PREMIÈRE PARTIE : APPROCHE METHODOLOGIQUE ET
THEORIQUE DE LA CRISE ÉNERGÉTIQUE AU CAMEROUN : CAUSES,
MANIFESTATIONS ET CONSÉQUENCES
La production industrielle au Cameroun est fortement
perturbée par les difficultés d'approvisionnement de
l'énergie électrique. Une étude17(*) a révélé
que les dépenses relatives à l'électricité dans les
entreprises industrielles au Cameroun ont quintuplées du fait des
délestages et interruptions de l'énergie électrique. Les
pertes de production ont été estimées à 91,5
millions d'Euros/an dans les entreprises industrielles à cause des
difficultés d'approvisionnement en électricité. Pour le
groupement inter patronal du Cameroun (GICAM), la crise
énergétique actuelle explique en grande partie le ralentissement
de la production, malgré l'existence d'une demande en nette progression.
Face à ce désastre économique qui s'annonce, la question
qu'on se pose est celle de savoir comment en ait on arrivé la ?
Seul un état des lieux de la crise à travers ses causes, ses
manifestations et conséquences (chapitre2) pourra nous situer sur cette
question. La Théorie de la planification ou du développement en
matière de relance énergétique dont le PDSE constitue
la boussole du secteur sera abordée au chapitre 3. Mais avant, il
convient de présenter la méthode choisie, qui guidera toute notre
étude (chapitre 1).
CHAPITRE 1 : LE CADRE METHODOLOGIQUE
« La méthode est constituée de
l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline
cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les
démontre, les vérifie18(*) ». Il s'agit d'un schéma explicatif
et comme le précise A.Kaplan : « le propre de la
méthode, est d'aider à comprendre au sens le plus large, non les
résultats de la recherche scientifique, mais le processus de la
recherche lui-même ».19(*)
Pour répondre à la problématique
posée et vérifier les hypothèses émises, nous avons
opté pour une approche méthodologique souple et qualitative.
Approche orientée vers la qualité de l'information
collectée. Cette orientation méthodologique s'est imposée
d'elle-même en raison de la sensibilité de la problématique
posée, de l'absence d'une base de données fiables et
actualisées, et surtout en raison de l'influence des facteurs
« cachés » dont l'approche directe (sondage par
exemple), ne permet aucunement de les déceler.
C'est ainsi que nous avons fais appel à l'entretien
libre, le Focus Group Discussion et le questionnement en plus de l'observation
participante et le témoignage, en raison de notre passage dans la
structure comme stagiaire pendant six mois. L'échantillon lui même
a été construit en fonction de l'approche méthodologique
globale et surtout en vue de collecter les informations fiables. Cette approche
permet de découvrir les aspects enchevêtrés de cette
problématique qui, selon nos recherches, n'a fait l'objet d'aucune
étude scientifique.
1- PRESENTATION DES
HYPOTHESES
« L'hypothèse
écrit Madeleine Grawitz, est une proposition de réponse à
la question posée. Elle tend à formuler une relation entre les
faits significatifs, elle permet de les sélectionner et de les
interpréter »20(*)
Dans le cas de la présente réflexion, notre
raisonnement sera guidé par une hypothèse principale et une
hypothèse secondaire.
1.1 Hypothèse
Principale
La création d'EDC,
tout comme la CAMWATER est un signal fort du Gouvernement camerounais au plus
haut niveau, de reprendre la maîtrise des secteurs clés de
l'économie, après la période des privatisations.
Cette option stratégique marque une réelle
avancée du point de vue d'un retour à
l'expertise nationale, en matière de gestion de l'énergie
électrique par une entreprise publique. Cependant, l'absence d'une
vision partagée entre le Gouvernement et l'équipe
managériale d'EDC d'une part, et d'autre part, entre celle-ci et son
personnel pourrait rendre difficile la réalisation de ses missions. Pour
ainsi dire, la vision de faire d'EDC une entreprise productive et performante
n'est pas partagée par l'ensemble des parties prenantes.
* 17 T. Tamo
Tatietse, A. Kemajou, B.S. Diboma: Offre
d'électricité et développement des entreprises
industrielles au Cameroun.
* 18 M.GRAWITZ, op.cit,
p.351.
* 19 A.KAPLAN, The Conduct
of Inquiry. Methodology for Beheavioural Science, San Francisco, Chandler ed,
1964. Cité par M.GRAWITZ, op. cit,p.15
* 20 M. GRAWITTZ,
Méthodes des sciences sociales, Paris, Dallos, 11è éd.,
2001, p.13.
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