SECTION 2 : L'ETUDE DE CAS
2 .1. CAS 1 : APROFIG
COMME ONG AYANT PERENNISEE CES ACQUIS
2.1.1. LES MECANISMES
PERENNISATION DES ACQUIS DE L'ONG
Depuis plus de deux décennies, les ONG sont
opérationnelles dans la préfecture de Kankan. Elles sont
intervenues dans divers domaines du développement local :
éducation, santé, protection de l'environnement ; des droits
des femmes et des enfants, appui aux OCB par le renforcement des
capacités institutionnelles, techniques et financières mais aussi
dans la bonne gouvernance locale.
La pérennisation des acquis de l'APROFIG
résulte d'un certains nombres de stratégies ou de
mécanismes de pérennisation initiés et mis sur pied depuis
les premières heures de la naissance de l'ONG. Un responsable de l'ONG
indique :
« Nous avons crée notre association sur
des bases bien définis avec une vision et une mission
déterminées. C'est celles de l'autopromotion, de contribuer
à l'amélioration des conditions socioéconomiques de nos
bénéficiaires. Ainsi le principe directeur d'une organisation
durable a été observé et respecté c'est celui du
volontariat et de l'aspect non lucratif des
activités ».
Une organisation, pour être durable doit pourvoir avoir
une certaines autonomies tant technique, humaine mais aussi et surtout
financière à défaut desquelles une structure ne pourra
entreprendre une activité petite soit elle. Une organisation pour
exister, demande des préalables ainsi un autre employé permanent
souligne :
« une ONG est comme une personne, elle besoin
d'un logement, d'un personnel d'entretien, d'un équipement mobilier,
d'être en contact avec les autres, de l'argent pour fonctionner c'est ce
que l'APROFIG a compris et a plus ou moins réunis avant d'entreprendre
toute autre chose ».
LES MECANISMES DE PERENNISATION QUE L'ONG INITIE A
L'INTERNE
La pérennisation des acquis de l'APROFIG passe d'abord
et avant tout par des mécanismes internes à l'organisation. Un
membre fondateur s'exprime en ses termes :
« A la création de notre association,
nous nous sommes dit qu'il faut d'abord se fixer des objectifs à court
terme et moyen terme mais aussi ses objectifs doivent être
spécifiques mesurables et atteignables dans le temps et dans l'espace.
D'abord c'est de savoir de quoi nous sommes forts ? La réponse fut
immédiatement ce que nous avons la volonté d'aller de l'avant et
de loin. Ainsi le premier signe pragmatique ce que chacun a main dans la poche
sans pourtant autant se demander ce que sera son gain plus
part »
Selon les entretiens de terrain, l'ONG APROFIG
développe des mécanismes de pérennisation qui reposent
d'une part sur l'appropriation et la capitalisation de tout ce qui est fait,
d'autre part par les implications de tous les acteurs et partenaires :
bénéficiaires, bailleurs de fonds les parents, les
autorités de l'éducation, les structures
déconcentrées, les l'APEAE, les autorités locales et les
élus locaux et l'organisme de relais qui est l'ONG mais aussi à
travers la création des AGR.
Ainsi un enquêté dira « A travers
la création des AGR comme notre centre informatique avec connexion
internet et la scolarité de l'école des jeunes filles, l'ONG
fonctionne à temps plein avec un personnel prit en charge par
elle.»
LES MECANISMES DE PERENNISATION QUE L'ONG INITIE AU
NIVEAU DES SES POPULATIONS CIBLES
En milieu bénéficiaire, l'ONG APROFIG
définis des axes prioritaires de durabilité sans lesquelles
toutes les actions entreprises ressemble « la construction d'un
édifice sur une dûmes de sable » ; ainsi un
chargé du suivi/évaluation des activités de l'ONG
dira aussi:
« Pour la durabilité de nos
activités à côté du suivi/évaluation mensuel
que nous effectuons, il nous a paru nécessaire de mettre en place des
comités locaux de gestion et organismes locaux de
suivi/évaluation pour chacune de nos activités
réalisées, impliquer aussi les femmes professionnelles ou
modèle tout au long de la planification, l'exécution et le
contrôle et l'initiation des communautés
bénéficiaires à
l'autoévaluation ».
L'analphabétisme étant un des facteurs qui
freine la durabilité des activités, or la plupart des
bénéficiaires relèvent de cette couche
défavorisée et vulnérable de la population ainsi le
chargé de formation de l'ONG dira :
« Pour la pérennisation nos acquis les
bénéficiaires doivent s'approprier de ceux-ci dans leur culture
locale c'est-à-dire dans leur langue locale c'est pourquoi nous initions
et mettons en oeuvre les activités de formation et
d'alphabétisation. D'ailleurs tous nos modules de formation sont soit en
N'ko, en M'balikou ou encore en arabe harmonisé, cela a permis aux
communautés bénéficiaires de se rendre compte que ce qui
est fait n'est pas fait contre elles mais c'est pour elle tout de suite, elles
en ont prit et s'approprié ».
Pour le chargé de subvention « les
communautés bénéficiaires doivent être
initiées à l'esprit d'entreprenariat pour leur autonomie ;
créer des volets budgétaires pour leur motivation, promouvoir le
transfert des compétences à tous les niveaux des
bénéficiaires ».
Les mécanismes de pérennisation que l'ONG
initie au niveau des ses populations cibles reposent essentiellement sur le
savoir faire qui demande l'implication et la responsabilisation des
bénéficiaires à toutes les étapes du processus des
opérations ; le suivi et l'évaluation permanant des actions
par les bénéficiaires eux même ; le partage de
l'information; la sensibilisation et la motivation de tous les acteurs.
La création des activités
génératrices des revenus pour avoir un fond d'entretien des
acquis et en vue de les rendre durable, le respect et l'application des textes
et clauses de contrat entre les bénéficiaires et l'ONG d'une part
et d'autre part entre l'ONG et ses partenaires financiers et techniques peuvent
assurer la pérennité des acquis. La concertation permanente entre
l'ONG et tous les partenaires, développer l'esprit civique et l'analyse
situationnelle des activités menées, renforcer les
capacités institutionnelles des bénéficiaires et des
agents de l'ONG ; ce qui permettra de laisser des traces
indélébiles.
COMPORTEMENTS, ATTITUDES, PERCEPTIONS ET REPRESENTATIONS
DES COMMUNAUTES BENEFICIAIRES SUR LES ACTIVITES PAR L'ONG APROFIG
Les comportements et attitudes des bénéficiaires
face aux activités de l'ONG sont certes mitigés. Les entretiens
menés au près des bénéficiaires de la commune
urbaine et de quelques Communes rurales voisines laissent entrevoir des
attitudes d'acceptation des activités dans le court terme. Ce qui ne
signifie pas l'inexistence d'une résistance au changement ou un
attachement aux valeurs traditionnelles, mais cet état de fait
relève plutôt d'une décision d'individuelle ou d'un
groupuscule.
ACCEPTATION DES CHANGEMENTS INDUITS PAR L'ONG CHEZ LES
BENEFICIAIRES
L'ONG aide à améliorer les capacités au
niveau des différents acteurs (État, société
civile, secteur privé) tout en veillant à une bonne coordination
de leurs interventions pour une meilleure efficacité. Elle les implique
dans un processus d'analyses des problèmes de développement
spécifique au village pour définir des programmes et projets
efficients de développement. Aux dires d'un
enquêté :
« Le manque de ressources propres ou de
système de financement propre à l'ONG semble en être un
facteur de blocage. Si le principe d'instituer des mécanismes de
ressources propres figure dans la plupart des activités, il existe des
nombreuses difficultés pour la mise en place de ce dit
mécanisme. »
Les communautés bénéficiaires manifestent
une acceptation de la plus part des changements induits par l'APROFIG, le
coordinateur des programmes souligne :
« Quand on démarrait nos
activités, nous avons trouvé très peu des OCB qui ont
atteint l'échelle UN du niveau de maturité d'une organisation. Il
n'y avait pas de traces qu'on pouvait capitaliser. Ainsi nos appuis ont permis
d'obtenir la documentation qu'il faut pour leur existence comme structure
officielle ».
Tableau 5.5. Description du niveau de maturité
d'une organisation
Niveau de
maturité
|
Description du
niveau
|
0
|
L'organisation est en gestation, les objectifs ne sont pas
encore clairement définis. Les documents juridiques et administratifs ne
sont pas complets. Les membres ne se reconnaissent pas et il n'y a pas de
financement.
|
1
|
L'idée de la mise l'organisation est formalisée.
Les AG et les AC se tiennent. Les objectifs et les stratégies sont
maintenant définis. Les documents sont disponibles et les membres se
reconnaissent conformément aux textes de fondement de l'organisation,
plus l'acquis du niveau 0
|
2
|
Les ressources humaines, financières et techniques sont
disponibles. Les documents sont bien tenus et les réunions sont
régulières, plus l'acquis du niveau 1
|
3
|
Les activités sont planifiées,
exécutées et suivies de façon formelle. Des
capacités en gestion et la promotion de l'esprit associatif sont
initiés. Les outils de gestion de conflits sont élaborés
et sont appliqués, plus l'acquis du niveau 2
|
4
|
Elaboration des techniques de négociation, de plaidoyer
et de diversification des partenaires locaux, nationaux et internationaux.
Elaboration des microprojets et recherches des fonds nécessaires pour sa
réalisation, plus l'acquis du niveau 3.
|
5
|
Evaluation de sa propre gestion, capitaliser les acquis
déjà enregistrés. Capacité de s'autofinancer ou/et
de financer d'autres structures locales à la base. Acquisition d'une
crédibilité au près des citoyens, de l'Etat et des
bailleurs de fonds, plus l'acquis du niveau 4
|
Source : entretien de terrain 2011
La même personne renchérit en ces termes
« la plus part des promoteurs des OCB n'avaient une formation
leur permettant de tenir une structure ; mais après notre passage
ces structures peuvent tenir tant sur le plan organisationnel que sur celui de
la recherche des partenaires ou encore chercher un financement d'une
activité sans aucune véritable aide
extérieure. »
AMELIORATION DES CONNAISSANCES ET LEUR MODE
D'UTILISATION PAR LES BENEFICIAIRES
En effet, si les préoccupations de l'ONG sont la
promotion de la fille en milieu rural et urbain, les réalités du
terrain laissent apparaître que, la femme occupe une place centrale dans
la Société Maninka, non seulement à cause de son
rôle dans l'économie domestique mais aussi par celui qu'elle joue
dans l'éducation et la santé des enfants. Elle est aussi une
actrice économique active dans l'agriculture vivrière et du
secteur informel.
Les modules de formation administrés en matière
des droit de la femme ou de la jeune fille ont nettement
améliorés l'image celles-ci dans leur société
où elles étaient reléguées au dernier plan de la
sphère socioéconomique et politique, à propos un
enquêté indique « les femmes sont aujourd'hui
chef de groupement, d'association. Elle assure des responsabilité qui ne
lui étaient dévolues dans les temps »
En dépit de ses nombreux rôles et
responsabilités, la femme reste infériorisée, tenue loin
des décisions qui la concernent au premier chef : sa santé, son
travail, son statut, ses enfants, sa famille...la culture locale freine de ce
fait l'équité et ne concours pas à sa promotion. Un autre
renchérit en ces termes « la femme n'est plus faite
seulement pour faire des enfants et entretenir un foyer mais elle peut
participer efficacement à tout le processus de
développement. »
Dans les zones rurales Maninka, la polygamie est très
répandue. La nuptialité est précoce et intense chez les
femmes et les hommes finissent par se marier en moyenne entre 18 et 20 ans dans
les milieux ruraux. Les mutations que subit la famille relèvent d'un
compromis culturel entre les normes et valeurs antérieures
régissant la société et les impératifs
économiques imposés par des rapports extérieurs. Au
début les prêts, les subventions et les faits aux
communautés étaient orientés dans des activités non
lucratives un facilitateur en bonne gouvernance économique et
sociale indique :
« Avant quand les communautés
bénéficient d'un financement, d'un prêt ou d'une subvention
directement, elles pensent l'investir dans le mariage, le remariage, les
sacrifices funéraires, la circoncision, les baptêmes ou dans
d'autres domaines où elles ne trouvent qu'une satisfaction morale. Nous
avons changé cette donne en suivant et accompagnant celles-ci du dossier
d'appel d'offre jusqu'à la mise en oeuvre des activités
jusqu'à la réutilisation des ressources
générées. »
Du fait des perturbations économiques, de
l'urbanisation et de migrations démographiques, la famille en milieu
rural connaît de fortes pressions dans le sens de sa dislocation, ce qui
se traduit tant par la baisse de l'autorité parentale, l'affaiblissement
des solidarités traditionnelles, l'accroissement du nombre de divorces
et du nombre de femmes " chef de
ménage".L'expérience montre que les populations rurales sont
rarement appelées à participer à cette phase non moins
importante des actions de développement. Certains responsables locaux
ont déclarés :
« Que les communautés sont en mesure de
prendre part dans les études d'implantation, car elles fournissent des
informations sur les pratiques culturales, les traditions, nécessaires
au projet. Les paysans ont leurs mots à dire dans le choix des
techniques car ils connaissent mieux que quiconque leur milieu. Ils participent
donc à la conception des projets. Les paysans prennent part en
général à l'exécution des projets: creusage des
puits, ramassage de sable et de pierres, construction de latrines par exemple.
Cette participation spontanée ou bénévole, est
perçue en général comme un facteur de diminution des
coûts des projets ».
Ceci devient, un facteur politique qui prépare les
populations à prendre en charge les projets une fois
réalisés. Après de nombreuses années de
fonctionnement, force est de constater que l'ONG APROFIG a engendré des
résultats qui satisfont ''les parties'' les bénéficiaires
directs. Les dits résultats sont aussi bien quantitatifs que
qualificatifs comme le précise cet enquêté :
« Nous ne cesserons jamais de louer les efforts de APROFIG dans
l'appui à nos communautés .La plus part des structurées
locales ayant bénéficiées des appuis de l'ONG, sont
maintenant capables de tenir les documents administratifs (cahier de PV,
journal de caisse ou de banque ».
Pour cet autre instituteur de son état
déclare « Depuis l'intervention de l'APROFIG dans
mon école, cela a diminué considérable nos charges pour la
scolarité de nos enfants ». Il ajoute que :
« La pérennisation des acquis de l'ONG
est rendue possible grâce à l'existence d'animateurs et de
facilitateurs villageois, d'animateurs communautaires, tous fils du terroir.
Ils ont reçu des formations dans la planification du
développement local, la maîtrise d'ouvrages et le suivi -
évaluation participatif. Cette synergie entre ONG et AC ou AV permet
à certaines structures locales de préfinances une activité
jusqu'à la hauteur de 5 à 15 %.»
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