IV.1.4) LES COMPLICATIONS DES NOUVEAU-NES DE FAIBLE POIDS
DE NAISSANCE
IV.1.4.1) Chez le prématuré
Le prématuré est exposé à de
multiples complications, dont la gravité augmente avec le petit
âge gestationnel. Ainsi plus le nouveau-né est loin du terme, plus
les complications sont graves. Le prématuré est
caractérisé par une absence de réserves
énergétiques (graisses et glycogènes) se
régularisant au troisième trimestre, en
oligo-éléments (fer et calcium), en vitamines D surtout et une
immaturité de ses grandes fonctions biologiques et aussi
métaboliques. C'est donc le déficit en ces composantes qui engage
son pronostic vital.
Il en est de même pour le nouveau-né hypotrophe.
Dès son expulsion hors de l'utérus de la mère, le nouveau
né de FPN est menacé d'hypothermie, de détresse
respiratoire généralement due aux maladies des membranes hyalines
à cause d'un déficit en surfactant. Suivant le profil
antérieur de la mère, il peut être anémié,
fébrile ou en hypothermie signant très souvent une
infection. C'est un être immunodéprimé dans la mesure
où, il a une carence en complément, en IgA, en IgM, en
macrophages et en lymphocytes actifs.
L'association des malformations congénitales tels que
la persistance du canal artériel, les shunts droite-gauche, le foramen
perméable sont à l'origine de troubles hémodynamiques
précoces.
Le prématuré peut également avoir des
troubles hépatologiques tels que l'ictère, très souvent
physiologique témoignant de l'immaturité hépatique et
l'hypovitaminose K1 l'exposant à un risque hémorragique
important. Il peut également faire une occlusion intestinale
précoce appelée syndrome du bouchon méconial par
immobilité du méconium dans le colon gauche (3,13, 14,
15).
a) Les complications à court terme (1,
17, 18, 19, 20, 21)
Elles surviennent très précocement, et engagent
très souvent le pronostic vital, ce sont :
v Les troubles métaboliques à
type d'hypoglycémie, d'hypocalcémie, d'hyponatrémie.
v Les troubles respiratoires
Ils représentent pour la plupart des temps la maladie
des membranes hyalines. Celle-ci est due à une insuffisance en
surfactant fréquent chez le grand prématuré, car la
plupart des nouveau-nés n'acquièrent la maturité
pulmonaire qu'à 36 SA. Quelques fois, le prématuré peut
également être exposé à d'autres pathologies
respiratoires telle que l'apnée du prématuré d'âge
inférieur à 32 SA. Cette apnée, le plus souvent
idiopathique provient d'une immaturité neurologique ou syndromique
traduisant l'expression d'une autre pathologie respiratoire.
v L'hypothermie
Elle est d'autant plus grave que le nouveau-né est
prématuré et serait due au déséquilibre entre
thermogenèse limitée et thermolyse intense.
v Les troubles vasculaires
Ils sont fréquents chez le grand
prématuré. Ils peuvent être veineux (l'exemple des
hémorragies sous épendymaire, intra et périventriculaire
parfois accompagnées d'hydrocéphalie) ou artériels
essentiellement la leucomalacie périventriculaire (lésion
ischémique de la substance blanche périventriculaire).
v Les troubles hématologiques tels que
l'anémie précoce et l'ictère.
v Les troubles hémodynamiques
Près d'un prématuré sur quatre
présente des difficultés d'adaptation circulatoire dans les
premières 24 à 48 h de vie et coure un risque accru de
complications précoces à type d'hémorragies
intracrâniennes. La persistance du canal artériel (PCA)
entraîne un retour en circulation foetale avec possibilité de
décompensation cardiaque.
v Les troubles immunologiques
Ils sont dus à une immaturité de la moelle. Le
manque d'anticorps, la leucopénie et l'immunosuppresion entraînent
une susceptibilité grande aux infections, surtout respiratoires.
v Les troubles hépatiques
Ils sont la conséquence de l'immaturité du foie.
Ils sont dominés par l'ictère, le plus souvent physiologique,
dû à une insuffisance en glucuronyl transférase, enzyme
transformant la bilirubine libre en bilirubine conjugué. Parfois on
retrouve une hypovitaminose K1 entraînant une hypoprothrombinémie
importante, l'exposant à un risque élevé
d'hémorragies.
v Les troubles nutritionnels
· L'immaturité de la succion et de la
déglutition fréquente avant 34SA.
· La digestion immature, chez le prématuré
d'âge gestationnel < 32 SA surtout, expose celui-ci au risque
d'entérocolite ulcéronécrosante. C'est une inflammation de
tout l'intestin d'origine infectieuse ou non entraînant une pneumatose et
pouvant évoluer vers une péritonite, obligeant le recours
à une intervention chirurgicale.
b) Les complications à long
terme
v Les troubles cardiovasculaires
L'association inverse entre le poids de naissance et le
développement des maladies cardiovasculaires a été mise en
évidence pour la première fois il y a 20 ans. Par la suite, de
nombreuses études l'ont confirmé. Le petit poids de naissance
pour l'âge gestationnel est ainsi lié au développement
d'une hypertension artérielle, d'une obésité plutôt
abdominale, d'insulinorésistance, voire d'un diabète de type 2.
La mortalité cardiovasculaire a été montrée comme
significativement élevée chez les sujets nés de petit
poids (21).
v Les troubles neurosensoriels
Les séquelles neurosensorielles sont fréquemment
retrouvées chez les grands prématurés (< 28 SA),
à l'exemple : des infirmités motrices
cérébrales (IMC),
des troubles cognitifs notamment chez le petit garçon,
des difficultés scolaires à l'origine du retard scolaire, des
troubles comportementaux (anxiété, état dépressif),
des troubles sensoriels à type de surdité et de
rétinopathie. La rétinopathie du prématuré est
essentiellement la fibroplasie rétrolentale, dont la probabilité
de survenue est élevée avec l'oxygénothérapie mal
contrôlée, et elle peut évoluer vers une
cécité (16, 22).
v L'anémie tardive
Elle est d'origine carentielle, par manque de
réserves.
v Les troubles osseux
Le rachitisme et l'ostéopénie de la
prématurité, conséquence directe d'une déposition
osseuse insuffisante ou d'une élévation de la résorption
de la matrice organique (13).
|