La division internationale du travail: un frein pour le développement de la RDC.( Télécharger le fichier original )par Aurélien NGOMA MAYANGI Université de Kinshasa RDC - Licence en relations internationales 2009 |
SECTION III : L'EXPLOITATION§1. LES TERMES DE L'ECHANGE INEQUITABLESL'expression termes de l'échange désigne le rapport entre le prix à l'exportation d'un pays et le prix à l'importation. Et « lorsque la valeur de ce rapport est élevée, un pays doit exporter relativement peu pour équilibrer son commerce extérieur. A l'inverse, un pays est exposé à un déficit commercial lorsque les termes de ses échanges se dégradent »77(*). En effet, les termes de l'échange indiquent si un pays exporte plus ou moins par rapport à une période donnée pour obtenir ce qui est importé. Il apparaît, ici, qu'il y a un lien entre le commerce extérieur d'un pays et sa production, sa consommation et le bien-être. Ainsi, les répercussions du commerce international sur la production, la consommation et le bien-être dépendent fortement des prix internationaux qui s'établissent. Et « la valeur des exportations de la RDC en 1995 était de 1,6 milliards de dollars US et 0,8 milliard avant 2000. La même tendance s'applique aux importations dont la valeur a baissé de 20% dans la même période. Le volume et la valeur des importations et des exportations ont considérablement augmenté depuis la fin de la guerre. La valeur des exportations a doublé entre 2001 et 2004 et la valeur des importations ont grandi à un taux plus rapide encore, produisant un déficit commercial »78(*). A ce stade, il est nécessaire de signaler que l'on considère généralement que si l'étranger paie à une nation donnée avec une plus grande quantité d'importations chaque unité d'exportation qu'elle lui vend, la situation de cette nation ne peut que s'améliorer. Et pourtant en RDC, la valeur des importations a durant la période allant de 1995 à 2005 grandi plus rapidement que la valeur des exportations, créant un solde déficitaire de la balance commerciale. Et c'est parce que les principaux produits de base des pays en voie de développement, y compris ceux de la RDC, connaissent à l'exportation une baisse considérable de cours parallèlement au rétrécissement de la demande en volume. Tableau n2 : Structure des exportations (en millions de USD)
Source : Banque Centrale du Congo citée par http://www.memoireonline.com/ Incidence du commerce international sur le développement de la RD Congo par Franck MBEMBA MALEMBE En effet, les prix des produits exportés par la RDC ne cessent de baisser(*). Et parallèlement, les prix à l'importation des produits manufacturés et alimentaires importés par elle ne font qu'augmenter. Pour cause, les produits primaires exportés par elle ne subissent pas le traitement adéquat pour leur mise en valeur, d'où les conditions de vente sont souvent établies selon le bon vouloir des acheteurs qui sont en position de force. C'est ainsi qu'il y a imposition des quotas et des prix par les pays développés. Et cette situation impose de graves difficultés à la RDC. Au fait, comme dit plus haut, « c'est la valeur ajoutée qui permet d'apprécier si l'échange est idéal, s'il ne traduit pas une inégalité de développement et une spécialisation appauvrissante »79(*). A cet effet, l'innovation technologique des pays industriels accroît l'élasticité de la demande internationale pour les biens qu'ils vendent à l'exportation, ce qui est un facteur d'amélioration de leurs termes de l'échange. Aussi, les pays industriels vendent plus cher leurs produits aux PVD qu'ils dominent en incluant dans leurs prix de vente un taux de profit supérieur au prix moyen. En effet, c'est cela le résultat d'un échange inégal. Ainsi, « l'égalité des avantages et la garantie de développement que procureraient l'avantage comparatif et l'échange peuvent aisément être mises en doute, essentiellement parce que les co-échangistes ne sont jamais égaux : ils ne disposent pas des mêmes technologies non plus que des mêmes capacités à produire des innovations technologiques, ils n'ont pas une égale capacité à investir, ils n'ont pas des structures socio-politiques et économiques également développées, ils n'ont pas les mêmes structures d'impôts, et utilisés aux mêmes fins, les profits ne sont pas réinvestis dans les mêmes proportions, etc. »80(*). A cet effet, l'application intégrale de la théorie des avantages comparatifs par la RDC équivaut à la libéralisation complète de ses échanges commerciaux. Ce qui signifie une compétition (supposée) d'égal à égal entre la RDC, d'une part, et les pays développés, de l'autre. Et pourtant, comme nous l'avons vu aux sections précédentes, les pays développés se protègent à l'aide des barrières aux exportations des pays du Sud et fixent aussi les prix à travers les entreprises multinationales. Ainsi la théorie des avantages comparatifs est dans ce cas cruel parce que non seulement elle met en présence des pays très inégaux mais aussi elle s'applique dans une situation de deux poids deux mesures. Et se référant aux thèses de François PERROUX, Michel BEAUD explique que « poursuivant son débat avec les tenants de l'économie libérale et du libre-échangisme, il (PERROUX) rappelait que l'économie dominante tend à éviter les règles du jeu qui donne aux deux parties en présence (...) une parfaite égalité des chances économiques. Mais elle cherche à faire accepter la règle du jeu qui lui permet d'utiliser à plein ses moyens propres, de tirer tout le parti possible de ses supériorités relatives sans compromettre son avenir »81(*). * 77 NTUAREMBA, O., Pratique de Commerce International, Notes de cours, L2RI, FSSAP, UNIKIN, p.36 * 78 http://www.memoireonline.com/ Incidence du commerce international sur le développement économique de la RDC par Franck MBEMBA MALEMBE * La production de la Gecamines en cuivre est, par exemple, passée de 465000 tonnes avec un prix de 2855 USD la tonne (en 1990) à 19000 tonnes avec un prix de 1800 USD la tonne (en 2002) entraînant des conséquences graves sur l'économie et sur la situation sociale... La Gecamines, avec une concession minière de plus de 18800 Km² pour le cuivre, était la principale entreprise minière du pays et fournissait en 1980 environ 66% des recettes budgétaires de l'Etat et 70% de ses recettes d'exportation. Elle jouait un rôle social et économique important pour beaucoup de petites et moyennes entreprises se trouvant dans sa périphérie. Pendant plus de 30 ans, cette entreprise a été le moteur de l'économie. Elle était citée parmi les plus grands employeurs de la RDC. Mais aujourd'hui... la Gecamines a été déchue, la production minière s'est effondrée avec elle. Source : Document de la stratégie de croissance et de la réduction de pauvreté (juillet 2006) cité par http://fr.wikipedia.org/wiki/Economie de la RDC * 79 PARTANT, F., op.cit, p.48 * 80 BERGERON, R., op.cit, Pp. 28-29 * 81 PEROOUX, F. cité par BEAUD, M., Histoire du capitalisme de 1500 à nos jours, Seuil, Paris, 1981, p.69 |
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