CONCLUSION ET PERSPECTIVES
L'étude sur la pérennisation des acquis des ONG
locales de développement dans les pays en voie de développement
est une question d'actualité, en ce sens que leur intervention dans le
développement durable est de nos jours l'une des principales
stratégies de réduction de la paupérisation grandissante
des communautés locales. L'Etat n'étant pas en mesure de
résoudre tous les problèmes auxquels les populations à la
base sont confrontées. Il s'avère nécessaire de faire
appel à d'autres partenaires qu'ils soient local, national ou
international afin de relever le défi dont il est confronté dans
le domaine du développement en général et en particulier
sur celui local.
Il est évident depuis que les Etats Africains ont rendu
effective la politique de la décentralisation, les ONG locales ont
participé de façon très considérable et
significative à l'amélioration des conditions de vie et de
travail des populations de leurs zones d'intervention. C'est ainsi notre
étude s'est alors, intéressé à saisir les
déterminants qui ont prévalu à la perte ou à la
préservation des acquis des ONG locales de développement en
procédant à une étude de contraste entre deux ONG ;
une qui a su effectivement pérenniser ces acquis et une autre qui
après quelques années d'exercice a presque tout perdu.
L'étude est partie de l'objectif recherche suivant
produire des connaissances pour une meilleure compréhension des
déterminants qui président la non pérennisation des acquis
des ONG locales de développement après le retrait des bailleurs
de fond. Pour rendre la question de recherche
opérationnelle, nous sommes partis de l'hypothèse selon
laquelle les difficultés de pérennisation des
acquis des ONG locales de développement dans la Préfecture de
Kankan résulteraient des stratégies de mise en oeuvre ou aux
mentalités locales.
Pour vérifier cette hypothèse et aboutir
à une conclusion nous avons utilisé l'approches qualitative et
qui a été beaucoup privilégiée par apport à
celle quantitative, avec pour instrument de collecte des données
l'entretien individuel semi- dirigé, accompagné de quelques
groupe de discussion et d'une exploration documentaire. Cinq concepts et cinq
théories ont été utilisés pour saisir le sens
profond du sujet et pour savoir quels sont les postulats que les chercheurs
prédécesseurs ont utilisés pour décrire la
pérennisation des ONG en matière de développement durable.
Les résultats auxquels l'étude a abouti sont
très mitigés. Ils montrent que les mentalités locales ne
pèsent pas moins lourd sur la non pérennisation des acquis des
ONG locales de développement ; mais cet état de fait qui du
moins reste très visible dans la zone d'étude est essentiellement
dû à des déterminants économiques mais aussi
à la politique en vigueur en matière de création,
structure et fonctionnement des ONG et enfin de la politique interne de chacune
d'elles.
Par exemple dans le cas positif de notre étude, la plus
part des actions sont initiées et soutenues à l'interne. Et l'ONG
a eu une certaine performance en gouvernance interne, technique et financier
qui lui confère une grande marge de confiance non seulement entre elle
et les bailleurs de fond nationaux et internationaux mais aussi entre elle et
les communautés bénéficiaires.
Cette crédibilité qui l'APROFIG a acquis lui a
conféré le statut de consultatif au niveau régional dans
le domaine sectoriel de l'éducation pour le recrutement, le maintien, la
réussite et la parité entre fille et garçon à
l'école mais aussi à l'insertion socioprofessionnelle des
déscolarisés etc. Au près des bailleurs, elle a eu la
qualification d'ONG spécialiste en éducation et genre avec
mention de satisfaction.
Par contre avec l'ABS, les actions n'ont du tout perdurent.
Très tôt il y avait régné un fiasco
économique et institutionnel décrédibilisant. Selon les
personnes au près desquelles nous avons réalisé les
entretiens, l'ONG a commencé à perdre ces acquis pendant
même sa phase active c'est celle de l'exécution de ses
activités. Là les déterminants les plus cités sont
la mauvaise gestion des ressources tant financière, technique qu'humaine
de l'association. Quelques enquêtés ont indiqué que
l'esprit du mouvement associatif a été mal compris au
début. On a confondu tout et les ONG furent vues comme leur emploi de
dernière chance qu'il ne faut pas du rater.
D'aucuns membres fondateurs ont considéré les
ONG comme des comptoirs d'affaire où il faut venir puiser des revenus
dans `'un plateau d'or''. Les autres personnels voient en l'ONG une
autre gigantesque agence d'emploi qui rémunère mieux que l'Etat.
Principalement trois facteurs ont prévalu à la perte des acquis
de l'ONG BATE SABATI :
· les facteurs institutionnels ;
· les facteurs économiques ou financiers ;
· les facteurs politiques ;
· les facteurs humains.
Au terme de cette étude, nous sommes conscients qu'elle
est loin d'être exhaustive ; cependant, elle constitue pour nous une
base pour des études futures pour la Thèse, sur la
compréhension de la pérennisation des acquis des ONG. Comme dans
toute recherche, nous avons été confrontés à
quelques difficultés :
· celles d'être en contact avec des personnes
ressources capables de nous fournir des informations nécessaires en
matière de pérennisation ; notamment certains responsables
et agents des ONG, les membres des OSC, les agents des structures
déconcentrés et décentralisés de l'Etat.
· Les difficultés financières car au moment
où nous commencions cette étude, nous n'avons
bénéficié d'aucune assistance financière or n'a ton
pas dit la recherche nécessite trois efforts : physique,
intellectuel et économique si on détenait les deux premiers le
troisième en manquait considérablement mais au prix de tous les
sacrifices nous avons pu arriver à ces résultats.
· Nous avons été confronté
à d'énormes difficultés concernant la bibliographie
relative au champ étudié. Au fur et à mesure
que nous progressions dans le travail, la limitation documentaire
apparaissait comme un handicap sérieux.
· Une production timide de certains documents de
travail et leur accès difficile. Il n'y a quasiment pas d'ouvrages
guinéens consacrés à l'analyse de la question de
pérennisation des acquis des ONG locales de développement en
Guinée. Des rapports, il en existe mais c'est peu.
Il est apparu que les interventions sont de plus en plus
liées à des opportunités, à des convictions,
à des savoirs faire qu'à une analyse stratégique des
enjeux nationaux ou de la politique national de développement. Il ne
semble pas y avoir, au niveau des ONG, un travail d'analyse stratégique
vers les enjeux du développement pour l'avenir.
Les champs d'intervention des différentes ONG semblent
donc être guidés soit par les opportunités de financement
d'un bailleur même si cela ne colle pas aux objectifs d'une ONG ou de sa
vocation (tuteurage, lutte contre le SIDA, protection des femmes et des
enfants, de l'environnement...), des savoir faire techniques antérieurs
(agriculture, crédit...), des convictions (aider les filles et les
enfants,...) donc elles évoluent au grès du vent.
Pour assurer à bien la viabilité
ou la pérennité des acquis des ONG locales de
développement, on doit pouvoir établir que les activités
de ces acteurs non gouvernementaux sont ou seraient plus proches des attentes
des populations et qu'elles offrent des opérations et des
mécanismes viables reproductibles ou généralisables.
L'action des ONG au niveau national, a souvent été relayée
par celles d'ONG extérieures.
Les ONG locales de développement peuvent jouer un
rôle essentiel dans le développement local durable et dans la
modernisation de la vie publique et privée sous réserve que leur
discours soit en phase avec les actions concrètes sur le terrain. Elles
doivent saisir les occasions de rappeler que nos milieux locaux forment un
espace multiforme où émergent de façon
accélérée des organisations de la société
civile avec lesquelles nous pourrons si les actions sont rendues
pérennes indépendants dans plusieurs domaines
socioéconomiques de l'aide internationale.
Les ONG locales Guinéennes demandent beaucoup plus
d'aide unilatérale que d'échange bi et
multilatérale : elles peuvent communiquer sur leur rôle
d'acteur légitime, de par leur connaissance des situations locales. Une
des clés de l'évolution des ONG est certes sans doute
l'établissement de passerelles avec les acteurs politiques et locaux
qu'elles accompagnent dans le cadre du développement et dans la
recherche d'une bonne gouvernance locale. La pérennité des
résultats dépend en partie de l'autonomisation de ces actions. De
ce fait, le bilan que l'on peut établir, est que l'étude a permis
d'émettre des recommandations en vue d'améliorer l'action des ONG
en tant qu'acteurs de développement :
- Crédibiliser les relations avec les pouvoirs publics.
L'Etat devra mettre en place une politique nationale qui devra tracer une ligne
de conduite de l'ensemble des acteurs au développement et éviter
ainsi, le chevauchement des interventions et des financements, supprimer
l'anarchie et favoriser la coordination et l'harmonisation des
interventions ;
- Collaborer mieux avec les structures politiques et
administratives locales, car d'autres ONG entretiennent des relations purement
formelles, insuffisantes pour assurer le respect des règles
administratives quant à sa présence; alors que d'autres sont dans
des relations de négociation avec les pouvoirs publics, en particulier
de négociation sur les politiques publiques ;
· entretenir des relations locales avec les pouvoirs de
proximité de la zone d'intervention ;
· collaborer et dialoguer avec les ONG ayant les
mêmes thématiques d'intervention à fin de former un
réseau où vont fédérer ces ONG;
· obtenir la réceptivité des interlocuteurs
dans les différents ministères.
Au plan technique
· créer un espace de service aux ONG,
destiné à l'information, la formation, l'articulation des ONG
avec le poste et au pilotage d'actions transversales (capitalisation,
renforcement de capacités institutionnelles...) ;
· améliorer l'efficacité des aides ;
et disposer d'un document stratégique approuvé par tous les
acteurs de développement;
· se dépasser d'une aide par projet,
émiettée, peu efficace pour des programmes larges, durables et
plus cohérents.
Au plan financier
· s'inscrire dans une course au financement de projets
pour maintenir leur chiffre d'affaires et faire vivre la structure ;
· disposer de compétences stables, qui soient en
mesure d'expérimenter,
· capitaliser, diffuser et former ;
décentraliser les fonds au niveau des postes, permettant de financer
directement les acteurs locaux ; et garder une souplesse de gestion des
cofinancements.
En fin on peut se demander, quelle capacité d'action
les ONG locales de développement ont acquis depuis plus de trois
décennies d'existence. Aujourd'hui on note une volonté de plus en
plus d'action collective bien qu'elles connaissent un éparpillement
très dommageable. Ces ONG peuvent peser pleinement sur le champ de
développement local plus harmonieux et une lutte contre la grande
pauvreté lorsqu'elles respectent quelques critères :
· Une capacité à mobiliser à
mobiliser des ressources humaines et financières : plus une
organisation est représentative d'un nombre grand nombre d'un nombre
important de citoyens, et plus elle dispose des ressources propre plus elle
pourra décider librement et sera écouté et entendue. Ainsi
pourrait s'interroger en ces termes quelle meilleure preuve du bien
fondé de ses action que le nombre de militants bénévoles
et de donateurs fidèle qu'elle peut revendiquer ?
· Une capacité d'action et de préservation
des actions : un beau discours et bon texte ne suffisent pas si des
activités concrètes d'aide aux plus pauvres ne
représentent pas une prépondérance des acteurs des
ONG ; elles peuvent ainsi baser leur légitimité sur des
expériences et des compétences de terrain ;
· Leur appartenance à un réseau national ou
international leur permettant de relier expériences et
témoignages, de s'appuyer sur les réalisations de chaque membre
du collectif et d'amplifier les messages à faire passer.
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