3.3. L'ELEVAGE EN STABULATION PERMANENTE ET LA LUTTE
CONTRE LA
DEGRADATION DE LA BIODIVERSTE
Dans le cadre de la mise en application de la loi organique
no 04/2005 du 08 avril 2005 qui impose la non culture d'une bande de
10 et de 50m autour des rivières et lacs respectivement, on remarque que
les paysans ont utilisé ces zones pour planter des herbes
fourragères et ceci a contribué remarquablement à
l'arrêt de l'envasement de ces rivières et lacs ce qu'a
profité la faune de ces milieux. Ainsi, l'on observe aujourd'hui un
retour progressif de la vie aquatique à l'état auquel elle se
trouvait jadis.
Photo 5: Plantation des herbes fourragères
dans la bande non cultivable de 10m autour des
rivières
Dans le cas de la diversité des espèces
floristiques, l'impact qu'a eu l'ESP à son rétablissement se
remarque par le fait que les animaux ne broutant plus ces espèces
végétales, ceux-ci se remettent à
réapparaître si bien que lors de notre enquête, les
répondants nous ont dit qu'ils ne manquent plus les plantes
médicinales qui commençaient à se faire rares dans le
temps où l'élevage extensif était encore
répandu.
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Enfin, quand les animaux circulaient encore à
l'extérieur, on remarquait un sérieux problème des tiques
et pour remédier à celui-ci, les éleveurs tentaient
beaucoup de moyens dont l'utilisation des insecticides comme détiqueurs
leur était le moyen plus commode. Comme le dit l'agronome du secteur
Rubengera, l'insecticide utilisé était le Dursban, normalement
connu pour la lutte contre les puces du café. Ainsi, maintenant que
l'animal reste en étable, ce problème des tiques n'existe presque
plus et les éleveurs n'ont plus à recourir à l'utilisation
de ces produits polluants.
3.4. L'ELEVAGE EN STABULATION PERMANENTE ET LE
RETABLISSEMENT DE LA FERTILITE DU SOL
Le secteur de Rubengera fait face à un problème
de dégradation de ses sols. Les causes en sont entre autres, le
lessivage, l'érosion pluviale et l'exportation des
éléments nutritifs du sol lors des récoltes.
Face à ce problème, la population et les
autorités de ce secteur mènent une lutte acharnée pour
rétablir la fertilité des sols de ce secteur qui jadis,
étaient reconnu pour être le grenier de cette région.
Dans cet effort de fertilisation, les paysans utilisent le
compost, le fumier provenant des toilettes, les engrais chimiques ; mais que de
tout ceci, le fumier provenant des animaux domestiques est de loin le plus
utilisé puisqu'il est le plus disponible à bas prix et est
estimé d'avoir un effet assez efficace et plus durable.
Dans cet optique, l'on remarque que l'ESP n'y est pour rien.
En effet, selon Maclean (1976) « la composition du fumier est fonction
non seulement des proportions des déjections solides ou liquides et de
litière qui le composent, mais également de la nature de la
litière utilisée, de l'espèce et l'âge de
l'animal et du soin apporté à sa conservation ».
Ainsi, l'analyse de cette assertion montre que la
qualité du fumier provenant d'un animal en stabulation permanente est de
loin supérieure à celui de l'animal élevé
extensivement puisque dans ce cas, les proportions des déjections
solides et liquides et de la litière sont les meilleures pour un animal
en stabulation permanente.
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Pour ce point, on rappelle que lors que les animaux
circulaient librement à l'extérieur pour ne rentrer que le soir,
le fumier récupéré ne consistait surtout que des
déjections solides alors que les déjections liquides et la
litière étaient quasiment absentes ce qui résultait d'un
fumier de qualité remarquablement médiocre.
Ensuite, l'apport de l'ESP dans cette optique du fumier
récolté, ne consiste pas seulement de la qualité de ce
dernier ; la quantité se retrouve aussi accrue.
En effet, selon Nyetera Eugène (....) « la
quantité du fumier produite est variable en fonction de la
quantité de la litière utilisée ». Suivant
l'affirmation de cet auteur, il apparaît clairement qu'un animal en
stabulation permanente produira plus de fumier puisqu'il requiert beaucoup plus
de litière dans l'étable que celui qui vient ne passer que la
nuit dans ce dernier.
On estime qu'un animal en stabulation permanente produit 20
fois son poids de fumier. Sur cette base et estimant la production annuelle
moyenne des déchets domestiques à 2000 Kg, NDABALISHYE (1985)
considère qu'une vache Ankolé locale de poids moyen de 300 Kg
produirait 8 T de fumier en stabulation permanente.
Cet auteur propose la formule suivante pour déterminer
la quantité de fumier en stabulation:
Q = (6000 x H) + 2000 / 24
Avec H : nombre d'heures passées dans l'étable par
jour
2000 : estimation de la production annuelle des déchets
domestiques 6000 : quantité de fumier que produirait une vache de 300
Kg
Bien que certains jugeraient les calculs et estimations de cet
auteur de n'être qu'une théorie, la réalité sur
terrain est pourtant bien confirmant.
En effet, bien qu'il a été difficile pour nos
répondants de pouvoir estimer l'augmentation du fumier
récolté aujourd'hui comparativement à ce que rapportaient
leurs animaux
lorsqu'ils étaient encore élevés
extensivement, tous s'accordent affirmer que l'accroissement de la
quantité du fumier récolté aujourd'hui est remarquable.
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