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Relations homme- éléphant dans le sud- ouest du Parc National de Ta௠en Côte d'Ivoire: caractérisation et facteurs déterminant la distribution des éléphants

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par Foungoyé Allassane OUATTARA
Université d'Abobo- Adjamé Côte d'Ivoire - Diplôme d'études approfondies en gestion et valorisation des ressources naturelles 2007
  

Disponible en mode multipage

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      REPUBLIQUE DE LA COTE D'IVOIRE

      UNION - DISCIPLINE - TRAVAIL

      Ministère de l'Enseignement Supérieur et

      de la Recherche Scientifique

      UFR des Sciences de la Nature

      2006-2007

      MEMOIRE

      Présenté pour l'obtention du

      DIPLOME D'ETUDE APPROFONDIE EN GESTION ET VALORISATION DES RESSOURCES NATURELLES

      Option : Biodiversité et Gestion Durable des Ecosystèmes

      RELATIONS HOMME-ELEPHANT DANS LE SUD-OUEST DU PARC NATIONAL DE TAÏ : CARACTERISATION ET FACTEURS DETERMINANTS LA DISTRIBUTION DES ELEPHANTS

      Par : OUATTARA Foungoyé Allassane

      Soutenu le ............................... devant le jury composé de :

      Directeur Scientifique : Prof TONDOH E. Jerôme

      Co-encadreur : Dr SOULEMANE OUATTARA

      AVANT PROPOS

      Après la partie théorique du diplôme d'étude approfondie en Biodiversité et valorisation des ressources naturelles de l'UFR SN d'Abobo-Adjamé, la partie pratique renforce les enseignements acquis. Cette dernière permet d'initier l'étudiant à la recherche.

      Ainsi, cette étude réalisée dans la zone du parc national de Taï et financée par le WWF permet de clore cette formation.

      Mes remerciements vont à l'endroit des personnes suivantes :

      - Professeur TONDOH E. Jerôme, le directeur scientifique du présent mémoire pour ses analyses pertinentes et ses conseils ;

      - Docteur SOULEMANE OUATTARA pour avoir accepté d'être l'encadreur ;

      - Commandant TONDOSSAMA Adama Directeur du Parc National de Taï zone sud-ouest, pour avoir autorisé cette étude ;

      - Capitaine KONE Drissa chef secteur de Guiroutou pour avoir permis à ses éléments de m'accompagner sur le terrain ;

      - M. NANDJUI Awo, chef du projet WWF Taï qui a initié, encouragé et financé cette étude.

      - Elève officier Lieutenant SILUE Dognon François et sergent KOMENAN pour m'avoir logé et facilité mon séjour ;

      - Mon père monsieur OUATTARA Nanzaraga et ma mère DIARASSOUBA Mariame ainsi que tous mes frères, amis et connaissances, pour leur soutien morale et financier.

      TABLE DES MATIERES

      LISTE DES ABREVIATIONS i

      LISTE DES FIGURES ii

      LISTE DES TABLEAUX iii

      RESUME iv

      ABSTRACT v

      INTRODUCTION 1

      I. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 3

      1- Caractérisation biologique et écologique de l'éléphant d'Afrique 3

      2. Statut de l'éléphant d'Afrique 5

      3. Habitats et distribution de l'éléphant en Côte d'Ivoire 5

      4. Conflits Homme-éléphant en Afrique 6

      II. SITE D'ETUDE 7

      1. Situation géographique 7

      2. Relief, hydrologie, climat et pédologie 7

      3. Végétation et diversité floristique 9

      4. Faune des mammifères 9

      5. Environnement socio-économique 10

      III. APPROCHE METHODOLOGIQUE 11

      1. Choix des parcelles d'études 11

      2. Enquêtes socio-écologiques 11

      3. Activités humaines dans la périphérie du PNT 13

      4. Effectif des éléphants dans le parc 13

      5. Indices d'activités humaines 15

      6. Analyse des données 15

      6.1. Données des enquêtes socio-écologiques 15

      6.2. Dénombrement des éléphants 15

      6.2.1. Estimation de la densité des tas de crottes à partir des segments de 0,5 km 16

      6.2.2. Estimation de la densité des crottes à partir des distances perpendiculaires aux layons 16

      IV. RESULTATS ET DISCUSSION 18

      1. Résultats 18

      1.1. Enquêtes socio-écologiques 18

      1.2. Caractérisation des activités humaines : identification et quantification des cultures 20

      1.3- Effectif des éléphants 22

      1.3.1- Densité des tas de crottes 22

      1.3.1.1. Estimation à partir des segments de 0,5 km 22

      1.3.1.2. Estimation à partir du Programme DISTANCE 22

      1.3.2. Densité des éléphants 23

      1.3.2.1. Estimation à partir des segments de 0,5 km 23

      1.3.2.2. Estimation à partir du programme DISTANCE 23

      1.4- Comparaison des méthodes 23

      1.5. Distribution des éléphants 23

      2. Discussion 26

      2.1. Enquêtes socio-écologiques 26

      2.1.1. Importance et périodicité des dégâts 26

      2.1.2. Moyens de lutte 27

      2.2. Caractérisation des activités humaines : identification et quantification des cultures 28

      2.3. Effectif des éléphants et comparaison des méthodes 28

      2.4. Distribution des éléphants 28

      CONCLUSION ET RECOMMENDATIONS 30

      REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 31

      ANNEXES.................................................................................................36

      LISTE DES ABREVIATIONS

      AFESG   African Elephant Specialist Group/ Groupe des Spécialistes des Eléphants d'Afrique

      CHE  Conflit Homme-Elephant

      CITES  Convention on International Trade in Endangered Species of Fauna and Flora/ Convention sur le Commerce International des Espèces Menacées de la Faune et de la Flore

      DPN Direction de la Protection de la Nature

      GPS  Global Positionning System/ Système de Positionnement sur le Globe

      ITRG Ivory Trade Report Group

      IUCN  International Union for Conservation Nature/ Union Internationale pour la Conservation de la Nature

      PNT  Parc National de Taï

      UNESCO  United Nations Organisation for Education, Science and Culture/ Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture

      WWF  World Wide Fund for nature/ Fond Mondial pour la Nature

      LISTE DES FIGURES

      Figure 1 : Photos d'éléphants d'Afrique 4

      Figure 2 : Localisation du site d'étude 8

      Figure 3 : Coefficients pluviométriques mensuelles de la zone de Guiroutou Niébé de 1971 à 2000.........................................................................................................................................9

      Figure 4 : Localisation des plaçeaux et des campements dans la zone d'étude 12

      Figure 5 : Localisation des layons d'inventaire dans la zone d'étude 14

      Figure 6 : Variation interannuelles des dégâts de cultures dans la période allant de 1995 à 2007 19

      Figure 7 : Variation mensuelle des dégâts de cultures de 1995 à 2007 19

      Figure 8 : Proportion de cultures détruites 19et la distance moyenne entre la plantation et la limite du parc 19

      Figure 9: Période de visite des éléphants et proportion de cultures détruites 19

      Figure 10 : Parcelle nouvellement défrichée pour sa mise en culture 20

      Figure 11 : Indices d'activités humaines sur les 2 plaçeaux d'étude 21

      Figure 12 : Variation des stades phénologiques des cultures homogènes en fonction des plaçeaux 21

      Figure 13 : Variation des stades phénologiques des cultures hétérogènes en fonction des plaçeaux 21

      Figure 14 : Surface occupée par différents types de cultures 21

      Figure 15 : Indices de présence des éléphants dans la forêt en fonction de la distance à la limite du parc 25

      LISTE DES TABLEAUX

      Tableau I : Effectif des populations d'éléphants dans les 6 parcs nationaux en Côte d'Ivoire 6

      Tableau II : Estimation de la densité des tas de crottes 22

      Tableau III : Densité des tas de crottes à l'aide du programme DISTANCE 22

      Tableau IV : Densité des éléphants estimée à partir de la méthode des segments de 0,5 km 23

      Tableau V : Comparaison des méthodes 23

      Tableau VI: Espèces d'arbres fruitiers 24

      RESUME

      Les dégâts causés par les éléphants dans les plantations sont à l'origine des conflits homme-éléphant en Afrique. Cette étude a pour objectif d'évaluer les dégâts à la périphérie du Parc National de Taï (PNT) afin de recommander une série d'actions susceptibles d'atténuer ces conflits dans une perspective de sauvegarder des populations résiduelles d'éléphants. L'approche méthodologique consiste d'une part, à administrer un questionnaire aux paysans pour recueillir leur avis et d'autre part à mettre en place deux plaçeaux (2000 m x 500 m) à la périphérie du PNT pour suivre et évaluer les dégâts causés par les éléphants. Aussi, l'effectif des éléphants dans la forêt adjacente aux plaçeaux est estimé par le dénombrement des tas de crottes à l'aide du programme DISTANCE et par la méthode des segments de 0,5 km. Les résultats des enquêtes montrent qu'aucun dégât n'est observé pendant la période d'étude. Les dégâts sont plutôt importants dans la période allant de 2002 à 2005 à des proportions variant de 4 à 33,3%. La raison principale est la crise militaro-politique qui a poussée les populations à déserter leurs plantations lors de l'attaque du village Guiroutou. Au total, douze (12) chefs d'exploitations sur 42 ont leurs plantations saccagées par les éléphants. Les pertes atteignent en moyenne 35,5%. Les dégâts se font pendant la période de maturation et de récolte des cultures et surtout pendant la nuit. Le pourcentage (16,7%) de plaintes est faible et l'efficacité des moyens de lutte est variable d'un paysan à un autre. Dans la région, les cultures de rentes (70,1%) sont plus importantes que les cultures vivrières (9,8%). Dans le secteur de Guiroutou, la densité des éléphants est estimée à 0,4 #177; 0,2 individu.km-2. Le nombre de tas de crottes est fortement corrélé à la distance qui sépare les plantations de la limite du parc (R² = 0,95). En générale, ils sont concentrés dans le parc à une distance de 1,5 km de la limite.

      Mots clés : Dégâts des cultures, conflits homme-éléphant, densité de tas de crottes d'éléphants, Parc National de Taï.

      ABSTRACT

      Elephant's damages in the farms were the origin of human-elephant conflict in Africa. The aim of this study is to evaluate crops damages around Taï National Park in order to suggest some actions which will mitigate conflicts for saving residual elephant's populations. The method consisted on one hand to apply a questionnaire among farmers for having their opinions and other hand, the plots (2000 m x 500 m) have been put around the PNT for obtaining elephant's activities index. In the others ways, the numbers of dung's and elephants have been estimated with DISTANCE program and the 0.5 km segments method. The questionnaire results showed any damage during the study period. The victims were numerous from 2002 to 2005 with 4 to 33,3% of damage. The main raison was the politico military crisis which led people to desert their farm when Guiroutou village was attacked. On the whole, 12 farms chief's victims of elephant's damage among 42 were identified. The lost average was 35.5 %. Damages occurred when crops were matured and ready to harvest, sometimes in the night. Farmer's complains were weak and deterrent methods were effective from one farmer to other. In the area cash crops (70.1 %) were more significant than food crops (9.8 %). In Guiroutou area, elephants density was estimated at 0,4 #177; 0,2 elephants.km-2. The dung pile number was highly correlated with the distance from park bordure (R² = 0.95) and was generally concentrated after 1.5 km from it.

      Keys words: Crops damage, Human-elephant conflicts, elephant dung density, Taï National Park

      INTRODUCTION

      Les éléphants partagent une grande partie de leur domaine vital avec les hommes. Plus de 75 % de leur domaine vital se trouvent entièrement en dehors du réseau des aires protégées (Dublin et al., 1996). En effet, l'éléphant qui est le plus grand mammifère terrestre, a besoin d'un vaste domaine vital et d'une quantité importante et disponible de nourriture toute l'année afin de satisfaire ses besoins nutritionnels et reproductifs. Sa gamme variée de nourriture, riche en essences fruitières lui confère un rôle important dans les processus écologiques. Il est donc, indispensable d'assurer la protection durable de cette espèce. Cependant, la plus grave menace à la survie de l'éléphant est la perte de son espace vital, le braconnage pour l'alimentation et le commerce de l'ivoire. Cela est amplifié par la croissance démographique, l'expansion des milieux de cultures et des zones d'exploitations forestières. Les activités humaines sont donc à l'origine des conflits homme éléphant (CHE).

      La résurgence et la multiplication des CHE à travers l'Afrique (Hoaré, 1999) sont dues au rapprochement des hommes et des éléphants qui est provoqué par une extrême fragmentation des écosystèmes naturels. Dans certains pays comme le Kenya (Kiiru, 1995 ; Ngure, 1995), le Cameroun (Tchamba, 1995), la Tanzanie (Malina et al., 2005) les CHE sont à des degrés de sévérité de conflit élevé car il y a mort d'hommes, mort d'éléphants et d'importants dégâts dans les milieux cultivés.

      En Côte d'Ivoire, les CHE sont en constante progression depuis 1997 (Anonyme, 2004). Malheureusement, les paysans victimes ne reçoivent aucune assistance. En réponse à ce qu'ils considèrent comme une attaque, les paysans utilisent le braconnage comme solution. Cela est à l'origine de la réduction du nombre et de celle de la superficie de l'habitat des éléphants (Hillman et al., 1995). Si on n'y prend pas garde, les CHE évolueront en nombre et en sévérité autour de toutes les aires protégées abritant des éléphants.

      Ainsi, il est primordial de mener une étude diagnostique de la situation à travers le pays. Pendant 3 mois, les fondements socio-économique et scientifique des CHE ont été analysés dans une perspective de sauvegarde des éléphants et d'atténuation des conflits. L'objectif de ce travail est d'étudier les relations homme-éléphant. Pour atteindre cet objectif principal plusieurs objectifs spécifiques ont été élaborés. Ils consistent à caractériser les parcelles mises en culture autour du Parc National de Taï (PNT), à y évaluer les dégâts des éléphants et à déterminer la densité et la distribution de ceux-ci dans la forêt, en bordure des limites PNT- plantations.

      La présente étude se situe dans le cadre des projets initiés par le WWF pour la conservation des espaces protégés et des espèces en dangers particulièrement l'éléphant d'Afrique, l'éléphant d'Asie, le rhinocéros et bien d'autres. Cette étude permettra de tester l'hypothèse selon laquelle les dégâts de culture sont liés à la proximité des plantations aux limites du Parc National de Taï. Le présent document débute par une introduction suivie des généralités. Ensuite l'approche méthodologique est abordée et les résultats sont présentés puis discutés; Enfin la conclusion fait la synthèse des résultats et des recommandations sont proposées.

      I. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE

      1- Caractérisation biologique et écologique de l'éléphant d'Afrique

      La position systématique de l'éléphant d'Afrique est la suivante :

      Règne : Animal

      Embranchement : Chordés

      Sous embranchement : Vertébrés

      Classe : Mammifères

      Ordre : Proboscideae

      Famille : Elephantidae

      Genre : Loxodonta

      Espèce : africana (Blumenbach, 1797)

      L'espèce Loxodonta africana est subdivisée en 2 sous espèces Loxodonta africana africana (Blumenbach, 1797) (Fig.1a) et Loxodonta africana cyclotis (Matschie, 1900) appelé Loxodonta cyclotis par Roca et al., (2001)(Fig. 1b).

      Les deux sous espèces précitées sont morphologiquement différenciable et occupent respectivement les habitats savanicoles et forestiers (Roca et al., 2001).

      L'éléphant de forêt est caractérisé par sa petite taille (hauteur au garrot 2,4 à 2,8 m et un poids adulte de 1,8 à 3,5 tonnes). Avec des défenses minces et droites puis des oreilles arrondies (Roca et al., 2001). L'éléphant de forêt possède un avant train surbaissé, un arrière train concave, une peau foncée relativement lisse et une trompe terminée par deux appendices (Seidensticker, 1984). En tant que mégaherbivore (Truman et al., 2005) les éléphants se nourrissent d'une large variété d'espèces de plantes. En forêt tropicale, le régime alimentaire comprend jusqu'à 230 espèces dont plus de 90% sont constitués par les feuilles, les branches, les écorces et les fruits. Ainsi, les arbres représentent les trois quart (3/4) des espèces de leur régime alimentaire (White et al., 1993) et les fruits sont un élément important du régime (Alexandre, 1977). La quantité moyenne de nourriture avalée est comprise entre 4% et 7% du poids de l'éléphant et 40% est digérée (Poole, 1996). Les éléphants jouent un rôle écologique important en tant que disséminateurs obligatoires de certaines semences (Alexandre, 1977). Ainsi sur un échantillon de 71 espèces de semences de la forêt de Taï, 21 sont dispersées par les éléphants soit 30% des espèces d'arbres. En tant qu'espèce clé, l'extermination des éléphants dans certains habitats pourrait être la cause du changement de la flore et de l'extinction de certaines espèces dans les écosystèmes forestiers (Western, 1989 ; John, 2001).

      Echelle : 1 / 50

      a. Eléphant de savane (Loxodonta africana africana)

      Echelle : 1 / 50

      b. : Eléphant de forêt (Loxodonta africana cyclotis)

      Figure 1 : Photos d'éléphants d'Afrique

      2. Statut de l'éléphant d'Afrique

      Actuellement, 1,5 % de l'ensemble des éléphants en Afrique vivent sur 6 millions de km² et strictement dans les aires protégées bénéficiant d'un financement réservé à la conservation (ITRG, 1989). La Côte d'Ivoire a probablement hébergé dans le passé l'une des plus grandes populations d'éléphant d'Afrique de l'Ouest (Fischer, 2005). Leur effectif est passé de 3000 individus en 1980 (Blanc et al., 2002), à moins de 1200 (Bouché, 2002). Malgré le classement de l'éléphant d'Afrique parmi les espèces vulnérables de la liste rouge (IUCN, 2006) et en annexe I de la CITES depuis 1989 excepté ceux du Botswana, Namibie, Afrique du sud et Zimbabwé qui sont en annexe II (CITES, 2007), leur nombre est en perpétuel réduction. Merz et al. (1991) ont estimé la baisse des éléphants de forêt de 10 à 12 % par an avec une perte totale de 90 % concernant ceux du Parc National de Taï. En effet, en dehors des menaces d'ordre naturel, la conservation des éléphants se heurte à une diversité de problèmes à travers toute l'Afrique de l'Ouest. Les éléphants souffrent de la perte de leurs habitats à cause des besoins des hommes en terres cultivables, la pression du braconnage pour le commerce de l'ivoire et de la consommation du gibier et de la viande de brousse (Bouché, 2002). La Côte d'Ivoire a été pendant longtemps considérée comme le plus grand marché intérieur d'ivoire sur le continent et l'un des plus grand du monde (Blanc et al., 2002).

      3. Habitats et distribution de l'éléphant en Côte d'Ivoire

      Au cours de ces dernières années, l'effectif et l'expansion des populations d'éléphants ont été fortement réduits à cause essentiellement du braconnage et la fragmentation des écosystèmes. Ainsi, la plupart des éléphants sont confinés dans les aires protégées, isolées des habitations et des entreprises humaines (Western, 1989). En Côte d'Ivoire, les éléphants sont repartis sur une quarantaine d'habitats représentant une superficie totale d'environ 11 % du territoire national (Blanc et al., 2007). Sur les 8 parcs nationaux, 6 hébergent des éléphants en faible nombre (Fischer, 2005) (Tableau I).

      Tableau I : Effectif des populations d'éléphants dans les 6 parcs nationaux en Côte d'Ivoire

      Parcs nationaux

      Superficie (ha)

      Année

      d'estimation

      Effectif des populations

      Source

      Taï

      641 000

      1989

      100

      Merz et al, 1991

      Marahoué

      101 000

      1989

      70

      Merz et al, 1991

      Azagny

      19 000

      2003

      65

      Nandjui, 2004

      Comoé

      1 150 000

      2002

      10-20

      Fischer, 2005

      Mont péko

      34 000

       

      20

      Merz et al, 1991

      Mont Sangbé

      95 000

       

      30

      Merz et al, 1991

      4. Conflits Homme-éléphant en Afrique

      En Afrique, l'effectif des éléphants a augmenté de 95 % en 20 ans (WWF, 2006). Aussi la population Africaine croit rapidement. Le taux de conflit augmente avec la croissance des populations d'éléphants et d'humains, exigeant naturellement de plus grands espaces. Il se pose alors un problème d'occupation de l'espace. Ainsi, Les conflits entre hommes et éléphants sont le résultat de la perte de leur habitat au profit des habitations humaines et l'agriculture. En Afrique centrale, les populations éléphantines sont menacées par les méthodes de culture sur brûlis et par le commerce du bois, pendant qu'à travers l'Afrique moins de 20 % de l'aire de distribution des éléphants se trouve dans les parcs et les réserves (WWF, 2006). Par conséquent, lorsqu'ils essaient de suivre leur traditionnelle migration à travers les itinéraires habituels, ils sont confrontés aux routes, plantations et villages entraînant ainsi les conflits avec les populations locales. Dans les aires protégées, les éléphants sont attirés par les cultures des populations riveraines comme source de nourriture alternative. La consommation de ces cultures provoque d'énormes pertes aux paysans. Cela s'explique par la quantité de nourriture avalée par jour par éléphant. En effet, un petit troupeau d'éléphants peut causer des dommages impressionnants en une seule nuit, en entraînant souvent la perte de biens et de bétail. Les CHE peuvent être parfois fatales à l'homme et aux éléphants. Ainsi, Les éléphants identifiés comme problème sont parfois abattus par les autorités. Les populations humaines victimes des dégâts tuent aussi les éléphants en guise de vengeance. En retour, les éléphants provoquent parfois la mort aux seins de ces populations. De nos jours, pour juguler ces fléaux, plusieurs projets sont mis en oeuvre en collaboration avec les communautés locales afin de trouver des stratégies de cohabitation pacifique entre les hommes et les éléphants.

      II. SITE D'ETUDE

      1. Situation géographique

      La présente étude a été réalisée dans le Sud-Ouest du Parc National de Taï, situé dans la région Sud-Ouest de la Côte d'Ivoire. Le site d'étude couvre la partie Sud-Ouest du secteur de Guiroutou et le domaine rural limitrophe (Fig. 2). Le secteur de Guiroutou est limité au Nord par le secteur de Taï, à l'Est par les secteurs de Soubré et Djapadji, à l'Ouest et au Sud par les rivières et les plantations riveraines villageoises (Annexe I). Les coordonnées géographiques selon la grille UTM sont à la latitude 574200 à 638000 N et la longitude 682000 à 717000 W. La superficie du secteur de Guiroutou est de 98 000 ha.

      2. Relief, hydrologie, climat et pédologie

      Le relief est constitué de plateaux mal élaborés et très accidentés, s'élevant entre 150 et 200 m. La dépression de la hana s'abaisse à 100 - 125 m. L'inselberg du Mont Nienokoué émerge vers le confluent de la hana et de la Méno, culminant à 396 m (DPN, 1998).

      Le réseau hydrologique du secteur est particulièrement marqué par des cours d'eau sortant de leur nid et envahissant tous les endroits de la forêt rendant l'accessibilité difficile. Par contre le tarissement des eaux facilite le déplacement. La rivière Hana est la principale rivière tributaire du fleuve Cavally. Les affluents de cette rivière sont le Moumo et l'Aéna formant la limite Ouest avec les plantations sur environ 10 km et la Méno qu'on retrouve un peu plus au Nord. Toute ces rivières ont une orientation générale Nord / Nord-Est, Sud / Sud-Ouest (DPN, 1998). Le régime équatorial de transition est caractéristique de la région avec deux périodes de hautes eaux prédominantes qui sont mai-juin et septembre-octobre. Les coefficients pluviométriques de 1971 à 2000 (Fig. 3) de la zone de Guiroutou montrent que le mois de novembre est marqué par des débits faibles et ceux de décembre, janvier et février par des étiages sévères. Le climat est de type subéquatorial, chaud et humide toute l'année (climat attien). La pluviométrie moyenne annuelle est de 1700 mm dans le Nord à 2200 dans le Sud (UNESCO, 1982). Il y a une faible variation de température oscillant entre 24 et 27°C. L'humidité relative est élevée et comprise entre 85 et 90 % (UNESCO, 1982).

      Dans le Sud du PNT, la texture des sols est sableuse fine et argileuse ou argilo-sableuse. Généralement fertiles, ces sols sont propices aux cultures vivrières (manioc, riz fluvial, bananier plantain) et cultures de rentes (cacaoyers, caféiers, palmiers à huile.)

      Figure 2 : Localisation du site d'étude

      Source : Base de données SODEXAM, 2007

      Figure 3 : Coefficients pluviométriques mensuelles de la zone de Guiroutou Niébé de 1971 à 2000

      3. Végétation et diversité floristique

      Le Parc National de Taï est caractérisé par des formations floristiques de forêt primaire qui sont influencées par la topographie. On peut citer la forêt marécageuse à Mitragyna ciliata (Bahia) et symphonia globulifera ; Raphia sassandriensis et Gilbertiodendron splendidum ; la forêt sur des sols hydromorphes à Uapaca heudelotii et xylopia parviflora ; et les forêts périodiquement inondées à Hymenostegia afzelii et Heteropteris leona, avec une relative abondance de Sacoglottis gabonensis, Cola lateritia, Parkia bicolor et Pentaclethra macrophylla. Le secteur de Guiroutou contient 174 espèces et celui de Djapadji contient 88 espèces (Adou et al., 2005). Parmi les plantes, 80 sont endémiques et 4 à 20 espèces sont en danger (Chatelain et al., 2000).

      4. Faune des mammifères

      Plusieurs espèces sont endémiques au Parc National de Taï. La faune est typique de celle des forêts de l'Afrique de l'Ouest. Le PNT est le refuge de 140 espèces de mammifères et de 235 espèces d'oiseaux de l'Afrique de l'Ouest (Kasparek, 2000). Parmi les primates on a Cercopithecus mona campelli (mone), Cercopithecus diana diana (diane), Cercocebus torquatus atys (mangabé) et Colobus polykomos polykomos (magistrat). Les grands mammifères sont représentés par Choeropsis liberiensis (hippopotame nain), Cephalophus zebra (céphalophe zébré), Cephalophus jintinki (céphalophe de Jintink) et Cephalophus ogilbyi (céphalophe ogilby), Colobus verus (colobe de Van Beneden) et Cercopithécus petaurista (petauriste), Loxodonta africana cyclotis (éléphant de forêt), Pan troglodytus verus (chimpanzé). La dissémination des graines de la plus grande partie des plantes est tributaire des animaux (Chatelain et al., 2000). Sur les 54 espèces de grands mammifères présents dans les forêts humides de la zone guinéenne, 47 ont été identifiées dans la PNT, 5 de celle-ci dont l'éléphant d'Afrique (Loxodonta africana) sont menacées de disparition.

      5. Environnement socio-économique

      La population autochtone riveraine est du grand groupe Krou (Bakwé au Sud-Est, Kroumen au Sud-Ouest, Oubi à l'Ouest, Guéré au Nord-Ouest, Bété au Nord-Est du parc). Elle est constituée d'allochtones de plusieurs régions de la Côte d'Ivoire et d'allogènes de pays voisins. En 1992, la population riveraine du PNT était estimée à 113 000 habitants. En 1998, elle était de 527 000 habitants (Caspary et al., 2001) soit environ 3,66% d'augmentation. Le système agricole au Sud-Ouest de la Côte-d'Ivoire (région de Taï) se fonde sur le défrichement de la forêt, le brûlis, le semis du riz (Reouw, 1984). La pratique de la jachère est utilisée et dure 7 ans (Reouw, 1991). Des cultures vivrières secondaires (maïs, manioc, taro, banane...) peuvent être associées au riz. Après la jachère, les paysans peuvent implantés des cultures pérennes : caféiers, cacaoyers (Moreau, 1978). Les produits vivriers obtenus sont utilisés pour la consommation quotidienne et l'excès est commercialisé tandis que les cultures de rente (café, cacao, palmiers à huile) sont essentiellement commercialisées. Le nombre de braconniers vivant à la périphérie directe du PNT serait de 20 000 personnes (Caspary et al., 2001). Dont environ 3 % pratiqueraient le braconnage comme activité professionnelle. La forte démographie de cette zone associée aux pratiques culturales et le braconnage représentent un frein aux efforts de conservation du massif forestier de Taï.

      III. APPROCHE METHODOLOGIQUE

      1. Choix des parcelles d'études

      Pour choisir les parcelles, une prospection des plantations autour du parc a été réalisée avec l'aide des paysans. Les points d'entrées et de sorties des éléphants ont été marqués au GPS et regroupés en 2 parties selon leur fréquence. Des plaçeaux ont été mis en place en fonction de la fréquence de ces points pour récolter les données sur les activités des éléphants, hors du parc. Deux plaçeaux de dimensions similaires (2000 m x 500 m) séparés de 3000 m l'un de l'autre (Fig. 4) ont été disposés. Le plaçeau 1 est localisé au Nord du site d'étude dans la partie à fortes fréquences et le plaçeau 2 au Sud dans la partie à faibles fréquences. Le choix du premier point initial des plaçeaux a été fait au hasard à partir d'une grille. Pour cela, la zone d'étude a été subdivisée en petits carrés de 1 km de coté. Les points d'intersection des lignes de ces carrés et de celles de la limite du parc constituent les potentiels points initiaux des plaçeaux. Les autres points de la parcelle ont été fait de façon systématique. Les angles des plaçeaux ont été déterminés à l'aide d'un GPS.

      2. Enquêtes socio-écologiques

      Le groupe des spécialistes des éléphants d'Afrique (AFESG) a mis à la disposition des chercheurs et gestionnaires des aires protégées un questionnaire standard de collecte des données des CHE (Hoaré, 1999 a). Sur la base de ce questionnaire modifié en fonction des réalités de la localité d'étude, un questionnaire (Annexe II) est élaboré et soumis aux paysans. Tous les paysans dont les plantations sont situées dans la zone périphérique du secteur de Guiroutou sont interrogés sur la question fondamentale suivante : les éléphants sont ils arrivés dans votre plantation ? Ceux qui ont répondu par l'affirmatif ont été soumis au questionnaire. Ce dernier permet de répertorier et d'identifier les espèces animales représentant des menaces pour les cultures et de recueillir les attitudes des personnes victimes. Cependant, la fréquence et la sévérité des dégâts est moins précise, subjective et peut être biaisée par l'exagération du paysan (Dickinson, 1998). Pour y remédier, les plantations endommagées ont été visitées afin d'inventorier les dégâts observés. Cela permet d'évaluer l'impact réel des éléphants (Hoaré, 1999 a).

      Source : SIG/Parc National de Taï, 2007

      Figure 4 : Localisation des plaçeaux et des campements dans la zone d'étude

      3. Activités humaines dans la périphérie du PNT

      Dans la périphérie du parc, tous les campements (Fig. 4) installés ont été marqués au GPS.

      Sur les plaçeaux, le type de cultures, la structure des cultures (homogène ou hétérogène), le stade phénologique des plantes (semis ou jeune, intermédiaire ou montaison, maturation) et la distance des plantations à la limite du parc ont été déterminés. La superficie des plantations a été également déterminée par la mesure des côtés (Adjewodah et al., 2005).

      4. Effectif des éléphants dans le parc

      Des layons non permanents ont été mis en place dans la partie du parc adjacente aux plaçeaux. Ces layons ont permis de mesurer l'indice d'activité des éléphants dans la périphérie du parc et de faire ressortir les caractéristiques de leur habitat dans le parc, car elles peuvent influencer les incursions dans les cultures (Barnes et al., 2003).

      Au total 10 layons longs de 5 km et équidistants de 2 km ont été réalisés (Fig. 5). Les coordonnées des points aux extrémités des layons sont identifiées à l'aide d'une carte à grille UTM puis enregistrés dans le GPS. Les points extrêmes des layons sont reliés grâce à la boussole indiquant toujours l'orientation Ouest-Est ou Est-Ouest selon le sens de déplacement. Les layons sont perpendiculaires au grand axe du réseau hydrologique pour éviter d'échantillonner sur des surfaces homogènes. Sur les layons, une équipe de 2 personnes a été chargée de collecter les informations sur les signes de présence des éléphants (tas de crottes et empreintes). Les paramètres suivants sont mesurés sur les tas de crottes :

      - la distance (perpendiculaire au layon) séparant le tas de crotte au layon (Annexe III) en utilisant le décamètre et la boussole

      - la distance parcourue avant la découverte du tas de crotte, avec le topofil

      - la hauteur, longueur, largeur, et circonférence du tas de crotte, avec un instrument de mesure des tas de crottes et un ruban mètre

      - le stade de dégradation (A à E) du tas de crotte selon Barnes & Jensen (1987)

      · stade A : la crotte est très fraîche, humide et odorante ;

      · stade B : la crotte est fraîche avec une surface sèche, pas d'odeur ;

      · stade C1 : la crotte est désintégrée en partie avec plus de 50 % du tas distingué en boule de crotte ;

      · stade C2 : moins de 50 % du tas peut être distingué comme boule de crotte ;

      · stade D : la crotte désintégrée en totalité, est représentée sous la forme d'une masse amorphe 

      Source : SIG/Parc National de Taï, 2007

      Figure 5 : Localisation des layons d'inventaire dans la zone d'étude

      · stade E : la dégradation de la crotte a atteint un seuil où il est difficile de la détecter à 2 m sous la canopée

      D'autres informations ont été collectées pour caractériser l'activité des éléphants (pistes d'éléphants et arbres fruitiers).

      5. Indices d'activités humaines

      Lors du dénombrement des tas de crottes sur les layons, les signes de présence humaine (douilles de fusil, camps d'orpailleurs, plantations, camps de braconniers...) dans la forêt ont été collectés puis identifiés. Chaque observation est géo-référenciée par le GPS, et la distance parcourue sur le layon indiqué par le topofil est relevée.

      6. Analyse des données

      6.1. Données des enquêtes socio-écologiques

      Les informations tirées du questionnaire ont été traitées en les regroupant selon les années, les mois, les périodes de la journée et la distance séparant la plantation de la limite du parc. Puis, elles ont été recoupées avec les proportions de cultures détruites afin de faire ressortir les relations entre les paramètres (année, mois, période de la journée, la distance et les proportions des dégâts). Les pertes de cultures occasionnées par les éléphants ont été calculées selon la formule suivante :

      Proportion des pertes =

      Proportion moyenne des pertes =

      Proportions des surfaces cultivées =

      6.2. Dénombrement des éléphants

      Deux techniques de calcul ont été utilisées pour estimer la densité des tas de crottes puis l'effectif des éléphants à partir des tas de crottes recensés sur les layons. La première technique est l'estimation de la densité des crottes à partir des segments de 0,5 km contenant des tas de crottes et, la deuxième est l'estimation de la densité des tas de crottes à partir des distances perpendiculaires aux layons menant aux tas de crottes.

      6.2.1. Estimation de la densité des tas de crottes à partir des segments de 0,5 km

      Cette technique de calcul de la densité des éléphants utilise le pourcentage des segments de 0,5 km contenant des tas de crottes sur le layon. Dans cette méthode tous les tas de crottes du stade A à E ont été pris en compte. Elle s'appuie sur l'utilisation de deux équations (Barnes & Jensen, 1987 ; Fay, 1991) selon le nombre de tas de crottes collectées sur le layon. Pour les layons avec moins de 75% de segments contenant des tas de crottes, la densité (D) est calculée à partir de la formule suivante :

      D = 6 + 703p ; r = 0,83 (intervalle de confiance =) (1)

      Pour les layons avec plus de 75% de segments contenant des crottes, la densité (D) s'écrit :

      D = 110 + 1576p : r = 0,94 (intervalle de confiance =) (2)

      D est le nombre de tas de crottes par km²

      p est la proportion de segments de 0,5 km de layon contenant au moins un tas de crotte

      r est le coefficient de corrélation 

      Cette technique de calcul de la densité des tas de crottes a été utilisée dans la forêt classée du Haut-Sassandra en Côte d'Ivoire (Soulemane, 2003) et dans le Parc National de Cross River au Nigeria (Obot et al., 2005) pour estimer la densité des éléphants.

      6.2.2. Estimation de la densité des crottes à partir des distances perpendiculaires aux layons

      L'estimation de la densité des crottes par km² a été obtenue suivant l'équation (3)

      (Buckland et al., 1993)

      Y =

      où 

      Y : la densité des tas de crottes

      : le nombre de crottes sur le layon

      f(0) : la probabilité pour que la densité estimée par rapport à la distance perpendiculaire soit égale à zéro

      L : la longueur totale de tous les layons parcourus

      Cette équation est une composante du programme DISTANCE (Laake et al., 1994). Ce programme a été utilisé pour estimer la densité des éléphants dans le Parc National d'Azagny en Côte d'Ivoire (Nandjui, 2004) et au Cameroun (Ekobo, 1997)

      En supposant que le système forêt/éléphants/crottes est stable, la densité d'éléphant s'obtient par l'équation (4) de McClanahan (1986) :

      ED = Yr ou E = (Yr)/D

      : nombre d'éléphants par km²

      D : nombre de tas de crottes produites par éléphant et par jour (taux de défécation)

      Y : densité des tas de crottes

      : taux de dégradation des crottes

      Le taux de défécation de 17 et le taux de dégradation de 0,03 est utilisé (Barnes & Jensen, 1987). Chaque variable Y, r, D a une variance propre. La variance des 3 variables contribue à celle de E, qui est estimée par :

      Var (E) = Var (D). (Y.r)²/D 4 + Var (Y.r)/D² (5) (Barnes, 1993)

      Où Var (Y.r) = Var (Y).Var(r) + Y².Var(r) + r².Var (Y)

      L'intervalle de confiance IC = tá/2.SE à 95% de degré de confiance (á = 0,05)

      Où l'erreur standard SE (Y) = tá/2 (n-1) est égale à t0,025 = 2,262 pour n = 10 (valeur obtenue à partir de la table de distribution de t).

      Le traitement des données a été réalisé par le logiciel SPSS 11.5. Le coefficient de détermination a permis de mettre en évidence la tendance entre la proportion des dégâts et la distance qui sépare la plantation de la limite du parc. Le coefficient de Pearson a permis d'évaluer la tendance entre les effectifs des indices de présence des éléphants et la distance séparant la plantation de la limite du parc. Le test Z de la différence significative minimal a permis de déterminer les différences significatives entre les proportions des surfaces en cultures de rente et celles en cultures vivrières.

      IV. RESULTATS ET DISCUSSION

      1. Résultats

      1.1. Enquêtes socio-écologiques

      1.1.1. Importance et périodicité des dégâts

      L'analyse des résultats du questionnaire montre que 12 chefs d'exploitations sont victimes de dégâts de cultures sur 42 rencontrés soit 28,5%. Après le passage des éléphants dans les plantations, chaque chef d'exploitations perd en moyenne 35,5% du poids des produits agricoles. La destruction des cultures par les éléphants a commencé dans les années 1995 (Fig. 6). A cette période les chefs d'exploitations avaient été victime de 33,3% de dégâts. Quatre ans plus tard (en 1999), les incursions dans les cultures par les éléphants ont repris avec des dégâts plus faibles (4%). En 2002, les attaques de cultures sont répétitives jusqu'en 2005 avec un maximum de victimes en 2004 (18% de dégâts de culture). Les dégâts sont plus importants d'octobre à mars variant en moyenne de 1,2% à 34,4% et nuls d'avril à septembre (Fig. 7). Par ailleurs, aucun dégât n'a été observé pendant la période de l'étude.

      Le pourcentage de dégâts croît avec la distance qui sépare les cultures de la limite du parc (R² = 0,95 ; p = 0,003). Les plantations situées à moins de 100 m sont caractérisées par des dégâts supérieurs ou égaux à 50% tandis que celles à plus de 100 m affichent des dégâts compris entre 2% et 34% (Fig. 8).

      D'après les paysans, les populations d'éléphants se déplacent par petit groupe de 2 à 6 individus (tous sexes et âges confondus). La majorité des chefs d'exploitations victimes (66,7%) affirment que 14,9% des dégâts ont lieu les nuits contre 16,7% des chefs d'exploitations victimes de 8,3% de dégâts les matins. Aussi, 16,7% des chefs d'exploitations avec 21,2% des dégâts n'ont pas pu circonscrire les dégâts dans la journée (Fig. 9).

      1.1.2. Moyens de lutte

      Des stratégies sont menées par quelques paysans pour dissuader les éléphants. Ainsi, sept (7) chefs d'exploitations sur 12 soit 58,3% utilisent une stratégie alors que 5 sur 12 soit 41,7% ne mènent aucune action. Les stratégies de lutte traditionnelle contre les dégâts occasionnés par les éléphants sont les suivantes:

      - fumée du feu de bois ;

      - clôture en bois autour de la plantation ;

      - statuette en forme d'humain ;

      - les bruits (cris, frappe de bois ou boîte, radio allumée toute la nuit) ;

      - la lumière (torche, lampe) ;

      Figure 6 : Variation interannuelles des dégâts Figure 7 : Variation mensuelle des dégâts de de cultures dans la période cultures de 1995 à 2007

      allant de 1995 à 2007

      Figure 8 : Proportion de cultures détruites Figure 9: Période de visite des éléphants

      et la distance moyenne entre la plantation et proportion de cultures détruites

      et la limite du parc

      Deux (2) chefs d'exploitations sur 12 soit 16,7% se sont plaints verbalement aux agents des eaux et fôrets. Par ailleurs, aucune blessure ou mort d'homme n'a été constatée.

      1.2. Caractérisation des activités humaines : identification et quantification des cultures

      Les cultures vivrières pratiquées dans la zone d'étude sont : taro, manioc, banane, igname, maïs, gombo, piment, épinard, papaye. Ils servent à la subsistance alimentaire et l'excédant est parfois commercialisé. Le café, le cacao et le palmier à huile représentant les cultures de rentes sont essentiellement commercialisées. Des portions de forêt sont défrichées par la méthode d'abattage et brûlis (Fig. 10) pour la réalisation des cultures. Les indicateurs d'activités humaines sont représentés par l'effectif des paysans victimes et leurs campements autour du parc. Le nombre de paysans victimes ainsi que le nombre de campements varie d'un plaçeau à un autre. Le nombre de victime sur le plaçeau 1 est élevé à celui du plaçeau 2 (Fig. 11). Au total 72% des cultures sont matures (Fig. 12 et 13). Sur le plaçeau 1 il y a plus de cultures hétérogènes à maturité, tandis que sur le plaçeau 2 les cultures homogènes à maturité sont élevées. Il y a une différence significative entre le pourcentage de surface en culture de rente et celui en culture vivrière (Z = 0,1). Les cultures de rente représentent l'essentiel des cultures (70,1%) contrairement aux cultures vivrières qui ne représentent que 9,8% (Fig.14).

      Echelle : 1 / 150

      Figure 10 : Parcelle nouvellement défrichée pour sa mise en culture

      Figure 11 : Indices d'activités Figure 12 : Variation des stades humaines sur les 2 plaçeaux d'étude phénologiques des cultures homogènes en fonction des plaçeaux


      Figure 13 : Variation des stades phénologiques Figure 14 : Surface occupée par

      des cultures hétérogènes en fonction différents types de cultures

      des plaçeaux

      1.3- Effectif des éléphants

      1.3.1- Densité des tas de crottes

      Sur une distance totale de 50 km de layons parcourue dans la forêt, 94 crottes ont été récoltées.

      1.3.1.1. Estimation à partir des segments de 0,5 km

      Le nombre total des segments de 0,5 km sur les 50 km est de 100. Les segments contenant des tas de crottes sont au nombre de 32. La proportion des tas de crottes sur chaque layon varie de 0 à 70% avec une densité de tas de crottes.km-2 moyenne de 230 (Tableau II).

      Tableau II : Estimation de la densité des tas de crottes

      Numéro de layons

      Longueur du layon

      (Km)

      Nombre de segments de 0,5 km

      Nombre de segments de 0,5 km contenant des crottes

      Proportion de segment avec crottes (%)

      Densité de tas de crottes

      (km-2)

      1

      5

      10

      0

      0

      0

      2

      5

      10

      3

      30

      216,9

      3

      5

      10

      7

      70

      498,1

      4

      5

      10

      5

      50

      357,5

      5

      5

      10

      2

      20

      146,6

      6

      5

      10

      0

      0

      0

      7

      5

      10

      3

      30

      216,9

      8

      5

      10

      5

      50

      357,5

      9

      5

      10

      4

      40

      287,2

      10

      5

      10

      3

      30

      216,9

      Total

      50

      100

      32

       
       

      Moyenne

       
       
       
       

      230

      Intervalle de confiance

       
       
       
       

      #177; 147

      1.3.1.2. Estimation à partir du Programme DISTANCE

      A partir des crottes récoltées, le programme DISTANCE a servit à estimer la densité des tas de crottes à 620,6 #177; 186,4 crottes.km-2 (Tableau III).

      Tableau III : Densité des tas de crottes à l'aide du programme DISTANCE

      Paramètres

      Points estimés

      Erreur standard

      Coefficient de variation

      95% Limite de confiance

      F(0)

      0.66026

      0.79227E-01

      12.00

      0.52068

      P

      0.23409

      0.28089E-01

      12.00

      0.18460

      ESW

      1.5146

      0.18174

      12.00

      1.1944

      n/L

      1.8800

      0.51743

      27.52

      1.0202

      D

      620.64

      186.35

      30.02

      3285

      (Voir annexe IV pour le détail des calculs)

      1.3.2. Densité des éléphants

      1.3.2.1. Estimation à partir des segments de 0,5 km

      Sur chaque layon, la densité d'éléphant varie de 0,2 à 0,9 avec une moyenne de 0,4 #177; 0,2

      éléphants.km-² (Tableau IV).

      Tableau IV : Densité des éléphants estimée à partir de la méthode des segments de 0,5 km

      Numéro des layons

      Densité de crottes

      (éléphant.km-²)

      r = 0,03; D =17

      1

      0

      2

      0,4

      3

      0,9

      4

      0,6

      5

      0,26

      6

      0

      7

      0,4

      8

      0,6

      9

      0,5

      10

      0,4

      Total

      4

      Moyenne

      0,4

      Intervalle de confiance

      #177; 0,2

      1.3.2.2. Estimation à partir du programme DISTANCE

      La densité d'éléphant est estimée à 1,1 #177; 0,7 éléphants.km-².

      (Voir annexe IV pour les détails des calculs)

      1.4. Comparaison des méthodes

      Les deux méthodes utilisées pour déterminer la densité des éléphants ont permis d'obtenir des valeurs avec un intervalle de confiance de 0,2 et 0,7 (Tableau V).

      Tableau V : Comparaison des méthodes

       

      Segment de 0,5 km

      Programme DISTANCE

      Densité d'éléphant

      0,4

      1,1

      Intervalle de confiance

      #177; 0,2

      #177; 0,7

      1.5. Distribution des éléphants

      Onze (11) espèces d'arbres fruitiers (Tableau VI) dont les graines (Annexe V) retrouvées dans les crottes d'éléphants, ont été identifiées. Cependant, dans l'ensemble de la zone d'étude, les indices de présence d'éléphants (crottes et empreintes) ne sont pas corrélés avec la présence des arbres fruitiers (crottes : R = - 0,38 ; p =0,27 ; empreintes : R = 0,2 ; p =0,56). Par contre, la densité des tas de crottes est significativement corrélée à la distance de la limite du parc (R = 0,83 ; p = 0,002). Aussi, les crottes sont concentrées entre 0 et 0,5 km puis dans une zone située à une distance de 1,5 km partant de la limite du parc (Fig. 15). La corrélation entre le nombre d'empreintes (R = 0,57) et la distance partant de la limite du parc n'est pas significatif (p = 0,08). Il en est de même pour le nombre de pistes d'éléphants (R = 0,61 ; p = 0,06).

      Tableau VI: Espèces d'arbres fruitiers

      Espèces

      Familles

      Auteurs

      Chrysophyllum pruniforme 

      Sapotaceae

      Linnaeus (1753) ; Pierre ex Engl.

      Gilbertiodendron splendidum 

      Caesalpiniaceae

      Lindley (1836) ; A. Chevalier ex Hutch. & Dalziel.

      Klainedoxa gabonensis 

      Irvingiaceae

      Linnaeus (1753) ; Pierre ex Engl.

      Nauclea xanthoxylon 

      Rubiaceae

      A.L. DE Jussieu (1789) ; A. Chevalier

      Parinari excelsa 

      Rosaceae

      R. Brown in Tuckey (1818)

      Pentadesma butyracea 

      Guttiferae

      Lindley (1836) ; Van Der Veen (1995) 

      Raphia hookeri 

      Arecaceae

      Mann & Wendland

      Sacoglottis gabonensis 

      Humiriaceae

      Baille

      Strychnos aculeata 

      Logoniaceae

      Linnaeus (1753) 

      Tieghemella africana

      Sapotaceae

      Durande (1782)

      Uapaca guineensis 

      Euphorbiaceae

      Linnaeus (1753) 

      Figure 15 : Indices de présence des éléphants dans la forêt en fonction de la distance à la limite du parc

      2. Discussion

      2.1. Enquêtes socio-écologiques

      2.1.1. Importance et périodicité des dégâts

      Les paysans dont les cultures sont dévastées par les éléphants sont nombreux mais 12 chefs d'exploitations ont été recensés. En effet, chaque chef d'exploitation a, à son actif plusieurs collaborateurs. Ceux-ci mettent en valeur des parcelles, une partie de la production est destinée aux propriétaires de la parcelle et l'autre aux paysans. Ainsi, le détenteur légitime de la parcelle répond au nom de tous les utilisateurs. Il faut donc estimer à plus de 12, le nombre de victimes des dégâts occasionnés par les éléphants.

      Suite aux premiers dégâts en 1995 les agents des eaux et forêt ont mené une opération de répulsion des éléphants qui a consisté à tirer des coups de fusil en l'air pour éloigner les éléphants des parcelles cultivées. Cela a permis d'interrompre les sorties d'éléphant pendant un temps donné. La reprise des dégâts en 1999 est due a un manque d'application de contre mesure pour tenir les éléphants loin des plantations. La répétition des dégâts de 2002 à 2005 s'explique par l'absence des paysans dans les plantations et campements à cause de la crise militaro-politique qui a prévalu pendant cette période. Les plantations abandonnées, paisibles, offraient une quantité de nourriture abondante et de bonne qualité aux éléphants. Le retour progressif des paysans entraînant de plus grands bruits dans les plantations vers la fin de l'année 2005 a freiné les incursions des éléphants dans les zones de cultures. Cela confirme les travaux de Mpanduji et al., (2002)  et Barnes et al., (1995) selon lesquels les zones de forte densités et d'activités humaines sont soigneusement évitées par les éléphants. Cela explique l'absence d'incursions dans les cultures pendant la période d'étude. Selon Adjewodah et al., (2005) les dégâts sont importants lorsque les cultures sont matures, de bonne qualité et prêtes à être récoltées (Fred de Boer et al., 2001). Ainsi, l'importance des dégâts pendant les mois d'octobre à mars correspondrait à la période de maturation des cultures, mais aussi à la saison sèche (décembre à février) où les cours d'eau sont en étiage ou taris. La distance des plantations à la limite du parc est aussi un facteur déterminant l'importance des dégâts dans les cultures. Comme l'ont montré Sam et al. (2005), le nombre de dégâts est inversement influencé par la distance moyenne de la limite la plus proche du parc. Ainsi, l'hypothèse selon laquelle les dégâts de culture sont influencés par la proximité des plantations aux limites du parc semble être vérifiée. Les paysans affirment que les dégâts sont occasionnés par de petits groupes d'éléphants (2 à 6), confirmant aussi les observations de Merz (1986 a) selon lesquelles les groupes d'éléphants de forêt du PNT ont une taille moyenne variant de 2,44 à 3,4 individus. Ceux de Tanzanie ont été estimés à 3 et 10 (Malima et al., 2005). La majorité des chefs d'exploitations affirment que les dégâts ont lieu au cours des nuits comme c'est le cas dans la forêt classée du Haut-Sassandra (Soulemane, 2002), parce que les plantations ne sont plus occupées par les hommes. Le faible pourcentage de plaintes des paysans (16,7%) est certainement lié aux raisons suivantes:

      - la plupart des dégâts sont négligeables pour qu'ils y accordent une importance. ;

      - la peur des paysans d'être réprimandés par les agents des eaux et forêts car leurs plantations ne se trouvent pas à distances règlementaires du parc ;

      - les paysans n'ont pas confiance aux agents des eaux et forêts car ils font des promesses qu'ils ne tiennent pas.

      Les résultats du questionnaire doivent être pris avec beaucoup de précaution car il faut davantage de temps et une plus grande surface d'observation pour comprendre les conflits et apporter des solutions. En effet, un décalage réel existerait entre la perception des paysans et les conflits tels qu'ils se présentent (Gillingham et al., 2003). L'absence de dégâts pendant la période d'étude ne nous a pas permis de faire une comparaison entre la méthode du questionnaire et celle de l'évaluation des dégâts sur le terrain. Une étude similaire au Cameroun a montré que les paysans surestiment les dégâts de culture dans 30-40% des cas espérant une compensation potentielle (Tchamba, 1996).

      2.1.2. Moyens de lutte

      Les méthodes traditionnelles utilisées sont prédisposées à l'échec au long terme à cause de l'habituation des éléphants (Osborn et al., 1995) c'est-à-dire que la réponse à un stimulus donné (Bruits, fumée...) diminue suite à un contact continu. La plupart des méthodes utilisées par les paysans pour dissuader les éléphants demeurent traditionnelles. Le nombre de paysans utilisant les méthodes dissuasives est faible comparé à celui (90%) de Sam et al.(2005). Ils ont montré que les bruits utilisés seul ne sont pas très efficaces à moins qu'ils soient employés en combinaison avec d'autres méthodes. Aussi, les observations de Hoaré (1999 b) sur le dérangement des éléphants par les bruits ont montré que cette méthode perd son efficacité lorsque les fréquences de sorties des éléphants sont élevées et surtout quand il s'agit des mêmes éléphants. La volonté du paysan de dissuader les éléphants est importante car les méthodes doivent être utilisées en combinaison. Cela demande beaucoup de temps et de travail plus ou moins contraignants. C'est la raison pour laquelle l'efficacité des méthodes est relative d'un paysan à un autre.

      2.2. Caractérisation des activités humaines : identification et quantification des cultures

      Nakandé et al. (2007) ont constaté dans la réserve partielle du Pama au Burkina Faso que les cultures dévastées par les éléphants sont les cultures vivrières en maturités et en montaison. Parker et Osborn (2001) ont trouvé aussi que les éléphants préfèrent les cultures matures que les immatures. Sam et al. (2005) ont affirmé que le risque de dégât de culture augmente avec le nombre de cultures vivrières (r²= 0,756, p < 0,05). Donc les paysans ayant des plantations en monoculture avec des plants immatures courent moins de risque de dégâts de culture que ceux qui possèdent plusieurs cultures à maturités. Au niveau du paysage les surfaces misent en culture sont faibles et sont occupées en majorités par des cultures homogènes de café et cacao. Ainsi, elles n'offrent pas une importante mosaïque de culture capable d'attirer les éléphants. Cela explique donc l'absence de dégâts dans les plantations.

      2.3. Effectif des éléphants et comparaison des méthodes

      L'estimation de la densité des éléphants à partir de la méthode des segments de 0,5 km a permis d'obtenir 0,4 éléphants.km-² alors que le programme DISTANCE affiche 1,1 éléphants.km-². Ces valeurs sont différentes car les méthodes utilisées n'ont pas le même principe de calcul. Par ailleurs, les 2 méthodes donnent un intervalle de confiance précis. La méthode des segments de 0,5 km est couramment utilisée pour l'estimation de la densité des éléphants dans des zones à faible densité tandis que le programme DISTANCE est couramment utilisée dans les zones de forte densité d'éléphants.

      Le nombre de tas de crottes obtenue est suffisant pour lancer le programme DISTANCE. Néanmoins il n'est pas optimal pour que le programme donne des résultats exacts et précis. Une comparaison avec les densités d'éléphants estimés dans le PNT (0,23 éléphants.km-². Merz, 1986 b), dans le parc national d'Azagny (0,3 éléphants.km-². Nandjui, 2004), dans la forêt classé du Haut-Sassandra (0,1 à 0,4 éléphants.km-². Soulemane, 2003), permet d'affirmer que l'estimation à partir de la méthode des segments est proche de la réalité. En effet, la valeur estimée par cette méthode est proche de celle trouvée par ces autres auteurs. Ainsi, la densité des éléphants dans le secteur de Guiroutou est estimée à 0,4 #177; 0,2 éléphants.km-² correspondant à 36 #177; 18 éléphants pour une superficie de 90 km².

      2.4. Distribution des éléphants

      Le facteur critique déterminant les dégâts peut être le nombre d'éléphant proche de la périphérie du parc où ils peuvent sentir les odeurs des cultures plutôt que la densité d'éléphant (Barnes et al., 1995). D'après Merz cité par Theuerkauf et al. (2001), dans la PNT, une forte densité d'éléphants est observée dans la forêt secondaire que dans la forêt primaire à cause de l'abondance des arbres fruitiers. Les éléphants sont fréquents entre 0 et 0,5 km mais ne s'aventurent pas en dehors du parc parce qu'ils y viennent que pour s'abreuver dans l'immense réseau hydrographique qui garanti la présence de l'eau en abondance. Les éléphants sont en faible densité et passent moins de temps dans cette zone parce que les activités anthropiques sont permanentes. Cela fait courir un risque certain d'incursion dans les cultures, susceptible d'être provoqué par tout changement intrinsèque (absence de fruits, assèchement des rivières) ou extrinsèque (augmentation des surfaces cultivées, abondance de cultures vivrières) à cause de l'intensification des activités humaines. En effet, ils pourraient provoquer la sortie de ces éléphants du parc vers les plantations. La majorité des éléphants se réfugient en profondeur du parc pour éviter la présence humaine d'où le nombre élevé de tas de crottes à 1,5 km.

      CONCLUSION ET RECOMMENDATIONS

      Le secteur de Guiroutou est la zone la plus touchée par les conflits homme-éléphant parmi tous les autres secteurs du parc. Certes, aucun dégât n'a été observé pendant la période d'étude mais les dégâts antérieurs ont montré que les pertes sont importantes. Le nombre de victimes est réduit et très peu de paysans se sont plaints des éléphants. La présente étude permet d'affirmer que les paysans tolèrent la présence des éléphants. Le seuil critique de cohabitation homme-éléphant ne serait pas atteint. Cet équilibre précaire ne saurait durer à cause du mode d'utilisation des terres et des surfaces de culture de plus en plus croissante à proximité du parc.

      La probabilité de croissance des populations d'éléphants dans le parc est forte. Aussi, les risques de dégâts dus à la présence des éléphants seront grands. Par conséquent, des mesures doivent être prisent avant que le pire ne se produise. Pour une meilleure gestion des relations homme-éléphant dans la périphérie du PNT, quelques recommandations peuvent être faites :

      - réaliser une étude exhaustive sur l'estimation du nombre d'éléphants et leur mode de déplacement dans le PNT afin de mettre à jours les données sur les populations des éléphants et de prévoir des éventuels dégâts d'éléphants ;

      - sensibiliser les paysans sur les risques d'avoir une plantation à proximité du PNT permettra de respecter une distance de sécurité entre les plantations et le parc ;

      - faire des patrouilles régulières dans les zones en bordure du parc à forte densité d'éléphants ;

      - mettre en place un comité de suivi et d'évaluation de la situation des conflits homme-éléphant à travers toute la périphérie du PNT ;

      - proposer, expérimenter et former les paysans à d'autres méthodes de protections des cultures qui seront utilisées en combinaison à savoir  des barrières végétales (piments, thé, tabac...) autour des cultures vivrières ou des barrières physiques (clôture de cerclage) entretenues par les agents des eaux et forêts.

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      ANNEXE II

      QUESTIONNAIRE POUR L'EVALUATION DES DEGÂTS

      SECTEUR : Guiroutou ANNEE : 2007 QUEST.N° : 1 plaçeau I

      1-Date du rapport : 09 - 09 - 2007

      Date de l'évaluation : 10 - 09 - 2007

      Groupe (nombre de personne) : 01

      2-Nom du paysan : Bini Kouamé Daté

      Village du paysan : Guiroutou

      Natif immigrant (cocher un)

      Le plus proche village de la plantation : Guiroutou

      3-Localisation du champ : Ecotel (limite du parc)

      Position GPS : 0695324 / 0593499

      Distance champ-limite du parc : Rivière Moumo

      Production attendue : 2,5 t Production obtenue : 2 t (café, cacao)

      4-Date de la visite de(s) éléphant(s) : Septembre 2005

      Temps de visite si possible : 22 h à 03 h du matin

      Période de la visite (matin, soir, nuit) cocher un

      Etait-ce une nuit pluvieuse ? oui ou non préciser

      5-L'(les) éléphants(s) a-t-il (ont-ils) visité un champ voisin pendant la même période ? oui ou non

      Si oui, donner le nom du paysan affecté : Bonago Sylvain, Marcel, Pascal, Bouraman

      (remplir un autre questionnaire pour ces dégâts)

      6-Quelqu'un a t'il vu des éléphants pendant la visite ?

      oui / non

      Combien étaient-ils ? 04

      Combien d'adultes ? 03 Combien de jeune ? 01

      Combien de mâles ? 0 Combien de femelles ? 03

      7-Combien de fois des éléphants ont-ils visité ce champ dans le mois ? Donner les dates : septembre (1 fois) ; novembre (3 fois)

      8-Surface totale cultivée : 20 ha

      Depuis quand cultivez vous ici ? 1986

      9.a-Comment le paysan protège t-il son champ ?

      Nombre de champ(s) du paysan : 02

      Protégez-vous votre champ ? oui ou non

      Que faites-vous pour protéger votre champ ? Fumée de bois de chauffe

      Quelles sont les difficultés rencontrées dans votre méthode ? la pluie éteint le feu

      Votre méthode permet-elle de chasser les éléphants ? oui / non

      Combien dépensez-vous pour protéger votre champ dans le mois ? 50 000 f CFA

      Dormez-vous souvent dans votre champ ?oui / non

      9.b-Fréquence, donnez des dates si possible

      Combien de jours par semaine ? 1 ou 2

      Combien d'heure passez- vous en moyenne par jour ? 30 min

      Est-ce que vos voisins protègent-ils leurs champs ?oui ou non

      10- Existe-t-il des compensations des cultures détruites ?

      oui / non

      si oui, comment ce font ces compensations ?

      réception d'argent, réception de denrée alimentaire

      11.a-Notes sur les éléphants

      Mesures des empreintes :

      a- Patte avant : 4 cm

      b- Patte arrière : 2 cm

      Mesures de crottes (circonférence, longueur, largeur)

      25 cm

      10 cm

      6 cm

      Liste des activités le long de la piste utilisée par l'éléphant entre le champ et la limite du parc :

      Déracinement, piétinement

      11.b-Lieu de sortie de l'éléphant du parc :

      0694531 / 0595367

      Lieu d'entrée dans le parc : 0694531 / 0595367

      Les éléphants venaient-ils ici avant que vous ne cultiviez ? oui / non, si oui pourquoi avez-vous cultivé ici ? c'est la parcelle que je pouvais acheter

      Si non, quand est-ce que les dégâts dans votre champ ont débuté ?.........................................................

      Quels plans de protection aviez-vous pour votre champ ?

      aucun

      Que pensez-vous qui puisse être fait pour résoudre ce problème ? construction de clôture

      Ajouter d'autres détails si nécessaire........................

      ...............................................................

      12-Description de la plantation et des quantités détruites

      Type de plante

      Qualité de la plante (bonne, moyenne, pauvre)

      Stade de la plante

      (semi, jeune, mature)

      Quantité consommée

      (aucune, certaine, majorité, toute)

      Autres types de dommages

      Superficie occupée par chaque plante cultivée

      maïs

      Moyenne

      Jeune

      Majorité

      aucun

      10 km²

      cacao

      Bonne

      Mature

      Certaine

      grenier

      25 ha

       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       
       

      ANNEXE II Suite

      ANNEXE I

      APERCU DE LA PRINCIPALE RIVIERE MOUMO A L'OUEST DU PARC NATIONAL DE

      TAÏ (LIMITE NATURELLE ENTRE LE PARC ET LES PLANTATIONS)

      Echelle : 1 / 30

      ANNEXE III

      TECHNIQUE DE MESURE DE LA DISTANCE PERPENDICULAIRE

      Même tas de crottes en plusieurs morceaux

      Grande distance

      Petite distance

      Fil du topofil

      sur le layon

      Sens du parcours Distances perpendiculaires Tas de crotte

      Ouest-Est

      La distance perpendiculaire est mesurée par rapport à la ligne du layon. Un angle droit doit se former entre le fil du topofil et le décamètre. L'angle droit est obtenu par la boussole (plein Nord 0° ou 360°, plein Sud 180°). Lorsque toutes les boules du même tas de crotte sont en un seul tas, la mesure se fait à partir du centre du tas de crottes. La hauteur est aussi mesurée.

      Par contre, lorsque les boules du même tas de crottes sont en plusieurs morceaux, la mesure de la boule la plus proche du fil et celle de la boule la plus éloignée sont faits. Ensuite le calcul de la distance perpendiculaire est obtenu par la moyenne des deux distances :

      (Grande distance + petite distance) / 2.

      Par ailleurs, la hauteur est celle de la boule la plus haute ou grande.

      ANNEXE IV

      CHOIX DE L'ESTIMATEUR

      Densité des tas de crottes obtenues à partir des modèles d'estimateur du Programme DISTANCE

       

      MODELE

       

      1

      2

      3

      Convergence was achieved with

      11 functions evaluation

      14 functions evaluation

      25 functions evaluation

      Final ln(likehood) value

      -108.17778

      -107.01489

      -106.94980

      Akaike information criterion (AIC)

      220.35556

      220.02979

      221.89961

      Bayesian information criteron (BIC)

      225.44215

      227.65967

      232.07278

      AICc

      220.48743

      220.29645

      232.07278

      Le modèle choisi est celui qui possède la plus petite valeur AIC (Akaike Information Criterion)

      Résultats de l'estimation de la densité des tas de crottes

      Effort  : 50.00000

      # Sample  : 10

      Width : 6.470000

      # Observation: 94

      Model:

      Hazard Rate Key, k(y) = 1- Exp (-(y/A (1)) **-A (2))

      Cosine adjustments of order(s): 2

      Parameter

      Point estimate

      Standard Error

      Percent coef. of variation

      95% confidence

      Percent interval

      F(0)

      0.66026

      0.79227E-01

      12.00

      0.52068

      0.83726

      P

      0.23409

      0.28089E-01

      12.00

      0.18460

      0.29684

      ESW

      1.5146

      0.18174

      12.00

      1.1944

      1.9206

      n/L

      1.8800

      0.51743

      27.52

      1.0202

      3.4644

      D

      620.64

      186.35

      30.02

      3285

      1172.6

      N

      27929.

      8385.6

      30.02

      14782.

      52767.

      Taux de rencontre

       

      Estimate

      %CV

      Df

      95% confidence

      Interval

      N

      94.000

       
       
       
       

      K

      10.000

       
       
       
       

      L

      50.000

       
       
       
       

      n/L

      1.8800

      27.52

      9.00

      1.0202

      3.4644

      ANNEXE IV (suite)

      Probabilité de détection

      Hazard / cosine

       

      Estimate

      % CV

      Df

      95% confidence

      interval

      M

      3.0000

       
       
       
       

      LnL

      -107.01

       
       
       
       

      AIC

      220.03

       
       
       
       

      AICc

      220.30

       
       
       
       

      BIC

      227.66

       
       
       
       

      Chi-p

      0.55311

       
       
       
       

      F(0)

      0.66026

      12.00

      91.00

      0.52068

      0.83726

      P

      0.23409

      12.00

      91.00

      0.18460

      0.29684

      ESW

      1.5146

      12.00

      91.00

      1.1944

      1.9206

      Density for all data combined

      Hazard/cosine

       

      Estimate

      %CV

      Df

      95% confidence

      Interval

      D

      620.64

      30.02

      12.70

      328.50

      1172.6

      N

      27929

      30.02

      12.70

      14782.

      52767.

      n : nombre d'objet observé

      : longueur totale de la ligne de transect

      k : nombre d'échantillon

      : effort

      : largeur de la ligne de transect ou rayon d'un point du transect

      Chi-p : probabilité pour le test de chi-square goodness-of-fit

      : nombre de paramètre dans le modèle

      A(I) : iième paramètre de la fonction de densité de probabilité estimé (pdf)

      f(0) : la probabilité pour que la densité estimée par rapport à la distance perpendiculaire soit égale à zéro

      p : probabilité d'observation d'un objet sur une surface donnée

      ESW : largeur effective de la bande, pour les lignes de transect = W*p

      : densité de tas de crottes estimée

      N : nombre de crotte estimée sur une surface donnée

      ANNEXE IV (suite)

      Estimation de la densité des éléphants

      Y = 620,64

      SE (Y) = 186,35

      Var (Y) = 34726,3225

      E = 1,0952 éléphants /km² (Equation 4)

      Var(E) = 0,108144256 avec Var (Yr) = 31,2537 (Equation 5)

      SE(E) = 0,328852941

      IC = 0,744 avec t = 2,262

      ANNEXE V

      Fruits et noyaux récoltés dans le Sud-Ouest du parc national de Taï

      Echelle : 1/1 Echelle : 1/1

      Fruit sec de Tieghemella africana (Makoré) Fruit de Pentadesma butyracea (Lami)

      Echelle : 1/1 Echelle : 1/1

      Fruit sec de Parinari excelsa (Sougué) Fruit sec de Sacoglottis gabonensis (Akouapo)

      a. Fruits consommés par les éléphants

      Echelle : 1/1 Echelle : 1/1

      Noyau de Tieghemella africana (Makoré) Noyau de Chrysophyllum africanum (Boa)

      b. Noyaux retrouvés dans les crottes d'éléphants






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