7. Mécanisme d'adaptation des plantes à
la salinité
La réponse à la salinité se manifeste
généralement chez la plupart des plantes cultivées par un
effet dépressif sur la croissance et le développement (Munns
et al., 1995). Cette réponse varie considérablement en
fonction du genre, de l'espèce et même de l'écotype ou de
la variété (Epstein et al., 1980 ; Cramer et al.,
1994). Selon le degré de la salinité dans le milieu, les
glycophytes en particulier sont exposées à des modifications de
leur comportement morpho-physiologique (Ben Naceur et al., 2001),
biochimique (Grennan, 2006) et minéral (Martinez et al., 2007). Ainsi,
les plantes réagissent à ces variations de la salinité
dans le biotope soit en déclenchant des mécanismes de
résistance (Batanouny, 1993) ou en disparaissant (Chamard, 1993).
7.1. Les mécanismes d'adaptation morphologiques
7.1.1. Réduction de la surface foliaire
La diminution du taux de croissance des feuilles, après
une augmentation de la salinité est due principalement à l'effet
osmotique du sel autour des racines. Ces effets provoquent la perte d'eau des
cellules foliaires, mais cette perte de volume et de turgescence ne dure pas
longtemps en raison du mécanisme d'ajustement osmotique, malgré
cela, le taux d'allongement et d'élongation de la cellule est
réduit. Cette réduction conduit finalement à l'apparition
des feuilles de faible surface foliaire mais plus épais.
La diminution de la surface foliaire se présente comme
étant une stratégie développée par le blé
dur, pour atténuer la limitation de la disponibilité de l'eau
dans les conditions de stress salin (Steduto et al., 2000). Alem
et al. (2002), a prouvé que le blé dur, qui affiche les
plus importantes diminutions de la surface foliaire, se présente comme
celui qui a le mieux résolu ses problèmes hydriques, alors que le
blé tendre, qui a moins réduit sa surface foliaire, n'a pas pu
résoudre ces problèmes à cause de la forte transpiration
et la faible turgescence liée à l'insuffisance d'eau. La
limitation de la diminution de la surface foliaire et la fermeture des stomates
dans le cas du blé tendre a permis à ce dernier de mieux
conserver les potentialités photosynthétiques du couvert
végétal (Sarda et al., 1993).
Cependant, au stade épiaison avec un stress salin
modéré, le blé dur se distingue par la mise en oeuvre
d'une autre stratégie, qui consiste à limiter les effets de la
diminution de la surface foliaire par une meilleure adaptation du
système photosynthétique, qui se traduit par une augmentation de
l'intensité photosynthétique. Cette augmentation, malgré
qu'elle permette de
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compenser partiellement la diminution de la surface foliaire,
reste insuffisante pour assurer un niveau de photosynthèse du couvert
végétal qui garantît un rendement en grain normal.
Finalement, la stratégie du blé tendre, qui consiste, dans les
conditions de stress salin, à conservé leur surface foliaire pour
préserver ces potentialités photosynthétiques, et
malgré le risque des problèmes hydriques, se montre plus efficace
que celle développée par le blé dur. Ainsi, la diminution
du rendement en grain est moins prononcée dans le cas du blé
tendre que dans celui du blé dur, et ceci pour les deux niveaux de
stress salin (Alem et al., 2002).
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