EDC ( Electricity Developpment Corporation ) et la relance du pool énergétique camerounais: enjeux et perspectives

B. Justification du sujet

Au temps de l'insouciance succède désormais le temps des inquiétudes. Ceci nous a conduits à s'interroger sur la solution au déficit énergétique et sur la pertinence du Plan de Développement du Secteur de l'Electricité à l'horizon 2030. Envisagé par le gouvernement camerounais comme le cadre de référence et d'orientation de la politique énergétique, ce plan accuse aujourd'hui un grand retard dans sa mise en oeuvre. Il s'agit pour nous dans la présente réflexion, de ressortir la contribution de la société de patrimoine qu'EDC à ce vaste plan de développement du secteur de l'électricité et partant d'évaluer sa capacité à pourvoir mener à bien les missions qui lui sont assignées, à savoir la relance du pool énergétique camerounais.

Sous l'intitulé, EDC et la relance du pool énergétique Camerounais : enjeux et perspectives, l'occasion nous est donnée de faire ressortir à la lumière des insuffisances de la privatisation de la SONEL, les enjeux de la création de EDC et sa capacité à pouvoir contribuer à la résolution de la crise énergétique au Cameroun. Ceci dans un contexte où le recours à la Banque Mondiale et au Fond Monétaire International hypothèque la souveraineté des États et les rendent dépendantes de la politique économique, imposée par les bailleurs de fonds.

C. Intérêt du sujet

Le sujet ci-dessus tel que libellé revêt un intérêt multiple. En réalité, à l'intérêt d'actualité s'ajoutent :

L'Intérêt politique dans la mesure où le Président de la République du Cameroun, S.E Paul BIYA à fait de la résolution de la crise énergétique sa priorité. D'ailleurs l'un des scénarii^7(*) de sortie de crise envisagés par le Plan de Développement du Secteur de l'Electricité à l'horizon 2030 (PDSE-2030) porte son slogan de campagne à l'élection présidentielle d'octobre 2004.

Intérêt géostratégique. L'histoire de l'énergie est une histoire violente, ponctuée par les tensions entre les compagnies pétrolières ou gazières et les États. Cette histoire est également ponctuée par les guerres économiques ou militaires entre les pays, par les crises ou les conflits territoriaux. Les questions énergétiques font surgir des revendications territoriales, font également apparaître de nouveaux rapports de force, justifient des alliances ou des coopérations. Elles pèsent souvent d'un poids décisif dans la définition de l'ordre du monde.

Intérêt économique. Le secteur de l'énergie, en raison de son caractère vital pour les économies, reste un des vecteurs de la croissance. Le développement industriel du pays est tributaire du secteur énergétique. Bien que n'étant pas le principal consommateur avec seulement 5%, le déficit énergétique actuel plombe le tissu industriel. Cette réflexion vient montrer l'impact sur la croissance économique et susciter la crainte de l'éloignement de l'atteinte des Objectifs du Millénaire.

Intérêt scientifique : dans la mesure où cette réflexion vient élargir les champs d'investigation scientifique relatifs aux différents aspects de la privatisation, de l'efficacité dans la gestion et la performance des entreprises publiques. Elle s'inscrit d'une part, dans la logique des études qui posent le partenariat mondial comme paradigme^8(*) et d'autre part, dans le champ de l'économie politique internationale.

I. DONNÉES DU PROBLÈME

Nous nous attarderons ici sur l'état de la question par un exposé de la revue de la littérature relative à notre thématique(A), puis nous en préciserons la problématique(B) et les hypothèses qui soutiendront notre réflexion(C).

* ⁷ Quatre scénarii de la demande électrique ont été établis à partir des scénarii de la croissance économique et des différents discriminants de la demande. On a les scenarii minimal, bas, moyen et grande ambitions

* ⁸ Y.A.CHOULA, « L'Afrique dans le nouveau partenariat international enjeux de civilisation et de puissance », études internationales, volume XXXN, N°1, mars 2003.