INTRODUCTION
L'homme en général (et les
animaux) a besoin de se nourrir plusieurs fois par jour, pour maintenir et
croître sa biomasse. Contrairement aux végétaux qui sont
autotrophes (élaborent leurs substances organique à partir
d'éléments minéraux), l'homme est
hétérotrophe (se nourrit de substances organiques issues des
aliments transformés) et s'alimente directement ou indirectement
à partir d'organismes végétales ou animales. Il y trouve
tous les éléments essentiels à sa survie et à sa
croissance. Ces aliments sont complexes et variés1(*).
En revanche, la possibilité d'accès des
populations à ces aliments n'est pas toujours la même chez tous
les individus. En effet, il est souvent plus difficile pour une personne pauvre
de pouvoir s'approvisionner en aliments par rapport à une personne
« aisée » bénéficiant d'un revenu
conséquent. En Afrique, le nombre de pauvres est passé de 200
millions en 1981 à 380 millions en 2005, ce qui représentera le
tiers des pauvres dans le monde d'ici à 20152(*). C'est pourquoi, les objectifs
du millénaire pour le développement (OMD) prévoient comme
premier objectif, la réduction de moitié, de la pauvreté
et la lutte contre la faim dans le monde d'ici à 2015.
Le Sénégal est l'un des pays les plus
pauvres du monde. Environ 36 % de ses habitants subsistent avec moins de
1,25 $US par jour3(*).
En 2009, il occupait le 166e rang sur 182 pays pour ce qui est de
l'indice du développement humain établi par le Programme des
Nations Unies pour le développement. La distribution de la richesse y
est inégale, et le taux de pauvreté étant relativement
plus élevé en milieu rural.
Cependant, avec un taux d'urbanisation à 10 % il
ya 30 ans, l'agglomération dakaroise est passée aujourd'hui
à un taux supérieur à 50 %. Cette urbanisation rapide a
augmenté la proportion et les effectifs de la population marginale,
composée en grande partie de ruraux transplantés en milieu urbain
(exode rural) avec comme corollaire, l'émergence de nouveaux modes de
consommation, dont l'alimentation de rue est le fait marquant. Cette
dernière apparaît comme une réponse des populations
urbaines à des contraintes de plus en plus lourdes, qui constituent
l'une des évolutions du marché, de l'emploi et de
l'économie.
La restauration de rue qui est en majorité sous
l'apanage des femmes analphabètes et généralement issues
de milieux défavorisés, est confrontée à
d'énormes difficultés notamment en termes de
légitimité au niveau des autorités locales, d'accès
au micro crédit etc...
Toutefois, on peut se poser la question de savoir quels
sont les caractéristiques de ce secteur qui ne bénéficie
pas de l'appui et l'assistance des pouvoirs publics, et quel rôle joue
t-il dans la vie des populations ?
Ensuite nous verrons le rôle de la mairie dans la
gestion de ce secteur en tant que commune d'arrondissement, et première
autorité local dans la gestion des domaines publics, de l'environnement,
de la population, des ressources naturelles etc... tel que prévu par la
loi 96-07 du 22 Mars 1996 qui détermine les compétences
transférées dans le processus de décentralisation du
pays.
C'est dans ce contexte que nous avons
décidé d'analyser le rôle socio économique de
l'alimentation de rue dans le développement de la commune
d'arrondissement de Ouakam, qui est un village traditionnel Lébou, dans
lequel la pauvreté, l'absence de lotissement dans certaines zones et le
chômage constituent les principales contraintes.
L'objectif de notre recherche consiste donc à
étudier la rentabilité de cette activité auprès des
commerçants, ainsi que son apport au sein de la commune de Ouakam,qui
devient désormais stratégique4(*) dans le développement de la ville de Dakar.
Ainsi notre étude s'articulera autour de trois
grandes parties directrices à savoir :
- Le cadre de référence: Il présente la
revue de littérature, la problématique, le cadre
opératoire ainsi que la définition des concepts
clés ;
- La méthodologie et le cadre de l'étude :
traite de la démarche globale de la recherche et présente
également les caractéristiques du milieu d'étude ;
- L'analyse des résultats et les recommandations :
présente les résultats de notre recherche et propose des
recommandations opérationnelles.
CHAPITRE I : REVUE CRITIQUE DE
LITTERATURE
Le phénomène démographique de la
surpopulation, et celui de l'urbanisation des villes sont les principales
causes du fait alimentaire. L'accroissement de la population de Dakar a
entraîné une extension considérable des zones
habitées et l'éloignement des zones d'habitat par rapport
à celles du travail, avec les difficultés de transport en commun
ont considérablement favorisé l'apparition de ce
phénomène particulier qui est le commerce informel de
l'alimentation de rue.
En effet, plus d'un quart de la population mondiale
travaille dans le secteur informel. Dans les pays en développement, ce
secteur peut employer jusqu'à 80% des populations actives. Longtemps
dédaignée par les autorités politiques et les instances
internationales qui misaient sur une résorption progressive du
phénomène, l'économie informelle ou populaire a
véritablement explosé à partir des années 70.
« Elle a été l'honneur des pauvres, la réponse
des exclus à l'exode rural massif, aux vagues de licenciements dues aux
privatisations, aux politiques de rigueur impulsées par les
gouvernements ». (Llena, 2001)5(*).
Face à cette restauration
généralement liée aux contraintes de travail, depuis la
dévaluation, Bricas Nicolas6(*), explique que le développement de
l'alimentation de rue est particulièrement lié à
l'urbanisation. En Afrique, cela implique sans doute plus qu'ailleurs, un
changement majeur des styles alimentaires. Un essai d'analyse de cette
évolution est proposé à partir du cas de Dakar
(Sénégal), et en particulier en ce qui concerne le comportement
alimentaire des migrants saisonniers d'origine villageoise. La dynamique des
styles de consommation urbaine est interprétée comme l'activation
de trois types de références complémentaires : la
tradition d'origine rurale, la socialisation urbaine et l'individualisme.
L'alimentation de rue participe à cette tendance lourde de
l'évolution des pratiques alimentaires : la diversification.
Cheyns, Emmanuelle7(*) dans sa thèse de doctorat montre
que la restauration de rue permet une prise en charge de l'alimentation du
ménage par le biais de l'achat de plat préparé hors foyer.
En effet, pour les ménages vivant dans les conditions difficiles et
précaires, il est moins coûteux d'acheter un plat pour le groupe
que le préparer à domicile. Car pour l'auteur, la
dévaluation a beaucoup agi sur le ménage. Ainsi suite à la
dévaluation, la consommation populaire hors domicile (alimentation de
rue ou restaurant populaire) et l'achat de plat pour le ménage ont
augmenté. La restauration hors domicile est donc une pratique qui permet
de pallier l'absence de cuisine familiale, de créer de nouveaux groupes
de commensalité et de répondre à la recherche de
satisfaction des goûts individuels et de varier son alimentation.
En revanche, les commerçants des restaurants de
rue au-delà de l'aspect de subsistance, doivent probablement
connaître une certaine rentabilité qui leur permet de poursuivre
leur activité. Etant un moyen de lutte contre la pauvreté, il
n'est pas souligné si la pratique de cette activité de vente des
aliments de rue favorise ou pas l'accès aux services sociaux de base de
ces commerçants ?
La transformation et le commerce du poisson sont des
sources importantes de revenus permettant aux ménages d'acheter
d'autres aliments. En Afrique, la majorité du poisson est encore
commercialisée sous forme de produits séchés ou
fumés. Le poisson assure des moyens d'existence à quelques 30
à 45 millions d'Africains. Les pêcheries et les activités
associées constituent le principal moyen d'existence de 6 à 9
millions de ménages; elles assurent ainsi la sécurité
alimentaire de 40 millions de personnes par les salaires et les revenus
qu'elles génèrent8(*). Toutefois, l'utilisation de ces revenus et leurs
effets sur l'accès aux services sociaux de base est souvent très
peu, ou mal connu du fait que, la plupart des commerçants des aliments
de la rue soient pauvres. Au demeurant, les conditions de préparation et
d'hygiènes susceptibles d'engendrer des problèmes de santé
publique doivent être relevés, afin que la population active qui
fréquente ce type de restauration puisse se prémunir des
éventuels dangers, et préservée sa productivité
qui est susceptible d'impulser la croissance et le développement.
Pour Phillipe Hugon9(*) chaque ménage
doit posséder les connaissances, l'information et les capacités
nécessaires pour produire ou se procurer, sur une base durable, les
aliments dont il a besoin. Cela signifie qu'il doit avoir une capacité
d'accès physique aux produits et une capacité d'achat.
L'accès à la nourriture est la pierre angulaire de la
sécurité alimentaire ; il doit être reconnu comme un
droit fondamental par les partisans du « food
entitlements », non seulement en temps de paix, mais aussi dans les
situations de conflit. Il montre également la relation qui existe entre
le rôle du circuit informel dans le système d'approvisionnement et
de distribution alimentaire, et la conjoncture économique. Il semble
exister deux mouvements contraires : dans certains cas, l'informel
alimentaire peut se développer en période de crise, car il permet
aux populations défavorisées de se procurer des revenus et il
assure un mode d'approvisionnement alimentaire adapté aux populations
pauvres. Dans d'autres cas, les activités informelles dépendent
et se développent avec l'expansion économique, notamment
l'alimentation de rue à proximité des bureaux, usines...
Il explique par la suite que malgré la
contribution du secteur informel à la création de l'emploi et
à la distribution des biens et services, il provoque des risques de
congestion au centre des villes ainsi que des problèmes environnementaux
et sanitaires. Les autorités locales doivent être conscientes de
ces risques, souvent perçus comme des problèmes de santé
publique. La qualité nutritionnelle des aliments ou plats
préparés proposés, est-elle aussi souvent
dénoncée comme pauvre et constituants essentiels.
Allant dans le même sens M.
Padilla10(*),
relève que la qualité de l'alimentation urbaine est telle que les
modalités d'utilisation et de consommation sont «des bombes
à retardement» pour la santé des individus. Contaminations
et intoxications sont des lieux communs. Assurer une plus grande maîtrise
de la qualité des aliments (bruts, transformés, locaux ou
importés) devient alors une nécessité urgente dans tous
les pays. Or, d'une part, ce problème de santé publique n'est pas
inscrit dans les priorités des ministères de la santé qui
mènent une politique curative plus que préventive et qui ne sont
pas sensibilisés à la nutrition et ses relations avec
l'état de santé des consommateurs; d'autre part, l'examen des
dispositifs existant dans les divers pays révèle que les actions
en matière de contrôle de qualité sont, d'une
manière générale, éparpillées entre diverses
structures sans aucune coordination entre elles. Enfin, il faut noter l'absence
de textes législatifs spécifiquement consacrés à la
question de la qualité des aliments et adaptés au contexte
africain.
Il poursuit sur la même lancée en
expliquant que les exigences des consommateurs urbains en matière de
qualité et d'hygiène des aliments sont encore mal connues: si
l'on constate l'émergence d'une nouvelle conscience des consommateurs
dans ce domaine, celle-ci est encore peu répandue et plus souvent
développée par les associations de consommateurs que par les
individus eux-mêmes. Les populations démunies des quartiers
pauvres sont plus préoccupées par la sécurité de
l'approvisionnement et la maîtrise des prix que par les questions de
qualité11(*).
Cet auteur souligne un autre aspect important de
l'évolution actuelle: l'alimentation de rue est encore perçue
comme une alimentation de complément (ou d'entre deux repas) alors
qu'elle est devenue la principale forme pour certaines couches et certains
repas. Ce décalage entre la perception et la réalité
pourrait expliquer la faible exigence des consommateurs par rapport aux
aliments de rue.
CHAPITRE II : PROBLEMATIQUE
Au cours des dernières décennies du
XXème siècle, le secteur informel12(*) s'est non seulement maintenu
mais, a pris de l'ampleur et a aussi changé, tout comme le contexte
économique mondial dans lequel il évolue. Cette situation est due
au fait que, les emplois dans le secteur formel sont souvent diffiles
d'accès pour des personnes non qualifiées, d'où la
faiblesse de leur pouvoir d'achat, et au fait que la fonction publique offre
de moins en moins d'emplois en raison, entre autres, de la saturation de la
fonction publique et du secteur privé qui effectue des sélections
minutieuses sur leurs employés. Les politiques d'ajustement
structurelles qui ont été imposées à la suite de la
crise économique des années quatre-vingt ne semblent pas avoir
réglé la question de l'emploi. Toutefois, selon les
économistes, cette crise a provoqué un ralentissement de la
croissance agricole, une chute de la production industrielle, de mauvais
résultats en matière d'exportation, une augmentation de la dette
et, bien entendu, une dégradation des indicateurs sociaux. Autrement
dit, la stagnation du secteur moderne et des services entraîne le
développement du secteur informel qui lui, offre un coût à
la création d'emplois beaucoup plus faible.
En Afrique13(*), le secteur informel a pris une importance telle que
la Banque Mondiale et le F.M.I. ont pris la résolution de l'encourager
et dorénavant d'insérer ses activités dans les
stratégies de développement du continent. Il (le secteur
informel)14(*) absorbe
aujourd'hui 61% de la main d'oeuvre urbaine africaine, et on estime qu'il est
probablement à l'origine de plus de 93% des nouveaux emplois. Le profil
et la dynamique du secteur informel varient selon les sous-régions et
les pays, en fonction d'un certain nombre d'éléments
caractéristiques, comme les types d'activités, les parts
relatives des activités rurales et des activités urbaines; les
effectifs des différentes catégories de travailleurs; les
rapports entre activités traditionnelles et de subsistance et
activités modernes et dynamiques; le pourcentage d'activités
motivées par la pauvreté; la répartition du travail et du
contrôle des ressources entre hommes et femmes; les forces
économiques et sociales à l'oeuvre.
L'informel est, de fait, le principal moteur de la
construction des villes et de l'animation de la vie urbaine. En dehors des
quartiers « modernes », les villes ouest-africaines d'aujourd'hui
sont le fruit du travail de l'économie populaire qui bâtit les
maisons, fabrique les meubles, crée et transforme les produits
agricoles, répare les automobiles, anime les marchés, organise
l'épargne, distrait (restaurants, buvettes, troupes
théâtrales et musicales) et même soigne
(tradipraticiens).
Ainsi, Comme dans bien d'autres pays africains, le
secteur informel occupe une place très importante dans l'économie
du Sénégal. Selon une étude menée par la Banque
mondiale en 200715(*), ce
secteur génèrerait 97% des créations d'emplois dans ce
pays très touché par le chômage et représente 12% du
produit intérieur brut du pays. En effet, une fraction significative de
la population Sénégalaise vit de ce que l'on appellerait
ailleurs des « petits boulots », qui se manifestent dans
des activités commerciales aussi variées que l'agriculture
périurbaine, la menuiserie du bois et du métal, le BTP, la
bijouterie, la sculpture, le tissage, la couture, la broderie, la maroquinerie,
la cordonnerie, la peinture, le transports urbains, la coiffure, la couture, la
réparation mécanique ou électrique, mais aussi et surtout
le commerce des aliments de rue.
En fait, la forte urbanisation et les crises
économiques sont à l'origine du développement de ce
secteur marchand spécifique, dont l'identification des pratiques
d'alimentation de rue ont été réalisées par Enda
graf en 1997 dans le cadre d'une étude sur l'évolution des styles
alimentaires16(*)
à Dakar. La vente d'aliments de rue a certes été une
activité ancienne dans les grandes villes africaines mais elle a surtout
connu un essor considérable à Dakar depuis l'instauration de la
journée continue en 1992 et la dévaluation du franc CFA en1994.
Cette situation a réduit la durée du
temps réservé au déjeuner, accentué le
problème de l'éloignement du domicile au lieu de travail, et
favorisé les difficultés de transport urbain. Ces contraintes
obligent la plupart des travailleurs à manger hors du foyer. Parmi
ceux-ci on note les personnes aux moyens limités qui constitue la
majorité de ces populations urbaines.
En revanche, ce secteur est confronté à
plusieurs difficultés. En effet, la crise alimentaire mondiale
intervenue en 2007 et 2008 a été aggravée par de mauvaises
campagnes agricoles. la campagne agricole 2007/2008 a baissé de 24% par
rapport à la précédente. La production agricole a
été caractérisée par un déficit structurel
et la production céréalière n'a couvert en moyenne que la
moitié des besoins au cours de la période 2004-2006. Tandis que
le taux de couverture de la campagne 2007/2008 n'a été que de
38,4%. Ce déficit a été comblé par des
importations, rendant le pays particulièrement exposé aux
augmentations de prix17(*).
Cette situation a également favorisé
l'exode des populations rurales confrontées à des déficits
alimentaires, vers les grandes villes telles que Dakar dans lesquelles elles
espèrent bénéficier d'un emploi, et des facilités
de la ville comme le transport, l'eau, l'électricité, le
téléphone etc...
La commune d'arrondissement de Ouakam qui se trouve au
coeur de la ville de Dakar et fait partie de l'une de ses communes les plus
importantes, n'a pas été épargné par ce
phénomène d'autant plus qu'elle a été un village
traditionnel, qui est susceptible d'accueillir ce type de population, qui le
plus souvent sans qualification se retrouve dans le secteur informel, notamment
celui de l'alimentation de rue. Ce secteur joue un rôle important dans la
vie quotidienne des populations de Ouakam, à la fois comme source
d'emploi, de revenu et d'aliments peu couteux. Par ricochet, il est tout aussi
important pour la commune en ce sens qu'il contribut aux recettes de la mairie
pour l'investissement et le fonctionnement de la commune, grâce aux
impôts et taxes que ce secteur procure.
Les conditions d'émergence de l'offre et de la
demande des aliments de rue tiennent à plusieurs facteurs, tous
liés au phénomène démographique et d'urbanisation.
C'est en ville et particulièrement dans les grandes métropoles ou
les quartiers périphériques que l'on retrouve la conjonction
d'une offre et d'une demande abondantes.
Cependant, la vente d'aliments de rue étant
complexe et diversifiée, nous nous intéresserons
particulièrement au domaine de la préparation des plats ou de
la restauration de rue (tangana, gargotière, stalles). Les autres types
de commerces de détails (légumes, fruits, jus locaux...) ne
seront pas pris en compte dans le cadre de cette étude. Nous allons pour
ce faire, étudier le commerce de la restauration de rue dans la commune
d'arrondissement de Ouakam. Ainsi notre étude tentera d'analyser la
rentabilité obtenue par ces commerçants, ainsi que le
bénéfice tiré de cette activité par la commune,
sans occulter les mesures d'hygiène pratiquées par les vendeurs.
Cela constitue cependant un premier ensemble de questions à
résoudre, qui nous amène à nous poser la question
générale de recherche suivante :
Quelles sont les effets socio
économiques de la vente des aliments de rue dans le développement
de la commune d'arrondissement de Ouakam ?
CHAPITRE III : DEFINITION DES CONCEPTS
Cette partie est indispensable car elle définit les
mots et expressions clés, nécessaires à la
compréhension de cette étude.
La pauvreté18(*) : C'est un
phénomène multidimensionnel. Plusieurs définitions et
approches existent pour la cerner. En particulier, l'on distingue les approches
fondées sur le bien-être, les besoins de base et les
capacités.
La mesure de l'incidence, de la profondeur
et de la sévérité de la pauvreté nécessite
la résolution des deux questions fondamentales que
sont l'identification des individus pauvres et la construction
d'indicateurs pertinents sur la base des informations disponibles.
Dans la pratique, deux approches sont généralement
utilisées : l'une dite objective et l'autre dite subjective.
L'approche objective s'appuie sur
une information quantitative résumée à travers un
indicateur monétaire ou non monétaire. Une ligne de
pauvreté est alors définie comme un seuil en
deçà duquel le ménage (ou l'individu) est
considéré comme pauvre (moins d'un dollar par jour). ESAM-I,
1994; QUID, 2001.
L'approche subjective est basée sur la
perception par les populations de leurs conditions d'existence. Les populations
interrogées s'auto désignent pauvres ou non
pauvres selon des critères qui leur sont propres. A cet égard, un
proverbe africain recueilli lors du processus participatif définit la
pauvreté comme l'absence d'avoir, de savoir et de pouvoir
(EPPS - Focus Groups et EPPS, 2001). Cette perception qui
découle de la culture, renvoie à la nature des formes
d'organisation sociale et politique des communautés locales et aux
stratégies sous-jacentes. Aussi, importe-t-il d'investir dans la culture
qui détermine la manière de vivre et de combattre la
pauvreté. Dans cette étude nous privilégierons la
perception subjective de la pauvreté qui colle mieux à la
situation des commerçants des aliments de rue.
Le secteur informel : est
officiellement défini comme « un ensemble d'unités
produisant des biens et des services en vue principalement de créer des
emplois et des revenus pour les personnes concernées. Ces unités,
ayant un faible niveau d'organisation, opèrent à petite
échelle et de manière spécifique, avec peu ou pas de
division entre le travail et le capital en tant que facteurs de production. Les
relations de travail, lorsqu'elles existent, sont surtout fondées sur
l'emploi occasionnel, les relations de parenté ou les relations
personnelles et sociales plutôt que sur des accords contractuels
comportant des garanties en bonne et due forme» (BIT, 1993).
Le secteur informel de
l'alimentation : il a été défini comme
«le secteur produisant des aliments et des boissons prêts à
être consommés, préparés et/ou vendus par des
vendeurs, spécialement dans les rues et dans les autres lieux publics
similaires» (FAO, 1990).
La sécurité
alimentaire : est assurée quand toutes les personnes, en
tout temps, ont économiquement, socialement et physiquement accès
à une alimentation suffisante, sûre et nutritive qui satisfait
leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires
pour leur permettre de mener une vie active et saine ».
(Sommet mondial de l'alimentation, 1996).
Effets : A la différence
de l'impact qui s'évalue à long terme, les effets d'un
phénomène ou d'un projet se mesurent par rapport à leur
influence immédiate sur les populations concernées.
Commerce 19(*): C'est l'activité
principale d'échange des biens et des services. Il couvre l'ensemble des
transactions entre individus, entre organisations ou entre individus et
organisations, que sont les associations ou les entreprises. Il complète
l'activité de
production en permettant
de rémunérer la fourniture d'un bien ou d'un service,
principalement par le recours à la
monnaie. Par extension, le
terme est utilisé en français pour désigner le lieu
où l'organisation exerce cette activité tel qu'un
magasin.
Commerçant 20(*): Dans son sens
courant, le terme commerçant désigne les personnes qui tiennent
un
commerce de détail.
En
droit
français, un commerçant est une personne qui effectue des
actes de commerce de manière habituelle, même si elle n'en fait
pas sa profession.
Vendeur 21(*): C'est celui qui donne un bien ou un droit
qu'il possède contre de l'argent. (Etymologiquement, le mot "vendre"
vient de venes dare, "donner vénalement, contre de argent").Un
vendeur, gestionnaire de commerce de détail,
conseiller
de clientèle, ou
chargé
de clientèle, est habituellement un salarié d'une entreprise
chargé de présenter les produits et services de l'entreprise dans
le but de les
vendre aux
clients
actuels ou potentiels (
prospects).
Capacité organisationnelle22(*) : Elle renvoie
aux ressources, aux connaissances et aux processus utilisés par
l'organisation, par exemple : la dotation en personnel; l'infrastructure,
les technologies et les ressources financières; le leadership
stratégique; la gestion des programmes et des processus; les contacts et
les liens avec les autres organisations et groupes.
Rentabilité23(*) : C'est la
capacité d'un capital à procurer des revenus, soit par placement
(dans une logique strictement financière), soit par investissement (en
participant à un système productif dont on attend un
bénéfice). La rentabilité peut être analysée
dans une logique économique, financière, ou commerciale. Dans
notre étude, elle sera faite sur un aspect commercial (chiffre
d'affaire-variation de stocks).
Communes d'Arrondissement 24(*): Ce sont des
subdivisions
administratives du
Sénégal
apparues en 1996. Ce nouveau découpage permet le fractionnement des
grandes communes urbaines. Après plusieurs réformes, on en
dénombre 46 aujourd'hui (2009).
La Plus- value25(*) : c'est une
augmentation de la valeur produite par l'ouvrier salarié et que
s'approprie le capitaliste gratuitement. Sa transposition moins abstraite ou
sans transformation dans l'économie concrète est le profit.
Mairie 26(*): La mairie est un édifice qui abrite
le bureau du
maire (ou du
bourgmestre
en Belgique), la salle de délibération du
conseil municipal,
le lieu où l'on célèbre les
mariages, ainsi que divers
services comme l'
état-civil,
le
dépôt du
cadastre, l'
urbanisme, la
police municipale, etc.
Recouvrement27(*) : C'est une opération qui
consiste à recevoir les taxes et impôts des opérateurs
économiques d'une commune, d'une région ou d'un pays.
Impôt28(*) : C'est un prélèvement
obligatoire et sans contrepartie directe effectué par la puissance
publique (Etat ou collectivités locales) afin de subvenir aux
dépenses publiques et en vue de la régulation de
l'activité économique. L'impôt a donc à la fois une
finalité fiscale ou financière (ressources de la puissance
publique) et une finalité d'instrument de politique économique ou
régulation.
Taxe29(*) : C'est une qualification donnée
aux perceptions fiscales ou administratives par une collectivité
publique à l'occasion de la fourniture à l'administration d'une
contrepartie individualisable.
Subvention30(*) : C'est une somme
versée par la puissance publique ou des tiers à une unité
économique ou à un groupe d'unités (région,
branche, secteur, etc.) dans un but social ou économique. On dit encore
aide ou prêt non remboursable.
Contribuable31(*) : Personne assujettie au paiement d'un
impôt direct ou d'une taxe (Perçu par voie de rôle).
Budget32(*) : Etat prévisionnel et limitatif
des dépenses et des recettes à réaliser au cours d'une
période donnée par une unité économique.
L'établissement d'un budget implique des choix, puis le respect de
ceux-ci lors de l'exécution, mais au préalable, une information
sur l'avenir la plus satisfaisante possible est nécessaire.
Décentralisation33(*) : il existe
plusieurs définitions du terme décentralisation. Pour la Banque
mondiale, par exemple, ce terme désigne un vaste éventail de
réorganisations du secteur public : La décentralisation est le
transfert d'autorité et de responsabilités en matière de
fonctions publiques depuis l'administration centrale vers les autorités
intermédiaires ou locales ou vers des organismes gouvernementaux quasi
autonomes et/ou vers le secteur privé. Il s'agit d'un concept complexe
et à multiples facettes.
Economie locale34(*) : C'est un terme qui renvoie au
développement local, aussi appelé développement à
la base. C'est un processus utilisant les initiatives locales au niveau des
petites collectivités comme moteur du
développement
économique. Il est prôné dans les
pays en
développement en complément des mesures
macroéconomique
et des grands projets.
Les tangana35(*) : (qui
signifient littéralement en wolof « c'est chaud ») sont de
petits commerces informels, spécialisés au départ dans la
préparation du petit déjeuner destiné à la
consommation hors foyer et qui ont diversifié leurs activités et
sont devenus des lieux de restauration populaire.
Dibiterie36(*) : C'est un lieu de restauration
où l'on prépare du mouton grillé, ou petit restaurant qui
débite et vend de la viande grillée.
Gargote37(*) : Une gargote est définie comme
étant un restaurant bon marché, à la cuisine de mauvaise
qualité. Le terme désigne également toute mauvaise
cuisine, ou boire et manger malproprement.
Le café touba38(*) : c'est un
café local fabriqué à partir des graines de café
parfumé avec des clous de girofle.
3.1. Question de recherche
Quelles sont les effets socio économiques de
la vente des aliments de rue dans le développement de la commune
d'arrondissement de Ouakam ?
3.2. Objectif de l'étude
Objectif général :
Analyser les effets socio économique de la vente des aliments de rue
dans la commune d'arrondissement de Ouakam.
Objectif spécifique 1 :
Etudier les effets du commerce de la restauration de rue sur les vendeurs de la
commune d'arrondissement de Ouakam.
Objectif spécifique 2 :
Mesurer l'apport du commerce de la restauration de rue sur la commune
d'arrondissement de Ouakam.
Objectif spécifique 3 :
Analyser les risques liés à la santé des consommateurs des
aliments de rue de la commune d'arrondissement de Ouakam.
3.3. Hypothèses de recherche
Hypothèse
générale : Le commerce de la restauration de
rue joue un rôle économique et social dans le développement
de la commune d'arrondissement de Ouakam.
Hypothèse spécifique
1 : Les vendeurs des restaurants de rue de la commune
d'arrondissement de Ouakam voient leur niveau de vie s'améliorer
grâce à leur activité.
Hypothèse spécifique
2 : Le commerce de la restauration de rue constitue une
plus-value pour la Mairie de Ouakam.
Hypothèse spécifique
3 : Les vendeurs des restaurants de rue de la commune
d'arrondissement de Ouakam utilisent des procédés
hygiéniques adéquats pour la consommation.
3.4. Indicateurs
Tableau n°1 : Présentation des
indicateurs
Hypothèse spécifique n°1
|
Variables
|
Indicateurs
|
Les vendeurs des restaurants de rue de la commune
d'arrondissement de Ouakam voient leur niveau de vie s'améliorer
grâce à leur activité.
|
Indépendante
· Les vendeurs des restaurants de rue.
|
Ø Âge des vendeurs
Ø Situation matrimoniale
Ø Répartition par sexe
Ø Niveau d'instruction
Ø Indice de formation en commerce
|
Dépendante
· Amélioration du niveau de vie.
|
Ø Niveau d'accès à la santé
Ø Nombre d'enfants scolarisés
Ø Niveau d'accès à l'eau potable
Ø Nombre d'emploi généré
Ø Niveau d'accès au logement
Ø Hauteur des revenus
Ø Capacité d'épargne
Ø Hauteur des profits générés
Ø Niveau d'investissement / évolution
Ø Niveau d'endettement
Ø Subvention obtenue
|
Hypothèse spécifique
n°2
|
Indépendante
· Le commerce de la restauration de rue
|
Ø Nombre de commerce
Ø Nombre de contribuable
Ø Type d'impôt et taxe
Ø Type de commerce
Ø Taille du commerce
|
Le commerce de la restauration de rue constitue une plus-value
pour la Mairie de Ouakam.
|
Dépendante
· Apport d'une plus -value économique et
monétaire.
|
Ø Niveau de contribution
Ø Evolution des contributions
Ø Niveau de taxes journalières
Ø Part des contributions sur le budget de la commune
Ø Evolution de cette par dans budget de la commune
Ø Fréquence de paiement
Ø Niveau d'investissement
Ø Evolution du budget d'investissement
Ø Type d'investissement
|
Hypothèse spécifique
n°3
|
Indépendante
· Les vendeurs des restaurants de rue
|
Ø Âge des vendeurs
Ø Situation matrimoniale
Ø Répartition par sexe
Ø Niveau d'instruction
Ø Nombre de vendeurs disposant d'un certificat
médical.
|
Les vendeurs des restaurants de rue de la commune
d'arrondissement de Ouakam utilisent des procédés
hygiéniques adéquats pour la consommation.
|
Dépendante
· Utilisation des procédés hygiénique
adéquats pour la consommation
|
Ø Type de produits vendus.
Ø Protection des aliments
Ø Etat du matériel utilisé
Ø Nettoyage des aliments
Ø Condition de stockage des aliments
Ø Qualité des matières premières
Ø Hygiène des mains
Ø Evacuation des eaux usées
Ø Evacuations d' ordures ménagères
|
CHAPITRE IV : METHODOLOGIE DE LA
RECHERCHE
Cette partie montre les différentes étapes
que nous avons suivies pour obtenir les résultats de notre recherche.
Elle détermine la fiabilité et la validité de
l'étude. Le champ d'investigation ou cadre d'étude est la
région de Dakar plus précisément le département de
Dakar, commune d'arrondissement de Ouakam au nord de la capitale. La
méthodologie suivie dans cette étude est composée des
éléments suivants : les méthodes de collectes de
données, la structuration du questionnaire, cible, tirage de
l'échantillon, traitement et analyse des données de
l'enquête.
4.1.
Méthodes de collecte des données
4.1.1. Revue
documentaire
Les premières données collectées
concernent la littérature existante sur l'alimentation de rue au
Sénégal. Plusieurs centres de documentation ont été
sollicités, il s'agit du centre multimédia d'ENDA Tiers Monde, de
la bibliothèque de l'ENEA, de l'Université Cheikh Anta Diop. Nous
avons également consulté quelques sites internet comme
www.fao.org,
www.oecd.org ou
www.afd.fr.
La consultation de plusieurs ouvrages nous a permis de
mieux cerner la problématique des aliments de rue. C'est pourquoi nous
avons entre autres consulté, l'Agriculture et l'alimentation en
méditerranée, de Mohamed Salah Bachta et Gerard
Ghersi qui nous a permis de cerner l'importance du secteur
informel alimentaire comme puissant levier pour la sécurité
alimentaire.
Nous avons également consulté, les
politiques municipales d'appui au commerce informel alimentaire : l'enjeu
de l'approvisionnement alimentaires des villes dans les pays en
développement et le rôle des commerçants , de
Phillipe Hugon et de F. Kervarec qui ressortent les
problèmes d'encombrements, de sécurité, d'environnement et
de pollution qui sont le plus souvent considérés par les
municipalités comme moins urgents à traiter. Ce qui complique
davantage le contrôle de ces activités et l'amélioration de
leurs conditions de travail.
Il y a aussi, Que mangeons- nous ? de
M. Padilla, Allaya et Mallassis qui traitent de la
qualité des aliments consommés, et des risques de santé
publique que cela peut occasionner.
Enfin, nous avons consulté des récentes
études réalisées par les promotions
précédentes, notamment celle de Cornélia Tchibinda sur
« Etude des capacités organisationnelle, technique et
financière des PME artisanales : cas des unités artisanales
du village de Soumbédioune », et de Moussa Dione sur
« Analyse du financement des Micro et petites entreprises
agroalimentaires dans la région de Dakar ».
4.1.2. Instruments utilisés
Pour une rigueur scientifique de l'étude, nous
nous sommes attelés à établir deux types
d'instruments : questionnaires, et guide d'entretien.
4.1.2.1. Les guides d'entretien
Deux guides d'entretien ont été
réalisés pour la collecte des données. Le premier, a
été administré au responsable de l'assiette fiscale de la
Mairie de Ouakam, et le second au percepteur. L'exploitation de ces
données nous a permis d'effectuer une triangulation entre les
commerçants en tant que contribuables et les responsables de la Mairie
en tant qu'acteurs de la perception et de l'utilisation des recettes
communales. Cette méthode a été retenue du fait de la
sensibilité de l'information financière dans cette
structure administrative, et a favorisé notre compréhension du
fonctionnement du recouvrement des taxes dans la commune d'arrondissement de
Ouakam.
4.1.2.2. Le questionnaire
L'enquête par questionnaire est
l'outil qui permet le mieux de collecter des informations auprès d'une
population avec possibilité de comparer et quantifier le poids respectif
des opinions exprimées. Notre étude a combiné deux formes
de questions, avec une dominante de questions fermées et quelques
questions ouvertes, plus riches mais aussi plus difficiles à traiter
statistiquement. A cet effet, le questionnaire a été
administré aux commerçants de la restauration de rue. Il a été structuré en sept (07)
parties qui traitent de l'identification, de la formation, du commerce de la
restauration de rue, des pratiques de gestion, des pratiques d'hygiène,
du niveau d'organisation, ainsi que du type de relation entretenue avec les
structures étatiques et municipales. Pour ce faire,
nous avons déroulé une enquête allant du 05 Août au
16 Août 2010 pour analyser les effets socio économiques de la
restauration de rue.
4.2. Population cible
L'enquête a visé essentiellement les
commerçants des restaurants de rue de la commune d'arrondissement de
Ouakam, département de Dakar. Les vendeurs ont été
enquêtés dans la zone de forte concentration du marché de
Ouakam, du quartier Cité Avion, Tali Américain et Ouakam
côté VDN. Le choix de ces zones a été
effectué par un tirage aléatoire simple parmi l'ensemble des
zones où le commerce de la restauration de rue est assez
marqué
4.2.1. Méthode
d'échantillonnage
Cette technique consiste à prendre une partie de
la population, et de généraliser les résultats que nous
obtenons de cet échantillon à l'ensemble de la population. Mais
pour arriver à cette généralisation, il faut que la
population soit homogène et ensuite, que l'échantillonnage soit
représentatif. Notons par ailleurs qu'il y a plusieurs techniques
d'échantillonnage, mais qu'il n'y a pas de meilleure car cela
dépend d'abord de la taille de la population mère et de
plusieurs autres facteurs (temps, ressources, degré de
précision souhaité etc.).
Dans le cadre de notre étude, la technique
choisie est l'échantillonnage en boule de neige. C'est une technique qui
est généralement utilisée lorsqu'il est difficile d'avoir
une idée exact de la population mère, de sa localisation
géo-spatiale, et/ou de la difficulté à trouver de
potentiels répondants. Dans ce cas une fois que l'on a identifié
et enquêté quelques répondants, on leur demande
d'identifier d'autres personnes qui sont qualifiées pour être
soumises à l'enquête jusqu'à atteindre l'effectif voulu.
Toutefois dans le cadre de notre étude, le commerce de la restauration
de rue renvoie au secteur informel de l'alimentation de rue. Or qui dit
informel, dit faible niveau d'organisation, faible niveau de
statistiques...etc.
La difficulté d'obtention des statistiques
fiables est également liée au fait que, l'activité du
commerce de l'alimentation de rue soit très complexe et
diversifiée. En effet, pour éviter d'amalgamer les
différents types d'alimentation de rue, nous avons retenu le secteur de
la restauration. Cependant, dans ce secteur il existe des commerçants
ambulants qui peuvent se déplacer, pour des raisons soit de
rentabilité, de positionnement ou pour éviter les agents
municipaux. Cela complique davantage leur recensement, et l'estimation de la
population totale. C'est pourquoi pour la population totale, nous allons
considérer les commerçants des restaurants de rue qui
s'acquittent de leurs taxes, afin de pouvoir déterminer
l'échantillon qui nous servira de base d'étude.
Pour déterminer la taille de
l'échantillonnage, nous avons directement utilisé le programme de
« surveyguy » http://www.surveyguy.com/SGcalc.htm
avec une marge d'erreur de 10% et un coefficient de confiance de 95%.
Ø La population
d'étude est : L'ensemble des
commerçants des restaurants de rue de la commune d'arrondissement de
Ouakam.
Ø L'unité d'observation
est : Les restaurants de rue de la commune d'arrondissement de
Ouakam.
Ø La taille de la population mère
est : 80 restaurateurs de rue
(qui s'acquittent de leurs taxes).
Ø La taille de notre
échantillon est de : 44 restaurateurs de
rue.
Tableau n° 2 :
Echantillonnage
Alimentation de rue
|
Effectif
(Population mère)
|
Taille de l'échantillon
|
Pourcentage des restaurants de rue dans
l'échantillon
|
Gargote
|
55
|
18
|
41 %
|
Tangana
|
10
|
13
|
29 %
|
Restaurant
|
12
|
10
|
23 %
|
Dibiterie
|
3
|
3
|
7 %
|
Total
|
80
|
44
|
100 %
|
Source :
Enquête Ulrich LEYINDA LEKINGANI, Août 2010.
4.2.2. Exploitation et analyse
des données
Après avoir administré les instruments de
collecte adressés aux différentes cibles mentionnées
ci-dessus, nous avons procédé à leur dépouillement
et analyse.
4.2.3. Traitement et analyse des
données
Pour ce qui est des données qualitatives, elles
ont été traitées manuellement afin d'organiser les
idées principales selon les hypothèses de l'étude,
permettant ainsi, une bonne analyse. Quand aux données quantitatives,
elles ont été traitées à partir du logiciel
d'analyse SPSS et les graphiques réalisés sur Microsoft Excel.
Par ailleurs, la saisie du questionnaire s'est effectuée sur Sphinx.
Après ce travail préliminaire, une analyse a été
effectuée à l'aide du logiciel Microsoft Word, qui du reste, nous
a permis de saisir l'ensemble de notre travail.
4.2.4. Les difficultés
rencontrées
Au cours de notre travail, nous avons rencontré
des difficultés. D'abord, au niveau de la revue de littérature,
il nous a été difficile d'avoir des documents traitant du
commerce des aliments de rue. Ensuite, nous avons été
confrontés à l'indisponibilité de certains
commerçants qui pensaient que nous venions de la part de la mairie pour
le paiement des taxes, et refusaient quelques fois de nous recevoir. Dans le
même ordre d'idées le chef de service de l'assiette fiscale
était très souvent occupé, et nous n'avons pas pu
enquêté le percepteur de la commune, du fait de la
procédure très complexe, et d'une volonté affichée
de préserver l'information financière jugé
« sensible ». Enfin, nous avons eu d'autres contraintes
liées au temps et aux ressources financières nécessaires
pour effectuer tout travail de recherche. C'est pourquoi nous n'avons pas pu
diligenter une enquête auprès des consommateurs pour avoir une
perception de leur part, sur la qualité et l'hygiène des
aliments de rue.
CHAPITRE V : PRESENTATION DE LA COMMUNE
D'ARRONDISSEMENT DE OUAKAM
5.1. Situation géographique
5.1.1. Photo de la CAO
Source : Agence de
développement municipal, plan d'adressage de la ville de
Dakar.
Issue de la réforme sur la décentralisation
de 1996, la Commune d'Arrondissement de Ouakam est située à
l'extrême ouest de la presqu'île du Cap Vert aux pieds des collines
des Mamelles. Elle est limitée au Nord par l'aéroport
Léopold Sédar SENGHOR, à l'Est par la voie de
dégagement nord (VDN), au Sud par l'ancienne piste d'aviation de la Base
Aérienne 160 et à l'Ouest par l'Océan Atlantique. La
Commune d'arrondissement de Ouakam s'étend sur une
superficie de 114 ha et sa
population est d'environ 60 000
habitants.
5.2. Milieu physique
5.2.1. Le relief
La Commune d'Arrondissement de Ouakam est dans une
cuvette qui ressemble à un U. Les principaux accidents du relief
sont :
Ø Les collines des Mamelles qui culminent à 105
mètres et dominent la presqu'île du Cap Vert ;
Ø La côte rocheuse est découpée
5.2.2. Le climat
Située sur la côte, la Commune
d'arrondissement de Ouakam a un climat subsaharien caractérisé
par l'influence de l'alizé qui souffle de Décembre à juin,
cet alizé cède la place en juin-novembre à la mousson qui
entraîne des précipitations faibles et tardives.
5.2.3. La situation
foncière
En ce qui concerne le capital foncier, il reste
cependant un atout de taille car Ouakam est dans le département de
Dakar, la seule zone avec des espaces inexploités qui peuvent servir de
pôle industriel ou d'habitations.
Le village traditionnel est composé de Mboul,
Sinthie, Léona, Gouye Sor, Taglou. Aujourd'hui les extensions ceinturent
cet ensemble et les différentes cités que sont :
COMICO-ASECNA 1, 2, Troisième tranche ? Assemblée, Mamelles,
Ballon-Magistrats, Air France, et Air Sénégal.
Un projet de restauration et de régularisation
foncière de plusieurs milliards est en cours. Il concerne les quartiers
de Gouye Sor, Léona, Bourga. Il est piloté par la ville de Dakar
sous l'exécution d'un Cabinet d'experts en la matière (INGE
SAHEL)
Il y a lieu de noter que les communes d'Arrondissement
n'ont pas la possibilité juridique d'engager seules des travaux à
coûts élevés du fait de l'insuffisance de leur budget. Le
législateur a voulu par cette disposition, éviter que les
ressources des communes soient englouties par les projets faramineux au
détriment des compétences transférées aux
collectivités locales. Ce type d'investissement est dévolu
à la ville de Dakar. Le Conseil régional peut également
faire ces investissements dans le cadre de ses attributions ou l'Etat.
5.3. Le milieu humain
5.3.1. Le peuplement
Ouakam a été créé par le
vieux Alé Ndoye, c'est un village peuplé de lébous venus
du Djolof. Les historiens racontent que ces populations
persécutées par le Buurba Djolof de l'époque,
décidèrent de quitter la contrée. Elles voyagèrent
jusque dans la presqu'île du Cap Vert et s'installèrent dans un
premier temps près d'un marigot appelé
« Kam » qu'on pourrait situer aujourd'hui aux alentours de
la Patte d'Oie. Dans leurs prospections du milieu, elles découvrirent la
côte pas trop loin et décidèrent de se rapprocher de la mer
pour profiter de ses ressources. Elles se déplacèrent vers la
côte et s'installèrent dans la cuvette aux pieds des mamelles. Le
village ainsi créé fut appelé
« Ouakam » c'est-à-dire « ceux qui
viennent de Kam ».
Les principales familles sont les Ndoye, Ndiaye, Diop et
Guèye. Elles se sont très bien organisées avec un pouvoir
gérontocratique car le pouvoir de décision appartient aux
personnes du troisième âge. Chez eux, le droit d'aînesse
prime sur tout. D'où le slogan « raka top mag »,
« doom top baay ». Médina fut le premier quartier,
Chaque quartier a son « penc » qui est un espace de
socialisation et de médiation où se réglaient tous les
problèmes.
En effet, pour trancher un litige, on faisait appel
à une tierce personne appelée « Diambour »
qui est une personne neutre. C'est ainsi que dans chaque quartier, il y a trois
Diambour choisis dans des familles selon des critères bien
définis et sur les sept quartiers, nous avons 21 Diambours qui
constituent le conseil des Notables avec le Jaraaf qui est lui, issu de la
famille des GUEYE. Ce conseil est très bien structuré
avec :
· Un Ndeye Ji Rew, Ministre de l'intérieur
· Un Ndèye Ndiambour, Ministre des affaires
étrangères
· Un Saltigué, chargé des affaires
mystiques
· Un Bathie Guéwel, chargé de
l'information
C'est le Ndèye Ji Rew qui convoquait les
réunions du conseil qui étaient tenues à la grande
mosquée du village. Le Djaraf n'assistait pas aux réunions. Il
était seulement informé des décisions
arrêtées.
Ce pouvoir coutumier local s'est perpétué
de génération en génération et existe
jusqu'à nos jours. Outre les lébous, les premières
populations à s'installer à Ouakam furent donc les familles des
militaires, plus tard, avec la construction de l'aéroport de Dakar yoff,
ses employés commencèrent à s'installer avec leurs
familles. A partir de ce moment, Ouakam s'est aggrandi de catégories
socioprofessionnelles diverses, ce qui fait que le niveau de vie était
assez élevé et la pauvreté assez peu présente.
C'est dans cette dynamique que plusieurs cités ont été
construites à l'ouest de Ouakam. Mais à partir des années
70, s'est installé progressivement à l'est un habitat
spontané regroupant diverses catégories de populations aussi bien
des nanties que des pauvres.
5.3.2. Aspects sociaux et
démographiques
Le village s'est donc considérablement agrandi
et la démographie est montée en flèche du fait surtout
d'un important afflux de populations venant d'ailleurs et de son fort taux
d'accroissement. Du fait de sa position géographique militairement
stratégique, Ouakam connut très tôt l'installation de camps
de l'armée coloniale qui se maintinrent après
l'indépendance. Cette ceinture de camps militaires fit profiter à
Ouakam très tôt d'infrastructures telles que routes,
écoles, électricité, eau. Ceci contribua à faire de
Ouakam un pôle pour le développement.
5.3.3. Structure et évolution
démographique
La population de la Commune d'Arrondissement de Ouakam
était de 43188 Habitants en 2002 répartis ainsi : 22226
femmes et 20962 hommes. En 2004, ces chiffres réactualisés
donnent 67481. Ce qui nous donne une augmentation d'environ 1/3 par rapport
à 2002. Si nous appliquons le sexe-ratio, nous obtenons 35006 femmes et
32477 hommes.
La population de Ouakam est devenue cosmopolite. On y
rencontre l'ensemble des ethnies du Sénégal, des
néo-sénégalais et des étrangers venus des pays
voisins et de la sous région (guinéens, mauritaniens, maliens,
etc.). Il est à noter aussi la présence de la population
française au niveau de la Base militaires aérienne
française (BA 160) qui est passée sous commandement de la
République du Sénégal le 03 Avril 2010 lors de
l'inauguration du Monument de la Renaissance Africaine à Ouakam.
Même si l'activité principale des
lébous est la pêche et sa commercialisation, l'agriculture puis le
maraîchage étaient très développés mais avec
la modernisation et le peuplement, sont apparus d'autres activités
économiques dont la plus importante est le commerce. L'artisanat aussi
est un secteur assez important avec l'installation de plusieurs ateliers de
couture, menuiserie, tôlerie, bijouterie, etc. L'artisanat d'art et la
culture sont des secteurs peu exploités.
5.4 .Cadre de
développement
5.4.1. Le commerce
La Commune d'arrondissement tire essentiellement ses
ressources, en dehors des fonds de dotation, de la couverture fiscale par le
recouvrement des différentes taxes sur les produits d'impôts
directes (patentes, impôts du minimum fiscal, licence des exploitations
de débits de boissons alcoolisées, les spectacles, les
distributions de carburants et des recettes sur l'occupation du domaine public
(occupation du domaine par les ouvriers, trottoirs, menuisiers,
mécaniciens, construction en saillie, décharges, souks, cantines,
kiosques, gargotes, cantine, étalage devant les magasins, ateliers
garage, etc....)
Dès lors, des efforts colossaux doivent
être déployés pour un recouvrement effectif de ces
différentes taxes ; en réalité, la majeure partie de
celles -ci ne sont perçu par la commune.
5.4.2. La pêche
Le secteur de la pêche est très actif avec
plus de 500 personnes (pêcheurs, bana-bana, marayeurs),
175 pirogues. Il y a un niveau organisationnel et
d'équipement acceptable avec la présence du quai de pêche
sur la côte. Il reste cependant l'acquisition de frigo pour une bonne
conservation des produits halieutiques et une rationalisation de l'exploitation
en cas de surplus de produits. Toutefois, il demeure très prisé
chez la plupart des restaurateurs de rue.
5.4.3. Le tourisme et l'artisanat
5.4.3.1. Description du
secteur
Il occupe aujourd'hui une place importante dans le
développement socio-économique de la CAO avec l'installation
d'une zone qui regroupe des ateliers de mécaniciens, tôliers,
soudeurs etc ... Parallèlement à cela il existe plusieurs autres
activités artisanales qui se sont développées comme la
teinture, couture, la transformation des fruits et légumes, la
bijouterie, réparation des appareils électroménagers,
plomberie, maçonnerie, menuiserie, carrelage etc.... L'inexistence
de politique d'encadrement et la difficulté d'accéder au
crédit sont les problèmes auxquels sont confrontés ces
artisans.
Les secteurs tourisme et artisanat sont les parents
pauvres de la décentralisation au niveau de la Commune d'arrondissement
de Ouakam. On ne note aucune structure hôtelière, d'accueil dans
toute l'étendue du territoire communal ; Toutefois, la
présence du Monument de la Renaissance Africaine augure d'un avenir
prometteur dans le secteur touristique.
5.4.4. Les finances locales
5.4.4.1. Evolution et
difficultés
Les finances locales constituent le tendon d'Achille de
la collectivité locale. Leur bon état de santé est
tributaire au bon recouvrement des différentes redevances. Ces
dernières années, le système de recouvrement étant
loin d'être performant, étant aussi gangrené par une
corruption à différents niveaux, la majeure partie des redevances
n'était pas perçue, ou si elle l'était, n'arrivait pas
toujours à destination, c'est-à-dire dans les caisses de la
commune. Ainsi, l'assiette de la commune était de plus
d'un million (1 000 000 000) par mois39(*).
5.4.4.2. Le budget
La commune d'arrondissement de Ouakam, dans le cadre de
sa mission de prise en charge de l'expression démocratique (gestion des
différentes ressources locales et du patrimoine communal) doit se donner
les moyens nécessaires pour la définition et la mise en oeuvre de
cette politique en tenant compte des exigences de l'Etat et des organismes
publics et privés d'appui au développement.
Ainsi, les ressources financières de la commune
d'arrondissement de Ouakam proviennent d'une part des taxes qu'elle
perçoit sur l'occupation de la voie publique, l'occupation des domaines,
les taxes sur l'eau et l'électricité, et d'autre part sur le
fonds de concours de l'Etat et le fonds de dotation de la ville de Dakar. Elles
sont dépensées dans les domaines dont ceux prioritaires de
l'Education, de l'Assainissement, etc. dans la gestion courante des affaires
municipales et des différents petits investissements.
Pour l'année 2004, le budget de fonctionnement a
enregistré un excédent de 58.504.000 Fcfa alors que le budget
d'investissement a un excédent nul. En effet, il n'y existe pas
d'entreprise ou structure économique de taille. L'économie
locale, très faible, est essentiellement composée de petits
commerces, de rares PME/PMI, et activités de pêche. Les structures
prestataires de services sont inexistantes.
5.4.5. Environnement
5.4.5.1. Diagnostic du
secteur
La prise en charge satisfaisante du secteur
environnemental demeure l'une des principales missions de la commune
d'arrondissement. La gestion des ordures ménagères et des eaux
usées, la maîtrise d'ouvrage d'assainissement, pose de gros
problème du fait de leur aspect quotidien. Pour gérer
correctement le volet assainissement, il faut un système efficace de
collecte d'ordures et d'évacuation des eaux usées ; ceci
reste quand même une tâche ardue du fait de la constitution
spatio-démographique du « village de Ouakam » de
part son non lotissement.
Les efforts déjà, consentis par l'Etat
à travers ALCYON sont non négligeables. Mais à cause des
contraintes suscitées, il faut un système de pré collecte
d'appui en plus du rôle de complément dans la collecte
régulière en dehors des fréquences de ALCYON.
L'éradication complète et durable des
dépotoirs sauvages passe par l'acquisition de matériels tels que
les bacs à ordures et les petites poubelles en quantité
suffisante couvrant tous les quartiers surtout aux alentours des
dépotoirs sauvages habituels.
Concernant les eaux usées et les ouvrages
d'assainissement, le projet d'appui eau à long terme (P.E.L.T.)
regroupant le gouvernement du Sénégal, l'Office National de
l'Assainissement du Sénégal (O.NA.S.), la commune
d'arrondissement de Ouakam, l'AGETIP et ENDA TM, RUP doit, à terme,
valoir d'énormes satisfactions. Car le projet se propose de construire
des ouvrages individuels et semi - collectifs pour l'assainissement en
général (latrines, VIP, TCM etc.).
En matière d'urbanisme et d'habitat il faut
nécessairement la restructuration et l'extension des quartiers, le
lotissement et la viabilisation des espaces, à usage d'habitation mais
aussi pour l'implantation d'entreprises et de projets immobiliers à haut
intérêt pour l'ensemble des habitants de cette commune est plus
que jamais nécessaire. L'assurance d'un éclairage public
permanent est aussi primordiale pour asseoir un cadre de vie tranquille et
sécurisé. Tous les moyens devraient être mis en oeuvre
dans ce sens.
CHAPITRE VI : CARACTERISTIQUES DU SECTEUR DE LA
RESTAURATION DE RUE.
Le commerce de restauration de rue présente
plusieurs caractéristiques. En effet, l'analyse de ses
différentes composantes (acteurs, revenus, rentabilité) nous
permettra parallèlement à celle de l'activité
elle-même, de mieux appréhender ses caractéristiques socio
économiques, et par voie de conséquence, son rôle dans le
développement de la commune d'arrondissement de Ouakam.
6.1. Les acteurs du commerce de
la restauration de rue
Pour mieux cerner les différents acteurs qui
interviennent dans le secteur de la restauration de rue, nous nous somme
intéressé à leurs différentes
caractéristiques. Il s'agit notamment du sexe, de l'âge, de
l'ethnie, de la situation matrimoniale et du niveau d'instruction.
6.1.1. Répartition par
sexe.
Graphique
n°1 : répartition par sexe
Source : Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août
2010
Le commerce de la restauration de rue est investi par
tous les genres : hommes et femmes. Mais le niveau d'implication des uns
et des autres n'est pas le même, au regard de leur poids
numérique. Le graphique ci- dessus indique que le commerce de la
restauration de rue est largement dominé par la présence des
femmes. Dans l'échantillon considéré, elles sont
majoritaires avec 67% des cas interrogés contre 37% d'hommes. Les
hommes identifiés sont pour la plupart des étrangers
composés en grande partie de maliens et de guinéens
(Konacry).Toutefois, l'importance des femmes vient du fait qu'il est de plus en
plus démontré qu'aujourd'hui le rôle déterminant des
femmes dans la prise en charge des familles est non négligeable. Elles
sont devenues des véritables maîtresses de maison et font face
aux charges familiales, d'où leur engagement affirmé dans tous
les secteurs économiques émergents comme le commerce de
l'alimentation de rue. De plus, cette activité ne constitue pas un
handicape par rapport à leur niveau intellectuel, du fait que,
l'essentiel de la connaissance est d'abord traditionnelle avant d'être
moderne.
6.1.2. Répartition par âge.
Tableau n°3 :
Répartition par âge.
Tranche d'âge
|
Pourcentage
|
Moins de 20 ans
|
24%
|
De 20 à 40 ans
|
63%
|
Plus de 40 ans
|
13%
|
Total
|
100%
|
Source :
Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août 2010
Le secteur de la restauration de rue est assez souple.
En effet, cette souplesse est due au fait qu'il n'exige pas de niveau
intellectuel ou de qualification pointues. Le commerce de la restauration de
rue qui relève du secteur informel accueille toutes les tranches
d'âge. Ainsi les enfants, jeunes, adultes et vieux s'activent dans ce
secteur. La grande majorité des acteurs est composé de personnes
dont la tranche d'âge varie de 20 à 40 ans. En effet, elle est
composée de 63% des cas contre 24% des moins de 20 ans et 13% de plus
de 40 ans. Cela peut s'expliquer du fait que, la tranche d'âge de 20
à 40 ans soit celle qui le plus souvent supporte le plus de charges,
contrairement à celle de moins de 20 ans qui commence
généralement à faire face aux réalités
quotidienne de la vie citadine, et celle de plus de 40 ans qui quelque fois se
fait assister par la progéniture ou le reste de la famille. De plus,
à ce stade les obligations sociales des personnes comprises entre 20 et
40 ans sont multiples et grandes. Il leur revient le plus souvent, la
responsabilité de prendre en charge la famille dans tous ses
aspects : psychologique, moral mais surtout économique et social,
d'où leur forte implication dans cette activité lucrative.
6.1.3. Répartition ethnique
Graphique n°2 :
Répartition ethnique
Source : Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août
2010
Pour la répartition ethnique, le secteur est
dominé par les toucouleurs ou peuls avec 30%, suivi des autres ethnies
africaines du Mali et de Guinée Conakry avec 25%. Les wolofs (22%) et
les sérères (21%), viennent avant les autres ethnies
Sénégalaises composées essentiellement de Lébous.
Cela est d'autant plus paradoxale que, l'ethnie Lébous qui est l'une des
plus importante et à laquelle on attribut la création de Ouakam
ne soit pas suffisamment représentée dans le secteur du commerce
de la restauration de rue. Malgré le fait, que les Lébous soient
très actifs dans le commerce du poisson issus, de la pêche
pratiquée sur la côte au niveau du quai existant dans la commune.
Or, entre le commerce alimentaire du poisson et celui de la restauration de rue
la barrière semble est très étroite.
6.1.4. Situation matrimoniale
Graphique n°3 : Situation
matrimoniale des restaurateurs de rue
Source :
Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août 2010
Les personnes mariées sont les plus nombreuses
avec 56% des cas interrogés contre 26% de célibataires et 7% de
divorcés. Toutefois, les mariés sont plus nombreux du fait que,
pour les hommes il s'agit de subvenir aux besoins de leurs famille, tandis que
les femmes, c'est pour venir en aide à leurs maris afin de participer
à la dépense des besoins domestiques. Les célibataires
quant à eux, s'occupent généralement de leurs propres
besoins afin de lutter contre la situation de chômage, qui frappe
beaucoup les jeunes Ouakamois. Les veufs (ve) qui représentent 11%
cherchent à survivre généralement après le
décès de leur conjoint qui marque en même temps une perte
potentielle de revenus. C'est pourquoi avec la conjoncture et la nature des
besoins exprimés, nous observons les tendances présentées
ci-dessus.
6.1.5. Niveau d'instruction
L'instruction que nous considérons ici comme le
fait d'avoir fréquenté une école est assez satisfaisante.
En effet, 82% des acteurs sont instruits, contre 18% qui n'ont jamais
fréquentés un établissement scolaire quelque soit le type
d'école.
Les écoles fréquentées sont
variables avec une domination de l'école arabe qui représente 65
% des cas, contre 26% ayant fréquenté des école
françaises et 9% des écoles franco-arabe. Toutefois, les
écoles arabes fréquentées sont généralement
des daaras qui ont un faible niveau d'organisation et qui ne sont
généralement pas reconnus par l'Etat, pour la majorité
d'entre eux. Cela nous a amené à considérer le niveau de
ce type d'instruction comme une simple initiation à l'enseignement
arabe. Le reste de commerçants des restaurants de rue ayant
fréquentés les autres écoles (française et
franco-arabe) représente 35% de la population totale, et ont un niveau
d'instruction plus ou moins acceptables.
Graphique
n°4 : Niveau d'instruction
Source : Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août
2010
Ainsi, 83% des commerçants ayant
fréquentés les établissements français et franco-
arabe ont au moins été au primaire, contre 13 % au
collège, 4% au lycée et 0 % à l'université. Cela
traduit un niveau d'instruction globalement faible et insuffisant, parce qu'il
ne représente que 35 % de la population totale enquêtées,
contre 65 % d'initiés à l'enseignement arabe. Toutefois, le
commerce de l'alimentation de rue est une activité économique
réelle qui a besoin de règles, techniques, des connaissances et
d'un certain niveau d'instruction pour être boosté et mieux
développer au bénéfice du vendeur et de la
localité. On peut donc avancer sans risque de se tromper qu'un
relèvement du niveau d'instruction et de connaissances peut rendre plus
rentable cette activité.
C'est à ce titre que, 30
commerçants sur 44 soit 68 % souhaitent
bénéficier d'une formation dans l'optique d'améliorer
leurs activités contrairement à 32 % qui ne souhaitent pas
bénéficier d'une formation. Le désintéressement
s'explique par le fait que certains n'ai jamais été à
l'école et pensent ne pas pouvoir suivre correctement les enseignements
qui seront dispensés. Alors que d'autres doutent de
l'intérêt qu'une quelconque formation aura sur leur
activité, du fait de l'absence d'amélioration des conditions
matériels, ou financières de leur activité.
Tableau n°4 : Besoins
en formation.
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Commerce
|
19
|
63 %
|
Gestion
|
4
|
14 %
|
Restauration
|
7
|
23 %
|
Total
|
30
|
100 %
|
Source :
Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août 2010
Dans les besoins en formation exprimés 63% de
personnes souhaitent avoir une formation en commerce, contre 23% en
restauration et 14% en gestion. L'importance accordée au commerce vient
du fait que ce soit l'activité principale qui est pratiquée par
ces acteurs des restaurants de rue, mais aussi du fait que l'apprentissage des
pratiques de restauration soit d'abord traditionnel, avant son adaptation au
monde moderne. De plus, dans la restauration de rue la présentation des
plats, et du service n'est pas la même que dans les restaurants dits
« modernes ». C'est pourquoi l'attention est beaucoup plus
focalisée sur le commerce, que sur la restauration. Quant à la
gestion, elle est généralement considérée comme
accessoire par les commerçants des restaurants de rue en ce sens, que
selon eux, cela entrave peu le bon fonctionnement de leur activité.
Toutefois, 5 restaurateurs soit 13% des acteurs de la
restauration de rue prétendent avoir bénéficié
d'une formation professionnelle, contre 87% n'ayant
bénéficié d'aucune formation. Parmi les personnes ayant
déjà bénéficié d'une formation
professionnelle, 3 (60%) sont formés en commerce contre 2 (40%) en
restauration. Les financements sont généralement issus des
parents, des économies personnelles ou d'une aide extérieur.
6.2. Analyse de
l'activité
Il s'agira dans cette partie d'identifier le type de
restaurant, d'installation, le mode propriété du lieu de vente,
les techniques d'approvisionnements, le stockage, l'acquisition du capital
etc....
6.2.1. Les restaurants de rue
Tableau n°5 : Type de
restaurants
Type de restaurant
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Gargote
|
18
|
41%
|
Tangana
|
13
|
29%
|
Restaurant
|
10
|
23%
|
Dibiterie
|
3
|
7%
|
Total
|
44
|
100%
|
Source : Enquête
Ulrich LEYINDA, ENEA, Août 2010
Durant nos investigations, nous avons
enquêté plusieurs gargotes (41%), des tanganas (29%), des
restaurants (23%) et des dibiteries (7%). Ces différents restaurants,
sont inégalement repartis sur l'espace communale. Toutefois, ils sont
plus nombreux du côté du marché de Ouakam, de Ouakam-VDN,
Tali Américain, Cité Avion et village Taglou.
Tableau n°6 : Type
d'installation
Type d'installation
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Utilisation de table sur le trottoir
|
11
|
25%
|
Utilisation de kiosque
|
7
|
16%
|
Utilisation d'un local
|
26
|
59%
|
Total
|
44
|
100%
|
Source :
Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août 2010
A Ouakam, comme dans toutes les mairies, les
installations constituent des revenus capitaux pour le fonctionnement et les
investissements de celle-ci. En effet, il s'agit des ressources propres. Autant
les commerçants disposent d'installation, autant la mairie engrange des
ressources.
En effet, 59% des commerçants utilisent un local
contre 25% de table sur le trottoir et 16% de kiosque. Cependant, ce sont le
plus souvent les tanganas, les restaurants et les dibiteries qui utilisent des
locaux, contrairement aux gargotes qui utilisent soit des kiosques ou des
tables sur le trottoir. Par ailleurs, 96% des commerçants
possèdent un seul restaurant de rue, par rapport à 4% qui
possèdent deux restaurants. Cela montre une évolution
plutôt marginale de la taille des restaurants de rue au sein de l'espace
communale.
Par ailleurs, la répartition du montant des
impôts et taxes sur les installations est faite en fonction de la taille
et de la nature du commerce. Dans notre échantillon, l'écrasante
majorité des restaurateurs de rue possèdent des locaux, et payent
donc plus cher que ceux qui n'en ont pas. Cela constitue donc un enrichissement
pour la mairie et la commune.
6.2.1.1. Acquisition du
capital
Graphique n°5 :
Acquisition du capital
Source :
Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août 2010
Comme on peut aisément le constater sur le
graphique en secteur ci- dessus, l'origine du capital de démarrage est
d'abord personnelle. En effet, à la question de savoir, si les
différents acteurs avaient une activité
rémunératrice avant la restauration, 39% ont répondu par
l'affirmative contre 61% qui n'avait aucune activité
rémunératrice. Cela s'explique par le fait que, les 39% des
économies personnelles sur le graphique sont pour la plupart issues de
petits boulots informels. Pour les femmes, c'est essentiellement des boulots
domestiques tel qu'être employé comme bonne dans un domicile,
serveuse dans un restaurant, et d'autres commerciales telles que la vente de
bissap, lait caillé, bijoux, babouches, pagnes etc..../. Tandis que les
hommes hormis des boulots tels qu'employé de tangana, ils pratiquent
généralement d'autres activités telles que le transport de
marchandises au marché, aide maçon, aide menuisier etc...
Ensuite, nous avons les prêts des membres de la
famille (32%), et les dons des membres de la famille (20%) dont les plus
importants sont les époux qui viennent en aide à leurs femmes,
les parents et quelque fois les oncles qui aident leur nièces ou leur
neveux. Quant aux prêts des structures décentralisées (9%),
les capitaux de départ ont été octroyés par
Pamecas qui possède un bureau au niveau de Ouakam
à la cité avion. Cela montre malgré tout le faible
accès aux structures décentralisées qui doivent
sensibiliser davantage les commerçants sur les avantages du micro
crédit.
Cet état de fait ne milite pas en faveur des
grandes activités génératrices de revenus, car les fonds
d'investissement ne sont pas importants au regard de leur origine personnelle
et familiale. Les structures financières sont habilitées
à garantir des fonds plus consistants aux commerçants , afin d'en
faire une activité plus profitables aux vendeurs et à la commune.
Pour ce qui est du montant du capital de départ
nécessaire pour démarrer une activité de restauration de
rue, il est aussi variable que les raisons qui mènent à
l'activité, et dépend le plus souvent du type de restauration que
l'on souhaite avoir. Cependant, les enquêtes montrent que 63% des
acteurs ont démarré avec un capital qui varie entre 50 et 100.000
Fcfa, contre 19% dont le capital varie entre 10 et 50.000 Fcfa, 11 % qui varie
entre 100 et 150.0000 Fcfa et 7% dont le capital dépasse 150.000 Fcfa.
6.2.1.2. Causes du commerce de restauration
de rue.
Graphique n°6 : Causes du
commerce des restaurants de rue
Source : Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août
2010
Les raisons qui poussent les acteurs de
la restauration à entreprendre cette activité son multiples. Mais
les principales raisons révèlent que 44% sont à la
recherche de revenus, tandis que 30% souhaitent être utile à leur
famille et 26% veulent avoir une autonomie financière. La forte
proportion des réponses relatives à la recherche de revenus est
consécutive à l'état de pauvreté ou de
dénuement dans lequel certains se trouvent avant de chercher à
prendre leur vie en main. En effet, ce sont des personnes souvent
démunis ou presque, qui n'ayant pas beaucoup d'opportunités du
côté des emplois formels, du fait, de leur faible niveau
d'instruction tentent leur chance dans le commerce alimentaire de rue.
Toutefois, la volonté de subvenir aux besoins de leurs familles pour
d'autres, confèrent au commerce de restauration de rue un rôle
socio économique, qui contribue au développement individuel,
local et sociétal.
6.2.1.3. Approvisionnement
Graphique n°7 :
Approvisionnement en matières premières
Source : Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août
2010
Pour ce qui est de l'approvionnement en matières
premières ( Aliments, condiments, ingrédients), 86% des
restaurateurs s'approvisionnent au marché contre 14% qui
s'approvisionnent chez des amis, ou de simples connaissances qui le plus
souvent, vendent ce dont ils ont besoins dans les marchés. C'est
pourquoi au lieu de se déplacer et se rendre au marché, certains
préfèrent directement s'approvisionner auprès de ces
commerçants. Toutefois, la dynamique de la chaine économique
approvisionnement- vente -approvisionnement est bénéfique, en ce
sens qu'elle permet à l'argent qui est gagné dans la commune, d'y
être réinvesti afin de propulser la dynamique de l'économie
locale.
6.2.1.4. Stocks
Graphique n°8 :
Stockage des matières premières
Source :
Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août 2010
Dans la CAO, 47% des restaurateurs de rue stockent
leurs matières premières sur le lieu de vente, contre 19% qui
les stockent dans leur domicile. Ce qu'il faut souligner ici, c'est que ceux
qui stockent leurs marchandises au sein de leur domicile, sont ceux qui
préparent sur place avant de l'emporter sur le lieu de vente. Une bonne
partie de cette catégorie utilise des tables sur le trottoir, ou de
petits kiosques. Par ailleurs, 34% de ces restaurateurs ne stockent pas leurs
marchandises et préfèrent pratiquer des achats quotidiens au
niveau du marché. Cela s'explique par le fait que, certains ne
possèdent ni frigo, ni congélateur pour la conservation, de
certains aliments frais comme la viande ou le poisson. Toutefois, l'achat des
matières premières de manière quotidienne renseigne sur
la taille de ces restaurants de rue qui ont une faible capacité de
stockage. De plus, ces achats journaliers sont source d'appauvrissement, en ce
sens que le fait d'acheter en détails, revient plus cher au au total,
par rapport à l'achat en gros. Si on peut leurs accordés le
mérite de servir aux clients des plats frais, il n'en demeure pas moins
que cela reste une dépréciation de la rentabilité de cette
activité.
6.2.1.5. Appréciation du
coût des matières premières
Graphique n° 9 :
Appréciation du coût des matières
premières
Source : Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août 2010
Dans le commerce de restauration de rue, la
totalité des vendeurs trouvent le coût des matières
premières onéreux. Toutefois, ils l'apprécient à
des degrés différents. Le coût des matières
premières posent énormément de problèmes à
ces commerçants. En effet, 72% considèrent que ces
matières premières sont chères contre 28% qui
considèrent que c'est extrêmement cher. Depuis l'arrêt de la
subvention de la plupart des denrées de bases telle que le riz par
l'Etat Sénégalais, et avec la conjonction des crises
économiques, énergétiques et alimentaires, les acteurs de
la restaurations de rue qui ont subi la hausse des prix consécutive
à ces différentes crises, ont vue leur situation se fragiliser
davantage par ces aléas conjoncturels. Toutes choses, qui rendent leur
activité vulnérable avec des effets d'entraînement dans le
payement des taxes à la mairie, et partant dans le ralentissement de
l'activité économique locale. Or si l'intensité des
activités du commerce de restaurants de rue baisse, c'est
également leurs bénéfices qui baissent et affectent la
posture économique des vendeurs, des familles et de la commune.
6.2.1.6. Les menus vendus
Les menus vendus sont diverses et variés. En
effet, ils varient en fonction du type de restaurants mais aussi en fonction de
leur taille. Toutefois, les menus principaux demeurent
généralement les mêmes. Ainsi pour chaque type de
restaurants de rue, nous avons les menus suivants :
· Gargote : tchiebou djen, poisson
grillé, couscous, brochette de viande, pain + sauce haricot, café
touba.
· Tangana : Brochette de viande,
spaghetti, pomme de terre, omelette, oeufs bouillis, café noir,
café au lait, café touba.
· Restaurant : tchiebou djen,
mafé, soupe candia, Yassa viande, steak de viande.
· Dibiterie : viande de mouton
grillé, foie grillé.
Toutefois, ces différents menus ne sont pas
offerts tous les jours, et au même moment. En effet, les restaurateurs
utilisent le principe de rotation des plats, qui peut également
varié selon les moments de la journée. Cependant, les plus
présentés sont le tchiebou djen, le couscous, les brochettes de
viande, les haricots, les spaghettis, ainsi que le café touba, et le
café au lait ou noir qui interviennent lors du petit déjeuner.
6.2.2. Les revenus
L'étude des revenus issus de la restauration de
rue, nous permettra de cerner la capacité financière des
différents acteurs, mais aussi l'évolution de ces revenus, leur
rentabilité ainsi que leur capacité d'épargne.
6.2.2.1. Le chiffre
d'affaire
Le chiffre d'affaire journalier du
secteur de la restauration de rue est consécutif aux opérations
de vente de plats, ou d'aliments auprès des consommateurs. Il est
cependant très fluctuant, et évolue en fonction des flux de
consommateurs enregistrés par jour. Cependant, les périodes de
l'année influent également positivement ou négativement
sur l'activité. La période de fête de tabaski par exemple,
est très souvent faste selon les restaurateurs, contrairement à
celle du mois de ramadan qui elle, constitue généralement une
perte potentielle de clients, et par voie de conséquence de revenus.
Tableau n° 7 :
Tableau d'évolution du chiffre d'affaire journalier
Variation du chiffre d'affaire en FCFA
|
Chiffre d'affaire de départ
|
Chiffre d'affaire actuelle
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Effectif
|
Pourcentage
|
5 à 10.000
|
7
|
16%
|
17
|
38%
|
10 à 15.000
|
29
|
66%
|
21
|
48%
|
15 à 20.000
|
8
|
18%
|
6
|
14%
|
Total
|
44
|
100 %
|
44
|
100%
|
Source :
Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août 2010
La pratique de l'activité de restauration de rue
est assez ancienne au sein de la commune d'arrondissement de Ouakam. En effet,
près de 62% des acteurs affirment s'être installés sur le
lieu de vente depuis 5 à 10 ans, contre 25% entre 1 et 5 ans, ainsi que
13% depuis moins d'un an. En revanche, le revenu obtenu de leur activité
a également évolué au fil du temps. C'est pourquoi avec
les différentes conjonctures économiques (crise
économique, crise alimentaire, hausse des prix des denrées...),
les revenus ne sont pas restés stables ou constants. Ainsi, nous avons
une baisse de 4% des revenus compris entre 15 et 20.000 Fcfa, une baisse de 18%
pour ceux compris entre 10 et 15.000 Fcfa, et une hausse de 22% des revenus
variant entre 5 et 10.000 Fcfa. Toutefois, il semblerait qu'il y ait eu un
glissement progressif des autres catégories vers celle comprise entre 5
et 10.000 Fcfa. Ce qui est significatif d'un appauvrissement ou d'une
réduction globale et insidieuse des revenus. Cette tendance
baissière de revenus est certainement négative pour les vendeurs
comme pour la commune. La perte du pouvoir d'achat et les difficultés de
recouvrement des taxes sont autant de conséquences fâcheuses pour
l'économie de Ouakam.
Par contre, parmi les personnes étant dans les
catégories dans lesquelles il y a eu une baisse des revenus, il y en a
qui ont enregistrés une hausse de revenus malgré la tendance
générale qui est à la baisse.
Par ailleurs, l'un des inconvénients majeur
lié à la gestion des restaurants de rue est l'insuffisance
criarde de l'utilisation des outils de gestion. En effet, à la question
de savoir si ces acteurs culinaires utilisent des outils de gestion, 82% ont
répondu par négation contre 18% par l'affirmatif. Ceux qui
utilisent des outils de gestion, sont généralement en possession
soit d'un cahier de comptes ou d'un livre de caisse, mais pas des deux à
la fois. Or cela pourra davantage améliorer la clarté et la
gestion de leur activité. Le paradoxe vient du fait, qu'ils ne voient
pas la nécessité d'en posséder, pensant que cela à
un impact marginal sur la gestion de leurs commerces.
6.2.2.2. La rentabilité
Graphique n°10 :
Appréciation de la rentabilité des restaurants de rue
Source : Enquête
Ulrich LEYINDA, ENEA, Août 2010
La rentabilité sera analysée ici sur un
plan purement commercial. Toutefois, l'étude du secteur ayant
révélé une absence d'utilisation d'outils de gestion chez
la plupart des restaurateurs, nous avons jugé utile de faire une simple
appréciation de celle-ci par les commerçants, malgré le
fait que cela ne renseigne pas véritablement sur la situation
financière réelle de chaque commerçant.
Cependant, la plupart des commerçants des
restaurants de rue ne sont pas satisfaits de la rentabilité de leur
activité. C'est pourquoi 65% d'entre eux jugent l'activité peu
rentable, tandis que 25% pensent que c'est rentable, contre seulement 4% qui
la trouve très rentable. Les 6% qui ne la trouve pas du tout rentable
possèdent pour la majorité d'entre eux, de vieilles gargotes et
présentent des menus très peu diversifiés. Ils
déclarent l'activité non rentable du fait que les revenus soient
totalement utilisés pour survivre, et que le renouvellement des aliments
se fasse le plus souvent par endettement. Cependant, ce ne sont pas tous ceux
qui sont endettés qui se trouve dans la même situation, que ceux
qui considèrent l'activité comme étant non rentable.
En revanche, le faible niveau de rentabilité est
étroitement lié à la hausse des prix des denrées
alimentaires, et au faible niveau de prix pratiqué. Ce qu'il faut noter
ici, c'est que les restaurateurs de rue ont souvent du mal à augmenter
les prix de leur plats, parce que les clients (en majorité de conditions
modestes) boudent et n'acceptent pas de payer plus qu'ils ne payaient il y a un
an, deux ans ou trois mois. Ce qui complique leur situation parcequ'ils se
retrouvent avec des prix sur le marché qui augmentent, alors que ceux
qu'ils pratiquent reste constants.
6.2.2.3. Endettement et Capacité
d'épargne
L'analyse croisée de l'endettement des
restaurateurs de rue et de la capacité d'épargne montre
clairement, qu'au-delà des charges dont ils font fasse, les
restaurateurs de rue pour la majorité d'entre eux, arrivent à
mettre de l'argent de côté pour soit l'affecter à d'autres
charges, soit le destiner à l'investissement.
Pour l'endettement, à la question de savoir
s'ils40(*) sont
endettés, 34 restaurateurs soit 78% déclarent ne pas l'être
contre 10 personnes soit 22% qui le sont. Les personnes endettées le
sont généralement auprès des parents (61%), des amis (25%)
et des mutuelles d'épargnes (14%). Cela révèle le fort
taux d'endettement auprès des parents et le faible niveau d'accès
aux mutuelles d'épargnes. De plus, 86% affirment ne pas faire partie
d'une association contre 14% qui en font partie. Certains évoquent,
l'importance du travail et donc l'absence de temps, tandis que d'autres
déclarent ne pas être intéressés ou affirment
être méconnaissant de l'existence d'une association, hormis les
mbotayes et les tontines. Cela présage d'une absence d'association de
restaurateurs organisée, au profit des associations communautaires (pour
les étrangers) ou des tontines ou mbotaye pour les nationaux. Par
ailleurs, l'endettement a des origines diverses et est pour la plupart
lié au fonds de roulement, à l'investissement et aux affaires
personnelles.
6.2.2.3.1. Cause de
l'endettement
Les causes de l'endettement sont diverses. En effet,
l'endettement est souvent pratiqué comme un besoin de financement
extérieur qui le plus souvent s'accompagne d'intérêt
à payer à celui à qui l'emprunt a été fait.
Toutefois, sur 44 personnes de notre échantillon seuls 10 personnes soit
22% ont affirmé être endettés.
Tableau n°8 :
Cause de l'endettement
Origine
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Fonds de roulement
|
6
|
60%
|
Fonds d'investissement
|
1
|
10%
|
Affaire personnelles
|
3
|
30%
|
Total
|
10
|
100%
|
Source :
Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août 2010
On peut ainsi constater que les 22% de personnes
endettés ont consacré cet argent au fonctionnement du type de
restauration qu'ils gèrent. Ainsi 60% de cet argent a
été consacré au fonds de roulement, contre 30% aux
affaires personnelles (maladies, alimentation du domicile, factures etc..), et
10% à l'investissement pour l'amélioration de
l'activité.
6.2.2.3.2. Capacité
d'épargne
Graphique n°11:
Capacité d'épargne
Source : Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août
2010
Pour la capacité d'épargne proprement
dite, à la question de savoir si les restaurateurs de rue
épargnent, 80% ont répondu par l'affirmative contre 20% par la
négation. Toutefois cette épargne demeure assez moyenne du fait
que 90% affirment épargner une dizaine de mille contre 10% qui
affirment épargner une centaine de mille. Le fort taux d'épargne
des restaurateurs du secteur de la restauration de rue laisse penser à
une capacité financière susceptible de favoriser leur
accès aux services sociaux de bases. De plus, cette capacité
d'endettement, et cette forte tendance procure certainement des avantages
réels pour leur activité : l'argent épargné
peut servir à « assuré » leur
activité, en ce sens qu'il peut servir fonds de roulement, au fonds
d'investissement ou à la caution et/ou prêts, mais aussi à
bien garantir leur vie (santé, éducation...). Toutefois, les
épargnes les plus consistantes sont plus profitables que les
épargnes insignifiantes. Mais épargner indique au moins que l'on
a assez pour en mettre une partie de côté.
6.2.3. Utilisation du revenu
C'est une des parties les plus importantes de notre
étude. En effet, elle nous permettra de voir à quoi sont
destinés les revenus de la restauration de rue au sein de la commune
d'arrondissement de Ouakam. Cependant l'analyse se fera à deux niveaux,
le premier au niveau du lieu de vente et le second au niveau du domicile.
6.2.3.1. Au niveau du lieu de vente
L'utilisation des revenus de la restauration de rue
sur le lieu de vente est essentiellement destinée aux charges
liées à l'activité. Il s'agit d'abord du mode de
propriété du local, ensuite de l'achat des matières
premières et du paiement des factures d'eau et
d'électricité. Toutefois, ce ne sont pas tous les restaurateurs
qui ont accès à ces différents services sur le lieu de
vente.
6.2.3.1.1. Accès à l'eau
courante
Graphique n°12 :
Accès à l'eau courante sur le lieu de vente
Source :
Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août 2010
L'accès à l'eau courante sur le lieu de
vente est un élément essentiel, en ce sens que sa possession est
indispensable à la préparation des plats. Ainsi l'enquête
révèle que 52% y ont accès, contre 48% qui n'y ont pas
accès. Cette situation s'explique en partie par le fait que certains qui
occupent les trottoirs n'aient pas directement accès à l'eau,
mais aussi ceux qui ont des locaux et présentent une absence
d'installation de borne fontaine. Ces commerçants sont obligés
généralement d'acheter de l'eau en détails auprès
du voisinage ou au niveau d'une pompe public. Ce sont donc des coûts
journaliers marginaux qui varient entre 100 Fcfa et 300 Fcfa. Quant à
ceux qui ont une borne fontaine, ils dépassent rarement les 1500 Fcfa
bimensuel. On peut donc constater que ceux qui payent l'eau en détails
sur le lieu de vente dépensent plus que ceux qui possèdent une
borne fontaine.
6.2.3.1.2. Accès à
l'électricité
Graphique n°13 :
Accès à l'électricité sur le lieu de
vente
Source :
Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août 2010
Il en est de même pour l'électricité
sur le lieu de vente. En effet, 74% ont accès à
l'électricité sur le lieu de vente, contre 26% n'ayant pas
accès à cette ressource importante. Cette catégorie
est-elle aussi bien entendu, composée des commerçants
installés sur le trottoir et n'ayant pas d'installation
électrique. Les personnes ayants une installation électrique (une
à deux ampoules), bénéficient généralement
d'une dérivation du circuit électrique d'autres domiciles
auprès desquels ils payent soit par mois, soit de manière
bimensuelle en fonction du nombre d'ampoules. Cependant une ampoule peut aller
jusqu'à 3000 Fcfa le mois. Le fort accès de
l'électricité conforte la mairie, en ce qui concerne les taxes
relatives aux consommations d'électricité. Plus, les
commerçants ont accès à cette ressource, plus la mairie
engrange des ressources, car au-delà des commodités que ces
services procurent (eau-électricité) aux commerçants pour
la bonne marche de leur activité, ils sont répertoriés
comme des produits domaniaux qui génèrent des taxes que la mairie
doit prélever sur leur consommation. Ces revenus sont importants en ce
sens qu'ils sont destinés à l'investissement et/ou au
fonctionnement de la localité.
6.2.3.1.3. Accès au
local
En ce qui concerne le mode de propriété du
local par contre, l'enquête révèle que 52% des
restaurateurs de rue louent, contre 36% d'installations libres et 12% de
propriétaires. Pour ceux qui louent, cela leur revient à 27.000
Fcfa par mois en moyenne.
Graphique n° 14 : Mode
de propriété du lieu de vente
Source : Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août
2010
La majorité des restaurateurs de rue louent leur
lieu de vente. En effet, cela constitue une perte de revenu pour ces
commerçants, en ce sens que cet argent pourrait servir à
accroître leur capacité d'investissement, dans le sens d'agrandir
leur activité. Or, seul 12% sont propriétaires contre 36%
d'installations libres qui constituent également une perte pour la
mairie et la commune. De plus, la location profite généralement
à un tiers qui vit dans la commune, et l'argent est souvent
destiné aux charges socio économiques, tandis que la mairie en
fonction de la taille du commerce bénéficie de taxes
utilisées pour la commune.
6.2.3.2. Au niveau du domicile
L'utilisation des revenus de la restauration de rue au
niveau du domicile, est liée aux charges qui sont en rapport avec soit
les conditions de vie (accès au logement, à l'eau, à
l'électricité, à l'alimentation), soit au niveau de vie
(accès à la santé, à l'éducation, à
l'habillement). L'analyse de ces différents éléments,
permettra de cerner véritablement le rôle de la restauration de
rue sur les commerçants de la commune d'arrondissement de Ouakam.
6.2.3.2.1. Accès au
logement
Graphique n°15 :
Mode de propriété du domicile
Source : Enquête
Ulrich LEYINDA, ENEA, Août 2010
Au niveau du mode de propriété du
domicile, on a 61% de restaurateurs qui louent, contre 15% de
propriétaires et 24% de maisons familiales. Pour les commerçants
qui louent, on peut donc penser que ces personnes ont besoin de revenus pour
pouvoir louer, c'est-à-dire, s'acquitter du loyer. Or, ils travaillent
dans la restauration de rue. On peut donc penser que c'est grâce aux
revenus du commerce de la restauration que certains s'acquittent de leur loyer
ou de leurs factures (c'est toujours le cas pour les célibataires qui
louent). Toutefois, il convient de souligner que parmi ces restaurateurs, il y
en a qui sont aidés par leur conjoint, ou leur compagne dans le paiement
du loyer ou des factures (c'est souvent le cas des personnes mariés,
mais pas toujours). Par contre au niveau du local, les revenus affectés
à la location sont le plus souvent issus de la restauration. En
revanche, il convient de noter qu'au moins 11% des commerçants des
restaurants de rue utilisent le lieu de vente comme domicile. Ce sont
généralement des étrangers célibataires qui sont
des cette situation. Ce qui permet à l'activité qu'ils
pratiquent de leur faciliter l'accès à un logement.
6.2.3.2.2. Destination des
revenus
Graphique n°16 :
Destination des revenus de la restauration de rue
Source : Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août
2010
L'accès à l'eau et à
l'électricité au sein des domiciles est plus ou moins
satisfaisant. En effet, 90% des commerçants affirment avoir accès
à l'eau courante au sein de leurs domiciles, contre 10% parmi lesquels
il y a soit un manque d'installation de circuit d'eau, ou une coupure d'eau
à laquelle ils ont du mal à faire face. Certains d'entre eux ont
l'eau coupée depuis plus de 4 mois.
C'est pourquoi en ce qui concerne l'accès
à l'électricité au sein des domiciles, 94% des
restaurateurs affirment avoir de l'électricité au sein de leur
domicile, contre 4% qui n'ont pas accès à cette importante
ressource. Cependant, 14% du revenu de la restauration est
destiné aux factures domestiques. Ainsi, 47% des restaurateurs de rue
payent eux même les factures domestiques d'eau ou
d'électricité. Cela s'explique par la forte présence des
femmes dans le secteur, dont celle qui sont mariées ou des
célibataires (homme ou femme) qui vivent en famille sont aidés
par les autres membres de la famille ou leur époux. Toutefois, Il faut
relever le fait que, l'absence de l'une de ces importantes ressources
(logement, eau, électricité, alimentation) est un critère
indubitable de pauvreté, qui ne profite pas non plus
à la mairie.
Aussi, l'alimentation ne pose pas vraiment
problème au sein des domiciles. En effet, environ 32%
des revenus de la restauration sont affectés à l'alimentation. De
ce fait, 62% des ménages consomment trois plats par jour, contre 32%
qui en consomment deux et 6% un seul. Le revenu de la restauration facilite
l'accès à l'alimentation de ces ménages.
En outre, le revenu de la restauration participe
à hauteur de 20% à l'accès à la
santé des restaurateurs. Pour ce faire, 90% des familles des
restaurateurs fréquentent les hôpitaux, contre 7% qui utilisent
les plantes traditionnelles et 3% qui se réfèrent aux soins des
marabouts.
Dans le même ordre d'idées, 26%
du revenu de la restauration est destiné à
l'éducation des enfants. Il est notamment affecté pour l'achat
des fournitures scolaire. Parfois, lorsque les sommes affectées semblent
insuffisantes, les restaurateurs recours soit à l'emprunt, ou attendent
d'avoir d'autres revenus afin de compléter les trousseaux scolaires.
Ainsi, 75% des restaurateurs affirment que leurs enfants vont à
l'école, tandis que 25% disent le contraire.
Pour l'habillement, seul 8% du revenu
de la restauration y est destiné. De ce fait, 63% des restaurateurs
déclarent que leurs enfants s'habillent normalement contre 37% qui
déclarent le contraire. Cela est dû le plus souvent à une
insuffisance de revenu.
Toutefois parmi les restaurateurs, les nationaux
utilisent les revenus sur place tandis que, les étrangers font souvent
recours à un transfert de fonds vers leur pays d'origine, pour s'occuper
de leur famille respective. Cela constitue néanmoins une fuite de
capitaux pour la commune.
CHAPITRE VII : CONTRIBUTION DU SECTEUR DANS LA
COMMUNE D'ARRONDISSEMENT DE OUAKAM.
Le secteur de la restauration de rue présente
deux types de contribution. La première est d'ordre socio
économique, en ce sens que le commerce de la restauration de rue
répond à un besoin des populations de se nourrir, tout en
contribuant fortement au renforcement de la sécurité alimentaire.
Quant à la deuxième à laquelle nous nous
intéresserons particulièrement dans ce chapitre, elle est d'ordre
monétaire en ce sens que certains d'entre eux s'acquittent de leurs
taxes, auprès de la mairie de la commune d'arrondissement de Ouakam, qui
constituent pour cette dernière des ressources d'investissement et de
fonctionnement.
7.1. Procédure d'occupation de la
voie publique (OVP)
La procédure d'occupation de la voie publique au
sein de la commune d'arrondissement de Ouakam est assez simple. En effet pour
occuper la voie publique du domaine communale, il faut d'abord se rapprocher de
la Mairie au service de l'assiette fiscale, qui envoie un agent voyer
(qui est un agent détaché de la Direction de
l'Aménagement Urbain, chargé de la gestion de la voirie), qui se
rend sur le site pour en effectuer l'identification.
L'agent procède ainsi à l'étude de
faisabilité de l'occupation et prend les mesures (dimension) qui
serviront de base de calcul, pour le payement de la taxe. Une fois cette
opération terminée, le service de l'assiette fiscale
désigne le montant de la taxe à payer en fonction du nombre de
m2 occupé. Chaque m2 correspond à 1500
Fcfa. Ce qui rend le montant de chaque taxe variable, en fonction des
dimensions de l'espace occupé.
Ensuite, le redevable fait une demande manuscrite
d'occupation de la voie publique adressée au Maire, avec les dimensions
et le montant dûment spécifiés. Une fois que le Maire donne
son accord pour l'occupation de l'espace solliciter, le redevable est
invité à payer la taxe correspondante auprès de la
perception de Bourguiba, avant que le responsable du service de l'assiette
fiscale ne délivre au redevable une autorisation d'exploitation du lieu
sollicité. Toutefois il convient de souligner que ladite autorisation
est délivrée à titre
précaire et
révocable.
7.2. Condition de
déguerpissement
Les raisons qui peuvent amener à un
déguerpissement de la part de la Mairie sont multiples. En effet, la
première est souvent liée à une installation anarchique
sur les trottoirs, ou aux abords de la route. Ce genre d'installation
entraîne des problèmes d'encombrement, et de fluidité de la
circulation, du fait de son obstruation. La gêne occasionnée
à cette effet entraîne généralement une
révocation de l'autorisation d`occupation.
La deuxième raison est très souvent
liée aux dettes. En effet, les redevables qui présentent des
arriérés ou qui refusent de payer ce qu'ils doivent, sont
immédiatement saisis pour régler la facture, dans le cas
contraire et en l'absence d'entente sur de nouveaux délais, ils sont
très souvent révoqués. Toutefois, lors de notre
étude seul 7% des restaurateurs de rue ont déclaré avoir
déjà subit un déguerpissement contre 93% n'ayant jamais
subit de déguerpissement. Les raisons évoquées
étaient généralement l'occupation anarchique et les
arriérés. En revanche, la forte proportion des personnes n'ayant
jamais subi de déguerpissement laisse croire que pendant le
recouvrement, la mairie dispose de ses ressources à temps dans la
mesures où il n'y a pas une grande proportion de personnes
déguerpis, donc ayant des arriérés ou étant mal
installé. Cela peut s'expliquer du fait que la Mairie essai
d'établir un dialogue franc avec les différents acteurs, tout en
privilégiant quelque fois la négociation. Cependant, ces
différentes négociations sont souvent néfastes du fait
qu'elle facilite le développement d'un esprit de corruption, faisant
perdre à la mairie une bonne partie de ses recettes.
La troième raison des déguerpissements est
issue des plaintes des populations. L'occupation anarchique d'espace
auprès de leur domicile, avec toutes les nuisances possibles
(difficultés à circuler, nuisance sonore, odeurs...) qui
entraînent souvent des plaintes des populations, oblige la mairie
à agir et dans le pire des cas à procéder à une
simple révocation de l'autorisation d'occupation de la voie publique (si
la demande a été faite à la mairie).
Enfin la dernière est issue des pouvoirs publics.
En effet, lorsque l'Etat doit réaliser une infrastructure ou un
équipement et que l'un des restautaurateurs ou tout autres individus
occupe l'espace sur lequel le projet doit être réalisé, il
est systématiquement prié de libérer les lieux avec en
contre partie une indemnisation pour le remboursement de son investissement.
Toutefois, ce n'est pas toujours le cas lorsque le domaine public est
occupé de manière illégal. Dans ce cas, les individus
concernés sont simplement sommés de quitter les lieux.
7.3. Restauration de rue
La commune d'arrondissement de Ouakam présente
plusieurs types de commerce d'aliments de rue. Ils sont aussi
diversifiés que variés. En effet, on y retrouve la vente de
l'arachide, légumes, fruits (mangue, pomme, orange...), viande,
poissons, riz, mil, maïs, tamarin, pastèque etc....
Cependant, notre étude s'est basée sur la
restauration (gargote, tangana, restaurant, dibiterie), qui à la
différence de l'alimentation de rue qui est beaucoup plus
générale, se présente comme étant plus
spécifique. Le recouvrement sera donc basé sur la restauration et
non l'alimentation de rue.
7.3.1. Recouvrement
Le commerce de la restauration de rue comme la plupart
des autres activités est soumis au payement des taxes. En effet, le
recouvrement doit être effectué de concert entre la Mairie et la
perception. Cependant, il existe plusieurs sortes de taxes. Seulement, ce ne
sont pas toutes qui sont appliquées aux restaurateurs de rue. Celles qui
sont susceptibles d'être appliquées sont les suivantes :
ü Taxe d'occupation de stalles ;
ü Taxe fixant les taux, les modalités d'assiette
de la redevance sur l'occupation du domaine public, des trottoirs et des
terrasses à café ;
ü Taxe sur les droits de places à
l'intérieur et à l'extérieur des marchés ;
ü Taxe sur les marchands ambulants autorisée par
jour ;
ü Contribution globale unique (C.G.U).
Par contre, ces différentes taxes ne sont pas
appliquées de la même manière. Il y a les taxes
journalières, les taxes mensuelles et la contribution globale unique
(patente). En effet, la taxe journalière qui est de 200 Fcfa est
généralement appliquée aux gargotes, alors que les
dibiteries payent des taxes mensuelles de 10.000 Fcfa. Ensuite, il y a les
taxes variables. Il s'agit de la contribution globale unique appliquée
aux restaurants et varie de 25.000 Fcfa à 50.000 Fcfa, en fonction des
superficies occupées, ainsi que de la taxe mensuelle appliquée
aux tanganas qui varie de 5.000 Fcfa à 10.000 Fcfa par mois.
Les revenus des taxes recouvrés sont très
variables. En effet, la Mairie en général et le service de
l'assiette fiscale en particulier, ne possède pas de fichier dans lequel
l'ensemble de redevables pourrait être répertorié. Cela
s'explique d'abord par le fait qu'il y ait des restaurateurs ambulants
(gargotes) qui sont diffiles à répertorier, mais aussi par le
fait que lors du recouvrement seul un reçu leur est
délivré par les agents du recouvrement sans les
répertoriés. La plupart d'entre eux ne passe pas par la Mairie
pour la pratique de leurs activités de restauration. Ce qui fait que le
recouvrement s'effectue presqu'à l'aveuglette avec des cibles parfois
identifiés (restaurants, tangana, dibiteries), mais dont celles
situés dans des coins éloignées de la voie publique, et/ou
difficiles d'accès sont méconnus. Ce qui fait que la mairie n'a
qu'une idée sommaire des acteurs de la restauration de rue et ignore
leur nombre global, même approximatif. C'est pourquoi dans toute la
commune d'arrondissement de Ouakam, seul 80 redevables se sont
régulièrement acquittés de leurs taxes au courant de cette
année 2010. Ce qui est bien loin de la population totale du secteur de
la restauration, au vue du dynamisme de l'activité dans l'espace
communale.
Toutefois, nous essaierons d'estimer les revenus issus de
la restauration de rue au courant de cette année. Pour ce faire, nous
allons dans un premier temps, déterminé une moyenne des
différentes taxes variables. Il s'agit de celles appliquées aux
tanganas et aux restaurants.
Tangana = 5.000 Fcfa + 10.000 Fcfa =
15.000 Fcfa / 2 = 7.500 Fcfa
Restaurant = 25.000 Fcfa + 50.000 Fcfa
= 75.000 Fcfa / 2 = 37.500 Fcfa
Tableau n° 9 : Tableau
d'estimation du revenu de la restauration
Type de restauration
|
Nombre
|
Taxe
(Fcfa)
|
Montant mensuel
(Fcfa)
|
Montant annuel
(Fcfa)
|
Gargote
|
55
|
200
|
330.000
|
3.960.000
|
Tangana
|
10
|
7.500
|
75.000
|
900.000
|
Restaurant
|
12
|
37.500
|
-
|
5.400.000
|
Dibiterie
|
3
|
10.000
|
30.000
|
360.000
|
Total
|
80
|
-
|
435.000
|
10.620.000
|
Source : Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août
2010
Le revenu global annuel de la Mairie de la commune
d'arrondissement de Ouakam avoisinerait 10.620.000 Fcfa. Ce
qui demeure tout à fait marginal par rapport au budget global de
l'année en cours. En effet selon le Service de l'assiette fiscale, il
serait de 450.000.000 Fcfa pour l'année 2010.
Cependant, nous n'avons pas pu enquêter le service de la perception de la
Mairie pour des raisons indépendantes de notre volonté, pour
mieux cerner les recettes réelles de la commune. Toutefois, le ratio du
revenu annuel de la restauration et du budget global de l'année donne
une participation de la restauration de rue à hauteur de
2.36% aux recettes budgétaires de la commune
d'arrondissement de Ouakam. Ce qui est très marginal au vue de
l'importance de l'activité.
L'étude de l'évolution de cette part
demeure difficile du fait de l'absence de document à la Mairie d'une
estimation du nombre total de contribuables dans le secteur de la restauration
de rue, dans les années antérieures. Toutefois, la mairie affirme
avoir subi une baisse du budget de l'année 2010, du fait qu'en 2009 il
était de 502.187.000 Fcfa. Cette situation est
consécutive aux travaux d'agrandissement de la route de Ouakam, dont la
majorité de gargotes et autres occupation de la voie publique a
été déguerpis. La baisse du budget de 52.187.000
Fcfa, soit 10.39% entre 2009 et 2010 laisse penser
à une baisse relative de la part de la restauration de rue. De plus,
avec la crise économique et la crise alimentaire, bon nombre de
restaurateurs ont mis la clef sous le paillasson, du fait des effets
néfastes sur leurs activités.
Par ailleurs, l'estimation de la baisse de cette part se
fera d'une manière particulière. Il s'agira d'abord de trouver la
valeur proportionnelle de la somme perdue par la restauration de rue de 2009
à 2010. Pour ce faire, nous ferons le calcul suivant :
v 10.39 / 100 = 0.1039
v 0.1039 * 10.620.000 Fcfa = 1.103.418
Fcfa
La valeur du montant perdu par la restauration de rue
entre 2009 et 2010 est de 1.103.418 Fcfa. Ensuite, nous allons
calculer le montant de la contribution au budget de l'année 2010 qui a
été perdue par la restauration de rue. Pour ce faire, nous allons
effectuer l'opération suivante :
v 1.103.418 Fcfa + 10.620.000 Fcfa = 11.723.418
Fcfa
La somme de 11.723.418 Fcfa correspond
à la somme que la restauration de rue aurait engendré, s'il n'y
avait pas eut de perte. Sa part dans le budget 2010 aurait été
de :
v 11.723.418 Fcfa / 450.000.000 Fcfa = 0.0260
Le pourcentage correspondant est de : 0.0260 * 100 =
2.60%
La valeur de la perte est donc de :
2.60 % - 2.36% = 0.24%
Ainsi, la Mairie de la commune d'arrondissement de Ouakam
a enregistré une perte de 0.24% des revenus issus de la
restauration de rue entre 2009 et 2010. Cela s'explique par la conjonction des
différents facteurs pré cités. Cette baisse des revenus
bien que marginale, limite tout de même l'action de la mairie en terme
d'investissement ou de fonctionnement.
Par ailleurs, la part de la contribution des revenus de la
restauration dans le budget 2010 (2.36%) de la Mairie est jugée
marginale, au regard du montant global du budget, qui malheureusement demeure
une prévision.
De plus, la plus grande part des revenus qui alimentent le
budget de la Mairie provient de la location des souks
qui sont des grands magasins dans lesquels on retrouve plusieurs
activités (coordonnier, couturier, mercerie...), qui selon le chef de
service de l'assiette fiscale fournissent près de la moitié des
revenus de la Mairie. Ces souks sont localisés au niveau du
marché de Ouakam, qui reste donc une zone stratégique du
recouvrement.
Enfin, le reste des revenus provient de la location des
doms qui sont des grands magasins commerciaux dont la
majorité se trouve au niveau de Ouakam-VDN, qui est également une
zone stratégique de recouvrement.
7.3.2. Payement des taxes
A la différence du recouvrement de la taxe qui
est effectué entre les agents de la perception et de la Mairie, le
payement des taxes concerne les commerçants eux-mêmes. En effet,
il s'agit de faire une sorte d'analyse croisée entre le recouvrement et
le payement des taxes.
Le paiement des taxes à la mairie n'est pas
proportionnel au nombre de commerçants de la restauration de rue. Ce
n'est pas tous les restaurateurs, même ceux présents et visibles
près des voies publics qui s'acquittent de leurs taxes. Cela est
très souvent dû au fait que le recouvrement ne soit pas
effectué à ces endroits, ou simplement à un manque de
volonté de ces commerçants qui remuent tous les arguments
possibles pour ne pas payer des taxes. Ce qui engendre des pertes
énormes à la Mairie car 59% des restaurateurs disent ne pas payer
de taxes, contre 41% qui affirment s'acquitter de leur taxe.
Graphique n°
17 : Paiement des taxes
Source : Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA,
Août 2010
L'une des raisons de ce taux élevé de
personnes qui ne s'acquittent pas de leurs taxes vient du fait que, depuis deux
ans la Mairie ne recouvre plus la nuit sur les spectacles, les restaurants, les
fastfoods etc...., du fait qu'ils n'obtiennent pas l'autorisation du percepteur
receveur qui doit autoriser la mairie à recouvrer. Sans cet accord le
recouvrement ne peut se poursuivre la nuit. Ce qui entraîne une perte
potentielle et considérable. Toutefois, les mesures sont prises pour
qu'au courant de l'année 2011 cela se fasse.
C'est d'autant plus important que 18% exerce le matin
contre 57% à midi et 25% le soir. De plus, la majorité des
contribuables ignorent le rôle joué par le paiement de la taxe de
la Mairie. En effet, 38% ne savent pas à quoi servent les taxes contre
32% qui déclarent qu'elles ne servent à rien, 20% pensent que
c'est pour l'investissement au sein de la commune, contre 10% qui pensent que
c'est pour des opérations sociales.
Ce que certains commerçants des restaurants de rue
ignorent, c'est que le fait de payer les taxes est pour eux, une manière
de contribuer au développement de la commune qui a besoin de toutes les
forces vives, afin d'améliorer les conditions de vie, de santé et
de travail de ses populations. Cela doit normalement se manifester à
travers les investissements consentis par la Mairie. Toutefois, la
participation au développement socio économique passe
également par l'utilisation des procédés
hygiéniques adéquats pour la consommation, afin de
préserver la santé des consommateurs et par voie de
conséquence, celle des populations de la commune d'arrondissement de
Ouakam.
CHAPITRE VIII: PRATIQUE D'HYGIENE DES RESTAURANTS DE
RUE.
Le développement de la commune d'arrondissement
de Ouakam passe nécessairement par la participation de toutes les forces
vives qui constituent sa population. En effet, le développement de la
restauration de rue pose également des problèmes de santé
aux populations. Etant donné que l'homme en général, et le
consommateur des restaurants de rue en particulier, est aussi le
détenteur de la force motrice capable d'impulser le développement
économique de la commune, nous avons jugé utile d'identifier les
risques liés à la santé des consommateurs de ces
restaurants de rue.
Toutefois, avant de rentrer dans le sujet proprement dit,
nous allons procéder à un bref rappel des liens étroits
existants entre santé et développement socio économique.
De ce fait, l'existence de bonnes pratiques d'hygiène agit positivement
sur la santé qui elle, favorise le développement
économique. La pauvreté va invariablement de pair avec
l'ignorance et la maladie. Il existe une corrélation positive entre le
revenu par habitant, le niveau de vie et l'état de santé.
En revanche, ce qu'il faut retenir c'est que la
santé est une condition préalable au développement socio
économique. Certaines des justifications qui permettent de confirmer
cette assertion sont résumées ci-dessus. Ainsi, un bon
état de santé des populations permet :
ü Une réduction de l'absentéisme et, donc,
une augmentation du nombre d'heures de travail et d'études ;
ü Une amélioration de la qualité et du
rendement de la force de travail disponible ;
ü La possibilité de développer des zones ou
des régions jusque là inhabitées ;
ü Des changements dans les attitudes, les habitudes et
les comportements des gens et par conséquent, la promotion de l'esprit
d'innovation et d'initiative (ces deux « qualités »
favorisent la création des activités génératrices
de revenus ou de croissance) ;
ü L'interaction synergique et conjugué de la
santé et de la nutrition peut donner aux individus une capacité
accrue de travail régulier sans épuisement et donc plus de
perspectives d'emploi ; le revenu régulier qu'assure une meilleure
capacité individuelle de travail peut permettre à tout membre de
la population d'accroître et de maintenir un niveau régulier de
consommation ; cet accroissement du pouvoir d'achat peut lui-même
être le début d'un processus de développement socio
économique ;
ü Le développement mental que traduit,
l'amélioration de la capacité d'apprendre, facilite le
développement du capital humain.
Tout cela pour dire qu'avec le développement des
restaurants de rue, et leur contribution au développement socio
économique de la commune, l'utilisation de mauvais
procédés ou pratique d'hygiène peut constituer un frein au
développement socio économique de la commune d'arrondissement de
Ouakam.
8.1. Les facteurs de risque liés à
la santé des consommateurs
Les plats des restaurants de rue sont sujets à
divers types de risques de contamination (microbienne, parasitaire, physique,
chimique) qui les rendent parfois dangereux pour le consommateur; d'où
la nécessité d'évaluer et de maîtriser les dangers
potentiels pouvant constituer des freins à la qualité sanitaire
des aliments.
En effet, des mesures d'hygiène sont donc
indispensables pour limiter les risques de contamination. Les conditions et
pratiques non hygiéniques qui favorisent ces risques impliquent les
opérateurs, les consommateurs, les lieux et matériels de
préparation et de vente et les matières premières
transformées.
Les facteurs de risque associés à
l'alimentation sont assez nombreux et variés et comprennent
principalement:
· L'utilisation d'eau souillée;
· L'utilisation de matières premières
polluées ou mal lavées;
· L'emploi de matériels de travail
souillés;
· La préparation ou la vente des aliments dans un
environnement peu hygiénique ou inadapté;
· L'utilisation d'emballages souillés;
· La non protection des aliments des contaminations
extérieures;
· Les mauvaises conditions de stockage et de
conservation;
· L'utilisation d'un petit nombre de pots ou
d'assiettes;
· L'hygiène et la santé défectueuses
des opérateurs;
· Les divers autres comportements et pratiques non
hygiéniques des opérateurs et des
consommateurs (malpropreté du corps, tenue
vestimentaire inappropriée, mauvaises habitudes comportementales lors de
la préparation, de la vente et de la consommation des aliments,
etc.).
Il apparaît donc que les risques existent
à plusieurs niveaux. Toutefois, nous nous intéresserons à
l'hygiène et à la santé des vendeurs, aux conditions de
préparation, à la protection des aliments, leur conditionnement,
ainsi que le rôle joué par le Service d'hygiène dans le
contrôle desdits restaurants de rue.
8.1.1. Au niveau des
vendeurs
8.1.1.1 Possession d'un certificat
médical
Graphique n° 18 :
Possession d'un certificat médical
Source :
Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août 2010
Le commerçant des restaurants de rue quelque soit
son type, est le premier responsable de l'hygiène et de la
qualité des aliments qu'il propose aux consommateurs. A ce titre, il
doit présenter une hygiène et une santé saine. Or, ce
n'est pas toujours le cas. En effet, 58% des commerçants ne
possèdent pas de certificats médicaux, contre 42% qui en
bénéficient. Cette situation est d'abord due à l'ignorance
de l'importance de la possession de ce certificat médical par les
commerçants, et au fait, qu'en l'absence de signe clinique de maladie
(absence de symptômes manifeste de maladie), ils croient être en
bonne santé.
L'autre raison vient du fait qu'ils ignorent qu'un
être humain héberge naturellement une flore microbienne importante
située au niveau de la peau, du nez, de la bouche et du tube digestif.
Cette flore comprend des germes banaux, mais aussi des germes potentiellement
dangereux dits pathogènes. Les personnes abritant ces germes peuvent
être malades de façon continue ou de façon occasionnelle.
L'absence de symptômes visibles peut rendre l'émission des germes
discontinue et imprévisible. De ce fait l'hygiène corporelle est
donc primordiale pour limiter les risques de contamination.
Toutefois, l'absence de certificat médical chez
certains restaurateurs dont la majorité est dans des gargotes ou des
tanganas, n'est pas le seul indice susceptible de nuire à la
santé des consommateurs. Il y a également l'hygiène
corporelle.
8.1.1.2. Effets de l'hygiène
corporelle
La manipulation des aliments est directement faite
à la main. De ce fait, l'hygiène des mains est une condition
préalable à qualité des plats proposés. C'est
pourquoi, à la question de savoir après combien de temps ces
restaurateurs se coupent les ongles, les réponses données
révèlent une moyenne de 10 jours. Ce qui laisse largement le
temps aux ongles de pousser et aux bactéries de s'installer. De plus,
26% d'entre eux affirme porter leurs bagues pendant la vente des plats. Ce qui
expose les consommateurs à plusieurs sortes de bactéries.
Les femmes qui sont les plus nombreuses dans le secteur,
et qui généralement ont bénéficié de la
transmission des valeurs traditionnelles de préparation de plats
semblent tout de même présenter quelques signes d'éveil de
conscience. En effet, 85% d'entre elles portent un foulard de tête au
moment de la préparation, contre 15% qui n'en portent pas. Cela est
certainement dû à la transmission de certaine valeurs culturelles,
et au fait que la présence des cheveux dans les plats soit facilement
remarquable, et constitue généralement un motif de
désengagement de la clientèle en cas de constat dans le plat
présenté.
Enfin, 93% des restaurateurs de rue n'utilisent pas de
tenue spéciale pour la préparation, contre 7% qui en utilise. Les
tenues utilisées sont généralement des blouses et des
tabliers. Toutefois, 52% d'entre elles étaient moyennement propre au
moment de l'enquête, contre 25% qui présentaient un aspect sale et
23% qui avaient l'air propres. L'état de ces tenues a été
déterminé par observation direct durant l'enquête.
8.1.2. Au niveau des conditions de
préparation
Les conditions de préparation sont également
un facteur déterminant de la qualité des plats des restaurants de
rue. En effet, lorsque les commerçants des restaurants de rue
s'installent dans un milieu rempli de poussières et
caractérisé par la proximité de dépôts
d'ordures, d'eaux usées et de toilettes qui favorisent la
prolifération des mouches, des moustiques, des cafards, des souris,
etc., les produits offerts sont assurément contaminés. Les
animaux, les insectes et autres impuretés vont véhiculer sur les
produits divers agents de contamination. C'est pourquoi, il est
préférable pour un vendeur de plat de s'installer dans un
environnement propice à la pratique de son activité afin que le
milieu garantisse une certaine assurance au consommateur.
Graphique
n°19 : Etat du matériel utilisé
Source : Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août
2010
Dans les conditions de préparation, l'état
du matériel utilisé est aussi important que le lieu de
préparation et son environnement, ainsi que les conditions de stockage
des matières premières. Le matériel utilisé par les
restaurants de rue (marmites, assiettes, cuillères, fourchettes, et
couteaux), est relativement bon. En effet, 54% du matériel est assez
bon, 25% bon, contre 14% mauvais et 8% vétuste. Cependant, les
conditions de stockage ne sont pas aussi fiables. Ainsi, 62% utilisent des sacs
plastiques pour stocker certaines matières premières, contre 38%
qui utilisent des cartons. Les mauvaises conditions de stockage et de
conservation favorisent la prolifération des germes, la pollution et la
dégradation des aliments. En général, les vendeurs ne
disposent ni de réfrigérateur, ni de congélateur pour la
conservation. Toutefois, la protection des aliments reste également
précaire. Ainsi, seul 36% des restaurateurs utilisent des bols pour la
protection des aliments contre les mouches et la poussière, tandis que
42% utilisent du papier journal et 22% du papier ciment. Toutefois, il convient
de noter que les deux derniers moyens de protection sont des potentiels
transporteurs d'éléments physiques ou chimiques susceptibles de
contaminer les aliments.
8.1.3. Visite du service
d'hygiène
Graphique n°20 : Visite
du service d'hygiène
Source : Enquête Ulrich LEYINDA, ENEA, Août
2010
Le service d'hygiène est celui qui s'occupe de
tout ce qui concerne l'hygiène au niveau du pays. Toutefois, il s'agira
de vérifier si sa présence est effective sur le terrain, afin de
vérifier s'il est actif au niveau de la commune d'arrondissement de
Ouakam.
A la question de savoir si le service d'hygiène
est déjà passé dans leur restaurant, les
commerçants de la restauration de rue ont en majorité
répondu par l'affirmatif. En effet, 53% des restaurateurs ont
affirmé avoir reçu la visite du service d'hygiène, contre
47% qui ont déclaré n'avoir jamais reçu le service
d'hygiène. Par contre, 39% d'entre eux ont jugé ces visites
agréables, tandis que 28% les ont considéré comme
désagréables et 33% inopportunes.
Cependant, le service d'hygiène devrait faire des
visites plus régulières et plus pointus car d'après le
constat effectué sur le terrain, il faudra plus de rigueur dans le
traitement de certains cas qui devrait être interdits de
préparation, afin de sauvegarder la santé des consommateurs, et
par voie de conséquence celle de la population de la commune
d'arrondissement de Ouakam.
8.1.4. Maladies liées à la
restauration de rue
Le manque d'hygiène, les mauvaises conditions de
préparation, et l'absence de protection des aliments peuvent conduire
à une contamination du consommateur. Cette contamination expose le
consommateur à plusieurs maladies. Nos investigations auprès du
centre de santé de Ouakam révèle que la consommation de
produits contaminés par les microbes conduit à diverses
affections. Les plus fréquentes sont les indigestions, vomissements,
diarrhées, dysenterie, choléra, typhoïde, paratyphoïde,
hépatite, tuberculose, parasitose, etc.
Plusieurs substances chimiques (métaux lourds,
additifs chimiques non autorisés, résidus de pesticides et de
produits vétérinaires), introduites intentionnellement ou non
dans les aliments de rue se révèlent toxiques. L'ingestion de ces
substances à travers les aliments est à l'origine de divers
troubles et affections: allergies, anémies, albuminurie,
hépatite, tumeurs, etc.
C'est pourquoi, il est préférable de
prendre ses précautions en respectant les bases fondamentales
d'hygiène qui puisse nous permettre de rester à l'abri de toutes
ces maladies lorsque nous fréquentons ces restaurants de rue, tout en
espérant que les vendeurs fassent autant.
À RETENIR
CHAPITRE IX : RECOMMANDATIONS
Après avoir procéder à l'analyse
de nos résultats, nous avons constaté plusieurs insuffisances au
plan technique, organisationnel, financier et sanitaire. En effet, pour pallier
à certaines d'entre elles, nous avons jugé utile de faire
quelques recommandations qui, nous l'espérons pourront contribuer,
à l'amélioration de ce secteur important dans le renforcement de
la sécurité alimentaire. Pour ce faire, nous allons
émettre des recommandations générales et
spécifiques.
9.1. Recommandations
générales
Ø Améliorer le niveau de
formation
Un bon niveau de formation est une condition
indispensable à une meilleure gestion des activités commerciales
des restaurants de rue. En effet, le faible niveau de formation qui existe dans
ce secteur, pose problème au niveau de la légitimité
auprès des autorités locales, avec l'absence de
professionnalisation du secteur. De ce fait, une amélioration du niveau
de formation pourra permettre d'en améliorer le rendement, qui est
indispensable à une augmentation des revenus de l'activité.
Ø Renforcer les capacités de gestion des
restaurateurs de rue
Les faiblesses relevées sur le plan technique,
empêchent aux acteurs de la restauration de bien gérer leur
entreprise. En effet, leur faible niveau d'instruction ne leur permet pas de
maitriser certains rouages relatifs à la gestion d'une activité
commerciale. De ce fait, il s'emble impératif de renforcer leur
capacité de gestion, en les formant dans les domaines où ils
éprouvent des difficultés, en améliorant leur cadre de
travail, en modernisant le matériel de production.
Ø Améliorer l'accès au
financement par la mise en place de mécanismes de financement
adaptés aux besoins des commerçants de rue
Le développement du commerce de la restauration
de rue dépend de sa capacité à mobiliser les ressources
pour financer son investissement. Le restaurateur doit être donc capable
d'épargner, de solliciter des crédits et les rembourser dans les
délais. Cependant, à cause du caractère informel de
l'activité, les structures financières à l'occurrence les
banques, refusent d'octroyer des prêts aux restaurateurs car ils n'ont
aucun document attestant de leur solvabilité ou de la rentabilité
de leurs activités. Par ailleurs, dans certaines mutuelles de
crédits, le plafond de crédit est trop bas et le taux
d'intérêt appliqué au prêt est très
élevé. De ce fait, il est nécessaire de mettre en place
des dispositifs de financement adaptés aux réalités des
commerçants des restaurants de rue par la mise en place des structures
financières qui répondent à leurs besoins. Par ces
mécanismes on verra alors le volume des crédits consentis aux
artisans en hausse. De plus, dans le long terme, il faudra les encourager
à être autonome, en finançant par leur épargne leur
investissement. Pour ce faire, il faut que les restaurateurs puissent
dégager un résultat net important.
Ø Augmenter la part de la contribution du
secteur dans le budget communale.
La contribution du secteur de l'alimentation de rue dans
le budget communale reste marginale. Or cette contribution participe d'une
manière ou d'une autre au développement de la commune. C'est
pourquoi, il est plus que nécessaire d'en améliorer les
techniques de recouvrement afin d'augmenter sa par de contribution dans le
budget, et par voie de conséquence, dans le développement de la
commune.
Ø Améliorer l'hygiène et la
qualité des aliments.
L'amélioration de l'hygiène est
indispensable à celle de la qualité des aliments. Une bonne
qualité d'aliments peut entraîner une amélioration de la
qualité nutritive qui elle, peut garantir une bonne santé aux
consommateurs. Or, nous savons qu'une bonne santé est une condition
préalable au développement. C'est pourquoi, il est essentiel
d'améliorer également l'environnement dans lequel les
consommateurs se restaurent, afin de garantir une alimentation saine et
nutritive, pour une bonne santé de l'organisme.
9.2. Recommandations
spécifiques
Les recommandations spécifiques seront
traitées dans un tableau pour plus de clarté. Il comprend cinq
(5) colonnes qui traitent des recommandations générales,
spécifiques, des activités et des résultats attendus.
Tableau n° 10 : Recommandations
spécifiques
Recommandations générales
|
Recommandations spécifiques
|
Activités
|
Acteurs
|
Résultats attendus
|
- Améliorer la situation
professionnelle des restaurateurs de rue
|
- Améliorer le niveau d'instruction.
|
-Organiser des sessions de formation en commerce.
-Organiser des sessions de formation en restauration.
-Effectuer des sessions d'alphabétisation
fonctionnelle.
|
-Etat
-ONG
-Restaurateurs de rue.
|
-Amélioration des capacités managériales
des restaurateurs de rue.
- Alphabétisation des restaurateurs de rue.
|
Renforcer les capacités de gestion des
restaurateurs de rue.
|
-Assurer le perfectionnement technique des restaurateurs de
rue.
|
-Réaliser des formations en comptabilité.
-Organiser des formations en marketing.
|
-Etat
-ONG
-Restaurateurs de rue.
|
- Amélioration du système de gestion
financière
-Renforcement de la proximité avec les
consommateurs.
|
Améliorer l'accès au financement par la
mise en place de mécanismes de financement adaptés aux besoins
des commerçants de rue
|
-Faciliter aux restaurateurs de rue l'accès au
crédit.
|
-Mettre en place une mutuelle pour les restaurateurs de rue de
la CAO.
-Sensibiliser les restaurateurs sur l'importance de
l'adhésion aux mutuelles d'épargne et de crédit.
-Signer des accords avec les institutions
financières
-Augmenter les plafonds des prêts.
-Organiser les restaurateurs de rue en association ou en
GIE.
|
-Etat
-Ministère de l'économie et des finances
-ONG
-Restaurateurs de rue.
|
-Augmentation du niveau d'épargne.
-Augmentation du nombre de restaurateurs
bénéficiaires d'un crédit.
-Augmentation du niveau d'investissement des
restaurateurs.
|
Augmenter la part de la contribution du secteur dans
le budget communale.
|
-Améliorer le recouvrement des taxes de la Mairie
|
-Faire un recensement exhaustif des acteurs de la restauration de
rue.
-Faire des contrôles périodiques.
-Créer des terrains aménagés
|
-Mairie
-Perception
-Restaurateurs de rue
|
-Amélioration du montant global des taxes issues de la
restauration de rue
-Etablissement d'un fichier informatisé des redevables.
-Amélioration du cadre de vente.
|
Améliorer l'hygiène et la qualité
des aliments.
|
-Améliorer l'hygiène corporelle des restaurateurs
de rue.
-Assainir l'environnement de vente.
-Améliorer la qualité des aliments.
|
-Réaliser des sessions de formation sur les pratiques
d'hygiène.
-Construir des latrines aux restaurants de rue.
-Construir des bornes fontaine.
-Contrôler systématiquement les aliments par les
services compétents.
-Subventionner le matériel de production pour la
protection des aliments.
|
-Etat
-Direction du Service d'hygiène
-ONG
-Restaurateurs de rue
|
-Réduction des bactéries et autres parasites de
contamination
-Amélioration du cadre de vente et de consommation.
-Fermeture immédiate des restaurants de rue dont la
qualité des aliments s'avère douteuse.
-Amélioration de la protection des aliments
-Achat du matériel adéquat pour la protection des
aliments des attaquent extérieures.
|
CONCLUSION
En somme, nous pouvons dire que le secteur de la
restauration de rue mérite d'être davantage valorisé au
regard de l'importance qu'il revêt. En effet, il joue un rôle
capital dans le renforcement de la sécurité alimentaire,
participe de manière non négligeable aux défis socio
économiques des populations les plus démunis, et est un gage de
dynamique économique des communes.
Pour que la pratique de cette activité demeure et
s'accroisse davantage du fait de son caractère indispensable de nos
jours, il convenait d'étudier ses caractéristiques et de voir le
rôle qu'elle joue au niveau de la société. Ainsi notre
étude a porté sur la commune d'arrondissement de Ouakam du fait
de sa position stratégique dans le développement de la
région de Dakar. Pour ce faire, nous avons analysé le rôle
social et économique de la restauration de rue dans le
développement de la commune, en nous fixant trois objectifs à
l'intérieur desquels nous avons tiré les trois
hypothèses suivantes :
v Les vendeurs des restaurants de rue de la commune
d'arrondissement de Ouakam voient leur niveau de vie s'améliorer
grâce à leur activité.
v Le commerce de la restauration de rue constitue une
plus-value pour la mairie de Ouakam.
v Les vendeurs des restaurants de rue de la commune
d'arrondissement de Ouakam utilisent des procédés
hygiéniques adéquats pour la consommation.
L'analyse de ces hypothèses nous amène
à conclure que le commerce de la restauration de rue joue un rôle
économique et social dans le développement de la CAO. En effet,
les résultats de notre recherche démontrent qu'il intervient
à différents niveau. D'abord au niveau des commerçants,
ensuite au niveau de la commune et enfin au niveau de l'ensemble des
populations de la commune. L'étude de la rentabilité de
l'activité montre que le niveau de rentabilité existe même
s'il est moyen et cache des disparités. En revanche, il permet aux
commerçants d'accéder aux services sociaux de bases tels que se
loger, se nourrir, s'habiller, accéder à la santé,
à l'éducation, à l'eau et à
l'électricité. Ce qui améliore nettement leur niveau de
vie malgré les disparités observées chez certains d'entre
eux. De plus, une bonne partie des commerçants (41%) payent des taxes,
ce qui nous amène à confirmer nos deux premières
hypothèses.
Ce qu'il faut néanmoins souligner, c'est le
faible niveau de formation qui entraîne un manque de professionnalisation
du secteur, ainsi qu'un faible niveau d'organisation. Le faible niveau
d'accès au financement freine la capacité d'investissement de ces
commerçants qui ont du mal à accroître leur activité
et augmenter leur rentabilité. Paradoxalement, les restaurateurs de rue
arrivent à épargner (80%), mais cette épargne demeure
insuffisante et ne permet à ces restaurateurs que de subvenir à
leurs besoins les plus immédiats (service sociaux de base). La quasi
absence d'appartenance à une association laisse penser à une
dispersion des forces et à un individualisme marqué dans la
gestion de l'activité. Ce qui les rend vulnérables face aux
situations conjoncturelles susceptibles de survenir.
Aussi, la part de la contribution du secteur dans le
budget communal est réelle mais jugée marginale du fait, d'un
système de recouvrement peu adapté à la
spécificité du fait alimentaire. En effet, la mobilité de
certains acteurs complique la tâche aux agents du recouvrement, qui
parfois effectue un recouvrement à l'aveuglette, malgré quelques
acteurs identifiés. Le nombre des restaurateurs de rue qui payent les
taxes est loin de refléter le dynamisme de l'activité dans la
commune. Ce qui engendre d'énormes pertes financières à la
Mairie.
Par ailleurs, au niveau sanitaire l'absence de latrines,
les mauvaises conditions de stockage, les problèmes d'hygiène
corporelle et le faible niveau du matériel, nous amène à
infirmer la dernière hypothèse sur l'utilisation des
procédés adéquats pour la consommation. C'est pourquoi
nous pouvons affirmer qu'il y a beaucoup d'opportunités, mais que force
est de reconnaître qu'il y a de nombreux maux à corriger.
Face à tous ces maux nous proposons dans un
premier temps d'améliorer le niveau d'instruction, à travers des
sessions de formation pour une professionnalisation progressive du secteur, un
renforcement des capacités, une amélioration de l'accès au
financement adaptés aux commerce des restaurants de rue, et dans un
second temps, une augmentation de la part de contribution du secteur au budget
communal, ainsi qu'une amélioration de l'hygiène et de la
qualité des aliments.
BIBLIOGRAPHIE
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