IV - Objectif du travail
Dans le cadre du présent travail, nous contribuons par
l'étude micropaléontologique et biostratigraphique de haute
résolution des Foraminifères de l'intervalle du passage
Cénomanien - Turonien de deux coupes levées en Tunisie afin de
:
) multiplier l'information sur les différentes
espèces en association du passage Cénomanien - Turonien.
) participer à une meilleure caractérisation
biostratigraphique de l'intervalle du passage Cénomanien - Turonien, en
se basant sur un échantillonage très serré et en adoptant
les normes de la biostratigraphie de haute résolution.
) mettre en évidence les événements
biologiques enregistrés dans les dépôts de l'intervalle du
passage Cénomanien - Turonien (C/T) par le suivi du comportement
différentiel des Foraminifères planctoniques et benthiques et
préciser leurs changements s'il y a eu lieu le long de ce passage en
s'appuyant sur l'analyse statistique des composants de cette faune.
) participer à une meilleure reconstitution des
conditions paléoenvironnementales au niveau des deux coupes
étudiées et vérifier s'il y a bien une relation entre
ces
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conditions locales avec celles reignant à l'échelle
globale durant l'intervalle du passage C/T.
V - Matériel et méthode
Une première campagne de terrain nous a permis
d'arrêter notre choix sur deux coupes dans la série de la
Formation Bahloul. La première coupe levée dans la vallée
d'Oued Es-Smara (CES) dans la région de Jerissa au Centre - Ouest de la
Tunisie. La deuxième coupe est celle d'Oued El-Khrroub (COK) dans la
région de Bargou prés de la ville de Siliana à peu
prés à la même latitude que la première mais
beaucoup plus à l'Est. Notre étude est d'ordre
micropaléontologique et paléoécologique. Elle est
basée sur la détermination des Foraminifères
prélevés dans les échantillons de ces deux coupes, leur
état de conservation et leur diversité. Elle est également
d'ordre biostratigraphique de haute résolution basée sur la
répartition verticale détaillée des espèces
marqueurs de Foraminifères planctoniques. Ces derniers vont nous servir
pour la subdivision et la biozonation de l'intervalle du passage
Cénomanien - Turonien s'intégrant dans la Formation Bahloul et
pour discuter les autres biozonations proposées par nos
prédécesseurs, en définissant les limites,
inférieure et supérieur, de ladite Formation.
Le travail sur le terrain consiste en un
échantillonnage plus ou moins serré tout en adoptant des
méthodes de biostratigraphie qualifiée de haute
résolution, surtout dans la zone où se situe la limite des deux
étages géologiques. Ainsi dans les deux coupes
étudiées, les échantillons sont prélevés
à intervalle de 20 cm et 40 cm (voire même 10 cm) pour la
première coupe (CES) et de 30 cm à 50 cm (voire même 20 cm)
pour la deuxième coupe (COK), surtout dans les niveaux sombres de la
Formation Bahloul. De part et d'autre de cette Formation l'intervalle
d'échantillonnage est moins serré. L'espacement entre les
échantillons peut être de 80 cm ou 1 m si le faciès est
inchangé. Les échantillons sont stockés dans des sacs en
plastique portant des étiquettes où sont écrit, la cote de
l'échantillon, son numéro et sa provenance.
La deuxième étape du travail consiste en la
préparation de ces échantillons au laboratoire. Chaque
échantillon est subdivisé en deux parties égales, une qui
servira comme témoin (et pouvant faire objet d'autres types d'analyse),
et l'autre est trompée dans de l'eau de robinet
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pendant un certain nombre de jours (selon la dureté de
l'échantillon, sans toutefois dépasser une semaine).
Le lavage de ces échantillons consiste en un tamisage
sous un écoulement d'eau afin d'en extraire des éléments
de taille donnée à travers une colonne de quelques tamis
métalliques calibrés. Dans le cadre de ce présent travail,
quatre tamis de type AFNOR (63 um, 100 um, 250 um, 500 um) ont servi pour le
tamisage des échantillons des deux coupes étudiées. Ces
tamis sont placés suivant une colonne à maille
décroissante, c'est-à-dire celui ayant les mailles les plus fines
étant en bas. Cette opération est utilisée à la
fois pour extraire des fossiles ou microfossiles et pour étudier la
répartition granulométrique des éléments
sédimentaires.
En versant le contenu de l'échantillon trompé
sur le tamis supérieur, l'eau du robinet va évacuer les
particules sablo-argileuses inférieures à 500um vers les tamis de
mailles plus fines tout en barbotant le sédiment. Ainsi, quand le
résidu retenu dans chacun des tamis devient propre et réfutant
une eau limpide, il sera récupéré. Les résidus
seront recueillis dans des boîtes à pétri, puis
séchés à l'étuve à moins de 50° C
pendant 4 à 5 jours. Ces résidus séchés sont
ensuite gardés dans des pellules codés et hermétiquement
fermées. L'examen à la loupe binoculaire des résidus est
suivi de tri des microfossiles et leur récupération dans des
cellules à usage micropaléontologique simples ou multiples.
Notons que le passage d'un échantillon à un
autre est toujours précédé par un lavage des tamis avec
une solution du Bleu de Bromothymol, afin de colorer tous les grains proveneant
des échantillons antérieurement tamisés, ensuite les tamis
sont dûment rincés à l'eau de robinet. Ceci évitera
toute contamination lors de la détermination de la microfaune.
Les échantillons calcaires indurés ont fait
l'objet de confection de lames minces afin d'analyser le microfaciès et
le contenu micropaléontologique en section.
L'étude systématique au cours de ce travail n'a
concerné que les Foraminifères planctoniques en particulier. Les
Foraminifères que contiennent les fractions des échantillons
observés sous la loupe binoculaire sont identifiés
spécifiquement en se basant sur les travaux de E.W.G.P.F en
coopération avec F. Robaszynski et M. Caron, sur les
Foraminifères planctoniques du Crétacé Supérieur
(1979. 1 et 2), les traités de micropaléontologie de Loeblich et
Tappan (1961), (1964) et (1988) et d'autres travaux illustrant et discutant les
espèces de Foraminifères planctoniques de l'intervalle de passage
Cénomanien - Turonien (Stelck et Wall, 1954 ; Pessagno, 1967 ; Eicher et
Worstell, 1970 ; Chitta, 1979 ; Salaj,
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1980 ; Bellier, 1983 ; Robaszynski et al., 1990 ;
Premoli Silva et Sliter, 1994 ; Rami, 1998 ; Georgescu, 2000 ; Keller et
al., 2001 et d'autres...). Pour l'analyse statistique, on a eu
recours à la subdivision des trois fractions de chaque
échantillon (les fractions : 63 um, 100 um et 250 um) à l'aide
d'un microsplitter de type « Otto ». Chaque fraction est
subdivisée en deux parties égales : la première est remise
dans la boite initiale et l'autre est mélangée avec les autres
moitiés de fractions inférieures du même
échantillon. Ce fractionnement va nous aider à obtenir une
association de Foraminifères (aussi bien planctoniques que benthiques)
comportant au minimum 300 individus dans un résidu global >63 um par
échantillon. Ces 300 individus serviront pour une analyse statistique
adéquate. Le matériel étudié peut être riche
ou pauvre en Foraminifères. Pour obtenir seulement 300 individus de
Foraminifères planctoniques. Dans le cas où le résidu
global >63mm est très riche en foraminifère, nous avons
été amenés à le fractionner aussi à l'aide
du microsplitter afin d'obtenir une association de foraminifère
planctonique ne dépassant pas 400 individus. Quand l'échantillon
est pauvre en Foraminifères, nous les avons triés dans l'ensemble
du résidu global.
Concernant les analyses calcimétriques on a eu recours
à un dosage des carbonates à l'aide du calcimètre Bernard
en utilisant une balance de précision, HCl (10%) placé dans une
pissette, une pissette d'eau distillée, un calcimètre Bernard, un
étalon de calcite et une spatule. Les échantillons
prélevés sur le terrain vont servir à la
détermination des teneurs en CaCO3. Cette analyse
calcimétrique consiste tout d'abord à l'étalonnage de
l'appareil en introduisant dans une erlen de 250ml 0,30g de CaCO3 pur
préalablement séché à 50°C. Ensuite on place
dans l'erlen un tube a essai rempli de HCl (10%) en le maintenant dans la
position verticale. Puis l'erlen est fermée afin de prendre une
première lecture L1 sur la burette en ramenant la surface du
liquide que l'erlen contient au même niveau que celui de la burette.
Ensuite le contenu de l'erlen est agité en gardant les surfaces du
liquide dans l'ampoule et dans la burette au même niveau. Enfin on fait
une deuxième lecture L2 sur la beurette. Après cet
étalonage, la determination du taux de CaCO3 dans chaque
échantillon est effectué comme suit : la méthode consiste
à peser 300mg de poudre de l'échantillon préalablement
broyé. Ensuite la même méthode d'attaque que celle
adoptée pour l'étalon est effectuée sur
l'échantillon. L'expression des résultats est :
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