,
2000).
I.3. Impact sur la régénération des
ressources ligneuses et herbacées
Les paysans de la zone d'étude sont unanimes
sur l'impact positif des aménagements sur la
régénération des ressources ligneuses et herbacées
dans leurs parcelles de cultures. L'émergence spontanée
d'espèces adventices surtout en amont des ouvrages est très
remarquable en saison pluvieuse. Avec la rareté de Andropogon
gayanus, les paysans laissent certaines espèces le long des
dispositifs (cf. planche photographique n° 16 photo n° 2, page 112).
L'espèce la plus conservée est Pennisetum
pedicelatum.
La présence de toutes ces espèces est
liée à trois facteurs principaux que sont : - le ruissellement
qui véhicule les graines ;
- la sédimentation et l'humidité des
parcelles aménagées, offrent aussi des conditions favorables
à la germination et à la croissance des plantes ;
Une étude réalisée par Souleymane
GANABA de 1999 à 2003 dans la zone nord soudanienne et en zone
sahélienne a montré que les aménagements de demi-lunes, de
cordons pierreux, les digues filtrantes, le sous-solage et le scarifiage, ont
eu un impact positif sur la reconstitution de la végétation
herbacée et ligneuse Cassia obtusifolia colonise les
micro-bassins des demi-lunes, les abords immédiats des cordons pierreux
et des digues filtrantes et concurrence les autres plantes, notamment les
ligneux. Les aménagements favorisent également l'apparition et le
développement d'une végétation pérenne de
Acacia nilotica, Acacia tortilis, Balanites aegyptiaca,
Leptadenia hastata, Ziziphus mauritiana, Piliostigma
reticulata et Combretum glutinosum, (cf. planche photographique
n° 17 photo n° 1, page 114).
I.4. Impact sur la conservation et la
récupération des sols
La vitesse de récupération des terres
est variable, mais souvent trois ans suffisent si l'infiltration est efficace
dès les premières années32. Cette infiltration
permet la production de biomasse, donc de fourrage. La
récupération de terre arable est fonction du niveau
d'étanchéité du cordon et de sa qualité
d'exécution.
I.5. Rendements agricoles et sécurité
alimentaire
Les effets des techniques CES sur les rendements sont
positifs. Toutefois, il est important de relever en préalable que les
techniques CES/DRS sont rarement appliquées individuellement. En
général, les producteurs les combinent en vue d'en
bénéficier des effets synergiques. C'est le cas du zaï avec
cordons pierreux, des cordons pierreux avec bandes enherbées, du
zaï, cordons pierreux avec régénération naturelle
assistée, demi-lune avec zaï (cf. planche photographique n° 17
photo n° 2, page 114).
32AID (2000), mentionne dans son
évaluation du PATECORE que l'augmentation des rendements se poursuit de
manière successive jusqu'en septième année. Les mesures
d'accompagnements (fumure conséquente, jachère
améliorée) doivent prendre progressivement (dès 3 ans) le
relais pour assurer le maintien du niveau de protection. Ces résultats
sont conformes avec la position de C.PIERI (1989).
112
WRIGTH (1985) rapporte des accroissements de
rendements de petit mil de 47 % sur cordons pierreux espacés de 10
à 50 m tandis que KABORE et al. Op. cit. (1994) indiquent un
accroissement du rendement de sorgho sous cordons pierreux de 11 %. Le PATECORE
a enregistré en champs paysans (province du Bam) une hausse des
rendements de 75 % à 133 % selon le type d'ouvrage comme indiqué
dans le tableau n° 18, page 113.
Planche photographique n° 16 :
Traitement d'un zipellé et
préservation d'herbacées le long d'un cordon
pierreux
Photo n° 1 : Traitement d'un zipellé par un
cordon pierreux à Kouni-Seko / Gomponsom
Rabdo, A. Septembre 2007.
On perçoit ici, l'impact du cordon pierreux sur
une zone encroûté. L'aménagement a entrainé une
sédimentation qui à facilité les semis avec la
réalisation du zaï.
Photo n° 2 : Préservation d'herbacée
le long d'un cordon pierreux à Pougyango/Gomponsom
Rabdo, A. Juillet 2007.
Les paysans préservent les herbacées, tout
au long des cordons pierreux pour renforcer leur efficacité
113
Tableau n° 18 : Rendements comparés des
ouvrages
Type d'ouvrages
|
Avant aménagement (kg/ha)
|
Après aménagement (kg/ha)
|
Différentiel (kg/ha)
|
Cordons pierreux
|
300
|
700
|
400
|
Digues filtrantes
|
400
|
700
|
300
|
Source : Evaluation des aménagements
anti-érosifs dans le cadre du PATECORE : Analyse de cas dans 6 terroirs
villageois, P.73.
Le tableau indique les rendements enregistrés
sur des parcelles avant et après aménagement. On constate
qu'après les aménagements en cordons pierreux ou en digues
filtrantes, les rendements sur ces parcelles sont largement supérieurs
aux rendements avant les aménagements. Cela témoigne de l'impact
positif des aménagements sur les productions et l'intérêt
que les paysans ont à aménager leurs parcelles de
culture.
En outre, HULLUGALE et al. (1990) et MAATMAN et al.
(1998) indiquent que les rendements se trouvent accrus lorsque les techniques
sont combinées. Ainsi, KABORE (2001) a trouvé que le zaï
seul a permis d'accroître les rendements de sorgho de 310 kg/ha dans le
village de Donsin (province du Namentenga) où les producteurs venaient
d'adopter cette technique, tandis que sa combinaison avec les cordons pierreux
assurait un accroissement de 710 kg/ha.
Les producteurs, sans pouvoir exprimer de tels effets
en unités standard, expliquent clairement tout l'avantage des techniques
appliquées. Ils reconnaissent tous que des techniques comme le zaï
ont contribué à doubler ou même à tripler les
rendements de céréales. Ceci a eu pour effet d'assurer une
sécurité alimentaire sur une période plus grande de
l'année : 8 - 9 mois en cas de mauvaise pluviométrie et de 12
mois en cas de bonne pluviométrie. D'ailleurs, certains arrivent
à constituer un excédent de production sur quelques
années.
II - EXIGENCES DES TECHNIQUES DE LA LUTTE ANTI-EROSIVE
II.1. La charge de travail
La construction des cordons exige beaucoup de temps
pour le ramassage, le transport et l'alignement des moellons selon les courbes
de niveau. KABORE (1993) indique un nombre d'heures de travail variable selon
que les cordons sont faits individuellement ou collectivement. Il est de
l'ordre de 97 h/ha dans l'hypothèse où les cordons sont
construits par les membres de la famille avec des moellons disponibles sur une
courte distance. La main d'oeuvre estimée par ha atteint 28 jours par ha
en moyenne lorsqu'il s'agit de construction collective
généralement financé par des Programmes de
Développement ou des ONG.
Une telle exigence en main d'oeuvre est due à
d'autres contraintes comme la distance de plus en plus grande à
parcourir pour collecter les moellons. La contribution des femmes et des
enfants est fortement sollicitée, non seulement pour le ramassage, mais
aussi pour l'alignement des moellons suivant les courbes de niveau.
114
Planche photographique n° 17 :
Régénération ligneuse et association
zaï mécanique et demi-lunes
Photo n° 1 : Régénération
ligneuse due au cordon pierreux à Boursouma / Oula
Rabdo, A. Mars 2007.
Régénération ligneuse due à
l'existence des cordons pierreux sur une parcelle précédemment
nue et encroûtée. Le dépôt des grains par les vents
et le ruissellement a permis une recolonisation de la parcelle en
ligneux.
Photo n° 2 : Association Zaï mécanique
et demi-lune à Kizambo / Yako
Rabdo, A. Septembre 2007.
Résultat d'une association de techniques, sur
une même parcelle. On observe la bonne croissance des semis, ce qui
laisse présager un bon rendement à la récolte.
115
Quant à la charge de travail induite par le
zaï, elle se décompose en main d'oeuvre pour le creusage de trous,
la fabrication et le transport de la fumure organique, et son épandage
dans les trous. La pratique du zaï requiert également de longues
périodes de travail. Plus de 37 jours sont nécessaires pour la
confection d'un ha de zaï, dont 25 jours pour le creusage et la mise en
poquet de la fumure organique. Cette exigence est d'autant plus contraignante
que les superficies à aménager sont grandes. Ce qui explique la
faible superficie traitée en zaï, soit environ 0,25 ha par an et
par ménage. Les exigences en main d'oeuvre sont plus grandes pour les
demi-lunes qui sont comparées par les paysans à des mini- bassins
plus difficiles à creuser.
II.2. Les besoins d'équipements
La pratique des techniques nécessite
l'utilisation d'équipements. Pour le zaï et les demi-lunes, la
fabrication de la fumure organique exige du matériel pour le transport
au champ. Quant aux cordons pierreux, il est de notoriété que le
transport des moellons est hors de portée des producteurs, notamment
lorsqu'il s'agit de grandes distances à parcourir. C'est la raison pour
laquelle des Programmes, comme le PDRD ou le PSA/RTD ont consentit à
financer des travaux collectifs pour la construction des cordons pierreux dans
les terroirs de plusieurs villages du degré carré de
Ouahigouya33.
Les paysans interrogés (42 %) affirment avoir
reçu une aide en petit matériel de la part des structures
intervenant dans la zone. Cependant, 33,3 % d'entre eux disent n'avoir jamais
reçu d'appui d'une structure quelconque (cf. tableau n° 19).
Malgré cette aide apportée aux paysans, ils la trouvent
insuffisante au regard des effectifs dans les villages et les superficies en
extension à aménager34.
Tableau n° 19 : Appuis reçues par les
paysans
Province
Type d'aide
|
Loroum
|
Pas- soré
|
Sou- rou
|
Ya- tenga
|
Zon- doma
|
Total
|
Pourcen- tage (%)
|
%
cumulé
|
Petit matériel
|
9
|
7
|
4
|
36
|
7
|
63
|
42,0
|
42,0
|
Camion
|
|
1
|
1
|
1
|
3
|
6
|
4,0
|
46,0
|
Semences
|
|
|
|
2
|
|
2
|
1,3
|
47,3
|
Camion + petit matériel + formation
|
|
1
|
|
1
|
1
|
3
|
2,0
|
49,3
|
Petit matériel + camion
|
1
|
6
|
|
|
7
|
14
|
9,3
|
58,7
|
Formation
|
|
|
|
|
1
|
1
|
0,7
|
59,3
|
Formation + petit matériel
|
|
|
|
1
|
8
|
9
|
6,0
|
65,3
|
Pas d'aide
|
5
|
|
15
|
23
|
7
|
50
|
33,3
|
98,7
|
Autres
|
|
|
|
1
|
1
|
2
|
1,3
|
100,0
|
Total
|
15
|
15
|
20
|
65
|
35
|
150
|
100,0
|
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes -
mars à avril/2007.
Les aides apportés aux paysans sont
consignés dans ce tableau, afin de montrer, le mode d'appui des
structures aux paysans de la zone d'étude. Les différents
pourcentages sont révélateurs de la dimension de l'aide
apportée.
33 Les projets et Programmes contribuent
souvent pour le transport en fournissant les camions et du matériel
comme les brouettes, les gants, les pics et les barres à mine. Cette
option s'avère toutefois plus coûteuse que l'option individuelle
au cas où les moellons sont à une distance proche.
34 Le petit
matériel est octroyé au groupement villageois pour les travaux
d'aménagement dans le village, mais en quantité insuffisante pour
tout le village.
116
III - CONTRIBUTION DES PRODUCTEURS A L'AMELIORATION
DES TECHNIQUES DE LUTTE ANTI-EROSIVE
Dans la zone de l'étude il existe des paysans
qui ont non seulement adhéré aux techniques de lutte
anti-érosive, mais également qui ont réussi dans certains
cas à les améliorer. Ces paysans dits innovateurs font
spontanément des expérimentations sur des techniques de gestion
de l'eau, des sols et de la biomasse.
Le PDRD, en collaboration avec l'INERA, a
organisé une session de formation au profit de 50 paysans innovateurs en
vue d'améliorer leurs connaissances et leur maîtrise des nouvelles
technologies diffusées par le Programme.
Le suivi a permis de noter que 47 «champs
écoles» dont 38 dans notre zone d'étude, ont
été effectivement mis en place sur les cinquante attendus. Sur un
total de 23,5 ha aménagés (19 ha dans notre zone d'étude),
plusieurs technologies complémentaires ont été
développées : cordons pierreux, végétalisation
ligneuse et herbacée, zaï amélioré, demi-lune,
application de la fumure organique et minérale.
Les paysans innovateurs sont aujourd'hui en passe de
constituer une élite relativement riche en paquet technologique de CES.
Ils ont réussi à étendre progressivement leurs champs en
réhabilitant les terres dégradées et à
développer des systèmes agro-sylvo-pastoraux performants. Leur
volonté de partager leurs expériences avec les autres paysans les
a conduit à créer un réseau de paysans innovateurs et une
école de zaï (exemple à Ziga/Yatenga).
IV - COUTS DES AMENAGEMENTS ANTI-EROSIFS
Les informations recueillies auprès des
bénéficiaires des aménagements et les coûts de
transports évalués par le PDRD, indiquent des coûts de
l'ordre de soixante seize mille francs CFA par ha aménagé (pour
les cordons pierreux) à vingt deux mille francs CFA par ha (pour les
demi-lune) et quatre vingt mille francs CFA (pour les digues
filtrantes).
Tableau n° 20 : Coûts des aménagements
anti-érosifs
Types d'ouvrages
|
|
Coûts
|
Cordons pierreux
|
76
|
000 Fcfa/ha
|
Demi-lunes
|
22
|
000 Fcfa/ha
|
Digues filtrantes
|
80
|
000 Fcfa/ha
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes -
mars à avril/2007.
Les différents coûts des
aménagements consignés dans le tableau, donnent une idée
de la valeur des différents aménagements. La prise en charge du
véhicule, du chauffeur, techniciens aménagiste et du carburant
sont compris dans ces coûts. Il est demandé aux paysans un appui
en mains d'oeuvre.
La construction des cordons pierreux nécessite
souvent le concours d'une ONG ou d'un Projet pour la collecte, le transport des
moellons et le financement des équipements nécessaires; ce qui
rend les cordons pierreux difficilement accessibles aux producteurs
individuels, surtout lorsque les moellons sont à une grande
distance.
117
V - POURSUITE DES AMENAGEMENTS AU DELA DE LA FIN DES
PROJETS ET PROGRAMMES
La forte participation des populations aux travaux
d'aménagement dans la zone a été constante. C'est à
priori le signe qu'elle est disposée à s'approprier les ouvrages
réalisés, à les mettrent en valeurs. L'adoption et la mise
en valeur des aménagements sont à long terme, plus importants que
le rythme de réalisation d'un Projet ou d'un Programme. En utilisant des
modalités d'exécution adéquates, le Projet familiarise la
population à l'utilisation d'une mesure CES, ce qui favorise son
adoption et son développement. Les projets et Programmes que nous avons
rencontrés utilisent l'approche participative basée sur la
sensibilisation et la mobilisation des populations bénéficiaires
des ouvrages. Il arrive souvent de constater sur le terrain l'arrêt quasi
général des activités de lutte anti-érosive dans
les villages, dès que prend fin l'appui extérieur. Toutefois, ces
cas sont minimes dans notre zone d'étude où 99 % des producteurs
sont prêts à poursuivre la réalisation des actions
engagées au terme de l'exécution des Projets ou Programmes en
cours qui les appuient.
Les populations sont prêtes et
déterminé à lutter contre la dégradation de leur
agro-écosystème, si un intervenant extérieur leur fournit
le matériel pour extraire les moellons et un camion pour le transport
des moellons sur les sites à aménager.
Les raisons avancées par les populations pour
expliquer la non poursuite des travaux sont d'ordre technique financier et
méthodologique. Néanmoins tous les producteurs se disent
disposés à poursuivre les actions entreprises, notamment les
aménagements en pierres et le reboisement. Cependant, ils comptent sur
un soutien extérieur.
118
CONCLUSION PARTIELLE
De nombreuses techniques ont été mises
en oeuvre par les paysans avec l'appui conseil des ONG et les structures
étatiques pour lutter contre la dégradation des sols. Ce sont
:
- les techniques de contrôle du ruissellement
des eaux de surface en vue d'assurer leur infiltration et dei collecter les
sédiments transportés: zaï, diguettes en terre, cordons
pierreux ou diguettes en pierres, bandes végétales,
demi-lunes...
- les techniques qui améliorent la structure du
sol, par la stimulation de l'activité biologique du sol : zaï,
paillage, mise en défens, et par une action mécanique, pour
assurer une bonne infiltration de l'eau et une bonne relation eau-sol-plante :
sous-solage, scarifiage.
Les investigations de terrains ont permis de confirmer
l'efficacité des techniques de lutte anti-érosive dans la
réhabilitation des terres dégradées et
l'amélioration de la productivité.
Toutefois, pour l'application et l'adoption de ces
technologies, les paysans sont confrontés à un grand nombre de
contraintes qui limitent leur utilisation à grande échelle. Il
s'agit ainsi de l'insuffisance de matière organique, la
difficulté du travail, le problème foncier, l'insuffisance
d'équipement.
La lutte engagée contre le
phénomène de la désertification a nécessité
l'intervention des ONG qui travaillent en partenariat avec les services
techniques déconcentrés de l'Etat. Malgré les contraintes
objectives auxquelles sont confrontés les producteurs dans la mise en
oeuvre des techniques vulgarisées par les intervenants, leur
mobilisation reste forte. Il est par conséquent aisé de
comprendre que la lutte anti-érosive occupe une place importante dans le
degré carré de Ouahigouya.
119
CHAPITRE SIXIEME : RESULTATS ET PERSPECTIVES
La description des différents types de
techniques et leurs contraintes sont nécessaires pour mieux
apprécier la classification préférentielle des techniques
par les producteurs. Avant les aménagements, la grande majorité
des paysans labouraient et semaient sans tenir compte des courbes de niveau.
Après la récolte, les tiges de céréales
étaient généralement coupées et ramassées
par les femmes. Les ravines n'étaient pas protégées. Les
techniques traditionnelles mises en place par les producteurs étaient
caractérisées par leur résistance précaire et leur
moindre efficacité. Les producteurs affirment : «avec les nouvelles
techniques et les différentes formations reçues, on gagne le
double de ce qu'on obtenait avant».
I - RESULTATS
I.1. Classification préférentielle des
techniques par les producteurs
Dans la zone d'étude, la défense et la
restauration des sols ainsi que la conservation des eaux constituent les
critères les plus importants dans l'adoption des techniques
proposées. Les problèmes de la régénération
du couvert végétal, le fourrage, l'accroissement et la
reconstitution des pâturages constituent la seconde préoccupation
des producteurs. Cette classification est justifiée par le niveau de
dégradation avancé dans la zone. D'ailleurs, ces
considérations ont amené les paysans à utiliser et
préférer les cordons pierreux, le zaï
amélioré, les demi-lunes, les cordons pierreux
végétalisés associés au zaï, les cordons
pierreux associés au zaï amélioré et aux demi-lunes,
le reboisement, à d'autres techniques comme, la haie vive, les brises
vents et la mise en défens. On observe cependant une percée de la
Régénération Naturelle Assistée qui accompagne
souvent les cordons pierreux et le zaï35.
I.1.1. Les techniques utilisées
Les enquêtes réalisées ont permis
d'établir une liste des techniques utilisées par les producteurs
de la zone.
Les techniques les plus utilisées sont les
cordons pierreux, le zaï amélioré et la demi-lune. Ces
techniques sont utilisées en association en plus de la fumure organique
ou minérale pour plus d'efficacité contre l'érosion et un
meilleur rendement (cf. tableau n° 21, ci-après).
35 On note une réapparition de
certaines espèces d'arbres qui avaient disparu grâce (i) aux
graines apportées par les eaux et disséminées dans les
champs sous cordons pierreux (ii) aux graines contenues dans la fumure
organique placée dans les trous de zaï. Les producteurs ont un
engouement particulier à protéger de telles espèces qu'ils
n'ont jusque là connues que de nom.
120
Tableau n° 21 : Techniques
utilisées
Province
Technique
|
Loroum
|
Pas- soré
|
Sourou
|
Yatenga
|
Zon- doma
|
Total
|
Pourcen-tage (b)
|
Aucune technique
|
|
|
|
1
|
|
1
|
0,7
|
Cordon P + Zaï A + Fumure
|
5
|
6
|
14
|
34
|
16
|
75
|
50,0
|
Cordons P + Zaï A + Demi-L + Fumure
|
9
|
5
|
1
|
22
|
5
|
42
|
28,0
|
Cordon P + Zaï A + Zaï Méc +
Fumure
|
|
|
|
1
|
7
|
8
|
5,3
|
Cordon P + Zaï Méc + Zaï A + Demi-L +
Fumure
|
1
|
4
|
|
4
|
4
|
13
|
8,7
|
Cordon P + Fumure
|
|
|
2
|
|
1
|
3
|
2,0
|
Zaï A + Fumure
|
|
|
3
|
2
|
1
|
6
|
4,0
|
Diguette F + Cordon P + Zaï A + Demi-L +
Fumure
|
|
|
|
|
1
|
1
|
0,7
|
Fumure
|
|
|
|
1
|
|
1
|
0,7
|
Total
|
15
|
15
|
20
|
65
|
35
|
150
|
100,0
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes -
mars à avril/2007.
Cordon P : cordon pierreux ; Zaï A : zaï
amélioré ; Demi-L : demi-lune ; Zaï Méc : zaï
mécanique ; Diguette F : diguette filtrante.
Les pourcentages consignés dans le tableau
n° 21, ont permis de réaliser le graphique n° 7 ci
après. Ce graphique témoigne de la combinaison des techniques
dans la zone. Celles les plus utilisées sont : l'ensemble cordon
pierreux plus zaï amélioré plus fumure (50 % des
producteurs) et l'ensemble cordons pierreux plus zaï
amélioré plus demi-lune et fumure (28 % des
producteurs).
Les effectifs de l'association cordons pierreux,
zaï amélioré, fumure sont supérieurs ou égal
à cinq dans toute la zone. Tandis que l'association cordons pierreux,
zaï amélioré, demi-lune n'a pas encore fait son apparition
à grande échelle36. Les associations de techniques
impliquant le zaï mécanique ont des proportions inférieures
à 10 %. Le zaï mécanique est très peu répandu
dans la zone. L'adoption de cette technique est faible même dans le
Zondoma où elle a été introduite par l'INERA.
Diguette F + Cordon P + Zaï A + Demi L +
Fumure
Cordon P + Zai Méc + Zaï A + Demi L +
Fumure
Cordons P + Zaï A + Demi L + Fumure
Cordon P + Zaï A + Zai Méc +
Fumure
Cordon P + Zaï A + Fumure
Graphique n°7 : TECHNIQUES UTILISEES
Cordon P + Fumure
Acune technique
Zaï A + Fumure
Fumure
0,67
0,67
0,67
2,00
4,00
5,33
8,67
28,00
50,00
Source : Résultats des enquêtes Septembre
2007 Rabdo, A.
36 La demi-lune est en phase de vulgarisation
dans les départements du Sourou grâce à des paysans
innovateurs (Kiembara, Lankoué) avec l'appui de la
DPAHRH/Sourou.
121
I.1.2. Les techniques
préférées
Les techniques de CES/DRS connaissent dans la zone un
fort taux d'adoption.
Cependant, ces techniques peuvent être
classées par ordre de préférence. A la question de savoir
quelles sont les techniques qu'ils préfèrent, 60,7 % affirment
préférer l'association cordons pierreux - zaï
amélioré - fumure. Les paysans classent cette association de
techniques en première position, parce qu'ils la trouvent facile dans sa
réalisation et moins contraignante. L'association de techniques, cordons
pierreux - zaï amélioré - demi-lune - fumure est
classée en seconde position (19,3 %). Ce rang est dû à sa
contrainte en fumure.
Le tableau n° 22 ci-dessous indique les
différents taux de préférence des techniques dans la zone.
Les associations de techniques avec le zaï mécanique sont en faible
proportion dans la région. Cela est dû à la
nécessité d'équipement que le zaï mécanique
requiert (animaux de trait, charrue, etc.).
Tableau n° 22 : Techniques
préférées
Province
Technique
|
Loroum
|
Passoré
|
Sourou
|
Yatenga
|
Zondoma
|
Total
|
Pourcen-tage (%)
|
Cordon P + Zaï A + Fumure
|
4
|
6
|
14
|
51
|
16
|
91
|
60,7
|
Cordon P + Zaï Méc + Demi L + Fumure +
Zaï A
|
1
|
4
|
|
1
|
4
|
10
|
6,7
|
Cordon P + Zaï A + Demi L + Fumure
|
9
|
5
|
1
|
9
|
5
|
29
|
19,3
|
Cordon P + Fumure
|
|
|
2
|
|
1
|
3
|
2,0
|
Zaï A + Fumure
|
|
|
3
|
2
|
1
|
6
|
4,0
|
Diguette F + Cordon P+Zaï A+Demi
L+Fumure
|
|
|
|
|
1
|
1
|
0,7
|
Zaï A + Zaï Méc + Cordon P +
Fumure
|
1
|
|
|
1
|
7
|
9
|
6,0
|
Aucune technique
|
|
|
|
1
|
|
1
|
0,7
|
Total
|
15
|
15
|
20
|
65
|
35
|
150
|
100,0
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes -
mars à avril/2007.
Cordon P : cordon pierreux ; zaï A : zaï
amélioré ; Demi-L : demi-lune ; Zaï Méc : zaï
mécanique ;
Diguette F : diguette filtrante.
Le graphique n° 8 exprime les taux de
préférence des différentes techniques dans la zone. Tout
comme le tableau n° 22, l'association cordons pierreux - zaï
amélioré - fumure et l'association cordons pierreux - zaï
amélioré - demi - lune -fumure sont les plus
préférées par les producteurs.
60%
Graphique n°8 : TECHNIQUES PREFEREES
Cordon P + Zaï A + Fumure
Cordon P + Zaï Méc + Demi L + Fumure + Zai A
Cordon P + Zaï A + Demi L + Fumure
Cordon P + Fumure
Zaï A + Fumure
Diguette F + Cordon P+Zaï A+Demi L+Fumure
Zaï A + Zai Méc + Cordon P + Fumure
Aucune technique
1% 6%
1%
4%
2%
7%
19%
122
Source : Résultats des enquêtes Septembre
2007 Rabdo, A.
II - LES PERSPECTIVES
D'une manière générale, l'avenir
des aménagements est assez prometteur, car les paysans sont unanimes
à reconnaître leurs avantages. Cependant, certains comportements
pourraient entraver ces succès. Il s'agit par exemple et surtout de
l'attentisme de certains producteurs en l'absence d'appui des intervenants
avant toute action d'aménagement.
L'analyse des différentes techniques fait
ressortir des résultats positifs. Cependant, ces techniques rencontrent
dans leurs applications des problèmes qu'il convient de résoudre.
Pour y parvenir nous suggérons les recommandations suivantes
:
- Sur le plan politique : la politique du gouvernement
en matière de développement rural est pertinente dans sa
conception. Cependant, pour que cette politique soit opérationnelle et
permet de parvenir aux résultats escomptés, il convient de
prendre les mesures d'accompagnement ci-dessous :
. l'instauration permanente de concertation entre les
différents départements ministériels afin que les services
techniques opérant sur le terrain puissent harmoniser leurs
interventions,
. la sécurisation foncière.
- Sur le plan technique et méthodologique
:
. les calendriers d'extraction et de ramassage des
moellons doivent être respectées et arrêtées de
concert avec les paysans. Cela permettra de réaliser les ouvrages dans
de bonnes conditions,
123
. malgré les différentes contraintes
liées aux aménagements, les techniques tel que le zaï et la
demi-lune peuvent être encore améliorées en vulgarisant
l'association des fertilisants minéraux à la matière
organique,
. la technique du zaï ne permettant pas un
transfert de fertilité entre le poquet et l'entre-poquet, le creusage
régulier de nouveaux poquets de zaï entre les anciens poquets
pourraient tendre à homogénéiser la fertilité sur
toute la parcelle. Pour minimiser la durée et le temps des travaux, la
mécanisation du creusage paraît une perspective
intéressante à promouvoir.
- Il faut tenir compte des conditions dans lesquelles
ces techniques vont être mises en oeuvre. Cela permettra de choisir
celles qui sont le plus pertinents. Trois grands types de conditions doivent
être prises en considération:
. le milieu physique et en particulier les conditions
pédoclimatiques des zones d'intervention.
. les systèmes de production et en particulier
les moyens de production dont disposent les agriculteurs.
- Sur le plan matériel : il faut favoriser
l'accès au petit matériel (brouettes, marteaux, pelles, gants,
pics, barres à mines, etc.) pour les paysans non membres des
groupements. Ils pourront par exemple payer des frais de location
journalière de 50 à 100 FCFA. Une cotisation des membres
permettra aux groupements d'acquérir du matériel sans attendre
l'aide des partenaires. Cette initiative répondra bien à l'esprit
d'auto-promotion tant souhaitée.
L'aménagement des terroirs mérite
d'être poursuivi compte tenu de l'amélioration des productions
agricoles qu'il induit.
Cependant des recherches doivent être
menées en vue de trouver un substitut aux moellons qui commence à
se faire de plus en plus rares et dont les sites de collecte deviennent de plus
en plus éloignés. Même si pour l'instant Andropogon
gayanus est recommandé, il demeure insuffisant voire rare dans
certaines localités.
124
CONCLUSION PARTIELLE
Les techniques de CES/DRS sont multiples dans la zone
d'étude. Elles connaissent une application à petite et/ou
à grande échelle en fonction des conditions
agro-écologiques du milieu.
Grâce à l'appui des ONG, et des services
étatiques, les producteurs ont privilégié l'association
des techniques. Pour renforcer leur efficacité en terme de restauration
et de gestion/conservation de la fertilité.
Le faible taux accordé aux autres techniques
est le plus souvent lié aux contraintes d'équipements et de
matière organique. Avec l'aide des partenaires, ces contraintes
s'amenuisent. Cela permettra une plus grande adoption de toutes les techniques
d'aménagement. Toute chose qui concourt à mieux lutter contre
l'érosion.
125
CONCLUSION GENERALE
La lutte contre la dégradation des terres fait
appel à deux grandes formes de stratégie : une stratégie
mécanique et une stratégie agroforestière. Les techniques
mécaniques ont des effets immédiats ou à court terme, mais
les ouvrages doivent être entretenus et parfois renouvelés. Par
contre, les techniques agroforestières ont une efficacité
différée à moyen terme et restent durables. Ces techniques
sont complémentaires et leur combinaison est toujours la meilleure et la
plus pratiquée. Elles ont un but commun : augmenter la réserve en
eau du sol, stopper l'érosion du sol et augmenter les productions
agricoles.
L'inventaire des techniques de lutte
anti-érosive a permis d'examiner les avantages et les
inconvénients, les atouts et contraintes de celles-ci dans le
degré carré de Ouahigouya. Les bilans écologiques de
certaines d'entre elles sont indéniablement positifs. Toute fois, on
peut s'interroger sur la faiblesse relative de leur adoption à une large
échelle.
Les résultats des ONG sont fortement fonction
de leurs propres approches d'intervention dans les villages. La participation
des villages aux différentes activités de conservation des eaux
et des sols s'est révélée insuffisante au début,
mais s'est très rapidement améliorée dans les villages,
à la faveur du changement d'approche, désormais plus
participative, que les intervenants ont été amenés
à opérer.
Les travaux réalisés et les
résultats atteints sont très encourageants. En effet, la
réhabilitation des terres dégradées à permis :
d'accroître les rendements des cultures et d'améliorer la
sécurité alimentaire, d'augmenter le niveau de l'épargne
qui s'est traduite par des investissements dans l'achat d'animaux. Par
ailleurs, les actions visant à promouvoir les techniques de CES ont
accru la prise de conscience des producteurs vis-à-vis du
problème de la dégradation des ressources naturelles.
L'étude réalisée fait ressortir
que les techniques de luttes anti-érosive dans le degré
carré de Ouahigouya auraient contribué, du moins dans les
provinces du Passoré - Zondoma - Yatenga, à réduire la
pauvreté dans les villages. Les techniques de CES ont également
eu pour effet de modifier le système de production, et notamment le mode
d'élevage qui tend à s'intensifier, afin de mieux produire la
fumure organique nécessaire au zaï et aux demi-lunes.
Nous avons observé que certains paysans, sont
susceptibles non seulement d'adopter les techniques, mais aussi de les
améliorer en les adaptant et de contribuer à les diffuser
auprès d'autres producteurs. Par leur travail, ils ont montré
qu'il est possible de créer un système agro-sylvo-pastoral
intégré dans un environnement biophysique dégradé
et d'en tirer bénéfice à court, moyen et long
terme.
L'avenir de l'aménagement des terroirs reste
une préoccupation en l'absence d'une assistance permanente. En effet,
l'adhésion des populations pour les techniques de réhabilitation
reste pour une part importante liée à l'appui technique et
financier des ONG. Cela limite fortement la pérennité et la
poursuite des actions qui ne sont plus garanties dès que l'intervenant
extérieur se retire du village. Comme nous l'avons indiqué, une
majorité de paysans se déclarent intéressés par les
techniques de CES/DRS. Mais il s'agit d'une adhésion par rapport
à un appui venu de l'extérieur, ce qui introduit une erreur
importante dans l'estimation des besoins réels et sur le soutien
subséquent aux actions entreprises par ces populations.
126
Au regard de tous les effets et impacts ci-avant
décrits, il est souhaitable que des mesures soient prises pour favoriser
l'acquisition d'équipements par les producteurs, en vue de
pérenniser les acquis de ces techniques.
Les initiatives déjà entreprises sur le
plan national nous permettent d'affirmer que l'espoir est permis. Nous pouvons
citer la mise en place du Programme de Développement Rural Durable et de
la deuxième phase du PNGT2 dont la bonne exécution permettra une
meilleure gestion des ressources naturelles à travers la
responsabilisation des communautés villageoises engagées dans la
lutte contre la pauvreté.
127
BIBLIOGRAPHIE
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128
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minière du Burkina Faso à 1/1000000. 3ème
édition.
5. BUMIGEG. 2003. Carte géologique du Burkina
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GAMSONRE P. E. Carte révisée par l'équipe de projet SYSMIN
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géologique à 1/200000. Feuille ND-30-X Ouahigouya
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12. GANABA S. et KIEMA A., 2000. Impacts des
aménagements anti-érosifs sur la diversité biologique et
végétale en région sahélienne du Burkina Faso.
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13. HIEN V. et al., 2004. Projet 83 recherche sur des
technologies de lutte contre la désertification au Sahel et étude
de leur impact agro-écologique. Rapport final d'étude, 91
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14. INERA. 2000. Rapport sur les acquis scientifiques
(1992 -1999) du département gestion des ressources naturelles et
systèmes de production (GRN/SP).Ouagadougou, 139 p.
15. INSD. 2000. Analyse des résultats du
recensement général de la population et de l'habitat de 1996.
Volume I et Volume II. Ouagadougou, 528 p.
16. INSD. 2000. Recensement général de
la population et de l'habitat (10-20 décembre 1996) extrait du fichier
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17. INSD. 2004. Projection de la population du
Burkina Faso. 82 p.
18. J. FOURNIER. Et al., 2000. Rôle des
jachères sur les écoulements de surface et l'érosion en
zone soudanienne du Burkina Faso : Application à la gestion des terres
cultivées. Revue, Sud Sciences et Technologies, N° 5, 14
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19. KY- DEMBELE C. et al., 1995. Conservation des
eaux et des sols - Agroforesterie. Recueil de fiches techniques. Programme
collaboratif PS/CES-AGF, INERA, IBRET, 34 p.
20. MAHRH. 1990. Etude du bilan d'eau au Burkina Faso
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la région du Nord (1990-2005) première version.
21. MINISTERE DE L'EAU. 1987. Inventaire et
reconnaissance générale de l'état des barrages et retenu
d'eau au Burkina Faso. Office national des barrages et des aménagements
hydro-agricoles, 453 P.
22. MINISTERE DES RESSOURCES ANIMALES. 2004.
Deuxième enquête nationale sur les effectifs du cheptel. Tome II
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23. PATECORE. 1996. Fiches techniques sur des mesures
physiques et biologiques en conservation des eaux et des sols. 46
p.
24. PDRD. 2006. Rapport annuel d'exécution
technique et financière. 62 p + annexes.
25. PDRD. 2006. Rapport de préevaluation. 130
p.
26. PSA/RTD., 2006. Rapport PIP du troisième
trimestre. 18 p.
27. PS-CES/AGF. 2002. Bilan des réalisations
physiques et budgétaires de la phase II du PS-CES/AGF, dans la plaine
centrale. Rapport final, 245 p + annexes.
28. PS-CES/AGF. 2003. Rapport d'évaluation
intermédiaire. 71 p + annexes.
29. PS-CES/AGF., 2003. Rapport. Niveau de couverture
en aménagements anti-érosifs des départements de la plaine
centrale.
132
133
ANNEXE N° I : FICHE D'ENQUETE
1. N° Date
2. Nom et prénoms de l'enquêteur
3. Village Département Province
|
I. / IDENTIFICATION DE L'ENQUETE
1. - Nom et prénoms :
2. - Sexe : Masculin Féminin
3. - Age : (En année
révolues)
4. - Ethnie :
5. - Taille du ménage:
6. - A quelle organisation paysanne appartenez-vous:
6.1. - groupement villageois
6.2. - coopérative
6.3. - aucune
6.4. - autres (à préciser) II. /
DOMAINE FONCIER ET TECHNIQUES CULTURALES
1. Parcelles exploitées par ménage et
localisation topographique 1.1. Jardin de case
1.1.1 localisation topographique 1.2. Champs de
case
1.2.1. localisation topographique 1.3. Champs de
brousse
1.3.1. localisation topographique
2. Age de la parcelle exploitée (en année
révolue)
2.1. parcelle récente
2.2. parcelle ancienne
2.3. parcelle de jachère
3.
134
durée de mise en valeur
4. pourquoi cette durée ?
5. les cultures pratiquées
6. pourquoi ces cultures ?
7. types de labours 7.1. Plat
7.2. Sur buttes 7.3. Billons
8. pourquoi ? III. / PERCEPTION PAYSANNE DE
L'EROSION ET PRATIQUES ANTI-EROSIVES
1. L'érosion se manifeste t-elle sur vos parcelles
?
2. Si oui, à quelle période de
l'année?
2.1. Début d'année 2.2. Milieu
d'année 2.3. Fin d'année
3. Au niveau de quelle parcelle (localisation
topographique) l'érosion est-elle importante ? 3.1. sur les hauts de
pente
3.2. sur les bas de pente
3.3. dans les bas-fond
4. Quelle est l'intensité de l'érosion ?
4.1. Forte
4.2. Moyenne 4.3. Faible
5. Concerne t-elle toute l'exploitation ?
5.1. Oui 5.2. Non
6. 135
Prenez-vous des dispositions contre l'érosion
?
6.1. Oui 6.2. Non
7. Si oui lesquelles, à quelle période de
l'année et pourquoi ?
8. Si non pourquoi ?
9. Etes-vous au courant des nouvelles techniques de
lutte anti-érosive ?
9.1. Oui 9.2. Non
10. Si oui lesquelles ?
11. Utilisez-vous ces techniques et pourquoi ?
12. Si non, pourquoi ?
13. Quelle différence faites vous entre ces
nouvelles techniques et les
techniques traditionnelles ?
14. Comment effectuez-vous vos travaux de lutte
anti-érosive ?
14.1. Individuellement 14.2. Collectivement 14.3. Les
deux
15. Quel nombre de parcelles traitez-vous par an ?
16. Quelle type de technique préférez-vous
?
17. Quelle distance parcourez-vous pour le
prélèvement des moellons ?
18. Quel est le mode de transport ?
18.1 Camion 18.3 brouette
18.2 Charrette 18.4. Autres (à préciser)
19. Quelle est le temps pour le traitement d'une
parcelle de un hectare de cordons
pierreux ?
20. Demi-lune ?
21. Avantages
21.1. digues filtrantes
21.2. cordons pierreux
136
21.3. demi-lunes
21.4. za ï amélioré
21.5. zaï mécanique
22. Inconvénients
22.1. digues filtrantes
22.2. cordons pierreux
22.3. demi-lunes
22.4. za ï amélioré
21.5. zaï mécanique
23. Pratiquez-vous le zaï mécanique
?
23.1 Oui 23.2 Non
24. Pourquoi ?
25. Avez-vous suivi une formation sur la
réalisation des différentes techniques
d'aménagements ?
25.1 Oui 25.2 Non
26. Ramassez-vous les tiges après les
récoltes ?
26.1. Oui 26.2. Non
27. Pourquoi ?
28. Quel est le rôle de Andropogon gayanus
dans les champs ?
29. A-t-il été planté ou a-t-il
poussé à l'état naturel ? 29.1. Planté
29.2. Poussé à l'état
naturel
30. Utilisez-vous la technique des haies vives
défensives et anti- érosives ?
30.1. Oui 30.2. Non
31. Si oui quelles sont les espèces
utilisées ?
32. si non pourquoi ?
137
33. Avez-vous planté des arbres durant ces
dernières années ?
31.1. individuellement, nombre
31.2. collectivement, superficie
IV. / EVOLUTION DES RENDEMENTS AU NIVEAU DES CULTURES
1. Que constatez-vous avec l'utilisation des nouvelles
techniques ? 1.1. Une augmentation du rendement de la production 1.2. Une
diminution du rendement de la production
2. Que pensez-vous de l'évolution
générale de votre environnement ?
2.1. Se dégrade t-il ? 2.2. S'améliore
t-il ?
3. Qu'est ce qui vous permet d'apprécier cela ?
4. Quelles sont selon vous, les causes de cette
évolution ?
V. / PERCEPTION PAYSANNE DES ONG ET PROJETS
1. Recevez-vous une aide de l'Etat ou des projets dans
la réalisation des différents
aménagements CES/AGF ?
1.1. oui comment ?
1.2. non pourquoi ?
2. Que pensez-vous des ONG et Projets ?
3. Etes-vous satisfaits de leur intervention
?
3.1. Si oui pourquoi ?
3.2. Si non pourquoi ?
4. Qu'attendez-vous des projets et ONG ?
138
ANNEXE N° II : LISTE DES ESPECES LIGNEUSES
SPONTANEES OU RENCONTREES DANS LES CHAMPS, JACHERES, VERGERS ET
CONCESSIONS
Nom scientifique
|
Famille
|
Non français
|
Fulfulde
|
Jula
|
Moore
|
Acacia nilotica
|
Mimosacées
|
Gommier rouge
|
Gaoudi
|
Baganayiri
|
Pegenenga
|
Acacia polyacantha
|
Mimosacées
|
|
|
Tufin
|
Kaango
|
Acacia senegal
|
Mimosacées
|
Gommier du sénégal ou Gommier
blanc
|
Debehi
|
Dibe
|
Gomiiga
|
Acacia seyal
|
Mimosacées
|
|
|
|
Gomiga
|
Acassia albida
|
Mimosacées
|
|
|
Balanzan
|
Zaaga
|
Adansonia digitata
|
Bombacacées
|
Baobab
|
Bobbe
|
Sira
|
Toèga
|
Afzelia africana
|
Césalpiniacées
|
Lingue
|
Kalkalgahe
|
Lenge
|
Kankalga
|
Albizia chevalieri
|
Mimosacées
|
|
|
|
|
Alchornea cordifolia
|
Euphorbiacées
|
|
|
|
|
Anogeissus leiocarpus
|
Combrétacées
|
Bouleau d'Afrique
|
Godoli
|
N'galama
|
Piega-siiga
|
Azadirachta indica
|
Méliacées
|
Nime, Nim, Neem
|
Nim
|
Nim
|
Nim
|
Balanites aegyptiaca
|
Balanitacées
|
Dattier du désert ou Dattier sauvage
|
Goloketi
|
Sègènè
|
Kièglga
|
Bombax costatum
|
Bombacacées
|
Kapokier rouge ou Faux kapokier
|
Bantinehi
|
Bumbu/Bumu
|
Voaaka
|
Borassus aethiopum
|
Arécacées
|
Palmier rônier ou Rônier
|
Dubbi
|
Sebe
|
Koanga / Kôaga
|
Capparis corymbosa
|
Capparacées
|
Câpier d'Afrique
|
|
|
|
Carica papaya
|
Caricacées
|
Papayer
|
|
|
|
Casia siamea
|
Césalpiniacées
|
Casse du Siam ou Bois perdrix ou Sindian
|
|
|
|
Ceiba pentandra
|
Bombacacées
|
Fromager ou kapokier
|
|
Bana
|
Gunga
|
Combretum micranthum
|
Combrétacées
|
Kinkeliba
|
Gungumi
|
N' golobe
|
Kanga randga
|
Dichrostachys glomerata
|
Mimosacées
|
|
|
|
Sulsutiri
|
Diospiros mespiliformis
|
Ebénacées
|
Faux Ebénier
|
Ganaje
|
Sunsu
|
Gaaka
|
139
Nom scientifique
|
Famille
|
Non français
|
Fulfulde
|
Jula
|
Moore
|
Eucalyptus camaldulensis
|
Myrtracées
|
Eucalyptus
|
|
|
Eucalyptus
|
Gardenia ternifolia
|
Rubiacées
|
|
Diengali
|
Buruke
|
Bambre-zounga
|
Guiera senegalensis
|
Combrétacées
|
N' guère
|
N'gueloki
|
Kundje
|
Wilîwiiga
|
Khaya senegalensis
|
Ebenacee
|
Kaïcédra
|
|
Giyalayiri
|
Kuka
|
Lannea microcarpa
|
Anacardiacées
|
Raisinier
|
Farouhi
|
M'peku
|
Sambga
|
Mangifera indica
|
Anacardiacées
|
Manguier
|
|
Mangoro
|
Mang-tiiga
|
Mitragyna inermis
|
Rubiacées
|
|
Kauli
|
Dion-dyum
|
Yilga
|
Moringa oleifera
|
Moringacées
|
Pois quenique
|
Guilgandeni
|
Ardjana yiri
|
Arzan tiiga
|
Parkia biglobosa
|
Mimosacées
|
Néré
|
Narehi
|
Nèrè
|
Roanga
|
Piliostigma reticulatum
|
Césalpiniacées
|
|
Barkelehi
|
Nyamakiéma
|
Bagande daaga
|
Pterocarpus lucens
|
Fabacées
|
|
Tiami
|
Dabakala
|
Pempelaga
|
Saba senegalensis
|
Apocynacées
|
Liane goïne
|
|
Zaban
|
Weda
|
Saba senegalensis
|
Apocynacées
|
Liane goïne
|
|
Zaban
|
Weda
|
Sclerocarya birrea
|
Anacardiacées
|
Prunier
|
Hedi
|
Kuna
|
Noabga
|
Sterculia setigera
|
Sterculiacées
|
Platane du sénégale
|
Bori
|
Korofugo
|
Koutroumouka
|
Tamarindus indica
|
Césalpiniacées
|
Tamarinier
|
Djatabe
|
Ntomi
|
Pusga
|
Terminalia avicennioides
|
Combrétacées
|
|
Boodi
|
Wolo
|
Koutrouagale
|
Terminalia macroptera
|
Combrétacées
|
Badamier du sénégale
|
Bodevi
|
Wolo-ba
|
Kontpoko
|
Vernonia colorata
|
Astéracées
|
|
|
Kosafiné
|
|
Vitellaria paradoxa
|
Sapotacees
|
Karité
|
|
Siigniri
|
Taanga
|
Vitex doniana
|
Verbénacées
|
Prumier noir
|
Kabehi
|
Koro ni fin
|
Adgha
|
Ziziphus mauritiana
|
Rhamnacées
|
Jujubier
|
Djabi
|
Tomonon
|
Mugunuga
|
Source : Rabdo.A. Résultats des enquêtes Mars -
Avril 2007
ANNEXE N° III : EVOLUTION DES AMENAGEMENTS
COLLECTIFS ET INDIVIDUELS DANS LES PROVINCES DU PASSORE ET
DU YATENGA/ZONDOMA (199762003
PASSORE
|
YATENGA/ZONDOMA
|
NB
|
Campagne
|
Amén, Col (Ha)
|
Amén, Ind (Ha)
|
Campagne
|
Amén, Col (Ha)
|
Amén, Ind (Ha)
|
A1
|
0
|
0
|
A1
|
811
|
0
|
A1= 1988/1989
|
A2
|
277
|
0
|
A2
|
1085
|
228
|
A2= 1989/1990
|
A3
|
218
|
0
|
A3
|
628
|
0
|
A3= 1990/1991
|
A4
|
696
|
0
|
A4
|
1894
|
179
|
A4= 1991/1992
|
A5
|
1368
|
0
|
A5
|
2598
|
435
|
A5= 1992/1993
|
A6
|
1058
|
95
|
A6
|
1988
|
375
|
A6= 1993/1994
|
A7
|
1139
|
92
|
A7
|
1554
|
373
|
A7= 1994/1995
|
B1
|
535
|
0
|
B1
|
536
|
0
|
B1= 1995/1996
|
B2
|
0
|
1400
|
B2
|
0
|
1122
|
B2= 1996/1997
|
B3
|
0
|
1131,75
|
B3
|
0
|
1058,5
|
B3= 1998
|
B4
|
0
|
1168
|
B4
|
0
|
1267
|
B4= 1999
|
B5
|
0
|
1433
|
B5
|
0
|
1423
|
B5= 2000
|
B6
|
0
|
998
|
B6
|
0
|
1363
|
B6= 2001
|
B7
|
0
|
261
|
B7
|
0
|
290,5
|
B7= 2002
|
CO
|
0
|
54
|
CO
|
0
|
125
|
CO= 2003
|
TOTAL
|
5291
|
6632,75
|
TOTAL
|
11094
|
8239
|
|
140
Source : Bilan des Réalisations physiques et
budgétaires de la phase II du PS-CES/AGF
141
ANNEXE N° IV : CARTE n° 4
142
ANNEXEN°V:CARTEn°5
ZONE D'INTERVENTION DU PSA/RTD
Tong omayeJ
Baraboule
DJIBO
Kouto ugo u r
Nassoumbou
1
\Arbinda
Ouindigui
DigueI
OUAHIGOUYA
KONGOUS I
Sabce
Guibar=
30 0 30 30 Km
11
Tikaré
Fob:-Me gao
SITUATION DE LA ZONE D'INTERVENTION AU BURKINA
FASO
ê M
t 00 1
Zone d'intervention
Autres provinces
100 0 100 200 Km
I
Localite
Voie de communication
Provinces
BAM LOROUM SOUM YATENGA
Source: BNDT, 1998
|
Septembre 2007
|
Réai..; RABDO Abdoulaye & ZOIJNGRANA Louis E.
|
143
ANNEXE N° VI : PLUVIOMETRIE ANNULLE 6 OUAHIGOUYA
: 197762006
Hauteurs et nombre de jours annuels
Année
|
1977
|
1978
|
1979
|
1980
|
1981
|
1982
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
1991
|
P (mm)
|
425
|
776
|
579
|
576
|
836,1
|
360
|
358,2
|
391
|
420
|
591
|
466,4
|
707
|
612
|
403
|
680
|
Jours
|
52
|
65
|
64
|
55
|
68
|
52
|
48
|
49
|
44
|
63
|
58
|
56
|
58
|
52
|
66
|
Année
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
P (mm)
|
714
|
604
|
965
|
613
|
730,4
|
591
|
671,3
|
673
|
578
|
734
|
579,6
|
730
|
596
|
575
|
648
|
Jours
|
70
|
49
|
71
|
54
|
54
|
53
|
37
|
69
|
51
|
49
|
60
|
60
|
47
|
59
|
57
|
Source : Direction de la Météorologie Nationale
144
ANNEXE N° VII : Villages enquêtés
par province et par département
Province
|
Département
|
Village
|
Passoré
|
Gomponsom
|
Nioniongo
|
Pougyango
|
Zambélé
|
Zondoma
|
Bassi
|
Lintiba
|
Saye
|
Pella
|
Gourcy
|
Ranawa
|
koumbéolé
|
Boussou
|
Toubyego
|
Bagasse
|
Yatenga
|
Ouahigouya
|
Sodin
|
Bogoya
|
Bissighin
|
Namissiguima
|
Noogo
|
Wagaye
|
Koumbané
|
Oula
|
Boursouma
|
Ziga
|
Reko
|
Koumbri
|
Soulou
|
Bidi
|
Thiou
|
Bango
|
Nodin
|
Loroum
|
Titao
|
Salla
|
You
|
Ouindigui
|
Selbouanga
|
Sourou
|
Gomboro
|
Gomboro
|
Kiembara
|
Bangassogo
|
Dio
|
Lankoué
|
Lankoué
|
Source : Rabdo, A. Mars 2007.
145
TABLE DES MATIERES
DEDICACE 2
SOMMAIRE 3
RESUME 4
MOTS CLES 4
AVANT PROPOS ET REMERCIEMENTS 5
LISTE DES ACRONYMES 7
INTRODUCTION 9
PREMIERE PARTIE : LES ASPECTS DU MILIEU
PHYSIQUE ET HUMAIN 10
CHAPITRE PREMIER : METHODOLOGIE GENERALE
ET PRESENTATION DE LA ZONE 11
I - METHODOLOGIE ET PRESENTATION DE LA
ZONE D'ETUDE 11
I.1. PROBLEMATIQUE 11
I.2. LA ZONE D'ETUDE 12
I.3. OBJECTIFS 12
I.4. HYPOTHESES DE RECHERCHE 12
I.5. METHODOLOGIE DE TRAVAIL 12
I.5.1. La recherche documentaire
14
I.5.2. Synthèse de la revue littéraire
14
I.5.3. Les travaux de terrain
16
I.5.4. Les entretiens 16
I.5.5. Les enquêtes dans les
villages. 16
I.5.6. Le traitement des
données. 16
I.6. LES DIFFICULTES RENCONTREES 17
II - LE MILIEU NATUREL 17
II.1. LA GEOLOGIE 17
II.1.1. Les roches plutoniques
17
II.1.2. Les roches volcano-sédimentaires
18
II.2. LA GEOMORPHOLOGIE 18
II.2.1. Les éminences
18
II.2.2. Les glacis 22
II.2.3. La plaine ou surface fonctionnelle
22
II.2.4. Les dépressions
22
II.2.5. Le système dunaire
23
II.3. LE CLIMAT 23
II.3.1. La pluviométrie
23
II.3.2. Détermination des périodes
saisonnières 26
II.3.3. La température
27
II.3.4. L'évaporation
28
II.3.5. Les vents 29
II.4. LES SOLS 30
II.4.1. Les sols minéraux bruts
31
II.4.2. Les sols peu évolués
d'érosion 31
II.4.3. Les sols ferrugineux tropicaux
34
II.4.4. Les sols hydromorphes
34
II.5. LA VEGETATION 35
II.5.1. La zone de savane arbustives et
herbacées. 35
II.5.2. la zone de la savane arborée
35
II.5.3. La savane parc ou savane anthropique
35
II.6. L'HYDROGRAPHIE 36
II.6.1. Les cours d'eau 36
II.6.2. Les retenues d'eau
36
146
III- LES ASPECTS HUMAINS 36
III.1. LA POPULATION 36
III.1.1. Composition et évolution de la
population 36
III.1.2. La densité démographique et
ses conséquences 37
III.2. LES CARACTERISTIQUES SOCIALES DE LA ZONE
37
III.2.1. L'organisation sociale
37
III.2.2. L'habitat 38
III.3. LES CARACTERISTIQUES ECONOMIQUES 38
III.3.1. L'agriculture 38
III.3.2. L'élevage
40
III.3.3. Les autres activités
41
III.4. LA GESTION ET L'EXPLOITATION DU DOMAINE FONCIER
41
III.4.1. Le nombre et le type de parcelles
exploitées par ménage 41
III.4.2. La durée de la mise en valeur
42
III.4.3. Le calendrier agricole
43
CONCLUSION PARTIELLE 46
CHAPITRE DEUXIEME : DESCRIPTION DE L'EROSION
47
I - NOTIONS DE BASE 47
I.1. DEFINITION DE L'EROSION 47
I.1.1. La désagrégation
mécanique 47
I.1.2. L'altération
47
I.2. LES FACTEURS DE L'EROSION HYDRIQUE ET EOLIENNE
48
I.2.1. La végétation
48
I.2.2. La pente 48
I.2.3. La nature du sol 48
I.2.4. La pluie 49
I.2.5. Le travail du sol
51
I.2.6. Les causes anthropiques
51
I.3. LES PROCESSUS D'EROSION 52
I.3.1. L'érosion hydrique
52
I.3.2. L'érosion éolienne
57
II- LES DIFFERENTS TYPES D'EROSION À LA PARCELLE
57
II.1. LES PARCELLES D'EROSION 57
II.1.1. Les parcelles sur glacis
57
II.1.2. Les parcelles sur les
versant. 58
II.1.3. Les parcelles de bas-fond
58
II.2. LES CONSEQUENCES 59
II.2.1. La dégradation du sol
59
II.2.2. La baisse de la production
59
II.2.3. L'augmentation des surfaces cultivées
60
CONCLUSION PARTEILLE 61
CHAPITRE TROISIEME : PERCEPTION PAYSANNE DE L'EROSION
62
I - LES CAUSES DE L'EROSION DES SOLS
62
I.1. LA DESTRUCTION DU COUVERT VEGETAL 62
I.2. LA PLUIE 63
I.3. L'INFLUENCE DE LA PENTE 64
II - LES CONSEQUENCS DE L'EROSION DES
SOLS 65
II.1. LA DEGRADATION DES SOLS 65
II.2. LA DIMINUTION DES RENDEMENTS 65
CONCLUSION PARTIELLE 66
147
DEUXIEME PARTIE : LA LUTTE ANTI-EROSIVE 67
CHAPITRE QUATRIEME : LES FORMES DE LUTTE ANTI-EROSIVE
68
I - LES FORMES TRADITIONNELLES DE LUTTE ANTI-EROSIVE
68
I.1. LES METHODES MECANIQUES 68
I.1.1. Les alignements de pierres
68
I.1.2. La ceinture périphérique des
rizières 68
I.1.3. Le zaï 70
I.2. LES METHODES BIOLOGIQUES 72
I.2.1. La jachère
72
I.2.2. Le paillage 72
I.3. LES OBSTACLES EN BOIS 73
II - LES FORMES MODERNES DE LUTTE ANTI-EROSIVE
73
II.1. Description, mise en place et contraintes des
techniques. 73
II.1.1. Les techniques mécaniques
73
II.1.2. Les techniques biologiques
96
II.1.3. Les techniques d'agroforesterie
97
II.1.4. Les techniques culturales
103
II.1.5. La fertilisation des sols
105
CONCLUSION PARTIELLE 109
CHAPITRE CINQUIEME : IMPACT ET
CONTRAINTES DES TECHNIQUES 110
I - IMPACT DES TECHNIQUES DE LUTTE
ANTI-EROSIVE 110
I.1. Impact sur l'érosion et le ruissellement
110
I.2. L'impact des techniques sur l'humidité
du sol 110
I.3. Impact sur la régénération
des ressources ligneuses et herbacées 111
I.4. Impact sur la conservation et la
récupération des sols 111
I.5. Rendements agricoles et sécurité
alimentaire 111
II - EXIGENCES DES TECHNIQUES DE LA LUTTE ANTI-EROSIVE
113
II.1. LA CHARGE DE TRAVAIL 113
II.2. LES BESOINS D'EQUIPEMENTS 115
III - CONTRIBUTION DES PRODUCTEURS A
L'AMELIORATION DES TECHNIQUES DE
LUTTE ANTI-EROSIVE 116
IV - COUTS DES AMENAGEMENTS ANTI-EROSIFS 116
V - POURSUITE DES AMENAGEMENTS AU DELA
DE LA FIN DES PROJETS
ET PROGRAMMES 117
CONCLUSION PARTIELLE 118
CHAPITRE SIXIEME : RESULTATS ET PERSPECTIVES
119
I - RESULTATS 119
I.1. CLASSIFICATION PREFERENTIELLE DES TECHNIQUES PAR LES
PRODUCTEURS 119
I.1.1. Les techniques utilisées
119
I.1.2. Les techniques préférées
121
II - LES PERSPECTIVES 122
CONCLUSION PARTIELLE 124
CONCLUSION GENERALE 125
BIBLIOGRAPHIE 127
ANNEXES 132
ANNEXE N° I : FICHE D'ENQUETE 133
148
ANNEXE N° II : LISTE DES ESPECES LIGNEUSES
SPONTANEES OU RENCONTREES DANS
LES CHAMPS, JACHERES, VERGERS ET CONCESSIONS
138
ANNEXE N° III : EVOLUTION DES AMENAGEMENTS
COLLECTIFS ET INDIVIDUELS DANS
LES PROVINCES DU PASSORE ET DU YATENGA/ZONDOMA
(199762003) 140
ANNEXE N° IV : CARTE N° 4 141
ANNEXE N° V : CARTE N° 5 142
ANNEXE N° VI : PLUVIOMETRIE ANNULLE 6 OUAHIGOUYA
: 197762006 143
TABLE DES ILLUSTRATIONS 149
LISTE DES TABLEAUX 149
LISTE DES PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES 150
LISTE DES FIGURES 150
LISTE DES GRAPHIQUES 151
LISTE DES CARTES 151
LISTE DES TRANSECTS 151
149
TABLE DES ILLUSTRATIONS
LISTE DES TABLEAUX
TABLEAU N° 1 : PRODUCTION (EN TONNES) TOTALE DES
CULTURES CEREALIERES 2006$2007 39
TABLEAU N° 2 : TYPE DE MENAGE EN FONCTION DU
NOMBRE DE PARCELLES EXPLOITEES 42
TABLEAU N° 3 : DUREE DES JACHERES 43
TABLEAU N° 4 : PARCELLES RECENTES 433
TABLEAU N° 5 : PRINCIPALES OPERATIONS CULTURALES
45
TABLEAU N° 6 : LOCALISATION TOPOGRAPHIQUE DES
PARCELLES DE CULTURE 58
TABLEAU N° 7 : ESTIMATION DU RUISSELLEMENT PAR
LES PAYSANS SUR LES PARCELLES DE CULTURE 62
TABLEAU N° 8 : PRESENCE DE ANDROPOGON
GAGNANUS DANS LES CHAMPS 63
TABLEAU N° 9 : PERIODES D'OBSERVATION DE
L'EROSION SUR LES PARCELLES DE CULTURE 64
TABLEAU N° 10 : PRISE DE MESURE CONTRE L'EROSION
SUR LES PARCELLES DE CULTURE 65
TABLEAU N° 11 : DISTANCE, SITES D'AMENAGEMENT ET
ZONES DE COLLECTES DES MOELLONS 77
TABLEAU N° 12 : MODES DE TRANSPORT DES MOELLONS
83
TABLEAU N° 13 : PRATIQUE DU ZAÏ MECANIQUE
94
TABLEAU N° 14 : RENDEMENT EN GRAINS PAR
TRAITEMENT A SARIA, ANNEES 1994 ET 1995 97
TABLEAU N° 15 : NOMBRE D'ARBRES PLANTES PAR LES
PAYSANS 100
TABLEAU N° 16 : REALISATIONS DE HAIE VIVE
DEFENSIVE 102
TABLEAU N° 17 : NOMBRE DE FOSSES FUMIERES
REALISEES PAR LES PAYSANS 107
TABLEAU N° 18 : RENDEMENTS COMPARES DES OUVRAGES
113
TABLEAU N° 19 : APPUIS REÇUES PAR LES
PAYSANS 115
TABLEAU N° 20 : COUTS DES AMENAGEMENTS
ANTI-EROSIFS 116
TABLEAU N° 21 : TECHNIQUES UTILISEES
120
TABLEAU N° 22 : TECHNIQUES PREFEREES
121
150
LISTE DES PLANCHES PHOTOGRAPHIQUES
PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 1 : BUTTE CUIRASSE ET
COLLINE 21
PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 2 : DEBOISEMENT ET
DECAPAGE PELLICULAIRE LOCALISE 55
PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 3 : EROSION RAVINANTE ET
EROSION DES BERGES 56
PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 4 : DEFORESTATION ET
OBSTACLE EN BOIS 69
PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 5 : TROUS ET CHAMP DE
ZAÏ 71
PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 6 : TECHNIQUE DE PAILLAGE
ET CORDON PIERREUX 76
PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 7 : EXTRACTION ET
DISPOSITION DE MOELLONS 78
PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 8 : DIGUE FILTRANTE EN
PIERRES LIBRES ET DEMI-LUNES 86
PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 9 : DISPOSITION ET CHAMP
DE DEMI-LUNES 92
PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 10 : BOULI ASSECHE ET
BOULI TRADITIONNEL 95
PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 11 : VEGETALISATION
99
PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 12 : BANDE ENHERBEE ET
REBOISEMENT PROTEGE 101
PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 13 : DEUX TYPES DE LABOURS
104
PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 14 : LABOUR EN BILLON ET
SEMIS EN LIGNE 106
PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N°15 : DES FOSSES FUMIERES
108
PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 16 : TRAITEMENT D'UN
ZIPELLE ET PRESERVATION D'HERBACEES LE LONG
D'UN CORDON PIERREUX 112
PLANCHE PHOTOGRAPHIQUE N° 17 : REGENERATION LIGNEUSE
ET ASSOCIATION ZAÏ MECANIQUE ET DEMI-LUNES 114
LISTE DES FIGURES
FIGURE N° 1 : PLUIE DE TYPE I (OUAHIGOUYA - 20 JUIN
2006) 50
FIGURE N° 2 : PLUIE DE TYPE II (OUAHIGOUYA 22/08/06)
50
FIGURE N° 3 : PLUIE DE TYPE IV (OUAHIGOUYA 29/09/06)
51
FIGURE N° 4 : ETAPES SUCCESSIVES DE L'EFFET SPLASH
52
FIGURE N° 5 : PROCESSUS GENERAL DE L'EROSION
HYDRIQUE DES SOLS 54
FIGURE N° 6 : COUPE TRANSVERSALE D'UNE DIGUETTE EN
TERRE 74
FIGURE N° 7 : LE NIVEAU A EAU 80
FIGURE N° 8 : UTILISATION DU NIVEAU A EAU
80
FIGURE N° 9 : ETAPES DE LA CONSTRUCTION D'UN CORDON
PIERREUX 82
FIGURE N° 10 : COUPE D'UNE DIGUE FILTRANTE
84
FIGURE N° 11 : DIGUE FILTRANTE SIMPLE 85
FIGURE N° 12 : TRAITEMENT DES TETES DE RAVINE
88
FIGURE N° 13 : TRAITEMENT DU LIT DE LA RAVINE PAR
UNE DIGUE FILTRANTE 89
151
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique n° 1 : Irrégularités
inter-annuelles des précipitations - Ouahigouya :
1977$2006 25
Graphique n° 2 : Irrégularités
inter-annuelles des précipitations et du
nombre de jours de pluie - Ouahigouya : 1977$ 2006
25
Graphique n° 3 : Variations pluviométriques
annuelles : courbe de
Franquin - Ouahigouya : 1976 - 2005 27
Graphique n° 4 : Variations moyennes mensuelles
inter-annuelles de la température
- Ouahigouya : 1977 - 2006 28
Graphique n° 5 : Variations moyennes inter-annuelles
de l'évaporation -
Ouahigouya : 1977 - 2006 29
Graphique n° 6 : Vitesses moyennes mensuelles des
vents - Ouahigouya : 1977 -
2006 30
Graphique n° 7 : Techniques utilisées
120
Graphique n° 8 : Techniques
préférées 122
LISTE DES CARTES
Carte n° 1 : Carte de situation 13
Carte n° 2 : Carte géologique du degré
carré de Ouahigouya 19
Carte n° 3 : Carte pédologique du
degré carré de Ouahigouya 33
Carte n° 4 : Carte de zone d'intervention du PDRD
141
Carte n° 5 : Carte de zone d'intervention du PSA/RTD
142
LISTE DES TRANSECTS
Transect n° 1 : Lintiba - Saye 24
Transect n° 2 : Koumbri - Soulou 32
|